Notre résumé graphique (Figure 2) décrit la proportion
d'ovules pollinisés en fonction de la distance du champ
le plus proche. Nous savons où vivent les populations
férales de bord de route et restons persuadés qu'elles ne
sont pas responsables du croisement par du pollen
extérieur à une longue distance du champ le plus proche.
Généralement, avec les plantes mâle-stériles, en raison
de l'absence de leur propre source de pollen, il y a un
plus fort pourcentage de fécondation que celui attendu
de plantes mâle-stériles réceptrices. Il est intéressant de
noter que, pour chacune des trois saisons étudiées,
différents niveaux de pollinisation croisée se sont
produits des champs aux plantes mâle-stériles. Quelle
que soit la distance à laquelle se situe la plante, il est
difficile de trouver un niveau zéro. Il y a toujours une
petite quantité de fécondation. A l'évidence, nous faisons
de notre mieux, en utilisant des techniques
moléculaires, pour confirmer qu'il ne s'agit pas d'une
contamination, par exemple, de pollen présent sur nos
vêtements. Cependant, même s'il est difficile d'être
absolument certain des sources de pollinisation, nous
avons essayé d'évaluer de manière réaliste les sources
alternatives possibles pour ces événements ayant lieu à
de grandes distances (Ramsay et al., 2003). Le colza
oléagineux à floraison précoce pendant la saison de
culture hivernale (lorsque le flux de gènes était le plus
faible sur la Figure 2) a connu des conditions d'humidité
et de froid. Par conséquent, très peu d'insectes se
trouvaient dans l'air. Néanmoins, nous ne comprenons
toujours pas complètement ces variations saisonnières.
Après avoir traité les chiffres, malgré des variations,
nous avons remarqué une diminution plutôt cohérente.
Ayant recueilli de nombreux insectes, nous avons poudré
les insectes avec du pollen et les avons mis sur des
plantes mâle-stériles dans le laboratoire afin d’étudier
l'efficacité de ces insectes dans la transmission du
pollen. Nous savons que les abeilles et les bourdons sont
très actifs et que les méligèthes des crucifères peuvent
transmettre le pollen sur de grandes distances. Nous les
trouvons dans des endroits étranges et, dans certaines
conditions, ils sont efficaces pour entraîner la
pollinisation. Dans un endroit où des manifestants, sur
l'un de nos sites, avaient placé de gros ballons jaunes
pour marquer leur présence, l'agriculteur les enleva et y
trouva de nombreux méligèthes des crucifères collés à la
surface brillante.
Bien que les plantes mâle-stériles nous aient permis
d'étudier le flux de gènes régional, nous avons dû
étalonner les résultats en comparant les plantes
mâle-stériles par rapport aux plantes mâle-fertiles. Pour
ce faire, nous avons utilisé un champ d'origine différent
– une variété tolérante à un herbicide non modifiée
génétiquement – et placé les plantes mâle-stériles et les
plantes mâle-fertiles dans des configurations différentes
dans la région environnante. Pour les plantes mâle-
stériles, la pollinisation moyenne sur des distances allant
jusqu'à 800 m de la source distincte était de 0,302 (c'est-
à-dire que 30,2 % des ovules ont été fécondés). Pour les
plantes mâle-stériles recevant du pollen tolérant à un
herbicide, le chiffre était de 0,025 (2,5 % des ovules).
Ainsi, les plantes mâle-stériles étaient 12 fois plus
efficaces que les plantes mâle-fertiles en matière de
fécondation par du pollen extérieur. Nous devons
réaliser d'autres travaux de ce type pour confirmer cet
étalonnage.
Les travaux avec la source tolérante à un herbicide non
modifiée génétiquement nous ont fourni une indication
sur la variation spatiale autour de ce bloc. Parallèlement,
nous avons également utilisé des plantes mâle-stériles
en cage, inaccessibles aux gros insectes, pour estimer la
pollinisation par le vent. Selon cette méthode, nous
avons enregistré une différence significative de
pollinisation entre les plantes en cage et les plantes hors
cage. Dans notre région, les plantes en cage ont été bien
moins pollinisées que leurs équivalents hors cage. Par
conséquent, nous pensons que les abeilles, les bourdons
et les autres insectes contribuent largement au flux de
gènes. En règle générale, nous pensons qu'ils
contribuent bien plus à la pollinisation que le vent seul,
surtout sur les moyennes et longues distances.
Néanmoins, il s'agit d'une zone d'incertitude et nous
étudions toujours les processus.
Ces études ont également montré que le pollen entre
plus sur les bords que dans le centre des blocs de colza
oléagineux et qu'il y a de grandes zones de faible
pollinisation dans le centre. Ceci indique que plus le
champ récepteur est grand, moins la pollinisation
moyenne est importante. Cependant, à ce stade, nous
avions seulement étudié de petits blocs. Personne n'avait
encore estimé la pollinisation de champ entier à longue
distance dans des champs typiques de cinq à dix
hectares.
Ces études et d'autres encore indiquent que le flux de
gènes du colza oléagineux dépend de la taille et de
l'orientation des champs et des blocs. Plus la source est
grande, plus le récepteur est petit et plus la pollinisation
effectuée est importante. Nous avons tenté de condenser
nos travaux ainsi que ceux d'autres personnes, y
compris les données françaises et internationales, pour
montrer les niveaux de pollinisation croisée pouvant
apparaître : la pollinisation de blocs d'une taille
équivalente à un champ sur un kilomètre de distance par
rapport à la source n'a pu être estimée que par
extrapolation des données existantes (Ramsay et al.,
2003).
I
IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE