Afghanistan géopolitique d`un conflit

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 AFGHANISTAN : GEOPOLITIQUE D’UN CONFLIT
Dossier réalisé par Madame Christine BERGEY professeure au lycée Michel Montaigne de Bordeaux Remerciements au Colonel DEVOUGE et au Colonel CLAMENS AVANT‐PROPOS Le principal objectif de ce dossier est de fournir une base documentaire susceptible d’alimenter une réflexion critique sur l’engagement de la France en Afghanistan et sur le déroulement de ce conflit. Une attention particulière a été portée aux sources et aux documents qui sont volontairement diversifiés et contradictoires, afin de traiter ce sujet avec le plus d’impartialité possible, d’appréhender ce sujet sous des éclairages divers et ainsi favoriser une saine réflexion. Ce sujet s’inscrit dans les programmes d’histoire du collège (3ème), du lycée (première et terminale). Il peut faire l’objet une recherche en ECJS ou en éducation civique dans le cadre de l’enseignement de défense. Par ailleurs les étudiants en histoire, en géopolitique ou à l’IEP peuvent utilement s’y référer. Ce dossier se décline en trois grandes parties. La première partie intitulée : contextualisation, comporte une chronologie assortie d’une analyse, mais également des renseignements d’ordre géographique, économique et politique destinés à mieux connaître ce vieux pays. La seconde partie intitulée : ressources scientifiques et documentaires, est dédiée au conflit actuel et se décline en deux sous parties : ‐
Une guerre pour protéger la liberté ? Il s’agit de présenter les caractéristiques de cette guerre et de l’analyser en s’interrogeant sur son sens, à la lumière de certains ouvrages. ‐
La présence française en Afghanistan est aussi étudiée en privilégiant le débat contradictoire. La troisième partie est consacrée aux pistes de travail à réaliser par les élèves. Ainsi les enseignants peuvent s’inspirer des questions proposées en fonction du niveau : piste bleue pour les élèves débutants du collège, piste rouge pour les élèves plus confirmés du lycée, enfin un niveau expert est proposé pour les étudiants du supérieur sous la forme d’une piste noire. Bien entendu, les téméraires et les ambitieux peuvent travailler dans un niveau supérieur s’ils le souhaitent, de même que les pistes plus faciles peuvent être considérées comme un échauffement. Christine BERGEY Page 2/39 Sommaire I ‐ Contextualisation. P4 P11 P22 L’Afghanistan : un vieux pays rude, sans intérêt particulier. A. Un vieux pays convoité depuis toujours. B. Un Pays rude et divisé par de nombreuses ethnies. C. Un pays d’une extrême pauvreté et soumis au fondamentalisme religieux. II ‐ Ressources scientifiques et documentaires. II ‐ I Une guerre pour protéger la liberté ? A. 2001: l’opération « Enduring freedom » liberté immuable. B. Décembre 2001 : création de l’IFAS ou FIAS. C. Le nouveau grand jeu, les enjeux de l’Afghanistan. II ‐ II La présence française en Afghanistan au titre de l’OTAN. A. L’origine de la présence française. B. Le dispositif français en Afghanistan. C. Un engagement controversé. III ‐ Pistes pédagogiques P30 Bibliographie indicative P36 P37 Annexes Christine BERGEY Page 3/39 I Contextualisation L’Afghanistan : un vieux pays rude, sans intérêt particulier mais convoité. A. Un vieux pays convoité depuis toujours. 1°) Du VIème siècle avant J.C, au VIème siècle après J.C. VI s Av J.C = invasion perse par Darius I 328 Av J.C = Conquête par Alexandre le Grand = province nommée Bactriane. IIème av J.C. au IIème s ap J.C. = Invasion des Scythes, des Parthes, des Huns 2°) Du VII au XIème siècle = Installation de l’Islam XIIIème S = Les mongols de Gengis Khan envahissent l’Afghanistan. XIVème siècle = Tamerlan l’annexe XVIIème siècle = rivalité entre la Perse et l’empire Moghol Indien. 3°) Début d’un royaume afghan et des dynasties afghanes indépendantes à partir du XVIIIème siècle. 1747 = Les Pachtous fondent la première dynastie indépendante. 1880/1901 = Ab dar Rahman Khan est le premier à exercer 1 véritable contrôle sur la totalité du pays. 4°) Au XIXème siècle : l’Afghanistan est au cœur du « grand jeu ». « Le grand jeu » = Rivalité coloniale entre la Russie et la Grande Bretagne au XIXème siècle, car à cette époque, l’Asie mineure est un « ventre mou » indépendant de toute domination coloniale. Les ambitions des Russes : ‐
Consolider les acquis sur la mer Noire (obtenus par les victoires sur l’empire ottoman) extension vers le Caucase et l’Asie centrale. ‐
Vues sur les détroits du Bosphore et des Dardanelles ‐
Accès aux mers chaudes, Océan Indien en particulier. Ces ambitions sont considérées par les Anglais comme une menace pour l’empire britannique allié de la Turquie. De 1813 à 1910 : l’Angleterre et la Russie sont des puissances ennemies mais ne s’affrontent jamais directement. 1838 à 1842 = Face à la menace expansionniste russe sur les Indes Britanniques, le RU déclenche la 1ère guerre afghane contre la Russie. Christine BERGEY Page 4/39 1842 : L’armée britannique est décimée par une révolte populaire afghane en tentant d’y établir un protectorat. 1878 /1880 : 2ème guerre afghane, le général Roberts conquiert Kaboul = Etablissement de la ligne Durand (la passe de Khyber est un passage entre l’Afghanistan et les Indes Britanniques). La ligne Durand créée en 1893 par un officier britannique pour séparer l’Afghanistan de l’empire des Indes britannique, partage le territoire tribal des pachtounes pour 100 ans. 1907 : Traité anglo‐russe qui donne l’autonomie à l’Afghanistan en créant un Etat tampon. 1919 : 3ème guerre afghane, le pays acquiert l’indépendance concrétisée par le traité de « RAWAL PINDI » en 1921. 5°) Le royaume d’Afghanistan de 1926 à 1973. Sur la période 1926/1953 : alternance de dynasties et neutralité durant la 2nde GM. En 1953 le premier ministre DAOUD, établit un programme de modernisation économique et sociale avec l’aide de l’URSS. En 1965, création du PDPA (Parti Démocratique du Peuple Afghan) procommuniste et prosoviétique. 6°) La République Afghane de 1973 à 1989. A partir de 1977 une succession de coups d’états marquent l’instabilité politique, en 1978, le PDPA provoque l’assassinat de DAOUD et installe au pouvoir Mohammad TARAKI qui signe avec l’URSS un traité d’amitié en décembre 1978. En 1979, les troupes soviétiques entrent en Afghanistan pour défendre le gouvernement communiste prosoviétique contre la rébellion anti communiste. 8°) De 1979 à 1989, occupation soviétique et guerre. 1980 : Oussama Ben Laden (Saoudien) et de nombreux musulmans étrangers rejoignent l’Afghanistan pour lutter contre les soviétiques. La CIA commence à apporter son soutien financier et matériel à différents groupes de résistance afghane même à ceux d’origine étrangère comme celui de Ben Laden. 1988 : Les accords de Genève entre le gouvernement afghan, l’URSS, le Pakistan et les Etats‐Unis, sont signés mais non reconnus par l’opposition afghane. 9°) De 1989 à 2001, la guerre civile règne en maîtresse. En février 1989, l’armée rouge est vaincue par le Djihad (environ 15 000 morts) et la guerre civile oppose le gouvernement communiste de Kaboul et les rebelles. En 1992, c’est la fin du gouvernement communiste et la guerre civile se poursuit entre les factions moudjahidin rivales et divisées en fonction de critères ethniques et religieux. Christine BERGEY Page 5/39 Le commandant Massoud (tadjik, musulman modéré) à la tête de la ligue du nord devient ministre de la Défense. En 1993, le gouvernement est renversé et remplacé par le gouvernement fondamentaliste de HEKMATYAR de l’ethnie Pachtoune. Depuis 1993, le Pakistan refuse de restituer le territoire pachtoune occupé, ce qui rend cette région très instable et perméable à tous types de flux. A partir de 1994, les Taliban commencent la conquête progressive du territoire et des différentes régions. En 1996, ils détiennent l’essentiel du territoire sauf le réduit tadjik défendu par le commandant Massoud. 10°) Le régime Taliban s’installe de 1996 à 2001. 1996 : Le Mollah Omar, chef charismatique et commandeur des croyants, dirige le pays sans titre politique ni constitutionnel avec les chefs religieux, les OULEMAS et fonde l’Emirat Islamique d’Afghanistan (EIA). Ben Laden revient et le Pakistan est le premier pays à reconnaître le régime Taliban suivi par l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes unis. Oussama Ben Laden fonde en 1998, le front Islamique International pour lutter contre les juifs et les « croisés ». Dans la charte de fondation, les menaces contre les Etats‐Unis sont directes. Les attentats contre les ambassades américaines se multiplient comme en Tanzanie ou au Kenya. Ben Laden devient l’ennemi numéro 1 aux Etats‐Unis. Les négociations de paix entre le régime Taliban et la ligue du nord ayant échoué, la guerre civile se poursuit mais les années 2000/2001 voient une escalade des provocations, le gouvernement Taliban décrète la destruction de toutes les statues pré islamiques ainsi les bouddhas de Bâmiyân sont dynamités le 09 mars 2001. Un grand flou entoure les dates de construction de ces Bouddhas. Les archéologues sont très prudents à ce sujet. Ils estiment que ces statues colossales et l'ensemble des travaux sur le site ont été réalisés entre 300 et 700, certains précisant que le « grand Bouddha » (53 mètres) daterait du Ve siècle, le « petit Bouddha » (38 mètres) de la seconde moitié du troisième siècle, des décors peints ayant été réalisés sur les deux statues et sur les parois des niches durant les siècles suivants. Le commandant Massoud est également assassiné lors d’un attentat suicide. Le 11/09/2001 : Les attentats aux Etats‐Unis révèlent la puissance d’AL QAÏDA, l’organisation d’Oussama Ben Laden basée en Afghanistan est tenue pour responsable directement. En Octobre 2001 les Etats‐Unis bombardent l’Afghanistan : c’est l’opération « Enduring freedom » qui entraîne la chute du régime Taliban remplacé par un gouvernement de transition. 11°) De 2001 à 2004 : l’administration intérimaire 05 décembre 2001 : conférence inter afghane qui aboutit à l’accord de Bonn instituant une administration provisoire sous la présidence de Hamid KARZAÏ. Christine BERGEY Page 6/39 Juin 2002 : la LOYLA JIRGA, l’assemblée traditionnelle confirme Hamid KARZAI dans ses fonctions de chef d’état. 2004 : Adoption d’une nouvelle constitution créant la république islamique d’Afghanistan. 12°) Depuis 2004 : la République Islamique d’Afghanistan. Le Chef de l’état élu en 2004 puis en 2009 est Hamid KARZAI. Les élections législatives du 18 septembre 2010 se sont bien déroulées et ont été complètement gérées par le gouvernement afghan malgré un climat d’insécurité. ANALYSE : Ce pays, bien que reposant sur une organisation tribale et clanique, sans unité politique, n’a cependant jamais été totalement soumis et conquis. Il faut attendre le XIXème siècle pour qu’une unité relative s’installe avec la monarchie. C’est à partir de 1979 que se cristallise une opposition islamiste contre l’occupant soviétique. En effet sous l’effet du JIHAD, les factions moudjahidines se renforcent d’éléments étrangers dont Oussama Ben Laden. La lutte contre l’occupant soviétique, pourtant présent à la demande du gouvernement de l’époque pro soviétique, mobilise des combattants d’Allah dans une guerre sainte de défense de l’Islam. Ainsi la radicalisation religieuse se renforce en Afghanistan à travers les taliban qui imposent leur dictature en 1996. Par ailleurs, dans ce contexte de guerre froide, les Etats‐Unis aident militairement et financièrement la lutte contre les soviétiques en armant, voire, en formant les moudjahidines et les combattants du Jihad, même étrangers, comme Ben Laden. Cette guerre a bien constitué le terreau du terrorisme islamiste afghan et mondial. L’Afghanistan apparait donc comme le dernier lieu d’affrontement de la guerre froide entre les Etats‐Unis et l’URSS, mais aussi comme un espace de développement du fondamentalisme sunnite avec le mouvement taliban. Ainsi l’Asie centrale compte deux grands pays islamistes à l’aube du XXIème siècle, l’Iran chiite et l’Afghanistan sunnite. Bien entendu dans la géopolitique de l’Islam, le régime théocratique sunnite sous l’égide du mollah Omar en Afghanistan apparait comme le concurrent de la République islamique chiite en Iran alliée à la puissance des Ayatollahs. Après les attentats du 11/09/2001, l’opération « Enduring freedom » et les interventions occidentales en Afghanistan pour installer un gouvernement démocratique et un état de droit, renforcent la cohésion entre les combattants Taliban et la population afghane, souvent acquise à leur cause pour des raisons financières, opportunistes ou de conviction religieuse. Christine BERGEY Page 7/39 B . Un pays rude et divisé par de nombreuses ethnies. 1°) Un pays enclavé et montagneux. a) Un pays enclavé. Ce sont 5529 km de frontières qui séparent ce pays du Pakistan, de la Chine, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan, du Turkménistan et de l’Iran (6 pays limitrophes). L’Afghanistan détient une position de carrefour entre les civilisations persane, turque, arabe, indienne, chinoise et russe. Sa superficie est de 647 500 km2 soit 20% de plus que la France. b) Un pays montagneux. Les austères montagnes qui couvrent une grande partie du territoire afghan, constituent le prolongement de l’Himalaya. La chaîne Hindu Kush est la plus importante. 40% des terres du pays sont situées entre 1500 et 2000 m d’altitude. Plus de 100 sommets dépassent les 6000m, le plus haut étant le mont NAOSHAK qui culmine à plus de 7000m. L’ HINDU KUSH est une discontinuité majeure du relief traversé par de rares cols tel le col de SALANG construit avec l’aide des soviétiques dans les années 60 et la passe de KYBER qui relie ce pays au Pakistan et culmine à plus de 1000M. Ces montagnes et hauts plateaux sont sillonnés par des vallées voire des gorges très profondes orientées NE/SO qui abritent une grande partie du réseau hydrographique. C’est un espace exposé aux séismes violents environ 50 tremblements de terre par an, certains pouvant faire de nombreuses victimes comme en Février 1998. C’est la fonte des neiges qui alimente les fleuves et les rivières qui peuvent être en crue et provoquer des inondations importantes. Des quatre principaux fleuves : Amudarya, Hari Rud, Hilmand et Kaboul, seul le Kaboul se jette à la mer par le biais de l’INDUS, les autres s’évaporent dans le désert ou la mer d’Aral. Un système ingénieux (GAREZ) de captage et de transport de l’eau permet d’irriguer et de lutter contre la sécheresse surtout dans l’est et le sud du pays. Il consiste en une série de puits de 30 mètres environ de profondeur qui captent la nappe aquifère et amènent l’eau par des tunnels à des dizaines de kilomètres de sa source. 2°) Un climat continental très rigoureux et aride. Un climat marqué par l’aridité, de faibles précipitations annuelles et par de fortes amplitudes thermiques annuelles. Les paysages portent l’empreinte de la dureté de ce climat et de ce relief. Christine BERGEY Page 8/39 3°) Un pays divisé par la religion et les ethnies. La première division oppose les sunnites majoritaires ( rite hanéfite) 80% et les chiites 15% ( duodécimains et ismaéliens) et les autres religions et peuples représentent (Sikhs, hindous …) 5%. La population s’élève à environ 29 Millions d’habitants ( plus environ 3 millions de réfugiés afghans en Iran et au Pakistan) dont : ‐35% de pachtounes, ou pathan, peuple indo‐européen de la branche indo‐aryenne qui constitue le peuple fondateur de l’Afghanistan. Le mot afghan est synonyme du mot pachtoune. ‐35% de tadjiks, sunnites de langue persane (le Dari). ‐30% d’ouzbeks (peuple parlant une langue turque descendant d’un Khan mongol de la horde d’or guidée par le fils ainé de Gengis Khan), de hazéras (peuple turco‐mongol parlant un dialecte persan avec des mots turcs et mongols, ce peuple serait descendant des soldats de Gengis Khan) et de turkmènes. Ces ethnies sont elles mêmes divisées en différentes tribus, en familles et en clans. Bien entendu cette diversité ethnique s’accompagne d’une grande diversité linguistique, 30 dialectes sont pratiqués dans ce pays de tradition orale. C. Un pays d’une extrême pauvreté et soumis au fondamentalisme islamiste. 1°) Une économie essentiellement basée sur l’agriculture. L'économie est essentiellement rurale et repose en grande partie sur l’agriculture. L’agriculture représente 87% de la population active et 42% du PIB. L’agriculture est la principale source de richesse qui procure des excédents en période de paix, mais la production agricole s'est effondrée avec la guerre, et le renouveau de l'élevage a été entravé par la destruction des canaux d'irrigation. •
Les principales cultures sont le coton (1 des premiers produits d’exportation), la betterave à sucre, le tabac, le blé, les cultures fruitières saisonnières produisent du raisin et des melons. •
L’élevage est également très présent pour la laine, le cuir et les peaux destinés à l’exportation. Le pavot pour l’opium fait vivre plus de 2 millions d’afghans et représente environ 35% du PIB, une partie sert au financement de la guérilla pour les taliban. L’opium afghan représente 93% de la production mondiale. En 2010, la moitié de la récolte a été détruite par un champignon inconnu. Le secteur industriel est peu développé et surtout axé sur la transformation des produits agricoles (industries agro‐alimentaires), mais les entreprises étrangères sont de plus en plus attirées par ce pays qui offre des possibilités de délocalisation intéressantes. Christine BERGEY Page 9/39 Par ailleurs le sous‐sol afghan recèle des richesses encore mal déterminées mais qui sont très difficiles à exploiter. En effet, charbon, pierres précieuses, gaz, minerais constituent une richesse qui apparente l’Afghanistan à un nouvel Eldorado. La production électrique aux environs de Kaboul, dépasse les besoins du secteur industriel, et seules quelques régions du nord sont approvisionnées en électricité. Le gaz naturel est en général exporté vers les pays issus de l’ex URSS. La déficience des infrastructures a été jusqu’à présent un frein à l’exploitation de ces richesses. Les forces de l’Otan et les troupes américaines ont contribué à développer le réseau routier dans ce pays, pour des raisons évidentes de logistique et de rapidité de déplacement des troupes. Dans le secteur tertiaire, les transports et la téléphonie mobile génèrent de la croissance. La compagnie de téléphonie privée ROSHAN (3,5 millions d’abonnés) est le premier investisseur dans le pays. 2°) Un pays où la pauvreté règne. •
PIB/hab. = 800$ PPA en 2009 •
PIB en 2008 = 8 ?7 milliards de dollars hors production d’opium. •
IDH : 181ème sur 182 = 0,352 •
4° taux de sous nutrition au monde •
53% de la population vit au‐dessous du seuil de pauvreté soit 1, 25 $ par personne et par jour. •
Espérance de vie est en moyenne de 44 ans en 2008. •
Taux de natalité de 46,7 pour mille. •
Faible taux d’alphabétisation des + de 15 ans : Hommes = 43%, Femmes = 22%. •
Beaucoup de régions et provinces sont dépourvues d’eau courante, d’électricité et de tout à l’égout. •
Source : WWW.dipomatie.gouv.fr 3°) Un pays qui a été soumis au régime taliban. Le mot taliban possède plusieurs sens qui correspondent à une évolution. Le Taleb est l’écrivain public en Afrique du nord, mais l’étudiant en arabe, et en pachto il s’agit d’un étudiant en théologie dans une madrasa. Des millions de jeunes afghans durant la guerre contre l’URSS furent éduqués au Pakistan dans des madrasas et y subirent l’influence de l’école DEOBANDI qui prône un retour à « l’Islam pur ». Christine BERGEY Page 10/39 Les Taliban sont des néo fondamentalistes qui se distinguent des islamistes (qui veulent l’établissement d’un état islamique), car ils préconisent d’abord une réforme de la société, des mœurs, de la justice, des êtres humains. Le pouvoir politique n’est pas leur priorité et la forme de l’Etat n’a pas de réelle importance pour eux, car l’Etat doit respecter la Charia, le Coran, la loi divine. Seuls ceux qui l’ont étudiée, peuvent l’expliquer et l’appliquer donc gouverner. Au début, le régime taliban a bénéficié du soutien réel du peuple car les mesures mises en place ne changeaient pas le style de vie de la majorité de la population. Les femmes dans leur grande majorité portaient déjà la burqa, elles ne travaillaient pas et n’étaient pas scolarisées dans une grande partie du pays. Par ailleurs, le peuple voyait en ces soldats de Dieu, un espoir de paix après de longues années de guerre et d’exactions par les seigneurs de la guerre. Ce régime se caractérise par une lecture très stricte du Coran et applique la Charia dans toute sa rigueur. Dès 1996 un ministère pour la promotion de la vertu et la prévention du crime est créé. Les femmes n’ont plus accès à l’hôpital et il leur est interdit de se faire soigner par un médecin homme. Il leur est également interdit de travailler et elles doivent porter le tchadri ou tchador. Le maquillage et les vêtements occidentaux sont interdits. Sont également interdits, les jeux y compris les jeux enfantins, la musique, la danse, la peinture, le dessin, la télévision et le sport. Les hommes doivent porter la barbe longue et des vêtements traditionnels sous peine d’emprisonnement. Cette dictature fondamentaliste persiste jusqu’en 2002, les taliban alimentent ensuite la guérilla contre le gouvernement afghan et les Etats‐Unis. II Ressources scientifiques et documentaires. II – I Une guerre pour protéger la liberté? A . 2001: l’opération « Enduring freedom » « liberté immuable ». En vertu de l’article 51 de la charte des Nations Unies sur l’auto défense collective, les Etats‐Unis ont décidé le bombardement de l’Afghanistan. OEF = « Operation Enduring Freedom » est le nom officiel donné aux opérations en Afghanistan par le gouvernement américain. Ces opérations ont été diligentées depuis la base américaine de Diego Garcia dans l’Océan Indien. Les objectifs définis à l’époque par G.W. BUSH concernent la destruction des terrains et camps d’entraînement ainsi que des infrastructures terroristes en Afghanistan, la capture des leaders d’AL QAÏDA et la cessation des activités terroristes dans le pays. Christine BERGEY Page 11/39 Ce sont des missions de coercition essentiellement destinées à éradiquer les foyers du terrorisme international et les camps qui servent de base à l’organisation AL QAÏDA, par l’emploi de la force armée et les bombardements. Elles ont conduit à des frappes aériennes multiples entraînant de nombreuses morts civiles parmi la population afghane. Il faut distinguer l’OEF de la FIAS qui est dirigée par l’OTAN incluant des troupes américaines et à laquelle participe la France. Ces deux opérations se déroulent en parallèle et en parfaite coopération. Le blason de l’opération Enduring freedom. B. Décembre 2001 création de la FIAS. Les accords de Bonn définissent le processus d’engagement dans la FIAS sous mandat de l’ONU : résolution 1386. FIAS = Force Internationale d’Assistance et de Sécurité Sa mission : « Conduire les opérations militaires dans la zone d'opérations pour aider le Gouvernement de la République islamique d'Afghanistan (GIRoA) dans l'établissement et le maintien d'un environnement sûr et sécurisé avec un engagement total des forces de sécurité nationales afghanes, en vue d'étendre l'autorité et l'influence du gouvernement, de manière à faciliter la reconstruction de l'Afghanistan et de permettre au GIRoA d'exercer sa souveraineté dans tout le pays. » Au 13 mars 2009, il y a sous le commandement de la FIAS, 61 960 soldats engagés en Afghanistan pour environ 41 pays. Christine BERGEY Page 12/39 Les grandes missions de la FIAS sont la sécurité des populations contre les seigneurs de la guerre, la formation de l’armée afghane et la consolidation de la souveraineté du gouvernement afghan, l’installation de la démocratie par la mise en place d’élections, la reconstruction et le développement économique du pays. Le 04/08/2010, le commandant des forces internationales en Afghanistan, le Général PETRAEUS a détaillé les nouvelles directives militaires en vue d’épargner les populations civiles. ‐ « Les directives tactiques » sont mises en place depuis le 01/08/2010. L’objectif défini est de réduire les pertes d’innocents civils. « Avant de tirer, le commandement approuvant une frappe doit déterminer qu’aucun civil n’est présent. S’il n’est pas possible de déterminer le risque de présence de civils, les frappes sont interdites, sauf dans deux conditions, dont la mise en danger des troupes internationales » assure le Général PETRAEUS. ‐ « La politique de retenue courageuse » définie par le Général MAC CHRYSTAL (limitation des frappes aériennes) était critiquée par les soldats car elle les empêchait de se défendre correctement et contribuait ainsi à l’augmentation du nombre des soldats tués. Le général PETRAEUS a promis de revoir cette stratégie. ‐ « Les règles de bonne conduite » mises en place en Irak alors qu’il commandait le contingent américain ont été en partie reprises en Afghanistan dans un document diffusé aux membres de la FIAS (ISAF) le 27 juillet 2010 telles que : enlever ses lunettes noires, patrouiller à pied, aller à la rencontre des habitants, distinguer les combattants « conciliants » et « non‐conciliants ». ( source : WWW.lemonde.fr 04/08/2010) Carte des engagements en Afghanistan au titre de la FIAS ou IFAS Source : OTAN Christine BERGEY Page 13/39 ANALYSE : Cette guerre est‐elle réellement une guerre ? Les formes classiques du combat et des règles militaires s’appliquent‐elles ? Peut‐on considérer qu’il s’agit d’une forme moderne de combat ? Le concept de guerre asymétrique peut‐il être appliqué en l’espèce ? En effet, d’un côté les troupes de la FIAS et l’armée américaine utilisent des moyens importants et classiques, de l’autre, des armes de récupération et des engins fabriqués artisanalement qui sont très meurtriers. D’un côté une armée qui avance à découvert, avec ses objectifs et ses tactiques, de l’autre des groupes armés qui s’appuient sur les populations locales, utilisent toutes les ressources d’un territoire qu’ils connaissent parfaitement. Ces derniers appliquent les principes d’une guérilla à laquelle répondent les troupes occidentales par un fonctionnement de guerre classique. Il s’agit donc d’une guerre asymétrique parfaitement maîtrisée par les Taliban qui, formés à des années de guerre et de guérilla depuis des décennies. Ces combattants, bénéficiant de solides soutiens au Pakistan, savent porter le conflit sur le terrain médiatique et utilisent les moyens de communication modernes pour communiquer. Ce concept de guerre asymétrique est également remis en question car il ne s’appliquerait qu’à des conflits inter étatiques et non à des conflits qui opposent des Etats à des groupes armés comme le précise D. GALULA dans son ouvrage « Contre‐insurrection. Théorie et pratique » publié chez ECONOMICA en 2006. Cette guerre est‐elle une guerre de civilisation ? Nous ne pouvons éviter de nous rapprocher de la théorie de Samuel Huntington présentée dans un article publié en 1993, intitulé « Le choc des civilisations », qu’il développe ensuite dans un livre du même nom publié en 1996. La vision du monde et des relations internationales selon Huntington suscite une vaste polémique lors de la publication de l’article. Samuel Huntington défend la thèse selon laquelle, après les oppositions liées aux nationalismes et celles liées aux idéologies, le monde de l’après‐ guerre froide est confronté à une opposition d’ordre culturel entre différentes civilisations. Ce sont les identités et la culture qui engendrent les alliances entre les états et les conflits. Il s’agit d’un monde « multicivilisationnel ». Pour Huntington, le monde est divisé en plusieurs civilisations correspondant à des espaces qui englobent plusieurs états et constituent une grille de lecture du monde. La civilisation est donc le degré le plus élevé de regroupement identitaire des hommes et se définit par des critères objectifs (langue, histoire, religion, coutumes, etc.) et des critères subjectifs tels que l’auto identification. Christine BERGEY Page 14/39 Il fait donc apparaître plusieurs civilisations : chinoise, japonaise, musulmane, hindoue, occidentale. L’Afrique est concernée par plusieurs civilisations, l’Amérique latine semble une sous‐civilisation occidentale mais Huntington lui donne également le statut d’une civilisation à part entière concurrente de celle des Etats‐Unis. Ce monde multicivilisationnel s’organise par plusieurs alliances, organisations ou forums qui regroupent des états d’une même civilisation. Les conflits de plus en plus violents, selon Huntington, devraient se généraliser, opposant l’Islam, la Chine et l’Occident. Pour lui, la prévention de la guerre repose sur 3 points : ‐
La non intervention dans les conflits des Etats puissants ‐
La médiation par les Etats puissants ‐
Le renoncement de l’occident à l’universalité de sa culture. Bien que très controversée, cette théorie ne pouvait pas être oubliée dans une étude sur un conflit actuel opposant l’Occident à travers l’Otan et des groupuscules fondamentalistes musulmans. Il semble toutefois que le découpage en aires de civilisation proposé par S. Huntington présente des lacunes et des inexactitudes. Les limites territoriales sont très approximatives et les diasporas ne sont pas prises en compte. Par ailleurs ce type de découpage met l’accent sur les religions qui apparaissent comme l’élément déterminant du concept de civilisation, ce qui est très réducteur. Cette théorie s’applique‐t‐elle au conflit afghan ? De nombreux intellectuels et personnalités politiques refusent de voir dans les attentats du 11/09 2001 et la riposte américaine en Afghanistan, une réalité de la thèse d’Huntington et une guerre entre l’Occident et l’Islam. Cependant, nous pouvons nuancer et constater que nous retrouvons une alliance (l’OTAN) entre des états d’une même civilisation (occidentale) qui affronte des éléments d’une autre civilisation (orientale et islamique). Ces éléments sont en cours d’organisation : à titre d’exemple, l’Iran chiite transcende l’opposition religieuse et soutient des résistants sunnites pour contrer la présence américaine jugée plus dangereuse encore. Quel bilan peut‐on tirer de 9 années de guerre ? ‐
Du côté de l’armée d’intervention et de coalition. En août 2009, la coalition comptabilisait 1 285 tués (dont 766 Américains) depuis le début des opérations en septembre 2001, la plupart victimes des engins explosifs improvisés. Durant l’année 2009, 520 soldats étrangers sont morts soit le 1/3 des pertes de la coalition depuis 2002. Ce front est de plus en plus meurtrier au fur et à mesure que la guerre s’éternise. Par ailleurs le mois de juin 2010 a été très meurtrier pour les troupes de l’OTAN avec 103 décès. Christine BERGEY Page 15/39 Les effectifs de l’armée de coalition sont passés de 113 000 hommes au début de l’année 2010 à 150 000 hommes en cette fin d’année 2010, pour un résultat discutable car la résistance des taliban se maintient près de Kaboul. ‐
Du côté des insurgés. L’insurrection afghane est composée de plusieurs éléments dont les taliban constituent la majorité des troupes. Aux côtés de l’état major taliban, dirigé par le Mollah Omar, exilé à Quetta (dans le Balouchistan pakistanais) et qui contrôle à distance l’insurrection dans les provinces du sud de Kandahar et Helmand, il y a le réseau Haqqani. Ce dernier se situe dans la zone tribale pakistanaise d’où il téléguide les insurrections dans les provinces orientales de Khost, Paktia et Paktika. Ce groupe est très proche d’Al Qaîda. Il est très difficile d’évaluer le nombre d’insurgés, en 2006 on évalue à 17 000 le nombre de taliban afghans auxquels il faut ajouter 2000 combattants étrangers et environ 4000 taliban pakistanais. (Source : Bilan géostratégie Le Monde Edition 2010) ‐
Du côté des civils : le bilan est meurtrier. Il est très difficile de trouver des chiffres vérifiables. Ainsi un article extrait de WWW.lemonde.fr (04/08/2010) fait état de 2412 afghans tués dans les combats en 2009 et atteste d’une augmentation de 14% par rapport à 2008 selon l’ONU. Par ailleurs dans un article intitulé « Statistique macabre en Afghanistan » extrait de WWW.fr.euronews.net du 10/08/2010, c’est une augmentation de 25% du nombre des civils tués au cours des six premiers mois de 2010. Staffan de MISTURA représentant spécial de l’ONU à Kaboul précise que 3268 civils ont été tués durant les six derniers mois dans cet article. Les deux sources affirment toutefois que les insurgés font plus de victimes avec les attentats suicide et les engins explosifs improvisés très meurtriers que les troupes de l’OTAN. Cependant les bavures de l’armée internationale provoquent des critiques du président Hamid KARZAI qui a ainsi accusé l’OTAN d’avoir tué 52 civils en juillet 2010,lors d’une attaque à la roquette dans le sud de l’Afghanistan. Ce chiffre a été revu à la baisse (39 morts) par le gouvernement afghan de même que les responsabilités qui incombent aux forces conjointes de l’OTAN et de l’armée Afghane. Christine BERGEY Page 16/39 De la carte au croquis. Carte des bombardements de la FIAS ZONE NORD
ALLEMAGNE
ZONE OUEST
ITALIE
ZONE KABOUL FRANCE
TURQUIE ITALIE
ZONE EST ETATS
UNIS
TALIBAN
AL
QAIDA
AUTRES
ZONES
D’INSECURITE
SEIGNEURS
DE LA
SEIGNEURS
GUERRE
DE LA
GUERRE
ZONE SUD GB
CANADA PAYS
Inflences
exterieures
IRAN PAKISTAN
Bombardement
ISAF
Zones de
production OPIUM
Ligne Mortimer
Durand
Le croquis ci‐dessous localise les frappes de la FIAS (Force Internationale d’Assistance et de Sécurité) et montre à quel point ce pays est une terre de conflit et d’insécurité. Christine BERGEY Page 17/39 (Force Internationale d’Assistance et de Sécurité) Christine BERGEY Page 18/39 Analyse du croquis : Nous pouvons constater que les frappes de la FIAS visent les zones de culture du pavot sur lesquelles sont implantées les principales unités de fabrication d’opium. Les insurgés tirent un profit important de la vente d’opium qui sert à financer l’insurrection. Les autorités de la FIAS ont demandé au gouvernement afghan de détruire les zones de culture du pavot qui se situent sur les zones d’influence des insurgés, il a refusé car un grand nombre d’agriculteurs afghans vivent de cette culture. Il semble difficile de la remplacer par celle des céréales qui est bien moins rentable. L’influence iranienne se manifeste vers les ethnies de langue dari et chiites, mais elle s’étend également à certains réseaux d’insurgés sunnites qui luttent contre la présence américaine. En effet la menace américaine l’emporte sur la rivalité religieuse. L’influence extérieure venant du Pakistan permet de mettre en évidence la collaboration entre les tribus pachtounes et les Pathans situés au Pakistan. Par ailleurs Al Qaïda diligente des attaques ou des attentats depuis ses bases du Pakistan. Ainsi la frontière pakistanaise est très perméable, elle constitue cependant une discontinuité majeure pour les troupes de la FIAS qui ne peuvent normalement intervenir dans ce pays qui joue un rôle de refuge pour les insurgés. C . Le nouveau grand jeu, les enjeux de l’Afghanistan. L’expression « nouveau grand jeu » fait référence au grand jeu du XIXème siècle entre la Russie et le Royaume Uni, mais les acteurs principaux ont changé. Aujourd’hui, l’Afghanistan est toujours convoité. Ainsi les Etats‐Unis souhaitent installer un gouvernement démocratique qui leur soit favorable pour faciliter la construction de l’oléoduc/gazoduc permettant de transporter le pétrole et le gaz de la mer Caspienne à la mer d’Oman. Ainsi la construction d’une démocratie à l’occidentale capable d’intégrer une organisation tribale apparaît comme une gageure difficile à mettre en place durablement. Les obstacles linguistiques et les coutumes et mœurs différents selon les tribus sont autant d’obstacles à l’établissement d’une unité politique, économique et sociale. L’exemple de l’armée est significatif. Comment des hommes qui ont toujours obéi au chef du clan peuvent‐
ils de reconnaître comme leur chef, un homme d’une tribu différente, qui de surcroît ne parle pas le même dialecte ? Par ailleurs, la lutte contre le terrorisme reste au cœur du dispositif. Les Etats‐Unis et leurs alliés (OTAN et ONU), sont confrontés au problème de la contribution qui reste épineuse. En effet de nombreux états hésitent à augmenter leurs effectifs dans cette opération. L’effort international est complexe et mal coordonné, les troupes françaises par exemple ont un fonctionnement sensiblement différent de celui des troupes américaines. Le leadership américain est toutefois prégnant dans ce conflit. Le Pakistan n’a pas renoncé à étendre son influence par le biais des relations privilégiées qu’entretiennent les ethnies Pachtounes et Pachtans qui se trouvent au Pakistan. La ligne Durand (1893) sépare toujours la zone tribale des pachtounes entre le Pakistan et l’Afghanistan. Pour le Pakistan comme au temps de l’empire colonial britannique, l’Afghanistan se situe dans le périmètre de sécurité du sous‐continent indien. C’est pourquoi la ligne Durand reste la frontière. Pour combattre le nationalisme pachtoune au Pakistan, le gouvernement soutient les groupes islamiques basés parmi les pachtounes dans les zones tribales et au Christine BERGEY Page 19/39 Baloutchistan. Par ailleurs il y a une certaine manipulation des taliban pour des actions de guerre asymétrique en Afghanistan et au Cachemire. Par ailleurs le TTP (mouvement des Taliban au Pakistan : Tehrik i taliban i Pakistan) est instrumentalisé malgré la menace qu’il représente pour le gouvernement. Le Pakistan est un partenaire incontournable des négociations. L’alliance entre les Etats‐Unis et le Pakistan bien que traditionnelle fut distendue quand ce pays s’est doté de l’arme atomique « la bombe islamique ». Cependant le Président MUCHARRAF a accepté de contrôler les frontières du nord pour empêcher les taliban et Ben Laden de s’implanter dans le pays. Cette bonne volonté manifestée malgré l’opposition des islamistes pakistanais, fut récompensée par une aide financière américaine substantielle. Cependant, Le Général Mucharraf n’a pas décidé la destruction des bases des taliban et d’Al Qaîda sur la frontière dans la zone tribale des Pachtans, tribu alliée des Pachtounes qui alimente en masse les rangs des Taliban. En Afghanistan, la démocratie est théoriquement restaurée avec le gouvernement de Hamid KARZAI actuel président de la République qui dirige les négociations avec les Taliban pour le Gazoduc/oléoduc sous la protection des troupes de l’OTAN. La pression toujours persistante des taliban qui ne désarment pas n’est pas de nature à faciliter la réalisation de ce projet. Les Taliban forment une nébuleuse d’organisations et constituent une menace dans la mesure où ils donnent refuge aux dirigeants d’Al Qaîda. Ils sont loin d’être des nationalistes pachtounes même si cette ethnie est très représentée dans le mouvement. Ils prônent l’établissement d’un émirat islamique afghan transcendant les identités ethniques. Ils recrutent leurs militants par la corruption, en jouant sur les victimes civiles, sur le ressentiment de l’exclusion des pachtounes. Ils utilisent les nouvelles technologies auparavant considérées comme diaboliques pour alimenter la propagande et la guerre psychologique. Par ailleurs ce pragmatisme conduit à tolérer des alliances avec des groupes délinquants ou des seigneurs de guerre voire à accepter le financement de l’insurrection par le trafic de l’opium. Le Mollah Omar est vraisemblablement réfugié à Quetta capitale du Baloutchistan d’où il commande le Quetta Shura : conseil, qui dirige les opérations dans le sud du pays. Un autre pôle de commandement situé dans la zone tribale du nord Waziristân est dirigé par les Haqqani père et fils. Ils sont responsables des actions à Kaboul et dans l’est du pays. Al Qaïda est une organisation militante islamique, dont le mode opératoire consiste à lancer des attaques terroristes à grande échelle sur le territoire des Etats‐Unis et de ses alliés. Elle dispose d’abris sûrs au Pakistan, dans la zone tribale Pachtan, où l’organisation Tehrik i Taliban i Pakistan (TTP : mouvement des taliban du Pakistan) est une menace pour l’intégrité de l’Etat Pakistanais et de son armée. En effet, ce mouvement a proféré des menaces de mort à l’encontre du Président Mucharraf et est considéré comme l’auteur de l’assassinat de Benazir BUTTHO. Le TTP affirme vouloir mener le Djihad en Afghanistan et ne répondre par la violence que lorsque l’armée Pakistanaise décide d’attaquer leurs zones tribales d’élection sur l’ordre des Etats‐Unis. Le TTP domine toutes les zones tribales des Pachtounes au Pakistan et en Afghanistan en particulier dans la province de Peshawar où la ville elle‐même est menacée alors qu’elle abrite une unité aérienne française. L’Iran soutient l’ethnie HAZARA chiite contre les Pachtounes pour renforcer le chiisme contre le sunnisme. Après une longue éclipse, Téhéran se place à nouveau sur la scène afghane en soutenant la communauté Christine BERGEY Page 20/39 chiite et la langue persane. Son objectif consiste à miner la présence militaire américaine jugée très menaçante. Enfin la Russie reste influente au nord auprès des Tadjiks et des Ouzbeks, elle n’a pas totalement renoncé à l’accès aux mers chaudes. Le gouvernement afghan issu du processus de Bonn, manque de légitimité même s’il essaie de s’imposer avec l’appui de l’occident. Le processus de Bonn (05/12/2001), a débouché sur un accord qui prévoit la mise en place d’une administration intérimaire pour 6 mois, présidée par Hamid KARZAÏ. Un calendrier pour des élections libres et démocratiques a été élaboré. Pour assister l’Afghanistan dans sa transition démocratique, le conseil de sécurité de l’ONU a établi la mission d’assistance des Nations Unies (MANUA) lors de la résolution1401 du 28/03/2002. La « LOYA DJIRGA », assemblée traditionnelle afghane, a reconduit en juin 2002, Hamid Karzaï dans ses fonctions. Une assemblée constitutionnelle a élaboré en 2004 une nouvelle constitution confirmant que l’Afghanistan est une République Islamique qui garantit les droits de l’Homme et l’égalité entre hommes et femmes. Aux élections de 2009 la victoire électorale de Hamid Karzaï le confirme à la tête de l’Etat pour 5 ans. Le nouveau Parlement élu en 2010, est composé de deux chambres : « Mechrano djirga » le Sénat et la « Walesi djirga » la chambre des députés. Leur composition est très peu lisible car très diversifiée à l’image de la population du pays. Le gouvernement afghan est confronté à de multiples difficultés telles que : l’insécurité, la reconstruction, les relations avec le Pakistan, la présence étrangère, la lutte contre la corruption, qui restent au cœur des enjeux électoraux et fragilisent une légitimité difficile à établir. Depuis le mois d’août 2010, le gouvernement afghan a annoncé la création de milices locales chargées de défendre leurs villages contre les insurgés et les seigneurs de la guerre. Cette disposition entraîne la dissolution des sociétés de sécurité et met fin à l’activité des mercenaires. Ainsi le gouvernement et le peuple afghan reprend en main sa sécurité, élément essentiel de sa souveraineté. Ce pays constitue une charnière entre plusieurs mondes, le monde russe au nord, le monde asiatique et chinois à l’est et le monde musulman au sud et à l’ouest. Dans ce schéma, les Etats‐Unis restent soucieux de leurs intérêts pétroliers et sécuritaires, ce qui explique leur présence dans ce pays. Les ressources naturelles dont le sol et le sous‐sol afghan sont dotés, attisent les convoitises des sociétés commerciales et industrielles occidentales, en particulier pour le lithium (les réserves de ce minerai placeraient l’Afghanistan au premier rang mondial) mais aussi en or, cobalt, et niobium (métal utilisé pour produire un acier ultra conducteur). Par ailleurs la position de ce pays en Asie, le rend incontournable pour la circulation des flux pétroliers et gaziers par les tubes. La liaison tubaire entre la mer Caspienne et la mer d’Oman reste un élément de négociations importantes avec le gouvernement afghan et les Taliban. La Chine ne peut rester à l’écart et s’inscrit discrètement dans le conflit afghan au nom de sa politique générale en Asie centrale. Il s’agit de contrôler les foyers islamistes qui peuvent déstabiliser la région du Christine BERGEY Page 21/39 Xinjiang et de s’approvisionner en matières premières. Dans ce cadre, elle a obtenu du gouvernement afghan l’autorisation d’exploiter la mine de cuivre d’AYNAK. L’Inde construit une route permettant de relier l’Afghanistan au port iranien de Chahabar en contournant et isolant le Pakistan. L’Arabie Saoudite reste toujours discrètement impliquée et attend l’heure des négociations où elle pourrait se poser comme le médiateur incontournable entre les insurgés (soutien historique des taliban) et le gouvernement afghan. La France intervient au titre de l’OTAN, il convient donc d’étudier la nature de la mission et de l’engagement français ainsi que les critiques qu’il suscite dans l’opinion publique française. Christine BERGEY Page 22/39 II ‐ II La Présence française en Afghanistan au titre de l’OTAN. Au titre de l’OTAN, la France intervient dans le monde entier. Carte des opérations extérieures de la France. 11 200 militaires engagés en opérations extérieures en décembre 2010
Décembre 2010
Sources : EMA
Droits : Ministère de la Défense
A . L’origine de la présence française en Afghanistan. Chronologie de l’engagement des troupes françaises en Afghanistan. 2001 07/10/2001 : La décision a été prise par le gouvernement Jospin après un débat au Parlement et le Président J. Chirac annonce la participation de la France aux actions militaires menées par les Etats‐Unis en Afghanistan. 2002 02/01/2002 : Arrivée des premiers soldats français au nord de Kaboul. 05/03/2002 : Participation aux bombardements des cibles du réseau Al Qaîda. Christine BERGEY Page 23/39 2005 Le premier soldat tué par l’explosion d’une bombe dans le sud du pays. 2006 17/12/2006 : Madame ALLIOT MARIE, ministre de la Défense annonce le retrait des forces spéciales françaises pour janvier 2007. 2007 21/04/2007 : La France à laquelle les Taliban ont demandé de retirer ses troupes d’Afghanistan, compte un millier d’hommes. 26/04/2007 : Le candidat N. SARKOZY affirme que « la présence à long terme des troupes françaises » en Afghanistan ne lui semble «pas décisive ». (Source : Le nouvel Observateur du 17/12/2007) 07/11/2007 : Le président de la République assure à Washington que la France restera engagée en Afghanistan. (Source : Le nouvel Observateur du 17/12/2007) 2008 30/04/2008 : A Bucarest, le Président de la République annonce le renforcement du dispositif français. 5/08/2008 : La France prend le commandement de la force de l’OTAN dans la région de Kaboul. 18/08/2008 : 10 soldats tués, 21 blessés dans une embuscade à SAROUBI. 22/09/2008 : Le Parlement approuve le maintien des troupes après discussion et questions au gouvernement. (Source : http://www.gouvernement.fr) B . Le dispositif français en Afghanistan. Les troupes françaises doivent remplir deux grandes missions : une mission de sécurisation et une mission de formation de l’armée afghane. La mission de sécurisation s’exerce dans la région de Kaboul et dans la province de Kapisa au Nord est de la capitale. Mission de formation de l’armée afghane s’effectue à travers les dispositifs : EPIDOTE concernant la formation des officiers de l’armée Afghane et le « mentoring » des soldats de l’armée afghane pour l’instruction opérationnelle à Kaboul. Il faut ajouter à ce dispositif, les Forces aériennes de soutien basées à KANDAHAR ainsi que tous les militaires stationnés dans les pays voisins (Tadjikistan et Kirghizstan). Au total environ 3800 soldats et officiers de l’armée française sont déployés en Afghanistan, la France se place au 4ème rang des contributeurs derrière les Etats‐Unis, le R.U et l’Allemagne. Christine BERGEY Page 24/39 Le GTIA (groupement interarmes pour l’Afghanistan) est placé sous le commandement du Régional Command East (RC‐East) et sécurise la province de Kapisa. Ce GTIA est composé de deux sous‐GTIA d’infanterie blindée. Le commandement du GTI et le premier sous‐GTIA sont positionnés à la FOB (base opérationnelle avancée) de Nijrab. Le deuxième sous‐GTIA est stationné à la FOB de Tagab. Les unités de Kaboul sont placées sous le commandement du Régional Command Capital (RCC) de Kaboul. Carte du dispositif français en Afghanistan. Source : Site du trinôme académique. Le dispositif français pour l’Afghanistan est parfaitement détaillé dans le site du ministère de la Défense. WWW.défense.gouv.fr/operations/afghanistan/dossier/le‐dispositif‐francais‐pour‐l‐afghanistan Par ailleurs le dispositif français est réorganisé depuis le 01/11/2010 tous les détails sont expliqués dans le lien ci‐après. Par ailleurs un menu déroulant présente la chronologie des faits depuis 2001 et fait apparaître le bilan de l’intervention française. http://www.defense.gouv.fr/documentaire_afghanistan/screen1/index.html Christine BERGEY Page 25/39 C . Un engagement controversé. L’engagement des troupes françaises en Afghanistan ne fait pas l’unanimité en France. Effectivement, si l’UMP soutient la position du chef de l’Etat et du gouvernement, le P.S se positionne contre le retrait des troupes françaises en Afghanistan mais souhaite une redéfinition des missions par l’OTAN. Dans un communiqué émanant de J. C. Cambadélis et C. Valter (secrétaires nationaux de PS) le parti socialiste demande une conférence internationale sous l’égide de l’ONU avec la participation de toutes les composantes de la société afghane et des pays voisins afin de trouver une solution politique à ce conflit. Source : WWW.lci.tf1.fr Certaines personnalités politiques prennent des positions dissidentes par rapport à leur majorité comme Monsieur Dominique de Villepin qui considère que la présence française en Afghanistan ne se justifie plus au regard de la lutte contre le terrorisme et souhaite dans un article (WWW.leparisien.fr ) du 01/02/2010 que la France s’engage dans un processus de retrait. Dans un article du 24/08/2010 (WWW.lci.tf1.fr ) Jean Pierre Raffarin s’est montré favorable à un retrait des troupes françaises à l’horizon 2012. Dans le même article Ségolène Royal a estimé qu’il était temps de négocier un retrait. Monsieur Mélenchon sur son blog (http//www.jean‐luc‐mélanchon.fr) en février 2010 s’est exprimé lors d’une soirée de débat à sciences po, où étaient présents M. Mélenchon, Glavany(P.S), Josselin de Rohan(UMP) et Dominique de Villepin. Monsieur Mélenchon précise dans un premier temps que ce conflit entre dans la géopolitique du réel qui dicte ses lois à la politique. L’Afghanistan est le passage obligé pour sortir le gaz et le pétrole de la Caspienne vers les zones sous contrôle de l’Occident, plutôt que vers la Russie ou la Chine. Il s’agit pour lui du seul argument crédible à cette guerre, mais il n’est pas annoncé comme tel. Il met en avant que les Américains et les Anglais avaient positionné leurs moyens un an avant l’intervention donc avant les attentats qui de ce fait apparaissent comme un prétexte. A cette époque les négociations que menait la société UNOCAL avec le gouvernement Taliban venaient de se bloquer. Monsieur Karzaï principal consultant de cette société est ensuite nommé Président de l’administration intérimaire à l’issue du processus de Bonn, puis Président de la République. Monsieur Mélenchon passe ensuite au crible les raisons évoquées par les alliés pour justifier la présence de troupes occidentales en Afghanistan telles que : le respect des droits de l’Homme qui selon lui n’existent tant qu’ils ne sont pas en contradiction avec la Charia. Il pointe certains articles de la nouvelle constitution afghane qui enfreignent les libertés fondamentales de l’homme comme la peine de mort pour toute personne qui renie la foi musulmane. Même si le viol conjugal n’a finalement pas été légalisé, le mari a le droit de refuser les soins et la nourriture à sa femme si elle refuse les relations sexuelles, il conclut en insistant sur le genre de liberté que nos soldats sont amenés à défendre dans ce pays. Christine BERGEY Page 26/39 Après avoir fustigé la volonté des occidentaux d’étendre à ce pays leurs propres standards, il précise que chaque mois nos avions tirent des munitions à 300 000 euros pièce et que les Français y dépensent chaque année 400 millions d’euros alors que ce budget était de 100 millions d’euros en 2001. Il termine en rappelant que l’intervention a coûté la vie à 11 000 civils afghans et 1600 combattants de la coalition. Le gouvernement pour sa part affiche un bilan qui se veut positif : ‐
Le nombre d’enfants scolarisés serait passé de 900 000 à 6 millions. ‐
Le nombre d’afghans ayant accès aux soins est passé de 8% à 80%. ‐
4000 km de routes ont été construites. ‐
La mortalité infantile a été réduite de 25% soit 40 000 enfants sauvés par an. ‐
20% de la population à accès à l’eau potable contre 4% en 2001. ‐
600kg de munitions sont tirées par jour (source ministère de la Défense) Ce bilan a été présenté lors du débat parlementaire du 22/09/2008 par le porte parole du gouvernement. Un sondage réalisé par le Parisien, le 22/09/2008, montre que 55% des Français souhaitent que la France retire ses troupes d’Afghanistan. Les soldats ne se sentent pas soutenus dans leurs efforts par l’opinion publique. Cette dernière est souvent mal informée des missions et des résultats sur le terrain. Comment sortir de l’impasse afghane ? A partir de l’ouvrage écrit sous la direction de SARA DANIEL aux Editions Delavilla en 2008 et intitulé « Guerres d’aujourd’hui » P62/77 de l’article rédigé par Barnett R. RUBIN qui s’intitule : « Comment sortir de l’impasse afghane ? » Plusieurs pistes sont envisagées pour sortir de cette guerre ou de l’impasse afghane. L’expression « impasse afghane » est déjà une prise de position par rapport à ce conflit, en effet elle suppose qu’en l’état actuel des choses, il n’y a pas de solutions possibles. Certaines propositions politiques peuvent être envisagées. ‐
Intégrer les taliban dans un processus politique. Il s’agit d’intégrer l’insurrection dans le cadre politique pour lui ôter tous pouvoirs de lutte. Cela signifie qu’il faut cesser d’utiliser la corruption pour calmer l’insurrection et acheter les bonnes volontés. Cela suppose que les occidentaux fassent la différence entre les taliban et les terroristes d’Al Qaïda. Il s’agit également de créer plus de transparence dans les objectifs poursuivis par les alliés et les Etats‐Unis. ‐
Purger l’administration afghane des criminels. Il s’agit ici de lutter contre la corruption et les trafics illicites. ‐
Augmenter le nombre des soldats dans le cadre d’une nouvelle stratégie. Christine BERGEY Page 27/39 Pour assurer la sécurité de la population afghane il faudrait 30 000 soldats supplémentaires qui pourraient être déployés en coopération avec les forces de sécurité nationale afghanes. Il convient cependant de prendre des mesures conservatoires pour éviter les victimes civiles en limitant par exemple les frappes aériennes. Les conditions de détention doivent être en accord avec la convention de Genève. Bien entendu l’augmentation des forces d’intervention étrangère comporte des risques d’augmentation des actions terroristes, ces déploiements de forces supplémentaires doivent impérativement s’appuyer sur les autorités civiles ce qui nécessite une meilleure coordination de la mission internationale et des relations avec les autorités afghanes. ‐
Rationaliser les déploiements de l’ISAF ou FIAS. L’organisation du commandement peut se décliner en deux parties : un commandement pour la partie nord et un autre pour la partie sud. ‐
Accélérer la formation de la police et de l’armée afghane. Afin de renforcer la légitimité du gouvernement, il est souhaitable de permettre à la police et à l’ANA d’assurer la sécurité seules la défense et la sécurité de la population. ‐
La lutte contre le trafic de stupéfiants et le développement économique. Les agriculteurs afghans ayant pratiqué la culture du pavot ne retourneront pas à une agriculture de subsistance, il convient donc de développer les cultures d’exportation transformables par un outil industriel permettant de s’insérer dans une économie monétisée. Les communautés rurales ont de plus en plus besoin d’argent il faut donc que les économies occidentales ouvrent leurs frontières aux produits afghans qui doivent bénéficier d’un système de soutien des prix pour rendre ces produits compétitifs. Bien entendu, les trafiquants doivent être poursuivis, jugés et incarcérés sans possibilité d’utiliser la corruption pour échapper aux poursuites. En ce qui concerne le développement économique, l’aide internationale doit être renforcée mais surtout plus efficace. ‐
Elaborer une stratégie globale qui tienne compte du Pakistan. L’insurrection transnationale et la présence d’Al Qaïda dans les zones tribales sont liées à l’affaiblissement du pouvoir politique pakistanais et à la détérioration de la sécurité dans ce pays. Une action militaire dans ces zones tribales pour y ramener l’autorité de l’état de droit est certes nécessaire mais accompagnée d’une action civile sur les plans de la gouvernance et du développement. Ces zones tribales doivent avoir le même statut que les autres provinces du Pakistan et être intégrées au reste du pays. Ceci ne peut se réaliser qu’en stabilisant et renforçant le Pakistan qui détient l’arme nucléaire et constitue de ce fait un danger important pour la stabilité de la région. Si le Pakistan a refusé l’envoi de troupes étrangères sur son sol, il est peu probable qu’il refuse une aide internationale d’assistance politique, économique et sécuritaire valant pour l’ensemble de son territoire et non seulement pour les zones frontalières. Un Pakistan renforcé, stable est un gage de sécurité pour la zone et les élites pakistanaises doivent être rassurées sur ce point. Christine BERGEY Page 28/39 La reconnaissance de la ligne Durand reste encore un point d’achoppement entre le Pakistan et l’Afghanistan qui ne reconnait pas cette frontière. Ce dernier doit pouvoir reconnaître unilatéralement la ligne Durand comme une frontière par un vote de la Jirga. ‐
Etablir un consensus régional. Même s’il semble difficile d’obtenir que tous les pays voisins reconnaissent et soutiennent le gouvernement afghan, il est indispensable que ces pays ne soutiennent pas les groupes rebelles en les armant pour entretenir l’insécurité et violence. ANALYSE Ces mesures très résumées et extraites de l’ouvrage cité en référence peuvent constituer les bases d’une politique internationale permettant de résoudre la crise afghane. En tout état de cause, certains points ne sont pas abordés et mis sous silence comme par exemple le problème d’Al Qaïda qui constitue un élément de déstabilisation de la région en entretenant les conflits et la révolte. Le terrorisme international a besoin d’instabilité et de guerre pour se fondre dans la masse et installer ses camps d’entraînement et ses écoles. Les motivations économiques ne sont pas prises en considération mais doivent également être clairement reconnues et faire l’objet de transparence dans les relations avec les différents acteurs de ce conflit. Par ailleurs, la présence française comme celle des autres puissances se poursuit par solidarité avec les Etats‐Unis qui restent un allié important. Ainsi certains pays comme le Canada souhaiteraient retirer leurs troupes mais ne le font pas sous la pression des Etats‐Unis qui craignent de se retrouver seuls dans cette impasse. Il est donc certain que la guerre n’est pas prête de se terminer dans l’hypothèse où les occidentaux ne redéfinissent pas leurs missions dans un réel objectif de paix et de stabilisation de la région. Cependant, la lutte contre le terrorisme international reste un problème pour les démocraties occidentales. Christian CHOCQUET(Le terrorisme n’est pas la guerre, 2008, P 98/99) considère que la guerre déclarée au terrorisme, à l’issue des attentats du 11/09/2001, légitime Oussama Ben Laden dans un rôle de chef de guerre charismatique de l’Oumma combattante, le désignant ainsi comme un égal du Président des Etats‐
Unis. Faire la guerre au terrorisme serait donc lui donner une existence légale, alors qu’il n’est que l’expression de la faiblesse politique, institutionnelle et militaire. Cet éclairage permet d’appréhender le conflit afghan sous un angle nouveau. Il remet en cause les moyens militaires classiques pour lutter contre le terrorisme et donc pour protéger les démocraties et les populations. Christine BERGEY Page 29/39 III ‐ Pistes pédagogiques III – 1 Pistes de travail pour le collège. Connaissance du milieu physique à partir du dossier et d’un atlas. 1°) Se Repérer dans l’espace. Sur le fond de carte de l’Asie : ‐
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localiser l’Afghanistan et inscrire les pays limitrophes + Russie, Chine, Inde, Irak, Arabie Saoudite. Nommer les mers et océan représentés. Inscrire le nom des villes représentées par un point. Donner la longitude et la latitude de Kaboul Indiquer en utilisant les points cardinaux, comment se situent : Delhi et Téhéran par rapport à Kaboul. Calculer à l’aide de l’échelle la distance approximative de Delhi et Téhéran par rapport à Kaboul. 2°) Le milieu physique de l’Afghanistan. A l’aide de l’atlas et du dossier : ‐
Tracer sur le fond de carte joint en annexe, les principales chaînes de montagnes et nommer les plus hauts sommets. ‐ Tracer les principaux fleuves. Que pouvez‐vous en conclure sur le relief Afghan ? 3° Connaissance de l’histoire du pays. A partir de la chronologie du dossier, repérer les grandes phases de l’histoire du pays. ‐ Les différents régimes politiques. ‐ Les périodes de conflit avec un ennemi extérieur. Tracer une flèche chronologique et y placer les éléments indiqués. 4°) Le conflit actuel et la géopolitique de la région. ‐
Projection des films o « Des français en Kapisa » (LIEN A INSERER VERS LA VIDEO ) o « Embuscade en vallée d’ALASAÏ » (LIEN A INSERER VERS LA VIDEO ) Durée 10 mn Consigne : Observer le contexte de guerre (relever des éléments significatifs comme les bruits, les armes, les individus, leur habillement, leurs actions etc.) Y a‐t‐il beaucoup de femmes et de filles ? ‐
Quel événement a décidé les Américains à déclencher cette guerre ? Quand ? ‐
Pourquoi les Américains et les Français sont‐ils présents en Afghanistan pour faire la guerre ? Christine BERGEY Page 30/39 III – 2 Pistes de travail pour le lycée. A Connaissance du milieu physique de l’Afghanistan. 1°) A l’aide du dossier et de l’atlas effectuer le travail de recherche suivant: ‐
Préciser les caractéristiques du relief afghan ‐
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Indiquer dans quelle zone climatique se trouve l’Afghanistan. Préciser les principales caractéristiques climatiques du pays (précipitations, températures hivernales, estivales, amplitude thermique annuelle etc.) ‐ Quel facteur modifie les données climatiques ? 2°) Synthèse. A partir du travail réalisé précédemment et des deux films «Des Français en Kapisa» (LIEN A INSERER VERS LA VIDEO) et «Embuscade en vallée d’Alasaï» (LIEN A INSERER VERS LA VIDEO), définir le milieu de l’Afghanistan. 3°) Réalisation d’un croquis. Ce croquis de synthèse doit faire apparaître les frontières du pays, les pays limitrophes, les grandes formes du relief, les grandes villes, la localisation de l’ethnie Pachtoune et les positions françaises. B Connaissance de l’histoire du pays. 4°) A partir de la chronologie du dossier, repérer les grandes phases de l’histoire du pays. ‐ Les différents régimes politiques. ‐ Les périodes de conflit avec un ennemi extérieur. ‐ Tracer une flèche chronologique et y placer les éléments indiqués. 5°) Comment ont été fixées les frontières de l’Afghanistan et par qui ? Les territoires des tribus ont‐ils été respectés par ce tracé ? Expliquer. 6°) Pourquoi le régime Taliban a‐t‐il été renversé ? En quelle année ? Quel régime l’a remplacé ? 7°) Quels sont les liens entre le Mollah Omar et Ben Laden ? 8°) Pourquoi l’unité du pays est‐elle difficile à réaliser? 9°) Faire la liste des problèmes majeurs de l’Afghanistan et les classer dans un tableau en fonction de catégories à déterminer. Christine BERGEY Page 31/39 C Le conflit actuel et la géopolitique de la région. A l’aide du dossier, des films «Des Français en Kapisa» (LIEN A INSERER VERS LA VIDEO ) et «Embuscade en vallée d’Alasaï» (LIEN A INSERER VERS LA VIDEO ), répondre aux questions suivantes : 10°) Définir le contexte de guerre. Quels sont les éléments qui permettent de dire qu’il s’agit véritablement d’une guerre ? 11°) Depuis quand et pourquoi les occidentaux sont‐ils présents en Afghanistan ? Quel est le nom des deux opérations menées sur le sol Afghan ? Quels sont leurs objectifs ? 12°) A quel titre la France intervient‐elle en Afghanistan ? Donner une estimation de sa contribution. Citer d’autres nations européennes qui interviennent à ses côtés ? 13°) Quelles sont les forces en présence ? Quels sont les enjeux du conflit (enjeux annoncés et enjeux « secrets »)? 14°) Quels sont les arguments développés par les opposants à l’intervention de la France en Afghanistan ? 15°) Quel est le rôle du Pakistan ? 16°) Pouvez‐vous expliquer ce qu’est le « nouveau grand jeu » en Afghanistan ? 17°) En quoi le conflit afghan est‐il un conflit atypique, une guerre non traditionnelle? Pourquoi peut‐on dire que faire la guerre contre le terrorisme le légitime ? Christine BERGEY Page 32/39 III‐ 3 Pistes de travail pour le supérieur. A Connaissance de l’histoire du pays. 1°) A partir de la chronologie du dossier, repérer les grandes phases de l’histoire du pays. ‐ Les différents régimes politiques. ‐ Les périodes de conflit avec un ennemi extérieur. 2°) Comment ont été fixées les frontières de l’Afghanistan et par qui ? Les territoires des tribus ont‐ils été respectés par ce tracé ? Expliquer. 3°) Pourquoi le régime Taliban a‐t‐il été renversé ? En quelle année ? Quel régime l’a remplacé ? 4°) Quels sont les liens entre le Mollah Omar et Ben Laden ? 5°) Pourquoi l’unité du pays est‐elle difficile à réaliser? 6°) Faire la liste des problèmes majeurs de l’Afghanistan et les classer dans un tableau en fonction de catégories à déterminer. B Le conflit actuel et la géopolitique de la région. A l’aide du dossier, des films «Des Français en Kapisa» (LIEN A INSERER VERS LA VIDEO ) et «Embuscade en vallée d’Alasaï» (LIEN A INSERER VERS LA VIDEO ), répondre aux questions suivantes : 7°) Définir le contexte de guerre. Quels sont les éléments qui permettent de dire qu’il s’agit véritablement d’une guerre ? 8°) Depuis quand et pourquoi les occidentaux sont‐ils présents en Afghanistan ? Quel est le nom des deux opérations menées sur le sol Afghan ? Quels sont leurs objectifs ? 9°) A quel titre la France intervient‐elle en Afghanistan ? Donner une estimation de sa contribution. Citer d’autres nations européennes qui interviennent à ses côtés ? 10°) Quelles sont les forces en présence ? Quels sont les enjeux du conflit (enjeux annoncés et enjeux « secrets »)? Christine BERGEY Page 33/39 11°) Quels sont les arguments développés par les opposants à l’intervention de la France en Afghanistan ? 12°) Quel est le rôle du Pakistan ? 13°) Pouvez‐vous expliquer ce qu’est le « nouveau grand jeu » en Afghanistan ? 14°) En quoi le conflit afghan est‐il un conflit atypique, une guerre non traditionnelle ? Pourquoi peut‐on dire que faire la guerre contre le terrorisme le légitime. C Dissertation. A partir du travail effectué, rédiger une dissertation sur les sujets suivants : Sujet1 : Afghanistan : un espace convoité à l’origine de multiples conflits jusqu’à nos jours. Sujet 2 : L’Afghanistan : une terre de conflit. Sujet 3 : L’Afghanistan : un pays convoité mais jamais totalement conquis et soumis. Sujet 4 : La guerre actuelle est‐elle pour l’Afghanistan une guerre d’un type nouveau ? Christine BERGEY Page 34/39 BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE Encyclopédie Universalis Atlas de géopolitique Yves Lacoste Larousse juin 2007 Atlas des relations internationales Pascal Boniface Hâtier 2009 Atlas historique Georges Duby Contre‐insurrection. Théorie et pratique de David GALULA publié chez ECONOMICA en 2006 et préfacé par le Général PETRAEUS. Le terrorisme n’est pas la guerre de Christian CHOCQUET Vuibert 2008. Christian Chocquet est Colonel de gendarmerie et docteur en sciences politiques. Guerres d’aujourd’hui Pourquoi ces conflits ? Peut‐on les résoudre ? Sous la direction de Sara Daniel Delavilla 2008 Bilan géostratégie Le Monde Edition 2010 Hors Série n° M 01545. Le dessous des cartes proposé par Jean‐Christophe VICTOR « Entre guerre et paix » La guerre : avant, pendant, après. Editions Arte Sites internet consultés : WWW.defense.gouv.fr WWW.diplomatie.gouv WWW.gouvernement.fr WWW.wikipédia.fr WWW.lefigaro.fr WWW.lemonde.fr WWW.jean‐luc‐melenchon.fr Christine BERGEY Page 35/39 ANNEXES Annexe1 : Fond de carte Afghanistan, réseau hydrographique Christine BERGEY Page 36/39 Annexe 2 : fond de carte Afghanistan. Christine BERGEY Page 37/39 Christine BERGEY Page 38/39 Annexe 3 : Fond de carte de l’Asie Christine BERGEY Page 39/39 
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