Leaders’ Perspectives – Mars 2017
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et ne fasse pas machine arrière pour revenir à
l’ancienne ligne politique du FN. Dans l’espoir de
remporter sufsamment de sièges aux élections
législatives qui se tiendront en juin, d’autres au
sein du parti pourraient être contraints de suivre
son exemple, tout en essayant de ne pas perdre
les électeurs qui leur sont acquis.
Rappel de l’élection de 2015 au Royaume-
Uni, la principale promesse de Marine Le Pen
consiste en l’organisation d’un référendum sur
l’appartenance à l’Union européenne ainsi qu’en
la possible réintroduction du franc français. Si
ses promesses de renégociation avec l’UE an
d’obtenir de meilleures conditions sonnent comme
un air bien connu (en particulier pour nous autres
Britanniques), elle peut toutefois se targuer de
posséder davantage d’arguments que le Royaume-
Uni. La France est en effet un membre clé de
l’union monétaire et Bruxelles ne connaît que trop
bien le danger d’une deuxième sortie de l’UE.
L’« axe franco-allemand », qui englobe un peu
moins d’un tiers de la population et représente
près de la moitié du PIB de l’Union européenne,
a toujours fait partie intégrante de cette dernière.
Cependant, certaines voix se sont élevées ces
dernières années, suggérant que la France a
perdu en dynamique et afche une économie
relativement faible. Des dépenses publiques
élevées et inefcaces, une médiocre performance
économique, un processus de rééquilibrage
incomplet et l’évidente nécessité d’une réforme
du marché de l’emploi sont autant de difcultés
auxquelles le pays est confronté. A 96%, le ratio
dette/PIB national suggère que la France a besoin
de l’UE, comme l’a souligné le Baron David de
Rothschild lorsqu’il a qualié de « catastrophe »
la possibilité d’un Frexit. La relation entre l’UE et
la France ne doit toutefois pas être considérée
comme un lien à sens unique. En effet, la première
a elle aussi grand besoin de la seconde, et ce
pour diverses raisons, au nombre desquelles
le fait que la France est le principal producteur
d’énergie nucléaire de la région (avec une part de
51%) et qu’elle respecte l’intégralité des règles
liées à l’euro.
Climat en France
La méance à l’égard de la zone euro a gagné
du terrain. L’UE a réagi à la crise nancière
internationale en misant sur l’austérité plutôt
que sur la relance de l’activité économique,
donnant ainsi l’impression que la France n’était
pas maître de sa propre destinée. Nombreux
sont les Français qui ont le sentiment que leurs
gouvernements successifs ont cédé le pouvoir à
la Banque centrale européenne (BCE), ce qui s’est
traduit par un soutien accru (même à l’extrême)
pour tout ce qui ne représente pas le statu quo.
FIGURE 1 : MÉFIANCE GRANDISSANTE DE LA FRANCE À L’ÉGARD DE LA MONDIALISATION ET SOUHAIT DE QUITTER L’UE
SI UN RÉFÉRENDUM SUR L’APPARTENANCE À L’UE ÉTAIT ORGANISÉ DANS VOTRE PAYS, QUEL SERAIT VOTRE VOTE ? EN % DE « MAINTIEN
DANS L’UE » DANS LE TOTAL DES RÉPONSES
60
50
30
40
France Italie Suède Pays-Bas Finlande Allemagne Danemark PologneEspagne
20
% de vote pour le « maintien dans l’UE »
(source : HSBC – France Outlook 2017: still unexpected uncertainties? Janvier 2017) Sources : sondage (YouGov), HSBC
Lors des élections précédentes, une forte corrélation entre partisans du FN et chômage a été observée,
conrmant une fois de plus le succès du parti auprès d’une population marginalisée aspirant au
changement. Depuis le scrutin de 2014, Marine Le Pen a recueilli des appuis supplémentaires en
misant sur le populisme, la crainte du terrorisme et, non des moindres, la frustration des Français à
l’égard des promesses non tenues du président François Hollande. On constate également un climat de
méance généralisé vis-à-vis des questions internationales, qui s’est renforcé à mesure du désaveu de la