* Comment une pierre se forme-t-elle ?
D'un point de vue descriptif, il nous faut faire la différence entre "une pierre" et "de la pierre", entre l'origine de
l'objet tel qu'on l'aperçoit, avec notamment sa forme (bloc de roche en bas d'une falaise, galet de rivière, rognon de
silex, colonne hexagonale de basalte, morceau d'un banc de calcaire, ...), et l'origine du matériau qui le constitue.
Plutôt que << d'une pierre >>, un caillou particulier, je vais donc parler << de la pierre >>, du matériau, puisqu'il me
semble que c'est le sens de la question. Ce qui ne signifie pas que nous scientifiques ne nous intéressons pas aux
formes des "cailloux", à leur origine (par exemple, dans notre laboratoire, nous avons construit une machine
spécifiquement pour étudier la formation des galets de rivière à partir de blocs, morceaux anguleux de roches
apportés dans le lit du torrent par les éboulements, les glissements de terrains, ou formés par le bris d'autres blocs
rocheux).
Si on fait la liste des roches que nous connaissons tous, on peut s'amuser et essayer d'en deviner les origines, les
modes de formation, puis essayer d'en faire quelques classes. Les géologues ont ainsi défini trois grandes catégories
de roches, en relation avec trois modes principaux de formation de ces roches.
Les plus communes pour nous êtres vivants, sont sûrement les roches sédimentaires, qui résultent de la déposition
et de l'accumulation d'autres matériaux à la surface de la Terre, dépôt généralement suivi d'une légère
transformation. C'est le cas du sable, de la craie, du sel gemme, de la tourbe, ... Le charbon ayant été enfoui plus ou
moins longtemps (effet du temps), plus ou moins profondément (effet de la pression et de la température...), est
plus ou moins transformé. C'est aussi le cas de nombreuses roches calcaires. Ces roches peuvent contenir des
fossiles.
Si la transformation est plus importante, parce que le matériau a été porté à plus forte pression et/ou plus forte
température, il se produit une réelle transformation chimique, une réelle "cuisson". On obtient les roches
métamorphiques. Exemples simples : les schistes à partir d'argile, les marbres à partir de calcaires. En les étudiant
avec des moyens analytiques plus poussés (microscopie, analyse chimique et minéralogique, ...), on peut encore le
plus souvent les relier à leur matériau d'origine.
Le stade suivant est la fusion plus ou moins poussée de ce matériau, et cela donne le plus souvent la roche que l'on
désigne comme le granite (avec un 'e'). Les proches monts du Beaujolais en montrent des exemples. Il y a aussi les
roches d'origine volcanique qui pour la plupart (comme celle de la famille du basalte, lequel est le principal
constituant, sous les sédiments marins, du plancher des océans) sont issus de la fusion des roches profondes de la
Terre. L'ensemble de ces roches, qui se sont formées à très haute température, avec ou sans fusion, forment ce que
l'on appelle les roches ignées.
Bien sûr la nature ignore ces catégories, et il existe tous les intermédiaires entre ces grands types ! Entre le sable des
dunes sahariennes et le quarztite parfois utilisé pour faire des pavés, et où les grains ne sont plus qu'à peine
discernables les uns des autres, il existe tous les intermédiaires de grès...
Bien évidemment, la boucle de la transformation des roches se referme quand par exemple les granites se
retrouvent à l'affleurement, au contact avec l'atmosphère et la biosphère, moteurs de dégradation de ces roches en
sédiments...
Mais attention, cette logique de transformation des roches les unes dans les autres, utilisée ici pour présenter cette
description n'est absolument pas générale. Elle ne s'applique pour l'essentiel que pour les roches des continents. La
fusion des roches volcaniques résulte d'une toute autre histoire, déjà racontée lors d'une précédente question il y a
un ou deux ans. En gros, l'intérieur de la Terre, ce que l'on appelle le manteau, qui est solide mais plastique, est
brassé par des grands mouvements lents (1cm/an), apportant de la roche chaude vers la surface. En se rapprochant
de la surface du globe, la pression diminue, et, à moins de 100 km sous la surface, la roche se met à fondre. Le
liquide qui se forme dans ces "très rares" endroits est donc un magma, du basalte. Quand le magma, moins dense
encore, arrive à la surface de la Terre, cela forme des volcans ou une ride médio-océanique, selon le cas.