La perception des odeurs L’olfaction, sens premier, sens hédonique « Si toutes choses devenaient fumée, on connaîtrait avec les narines » Héraclite, Éphèse, 5e siècle av. J.-C. L’olfaction, sens premier Odorat et comportement Les communications olfactives • Les indices olfactifs portent des informations sur l’espèce, le sexe, l’individualité et même la situation émotionnelle et l’état de stress • Ils permettent de reconnaître l’état de réceptivité d’un partenaire sexuel potentiel, le statut social d’un individu, les limites du territoire qu’il s’est constitué, s’il appartient à une espèce non grégaire, en le marquant de son odeur • Ce sont des odeurs qui conduisent le prédateur vers sa proie et qui déclenchent la fuite de la proie quand se manifeste l’odeur du prédateur • C’est sur la base d’informations olfactives que se créent les liens affectifs et de reconnaissance réciproque entre la mère et le jeune. Ce sont des odeurs qui guident le jeune vers la mamelle • Des substances odorantes sont également utilisées pour guider le choix et accroître le désir des consommateurs • La maladie modifie l’odeur corporelle. Certains cliniciens se servent de l’odeur comme outil diagnostique Odorat et comportement Odeur et reproduction La genette est un petit carnivore de nature solitaire et il ne se rapproche de ses congénères qu’à la période de la reproduction. Pendant cette phase grégaire transitoire, son comportement de marquage se transforme. De discret dans la vie solitaire, il devient ostentatoire en présence de ses congénères. Le frottement des flancs qui dépose les substances odorantes sur les objets devient un élément de communication visuelle renforcé par l’érection de la pilosité de la queue et du dos. Il se ritualise et s’apparente à une parade au cours de laquelle la composante visuelle rivalise de signification avec la composante olfactive. Odorat et comportement Le chien en chasse Le chien qui croise le trajet suivi, quelques dizaines de minutes, voire quelques heures auparavant, par un homme sur lequel on lui a donné quelques indices olfactifs reconnaît la trace et se met à la suivre. Il se repère grâce à des substances odorantes déposées par le marcheur. Si le terrain est venté, le chien se déplace parallèlement au chemin suivi par l’homme mais son parcours est décalé d’une distance proportionnelle à la force du vent. Le seuil de détection de l’acide acétique, qui est une composante des sécrétion de la peau humaine, est dix millions de fois plus bas que celui des humains. Le chien qui croise la trace en un point quelconque s’oriente spontanément dans la direction suivie par le marcheur. L’animal prend sa décision en 3 à 5 secondes après avoir flairé entre 2 et 5 empreintes de pas sur quelques mètres. Thesen et al, J Exp Biol, 1993 Odorat et comportement L’appât du chocolat Etude portant sur 32 volontaires capables de sentir une odeur de chocolat (huile essentielle) sur un trajet de dix mètres. Deux tiers des sujets (9 femmes, 12 hommes) ont été capables de suivre la sente odorisée. Après trois jours de pratique, les volontaires accroissent leur vélocité et s’éloignent moins de l’odeur. Le nez humain peut distinguer des odeurs séparées de 3,5 cm et utilise cette capacité pour suivre la trace odorante. Jess Porter et al, Nature Neuroscience, 2007 Odorat et comportement Odeur et lien maternel (1) Dans les heures qui précèdent la mise bas, la brebis commence à manifester un changement de préférence olfactive. Alors qu’elle se garde habituellement de consommer de la nourriture souillée par un dépôt de liquide amniotique, son aversion se change soudain en préférence sous l’influence des hormones oestrogènes qui dominent à la fin de la parturition. Lorsque naît l’agneau, la brebis s’intéresse aux liquides biologiques qui l’imprègnent, elle le lèche pendant plusieurs heures et prend connaissance de l’odeur de son petit mêlée à ses propres odeurs. La brebis autorisera plus tard l’accès à la mamelle à l’agneau dont elle reconnaîtra l’odeur et refusera de nourrir tous les autres. Mais, si l’agneau lui est retiré quelques heures à la naissance, le comportement maternel disparaît jusqu’à la prochaine mise bas. Cet apprentissage est très discriminatoire car la mère qui donne naissance à deux agneaux sera capable de les reconnaître tout en les distinguant. Odorat et comportement Odeur et lien maternel (2) La situation endocrinienne de la mise bas a créé, dans les aires cérébrales, une situation propice à cet apprentissage en conférant aux neurones une plasticité exceptionnelle. Il est possible de prolonger la période favorable à l’apprentissage de l’odeur du jeune en recréant chez la mère les conditions endocriniennes de la mise bas. L’injection d’oestradiol allonge de plusieurs heures la période sensible. De même, la dilatation expérimentale du col de l’utérus produit la libération d’ocytocine dans le bulbe olfactif. Ces hormones augmentent la libération de neurotransmetteurs: glutamate, GABA, acétylcholine, noradrénaline. Dès lors, un nombre accru de neurones deviennent activables par l’odeur de l’agneau et du liquide amniotique. A l’inverse, l’introduction dans le bulbe olfactif d’antagonistes des neurotransmetteurs perturbe la reconnaissance de l’agneau. Poindron et al, 1988 Chez de nombreuses espèces, les petits qui naissent avec des troubles de l’odorat ne survivent pas. Les mutations qui réduisant sensiblement l’acuité de l’odorat ne peuvent se transmettre car la sanction du défaut génétique est immédiat. Odorat et comportement Odeur et lien maternel (3) La mère ne visite le nid que quelques minutes par jour. Les nouveaux nés, aveugles, font des mouvements pendulaires avec leur tête jusqu’à ce qu’ils rencontrent une tétine à sucer. En trois minutes, le lapereau absorbera une quantité de lait égale à un quart de leur poids. Ils interrompent leur tétée de brefs instants et reprennent leur recherche. Ces interruptions permettent à ceux qui n’ont pas encore pu se nourrir de bénéficier d’une nouvelle chance. Hudson et Distel ont montré que les mouvements de recherche sont déclenchés par l’odeur d’une substance présente dans le lait de la lapine et sur sa fourrure, au voisinage des tétines. Si la mamelle de la mère est désodorisée, les petits n’adoptent pas le comportement de recherche. S’ils sont posés sur le ventre d’une chatte odorisée par le lait de la mère ou sur une fourrure odorisée, les lapereaux font des mouvements saccadés de la tête. Hudson and Distel, 1982,1983 Odorat et comportement Odeur et lien maternel (4) Avant sa première tétée ou son premier biberon, le bébé montre un attrait pour son propre liquide amniotique et il conserve cette préférence pendant plusieurs jours, même s’il est nourri au biberon d’un lait artificiel. S’il est nourri au sein, il manifeste d’abord un attrait égal pour le liquide amniotique et les premières sécrétions lactées de sa mère avant que, quelques jours plus tard, ses préférences ne se déplacent vers le lait maternel. Il y a tout lieu de penser que cette sensibilité discriminative précoce est influencée par une expérience olfactive in utero. Idem pour les mères: 90% des femmes ont reconnu leur enfant à l’odeur après seulement 10 min à 1 heure d’exposition. Schaal et al, 1998 Odorat et comportement L’odeur de famille Les chiens parviennent à distinguer les odeurs imprégnant les T-shirts de deux faux jumeaux. Ils ne peuvent pas en revanche distinguer les odeurs des vrais jumeaux. Les enfants sont capables faire la différence entre les odeurs de leurs frères et sœurs et celles d’autres enfants du même âge. Odorat et comportement L’odeur de la peur Chiens et chevaux détectent l’odeur de la peur chez les humains. L’odeur corporelle recueillie sous l’aisselle modifie l’humeur de ceux à qui il est demandé de la respirer (Chen & Haviland-Jones, 1999). Un groupe de femmes est parvenu à distinguer les femmes qui avaient vu un film d’horreur de celles qui avaient regardé un film neutre, en respirant l’odeur des aisselles recueillie sur un coton (Ackerl et al, 2002) Odorat et comportement Le parfum de la lavande • Fait croître les ondes alpha sur l’EEG, signe que les sujets sont calmes (Sugano, 1989, 1992) • Augmente l’éveil des sujets (Lorig et Roberts, 1990) • N’a aucun effet sur l’activité cérébrale (Knasko, 1992) • Augmente le temps de réaction dans une tâche au cours de la quelle le sujet doit prendre des décisions (Karamat et al, 1992) • Est un sédatif léger qui induit l’entrée dans le sommeil et accroît le sommeil profond (Goel et al, 2005) • Modifie l’activité du système nerveux autonome. Il réduit la température corporelle, la pression artérielle et accroît l’appétit ainsi que l’activité du nerf vagal gastrique (Tanida et al, 2006) Odorat et comportement Une influence insidieuse Des hommes visualisent deux diapositives superposées, représentant l’un paysage urbain et l’autre une femme. L’expérience se déroule dans une ambiance odorisée. Lorsque les deux images sont de même intensité, les sujets déclarent plus souvent avoir vu une femme lorsque l’odeur est présente (Steiner, 1994). Des sujets doivent porter un jugement sur la personnalité de femmes dont les visages, relativement neutres, sont présentés en association avec une odeur agréable (amande amère) ou désagréable (thiophène). L’évaluation des photographies est plus positive quand l’odeur associée est agréable (Ehrlichman et Bastone, 1992) L’influence implicite de l’odeur ne se manifeste que lorsque les stimuli sont proches de la neutralité. Des odeurs de polarité opposée (eau de cologne et sulfure d’ammonium) ne parviennent pas à influencer le jugement lorsque les visages choisis ont des degrés d’attirance contrastés (Cann et Ross, 1989) Odorat et comportement La contagion des émotions Plusieurs fragrances et parfums ont montré des vertus apaisantes, réductrices de tension et de crainte dans des situations de stress modéré. Dans le contexte d’un examen de diagnostic de cancer, des patients ont été exposés à leur insu et par intermittence à l’odeur d’héliotropine, une substance qui, d’après des tests préalables, avait induit une baisse de l’anxiété. Un test d’anxiété a révélé une baisse du niveau d’angoisse, d’autant plus significative que les patients ont jugé l’odeur très plaisante et très relaxante. Des femmes de 45 à 60 ans ont été invitées à utiliser, dans leur vie quotidienne, un parfum qu’elles avaient elles-mêmes choisi. Il a été observé une amélioration significative des troubles de l’humeur, de tension et de fatigue, associés à la ménopause chez ces femmes (Schiffman et al, 1995). Des femmes sont invitées à réaliser une tâche stressante en présence d’une odeur neutre et assez peu intense pour ne pas attirer leur attention. Plusieurs jours plus tard, les expérimentateurs évaluent le niveau d’anxiété engendré par la même odeur mais dans une situation non anxiogène. Les femmes testées attribue à l’odeur un pouvoir anxiogène plus élevé que les témoins qui ont réalisé la tâche sans odeur (KirkSmith, 1983) Perception et émotions Un sens connecté au système limbique Le système limbique (thalamus, hippocampe, amygdale, circonvolution cingulaire, fornix, hypothalamus) joue un rôle très important dans le comportement et dans diverses émotions comme l'agressivité, la peur, le plaisir ainsi que la formation de la mémoire. Il influe sur le système endocrinien et le système nerveux autonome. Le système limbique est parmi les plus anciennes parties du cerveau en terme d'évolution. Perception et émotions Latéralisation de la perception (1) Les odeurs agréables abaissent le niveau d’anxiété. Des odeurs plaisantes comme la vanilline ou l’alcool phényl éthylique (odeur de rose) suscitent de plus grands potentiels évoqués lorsque la narine gauche est stimulée tandis que c’est à droite que le signal électrique est le plus ample quand les odeurs sont désagréables. De même, les odeurs désagréables sont jugées plus désagréables lorsqu’elles sont présentées à la narine droite que lorsqu’elles sont présentées à la narine gauche Les potentiels évoqués par une odeur agréable ont une latence plus longue à gauche qu’à droite et plus l’odeur est jugée agréable, plus longue est la latence. Thomas Hummel, Dresden Perception et émotions Latéralisation de la perception (2) Les sujets doivent émettre des jugements sur la présence (détection), l’intensité, la familiarité, l’hédonicité et la comestibilité de différents odorants. Familiarité L’activité dans le cortex orbito-frontal droit est la plus forte durant les jugements de familiarité et la plus faible durant la tâche de détection. L’activité dans le cortex orbito-frontal gauche augmente durant les jugements de familiarité et d’hédonicité mais pas durant les autres tâches. L’activité dans le cortex orbito-frontal gauche est supérieure durant les jugements d’hédonicité. On imagine que les signaux olfactifs sont traités en parallèle dans les deux hémisphères, avec un niveau d’activation variable selon que le jugement implique la reconnaissance d’une odeur ou une émotion. Royet et al, NeuroImage, 2001 Hédonicité Perception et émotions Latéralisation de la perception (3) Quatorze sujets doivent émettre des jugements sur la présence (détection) et la familiarité de différents odorants. Les aires activées lors des jugements de familiarité sont principalement le cortex piriforme droit, l’hippocampe droit, le gyrus frontal inférieur gauche, l’amygdale gauche. L’activité dans le cortex piriforme supérieure à l’activité dans le cortex gauche. Cela suggère que le cortex droit est préférentiellement impliqué jugements de familiarité des odeurs droit est piriforme piriforme dans les Plailly et al, NeuroImage, 2005 Perception et émotions Latéralisation de la perception (4) Vingt huit sujets doivent émettre des jugements sur la présence (détection) et l’hédonicité (agréable vs désagréable) de différents odorants. La zone cortex piriforme/amygdale est plus fortement activée par les odeurs déplaisantes. Les odeurs déplaisantes activent l’insula ventrale gauche chez les droitiers et l’insula ventrale droite chez les gauchers. La latéralisation des émotions semble liée à la latéralisation de la main. Le cortex orbitofrontal gauche est plus activé chez les femmes que chez les hommes. Cela peut être relié aux facultés supérieures des femmes dans les tâches d’identification des odeurs. Royet et al, NeuroImage, 2003 Perception et émotions Odeurs et émotions Cinq femmes gauchères sont soumises à des odeurs et à des images qui évoquent des souvenirs personnels forts. Des tests comportementaux destinés à évaluer l’émotion sont menés après le passage dans l’appareil IRM. PHG/A Tha AC PHG On observe une plus forte activation dans les régions de l’amygdale et de l’hippocampe lorsque l’odeur est liée à un épisode marquant de la vie de l’individu. Les tests comportementaux confirment ce qui est observé en IRMf. Participant 1: Un voyage à Paris lorsque j’étais en CE2. Je suis assise et je regarde ma mère pendant qu’elle s’apprête à partir et se met du parfum Opium Amygdala Herz et al, Neuropsychologia, 2004 Perception et émotions Les troubles de l’odorat Divers troubles • Hyposmie: sens de l'odorat diminué. C'est usuellement un état temporaire succédant à une grippe aiguë. Cette condition est parfois appelée anosmie partielle. • Hyperosmie: sensibilité accrue aux odeurs. • Parosmie (dysosmie): odorat "distordu". Une personne souffrant de parosmie trouvera désagréables des odeurs qu'elle appréciait avant l'apparition de ce trouble. • Cacosmies: modification du sens olfactif (perception des odeurs) conduisant les patients à aimer certaines odeurs désagréables ou fétides. • Phantosmie: forme d'hallucination olfactive durant laquelle un individu perçoit des odeurs qui ne sont pourtant pas présentes dans l'environnement. • Presbyosmie: diminution ou perte de l'odorat qui vient avec l'âge du fait du vieillissement. • Anosmie: perte de l'odorat. Cette condition peut être temporaire ou permanente, congénitale ou acquise. (modèle de dépression) Diverses origines • Périphériques • Centrales Perception et émotions Des variations selon l’âge et le sexe Les femmes ont un sens olfactif plus développé que les hommes. Cette sensibilité varie au cours du cycle menstruel, avec un pic au moment de l’ovulation. Cela coïncide avec une augmentation du niveau d’oestradiol dans le sang. On note également une élévation d’oestradiol durant la grossesse. Cela peut expliquer pourquoi 76% des femmes enceintes souffrent de troubles olfactifs: hyperosmie (67%), odeurs fantômes (14%) et parosmie (17%). L’odorat décline avec l’âge. Environ 80% des personnes âgées de 80 ans ont un dérèglement du système olfactif et 50% d’entre eux sont anosmiques. Nous perdons à la fois notre sensibilité aux odeurs et notre capacité à discriminer les odorants. Perception et émotions Couché, debout La sensibilité olfactive varie en fonction de la position du corps. La rose sent plus fort quand on est debout. On pense que la plus faible sensibilité olfactive observée en position couchée pourrait être dûe à un effet réduit de la gravité sur la pression artérielle. De la même manière, les astronautes perdent le goût et l’odorat, probablement en raison d’une congestion dans le nez. Et ceux qui utilisent du Viagra ont une congestion nasale accrue qui modifie leur sens de l’odorat: à la dose de 100 mg, cette molécule diminue la discrimination des odeurs et le seuil de détection. Le système olfactif est toujours vigilant. C’est le seul sens qui ne dort pas. Perception et émotions Les anosmies périphériques (1) Syndrome de Kallmann-Dumorsier L’anosmie est liée à un hypodéveloppement des glandes sexuelles. Ils sont la conséquence d’erreurs dans la mise en place de certains neurones au cours du développement. Les futurs neurones sécréteurs des facteurs de libération des hormones sexuelles (GnRH) naissent dans la placode olfactive. Chez l’embryon normal, les neurones à fonction hormonale migrent en direction de l’hypothalamus. La mutation d’un gène sur le chromosome X, le gène KAL, empêche la migration des neurones. Les neurones sécréteurs d’hormones et les neurones olfactifs ne migrent pas. Conséquence, l’individu qui naît est privé d’odorat et est incapable d’avoir une physiologie sexuelle normale. Prévalence: 1 sur 10 000 Perception et émotions Les anosmies périphériques (2) Pathologies traumatiques Au moins 5% des chocs à la tête sont suivis d’anosmies. Les chocs occipitaux sont 5 fois plus dangereux que les chocs frontaux. L’amélioration survient dans environ 40% des cas. Toutefois, une amnésie post-traumatique de plus de 24 heures laisse peu d’espoir (10%) d’amélioration. Affections nasales et sinusales Rhinites allergiques, polyposes, rhinites bactériennes et sinusites. Les anosmies d’origine virale sont celles qui surviennent soudainement à la suite d’une forte rhinite. Elles comportent fréquemment des parosmies. On imagine que les neurones qui ont survécu délivrent un message trop incomplet pour être reconnu par le cerveau. La forme olfactive transmise ne correspond pas à celle qui a été mise en mémoire avant l’infection et la sensation apparaît nouvelle et incongrue. La récupération, avec ou sans traitement, est d’environ 30%. Perception et émotions L’olfaction dans les maladies neurodégénératives (1) Maladie d’Alzheimer La sensibilité et surtout l’identification des odeurs est fortement perturbée. Les régions cérébrales les plus touchées dans la maladie sont associées à l’odorat: épithélium olfactif, bulbe olfactif et régions limbiques de l’amygdale et de l’hippocampe. Perception et émotions L’olfaction dans les maladies neurodégénératives (2) Maladie de Parkinson Les malades ne sont pas totalement anosmiques mais éprouvent des difficultés à détecter les odeurs et à les identifier. Parfois, les troubles olfactifs précédent les troubles moteurs. Les neurones qui dégénèrent sont spécifiquement des neurones dopaminergiques. Or le bulbe olfactif contient des neurones à dopamine. Trace of diffusion tensor (Trace D), un marqueur de la diffusibilité des molécules d’eau, permet d’évaluer l’intégrité des structures nerveuses (Scherfler et al, Brain, 2006) Perception et émotions Les hallucinations olfactives (1) L’épilepsie Les régions qui traitent les informations olfactives présentent une susceptibilité particulière aux attaques de type épileptique. Ce sont des zones épileptogènes. Lors de la phase initiale de la crise, le sujet éprouve des hallucinations, notamment olfactives. On suppose que les circuits neuronaux qui forment le substrat des souvenirs olfactifs sont stimulés par l’hyperactivité anarchique. Lorsque ces zones sont stimulées par un courant électrique (acte chirurgical), les patients rapportent des impressions semblable à celles évoquées pendant les crises. Après lobectomie, la plupart des patients voient leurs hallucinations olfactives disparaître. Une étude chez l’animal a montré qu’une forte stimulation olfactive évitait l’apparition de crises épileptiques. Chen et al, Epilepsia, 2003 Perception et émotions Les hallucinations olfactives (2) La schizophrénie Le discours de certains malades incorpore des délires olfactifs, leurs propres odeurs étant alors attribuées, sur le mode négatif, à la malveillance de leur entourage. Les patients trouvent les odeurs moins familières, et les odeurs plaisantes moins plaisantes (anhédonie). Plailly et al, NeuroImage, 2006 Perception et émotions Odorat et langage On détecte assez bien les odeurs On a une très bonne mémoire des odeurs On a beaucoup de difficultés à les nommer Odorat et langage Une sensation subjective Le sens olfactif fonctionne dans un relatif isolement. Les objets les plus saillants visuellement ne sont pas nécessairement des sources olfactives et, inversement, les sources olfactives ne sont pas nécessairement des formes tridimensionnelles clairement définies. L’odeur entretient avec sa source une relation temporelle flexible. Elle est souvent le témoin évanescent, la trace labile d’une présence révolue ou l’annonce d’une présence future. Il en résulte, lorsque l’odeur a une faible intensité, une incertitude sur l’origine de l’impression ressentie. S’agit-il d’une sensation réelle ou d’une illusion? Dans les tests de psycho-physique, les sujets humains réalisent un score élevé de faux positifs: ils déclarent percevoir une odeur alors qu’ils ne sont soumis qu’à une stimulation témoin inodore. Le monde humain des odeurs est un monde de sensations qui fait appel au registre du subjectif, de l’éprouvé et du senti. Le vocabulaire de l’olfaction confirment cette singularité du sens olfactif. La dimension subjective de l’odeur est renforcée par le contenu affectif qu’elle véhicule. On ne trouve pas une telle force émotionnelle dans les autres modalités sensorielles. Odorat et langage Classer les odeurs Comme il existe des catégories visuelles et sonores, il existe des catégories olfactives. L’homme utilise des super-catégories (odeur florale, odeur animale, odeur fruitée) et des catégories inférieures (odeur-de-la-rose-de-Mai, odeur-de-putois, odeur-de-citron-vert). Mais reconnaissons-nous une qualité, une forme olfactive qui serait commune à toutes les fleurs, ou ne faisons-nous que manifester le fait que nous savons que cette odeur émane d’un objet qui appartient à la catégorie botanique de fleur? En réalité, le monde des odeurs dans son immense variété n’est que très peu hiérarchisé. Les odeurs et la façon d’en parler (1) Odorat et langage Pour désigner une odeur, nous utilisons la formule: «c’est une odeur de…». Contrairement aux couleurs ou aux sons, il n’existe pas dans les langues indoeuropéennes un terme qui désigne sans ambiguïté une odeur et seulement une odeur. La pauvreté du vocabulaire propre des odeurs résulte de la nature même de la sensation olfactive qui ne se laisse pas facilement catégoriser. Contrairement aux objets visuels, les odeurs sont perçues dans leur globalité. Il est toujours difficile de caractériser, dans une odeur, des traits dont elle serait composée et qui, associés autrement, créeraient une autre individualité olfactive. Par ailleurs, il n’existe pas, contrairement aux couleurs, des odeurs primaires à partir desquelles on pourrait construire des odeurs complexes. Les experts et les professionnels cherchent à décrire les odeurs. Ils discernent des notes ou des facettes. Dans tel mélange moléculaire domine la note violette ou la facette citron; l’acide cinnamique a « une note lourde, douceâtre, empâtée, tenace». Lorsque les parfumeurs se concertent pour forger un langage de description des odeurs, ils retiennent des termes qui sont des noms de sources d’odeur. Exemples: ambré, camphré, fleur d’oranger, foin, menthe, miel, salicylate, soufré…. Odorat et langage Les odeurs et la façon d’en parler (2) Afin d’établir des catégories olfactives, il a été demandé à des sujets de juger de la ressemblance qualitative d’odeurs présentées par paires. En soumettant les jugements sur les toutes paires possibles d’un ensemble d’odeurs à des méthodes d’analyse des données, on pouvait espérer reconstituer les classes naturelles d’odeurs présentes dans l’échantillon. Toutefois, cela ne conduisit qu’à confirmer ce que l’on savait déjà, à savoir que les sujets partagent les odeurs selon leur caractère agréable ou désagréable. Les catégories plus fines n’apparaissent pas. C’est un peu comme si chaque odeur était à soi seule une catégorie. Un sujet ordinaire parvient à nommer correctement entre 20 et 40 odeurs. Un professionnel est en revanche capable d’en nommer près de 1 000. Odorat et mémoire « Ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines. (…) Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents; peutêtre parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. » Marcel Proust Odorat et mémoire Une mémoire à long terme On distingue la mémoire épisodique, qui situe le souvenir d’une odeur reconnue par rapport à des événements biographiques personnels, la mémoire de reconnaissance, qui n’est pas liée à un événement, et la mémoire d’identification. Pour la mémoire de reconnaissance, on procède au test suivant. Au cours de la phase d’apprentissage, des odorants sont présentés un à un aux sujets. Après un certain délai, les sujets sont mis en présence d’odorants qui sont pour partie les mêmes et pour partie différents des premiers. La consigne est de désigner les odeurs présentes dans la phase d’apprentissage. Les résultats sont comparés à ceux obtenus avec des images visuelles. Lorsque le délai séparant la phase d’apprentissage et l’épreuve de reconnaissance est court (quelques secondes à quelques minutes), le pourcentage d’odeurs justement reconnues est de l’ordre de 70% à 80%. On obtient alors un score de 100% pour les images. En revanche, après un délai d’un mois, le taux de reconnaissance des odeurs atteint encore 65% alors que s’effondre la reconnaissance des images. Après un an, le pourcentage de réponses justes est encore supérieur au hasard. Odorat et mémoire Une médiocre mémoire d’identification La mémoire d’identification suppose que l’odeur soit reconnue et qu’en même temps se présente à l’esprit un terme pour la désigner. Dans les expériences de Sumner (1962), 200 sujets ont été testés avec 12 odorants très communs. La moitié environ des stimuli a pu être identifiée. Un tiers des sujets réussissait à nommer quatre odorants tandis qu’un autre tiers ne parvenait pas à en identifier plus de deux. L’entraînement améliore les résultats, surtout si les erreurs sont systématiquement corrigées. Le score est également amélioré si l’expérimentateur propose une liste de quelques mots parmi lesquels figure le terme juste. L’identification est meilleure chez les femmes que chez les hommes. Odorat et mémoire Reconnaît-on mieux une odeur dont on connaît le nom? Les difficultés de la désignation des odeurs laissent penser que l’apprentissage du nom des odeurs a peu d’influence sur l’aptitude à les reconnaître comme ayant été perçues avant. Les études menées dans les années 1970 confirmaient cette hypothèse. Par exemple, des sujets à qui l’on demande d’associer une odeur (non mentionnée) à une pièce dans un immeuble réussissent mieux l’exercice si cette odeur n’a pas été nommée. Objectiver une odeur en la nommant semble effacer une mémoire implicite qui lie odorant et environnement. Une odeur familière peut parfois ne pas parvenir à activer son nom en mémoire sémantique. On parle du phénomène « tip of the nose ». Cela tient probablement aux réseaux ténus et indirects entre les systèmes neuronaux du souvenir de l’odeur et les réseaux neuronaux qui engramment le lexique. Peut être le nom de l’odeur ne peut-il accéder à la conscience qu’après l’évocation de la forme visuelle de cet objet. Toutefois, une étude réalisée en 1997 a mis en évidence une amélioration de la reconnaissance d’une odeur après un apprentissage verbal. Le fait de nommer améliore soit l’encodage, c’est-à-dire la mise en mémoire, soit la facilitation du rappel car un codage verbal s’ajoute au codage sensoriel et augmente ainsi les voies d’accès au souvenir. Odorat et mémoire La mémoire générationnelle Les peurs ancestrales sont probablement transmises de manière génétique. Lorsqu’un rongeur d’élevage est mis en présence d’un fèces de prédateur (le renard pour le rat; le chat pour la souris) l’animal s’immobilise immédiatement en position de sidération. Il fera de même si on lui présente la molécule qui porte la signature du prédateur. Le codage moléculaire Olfaction, l’un des deux sens chimiques Vision Audition Olfaction Toucher Goût Le codage moléculaire Un neuroépithélium sensoriel © Morrison & Costanzo Le codage moléculaire Un neuroépithélium pseudo-stratifié Mature neurons Immature neurons Supporting cells Horizontal basal cells Le codage moléculaire Un premier relais dans le bulbe olfactif © Science et vie Le codage moléculaire Caractéristiques physiques du stimulus visuel ¾Longueur d’onde ¾Orientation ¾Contraste ¾… On peut définir un stimulus par des « traits » Le codage moléculaire Qu’est-ce que la dimension physique de l’odeur ? ¾ La présence d'une fonction chimique définie dans la formule d'un odorant ne suffit pas pour prédire la qualité de son odeur (énantiomères) S-carvone cumin R-carvone menthe verte ¾ Les odeurs d'une même catégorie peuvent recouvrir des familles chimiques de structures très différentes (ex: odeurs musquées: 9 familles chimiques) Pas de relation simple structure / odeur Le codage moléculaire Qu’est-ce qu’une odeur ? ¾ C’est la molécule odorante elle-même et non une radiation qui déclenche la sensation olfactive ¾ Ce qui importe c’est le nombre de molécules en présence des cellules sensorielles par unité de temps, autrement dit le flux ¾ Les substances odorantes doivent être volatiles pour les vertébrés aériens. Les grosses molécules d’un poids supérieur à 400 ou celles qui sont très liées à d’autres molécules n’ont pas d’odeur ¾ L’odorité dépend également des interactions entre molécules odorantes et membranes des cellules sensorielles (liaison hydrogène, forces de Van der Waals, forces de dispersion…). Les très petites molécules comme certains gaz n’ont généralement pas d’odeur ¾ Les molécules doivent à la fois être solubles dans l’eau (mucus) avant d’atteindre les membranes réceptrices et dans les graisses (nature lipidique des membranes) pour déclencher un signal olfactif. Les molécules peu solubles dans l’eau sont transportées par des OBP (Olfactory Binding Protein) On avance le chiffre de 10 000 odeurs Le codage moléculaire Structure moléculaire et qualité de l’odeur ¾ L’odeur dépend de la nature des interactions entre récepteur et molécule odorante. La présence d’une fonction chimique dans la formule d’un odorant ne suffit pas pour prédire la qualité de son odeur (cas des cétones cycliques) ¾ Le degré de souplesse ou de rigidité de la molécule est importante. Il est plus difficile de prédire l’odeur d’une molécule flexible, pouvant s’adapter à plusieurs sites de configuration ¾ Des structures différentes peuvent induire un même type d’odeur (cas des muscs). On imagine qu’elles activent un récepteur commun (musc) et se distinguent en agissant sur d’autres récepteurs. Le codage moléculaire Que se passe-t-il lorsqu’une odeur arrive dans la cavité nasale? La réponse avec Pascal Woaye-Hune, David Tonon Le codage moléculaire Une découverte majeure qui a ouvert de nouvelles portes Richard Axel Linda B. Buck Columbia University New York, NY, USA; Howard Hughes Medical Institute Fred Hutchinson Cancer Research Center Seattle, WA, USA En 13 ans, 50 publications : - 50% dans Cell - 50 % dans Science, Nature, Neuron En 1991, Buck et Axel, Cell, 65(1):175-87 : cité 1177 fois Le codage moléculaire Anciennes théories Théorie chromatographique de Mozell (1970) Théorie Stéréochimique de Amoore (1971) • 7 classes d’odeurs • 7 entités réceptrices Le codage moléculaire Réception et transduction du signal olfactif vue de dessus cil olfactif mécanismes moléculaires vue en coupe Le codage moléculaire Une famille multigénique qui code pour des protéines transmembranaires Buck, Axel Cell,1991 Nombre de récepteurs / sens Le codage moléculaire Une majorité des gènes humains sont des pseudo-gènes De la moitié aux deux tiers du millier de gènes humains sont des pseudo-gènes Vingt pour cent des 1 296 gènes de la souris sont des pseudo-gènes. Ils peuvent être classés en 228 familles. On trouve 27 regroupements sur tous les chromosomes, sauf le 12 et l’Y. L’homme a conservé un spectre large mais peut être moins discriminant de reconnaissance des odeurs Rouquier et al, PNAS, 2000 Le codage moléculaire La perte de récepteurs olfactifs coïncide avec l’acquisition de la vision trichromatique Seuls les grands singes, les singes du Vieux Monde et le singe hurleur possèdent une vision basée sur trois couleurs. Ce sont ces mêmes singes qui ont une proportion de pseudo-gènes égale ou supérieure à 30% Gilad et al, PLOS, 2004 Le codage moléculaire Des variations inter-éthniques non-African Americans African Americans Expérience sur 189 individus Les Afro-Américains ont en moyenne plus de récepteurs fonctionnels que les Américains non-Africains. Par ailleurs, il a été observé une grande variabilité interindividuelle: 178 génomes fonctionnels sur 189 individus étudiés. Menashe et al, Nat Gen., 2003 Le codage moléculaire Des protéines chaperones (1) Les OBP sont sécrétées dans le mucus et se lient à de nombreuses molécules hydrophobiques avec des constantes de dissociation de l’ordre du micromolaire. Elles jouent probablement un rôle de solubilisation et de transport. Il est probable qu’elles servent également à concentrer les molécules odorantes et/ou à les éliminer lors du processus de désactivation. Le codage moléculaire Des protéines chaperones (2) odorant Mucosal barrier Liaison odorant-OBP OBP Olfactory epithelium OBP-OR OR odorant-OR Protein G cAMP IP3 Etat quiescent Activation récepteur Le codage moléculaire La stimulation olfactive fait croître la concentration d’AMPc La protéine G olfactive (Golf) est très proche de la protéine Gs, la protéine G activatrice du système hormonal. Pace et Lancet, Lancet, 1986 Le codage moléculaire Réception et transduction du signal olfactif (2) Comment expliquer la discrimination des odeurs à partir d’un système de transduction simple qui rejoint les mécanismes classiques de transduction du signal ? Odorants ? OR OR1 Gα Le codage moléculaire Découverte de la nature des récepteurs olfactifs Les Récepteurs olfactifs: - récepteurs couplés aux protéines G - 3% du génome des mammifères OR1 Gα OR2 Gα OR3 Gα …X 900 Le codage moléculaire Un mécanisme moléculaire connu Modèle connu : “clef-serrure” : 1 ligand = 1 récepteur OR1 Gα OR2 …X 900 OR3 Gα Gα Est-ce suffisant pour discriminer? Non car le nombre de molécules odorantes >> 900 récepteurs Le codage moléculaire Comment augmenter le niveau de discrimination ? (1) En jouant sur la diversité des voies de transduction ? Non car la mutation du gène codant pour Gαolf ou du canal ionique CNG produit une anosmie OR1 Gα S1 Sauvage Golf -/- OR1 Gα S2 CNG -/- EOG Stimulus Belluscio et al., Neuron 1998 Le codage moléculaire Comment augmenter le niveau de discrimination ? (2) Grâce à une topographie périphérique ? Vision Audition Cellule ciliée interne Olfaction Cellule ciliée externe Membrane basiliare Gustation Somesthésie Corpuscule de meissner Corpuscule de merkel Amère Acide Salée Vassar et al., 1993 Sucrée Corpuscule de Ruffini Corpuscule de Pacini Non car l’expression d’un récepteur peutêtre très étendue dans l’épithelium. Il existe toutefois une ségrégation Le codage moléculaire Organisation régiono-régionale du système olfactif Mori et al., Science, 1999 • Un récepteur olfactif est ségrégé dans une zone • A l’intérieur de cette zone, le récepteur est réparti aléatoirement • Les zones de l’épithelium sont conservées au niveau du bulbe olfactif (projection régiono-régionale) Carte rhinotopique Le codage moléculaire Premières conclusions • Grande diversité de récepteurs olfactifs mais insuffisante • Une voie de transduction commune à tous les récepteurs • Une population de neurones homogènes dans leur morphologie • Ségrégation des récepteurs par région mais pas de topographie précise à l’interieur d’une région. La population de neurones olfactifs est-elle vraiment homogène d’un point de vue moléculaire ? Le codage moléculaire Une découverte inattendue Chaque neurone olfactif n’exprime qu’un seul type de récepteur d’olfactif On ne peut pas attribuer à chaque neurone olfactif une identité topographique. En revanche, on peut lui attribuer une identité moléculaire suivant le récepteur olfactif qu’il exprime OR1 OR1 1 récepteur 1 récepteur 1 gène 1 gène 1 Neurone 1 Neurone Chess et al., Cell 1994 Le codage moléculaire Expression mutuellement exclusive et monoallélique Le codage moléculaire Hypothèses de régulation de la transcription des récepteurs olfactifs Modèle Déterministe Récepteur: R1 R2….. R1000 Modèle Stochastique R1 R2….. R1000 Shykind, Hum.Mol.Gen.2005 Le codage moléculaire Convergence bulbaire suivant le type de récepteur Epithélium Bulbe Bulbe Epithélium OR-IRES-Tau lacZ transgenic mice Chaque neurone olfactif exprimant le même récepteur projette son axone dans le même glomérule Coupe coronale Wang et al, Cell, 1998 Le codage moléculaire Une distribution régionalisée des récepteurs (1) Le codage moléculaire Une distribution régionalisée des récepteurs (2) Le codage moléculaire Une distribution régionalisée des récepteurs (3) Le codage moléculaire Une reconnaissance régionalisée des odeurs Le codage moléculaire Carte bulbaire et projection dans le cortex olfactif Bulbe olfactif Zou et al., Nature 2001 Neurones Cluster de signaux dans le cortex en fonction du type de récepteurs Convergence bulbaire suivant le type de récepteurs (carte bulbaire) OR 1 type de récepteurs par neurone Le codage moléculaire Spécificité des connexions Quels sont les mécanismes moléculaires, au cours du développement et chez l’adulte, qui participent à la mise en place de la carte olfactive dans le bulbe ? Le codage moléculaire Les molécules du guidage axonal Facteurs de diffusion (Neurotrophines, Sémaphorines….) Facteurs de contact (Intégrines, Cadhérines, IgCAM, Ephrines….) Le codage moléculaire Les récepteurs olfactifs en tant que facteurs de guidage Wang et al., Cell, 1998 Le codage moléculaire Des récepteurs olfactifs dans les terminaisons axonales Barnea et al., Science 2004 Anticorps épitope extracellulaire 28 Anticorps épitope intracellulaire Expression au niveau des glomérules olfactifs Le codage moléculaire Autres facteurs de guidage Neuropilin-2 et fasciculation Ephrines et ciblage axonal Neuropilin-2 +/Ephrine +/+ Ephrine -/- Neuropilin-2 -/- Cloutier et al., Neuron 2002 Cutforth et al, Cell 2003 Le codage moléculaire La concentration d’AMPc agit sur la destination finale des axones Quand un récepteur aux odeurs est lié à une protéine Gs qui génère une grande quantité d’AMPc, l’axone se projette dans une région postérieure du bulbe. A l’inverse, une expression réduite d’AMPc (forme négative de PKA) aboutit à une projection dans une région antérieure. La neuropiline 1 pourrait médier ce phénomène. Imai et al, Science, 2006 Le codage moléculaire Régénération de la carte olfactive chez l’adulte Gogos et al, Cell 2000 Normal Apoptose induite Régénération Le codage moléculaire Seconde conclusion • Chaque neurone olfactif n’exprime qu’un seul type de récepteur olfactif • Chaque neurone olfactif exprimant le même récepteur projette son axone dans le même glomerule (convergence glomérulaire) • Les récepteurs olfactifs gouvernent l’organisation précise des connexions au niveau du bulbe, au cours du dévelopment et chez l’adulte Le codage moléculaire Conservation anatomique et moléculaire au cours de l’évolution Voshall et al, Cell 2000 Le codage moléculaire Fonctionnalité : exemple chez la drosophile Mushroom body Imagerie calcique bi-photonique in vivo Acide caproïque Pyridine Wang et al., Cell, 2003 Le codage moléculaire Spécificité à l’échelle neuronale et moléculaire Bulbe olfactif Ces données moléculaires définissent une organisation des circuits dont le but est d’amplifier et de contraster le signal olfactif Neurones OR S’il existe un seul type de récepteurs par neurone, alors mesurer l’activité neuronale revient à mesurer la spécificité du récepteur Le codage moléculaire Spécificité à l’échelle neuronale Electrophysiologie unicellulaire • Un neurone répond à 1 ou plusieurs odorants • Un odorant peut activer différents neurones • La fréquence de décharge est dose dépendante Sicard and Holley, Brain Res.1984 Le codage moléculaire Spécificité à l’échelle moléculaire Imagerie calcique en temps réel sur culture de neurones olfactifs [Cai] T [Cai] T Malnic et al., Cell 1999 Mesurer l’activité du neurone Mêmes conclusions qu’à l’échelle cellulaire Mesurer la spécificité du récepteur RT-PCR sur cellule unique Identification moléculaire du récepteur olfactif activé •Un neurone répond à 1 ou plusieurs odorants •Un odorant peut activer différents neurones •La fréquence de décharge est dose dépendante Le codage moléculaire Non spécificité des récepteurs olfactifs Il existe donc un codage combinatoire de la reconnaissance des odeurs 1 2 3 4 1, 3 3, 4 Si on suppose qu’un odorant est reconnu par trois récepteurs 1, 2 2, 4 2, 3 1, 4 2 1, 3, 4 1000 X (1000-1) X (1000-2) ≈109 combinaisons Le codage moléculaire Des odorants antagonistes Le nombre de récepteurs activés par un mélange d’odorants ≠ de la somme des récepteurs activés par chacun des odorants Odorants isolés A 1 2 Mélange B 3 A 3 1, 2, 3 4 B 5 3, 4, 5 1, 3, 5 1, 2, 3, 4, 5 L’odorant A est un antagoniste du récepteur 4 L’odorant B est un antagoniste du récepteur 2 Yoka et al., EMBO 2004 Le codage moléculaire Troisième conclusion • Un odorant peut activer un ou plusieurs récepteurs olfactifs • Un récepteur olfactif peut être activé par un ou plusieurs odorants • Il existe des odorants antagonistes • Les récepteurs olfactifs n’ont pas la même affinité vis à vis d’un même odorant Le codage moléculaire Une architecture à 3 étages Il existe un code combinatoire d’activation des récepteurs olfactifs pour discriminer les odorants Epithélium olfactif Bulbe olfactif Ces mêmes récepteurs participent à l’organisation anatomique du système olfactif Cortex olfactif Cette organisation anatomique établit une carte dans le SNC Amygdale Cortex enthorinal Tubercule olfactif Noyau olfactif antérieur Cortex piriforme Le codage spatial Une architecture à 3 étages plus dépendances (1) frontal cortex hippocampus thalamus orbital cortex olfactory bulb olfactory lateral tract piriform cortex © André Holley Le codage spatial Une architecture à 3 étages plus dépendances (2) cortex secondaire thalamus hypothalamus amygdale cortex primaire hippocampe Le codage spatial La muqueuse, le rez de chaussée Duchamp-Viret et al., 1999 ¾Faible sélectivité des neurorécepteurs Scott & Brierley, 1999 ¾Hétérogénéité spatiale des sensibilités, chimiotopie Le codage spatial Premier relais, le bulbe olfactif (1) Couche des nerfs (axones des NR) Glomérules entrée Plexiforme externe Cellules mitrales Cellules granulaires sortie Le codage spatial Premier relais, le bulbe olfactif (2) 5 millions NR 2500 glomérules 50.000 cellules mitrales Holley & Sicard, 1994 Projection amplificatrice: seuil de sensibilité des mitrales << neurorécepteurs Le codage spatial Premier relais, le bulbe olfactif (3) Shoenfeld & Cleland, 2005 Projection ordonnée: Il existe une organisation en zones de l’épithélium qui se conserve au niveau du bulbe Le codage spatial Étage bulbaire: la "rhinotopie" est-elle fonctionnelle? Cartographie fonctionnelle en 2-DG odeur 45 min Injection i.p. du 2-DG* Sections Autoradiogramme Sacrifice Superposition http://www.urop.uci.edu/grants/sample_proposals/UROP%20--%20Bio%20Sci%201.pdf Le codage spatial Caractéristiques des cartes métaboliques (1) REPRODUCTIBILITE Leon & Johnson, 2003 SPECIFICITE Limites de la méthode: •Statique •Mauvaise résolution temporelle Le codage spatial Caractéristiques des cartes métaboliques (2) Colorants potentiel-dépendants IRMf Xu et al., 2000 Avantages de ces méthodes: •bonne résolution temporelle •dynamique Spors & Grinvald, 2002 Le codage spatial La notion de domaine Caractéristiques primaires (acides, aldéhydes, alcools, phénols) Caractéristiques secondaires (longueur chaîne, patron de branchement…) Nagao et al., 2002 Il existe une spatialisation de l'information à l'entrée du bulbe Le codage spatial Et à la sortie? 7C ∆ spikes / sec 3C + + 3 4 5 6 7 8 9 Longueur de la chaîne carbonée 4C 5C 8C 9C Nagayama et al., 2004 6C Mori et al., 1999 Chaque cellule mitrale est caractérisée par son " molecular receptive range " Le codage spatial Et à la sortie? - + - Buonviso et al., 1991 Le bulbe olfactif est organisé en modules fonctionnels Buonviso, 1995 Il existe une spatialisation de l'information à la sortie du bulbe Le codage spatial Ces motifs topographiques représentent-ils le code de l'odeur? Si oui, la structure cible doit pouvoir lire les caractéristiques topographiques de l’activation Si ces caractéristiques sont détruites, le système doit être incapable de discriminer les odeurs Le codage spatial Quel codage après une lésion du bulbe? Les animaux sont encore capables de discriminer les odeurs dans les tâches qui leur sont proposées Conclusion: les cartes sont probablement redondantes et le message distribué Le codage spatial Une alternative au codage spatial: le codage par "assemblées de neurones" activité populationnelle: potentiels de champ locaux (oscillations) Hebb, 1949 Robustesse potentiels d'action des neurones individuels (synchronisations, coïncidences) Économie Souplesse Le codage spatial Le système olfactif du criquet: un modèle de codage par assemblées de neurones dynamiques Laurent et al., 1996 PCL spikes Neurones activés et synchrones entre eux L'odeur serait représentée par l'ensemble des neurones déchargeant de façon synchrone par rapport aux oscillations des potentiels de champ locaux Le codage spatial Mais le codage est beaucoup plus complexe chez le mammifère … (1) 1) Oscillations γ : 40-80 Hz β : 10-30 Hz Buonviso et al., 2003 • Relation qualité odorante / motifs d'oscillations • Alternance de rythmes b / g sur le cycle respiratoire Le codage spatial Mais le codage est beaucoup plus complexe chez le mammifère … (2) 2) Synchronisations 3) Coïncidences 1 ms Coïncidences très fines γ β γ Î spikes synchronisés sur la phase creuse β Î spikes non synchronisés 5 ms Pas de relation simple entre la qualité odorante et les synchronisations et coïncidences Coïncidences plus lâches Le codage spatial Quelle est la signification de ces oscillations ? Série d'expériences de Walter Freeman chez le Lapin Enregistrements EEG multi-sites (64 voies) Cartes d'iso-amplitude des oscillations 40-80 Hz Cartes spatio-temporelles sciure banane sciure Résultat: la ré-exposition à l'odeur de sciure induit l'émergence d'une nouvelle carte. + choc Le codage spatial Première conclusion L'activité bulbaire est davantage dominée par l'expérience que par le stimulus olfactif lui-même ! Le codage spatial L’influence de l’apprentissage (1) géraniol géraniol + eugénol apprentissage débutants eugénol - experts 20 30 40 50 60 70 80 90 -0.5 0 0.5 1 Ravel et al., 2003 Le codage spatial L’influence de l’apprentissage (2) odeurs C et D odeurs A et B naïf e p ex rs u e d o n tr e et B A naïf rs u e d o n t e et D r e C p ex Ces cartes dépendent à la fois de l'odeur et de l'apprentissage Le codage spatial Le degré de similitude des cartes 2-DG peut-il prédire leur similitude perceptuelle? Discrimination spontanée A, A, A….B Les rats peuvent discriminer uniquement si A et B évoquent des cartes 2-DG différentes Discrimination renforcée A+ vs B- Les rats peuvent discriminer même si A et B évoquent des cartes 2-DG très semblables Linster et al., 2001, 2002 Le codage spatial Deuxième conclusion L'importance fonctionnelle des cartes d'activation spatiale et/ou temporelle dépend de la tâche à résoudre. Le codage spatial Conclusions 1. Il existe une spatialisation de l'information au niveau du bulbe olfactif 2. Ces cartes spatiales ne représentent probablement pas à elles seules le code de l'odeur 3. L'information est largement distribuée de sorte que la destruction d'une large partie de la carte permet au système de reconstituer le tout 4. La composante temporelle joue un rôle important dans cette redondance 5. Les cartes d'activation bulbaires dépendent à la fois de la nature du stimulus et de ce que l'animal veut en faire 6. Perception et apprentissage sont indissociables (circuits neuronaux communs) Le codage spatial Deuxième relais, le cortex piriforme (1) frontal cortex hippocampus thalamus orbital cortex olfactory bulb olfactory lateral tract piriform cortex Le cortex piriforme peut être subdivisé en deux aires (antérieure et postérieure). L’activité dans la partie antérieure du cortex piriforme est liée aux signaux provenant du bulbe olfactif. Les décharges observées dans la partie postérieure répondent à des mécanismes plus complexes. Litaudon et al, Eur J Neurosci, 2003 Le codage spatial Deuxième relais, le cortex piriforme (2) L’aire antérieure du cortex piriforme code pour la structure de l’odorant tandis que l’aire postérieure du cortex piriforme code pour la qualité de la molécule odorante. L’existence de codes basés sur la structure plaident en faveur d’une fidélité aux informations en provenance du bulbe olfactif. Gottfried et al, Neuron, 2006 Le codage spatial Deuxième relais, le cortex piriforme (3) Les récepteurs aux odeurs sont dispersés dans l’épithélium et le bulbe. Toutefois, les signaux olfactifs convergent dans des neurones isolés dans le cortex olfactif. Des mélanges de deux odeurs stimulent des neurones corticaux qui ne sont pas stimulés par chacune des odeurs prise individuellement. Ces données pourraient expliquer pourquoi les mélanges d’odeurs induisent de nouvelles perceptions olfactives chez l’homme. Zou and Buck, Science, 2006 Le codage spatial Et ensuite, les dépendances Et les phéromones?