Benjamin Murmelstein est le dernier président du « Conseil juif » de Theresienstadt, seul « doyen des Juifs »
à avoir survécu.
Explique ce qu’il veut dire par la phrase « Là où commence Theresienstadt commence le mensonge. ».
La propagande est au cœur de la naissance de Theresienstadt. L’image du ghetto a été construite par la
propagande allemande qui souhaite le présenter comme un ghetto modèle et veut propager ce mythe. Les
Juifs allemands sont les premières victimes de cette mascarade. Convaincus par les SS d’arriver dans un lieu
de villégiature digne de Marienbad, les Juifs les plus fortunés vont souscrire, en échange de la cession de
tous leurs biens, un contrat leur assurant logement, nourriture et soins médicaux. Cette illusion prend
évidemment fin dès leur arrivée sur le quai de la gare de Bauschowitz et leur isolement dans une caserne du
ghetto, la Schleuse, où tous sont dépossédés du peu qui leur reste. Mais c’est avec la fameuse visite du
Comité international de la Croix-Rouge le 23 juin 1944 que la fonction de propagande et de leurre atteint un
niveau inégalé : les Allemands présentent alors le ghetto comme un lieu anodin.
« Le Fürher donne une ville aux Juifs » est un film de propagande nazie. Commandé par la Gestapo de Prague
en décembre 1943, ce film de propagande est un reportage sur le « ghetto modèle » de Theresienstadt tel
qu’il a été présenté au Comité international de la Croix-Rouge lors de sa visite du 23 juin 1944. Le film insiste
particulièrement sur le « bien-être » de la population et la qualité des loisirs proposés. Un interné, le
cinéaste et acteur Kurt Gerron, dirige le tournage qui a lieu en août et septembre 1944. Peu de temps après,
il est déporté ainsi que la quasi-totalité des acteurs du film, adultes et enfants.
La réalisation du documentaire d’une heure et demie s’achève en mars 1945. Il circulera ensuite sous le titre
ironique et apocryphe : Le Führer donne une ville aux Juifs.
L’administration juive du ghetto
De qui dépend directement le ghetto ?
Le ghetto dépend directement d’Adolf Eichmann. Ses directives y sont appliquées par un
Lagerkommandantur, qui dispose de l’appui répressif d’un bataillon SS posté à la Petite Forteresse et d’une
unité d’environ 150 gendarmes tchèques
Par qui est-il administré ?
Le ghetto est géré par une administration juive, désignée et strictement contrôlée par les nazis. Cette
administration est constituée d’un doyen, le Judenältester, et d’un « Conseil juif » composé de douze
personnes.
Quelles sont les fonctions de cette administration ?
Cette administration a une double fonction : appliquer scrupuleusement les instructions des Allemands et
tenter d’organiser la vie collective à l’intérieur du ghetto. Elle comprend cinq directions principales : Affaires
intérieures, Économie, Finances, Technique, Santé, auxquelles s’ajoutent les bureaux du Travail, de la
Jeunesse et des Loisirs, divers organismes chargés de surveiller les cuisines et stocks alimentaires.
Pourquoi peut-on dire que le rôle des responsables de l’administration juive du ghetto est ambigü ?
Parce qu’ils ont joué un rôle dans la formation des convois de déportation. Les fonctions de police qui leur
sont imposés par les nazis conduisent les administrations juives à jouer un rôle dans la formation des convois
de déportation, suscitant de vives polémiques après la guerre. En 1963, Hannah Arendt publia à New-York
son Eichmann à Jérusalem et condamna sans appel les dirigeants des communautés juives ayant participé
aux conseils juifs. Ils auraient, selon elle, et particulièrement ceux de Theresienstadt, coopéré à la mort de
leur peuple. Il faut tout de même souligner à l’actif de ces dirigeants la survie de plusieurs dizaines de
milliers de Juifs.
En 1975, en pleine préparation de son film documentaire Shoah, Claude Lanzmann rencontre à Rome Benjamin
Murmelstein, dernier président du « Conseil juif » de Theresienstadt, seul « doyen des Juifs » à avoir survécu. En
2012, Claude Lanzmann revient à Theresienstadt et met en scène ces entretiens de Rome et réalise Le Dernier
des injustes.
D’après tes connaissances et ce que tu as appris dans l’exposition, explique le titre du film.