5
Et de quelle Europe parlons-nous vraiment ? Bien sûr de l’Union Européenne et de ses Etats
membres, en incluant les pays hors de la zone Euro (Grande Bretagne, Danemark et Suède
notamment) ; car ces derniers « font » l’Europe politiquement, économiquement et militairement.
En d’autres termes nous parlerons de l’Europe dans sa culture commune, historique et sociétale,
religieuse et politique, et enfin dans sa géographie. Toutefois nous élargirons parfois cette étude à
l’OTAN, en parlant de certains de ses membres hors de l’Europe mais de tradition occidentale
(Canada, Etats Unis…); et à la Russie, état-continent slave voisin de l’Europe, qui partage en
grande partie une culture commune et qui, malgré sa politique actuelle de réorientation vers l’Asie,
a été souvent un allié de plusieurs pays européens, et a toute sa place dans notre étude européenne.
Au milieu de ce marasme ambiant et général une institution semble, dans de nombreux pays, garder
les restes de la confiance des citoyens3 : l'institution militaire. Certes cette question de la défense
n'est pas la préoccupation principale de notre époque, surtout dans une société et une Europe
« débéllicisées » et qui se sentent à tort en paix (alors que le monde s’arme), mais jamais les
militaires n'ont tant semblé être le dernier « bastion » où étaient conservés valeurs et principes d'un
Etat, en témoigne la confiance affichée des citoyens envers leurs soldats, y compris dans certains
pays où le sujet reste tabou (Allemagne notamment). Peut-être existe-t-il un avenir commun pour
nos armées, impliquant une nouvelle conscience politique européenne et du métier des armes : cela
implique-t-il le militarisme ? Comment repenser l’armée de nos sociétés ? Les armées, dépositaires
de la force létale légale à l’extérieur du territoire national, ne pourraient-elles pas être à la fois le
nouvel élan que recherchent l'Union Européenne, et l’Europe en général ; et un gage, si elles
venaient à s'entendre ensemble, de sécurité pour et entre les Etats? Elan nouveau et sécurité, voilà
certainement ce que les gouvernements et les citoyens recherchent aujourd'hui. Aussi quelle
politique commune de sécurité et de défense (pouvant déboucher sur une défense européenne
comme le prévoit le Traité de Lisbonne) pourrait-on envisager sans un code d’éthique commun,
sans ce socle (à redécouvrir dans nos valeurs et cultures communes en Europe) nécessaire à la
défense de l’Europe et peut-être à la sauvegarde de nos sociétés ?
3 Selon les données d’Eurobaromètre. En 2002, 66% de la population de l’Union Européenne avait une image positive
de l’armée et une confiance certaine à l’égard de l’institution militaire ; ce qui en fait le pourcentage de confiance des
Européens le plus élevé pour une institution, qu’elle soit étatique (police 65%, système judiciaire 48%) ou non
gouvernementale (ONU 53%, ONG 40%).
La dernière mesure de la confiance des Européens dans leur armée nationale date de 2008. Depuis cette période, de
nombreux événements ont eu lieu, notamment le durcissement de la guerre en Afghanistan et l’engagement de certains
Etats européens dans cette dernière, ou encore le conflit entre la Russie et la Géorgie durant l’été 2008.
A l’automne 2009, les deux tiers des Européens (64%) affirment avoir confiance dans leur armée nationale, un chiffre
en baisse : -6 points par rapport au printemps 2008. Les Finlandais sont les Européens les plus satisfaits de leur armée
(90%). Plus des trois quarts des Estoniens et des Britanniques (respectivement 77% et 76%) expriment un avis similaire.
Les répondants en Lituanie (45%) et en Lettonie (44%) sont, au contraire beaucoup moins confiants que leurs voisins
Estoniens envers l’institution militaire. Les plus faibles niveaux de confiance sont observés en Hongrie (37%) et en
Bulgarie (40%).