Corrigé du questionnaire

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CORRIGÉ
THERESIENSTADT : LE FÜRHER FAIT CADEAU D’UNE VILLE AUX JUIFS
L’idée nazie du ghetto
D’après la revue SS Das Schwarze Korps datée du 24 novembre 1938, « Il faut expulser les Juifs de nos maisons
et nos quartiers et les loger dans des blocs de maisons ou de rues, où ils vivront entre eux et où leurs contacts
avec les Allemands seront réduits au minimum. »
En t’aidant de cet extrait, explique quel est l’objectif des ghettos pour les nazis ?
L’idée de créer des ghettos pour les Juifs apparaît dans les débats nazis à la fin des années trente. Elle répond
à la volonté de séparer physiquement les « Aryens » et les Juifs, à défaut de pouvoir leur faire quitter le
territoire contrôlé par le Reich. L’enfermement des Juifs dans les ghettos après l’occupation de la Pologne, en
septembre 1939, n’est pas alors pensé comme une étape intermédiaire avant leur extermination. Il découle
de l’incapacité de procéder à l’expulsion des plus de deux millions de Juifs qui vivent alors dans l’espace
territorial contrôlé par les nazis.
À quelles périodes et où sont mis en place les ghettos ? Relie chaque date à la zone géographique
correspondante.
1940-1941
•
• en Pologne orientale
Fin 1941-début 1942
•
• dans le Gouvernement général et dans le Wartheland
Dans quelle politique nazie plus large s’inscrit la mise en place des ghettos ?
L’ouverture des ghettos s’inscrit dans la mise en place progressive de la politique d’assassinat des Juifs par
le Troisième Reich.
Que désigne l’expression « liquidation des ghettos » ?
La déportation des internés des ghettos.
À quelle date débute cette opération ?
Au printemps 1942.
La liquidation des ghettos s’étale sur plus de deux ans, au rythme de la « Solution finale » et en fonction des
intérêts économiques locaux. Avec la déportation en août 1944 de 65 000 personnes vers Auschwitz, Lodz est
le dernier des ghettos liquidés.
Le ghetto-camp de Theresienstadt
Où est situé le ghetto de Theresienstadt ?
Le ghetto de Theresienstadt est situé sur le territoire de l’ex-Tchécoslovaquie devenue depuis le 15 mars
1939 suite à l’invasion allemande le protectorat de Bohême-Moravie. Il est situé à à 60 kilomètres de Prague.
Quel est son objectif ?
Le 10 octobre 1941, Reinhard Heydrich et son subalterne Adolf Eichmann décident de la création d’un ghetto
dans la ville de Terezin pour y concentrer les Juifs tchèques du Protectorat.
Pourquoi emploie-t-on deux noms (Terezin et Terensienstadt) pour désigner ce ghetto ?
Terezin est le nom tchèque de la ville. À partir de 1939 et jusqu’à sa libération, elle est désignée sous son
nom allemand, Theresienstadt.
Observe attentivement le plan de Theresienstadt.
Pourquoi cette ville est aisément transformable en ghetto ?
e
Theresienstadt est une ville-forteresse construite à la fin du 18 siècle, ceinte de remparts et donc aisément
transformable en ghetto.
Cite les différentes fonctions assignées par Reinhard Heydrich au ghetto de Theresienstadt.
un camp de rassemblement et de transit avant la déportation vers l’Est,
un camp pour la propagande, destiné notamment aux personnes âgées et personnalités juives
d’Allemagne et d’Autriche, tous ceux dont la disparition dans des « camps de travail à l’Est »
paraîtrait suspecte à l’étranger.
Ainsi, le ghetto de Terezin est pensé pour remplir deux fonctions contradictoires : un ghetto pour Juifs qui ne
sied pas de faire disparaître trop brutalement et un ghetto du type de ceux installés en Pologne, destiné à
isoler les Juifs. Le sort des uns et des autres sera différent. Les premiers pourront, pour la minorité, survivre à
des conditions de vie précaires ; les seconds seront déportés vers des lieux d’assassinat.
Un camp pour la propagande
Pour quelle raison la propagande allemande présente-t-elle Theresienstadt comme un ghetto modèle ?
La propagande allemande présente Theresienstadt comme un ghetto modèle pour contrer les accusations de
crime portées par les Alliés. Les nazis cherchent à ne pas faire éclater à la face de leur opinion publique et de
l’opinion internationale le mensonge qui préside à la déportation. Selon eux, la destruction des Juifs doit
rester secrète. Le discours officiel, en Allemagne comme ailleurs, expose encore qu’à l’Est, où ils seront
« réinstallés », les Juifs seront affectés à des travaux forcés, notamment à la construction de routes.
Comment les nazis s’y prennent-ils pour améliorer l’image de Theresienstadt ?
Pour améliorer l’image extérieure de Theresienstadt, les nazis prennent un certain nombre de mesures à
partir du printemps 1943. La « zone de peuplement juive », terme désormais préféré à ghetto, voit ses rues
rebaptisées de noms plaisants, l’ouverture d’une banque émettant une monnaie fictive, l’assouplissement
des règles concernant la correspondance. La vie culturelle, mise en place avec les premiers internés, va
également être utilisée pour propager ce mythe du ghetto modèle.
Le 23 juin 1944, une délégation du Comité international de la Croix-Rouge visite le ghetto.
Comment se déroule la visite du CICR ? Quels en sont les résultats ?
Le 23 juin 1944, une délégation du Comité international de la Croix-Rouge pénètre dans l’enceinte du ghetto
pour une visite minutieusement préparée par les Allemands : 7 500 personnes ont été déportées et le camp a
bénéficié « d’embellissements ». Peu après sa visite, le docteur Maurice Rossel du CICR remet un rapport
favorable aux autorités allemandes.
« Là où commence Theresienstadt commence le mensonge. » Benjamin Murmelstein
Qui est Benjamin Murmelstein ?
Benjamin Murmelstein est le dernier président du « Conseil juif » de Theresienstadt, seul « doyen des Juifs »
à avoir survécu.
Explique ce qu’il veut dire par la phrase « Là où commence Theresienstadt commence le mensonge. ».
La propagande est au cœur de la naissance de Theresienstadt. L’image du ghetto a été construite par la
propagande allemande qui souhaite le présenter comme un ghetto modèle et veut propager ce mythe. Les
Juifs allemands sont les premières victimes de cette mascarade. Convaincus par les SS d’arriver dans un lieu
de villégiature digne de Marienbad, les Juifs les plus fortunés vont souscrire, en échange de la cession de
tous leurs biens, un contrat leur assurant logement, nourriture et soins médicaux. Cette illusion prend
évidemment fin dès leur arrivée sur le quai de la gare de Bauschowitz et leur isolement dans une caserne du
ghetto, la Schleuse, où tous sont dépossédés du peu qui leur reste. Mais c’est avec la fameuse visite du
Comité international de la Croix-Rouge le 23 juin 1944 que la fonction de propagande et de leurre atteint un
niveau inégalé : les Allemands présentent alors le ghetto comme un lieu anodin.
« Le Fürher donne une ville aux Juifs » est un film de propagande nazie. Commandé par la Gestapo de Prague
en décembre 1943, ce film de propagande est un reportage sur le « ghetto modèle » de Theresienstadt tel
qu’il a été présenté au Comité international de la Croix-Rouge lors de sa visite du 23 juin 1944. Le film insiste
particulièrement sur le « bien-être » de la population et la qualité des loisirs proposés. Un interné, le
cinéaste et acteur Kurt Gerron, dirige le tournage qui a lieu en août et septembre 1944. Peu de temps après,
il est déporté ainsi que la quasi-totalité des acteurs du film, adultes et enfants.
La réalisation du documentaire d’une heure et demie s’achève en mars 1945. Il circulera ensuite sous le titre
ironique et apocryphe : Le Führer donne une ville aux Juifs.
L’administration juive du ghetto
De qui dépend directement le ghetto ?
Le ghetto dépend directement d’Adolf Eichmann. Ses directives y sont appliquées par un
Lagerkommandantur, qui dispose de l’appui répressif d’un bataillon SS posté à la Petite Forteresse et d’une
unité d’environ 150 gendarmes tchèques
Par qui est-il administré ?
Le ghetto est géré par une administration juive, désignée et strictement contrôlée par les nazis. Cette
administration est constituée d’un doyen, le Judenältester, et d’un « Conseil juif » composé de douze
personnes.
Quelles sont les fonctions de cette administration ?
Cette administration a une double fonction : appliquer scrupuleusement les instructions des Allemands et
tenter d’organiser la vie collective à l’intérieur du ghetto. Elle comprend cinq directions principales : Affaires
intérieures, Économie, Finances, Technique, Santé, auxquelles s’ajoutent les bureaux du Travail, de la
Jeunesse et des Loisirs, divers organismes chargés de surveiller les cuisines et stocks alimentaires.
Pourquoi peut-on dire que le rôle des responsables de l’administration juive du ghetto est ambigü ?
Parce qu’ils ont joué un rôle dans la formation des convois de déportation. Les fonctions de police qui leur
sont imposés par les nazis conduisent les administrations juives à jouer un rôle dans la formation des convois
de déportation, suscitant de vives polémiques après la guerre. En 1963, Hannah Arendt publia à New-York
son Eichmann à Jérusalem et condamna sans appel les dirigeants des communautés juives ayant participé
aux conseils juifs. Ils auraient, selon elle, et particulièrement ceux de Theresienstadt, coopéré à la mort de
leur peuple. Il faut tout de même souligner à l’actif de ces dirigeants la survie de plusieurs dizaines de
milliers de Juifs.
En 1975, en pleine préparation de son film documentaire Shoah, Claude Lanzmann rencontre à Rome Benjamin
Murmelstein, dernier président du « Conseil juif » de Theresienstadt, seul « doyen des Juifs » à avoir survécu. En
2012, Claude Lanzmann revient à Theresienstadt et met en scène ces entretiens de Rome et réalise Le Dernier
des injustes.
D’après tes connaissances et ce que tu as appris dans l’exposition, explique le titre du film.
Benjamin Murmelstein était le dernier président du « Conseil juif » de Theresienstadt et le seul « doyen des
Juifs » à avoir survécu. En tant que président du conseil juif, il était chargé d’établir des listes de personnes à
déporter, il raconte : « […] Le Conseil des Anciens fut chargé d’établir des listes de personnes à déporter.
Réunions sans fin, vives discussions. Motif d’exemplarité, besoins du travail, relations de partis, liens de
familles, rapports d’amitiés, recommandations secrètes des SS et de la gendarmerie tchèque, relations
clandestines – il fallait tout prendre en considération. Naturellement, il était impossible de trouver une
solution humaine pour une tâche aussi inhumaine. […] ». Sa survie est suspecte de toutes les
compromissions. Accusé de collaboration et arrêté par la police tchèque, il passe dix-huit mois en prison
avant d’être libéré suite à un procès au cours duquel il est acquitté de toutes les charges qui pesaient contre
lui.
Les déportations depuis Theresienstadt
À quelle date les déportations depuis Theresienstadt débutent-elles ?
Le 9 janvier 1942, un premier convoi part de Theresienstadt pour l’Est. Plus de soixante convois se
succèdent jusqu’en octobre 1944.
Qui établit la liste des internés en partance pour la déportation ?
L’administration juive du ghetto est chargée d’établir des listes nominatives et de rassembler les internés,
conformément aux indications données par Eichmann qui fixe le nombre et l’âge des déportés.
Combien de Juifs ont été internés à Theresienstadt ? Qu’advient-il d’eux ?
Sur les 139 654 Juifs internés à Theresienstadt, 33 430 sont morts dans le ghetto et 86 934 ont été déportés
vers « l’Est », où 83 500 sont assassinés, essentiellement à Auschwitz et Treblinka.
Qu’est ce que le Familienlager ? Où se situe-t-il ? À quoi sert-il ?
Entre septembre 1943 et juillet 1944, le camp BIIb d’Auschwitz-Birkenau devient le Familienlager, ou camp
des familles de Theresienstadt. Son existence participe pleinement à l’entreprise de tromperie échafaudée
par les nazis. Les familles qui y sont enfermées sont astreintes à écrire des messages rassurants et
maintenues en vie dans l’éventualité d’une visite du Comité international de la Croix-Rouge, consécutive à la
visite du ghetto de Theresienstadt le 23 juin 1944. Cette dernière ayant donné entière satisfaction, le
Familienlager est aussitôt liquidé et ses détenus assassinés.
À quelle date et par qui Theresienstadt est-il libéré ?
Placé sous la protection de la Croix-Rouge le 2 mai 1945, le ghetto est remis aux autorités soviétiques huit
jours plus tard, le 10 mai. Les rapatriements commencent mais sont interrompus du fait de la situation
sanitaire. Depuis le 20 avril, avaient en effet convergé vers Theresienstadt plus de 13 000 rescapés venant de
divers camps de concentration, apportant avec eux le typhus. Parmi eux, le poète français Robert Desnos,
qui y meurt d’épuisement le 8 juin 1945.
Après avoir découvert dans les espaces introductifs, la spécificité de Theresienstadt, tu pénètres désormais dans
la salle principale. Ici l’ambiance est différente, les volumes trapus et anguleux arrêtent le regard et dictent la
déambulation.
À ton avis, qu’ont souhaité évoquer les scénographes dans cet espace ?
Après avoir découvert, dans les espaces introductifs, la spécificité de Theresienstadt, le visiteur se confronte
dès l’entrée de la salle principale à des volumes trapus anguleux, qui arrêtent le regard et dictent la
déambulation : cet ensemble rappelle la forteresse. La volonté des scénographes est d’évoquer le ghetto par
des emprunts à l’architecture de Theresienstadt.
L’AUTEUR DES DESSINS
Arthur Goldschmidt, Juif selon les lois de Nuremberg
Présente brièvement Arthur Goldschmidt.
Né à Berlin le 30 avril 1873, Arthur Goldschmidt est issu d’une famille juive convertie au protestantisme.
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Comme tous les jeunes gens de la bourgeoisie du 19 siècle, il a reçu une solide formation artistique et
consacre une importante part de son temps à la peinture. Son fils le décrit comme « un homme ambitieux,
mais d’une très rigoureuse probité, adorant les relations humaines, tout à la fois nationaliste et libéral. Il
utilisait avec habileté son charme naturel et son immense culture ». Conseiller à la cour d’appel de la ville de
Hambourg, il règle de nombreux conflits portuaires et maritimes. Confiant dans la grandeur de son pays, il
est convaincu jusqu’en 1935 que le nazisme n’est qu’une passade.
Pourquoi est-il mis à la retraite en 1933 ?
En application de la loi nazie sur le « rétablissement de la fonction publique » dont le but était l’exclusion des
fonctionnaires juifs ou « demi-juifs », Arthur Goldschmidt est mis à la retraite d’office en 1933.
Pourquoi Arthur Goldschmidt est-il déclaré Juif par les lois de Nuremberg alors qu’il est protestant ?
Avec la loi dite de Nuremberg du 15 septembre 1935, créant une « race juive » et codifiant son appartenance
en fonction du nombre d’ascendants de confession juive, Arthur Goldschmidt est déclaré juif.
À quelle date est-il déporté à Theresienstadt ? Quel âge a-t-il ?
Il est déporté à Theresienstadt en juillet 1942. Il est alors âgé de 69 ans.
Quelle fonction Arthur Goldschmidt occupe-t-il dans le ghetto ?
À Theresienstadt, il devient le pasteur de la communauté évangélique du camp. Dans les courriers qu’il
adresse à l’administration juive du ghetto, Arthur Goldschmidt signe en tant que responsable de la
communauté protestante, mais aussi « avec les pleins pouvoirs des chrétiens catholiques de
Theresienstadt ».
Une famille déchirée par la guerre
À quelle période Arthur Goldschmidt prend-t-il conscience de la véritable nature du régime nazi ?
C’est en septembre 1938 avec l’annexion de la Tchécoslovaquie qu’il prend conscience de la véritable nature
du régime nazi.
Pourquoi les époux Goldschmidt décident-il de se séparer de leurs enfants ?
Pour leur assurer une bonne éducation, l’exclusion du lycée de leur fils aîné constituant pour cette famille
bourgeoise lettrée un événement insupportable.
Georges-Arthur Goldschmidt retrouve-t-il son père à la fin de la guerre ?
Non car Arthur Goldschmidt meurt en février 1947 alors que ce n’est qu’en 1949, naturalisé français que
Georges-Arthur Goldschmidt peut se rendre dans la toute nouvelle République fédérale allemande. Il y
retrouve sa sœur, de 21 ans son aînée, qui a survécu du fait de son mariage avec un « Aryen », et une maison
familiale étrangement intacte. On lui fait alors le récit du retour de son père, pris en charge par les
Soviétiques à la libération du camp.
LE FONDS GEORGES-ARTHUR GOLDSCHMIDT
Histoire d’une donation
Explique comment les dessins présents dans cette exposition ont-ils pu sortir du ghetto ?
Les dessins exposés ici ont été rapportés par Arthur Goldschmidt, leur auteur, après sa libération du camp de
concentration de Theresienstadt. Il revint chez lui à Reinbek, près de Hambourg, fin juillet 1945, où il
continua à peindre et dessiner et mourut en février 1947 à soixante-quatorze ans.
De quelle façon ces dessins sont-ils entrés dans les collections du CHRD ?
Le fils de l’auteur des dessins les a donnés au musée.
À quelle date ces dessins entrent-ils dans les collections du musée ? En 2011.
Pour quelle raison Georges-Arthur Golschmidt a-t-il attendu si longtemps pour en faire don au musée ?
Georges-Arthur Golschmidt découvrit ces dessins assez tard chez sa sœur qui était beaucoup plus âgée que
lui et qui échappa à la déportation du fait de son mariage avec un « aryen ». Il explique : « Ces dessins
apparemment lui « brûlaient les doigts », peut-être lui rappelaient-ils qu’elle avait été épargnée alors que
des millions d’autres avaient péri dans l’épouvante. Entre 1949 et 1983, je me suis souvent rendu en
Allemagne dans ma famille, j’ai regardé ces dessins assez tôt sans vouloir vraiment les voir, comme si j’avais,
en somme, moi aussi honte de ma survie, […] pris que j’étais entre tendresse familiale et gêne devant
l’horreur et l’angoisse que je n’avais guère vécues. »
Il lui fallut une vingtaine d’années et le regard de sa femme pour réaliser toute l’importance de ces dessins
qui rendent si bien compte et avec tant d’apparente objectivité de l’effroyable condition de tous ces gens en
attente d’une mort certaine.
Quelles étaient les craintes du donateur ?
Georges-Arthur Golschmidt craignait la beauté d’exécution, et le caractère parfois presque « idyllique » des
paysages pouvait créer, lui semblait-il, un véritable malentendu : de quoi se plaignaient donc ces gens qui
pouvaient, en apparence, aller au café, se promener, aller chez le coiffeur. Mais les visages parlent par euxmêmes et disent tous la même désolation.
LES DESSINS
Au centre de cette pièce principale, tu peux découvrir des cadres posés sur une longue table rassemblant les
portraits des internés.
Selon toi, pourquoi les scénographes ont-ils choisi de présenter les portraits de cette manière ?
Pour rendre hommage à ces personnes et évoquer le sort commun et tragique des déportés
Portraits des internés
Quelles sont les principales catégories de personnes internées à Theresienstadt ? Pour quelles raisons ?
Les femmes, les enfants et les vieillards (Juifs allemands âgés de plus de 65 ans, les combattants de la Grande
Guerre et les personnalités) sont les principales catégories de personnes internés à Theresienstadt. C’est lors
de la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942 que le Reichsprotektor de Bohême-Moravie Reinhard
Heydrich décide d’envoyer à Theresienstadt tous ceux dont la prétendue installation à l’Est dans des camps
de travail pourrait susciter des interrogations à l’étranger et ainsi poser des problèmes au régime nazi.
Les portraits d’Arthur Goldschmidt reflètent-ils cette réalité ?
Oui, des femmes, des enfants et des vieillards constituent donc naturellement l’essentiel des portraits
réalisés par Arthur Goldschmidt.
De quoi témoigne la double signature sur les dessins ?
Nombre de portraits sont signés, parfois en plus de la signature de l’auteur, par la personne portraiturée. Il
est possible d’y voir la volonté d’attester la justesse du portrait, mais aussi l’indice d’un dessin de commande
qui, finalement, n’est pas parvenu à son destinataire. Cette double signature rend compte de la relation très
forte qui unit le modèle et le dessinateur, pasteur de la communauté protestante de Theresienstadt.
Les enfants
Pour quelles raisons Arthur Goldschmidt a-t-il peu représenté les enfants dans ces dessins ?
Parmi les trente portraits parvenus jusqu’à nous, un seul représente le visage d’une enfant. Deux autres
dessins plus aboutis, notamment le portrait du jeune Ernesto, figurent cependant dans les pages du carnet.
Leur présence reste donc très marginale dans la production d’Arthur Goldschmidt. Cette rareté peut être le
signe d’une difficulté pour lui à porter son regard sur des enfants du même âge que les siens, elle s’explique
aussi par la séparation physique des enfants et des autres internés au sein même du ghetto.
Quelle place est réservée aux enfants à Theresienstadt ?
Arrivés avec leurs parents ou venant d’orphelinats, plus de la moitié des enfants sont en effet rassemblés
dans des foyers qui leur sont réservés à partir de l’été 1942. Ils font l’objet d’une attention particulière de la
part de l’administration juive du ghetto, qui crée un service entièrement dédié à leurs besoins et à leur
éducation. Des efforts considérables sont déployés pour dispenser aux enfants, en dépit des interdictions, un
enseignement discret. Leur participation à des opéras, comme Brundibár, les leçons de dessin de Friedl
Dicker-Brandeis ou l’écriture de magazines dans les foyers d’adolescents constituent quelques-unes des
actions les plus significatives pour tenter de les soustraire aux conditions de vie du ghetto.
Combien d’enfants ont-ils été internés à Theresienstadt ? Parmi eux, combien sont déportés et combien
survivent ?
11 000 enfants sont internés à Theresienstadt, parmi eux 8 764 seront « déportés à l’Est » et seule une
centaine survivra.
La vie culturelle
À partir des dessins présentés dans cette partie, décris la richesse de la vie culturelle à Theresienstadt.
La richesse de la vie culturelle à Theresienstadt est perceptible à travers les dessins d’Arthur Goldschmidt. Un
peintre devant son chevalet, un concert dans un café, le profil d’un violoncelliste, une assemblée réunie pour
écouter un conférencier, le portrait d’un homme attablé devant son encrier, comme les dessins de
Goldschmidt eux-mêmes, disent le large éventail des activités suivies ou pratiquées par les internés.
Cette vie culturelle et artistique intense commence dès la fin de l’automne 1941, avec l’arrivée des premiers
déportés, parmi lesquels se trouvaient des artistes et des musiciens. Une section des Loisirs, la
Freizeitgestaltung, se charge très vite de l’organisation des conférences, des spectacles et des activités
sportives.
Pour quelles raisons les nazis toléraient-ils cette vie culturelle et artistique ?
Cette vie artistique et culturelle est tolérée par les nazis car ils y voient un moyen de maintenir le calme.
Dans un second temps, ces activités seront encouragées par eux à des fins de propagande.
Pourquoi la vie cultuelle a-t-elle atteint un niveau exceptionnel dans ce ghetto?
La vie culturelle à Theresienstadt atteint un niveau exceptionnel car de grands compositeurs, des chefs
d’orchestre de renom, des instrumentistes virtuoses, des dramaturges, des comédiens de talent vont créer
des œuvres dans un climat de relative liberté et de totale insécurité.
De quoi témoignent les productions artistiques réalisées à Theresienstadt?
Marquées par la pauvreté des moyens disponibles et sans cesse bouleversées par la mort ou la déportation
de leurs participants, ces réalisations artistiques disent la résistance spirituelle des internés de
Theresienstadt face à l’horreur de leur situation.
La religion
De quelle situation rendent compte les dessins d’Arthur Goldschmidt ?
Ces dessins rendent compte de la coexistence des différentes confessions : un mariage juif célébré dans un
grenier, une cérémonie funéraire chrétienne, accompagnent la représentation d’une Sainte Famille ou le
visage d’un priant. Ils témoignent également la manifestation de la foi d’Arthur Goldschmit notamment à
travers le regard qu’il porte sur les habitants de Theresienstadt.
Les paysages
Quelles impressions se dégagent-elles de cet ensemble de dessins ?
Il se dégage de ces paysages une beauté tranquille, leur caractère est avant tout documentaire ou
contemplatif.
Pour quelle raison constitue-il un témoignage irremplaçable sur le ghetto ?
Au même titre que les portraits des internés, ces dessins constituent un témoignage irremplaçable sur les
capacités de l’être humain à résister dans le contexte d’extrême dureté des camps.
Quel usage ces dessins peuvent-ils bien avoir eu pour les internés ?
On peut supposer un usage décoratif du dessin, servant à agrémenter l’espace privé que chacun cherche à
circonscrire au sein des chambrées surpeuplées du ghetto. La noblesse de deux troncs d’arbre, l’échappée
d’un coin de jardin, la douceur des feuillages sont autant de fenêtres ouvertes sur cet ailleurs qu’on continue
d’espérer .
Un ghetto dans une caserne
À quoi correspondent les lettres et chiffres inscrits sur les dessins du carnet ?
À la désignation de la rue où logeait l’interné
Organisée autour d’une place centrale de commandement, la ville-forteresse déploie un maillage de rues
dénommées selon les axes de A à j et de 1 à 6 pour les parcelles, et de L1 à L6 et de Q1 à Q9 pour les voies,
indications que l’on retrouve associées aux noms des personnes internées dans le carnet d’Arthur
Goldschmidt.
Quel sentiment se dégage-t-il des dessins traitant des éléments architecturaux du ghetto ? Pourquoi ?
Les dessins décrivent des casemates, des remblais, des fossés et suggèrent de grandes cours, lieu des
rassemblements. Arthur Goldschmidt les traite comme il aborde ses paysages, en gommant les conditions de
logement épouvantables et l’insalubrité des lieux. Il livre ainsi de la Petite Forteresse, sinistre prison utilisée
par la Gestapo de Prague et située à l’extérieur de l'enceinte du ghetto, sur l’autre rive de l’Elbe, une vision
d’une troublante sérénité.
Les conditions de vie
Décris les dessins d’Arthur Goldschmidt et explique en quoi ils nous renseignent sur les conditions de vie des
internés.
L’approvisionnement en nourriture insuffisant, les soins médicaux limités et les conditions d’hygiène
déplorables sont perceptibles dans les dessins d’Arthur Goldschmidt. Son carnet présente de nombreux
corps allongés qui rendent compte de la grande faiblesse des internés. Trois dessins sur feuille volante
s’attardent sur la description d’une chambrée aux châlits superposés, dispositif qui très vite envahit
casernes, baraquements en bois ou maisons particulières, peuplées de la cave au grenier.
Quelle est la surface habitable estimée dans le ghetto ? Quelles sont les conséquences d’une telle
surpopulation ?
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En décembre 1942, la surface habitable est estimée à moins de 2 m par personne. Le nombre de détenus
évolue au rythme des convois et atteint le chiffre record de 58 491 personnes en septembre 1942, alors que
la ville de Theresienstadt n’a été conçue que pour 5 000 habitants.
À quelles fins les internés travaillent-ils ?
Organisé pour servir l’économie du Reich, dans l’espoir d’éviter la déportation vers l’Est, ou pour les besoins
mêmes du ghetto, le travail rythme la vie de tous les internés âgés de plus de quinze ans.
Comment les internés vivent-ils le travail ?
Le travail permet à beaucoup d’internés d’échapper à l’angoisse, dont les effets sont plus terribles encore
que la détresse matérielle et que Goldschmidt qualifie dans ses écrits de véritable torture mentale.
L’attente
Quel autre aspect de la vie quotidienne des internés ces dessins reflètent-ils ?
Les nombreuses scènes d’attente, dont certaines croquées dans le carnet ont été retravaillées sur feuilles
volantes, dévoilent un autre aspect de la vie des internés.
En t’appuyant sur le court témoignage d’Arthur Goldschmidt, explique pourquoi cette attente était dure et
angoissante ?
Il se dégage de ces scènes une impression de grande étrangeté. Le poids de l’enfermement y est perceptible,
alors même qu’aucun élément signalant l’enceinte ou les gardes du ghetto ne sont visibles. Arthur
Goldschmidt décrit un sentiment de terreur généré par l’attente. Pour les internés, la vie à Theresienstadt
était rythmée par les convois vers l’Est intervenant par intervalles, de façon imprévisible. Les internés
vivaient dans l’incertitude et la peur de la déportation, n’ayant pas la libre disposition d’elles-mêmes, ne
pouvant exercer aucune influence sur ce que l’on ferait d’eUX et ne sachant même pas quand et si ILS
seraient déportés.
Le carnet
Quelle est la spécificité des dessins extraits du carnet par rapport à ceux réalisés sur feuilles volantes ?
Le carnet est également riche de thèmes absents des dessins sur feuilles volantes. On y découvre le travail de
jardinage dans les douves, un cheval de trait, une carriole emplie d’un amoncellement de cercueils se
dirigeant vers le crématorium, la distribution de la soupe, des gisants ou des corps affaiblis, et, à plusieurs
reprises, des files de gens « partant pour la Pologne ». Arthur Goldschmidt conservait probablement sur lui
ce carnet et l’utilisait pour croquer sur le vif des scènes particulièrement saisissantes.
Maintenant que tu as découvert l’ensemble des dessins qu’Arthur Golschmidt a réalisé à Theresienstadt,
réponds à la question suivante.
Selon toi, à travers ces dessins quel regard porte l’auteur sur le ghetto et les internés ?
Il retranscrit le regard doux et bienveillant qu’il porte à ses codétenus
Il s’attache à la description de situations sous un angle documentaire, parfois contemplatif.
LE FONDS GEORGES-ARTHUR GOLDSCHMIDT
La restauration des dessins
Dans quel état les dessins étaient-ils lors de leur entrée dans les collections du musée ?
Lors de leur entrée dans les collections du musée, l’état général des dessins était fragilisé par la présence, au
verso de chacun d’entre eux, de points de colle, résidus d’un ancien montage. La présence de ces points de
colle aqueuse faisait de la restauration des dessins une priorité pour le musée
Pourquoi la restauration de ces dessins revêtait-elle une telle importance pour le musée ?
La restauration de ces dessins revêt une grande importance pour le musée car ils constituent un témoignage
irremplaçable, la dernière image de ces femmes et de ces hommes condamnés à l’extermination.
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