La
nature du substrat est indifférente
pour l'élevage des jeunes et des
adultes (sable de
Loire
, terreau, papier
essuie-tout, tourbe ...
).
Cepen-dant,
la
femelle pondant ses œufs dans un sol
meuble,
il
est important de mettre à
la
disposition des adultes un pondoir
constitué d'un large récipient rempli
de terreau humide sur une profon-
deur de 5 et
10
cm.
Ce
pondoir régu-
lièrement renouvelé, permet de récol-
ter
les
nombreux œufs que pond cette
espèce
Cl
à 2 œufs par nuit pour
chaque femelle adulte).
Les
œufs sont
aisément reconnaissables à leur forme
allongée et leurs grandes dimensions
(5
à
5,5
mm de long et
2,5
mm de
large).
Ils
sont de couleur gris foncé
mat à noir mat et leur contour est
régulier. Comme beaucoup d'autres
espèces de Phasmes, A. asperrimus
est très polyphage, acceptant de
consommer
en
élevage les feuilles de
rosier, ronce, framboisier, Pyracantha
("buisson ardent"), aubépine, gro-
seillier, lierre, chêne, bégonia arbo-
rescent, bouleau ... qu'on leur présen-
te sous forme d'un bouquet de
rameaux dont les tiges trempent dans
l'eau.
En
présence de feuillage tou-
jours frais, les phasmes n'ont pas
besoin de boire. Cependant,
si
l'atmo-
sphère est trop sèche,
il
convient d'ef-
fectuer une pulvérisation quotidienne
d'eau sur le bouquet afin de réajuster
l'hygrométrie de l'enceinte d'élevage.
On s'apercevra alors que les insectes
viennent boire les gouttes d'eau
déposées sur le feuillage.
Biologie
et comportement
Avec
70
à
80%
d'humidité et une tem-
pérature de
20
à
26°C,
l'incubation
des œufs dure près de 3 à 5
mois.
À
la
naissance, les jeunes mesurent
14
à
17
mm de long et sont très robustes.
Ils
deviennent adultes
en
4 à 6 mois
en
effectuant 5 à 7 mues.
Les
mâles
deviennent adultes plus tôt que les
femelles et effectuent généralement
une mue de moins.
Les
adultes,
aptères, ont
un
dimorphisme sexuel
marqué et vivent de 5 à 9 mois.
La
maturité de
la
femelle intervient 4 à 5
semaines après sa dernière mue.
Bien qu'il soit capable de se multi-
plier par parthénogenèse, A.
asperri-
mus se reproduit plus facilement de
façon sexuée et montre une très gran-
de fertilité des œufs
(90
à
95
% d'éclo-
sion).
Le
mâle passe beaucoup de
temps sur le dos de
la
femelle sans
s'accoupler.
Il
semble que les copula-
tions ne durent jamais très longtemps.
Les
jeunes sont très
vifs,
s'alimentent
avec facilité et grandissent rapide-
ment. Dès
sa
première mue, le mâle
présente un abdomen moins pointu
et plus épais que celui de
la
femelle.
Au
fur
et à mesure de leur croissance,
les jeunes sont de plus
en
plus colo-
rés et montrent toutes sortes de varia-
tions. Compte tenu de leur robustes-
se, les conditions d'élevage permet-
tent d'obtenir
un
important taux de
survie des jeunes jusqu'à l'état adulte
(85%
de réussite).
Un
combattant
hors
pair
Il
n'est pas rare d'observer des com-
bats entre mâles pour accéder à
la
place privilégiée que constitue le dos
d'une femelle. Plusieurs techniques
permettent aux prétendants de favori-
ser ainsi leur succès reproducteur
en
délogeant les mâles déjà
en
place.
Il
s'agira parfois de presser de façon
régulière l'abdomen de l'autre mâle
avec ses pattes arrières et,
en
même
temps, de donner de petits coups
avec l'extrémité de l'abdomen, ou
alors de renverser son adversaire, ou
encore de faire vibrer son corps, etc.
Les
mâles se livrant à de tels combats
en
ressortent rarement mutilés ; ce
sont généralement les antennes qui
paient
le
plus lourd tribut du fait de
leur finesse.
Un
Insecte
"marteleur"
Les
mâles sont capables de donner
de grands coups d'abdomen en l'incur-
vant vers le bas puis
en
le
détendant
brusquement vers le haut avec une
fréquence de l'ordre d'un coup toutes
I
NSEC
TE
S
20
N°1
1 7 -
2000
(2
)
les 3 à 4 secondes mais qui peut
varier avec l'humeur de l'individu.
Si
l'Insecte se tient sur
un
objet solide
(paroi du terrarium, élément du
décor), le martèlement produit
un
son sec caractéristique et perceptible
à plusieurs mètres.
Il
semble que les
mâles se servent de cette technique
pour intimider leurs congénères et
non pour les blesser.
Pour se défendre contre d'éventuels
prédateurs, cette espèce dispose d'un
certain nombre de tactiques.
La
pre-
mière consiste à rester immobile le
jour, comme
la
plupart des Phasmes,
en
utilisant une couleur et une forme
mimétique Chomotypie). Une autre
possibilité,
si
le Phasme est décou-
vert, consiste pour lui à se laisser
choir au sol puis à se fondre dans le
milieu qui l'entoure. Éventuellement,
le
Phasme peut aussi se déplacer
assez rapidement pour échapper au
prédateur.
Il
peut aussi occasionnelle-
ment agripper fortement la main qui
l'attrape, ou encore mordre et dégor-
ger
un
liquide bnm. Ce Phasme épi-
neux a une cuticule plutôt coriace,
mais cette protection n'est pas aussi
efficace qu'elle le paraît et de nom-
breux animaux semblent pouvoir le
consommer
(araignées,
scolopen-
dres, crabes, mantes, lézards
..
.
).
{)
A. asperrimus
une
espèce facile à élever,
prolifique, jolie, bref, passionnante ! Elle
peut ainsi servir de support à
de
nombreux
travaux pratiques dans les écoles où l'on
pourra étudier son remarquable comporte-
Pour
en
savoir
plus:
Bragg
Phil
E., 1998 - A revision
of
the
Heteropteryginae CInsecta
Phasmida:
Bacillidae) ofBorneo, with the description
of
a new genus
and
ten new
species
-
Zoologische Verhandelingen n0316,
Nationaal Natuurhistorisch Museum.
Guilhem B., 1998 -Sur le comportement
agressif
du
mâle d'Aretaon asperrimus
(Redtenbacher, 1906) -Entomon, revue
du
GEPAI
n°1.
Sordet
F.,
1995 -Aretaon aspenimus
(Redtenbacher,
1908) PSG nO
lIS
-
Le
Monde
des
Phasmes
n032 (GEP).