La connaissance du Saint-Empire en France du - Beck-Shop

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Pariser Historische Studien 91
La connaissance du Saint-Empire en France du baroque aux Lumières
1643-1756
Bearbeitet von
Guido Braun
1. Auflage 2010. Buch. 911 S. Hardcover
ISBN 978 3 486 59143 9
Format (B x L): 14,2 x 22,4 cm
Gewicht: 1155 g
Weitere Fachgebiete > Geschichte > Europäische Geschichte
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Braun · La connaissance du Saint-Empire en France
Pariser Historische Studien
herausgegeben vom
Deutschen Historischen Institut Paris
Band 91
R. Oldenbourg Verlag München 2010
La connaissance du Saint-Empire
en France du baroque aux Lumières
1643–1756
par
Guido Braun
R. Oldenbourg Verlag München 2010
Pariser Historische Studien
Herausgeberin: Prof. Dr. Gudrun GERSMANN
Redaktion: Veronika VOLLMER
Anschrift: Deutsches Historisches Institut (Institut historique allemand)
Hôtel Duret-de-Chevry, 8, rue du Parc-Royal, F-75003 Paris
Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek
Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen
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über <http://dnb.d-nb.de> abrufbar.
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Umschlaggestaltung: Dieter Vollendorf, München
Umschlagbild: Kupferstich von Christian Fritzsch (Ausschnitt). Allegorische Darstellung
des Reichs im Zeitalter des Westfälischen Friedens, aus dem sechsbändigen Werk von
Johann Gottfried von Meiern, Acta Pacis Westphalicæ Publica, Hannover 1734–1736
(Vorspann zu Band I).
Gedruckt auf säurefreiem, alterungsbeständigem Papier (chlorfrei gebleicht).
Satz: Schmucker-digital, 85622 Feldkirchen bei München
Druck: Memminger MedienCentrum, Memmingen
Bindung: Buchbinderei Klotz, Jettingen-Scheppach
ISBN 978-3-486-59143-9
ISSN 0479-5997
Table des matières
5
TABLE DES MATIÈRES
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1. Le problème dans l’historiographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15
15
2. Les différents aspects de la question: juridiques, politiques,
culturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
21
3. Les moyens de répondre à ces questions: sources et
bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
26
4. Problèmes de méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5. Exposition du plan de l’ouvrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
29
31
Chapitre préliminaire: Le droit public allemand depuis les traités
de Westphalie jusqu’à la fin du XVIIe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1. Le Saint-Empire, ses ordres et ses institutions . . . . . . . . . . . . . . .
37
37
2. »Droit« et »Constitution«: le rôle crucial des traités de
Westphalie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
45
3. Les fondements de la Constitution de l’Empire: lois écrites
et coutumes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
47
4. La jurisprudence allemande (Reichspublicistik) dans la
deuxième moitié du XVIIe siècle: continuités et changements . . .
48
5. Autorité impériale et pouvoir des états . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6. La diète permanente de Ratisbonne, pièce maîtresse du jeu
diplomatique de la France en Allemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
49
51
Première partie
La diplomatie française et la Constitution du Saint-Empire
de Richelieu à Mazarin
I.
Le Saint-Empire à l’époque de la »guerre européenne« et la politique allemande du cardinal de Richelieu (1630–1642) . . . . . . . . . . . . .
1. La fin de la guerre de Trente Ans dans le Saint-Empire et la
conclusion des traités de Westphalie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
57
57
2. La politique allemande du cardinal de Richelieu de la guerre
couverte à la guerre ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
66
3. La politique allemande de Richelieu de la déclaration de guerre
contre l’Espagne à la mort du cardinal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
76
6
Table des matières
4. Richelieu face au congrès de Cologne et à l’élection impériale
de Ferdinand III . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
80
II.
Entre deux cardinaux: les instructions principales données aux
plénipotentiaires français en 1643 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
III.
La politique française au congrès de la paix de Westphalie et les
négociations sur la Constitution de l’Empire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
1. Le profil biographique des hommes d’État et des diplomates
français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
2. Les objectifs de la politique de Mazarin à Münster . . . . . . . . . . .
3. La France et les négociations sur les droits religieux des états
de l’Empire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4. La France et les négociations sur les droits politiques des états
de l’Empire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5. Conclusion: succès et échecs de la politique française
à Münster . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
149
150
155
179
Deuxième partie
La France et les langues de l’Empire, du baroque aux Lumières
IV.
Les langues de la diplomatie et la traduction de documents
juridiques jusqu’en 1648 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
1. Bilan historiographique et aperçu de l’histoire des langues de la
diplomatie et de la traduction jusqu’aux Temps modernes . . . . . . 187
2. L’emploi des langues et la traduction dans la diplomatie depuis
le XVIIe siècle: l’état des connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
3. La paix de Westphalie, le ius gentium et les langues des
relations internationales au XVIIe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
4. Les langues de la négociation et des traités de Westphalie:
remarques générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
5. Les langues, instrument des négociations de Westphalie . . . . . . . 214
6. Les langues, objet des négociations de Westphalie . . . . . . . . . . . . 227
7. Les problèmes de traduction au congrès de Westphalie . . . . . . . . 231
8. La traduction et l’opinion publique au temps du congrès de
Westphalie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
9. Le congrès de Westphalie et la tradition des langues
diplomatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
Table des matières
V.
7
Les langues de la diplomatie et les problèmes de traduction de la
paix de Westphalie au milieu du XVIIIe siècle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
1. De l’idiome de Cicéron à celui de Molière . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
2. La qualité du latin parlé par les diplomates. . . . . . . . . . . . . . . . . . 247
3. Le latin et le français comme langues véhiculaires dans les
relations politiques entre la France et le Saint-Empire
(1648–1756) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
3.1. Caractères généraux de l’évolution de 1648 à 1756 . . . . . . . 249
3.2. Au lendemain de la paix de Westphalie . . . . . . . . . . . . . . . . 251
3.3. Le congrès de Nimègue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
3.4. Les conférences de Francfort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
3.5. Le congrès de Ryswick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
3.6. Le traité de Rastatt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280
3.7. Le XVIIIe siècle depuis le traité de Rastatt (1714) jusqu’au
traité de Paris (1756) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282
3.8. Une tentative d’explication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287
3.9. Le Saint-Empire contribua-t-il au déclin du latin? . . . . . . . . 288
4. Problèmes et perspectives de l’analyse des traductions
diplomatiques et judiciaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289
VI.
Les traductions françaises des lois fondamentales du Saint-Empire . . 293
1. Les traductions françaises des traités de Westphalie (1648) . . . . . 293
1.1. Les premières traductions de 1648 à 1650 . . . . . . . . . . . . . . 294
1.2. Les traductions publiées de 1651 à 1754 . . . . . . . . . . . . . . . 309
1.3. Les dernières traductions de l’Ancien Régime . . . . . . . . . . . 336
2. Les traductions françaises de la Bulle d’or (1356) . . . . . . . . . . . . 341
3. Les versions françaises des capitulations impériales. . . . . . . . . . . 356
4. Les traductions françaises de la Paix publique de 1495,
du traité de Passau de 1552 et de la paix de religion
d’Augsbourg de 1555 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367
5. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 372
8
Table des matières
Troisième partie
La France et l’histoire du droit public de l’Empire sous les règnes
de Louis XIV et de Louis XV
VII. La diplomatie française et l’Allemagne du lendemain de la paix de
Westphalie au Renversement des alliances (1648–1756): mise en
pratique des connaissances acquises, source de connaissances
nouvelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 379
1. Le règne de Louis XIV (1648/1661–1715) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 380
2. La régence et le règne de Louis XV (1715–1756) . . . . . . . . . . . . 396
VIII. La littérature française sur l’Empire de la paix de Westphalie à la
veille de la parution de l’»Histoire de l’Empire« de Jean Heiss
(1648–1683) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 407
1. La définition du »droit« et du »droit public« aux XVIIe et
XVIIIe siècles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 407
2. La littérature française sur le Saint-Empire avant 1648 . . . . . . . . 410
3. Le Saint-Empire vu de France en 1591 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 413
4. François Langlois, dit »Fancan«, ou l’Allemagne piédestal de la
monarchie universelle espagnole. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 418
5. Le mémoire de Théodore Godefroy sur l’Empire, et ses
versions remaniées (1624–1664). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 421
6. Les mémoires manuscrits sur l’Allemagne dans la deuxième
moitié du XVIIe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 427
7. L’élection impériale d’après Abraham de Wicquefort et
Antoine Varillas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 437
8. L’»Estat de l’Empire« de Louis Du May, somme du droit public
allemand . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 441
9. Le »Tableau historique« de L’Héritier de Nouvelon . . . . . . . . . . . 447
10. L’image de l’Allemagne et des Allemands chez les auteurs
français du XVIIe siècle: l’exemple de Nouvelon. . . . . . . . . . . . . 448
11. L’»Estat present des affaires d’Allemagne« par Bruneau . . . . . . . 449
12. L’indépendance et le droit d’alliance des états de l’Empire selon
Bruneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 454
13. Les traductions françaises de Pufendorf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 457
14. Chappuzeau ou l’Empire protestant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 461
15. De Prade, premier grand historien de l’Allemagne . . . . . . . . . . . . 465
16. Grandeur et décadence de l’Empire romain germanique vues
par les auteurs français ou de langue française avant 1684. . . . . . 467
Table des matières
9
17. La »Décadence de l’Empire« et la translatio Imperii selon
Maimbourg . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 470
18. La vision de l’Allemagne d’un géographe de Louis XIV:
la description de l’Empire de Pierre Du Val . . . . . . . . . . . . . . . . . 474
19. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 476
IX.
Jean Heiss, Ulric Obrecht, l’Alsace et la propagation des traités de
Westphalie en France (de 1684 à 1739) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 479
1. Les manuscrits conservés au dépôt des archives, ›mémoire‹ des
Affaires étrangères: l’exemple des travaux d’Ulric Obrecht sur
l’Allemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 479
2. Ulric Obrecht comme informateur de l’administration française
et du secrétaire d’État à la Guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 488
3. Le mémoire d’Obrecht sur la distinction entre »souveraineté« et
»supériorité territoriale« (1699) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 491
Digression: La signification du concept de »souveraineté« en
France dans la deuxième moitié du XVIIe siècle . . . . . . . . . . . 496
4. Les réflexions de la diplomatie française sur une méthode pour
étudier le droit public d’Allemagne (1729) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 501
5. Jean Heiss et la connaissance des clauses constitutionnelles des
traités de Westphalie en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 504
6. Le »siècle de Heiss« se prolonge jusqu’à la fin des années 1730:
les rééditions du XVIIIe siècle et la critique avancée par Bourgeois du Chastenet et Vogel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 508
7. Le »Tableau de l’Empire germanique« ou Heiss ressuscité . . . . . 511
8. La réception de Heiss en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 512
9. L’abbé de Vayrac ou l’›anti-Heiss‹ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 515
10. Les traductions françaises de Chemnitz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 521
11. L’éclatement du Saint-Empire vu par Saint-Prest . . . . . . . . . . . . . 524
12. Les géographes et l’histoire universelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 534
13. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 537
X.
Les permanences et les évolutions de la Constitution du SaintEmpire de la mort de Charles VI à la veille de la guerre de Sept Ans
(1740–1756) et l’opinion des Français à leur égard . . . . . . . . . . . . . . . 539
1. Un cercle se referme: retour aux opinions de Jean Bodin chez
Éléazar de Mauvillon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 541
2. L’Empire vu comme une confédération d’États indépendants
par certains juristes français (Necker) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 543
10
Table des matières
3. Le Coq de Villeray ou la certitude qui s’oppose aux incertitudes
de l’époque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 548
4. L’empereur et son élection au centre des discussions: l’exemple
de l’abbé Guyon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 564
5. Les historiens (I): l’exemple de Massuet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 567
6. Les historiens (II): l’exemple de l’»Histoire générale d’Allemagne« de Joseph Barre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 568
7. Entre histoire et philosophie: Voltaire et l’»Encyclopédie« . . . . . 584
8. L’apogée de la littérature française sur l’Empire: Scheid . . . . . . . 592
9. Un classique de la littérature française sur l’Empire: Pfeffel . . . . 604
10. Les traductions françaises des auteurs allemands: l’exemple
du »Tableau du gouvernement actuel de l’Empire«, de
Schmauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 612
11. Premières conclusions: l’image de l’Empire chez les auteurs
français ou écrivant en français de 1740 à 1756 . . . . . . . . . . . . . . 616
12. L’histoire de l’Empire par Choffat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 617
13. Dupal ou le regard britannique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 620
14. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 628
Quatrième partie
Les Français et les institutions impériales
Du monde des diplomates à la culture des élites
XI.
Les cessions territoriales stipulées par la paix de Münster et les
limites de l’Empire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 633
1. Les négociations sur le dédommagement territorial de la France
à Münster et la connaissance française de l’Alsace avant 1648
(première partie: 1644–mai 1646) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 635
2. Digression: feudum ou supremum dominium?. . . . . . . . . . . . . . . . 675
3. Les négociations sur le dédommagement territorial de la France
à Münster et la connaissance française de l’Alsace avant 1648
(deuxième partie: mai 1646–1648) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 684
4. Les négociations sur le dédommagement territorial de la France
à Münster et la connaissance française de l’Alsace avant 1648:
conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 691
5. Les traductions des articles 69 à 91 du traité de Münster . . . . . . . 697
6. Le »supremum dominium« et le problème des Trois-Évêchés . . . 703
Table des matières
11
7. Un mémoire historique sur le dédommagement accordé à la
France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 709
8. Les cessions territoriales à la Suède: le langage de la
féodalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 710
9. La discussion sur la cession de l’Alsace dans la diplomatie
française au lendemain de la paix de Westphalie . . . . . . . . . . . . . 712
XII. L’origine des électeurs et du collège électoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 721
1. L’origine des électeurs et du collège électoral vue par un auteur
français au milieu du XVIIIe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 721
2. La science du droit public allemand et le problème de l’origine
de l’élection du roi des Romains et des princes électeurs . . . . . . . 723
3. L’élection du roi des Romains et la condition constitutionnelle
des princes électeurs vues par les auteurs italiens au XVIe et
au début du XVIIe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 725
4. Le livre de Canini d’Anghiari sur l’élection du roi des Romains
et la version française de son ouvrage publiée par Le Secq . . . . . 727
5. L’interprétation française de l’élection du roi des Romains
et de l’origine du collège électoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 727
6. Un traité manuscrit sur les électeurs, leur origine et leurs
fonctions (1657/1658) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 730
7. Wicquefort et l’origine des électeurs (1658) . . . . . . . . . . . . . . . . . 731
8. L’instauration du collège électoral selon Nouvelon (1669). . . . . . 733
9. Les électeurs vus par Bruneau en 1675 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737
10. L’origine de l’élection des empereurs, des électeurs et
du collège électoral selon Maimbourg (1679). . . . . . . . . . . . . . . . 740
11. Jean Heiss et l’origine des électeurs (1684) . . . . . . . . . . . . . . . . . 745
12. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 748
XIII. Le droit d’État du Saint-Empire dans l’opinion publique française:
journaux et tracts – regards croisés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 751
1. Le problème de l’existence d’une opinion publique au
XVIIe siècle et les informations fournies par la »Gazette de
France« sur le droit allemand . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 751
2. La cour et l’éducation des princes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 753
3. La part de la propagande: le »Testament politique« de 1735 ou
le prétendu dysfonctionnement du système judiciaire du SaintEmpire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 758
4. La »Lettre à l’auteur du ›Testament politique‹« de 1735 . . . . . . . 764
12
Table des matières
5. La critique des ouvrages allemands sur le droit public du
Saint-Empire dans le »Journal des Savants« . . . . . . . . . . . . . . . . . 767
6. La critique des ouvrages français sur le droit constitutionnel
de l’Empire dans la »Litteratur des Teutschen Staatsrechts«,
de Johann Stephan Pütter. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 772
7. La critique des ouvrages français sur le droit public allemand
dans les »Göttingische Gelehrte Anzeigen« . . . . . . . . . . . . . . . . . 777
8. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 782
Conclusion générale: Comment, de 1643 à 1756, les Français voyaient-ils
l’Empire? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 783
1. L’intérêt général du problème de la perception d’autrui
à l’époque moderne: le caractère exemplaire de l’étude
de la connaissance du Saint-Empire en France . . . . . . . . . . . . . . . 783
2. Les cinq conclusions principales de cette étude . . . . . . . . . . . . . . 787
3. Le droit et les langues de l’Empire dans la culture
des diplomates et des élites en France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 791
4. Perspectives: la survie de l’Empire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 805
Annexe I: Le grand mémoire d’Ulric Obrecht sur la différence entre
»souveraineté« et »supériorité territoriale« (Landeshoheit), adressé de
Francfort à Louis XIV le 5 mai 1699. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 807
Annexe II: »Tableau de la séance électorale pour l’élection d’un Empereur
en 1711« . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 819
Sources manuscrites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 823
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 825
Index. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 879
13
PRÉFACE
Ce livre est la version abrégée et mise à jour de ma deuxième thèse de doctorat en
histoire moderne et contemporaine, soutenue le 29 janvier 2007 à l’université
Paris Sorbonne devant un jury composé de MM. Lucien Bély (président) et Jean
Bérenger (directeur de recherche), de Mme Christine Lebeau et de M. Jacques Le
Rider (rapporteurs) ainsi que de MM. Olivier Chaline et Klaus Malettke. Je tiens à
remercier vivement les membres du jury pour leurs précieuses suggestions en vue
de la publication de mon livre.
J’ai entrepris cette étude sous la direction du professeur Jean Bérenger, et j’ai
été guidé, au début, par les conseils du professeur Konrad Repgen, à qui j’exprime
ma profonde gratitude. Nombreux sont ceux qui m’ont aidé à accomplir cette tâche. Sans le soutien du professeur Werner Paravicini, directeur de l’Institut historique allemand (IHA) de Paris jusqu’en 2007, mes recherches n’auraient pas été
possibles.
Je remercie également tous ceux qui m’ont aidé à mener à bien cette étude: le
personnel des archives et des bibliothèques qui a facilité mes recherches; tous
ceux qui ont bien voulu me signaler des ouvrages et des documents d’archives ou
qui ont accepté de lire une partie de mon livre et de me faire part de leur critique.
En outre, j’exprime ma reconnaissance à ceux qui m’ont aidé de quelque manière
que ce soit.
Je suis, notamment, profondément reconnaissant envers ma famille, mes amis,
mes collègues et anciens collègues, notamment Mme Maria-Elisabeth Brunert,
Mlle Sophie Chabert, Mme Céline Chabert-Collignon, Mme et M. Claus Winkler,
M. Rainer Babel, M. Jürgen Voss, et tout particulièrement Mlle Julie Obert,
Mme Antje Oschmann et M. Gaël Froment.
Enfin, je tiens à exprimer ma gratitude à Mme Gudrun Gersmann, directrice de
l’IHA, pour le soutien qu’elle a bien voulu apporter à la publication de cet ouvrage, ainsi qu’à Mme Veronika Vollmer, rédactrice à l’IHA, et à M. Pascal Pichon
pour la relecture finale et la mise en forme du manuscrit. M. Maximilian Lanzinner a bien voulu me permettre de consacrer une partie de mon temps de travail à la
publication de ce livre et mettre à ma disposition quelques-uns des stagiaires de la
chaire d’histoire moderne de l’université de Bonn, qui m’ont aidé, en particulier,
à établir l’index.
Bonn, en mai 2009
Guido Braun
14
Introduction
15
Le Droit public d’Allemagne, ou RomainGermanique, est la science d’apliquer les
loix fondamentales, les recès ou résolutions des Diètes, et les conventions de
l’Empire, à la liberté et tranquilité publique1.
INTRODUCTION
1. Le problème dans l’historiographie
La manière dont les Français d’Ancien Régime voyaient leurs voisins allemands
et leur système politique est encore une terra incognita. Leur réflexion sur ce sujet
va s’approfondissant depuis que la France est devenue garante des »libertés germaniques«, c’est-à-dire depuis les traités de Westphalie, conclus et signés en
16482. En France, le Saint-Empire est désormais l’objet, non seulement de l’historiographie érudite et de la formation politique et juridique, notamment dispensée
aux futurs diplomates, mais sa connaissance s’avère aussi l’instrument d’une
politique défendant les intérêts de la France dans l’Empire, afin d’en fournir une
justification historique et juridique; en même temps, sa description est placée sous
l’influence d’une perception de l’histoire qui accorde à celle-ci un rôle majeur
pour la compréhension de la situation politique contemporaine, et qui est à la base
de la culture des élites de l’époque3; enfin, le Saint-Empire accède, dans la pensée
philosophique française, au statut de modèle de l’État, de la construction européenne4 et de la société, qui est opposé à l’absolutisme5 français et au système
d’États souverains qui règne en Europe6.
1 Linck, »Le Droit public d’Allemagne«, 1728 (cité d’après la copie Bibliothèque nationale
de France [BNF], Fonds français [F.fr.] 8995, fol. 6; d’autres copies du même texte se trouvent à Paris, ministère des Affaires étrangères [AE], Mémoires et documents [MD], Allemagne [All.] 67 fol. 36–98’, et à Strasbourg, Bibliothèque nationale universitaire [BNU], ms.
589 fol. 229, 230–275’).
2 Pour la paix de Westphalie, la meilleure référence reste toujours l’ouvrage de Fritz DICKMANN, Der Westfälische Frieden, Münster 71998. Dernière monographie en français: Arnaud
BLIN, 1648, la paix de Westphalie ou la naissance de l’Europe politique moderne, [Bruxelles]
2006; l’auteur traite son sujet plutôt en politologue qu’en historien. Cf. aussi notre bibliographie.
3 Cf., par exemple, Isabelle FLANDROIS, L’institution du prince au début du XVIIe siècle, Paris 1992; sur la place de l’histoire et du droit dans la culture des élites, voir aussi les ouvrages
indiqués dans notre chapitre sur l’image de l’Allemagne dans l’opinion publique française.
4 Nous employons ce terme dénué de ses connotations contemporaines et restreint aux acceptions attachées à la notion d’»Europe« chez les écrivains et les penseurs du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle, par exemple chez Rousseau ou, plus tôt, chez l’abbé de Saint-Pierre.
5 Les recherches menées en France depuis une vingtaine d’années ont d’ailleurs montré que,
malgré l’absolutisme, les particularités régionales et l’influence des ordres ont été plus gran-
16
Introduction
Or, dans un ouvrage de géographie, faisant pourtant une très large place à la politique, l’abbé Courtalon déclara en 1774: »Les Alemans nous reprochent, avec
raison, notre ignorance sur un pays qu’il nous est si important de connoître«7.
C’est, nous le voyons ici, déjà avant la Révolution française que l’on retrouve les
racines de la vulgate qui veut que les Français sous l’Ancien Régime n’aient jamais rien compris au Saint-Empire et à sa Constitution tant politique que géographique8. Certains juristes allemands font part de la même critique. Parmi eux, on
notera le nom de l’éminent jurisconsulte Jean-Jacques Moser, l’un des plus célèbres théoriciens de l’État que l’Allemagne ait jamais connu, et qui reproche notamment aux Français l’emploi abusif du mot »souveraineté« à l’égard des états
allemands9. Jean-Frédéric Scheid signala l’absence d’une édition fidèle des traités
de Westphalie10 en France11, avant que lui-même ne comblât cette lacune en
des qu’on n’a eu tendance à le croire auparavant. Les publications sur la problématique recouverte par le terme d’»absolutisme« sont nombreuses; signalons, à titre indicatif, Ronald
G. ASCH, Heinz DUCHHARDT (dir.), Der Absolutismus – ein Mythos? Strukturwandel monarchischer Herrschaft in West- und Mitteleuropa (ca. 1550–1700), Cologne et al. 1996;
Heinz DUCHHARDT, Die Absolutismusdebatte – eine Antipolemik, dans: Historische Zeitschrift 275 (2002), p. 323–331; sur l’absolutisme en France: Fanny COSANDEY, Robert DESCIMON, L’absolutisme en France. Histoire et historiographie, Paris 2002; dernière mise au
point: Lothar SCHILLING (dir.), Absolutismus, ein unersetzliches Forschungskonzept? Eine
deutsch-französische Bilanz, Munich 2008 (Pariser Historische Studien, 79). Parmi les
publications plus anciennes, signalons: Emmanuel Le Roy LADURIE, L’Ancien Régime. De
Louis XIII à Louis XV (1610–1770), I. L’Absolutisme en vraie grandeur (1610–1715);
II. L’Absolutisme bien tempéré (1715–1770), Paris 1991; sur le problème de l’absolutisme
dans les relations franco-allemandes: Jürgen VOSS, Deutsch-französische Beziehungen im
Spannungsfeld von Absolutismus, Aufklärung und Revolution. Ausgewählte Beiträge,
Bonn, Berlin 1992 (Pariser Historische Studien, 36).
6 À propos de l’histoire de la souveraineté, on peut consulter entre autres auteurs Gérard
MAIRET, Le principe de souveraineté. Histoires et fondements du pouvoir moderne, Paris
1997; ce concept a suscité de nombreux malentendus, ainsi que le montre Hermann JAHRREISS, Die Souveränität der Staaten. Ein Wort – mehrere Begriffe – viele Mißverständnisse,
dans: Hanns Hubert HOFMANN (dir.), Die Entstehung des modernen souveränen Staates, Cologne, Berlin 1967 (Neue Wissenschaftliche Bibliothek. Geschichte, 17), p. 35–51.
7 Abbé de COURTALON, Atlas elementaire ou l’on voit sur des cartes et des tableaux relatifs a
l’objet l’etat actuel de la Constitution politique de l’Empire d’Alemagne [. . .], Paris 1774, citation d’après le »Discours préliminaire«. Cette œuvre fut dédiée au jeune roi Louis XVI et
rééditée en 1798.
8 Les particularités politiques de l’Allemagne du XVIIe siècle, notamment ce qu’on a souvent appelé en français »morcellement« ou en allemand »Kleinstaaterei«, font que ces deux
domaines ne peuvent guère être séparés l’un de l’autre.
9 Sur la critique avancée par Moser, cf. Jean-François NOËL, Le Saint-Empire, Paris 31993
(Que sais-je? 1646), p. 102, n. 1.
10 La connaissance de la paix de Westphalie en tant que loi fondamentale la plus prestigieuse
du Saint-Empire était évidemment importante pour comprendre son droit public, puisque celui-ci »est la science d’apliquer les loix fondamentales«, selon la définition qu’en donne
Linck dans son »Droit public d’Allemagne«, en 1728 (voir la citation au début de cette introduction). Or, la France disposa, depuis 1648 pour le traité de Münster et depuis 1684 pour le
traité d’Osnabrück, de traductions ou de résumés assez fiables, de sorte que la critique que
Scheid avance semble injustifiée: cf. Guido BRAUN, Les traductions françaises des traités de
Westphalie (de 1648 à la fin de l’Ancien Régime), dans: XVIIe siècle 190 (1996/1), p. 131–
Introduction
17
publiant une traduction française de la paix d’Osnabrück12 d’après une copie latine collationnée sur l’original de Stockholm et publiée par Meiern13.
En étudiant de plus près les auteurs qui ont écrit en français sur le droit public
allemand, nous avons cependant pu découvrir une autre réalité, celle d’une connaissance approfondie de la Constitution de l’Allemagne en France dans la deuxième moitié du XVIIe siècle et dans la première moitié du XVIIIe.
L’opinion contraire, qui partage le point de vue de Courtalon, a été longtemps
admise dans l’historiographie, en France aussi bien qu’en Allemagne, sans que
personne ne se soit interrogé sur sa validité, et ce n’est que depuis une bonne
vingtaine d’années que cette idée est sérieusement remise en cause, surtout
par les travaux de Klaus Malettke, le meilleur spécialiste de cette question à
l’heure actuelle14, et de ses élèves15, ainsi que par les études de Jürgen Voss16,
155; ID., Die »Gazette de France« als Quelle zur Rezeptionsgeschichte des Westfälischen
Friedens und des Reichsstaatsrechts in Frankreich, dans: Historisches Jahrbuch 119 (1999),
p. 283–294.
11 [Jean-Frédéric SCHEID], Traité sistématique touchant la connoissance de l’État du Saint
Empire Romain de la nation allemande, ou le droit public de cet Empire [. . .], 4 vol., Hanovre
1751–1754.
12 Ibid., t. IV, p. 149–299.
13 Cf. BRAUN, Traductions, p. 140; Antje OSCHMANN, Johann Gottfried von Meiern und die
»Acta pacis Westphalicae publica«, dans: Heinz DUCHHARDT (dir.), Der Westfälische Friede.
Diplomatie – politische Zäsur – kulturelles Umfeld – Rezeptionsgeschichte, Munich 1998,
p. 779–803, ici p. 785–786.
14 Voir notamment le recueil d’articles par Klaus MALETTKE, Frankreich, Deutschland und
Europa im 17. und 18. Jahrhundert. Beiträge zum Einfluß französischer politischer Theorie,
Verfassung und Außenpolitik in der Frühen Neuzeit, Marbourg 1994 (Marburger Studien zur
Neueren Geschichte, 4); pour les autres articles qu’il a consacrés à cette question cf. notre
bibliographie.
15 En particulier, Jörg ULBERT, Frankreichs Deutschlandpolitik im zweiten und dritten Jahrzehnt des 18. Jahrhunderts. Zur Reichsrezeption französischer Diplomaten während der Regentschaft Philipps von Orléans (1715–1723), Berlin 2004 (Historische Forschungen, 79);
ID., Les Affaires étrangères françaises et la Constitution du Saint-Empire. La création de la
charge de jurisconsulte du roi pour le droit germanique et son premier détenteur Johann Konrad Pfeffel (1723), dans: Christine LEBEAU (dir.), L’espace du Saint-Empire. Du Moyen Âge
à l’époque moderne, Strasbourg 2004, p. 215–224; pour les autres articles du même auteur,
voir notre bibliographie. Cf. également Sven EXTERNBRINK, Friedrich der Große, Maria Theresia und das Alte Reich. Deutschlandbild und Entscheidungsprozesse in der Außenpolitik
Frankreichs im Siebenjährigen Krieg, Berlin 2006; l’auteur a également publié des articles
sur la question: voir, entre autres, ID., Von Versailles nach Wien. Zum Deutschlandbild bei
Louis-Augustin BLONDEL (1696–1791), dans: Thomas HÖPEL (dir.), Deutschlandbilder –
Frankreichbilder 1700–1850. Rezeption und Abgrenzung zweier Kulturen, Leipzig 2001
(Veröffentlichungen des Frankreich-Zentrums, 6), p. 75–92.
16 Voir notamment Jürgen VOSS, Universität, Geschichtswissenschaft und Diplomatie im
Zeitalter der Aufklärung. Johann Daniel Schöpflin (1694–1771), Munich 1979 (Veröffentlichungen des Historischen Instituts der Universität Mannheim, 4); cf. aussi ID., Das Elsaß
als Mittler zwischen deutscher und französischer Geschichtswissenschaft im 18. Jahrhundert, dans: Karl HAMMER, Jürgen VOSS (dir.), Historische Forschung im 18. Jahrhundert. Organisation, Zielsetzung, Ergebnisse. 12. Deutsch-Französisches Historikerkolloquium des
Deutschen Historischen Instituts Paris, Bonn 1976 (Pariser Historische Studien, 13), p. 334–
363.
18
Introduction
mais aussi par d’autres historiens, issus de la jeune génération, tel Martin
Wrede17.
En France aussi les éditeurs ont bien pris note de l’intérêt grandissant pour le
Saint-Empire en tant qu’»instrument de pacification« et de fondement de »l’État
de droit«18; c’est ainsi qu’on peut légitimement partager les espoirs de Christophe
Duhamelle pour que le Saint-Empire ne vive plus dans l’historiographie française
dans l’ombre de l’histoire nationale, de l’Italie et de l’Espagne19.
Pourtant, il ne faut pas oublier que certains historiens ont depuis longtemps
émis des doutes sérieux sur la prétendue ignorance des Français. Parmi ceux-ci, il
faudra avant tout évoquer le nom de Bertrand Auerbach, auteur d’une grande monographie sur les relations franco-allemandes aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui est
devenue classique20, et d’une très lucide introduction précédant l’édition des instructions données aux ambassadeurs français à Ratisbonne, qui a été établie par
l’auteur lui-même21. Auerbach, qui part de la même constatation de Courtalon
que nous venons de citer, se pose en effet, dès 1912, la bonne question pour ébranler un verdict prononcé sinon à tort, ce qui sera encore à déterminer, du moins
sans fondement, c’est-à-dire sans en avoir dûment examiné la cause, et qui a été
transmis de génération en génération: »Les Allemands, demande-t-il, étaient-ils
en droit de reprocher aux Français leur ignorance?«22; on pourrait ajouter: et les
Français avaient-ils raison d’approuver ce jugement rendu à leur égard?
La tentative d’Auerbach pour réfuter l’idée d’un manque de connaissances flagrant est, certes, très remarquable dans le cadre d’une introduction; elle reste
17
Il a consacré plusieurs articles à ce problème: cf. Martin WREDE, Das Reich und seine Geschichte in den Werken französischer Staatsrechtler und Historiker des 18. Jahrhunderts,
dans: Francia 27/2 (2000), p. 177–211; ID., Die Reichsverfassung in der Perzeption französischer Staatsrechtler und Historiker des 18. Jahrhunderts, dans: HÖPEL (dir.), Deutschlandbilder, p. 29–56; ID., L’état de l’Empire empire? Die französische Historiographie und das
Reich im Zeitalter Ludwigs XIV. – Weltbild, Wissenschaft und Propaganda, dans: Matthias
SCHNETTGER (dir.), Imperium Romanum – Irregulare Corpus – Teutscher Reichs-Staat. Das
Alte Reich im Verständnis der Zeitgenossen und der Historiographie, Mayence 2002 (Veröffentlichungen des Instituts für Europäische Geschichte Mainz, Abteilung für Universalgeschichte, cahier suppl. 57), p. 89–110.
18 Cf. Olivier CHRISTIN, Allemagne, la modernité de droit, dans: Le Monde des livres (7 mai
1999), p. VII.
19 Cf. Christophe DUHAMELLE, Das Alte Reich im toten Winkel der französischen Historiographie, dans: SCHNETTGER (dir.), Imperium Romanum, p. 207–219.
20 Bertrand AUERBACH, La France et le Saint Empire romain germanique depuis la paix de
Westphalie jusqu’à la Révolution française, Paris 1912 (Bibliothèque de l’École des hautes
études, publiée sous les auspices du ministère de l’Instruction publique. Sciences historiques
et philologiques, 196).
21 ID. (éd.), Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu’à la Révolution française, publié sous les auspices de la
Commission des archives diplomatiques au ministère des Affaires étrangères, t. XVIII: Diète
germanique, Paris 1912, p. I–XCVIII, en particulier p. I–XXXVII. Ces parties de l’introduction ont été reproduites en tête de l’ouvrage cité dans la note précédente: ID., La France et le
Saint Empire romain germanique, p. I–XXXVII.
22 Ibid., p. I.
Introduction
19
pourtant insuffisante dans la mesure où elle n’est pas assez développée pour prouver l’hypothèse de l’auteur, en contradiction avec l’historiographie de son temps,
et qu’elle part d’une base documentaire trop fragile. Auerbach se résigne en effet
à citer un certain nombre – certes non négligeable – de livres et de mémoires manuscrits français sur le droit public allemand, mais qui sont répartis chronologiquement sur quelque cent quarante ans (allant de 1648 à 1789), et il en fait une interprétation assez sommaire; pour évaluer plus fiablement, et avec un souci de
précision élémentaire, les connaissances des hommes d’État, des diplomates, des
juristes et des historiens français d’Ancien Régime en cette matière, ainsi que la
place que ces connaissances occupaient dans la culture des élites en France, il sera
par contre indispensable d’analyser un fonds documentaire beaucoup plus large,
et de soumettre ces documents à une interprétation plus nuancée que ne l’a pu
faire Auerbach sur une quarantaine de pages23, ne cachant d’ailleurs pas, à la
veille de la Grande Guerre, son mépris pour la jurisprudence allemande – dont la
lecture (pourrait-on lui objecter) est certes parfois épineuse à cause de la complexité de son sujet et la longueur des ouvrages, mais qui, en revanche, a beaucoup
profité à la philosophie française du droit, depuis l’ère des guerres de religion24.
Son étude est aussi par là, au moins partiellement, l’étude des origines de la doctrine politique française.
D’ailleurs, il semble bien que l’on n’ait guère pris conscience de cette contribution d’Auerbach; du moins n’en avons-nous pu retrouver que peu de traces dans
l’historiographie postérieure. De toute façon, l’étude de la connaissance du droit
public allemand dans la France moderne reste encore à faire25. Les nombreux
aspects de cette question – qui relève à la fois de l’histoire du droit, de l’histoire
23
Ibid., p. I–XXXVII. Nous voudrions d’ailleurs émettre des réserves sur certaines thèses
d’Auerbach qui, si elles vont dans le bon sens, nous semblent parfois aller trop loin.
24 Cf., notamment, les ouvrages et les articles sur la doctrine du droit de résistance qui démontrent la grande influence de la théorie protestante allemande sur les théoriciens français;
voir en particulier: Max LOSSEN, Ueber die Vindiciae contra tyrannos des angeblichen Stephanus Junius Brutus (Vortrag, Historische Classe, Sitzung vom 5. März 1887), dans: Sitzungsberichte der philosophisch-philologischen und historischen Classe der k.b. Akademie
der Wissenschaften zu München, année 1887, vol. I, Munich 1887, p. 215–254; J. W. ALLEN,
A History of Political Thought in the Sixteenth Century, Londres 51957 [première édition:
1928]; A. A. van SCHELVEN, Beza’s De Iure Magistratuum in Subditos, dans: Archiv für Reformationsgeschichte 45 (1954), p. 62–83; Robert M. KINGDON, The First Expression of
Theodore Beza’s Political Ideas, dans: Archiv für Reformationsgeschichte 46 (1955), p. 88–
100; Ernst WOLF, Das Problem des Widerstandsrechts bei Calvin, dans: Bernhard PFISTER,
Gerhard HILDMANN (dir.), Widerstandsrecht und Grenzen der Staatsgewalt. Bericht über die
Tagung der Hochschule für Politische Wissenschaften, München, und der Evangelischen
Akademie, Tutzing, 18.–20. Juni 1955, in der Akademie Tutzing, Berlin 1956, p. 45–58.
DICKMANN insiste encore sur le fait que cette influence mérite une étude plus approfondie; cf.
ID., Der Westfälische Frieden, p. 535.
25 MALETTKE considère ce sujet comme l’un des grands desiderata de l’historiographie contemporaine qui n’ont pas encore été traités systématiquement; voir ID., Frankreich, Deutschland und Europa, p. 169; ID., Article »Empire«, dans: Lucien BÉLY (dir.), Dictionnaire de
l’Ancien Régime. Royaume de France, XVIe–XVIIIe siècle, Paris 1996, p. 481–484, ici
p. 481.
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