
différences considérables entre les différentes
maladies en ce qui concerne le diagnostic pré-
symptomatique, surtout dans l’optique des consé-
quences thérapeutiques (cf. tab. 1). Dans tous les
cas de tests présymptomatiques, il est essentiel
que le résultat ait une haute valeur prédictive et
qu’il soit susceptible de conduire à des mesures
thérapeutiques utiles [3]. Une autre condition im-
portante est que toute analyse soit précédée d’une
anamnèse familiale approfondie, puisque c’est le
seul moyen de donner des indications quant à une
prédisposition familiale (cf. tab. 1). Il est par
exemple assez simple, en cas d’HNPCC, de faire
pratiquer des examens préventifs adéquats, soit
des coloscopies. Mais que dire des cas où les exa-
mens préventifs n’ont aucune conséquence sur
l’évolution de la maladie, comme par ex. les ma-
ladies dégénératives du système nerveux? Ainsi,
dans un cas de chorée de Huntington, la batterie
de tests présymptomatiques permettra aux in-
téressés d’adapter leur plan de vie, ainsi que
leurs objectifs familiaux et professionnels, en pré-
vision des événements éventuellement à venir.
Dans la maladie d’Alzheimer, le fait de connaître
une telle prédisposition pourrait être utile au début
de l’affection, lorsqu’il s’agit de prendre les me-
sures indiquées pour le maintien de la qualité
de vie de l’intéressé et de son entourage. Ici, l’ana-
lyse génétique n’est en revanche pas une condi-
tion nécessaire et est donc sans grande significa-
tion pratique. Pour les tests effectués dans le cadre
des études cliniques et montrant l’existence
d’un risque génétique, on s’en tient au principe
de l’anonymisation. Les résultats ne sont trans-
mis que lorsqu’ils impliquent des conséquences
directes sur le plan préventif et thérapeutique [3].
Les maladies neurodégénératives d’origine géné-
tique (ou génétiquement déterminées) constituent
un bon exemple de l’intérêt que revêt d’une manière
générale la recherche sur les mécanismes molécu-
laires et biochimiques en médecine. La connais-
sance de la présence de certaines mutations géni-
ques et de gènes à risque joue ainsi un rôle
prépondérant dans l’optique de la classification des
différents phénotypes des maladies à prions (mala-
die de Creutzfeldt-Jakob familiale [fCJD], pour n’en
citer qu’une) [4]. La recherche sur les mécanismes
génétiques moléculaires a également apporté des
éclaircissements sur la pathogenèse de la maladie
d’Alzheimer [5]. La connaissance des mécanismes
génétiques ne donne pas seulement des indications
précieuses sur le diagnostic proprement dit, mais
constitue aussi le point de départ des mesures pré-
ventives et de la démarche thérapeutique [6].
Questions importantes en relation
avec l’utilisation clinique des données
génétiques
Dans le contexte d’une analyse génétique, on
n’oubliera pas que la recherche dans ce domaine
CURRICULUM Forum Med Suisse 2006;6:172–176 174
adultes en bonne santé qui ont une anamnèse
familiale positive pour une maladie héréditaire
(LAGH, art. 13).
Dans le cas qui nous occupe, les filles de la pa-
tiente ont été adressées à l’Institut de génétique
de l’Université de Zurich pour une consultation
génétique. Il est possible, lors d’une chorée de
Huntington, de mettre en évidence une mutation
génétique pathogène, en l’occurrence une expan-
sion du triplet CAG, avant même les premiers si-
gnes de la maladie. Le résultat du test ne permet
cependant pas de tirer de conclusions précises
sur le moment d’apparition de la maladie, ni sur
son évolution. Il existe par contre une certaine cor-
rélation entre le nombre de répétitions de la
séquence et l’âge d’apparition des signes de la
maladie. Ainsi, un résultat indiquant jusqu’à
26 répétitions (de la séquence CAG) est considéré
comme normal, 27–35 répétitions parlent en
faveur d’une prédisposition à la mutation, 36–39
signent une pénétrance faible et plus de 40 une
pénétrance complète. La forme juvénile sévère de
la chorée est la plupart du temps caractérisée par
85 répétitions ou plus. Ces chiffres ne permettent
toutefois pas d’avancer un pronostic définitif dans
un cas donné. De plus, il n’existe à l’heure actuelle
aucun traitement, ni aucune mesure préventive
efficace (cf. tab. 1, sous 1.2).
En règle générale, les réactions des patients et des
proches susceptibles d’être soumis à une analyse
génétique motivée médicalement (à distinguer des
examens indiqués dans le domaine professionnel,
assécurologique ou en responsabilité civile – cf.
LAGH) sont très variables. De nombreuses person-
nes concernées ne désirent pas poursuivre les in-
vestigations une fois que le diagnostic de suspicion
a été posé. Ils en ont parfaitement le droit en vertu
de l’art. 18 de la LAGH. Un patient a également le
droit de ne pas informer ses proches de l’existence
d’un diagnostic de suspicion, ni même d’un diag-
nostic confirmé. En revanche, si un résultat de test
positif confirme la suspicion, chaque membre de la
famille qui a été informé a le droit ou le devoir de
décider lui-même s’il souhaite une analyse de son
propre risque. Les expériences faites en Suisse ont
montré, dans les cas de chorée de Huntington, qu’un
membre de la famille sur deux qui a été informé
décide ensuite de renoncer à une telle analyse [3].
Aperçu des maladies génétiques
les plus fréquentes dans la pratique
clinique quotidienne
A part la chorée de Huntington évoquée précé-
demment, les maladies héréditaires manifestes
chez l’adulte comprennent également les formes
familiales de la maladie d’Alzheimer, la forme hé-
réditaire du carcinome du côlon (hereditary non-
polyposis colorectal cancer – HNPCC), la polypose
adénomateuse colique familiale et les formes fa-
miliales de cancer du sein. Il existe cependant des