IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Le présent document rassemble les actes du séminaire international que la Commission du génie Biomoléculaire (CGB) a tenu le 28 novembre 2003 afin de débattre des impacts environnementaux de la culture de colza tolérant à un herbicide. Dans le cadre d'une saisine du 26 juin 2003, le ministère chargé de l'agriculture (Direction générale de l'alimentation) a demandé à la Commission du génie biomoléculaire de faire le point sur les nouvelles connaissances acquises en matière de flux de gènes chez le colza, ainsi que sur l'identification des risques pour l'environnement liés à la mise en culture à grande échelle de variétés de colzas génétiquement modifiés tolérantes à un herbicide. Dans le cadre d'une précédente saisine, la Commission du génie biomoléculaire (CGB) s'était attachée à conduire un travail d'évaluation des risques pour l'environnement liés à la mise en culture à grande échelle de colzas génétiquement modifiés tolérants à un herbicide. Ce travail d'évaluation a permis à la Commission du génie biomoléculaire de rendre un avis, le 16 février 2001, dans lequel elle concluait à l'absence de risque écologique direct (développement de plantes invasives per se) lié à la présence d'un gène de tolérance à un herbicide chez le colza (ou une espèce apparentée) mais soulignait la nécessité d'acquérir des connaissances complémentaires sur les points suivants : les effets que produiraient des sources de pollen de taille supérieure à celles qui ont permis de générer les informations disponibles sur la dispersion du pollen de colza ; ◆ la dispersion du pollen à longue distance et notamment le rôle du transport par les insectes ; ◆ une meilleure caractérisation des hybrides interspécifiques (en particulier, les amphidiploïdes) pour une meilleure compréhension de la dynamique des espèces ; ◆ l'impact des îlots de colza persistant, y compris ceux qui résulteraient d'échappement de graines dans les étapes de transport, sur la pollinisation de colzas avoisinants, ainsi que la dynamique de ces îlots (persistance, extension, ...). ◆ La Commission du génie biomoléculaire avait, par ailleurs, considéré que des expérimentations à grande échelle devraient être menées afin de valider les modalités de gestion envisagées et destinées à limiter les effets directs et indirects des repousses de colza dans le cas d'une tolérance à un herbicide. Enfin, la Commission du génie biomoléculaire préconisait d'engager une réflexion globale sur l'analyse approfondie de l'impact écologique de nouvelles pratiques de désherbage, basées sur l'utilisation d'herbicides totaux. Le séminaire de travail scientifique avait donc pour objectif de synthétiser les résultats accumulés au cours des trois dernières années sur chacun des points évoqués ci-dessus, d'en tirer des enseignements en ce qui concerne l'éventuelle mise en culture de colzas tolérants à un herbicide et d'engager une réflexion plus générale sur les impacts indirects et l'évolution des stratégies de désherbage liée à l'utilisation d'herbicides non sélectifs. A la suite du séminaire, la CGB a rendu un nouvel avis, en février 2004, dont le lecteur trouvera le contenu sur le site interministériel sur les OGM (www.ogm.gouv.fr). Marc Fellous COMMISSION DU Antoine Messéan Génie BIOMOLÉCULAIRE I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISPERSION DU POLLEN SUR DE LONGUES DISTANCES ET RÔLE DES INSECTES Q UANTIFICATION DU FLUX DE GÈNES À L ' ÉCHELLE DU PAYSAGE DANS DU COLZA OLÉAGINEUX GEOFF SQUIRE ET GAVIN RAMSAY SCRI, DUNDEE, ECOSSE 2,3 pages La majeure partie du travail que nous allons présenter a été effectuée en Ecosse, où est basé notre groupe. Cependant, les expériences décrites à la fin de la présentation s'étendent à d'autres régions du Royaume-Uni. I. Contexte du colza oléagineux au Royaume-Uni Le paysage de nos zones d'étude est typique des paysages agricoles d'Europe, y compris ceux dans lesquels le colza oléagineux (Brassica napus) est commun. Depuis 1993, nous étudions la distance à laquelle les gènes se dispersent, la fréquence et l'incertitude de la pollinisation, ses causes et la durée de F IGURE 1. C ARTE D ' UN PAYSAGE AGRICOLE , PRINTEMPS ( OR ANGE ) ET DE POPULATIONS COUVERTURE CUMULÉE APRÈS QUATRE ANS . DE 10 X 20 vie de la graine dans le sol. Au vu de ces connaissances, pouvons-nous dire que la coexistence de différentes sortes de colza oléagineux est possible ? Notre présentation étudie cette question et se compose de trois sections : en premier lieu, une brève description du contexte du colza oléagineux au Royaume-Uni, puis une étude du f lux de gènes régionale, utilisant principalement des plantes mâle-stériles, enfin, les travaux récents sur le flux de gènes de l’étude Farm Scale Evaluation (FSE), une expérience importante que Les Firbank décrira ultérieurement. Ces travaux sur le flux de gènes de l’étude FSE n'ont pas été publiés ni présentés. Les résultats préliminaires restent provisoires. Bien que le colza soit cultivé au Royaume-Uni depuis de nombreux siècles, nous ne sommes pas certains de l'identité exacte des premières semences. Après avoir fluctuée en termes de région et de localité pendant de nombreux siècles, sa part de la surface arable totale a augmenté dans les années 1970 de 10 à 13 % chaque année. La culture de colza engendre des populations férales ou spontanées, qui constituent des mauvaises herbes dans les rotations céréalières. Le colza est une des rares espèces à être devenue une nouvelle espèce du stock semencier agricole au cours du XX° siècle. Au Royaume-Uni, la majeure partie du colza pousse dans l'est du pays et les travaux dont je vais parler sont basés dans la zone arable nord. KM , REPRÉSENTANT DES CHAMPS DE COLZA OLÉAGINEUX SEMÉ EN AUTOMNE FÉR ALES DE BORD DE ROUTE ( POINTS ). A ( JAUNE ) ET AU GAUCHE SE TROUVE LE MODÈLE SUR UN AN , À DROITE , LA I Dispersion du pollen sur de longues d i st a n c e s e t r ô l e d e s i n s e c t e s Comme en France, le colza oléagineux (mauvaise herbe) se trouve dans deux types d'habitat : celui qui se situe dans la zone labourée du champ, où il est qualifié de “spontané” et interagit avec la gestion et les autres mauvaises herbes, et celui qui se trouve à l'extérieur de la zone labourée, en bordures de chemin et dans les déchets de sol (DEFRA, 1999). Dans notre région, on trouve des individus qui fleurissent à n'importe quel mois de l'année, certains présentant des aspects vivaces typiques du chou sauvage, Brassica oleracea. Il sera hybridé avec des parents sauvages proches, qui sont rares en Ecosse. En arrière-plan de cette recherche, nous avons réalisé des enquêtes sur le stock semencier dans les années 1980, le Scottish Agricultural College a fait de très nombreux contrôles dans les années 1990 et, depuis 1993, nous avons dirigé notre propre zone d'étude, où se déroule la majeure partie de nos travaux sur le flux de gènes et le colza oléagineux (mauvaise herbe) (Squire et al., 1999). Nous avons noté que Brassica napus était un composant tout à fait mineur du stock semencier arable avant 1980 mais qu'il devenait à présent plus fréquent et plus répandu, avec une densité typique de 100 m2, et qu'il possède une persistance à long terme en tant que spontané (Squire et al., 2003). Des exemples de modèles de champ dans une partie de notre zone d'étude de Tayside en 1993, montrent le colza oléagineux et les populations férales des bords de route à floraison hivernale ou précoce et celui semé au printemps à floraison plus tardive (Figure 1). En raison de la rotation, la zone de terre où a été semé le colza oléagineux pendant quatre ans, jusqu'en 1996, est passée à environ 25 % de la surface totale. La majeure partie de ces champs aurait contenu des populations spontanées en champ. Il y avait typiquement une population férale de bord de route par kilomètre de route. Cette fréquence est bien inférieure à celle observée dans une étude menée en France (voir Lecompte et al.). Il serait instructif de comparer ces deux zones d'étude. Malgré le fait que les variétés changent constamment, en utilisant des filtres phénotypiques et des techniques moléculaires, il a été possible de prendre une empreinte des variétés dont étaient issues les férales. A la fin des années 1990, nous avons pu séparer environ 25 variétés (Charters et al., 1996) et montrer que, alors que la plupart des populations disparaissaient au bout d'un ou deux ans, certaines férales de bord de route duraient au moins 10 ans, en conservant toujours l'empreinte de variétés de culture qui n'étaient plus semées (DEFRA, 1999 ; Squire et al., 2000). COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE II. Mesures de flux de gènes régional utilisant des plantes mâle-stériles issues des événements de pollinisation lorsque les plantes étaient sur le site. Gérer un important réseau de plantes mâle-stériles était un défi : un groupe en particulier, qui était brouté par des cervidés, dut être protégé par une clôture. Notre objectif dans les études de flux de gènes était de mesurer le pourcentage de croisement par du pollen extérieur dans les champs et les populations férales, et de définir les rôles du vent et des insectes. Pour une observation à grande échelle, nous devons utiliser un moyen rapide pour détecter le flux de gènes. Cependant, nous confirmons également les événements rares en utilisant un diagnostic moléculaire du gène ou de la variété. Au début des années 1990, on supposait que la pollinisation par le vent était la forme dominante de transmission et que le flux de gènes était plutôt localisé. Pour réaliser une enquête approfondie sur le flux de gènes dans le paysage, nous avons commencé à utiliser des plantes mâle-stériles ayant poussé en pot et placées dans la campagne pendant une période d'environ 14 jours. Après les avoir récupérées, nous avons vérifié que nous n'échantillonnions que les semences qui étaient Notre premier groupe de résultats était basé sur trois saisons de culture. Les plantes mâle-stériles se composaient de Brassica napus alors que les cultures environnantes étaient B. napus et B. rapa. Avec des plantes mâle-stériles, on peut compter le nombre de fleurs fertilisées ou le pourcentage d'ovules. Lorsque la distance augmente, en raison d'une faible fréquence de pollinisation, seul un petit nombre d'ovules tendent à être pollinisés. Les plantes mâle-stériles sont utilisées pour explorer les mécanismes des processus régionaux, mais tendent à surestimer le flux de gènes. Lorsque l'on utilise des plantes mâle-fertiles, les différentes sortes de gènes entrants sont difficiles à identifier, à moins que n'existe un marqueur distinctif. Sans un marqueur distinctif tel qu'un trait d'OGM, il est difficile de distinguer une auto-pollinisation d'une pollinisation croisée. 4,5 pages 100 90 80 % oyules ertilised 70 60 July 1998 50 May1998 40 July1999 30 20 10 0 0 1000 2000 3000 4000 5000 distance from nearest field (m) F IGURE 2. P OLLINISATION DE PL ANTES DE COLZA MÂLE - STÉRILES , MESURÉE COMME POURCENTAGE DES OVULES FORMANT DES GR AINES , SUR TROIS SAISONS À UN INTERVALLE DE DISTANCES DU CHAMP LE PLUS PROCHE . SUPPLÉMENTAIRE À 26 L E GR APHIQUE REPRÉSENTE R AMSAY ET AL ., 2003). KM A ÉTÉ OMIS POUR DES R AISONS DE CLARTÉ ( VOIR DES DONNÉES LISSÉES . UN POINT DE DONNÉES IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Notre résumé graphique (Figure 2) décrit la proportion d'ovules pollinisés en fonction de la distance du champ le plus proche. Nous savons où vivent les populations férales de bord de route et restons persuadés qu'elles ne sont pas responsables du croisement par du pollen extérieur à une longue distance du champ le plus proche. Généralement, avec les plantes mâle-stériles, en raison de l'absence de leur propre source de pollen, il y a un plus fort pourcentage de fécondation que celui attendu de plantes mâle-stériles réceptrices. Il est intéressant de noter que, pour chacune des trois saisons étudiées, différents niveaux de pollinisation croisée se sont produits des champs aux plantes mâle-stériles. Quelle que soit la distance à laquelle se situe la plante, il est difficile de trouver un niveau zéro. Il y a toujours une petite quantité de fécondation. A l'évidence, nous faisons de notre mieux, en utilisant des techniques moléculaires, pour confirmer qu'il ne s'agit pas d'une contamination, par exemple, de pollen présent sur nos vêtements. Cependant, même s'il est difficile d'être absolument certain des sources de pollinisation, nous avons essayé d'évaluer de manière réaliste les sources alternatives possibles pour ces événements ayant lieu à de grandes distances (Ramsay et al., 2003). Le colza oléagineux à floraison précoce pendant la saison de culture hivernale (lorsque le flux de gènes était le plus faible sur la Figure 2) a connu des conditions d'humidité et de froid. Par conséquent, très peu d'insectes se trouvaient dans l'air. Néanmoins, nous ne comprenons toujours pas complètement ces variations saisonnières. Après avoir traité les chiffres, malgré des variations, nous avons remarqué une diminution plutôt cohérente. Ayant recueilli de nombreux insectes, nous avons poudré les insectes avec du pollen et les avons mis sur des plantes mâle-stériles dans le laboratoire afin d’étudier l'efficacité de ces insectes dans la transmission du pollen. Nous savons que les abeilles et les bourdons sont très actifs et que les méligèthes des crucifères peuvent transmettre le pollen sur de grandes distances. Nous les trouvons dans des endroits étranges et, dans certaines conditions, ils sont efficaces pour entraîner la pollinisation. Dans un endroit où des manifestants, sur l'un de nos sites, avaient placé de gros ballons jaunes pour marquer leur présence, l'agriculteur les enleva et y trouva de nombreux méligèthes des crucifères collés à la surface brillante. Bien que les plantes mâle-stériles nous aient permis d'étudier le flux de gènes régional, nous avons dû étalonner les résultats en comparant les plantes mâle-stériles par rapport aux plantes mâle-fertiles. Pour ce faire, nous avons utilisé un champ d'origine différent – une variété tolérante à un herbicide non modifiée génétiquement – et placé les plantes mâle-stériles et les plantes mâle-fertiles dans des configurations différentes dans la région environnante. Pour les plantes mâlestériles, la pollinisation moyenne sur des distances allant jusqu'à 800 m de la source distincte était de 0,302 (c'està-dire que 30,2 % des ovules ont été fécondés). Pour les plantes mâle-stériles recevant du pollen tolérant à un herbicide, le chiffre était de 0,025 (2,5 % des ovules). Ainsi, les plantes mâle-stériles étaient 12 fois plus efficaces que les plantes mâle-fertiles en matière de fécondation par du pollen extérieur. Nous devons réaliser d'autres travaux de ce type pour confirmer cet étalonnage. Les travaux avec la source tolérante à un herbicide non modifiée génétiquement nous ont fourni une indication sur la variation spatiale autour de ce bloc. Parallèlement, nous avons également utilisé des plantes mâle-stériles en cage, inaccessibles aux gros insectes, pour estimer la pollinisation par le vent. Selon cette méthode, nous avons enregistré une différence significative de pollinisation entre les plantes en cage et les plantes hors cage. Dans notre région, les plantes en cage ont été bien moins pollinisées que leurs équivalents hors cage. Par conséquent, nous pensons que les abeilles, les bourdons et les autres insectes contribuent largement au flux de gènes. En règle générale, nous pensons qu'ils contribuent bien plus à la pollinisation que le vent seul, surtout sur les moyennes et longues distances. Néanmoins, il s'agit d'une zone d'incertitude et nous étudions toujours les processus. Ces études ont également montré que le pollen entre plus sur les bords que dans le centre des blocs de colza oléagineux et qu'il y a de grandes zones de faible pollinisation dans le centre. Ceci indique que plus le champ récepteur est grand, moins la pollinisation moyenne est importante. Cependant, à ce stade, nous avions seulement étudié de petits blocs. Personne n'avait encore estimé la pollinisation de champ entier à longue distance dans des champs typiques de cinq à dix hectares. Ces études et d'autres encore indiquent que le flux de gènes du colza oléagineux dépend de la taille et de l'orientation des champs et des blocs. Plus la source est grande, plus le récepteur est petit et plus la pollinisation effectuée est importante. Nous avons tenté de condenser nos travaux ainsi que ceux d'autres personnes, y compris les données françaises et internationales, pour montrer les niveaux de pollinisation croisée pouvant apparaître : la pollinisation de blocs d'une taille équivalente à un champ sur un kilomètre de distance par rapport à la source n'a pu être estimée que par extrapolation des données existantes (Ramsay et al., 2003). I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE Pour une distance d'un kilomètre par rapport au champ le plus proche, le croisement extérieur dans des champs de colza oléagineux normaux (plantes mâle-fertiles) doit généralement être inférieur à 0,1 %. Cependant, nous pensons que le pourcentage de fécondation croisée augmente dans un bloc récepteur lorsque la proportion III. Utilisation de l’étude Farm Scale Evaluation : colza tolérant à un herbicide et colza non-OGM de plantes mâle-stériles augmente ou que la zone diminue par rapport à la source. Une population de férales mâle-stériles aurait les plus hauts niveaux de flux de gènes. Les populations ou les individus mâle-stériles existent dans notre campagne, issues de certaines Notre compréhension étant loin d'être suffisante à ce stade, nous avons décidé d'utiliser l’étude Farm Scale Evaluation (FSE) pour avoir une meilleure mesure de la pollinisation croisée sur un champ entier. Nous disposions de connaissances raisonnables pour le flux de variétés après ségrégation. gènes entre champs et populations férales mais pas de champs à champs. Par conséquent, nous avons reçu des fonds pour travailler en Ecosse pendant deux ans puis, en 2003, nous avons reçu des fonds supplémentaires pour étendre les mesures à d'autres parties du RoyaumeUni. 6,7 pages F I G U R E 3. C A R T E D'UNE ZONE D'ÉTUDE DE 20 X 10 K M DA N S L 'A B E R D E E N S H I R E S U R D E U X S A I S O N S . LES C H A M P S D E C O L Z A O L É AG I N E U X GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ SONT REPRÉSENTÉES EN NOIR ET LES CHAMPS DE COLZA OLÉAGINEUX NON -OGM SONT REPRÉSENTÉS EN JAUNE . IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE En Ecosse, les semences d'OGM ont été dispersées dans Cependant, elles ne dépassaient pas 0,1 %, ce qui l'environnement dans des essais sur parcelle témoin et signifie que les sites d'OGM ne contribuaient pas de plus sur les sites de l’étude FSE, mais elles existent de 0,1 % aux semences. Environ 10 % des champs de également à une faible fréquence en conséquence de cette région étaient occupés par des variétés tolérantes à l'apparition de plantes spontanées issues de stocks de un herbicide et génétiquement modifiées. Il est graines commerciales d'origine nord-américaine intéressant de noter qu'en Ecosse, des types contenant des impuretés d'OGM. Lorsque l'on recherche d'association variétale comprenant 80 % de plantes mâle- de faibles fréquences de semences d'OGM sur et autour stériles et 20 % de plantes mâle-fertiles étaient des sites de l’étude FSE, il convient d'être prudent car également cultivées à cette période. Depuis lors, ce elles peuvent provenir de ces autres sources. Les sites de mélange est devenu moins populaire parce qu'une faible l’étude FSE où nous avons mesuré le flux de gènes pollinisation signifiait un faible rendement au cours étaient à environ 2 heures et demi de voiture au nord de d'une mauvaise année. Dans cette région, trois champs notre base et, le travail étant très intense, nous avons se composaient d'associations variétales, qui, parce que travaillé à partir d'un cottage et d'une caravane sur ce leur source de pollinisation était plus faible, présentaient site. Sur la Figure 3, les champs de colza tolérant à un des niveaux supérieurs de flux de gènes que les champs herbicide et modifié génétiquement sont en noir et les mâle-fertiles. Elles acceptaient plus de pollen extérieur. champs commerciaux non-OGM sont en jaune. Notre De façon surprenante, elles correspondaient objectif était d'observer le flux de gènes d'un ensemble raisonnablement à nos estimations grossières issues des de champs à un autre. Nous avons utilisé une grille de travaux antérieurs (Ramsay et al., 2003). Bien que mesure de pièges à insectes, des plantes mâle-stériles et fortement en dessous de 1 % d'impuretés d'OGM, elles diverses observations dans la région. Si les agriculteurs étaient à 0,1 % ou au-dessus. Il est clair qu'une grande le souhaitaient, nous avons prélevé des échantillons de quantité de pollen d'OGM d'essai entrait dans les leurs champs conventionnels. A l'évidence, ce sujet est champs d'association variétale. relativement sensible. Certains agriculteurs ne veulent pas savoir si des plantes tolérantes à un herbicide et J'aimerais souligner le fait que ces données sont génétiquement modifiées se trouvent dans leurs champs. provisoires. Cependant, nous souhaitions quand même débattre de ces informations avec les scientifiques Nous ne décrirons pas cet important ensemble de présents à cette réunion et avec d'autres personnes que mesures en détails, car il n'a pas été intégralement cela intéresse réellement. Nous sommes persuadés que analysé. Nous allons, par contre, décrire des exemples ces résultats sont corrects. spécifiques du flux de gènes entre les champs. Nous aimerions également vous rappeler que ces travaux n'ont pas été publiés. A partir des graphiques de la recherche existante, nous avons ajouté les nouvelles découvertes pour donner une image plus complète. Nous avons exposé les semences à un herbicide (glufosinate ammonium) et avons testé les survivantes pour détecter la présence du transgène. En utilisant comme exemple cinq champs de variétés mâle-fertiles, nous avons découvert que les moyennes par champ étaient supérieures à ce que nous avions prédit par extrapolation à partir de parcelles témoins. I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE IV. Résumé Dans des champs entiers, le pourcentage de pollinisation moyenne était généralement inférieur à 0,1 %. Cela signifie que sur les semences produites dans un champ moyen, moins de 0,1 % contiendrait des gènes extérieurs. La surface maximale des champs d'origine dans toutes ces études était d'environ 10 % de la zone totale de champs dans un carré de 10 x 10 km. S'il y avait plus de champs tolérants à un herbicide et génétiquement modifiés dans une zone, enregistrerait-on alors plus de pollinisation croisée entre champs ? En raison de la nature régionale du flux de gènes, on s'attendrait à une augmentation. Cependant, ce n'est pas certain. Le croisement à partir de champs vers des champs d'association variétale et des parcelles férales est probablement supérieur aux valeurs citées ci-dessus. D'autres recherches sont nécessaires pour vérifier les estimations. 8,9 pages Si l'impureté ne se produit qu'en résultat de la pollinisation, et qu'il existe un seuil autour de 1 %, ces résultats indiquent que les cultures d'OGM et de non-OGM pourraient probablement coexister. Cela signifie qu'un agriculteur qui souhaite faire pousser du colza oléagineux non-OGM (jusqu'à un seuil d'environ 1 % de plantes génétiquement modifiées) pourrait le faire même si des agriculteurs des alentours cultivaient des plantes génétiquement modifiées, si aucune semence d'OGM n'était introduite dans le champ par les machines. Cette conclusion peut ne pas être valable si l'agriculteur souhaite R faire pousser des plantes génétiquement modifiées une année et des cultures non-OGM l'année suivante dans le même champ. Les plantes spontanées issues des plantes génétiquement modifiées fourniraient un plus grand risque d'impuretés que n'en apporterait dans le champ le croisement par du pollen extérieur seul. Nous avons eu la chance de disposer des sites de l’étude Farm Scale Evaluation comme source supplémentaire de pollen pour les études sur le flux de gènes. Les sites de l’étude FSE nous permettront d'estimer le flux de gènes sur la totalité d'un champ dans un contexte plus étendu. En 2003, nous avons choisi sept régions du Royame-Uni pour estimer le flux de gènes à partir des sites de l’étude FSE tolérant à un herbicide et génétiquement modifié vers les champs non-OGM dans un rayon de cinq kilomètres. Ce projet se déroule en coopération avec le Centre for Ecology and Hydrology, Rothamsted Research, le National Institute for Agricultural Botany, le Central Science Laboratory et l'ADAS. Etant donné l'échelle à laquelle est mené ce projet, nous n'attendons pas de résultats avant la fin de l'année 2004. Nous pensons que la science peut répondre aux questions de cette nature. Nous devons comprendre les limites et l'étendue de nos méthodes. REMERCIEMENTS Nous remercions chaleureusement le DEFRA et le SEERAD qui ont soutenu les travaux décrits ici. E F E R E N C E S ◆ C h a r t e r s , Y. M . , R o b e r t s o n , A . , W i l k i n s o n , M . J . & ◆ Squire, G.R, Augustin, N., Bown, J., Crawford, J.W., Ramsay, G. (1996). PCR analysis of oilseed rape cultivars Dunlop, G., Graham, J., Hillman, J.R., Marshall, B., (Brassica napus L. ssp. oleifera) using 5' anchored simple M a r s h a l l , D . , Ra m s ay, G . , Ro b i n s o n , D . J . , R u s s e l l , J . , sequence repeat (SSR) primers. Theoretical and Applied T h o m p s o n , C . & Wr i g h t , G . ( 2 0 0 0 ) . G e n e f l ow i n th e Genetics 92, 442-447.e. environment - genetic pollution? Annual Repor t of the Scottish Crop Research Institute 1999-2000, 45-54. ◆ D E F R A ( 19 9 9 ) . I n ve st i ga t i o n o f fe r a l o i l s e e d r a p e populations. Genetically modified organisms research ◆ Squire, G.R., Begg, G.S. & Askew, M. (2003). DEFRA r e p o r t ( N o . 12 ) . D e p a r t m e n t o f t h e E n v i r o n m e n t , Final Report: RG0114. The potential for oilseed rape feral Transport and the Regions, London, pp. 93. (volunteer) weeds to cause impurities in later oilseed rape crops. 27pp. ◆ Ramsay, G., Thompson, C.E. & Squire, G.R. (2003). [http://www.defra.gov.uk/environment/gm/research/pd DEFRA Final Report: RG0216. Quantifying Landscape- f/epg_rg0114.pdf scale Gene Flow in O i l s e e d R a p e . 4 8 p p . [www.defra.gov.uk/environment/gm/research/pdf/epg_rg02 16.pdf] ◆ Squire, G.R, Char ters, Y.M, Rober tson, A. & Mackay G.R. (1999). Distribution, persistence, and geneflow of oilseed rape in the Tayside study area. Proceedings Crop Protection in Northern Britain, 109-114. I DISPERSION DU POLLEN SUR DE LONGUES DISTANCES ET RÔLE DES INSECTES IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE P RÉSENTATION DES DONNÉES DE DISPERSION LONGUE DISTANCE DES PLATES - FORMES ICTA CHRISTOPHE SAUSSE - CETIOM Je vais présenter quelques résultats de dispersion à longue distance à partir des plates-formes ICTA situées à Toulouse, Dijon et Châlons-en-Champagne (Champolivier et al., 1999). Je vous présenterai également les données obtenues à partir des essais de démonstration et d’évaluation qui ont eu lieu en 1996, 1997 et 1998 dans le cadre du programme FACTT. I. Quelques études sur le sujet Je voudrais tout d’abord rappeler quelques études portant sur ce sujet. La question a été abordée, notamment en Australie avec du colza tolérant à un herbicide mais non génétiquement modifié en condition de production (Rieger et al., 2002). D’autres travaux ont été menés également en Angleterre (Scheffler et al., 1995, Ramsay et al., 2003). Ceux évoqués par Monsieur Squire en font partie (Ramsay et al., 2003). Ils ont montré que les flux de pollen à très longue distance sont possibles, et ont souligné le rôle des insectes. II. Principaux facteurs de variation Les principaux facteurs de variation de la dispersion à longue distance pour le pollen sont : ◆ la distance ; ◆ le synchronisme de floraison entre le colza émetteur et le colza récepteur ; ◆ la nature de la variété réceptrice. (Nous avons vu que les composites hybrides / lignées sont davantage sensibles aux flux de pollen en tant que récepteurs que les simples lignées) ; ◆ l’agencement des parcelles dans le paysage et la taille relative des sources et puits de pollen ; ◆ les conditions d’environnement locales, c'est-à-dire la topographie ; ◆ le climat – qui pourrait expliquer les variations interannuelles ; ◆ la pollinisation par les insectes. Des enquêtes ont été menées sur les parcelles situées autour des expérimentations ICTA et FACTT. Des prélèvements ont été réalisés entre 1997 et 1999 autour des plates-formes ICTA. Nous avons ainsi obtenu onze situations, sachant qu’une parcelle correspond à une année. Nous avons enquêté sur 79 situations autour des expérimentations FACTT. Plusieurs facteurs de variation ont été pris en compte dans cette enquête. Sur les parcelles FACTT, seules les variétés tolérantes au glufosinate ont été testées. Il s’agit principalement de variétés d’hiver quoique quelques essais aient été réalisés avec des variétés de printemps. La taille des champs d’expérimentation était assez variable. Des pièges à pollen ont été implantés autour des essais. Les parcelles réceptrices étaient distantes de 20 à 3 500 mètres. Les champs récepteurs mesuraient 0,8 à 29,2 hectares avec des lignées ou des associations variétales, c'est-à-dire des composites hybrides / lignées. Pour les essais ICTA, trois systèmes de tolérance ont été testés : glufosinate, glyphosate et oxynils. Ces trois systèmes ont été utilisés de façon similaire en 1997 et en 1998. En 1999, le glufosinate et le glyphosate ont été davantage utilisés. La taille des parcelles représentait 9 000 à 15 800 mètres carrés, soit environ un hectare. Aucun piège à pollen n’a été utilisé. Les parcelles réceptrices étaient distanciées de 200 à 900 mètres. Les parcelles réceptrices contenaient soit des lignées, soit des composites hybrides / lignées. Les superficies variaient de 0,8 à 17 hectares. III. Estimation du taux de pollinisation croisée Des échantillons de grains ont été prélevés sur les parcelles réceptrices sur des plots de 3 m2. Les échantillons ont été prélevés sur les bords des parcelles, orientés vers la passerelle émettrice, avec des plots de prélèvement de 0 à 9 mètres. Sur les plates-formes, les trois systèmes de tolérance glufosinate, glyphosate et oxynils - ont été testés, et les résultats présentent le cumul des trois tolérances. I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE Le taux de pollinisation croisée a été déterminé à partir d’un indicateur évaluant la tolérance des plantules suite à un re-semis en champ. Un échantillon moyen de 123 000 graines a été utilisé pour chaque situation. IV. Résultats Les résultats obtenus à partir des plates-formes ICTA montrent des taux de tolérance assez variés. Un point, correspondant à une association variétale, ressort (Figure 1). Les résultats FACTT montrent une grande variabilité. Les taux peuvent atteindre 1 %, mais ils sont souvent nuls (aucune plantule tolérante n’a été trouvée dans ces situations). Une décomposition par type de facteur de variation montre que les composites hybrides / lignées sont plus sensibles aux flux de pollen que les lignées, hormis un point à 1 %. taux de plantes tolétantes (10 g) 10,11 pages En isolant l’influence de la taille relative de la source de pollen et du puits de pollen, on constate que plus la source de pollen est importante par rapport au puits, plus le phénomène de pollinisation croisée est fréquent (Figure 2). Il existe clairement une différence entre les points ou le rapport est inférieur à 2 % et ceux où le rapport est supérieur à 17 %. Plus la taille de la source est importante par rapport au puits, plus les phénomènes de dispersion à longue distance semblent importants. V. Conclusion Nous ne pouvons pas conclure définitivement car il ne s’agit que d’un dispositif d’enquête. De nombreux facteurs de variation existent et il est difficile de les isoler. Nous pouvons toutefois mettre en évidence des résultats portant sur quelques cas proches de la production. Nous voyons ainsi une importante variabilité du taux de pollinisations croisées. La taille de la source et du puits de pollen ont un effet sur les essais FACTT. Ces données de terrain seront utiles dans le cadre des travaux en cours sur la modélisation des flux de pollen. 1,00 E + 00 CHL 1,00 E - 01 r < 0,375 1,00 E - 02 r > 0,375 1,00 E - 03 1,00 E - 04 0 0 200 400 600 800 1000 distance (m) F IGURE 1 : FLUX DE POLLEN EN FONCTION DE L A DISTANCE ET DU R ATIO R = SURFACE RÉCEPTRICE / ÉMETTRICE ENTOURÉ CORRESPOND À LA SEULE SITUATION OU LA VARIÉTÉ RÉCEPTRICE EST UN COMPOSITE HYBRIDE - LIGNÉE . ( DONNÉES ICTA). L E POINT taux de plantes tolétantes (10 g) IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE 1,00 E + 00 1,00 E + 01 r < 0,02 r < 0,05 r < 0,17 r > 0,17 1,00 E - 02 1,00 E - 03 1,00 E - 04 1,00 E - 05 0 0 500 1000 1500 distance (m) FIGURE 2 : FLUX DE POLLEN 56 OBSERVATIONS RENSEIGNÉES E N F O N C T I O N D E L A D I S TA N C E E T D U R AT I O R = S U R FAC E R É C E P T R I C E / ÉMETTRICE ( D O N N É E S FAC T T ; POUR LA VARIABLE SURFACE ) B I B L I O G R A P H I E ◆ Lutman P.J.W. (2003) Co-existence of conventional, organic oilseed rape (Brassica napus). Using a herbicide resistance and GM crops – role of temporal and spatial behaviour of transgene as a selectable marker. Plant Breeding 114 (4): 317- seeds. Proceedings of GMCC : 33-42. 321. ◆ Pekrun C., Hewitt J.D.J. & Lutman P.J.W. (1998). Cultural ◆ Champolivier J., Gasquez, J., Messéan A. and Richard- control of volunteer oilseed rape (Brassica napus). Journal of Molard, M., 1999. Management of transgenic crops within the Agricultural Science (Cambs.), 130 : 155-&63. c r o p p i n g s y s t e m . I n : L u t m a n P. ( E d . ) G e n e f l o w a n d Agriculture: Relevance for transgenic crops. BCPC Symposium ◆ Ramsay G., Thompson C., Squire G., (2003) Quantifying Proceedings n° 72, p. 233-240. landscape-scale gene flow in oilseed rape. Final report of the DEFRA project RG 0216 : an experimental and mathematical S I G L E S study of the local and regional scale movement of an oilseed rape transgene. Department for Environment Food and Rural Affairs. ◆ Rieger M.A. et al., (2002) Pollen Mediated Movement of Herbicide Resistance Between Commercial Canola Fields. Science, vol 299 : 2385-2388. ◆ Scheffler J.A., Parkinson R., Dale P.J., (1995) Evaluating the ef fectiveness of isolation distances for fields plots of the ◆ FACTT : Familiarization with and Acceptance of Crops incorporating Transgenic Technology. Projet de démonstration q u i a é t é f i n a n c é p a r l a c o m m i s s i o n e u r o p é e n n e ( D GV I ) pendant 4 années (mars 1996 à mars 2000). ◆ ICTA : Instituts et Centres Techniques Agricoles (désigne dans le texte les 3 plates-formes inter-instituts) I I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISPERSION DU POLLEN SUR DE LONGUES DISTANCES ET RÔLE DES INSECTES M ODÉLISATION DE LA DISPERSION À LONGUE DISTANCE ETIENNE KLEIN, CLAIRE LAVIGNE, CÉLINE DEVAUX, PIERRE-HENRI GOUYON INA-PG, LABORATOIRE ESE, ORSAY I. Introduction II. Cadre général Notre étude se place dans le cadre général de la modélisation de la dispersion par le biais d’une fonction de dispersion individuelle. Celle-ci décrit la dispersion du pollen de chaque source ponctuelle autour d’ellemême. En faisant interagir cette fonction de dispersion individuelle avec une fonction décrivant la position et l’intensité des sources dans un paysage, il est possible de calculer non seulement l’intensité du nuage pollinique en chaque point du paysage (obtenu comme la somme des contributions des sources individuelles), mais aussi la composition du nuage pollinique en chacun de ces points (Figure 1). La queue de ces fonctions correspond à la manière dont elles décroissent à longue distance et donc, décrit le poids accordé aux phénomènes de dispersion à longue distance. Les fonctions de dispersion individuelles peuvent être classifiées par rapport à leur queue de dispersion : Les fonctions dites “à queue légère” décroissent plus vite qu’une exponentielle. Les fonctions “à queue exponentielle” ont une croissance du même type que les exponentielles. Les fonctions “à queue lourde” décroissent plus lentement que n’importe quelle fonction exponentielle (Clark 1998). Parmi les fonctions “à queue lourde”, il existe les fonctions “à queue géométrique” qui sont particulièrement lourdes et décroissent particulièrement lentement (aussi appelées fonctions à variations régulières, en opposition aux fonctions à variations rapides (Embrechts et al., 1997)). IV. Effet de la queue de la fonction de dispersion sur la diversité du nuage pollinique à longue distance Pour mesurer l’effet de la queue de la fonction de dispersion sur la diversité du nuage de pollen à longue distance, nous présentons ici le cas de deux sources ponctuelles dans un espace unidimensionnel – appelées A et B – qui émettent la même quantité de pollen et dispersent suivant la même fonction de dispersion individuelle. Nous nous intéressons alors à la proportion de grains de pollen issus de A reçus en chaque point x de l’espace, et en particulier à longue distance. Avec une fonction à queue légère, quand x grandit et tend vers + , la proportion de pollen issu de A décroît et tend vers 0. Avec une fonction exponentielle, elle reste constante entre 0 et 0,5. Avec une fonction à queue lourde, elle croît et tend vers 0,5 (Figure 2). Ces résultats sont surprenants. Nous nous attendions en effet à ce que deux sources proches soient perçues à longue distance comme une source comprenant un mélange homogène de A et de B, ce qui n’est vrai que pour les fonctions à queue lourde. 8 12,13 pages Nous sommes aujourd'hui convaincus que la dispersion du pollen de colza se fait fréquemment sur plusieurs centaines de mètres, voire quelques kilomètres (Timmons et al., 1996 ; Rieger et al., 2002). Au-delà de ce constat, nous aimerions réaliser un travail plus quantitatif de modélisation de cette dispersion à longue distance par le biais d’une fonction de dispersion. Nous présentons ici quelques résultats sur l’effet de la queue de cette fonction de dispersion sur deux phénomènes : d’une part, sur le mélange de pollen de différentes sources à longue distance, d’autre part, sur l’effet de la taille d’une source sur la pollution qu’elle peut engendrer à longue distance. Nous reviendrons ensuite sur des données issues d’un champ expérimental et déjà publiées (Lavigne et al.,1998) pour établir une estimation des fonctions de dispersion et apporter une réponse sur le type de fonction de dispersion à utiliser dans le cas du pollen de colza. dispersion du pollen. Il existe toutefois d’autres modèles (Tableau 1) : ◆ l’exponentielle d’une puissance de la distance où le paramètre b est un paramètre de forme permettant de moduler l’importance de la dispersion à longue distance ◆ un modèle à décroissance géométrique où la quantité de pollen décroît comme une fonction d-c, avec également un paramètre de forme, c. ◆ d’autres modèles apparentés que nous ne présenterons pas dans le détail. III. Fonction de dispersion individuelle De nombreux modèles existent dans la littérature pour décrire la décroissance de la quantité de pollen à longue distance. Le modèle généralement utilisé considère une fonction exponentielle décroissante pour décrire la IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE A l’inverse, pour les fonctions à queue légère, la source B masque tout ou partie de la source A. Cette propriété pourrait par exemple avoir des conséquences sur la possibilité ou la manière d’isoler des champs OGM en disposant des écrans de champs non OGM entre la source et les champs à “protéger”. Afin de prouver que ces résultats ne sont pas purement théoriques, considérons cette même question de la diversité du nuage pollinique dans le cas plus réaliste d’un paysage agricole. Dans un paysage de quelques dizaines de km2 centré sur Selommes (41), nous avons simulé la dispersion du pollen des différents champs de colza de la région, dont nous connaissions la position, la variété et la superficie. Nous nous intéressons alors à la diversité du nuage pollinique (en terme de diversité variétale) en 16 points-puits (ou capteurs) localisés dans ce paysage. Nous utilisons pour ces simulations trois fonctions de dispersion, ajustées sur les données prélevées en champ expérimental (Lavigne et al., 1998), issues des trois modèles différents (exponentielle, exponentielle-puissance, et géométrique). Les résultats présentés sur la Figure 3 montrent clairement les différences de prédictions entre les trois fonctions de dispersion utilisées. Pour une fonction exponentielle, on prédit généralement qu’il n’existe qu’une seule variété dans le nuage pollinique des différents capteurs. Cela signifie que seul le champ le plus proche du capteur contribue au nuage pollinique. Pour les fonctions à queue lourde en revanche, on retrouve plusieurs variétés au sein du nuage pollinique, ce qui signifie que plusieurs champs situés dans le voisinage du capteur contribuent à son nuage pollinique. En comparant les prédictions obtenues avec le modèle exponentielle-puissance et le modèle géométrique, on constate également que l’on retrouve d’autant plus de champs contribuant significativement aux nuages polliniques des capteurs que la queue de la fonction de dispersion est lourde. Ces résultats sur le mélange de pollen issu de différentes sources dans un paysage peuvent à nouveau avoir des conséquences sur la manière de répartir dans l’espace des champs OGM et des champs non OGM si l’on cherche à réduire les flux de pollen des champs OGM vers les populations hors-champs ou vers les populations de plantes sauvages apparentées. V. Effet de la taille d’une source sur la contamination à longue distance Savoir si la taille d’un champ a un effet sur la quantité de pollen qu’il envoie en un point donné, et connaître l’importance de cet effet restent des questions non résolues clairement. Pour y apporter un début de réponse, considérons dans un espace unidimensionnel un capteur à une distance X d’une source de longueur L. Nous étudions alors comment la quantité de pollen reçu sur le capteur dépend de la longueur de la source L. En particulier, nous nous intéressons à ce qui se passe quand X et L sont grands par rapport à la distance de dispersion moyenne, ce qui correspond au cas de la dispersion à longue distance à partir de champs de tailles conséquentes. Les résultats présentés sur la Figure 4 montrent que quand X et L sont grands, la taille de la source n’a plus d’effet à longue distance pour les fonctions de dispersion à queue légère, à queue exponentielle et même pour les fonctions de dispersion à queue lourde mais non géométrique. A l’inverse, pour les fonctions à queue géométrique, la taille de la source a un effet sur la quantité de pollen reçue à longue distance : plus la source grandit, plus la quantité de pollen reçue augmente. Nous avons également montré ces résultats de manière analytique. Cette propriété pourrait, elle aussi, avoir des conséquences sur la manière d’isoler les champs OGM par la distance en relation avec le type de fonction de dispersion de l’espèce considérée. Dans le premier cas, il semble inutile d’adapter la distance à la taille de la source tandis que cela est nécessaire dans le cas des fonctions à queue géométrique. VI. Fonction de dispersion adaptée au pollen de colza Il reste à savoir si l’on est capable de déterminer quelle fonction de dispersion pourrait correspondre au pollen de colza. Nous avons donc utilisé des données de dispersion obtenues en champ expérimental à Rennes, à partir d’une parcelle de colza résistant à un herbicide. Cette parcelle de 10x10 m était située au centre d’un champ de colza conventionnel d’environ un hectare, sensible à l’herbicide correspondant. En différents points du champ, les proportions de grains de pollen issus de la source de colza résistant dans le nuage pollinique ont été mesurées en utilisant des plantes capteurs (mâlestériles et mâle-fertiles) (Lavigne et al., 1998). Nous avons ajusté sur ces données les différents modèles de fonction de dispersion individuelle présentés précédemment (Tableau 1) I COMMISSION DU 14,15 pages Génie BIOMOLÉCULAIRE Le modèle exponentiel, avec un score de 7 236, est bien moins satisfaisant que les autres modèles, ce qui montre qu’une exponentielle décrit mal la dispersion du pollen de colza dans cette expérimentation. Par ailleurs, le modèle exponentielle-puissance, plus flexible puisqu’il permet d’obtenir aussi bien une fonction à queue légère qu’une fonction à queue lourde, donne une estimation du paramètre de forme b égale à 0,14, ce qui correspond à une queue lourde. Enfin, le modèle logistique, qui présente une queue géométrique, apparaît comme le modèle qui donne le meilleur ajustement aux données. D’après ces trois constats, il semble donc clair que la modélisation de la dispersion du pollen de colza nécessite l’utilisation d’une fonction à queue lourde. Mais les cinq modèles capables d’obtenir une queue lourde donnent des scores de log-vraisemblance relativement proches. Ces données ne permettent donc pas de déterminer clairement quels modèles, à queue lourde ou à queue géométrique, sont les plus adéquats pour modéliser la dispersion du pollen de colza. Cette ambiguïté est manifeste si l’on observe les fonctions ajustées sur ces données (Figure 4). Sur la gamme de distance présente dans l’expérience – 0 à 50 mètres – les fonctions géométrique et exponentiellepuissance obtenues sont très similaires. En revanche, la fonction exponentielle sous-estime nettement la dispersion à longue distance. Mais la proximité entre la fonction exponentielle-puissance et la fonction géométrique disparaît lorsque l’on extrapole la contamination à longue distance. A un kilomètre, il existe en effet trois ordres de grandeur de différence entre les fonctions de dispersion exponentielle puissance et géométrique ajustées sur ces données. R VII. Conclusion Dans cette étude, nous avons voulu mettre en avant l’existence de trois types de fonctions de dispersion : ◆ les fonctions à queue légère et à queue exponentielle ; ◆ les fonctions à queue lourde ; ◆ les fonctions à queue géométrique. Ces trois types de fonctions ont des comportements différents vis-à-vis de deux questions centrales abordées ici : la diversité du nuage pollinique lorsque plusieurs sources sont présentes et l’effet de la taille d’une source sur la quantité de pollen reçue en un point éloigné. Ces résultats, bien que très généraux et théoriques, peuvent nous aider à réfléchir aux méthodes d’isolement des champs OGM dans un paysage comprenant également des champs non-OGM et des populations hors-champs. Ils nous montrent également que les analyses de données de dispersion de pollen issues d’expérimentations doivent chercher à discriminer ces différents types de fonctions si l’on cherche une fonction permettant de faire des prédictions dans des situations variées. Ce dernier point reste difficile à élucider puisqu’en partant des données d’expérimentation en champ, il nous a été impossible de décider lequel des trois types de fonctions de dispersion individuelles était le plus pertinent pour modéliser la dispersion du pollen de colza : s’il est clair qu’une fonction à queue lourde doit être utilisée pour décrire la dispersion du colza, nous ne parvenons pas à trancher entre un modèle à queue lourde non géométrique et un modèle à queue géométrique. Nous devrons certainement développer dans le futur des expériences à l’échelle du paysage, comme celle qu’a présentée Geoff Squire (Squire, présent document), pour mieux comprendre et/ou caractériser la dispersion du pollen à longue distance. E F E R E N C E S ◆ Clark J.S. (1998) Why trees migrate so fast: confronting and Applied Genetics, 96, 886-896 theory with dispersal biology and paleorecord. American ◆ Rieger M.A., Lamond M., Preston C., Powles S.B., Naturalist, 152, 204-224 R o u s c h R . T. ( 2 0 0 2 ) P o l l e n - m e d i a t e d m o v e m e n t o f ◆ E m b r e c h t s P. , K l ü p p e l b e r g C . , M i ko s c h T. ( 19 9 7 ) herbicide resistance between commercial Canola fields. Modelling extremal events (for insurance and finance). Science, 296, 2386-2388 Springer-Verlag, Berlin. ◆ Timmons A.M., Charters Y.M., Crawford J.W., Burn D., ◆ Lavigne C., Klein E.K., Vallée P., Pierre J., Godelle B., S c o t t S . E . , D u b b e l s S . J . , W i l s o n N . J . , Ro b e r t s o n A . , Renard M. (1998) A pollen-dispersal experiment with O'Brien E.T., Squire G.R., Wilkinson M.J. (1996) Risks from transgenic oilseed rape. Estimation of the average pollen transgenic crops. Nature, 380, 487 dispersal of an individual plant within a field. Theoretical IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE INTENSITY INDIVIDUAL DISPERSAL FUNCTION B A F I G U R E 1. M O D É L I S A T I O N DU NUAGE P O L L I N I Q U E À PA R T I R D E L ’ U T I L I S AT I O N D’UNE FONCTION INDIVIDUELLE. DE LA DISPERSION FONCTION DE DISPERSION INDIVIDUELLE REPRÉSENTÉE EN INTENSITY AND COMPOSITION OF THE POLLEN CLOUD A) MODÉLISE L A PROPORTION DU POLLEN ÉMIS PAR UNE SOURCE PONCTUELLE REÇU EN CHAQUE POINT DU VOISINAGE. FONCTION REPRÉSENTÉE EN B) UNE DÉCRIT LES P O S I T I O N S D A N S L E PAY S A G E E T L E S INTENSITÉS DES SOURCES PONCTUELLES QUI ÉMETTENT DU POLLEN . CES DEUX FONCTIONS, EN UTILISANT ON CALCULE L’ I N T E N S I T É D U N U A G E P O L L I N I Q U E E N ( REPRÉSENTÉE FIGURE C) ET LA CHAQUE POINT DU PAYSAGE POSITIONS C EN NOIR DANS L A C O M P O S I T I O N D U N UAG E P O L L I N I Q U E E N C H AQ U E P O I N T (UN EXEMPLE EST DONNÉ PAR LA BARRE MULTICOLORE DE LA -5 -10 A B 5 FIGURE C). 10 POLLEN FROM A - PROPORTION 1 FIGURE 2. DIVERSITÉ -0,5 DU NUAGE POLLINIQUE À LO N G U E D I S TA N C E D E SOURCES PONCTUELLES POLLEN (HAUT). DE A A 2 ET SOURCES. B DEUX DISPERSENT DU LA PROPORTION DE POLLEN ISSU DA N S L E N UAG E P O L L I N I Q U E E S T REPRÉSENTÉ EN CHAQUE POINT DE L’ESPACE (BAS) POUR TROIS FONCTIONS DE DISPERSION 0 -20 -10 AB 20 10 I N D I V I D U E L L E S : G AU S S I E N N E ( R O U G E ), EXPONENTIELLE (NOIR) ET GÉOMÉTRIQUE (B LEUE ). L ES TROIS FONCTIONS UTILISÉES DONNENT LA MÊME DISTANCE DE DISPERSION MOYENNE ÉGALE À 2. I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE Exponential power Exponential (fitted on field experiment data) (fitted on field experiment data) 1 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 4 1 1 1 3 0,3 0,2 0,1 16,17 pages Composition of the pollen cloud 0 6 10 12 Geometric (fitted on field experiment data) 0,9 0,8 0,9 0,8 0,7 0,7 0,6 0,6 0,5 0,5 3 2 2 3 3 3 1 2 5 1 4 7 2 1 2 4 0,4 0,3 0,3 0,2 0,2 0,1 0,1 0 4 2 6 8 10 12 14 FIGURE 3. DIVERSITÉ 2 16 LES 16 4 6 8 10 12 14 16 Bait plant DU NUAGE POLLINIQUE DANS UN PAYSAGE AGRICOLE. UNE COULEUR INDIQUANT LA VARIÉTÉ CULTIVÉE (EN HAUT À GAUCHE). 14 5 3 4 4 4 4 3 4 9 5 5 10 4 3 3 5 Bait plant ROUGES. 8 Exponential power 1 0 4 (fitted on field experiment data) 1 0,4 2 LES LES CHAMPS DE COLZA AU VOISINAGE DE POSITIONS DE 16 SELOMMES SONT POSITIONNÉS ET REPRÉSENTÉS AVEC CAPTEURS PLACÉS DANS LE PAYSAGE Y SONT REPRÉSENTÉES PAR DES POINTS PROPORTIONS PRÉDITES DES DIFFÉRENTES VARIÉTÉS DANS LES NUAGES POLLINIQUES DE CHAQUE CAPTEUR SONT REPRÉSENTÉES (NUMÉRO DU CAPTEUR EN ABSCISSE, FRÉQUENCES EN ORDONNÉES, UNE COULEUR PAR VARIÉTÉ). CES PRÉDICTIONS ONT ÉTÉ RÉALISÉES AVEC TROIS FONCTIONS DE DISPERSION AJUSTÉES SUR LES RENNES : EXPONENTIELLE (EN HAUT À DROITE), EXPONENTIELLE PUISSANCE (EN BAS À GAUCHE) ET GÉOMÉTRIQUE (EN BAS À DROITE). ON A ÉGALEMENT INDIQUÉ POUR CHAQUE CAPTEUR ET CHAQUE MODÈLE LE NOMBRE DE VARIÉTÉS CONTRIBUANT À PLUS DE 1% DU NUAGE POLLINIQUE (NOMBRES EN NOIR). DONNÉES EN CHAMP EXPÉRIMENTAL ACQUISES À IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE A MOUNT OF POLLEN RECEIVED BY THE SINK ( UP TO A CONSTANT ) G AUSSIAN E XPONENTIAL X =5 X =2 0,001 X =4 -6 X =6 1.X10 1.X10 -9 0,00001 X =8 L 15 25 35 X =25 -14 X =35 X =45 1.X10 -20 45 5 X =5 X =15 0,002 0,0001 X =25 0,0005 0,00001 X =35 0,0002 15 25 EXPONENTIAL FIGURE 4. EFFET 35 45 X =15 X =25 X =35 0,0001 X =45 5 25 X =5 0,001 1.X10 -6 L 15 0,01 0,005 0,01 0,001 1.X10 -11 1.X10 -17 X =10 5 X =15 1.X10 1.X10 -12 1.X10 -15 1.X10 -8 X =45 L 35 45 POWER B=5 DE LA TAILLE DE LA SOURCE DE POLLEN. L 5 15 25 35 GÉOMETRIC 45 C=3 POUR DIFFÉRENTES TAILLES DE SOURCE L (EN ABSCISSES), DIFFÉRENTES DISTANCES DE LA SOURCE X, ET (GAUSSIENNE, EXPONENTIELLE, EXPONENTIELLE PUISSANCE ET GÉOMÉTRIQUE) ON A REPRÉSENTÉ LA QUANTITÉ DE POLLEN REÇUE DE LA SOURCE PAR LE CAPTEUR POSITIONNÉ EN X (EN ORDONNÉES, À UNE CONSTANT MULTIPLICATIVE PRÈS ET SUIVANT UNE ÉCHELLE LOGARITHMIQUE). LES QUATRE FONCTIONS DE DISPERSION UTILISÉES ONT LA MÊME DISTANCE DE DISPERSION MOYENNE ÉGALE À 1. DIFFÉRENTS MODÈLES POUR LA FONCTION DE DISPERSION I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE IDF D I S TA N C E 0 10 20 ( m ) 30 40 50 1.E+00 1.E-01 E XPONENTIAL 1.E-02 G EOMETRIC 1.E-03 EXPO . POWER 1.E-04 1.E-05 1.E-06 1.E-07 1.E-08 18,19 pages D I S TA N C E 0 1.E+00 1.E-01 1.E-02 1.E-03 1.E-04 1.E-05 1.E-06 1.E-07 1.E-08 1.E-09 1.E-10 1.E-11 1.E-12 1.E-13 1.E-14 1.E-15 ( m ) 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 E XPONENTIAL G EOMETRIC EXPO . POWER IDF F IGURE 5. F ONCTIONS DE DISPERSION OBTENUE PAR AJUSTEMENT SUR LES DONNÉES EN CHAMP EXPÉRIMENTAL DE R ENNES (L AVIGNE ET AL ., 1998) POUR TROIS MODÈLES PRINCIPAUX . L ES FONCTIONS EXPONENTIELLES ( NOIR ), EXPONENTIELLE PUISSANCE ( VERT ) ET GÉOMÉTRIQUE ( BLEU ) SONT REPRÉSENTÉES ENTRE 0 ET 50 M ( HAUT ), C ’ EST - À - DIRE LES DISTANCES REPRÉSENTÉES DANS L’ EXPÉRIMENTATION DE R ENNES , ET ENTRE 0 ET 1000 M ( BAS ). IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Model IDF - Ln a b c Exponential Ke exp(-ad) 7236 0.28 Gamma Kr dcexp(-d/a) 5621 20.8 Exponential Power Kep exp(-adb) 5582 15.8 0.14 Weibull Kw db-2exp(-adb) 5578 11 0.086 Geometric Kg (1+d/a)-c 5583 0.1 3.09 Logistic Kl (1+dc/a)-1 5546 32.3 3.32 2Dt K2Dt (1+d2/a)-c/2 5555 4.06 3.32 -2.51 TABLEAU 1. M ODÈLES DE FONCTIONS DE DISPERSION INDIVIDUELLES AJUSTÉS SUR LES DONNÉES EN CHAMP EXPÉRIMENTAL DE R ENNES (L AVIGNE ET AL ., 1998). P OUR CHAQUE MODÈLE , ON DONNE L’ EXPRESSION DE LA FONCTION DE DISPERSION INDIVIDUELLE À UNE CONSTANTE DE NORMALISATION PRÈS (K.), LE SCORE DE LOG - VR AISEMBLANCE RÉALISÉ PAR LE MODÈLE LORS DE L’AJUSTEMENT SUR LES DONNÉES (-L N EST L’ OPPOSÉ DE LA LOG - VR AISEMBLANCE DONC L’AJUSTEMENT EST D ’AUTANT MEILLEUR QUE –L N EST PETIT ) ET LES VALEURS ESTIMÉES DES PAR AMÈTRES ( A , B ET / OU C ). I I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISPERSION DU POLLEN SUR DE LONGUES DISTANCES ET RÔLE DES E INSECTES L RÔLE DES ABEILLES DANS LA DISPERSION EFFECTIVE DU POLLEN JACQUELINE PIERRE INRA RENNES Introduction générale Plusieurs questions se posent vis-à-vis de la pollinisation du colza par les abeilles prises au sens large (abeilles domestiques, abeilles solitaires et bourdons) : ◆ I - Quel est l’impact du colza transgénique tolérant à un herbicide sur le comportement de butinage des abeilles ? ◆ II - Quelle est la contribution des abeilles dans la pollinisation par rapport à la pollinisation par le vent ? ◆ III - Quel pourrait être le rôle des abeilles domestiques dans une dispersion à longue distance ? 20,21 pages I. Quel est l’impact du colza transgénique tolérant à un herbicide sur le comportement de butinage des abeilles ? 1. MATÉRIEL ET MÉTHODE Pour évaluer l’impact d’un OGM tolérant à un herbicide sur le comportement des abeilles, nous avons effectué deux expérimentations en plein champ dans des conditions classiques de conduite de culture. Chaque expérimentation était située dans un site très différent. Deux lignées de génotypes tolérants à un herbicide ont été testées selon un dispositif permettant leur comparaison avec leurs génotypes respectifs non OGM (Pierre et al., 2003). Le transgène conférant la tolérance (pat) considéré ici, ne vise pas la physiologie de l’insecte. Cependant, sachant que l’hypothèse de l’existence d’effets pléïotropique du transgène pour certaines caractéristiques de la plante ne pouvait être écarté a priori, nous avons effectué sur la plante des mesures concernant les facteurs susceptibles d’avoir un impact sur le comportement des insectes pollinisateurs. Ainsi, nous avons comparé chez les deux types de génotypes – contrôles ou OGM –l’évolution de la floraison, le nombre de fleurs butinables, la production des fleurs en pollen et en nectar, ainsi que la composition en sucre du nectar. En ce qui concerne les abeilles, nous avons étudié leur biodiversité, leur densité/1000 fleurs butinables. Le comportement de butinage individuel et les passages d’abeilles domestiques entre deux microparcelles contigües OGM et non OGM (selon un dispositif spécialement réservées à ce dernier type d’observation sur l’un des deux sites) ont également été observés. 2. RÉSULTATS Les résultats ont montré qu’il n’existait aucun effet pléïotropique du transgène pat sur les deux ressources (pollen et nectar). Pour chaque site, la biodiversité, la densité d’insectes / 1000 fleurs ont été identiques entre parcelles OGM et non OGM. L’étude comportementale a montré que les abeilles domestiques étaient totalement incapables de différencier les plantes transformées des plantes contrôles. 3. CONCLUSION Il pourrait en être conclu à tort que, puisque les abeilles ne font aucune différence entre le colza OGM tolérant à un herbicide et le colza non OGM, rien n’empêche que celles-ci puissent effectuer des transferts de pollen du colza OGM vers le colza conventionnel. Ce serait omettre que dans notre dispositif expérimental les parcelles OGM et non OGM étaient très proches afin d’éviter les biais dans les comparaisons. Ceci ne correspond pas à la pratique culturale pour laquelle des distances d’isolement entre parcelles sont prévues. Il est plus correct de conclure que les connaissances déjà acquises concernant le colza traditionnel seront applicables au cas de ce transgène puisque les abeilles ne différencient pas ce colza OGM du colza non OGM. En particulier nous avons quelques connaissances concernant : ◆ leur distance de vol pour se rendre sur le lieu de butinage ; ◆ leur capacité à butiner sur des aires de butinage individuelles relativement restreintes (Pierre et Renard, 1999b) ; ◆ leur constance florale individuelle ; ◆ l’impact de l’attractivité de la fleur (valeur en nectar , en pollen, forme de la fleur : Pierre et al.,1996, ; Pierre et Renard, 1999a ; Pierre,2001 ; Pierre et al., 2002a) sur les variétés traditionnelles de colza ou leurs mutants spontanés qui nous permettent de prévoir le comportement, principalement des abeilles domestiques, sur les colzas tolérants à un herbicide portant le transgène pat. Toute autre construction génétique devra être étudiée selon la méthodologie développée ici (PhamDelègue et Pierre, 2002). IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE II. Quelle est la contribution des abeilles dans la pollinisation par rapport au vent ? Le vent et les insectes sont tour à tour évoqués comme vecteur du pollen dans la pollinisation du colza. Ces deux vecteurs présentant des modalités de dispersion du pollen très différentes, il est important de chercher à déterminer quelle est la part respective de chacun dans la pollinisation. 1. MATÉRIEL ET MÉTHODE La méthodologie appliquée (Vaissière, non publié) est la suivante : ◆ Les fleurs utilisées pour l’expérience sont soit mâlestériles, soit mâle-fertiles. Ces deux types de fleurs sont traitées de deux manières: certaines sont ensachées sous tulle tandis que d’autres sont laissées en pollinisation libre. ◆ Les f leurs mâle-stériles ensachées permettent d’évaluer la pollinisation par le vent passant au travers du tulle, les fleurs mâle-stériles laissées en pollinisation libre permettent d’évaluer la pollinisation par le vent et par les insectes. ◆ Sur les fleurs mâle-fertiles, l’ensachage permet d’étudier l’auto-pollinisation et la pollinisation par le vent. L’utilisation des plantes mâle-fertiles en pollinisation libre permet d’évaluer les résultats cumulés de l’auto-pollinisation, la pollinisation par le vent et par les insectes. Par ailleurs, le coefficient de filtration du tulle vis à vis du pollen est étudié. Cette méthode présente l’avantage de faire appel à un système d’ensachage qui s’applique uniquement aux inflorescences, ce qui permet à la plante de conserver un fonctionnement physiologique quasi normal. De plus, contrairement aux essais réalisés sous cage, l’expérimentation en plein champ permet au vent et surtout aux insectes d’avoir un comportement pollinisateur sans biais. 2. CONDITIONS D’EXPÉRIMENTATION ET RÉSULTATS L’expérimentation a été réalisée dans un champ de 12000 m 2 comportant 3% de plantes mâle-stériles disposées au hasard dans le champ. Le tulle avait un coefficient de filtration de 0,58. La pollinisation a été évaluée par comptage du nombre de graines par silique. Sur les plantes mâle-stériles, la participation du vent a été de 54% et celle des insectes de 46%. La pollinisation par le vent incluant le rôle des insectes dans la mise en suspension du pollen dans l’air (Pierre et Vaissière, 2001 ; Pierre et al., 2002b). Sur les plantes mâle-fertiles, l’auto-pollinisation, c'est-à- dire la pollinisation au sein de l’inflorescence, a été de 30%, la pollinisation par le vent de 62,5% et la pollinisation par les insectes de 7,5%. Il apparaît donc bien clairement que le rôle des insectes est prépondérant principalement dans le cas de la pollinisation des plantes mâle-stériles, même lorsque celles-ci sont au contact de très nombreuses plantes mâle-fertiles et par conséquent dans un nuage pollinique très important. 3. PERSPECTIVES POUR 2004 L’an prochain, nous appliquerons la même méthodologie dans un champ présentant un dispositif en bandes alternées de manière à étudier la part du transfert de pollen dû aux insectes sur des plantes mâles-stériles et ceci en fonction de leur distance par rapport à la bande mâle-fertile. III. Quel pourrait être le rôle des abeilles dans une dispersion à longue distance ? Ce que je vous ai présenté ne concernait que la participation des insectes à la dispersion du pollen sur de très courtes distances. Or, nous devons nous intéresser également au transfert de pollen à longue distance. Un certain nombre d’éléments nous permettent de douter du rôle des insectes dans une telle transmission. 1. LES TRANSFERTS DE POLLEN À DISTANCE SELON LES CATÉGORIES D’ABEILLES Nous savons que, individuellement, les abeilles butineuses ont une très grande constance florale, voire spatiale (Pierre et Renard, 1999b). En effet, leurs aires de butinage individuelles sont très restreintes et elles reviennent toujours butiner sur le même type floral et au même endroit de sorte que leur participation à la dispersion entre deux points distants est relativement improbable. En revanche, les scout bees – ou abeilles recruteuses – qui vont explorer les champs pour prévenir leurs congénères, ont une faible constance florale. Leur constance spatiale entre deux séries de voyages est inconnue et leur aire de butinage est très large. Cette catégorie d’abeille pourrait donc éventuellement participer à des transferts de pollen à longue distance. Pour expliquer les transferts de pollen à longue distance, on peut faire également l’hypothèse de l’existence d’échanges de pollen entre butineuses ou entre scoutbees et butineuses à l’intérieur de la ruche entre deux voyages comme cela a été montré chez une plante très pollinifère, le Kiwi (Vaissière et al., 1994). I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE 2. MATÉRIEL ET MÉTHODE Pour évaluer la transmission de pollen entre abeilles à l’intérieur de la ruche, des cages pollen-proof sont disposées dans un champ de colza mâle-fertile. Des plantes de colza mâle-stériles sont semées dans ces cages. Des ruches à double entrée sont connectées sur les cages : ◆ cage 1 : la ruche est séparée en deux entre la partie extérieure et la partie intérieure de la cage, de façon à ce que les abeilles butinant à l’extérieur ou à l’intérieur de la cage ne puissent avoir que peu de contact entre elles ; ◆ cage 2 : la ruche n’est séparée que par une petite séparation de 5 cm de haut qui évite le passage direct des abeilles du champ vers la cage ; ◆ cage 3 : la ruche est exempte d’abeilles. Une grille de maillage moyen empêche tout accès. Il s’agit d’une cage témoin (pollinisation éventuelle par le vent passant dans la ruche ou par l’ouverture de la cage lors de contrôles). 22,23 pages 3. RÉSULTATS Les résultats montrent que le taux de fructification est nettement plus important dans les cages où les abeilles ont des contacts entre elles. Le nombre de graines par silique y est nettement supérieur (environ 6 contre 2,3 pour la cage témoin). Ce nombre est toutefois relativement faible (potentialité de 15 à 20 graines) car le développement des plantes mâle-stériles sous cage pollen proof est très perturbé ainsi que l’activité des abeilles. R 4. CONCLUSION Les conditions très particulières de cette expérimentation permettent très difficilement d’évaluer le niveau de risque lié à des échanges de pollen intraruche. Néanmoins, l’expérimentation montre qu’il existe des échanges entre abeilles à l’intérieur de la colonie et que ces échanges peuvent entraîner une pollinisation des plantes et notamment des plantes mâle-stériles. IV. Conclusion générale En ce qui concerne la dispersion à longue distance dans les conditions de plein champ, l’évaluation du risque est encore très difficile à établir, en particulier en raison du passage des abeilles dans des champs semés de variétés de colzas différentes ou de plantes apparentées pouvant présenter une attractivité différente pour les Abeilles (Pierre et Renard, 1999a ; Pierre et al., 2002a). Des risques de dispersion entre champ sont toutefois possibles : ◆ par le biais des scout honeybees ou abeilles domestiques recruteuses ; ◆ par les échanges de pollen intra-ruches entre abeilles domestiques ; ◆ par le biais d’autres abeilles comme les petites abeilles solitaires ou les bourdons qui sont moins fidèles à la fleur ; ◆ par le biais d’autres insectes comme les diptères ou les coléoptères (en particulier des méligèthes) dont les comportements sont mal connus. E F E R E N C E S ◆ PHAM-DELEGUE M-H., PIERRE J. (2002) Méthodologies ◆ PIERRE J. (2001) The role of honeybees (Apis mellifera) à plantes and other insect pollinators in gene flow between oilseed transgéniques sur les insectes pollinisateurs. C.R. AIP rape (Brassica napus) and wild radish (Raphanus OGM et environnement, INRA ed., 91-95. raphanistrum). Proc. 8th International Pollination ◆ PIERRE J., PIERRE J.S., MARILLEAU R., PHAM-DELEGUE Symposium (Mosonmagyarovar, Hungary), P Benedek and M-H., TANGUY X., RENARD B. (1996) Influence of the K. W. Richards eds, Acta Horticulturae, 47-51. a p e t a l o u s c h a r a c te r i n r a p e ( B r a s s i c a n a p u s ) o n t h e ◆ PIERRE J., PICAULT H., TANGUY X., RENARD M. (2001) foraging behaviour of honeybees (Apis mellifera). Plant Abondance et comportement des insectes pollinisateurs Breeding, 115, 484-487. sur du colza à fleurs fermées : incidence sur les flux de ◆ P I E R R E J . , R E N A R D M . , 19 9 9 a . P l a n t d eve l o p m e n t gènes. Colloque de la Société Française pour l’étude du mutants : incidence on honey bees behaviour and c o m p o r te m e n t a n i m a l ( S F E C A ) , 2 9 m a i -1 J u i n 2 0 01, pollination. Proc. Xth International Rapeseed congress , Poitiers. 26-29 September 1999, Canberra, Australia (CD Rom, 5p) ◆ PIERRE J., VAISSIÈRE B. (2001) Pollination by airborne ◆ PIERRE J., RENARD M., 1999b. Does shor t distance pollen released by honeybees foraging. Proc. International isolation reduce pollen dispersal by honey bees? . Proc. Xth Union for the Study of Social Insects September 25-29, International Rapeseed congress, 26-29 September 1999, 2001, Berlin, Germany, 45. appliquer pour étudier Canberra, Australia (CD Rom, 5p). l’impact de IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE R E F E R E N C E S ◆ PIERRE J., PICAULT H., TANGUY X., RENARD M. (2002a) conditions. Entomologia Experimentalis et Applicata 108, La cléistogamie chez la fleur de colza empêche-t-elle la 159-168. dispersion du pollen par les insectes pollinisateurs. C.R. ◆ VA I S S I È R E B . E . , T O R R E G R O S S A J - P. , R O D E T G . , AIP OGM et environnement, INRA ed., 104-107. MALABOEUF F. (1994) Sociality and pollen flow : direct ◆ P I E R R E J . , VA I S S I E R E B . , VA L L E E P. , R E N A R D M . evidence for effective in hive pollen transfer. Abstract. (2002b) Mise en suspension du pollen par les abeilles et 12th Int. Congress IUSSI, Univ. Paris Nord, 290. incidence de ce pollen sur la fécondation. C.R. AIP OGM et environnement, INRA ed., 11-13. ◆ PIERRE J., MARSAULT D., GENECQUE E, RENARD M., CHAMPOLIVIER J., PHAM-DELEGUE M.H. (2003) Effects of herbicide tolerant transgenic oilseed rape genotypes on h o n ey b e e s a n d o t h e r p o l l i n a t i n g i n s e c t s u n d e r f i e l d I I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISPERSION DU POLLEN SUR DE LONGUES DISTANCES ET RÔLE DES INSECTES D ISCUSSION Jacqueline PIERRE Daniel EVAIN (FNAB) Vincent POUPARD (GNIS) Je voudrais poser une question à Jacqueline Pierre concernant le taux d’autofécondation. Il me semble que ces taux sont très variables selon les variétés. Or vous avez cité un taux de 30 %. Pour mémoire, les taux peuvent se situer entre 20 % et 30 % en fonction des variétés utilisées. J’aimerais savoir si une ou plusieurs variétés ont été utilisées. Jacqueline PIERRE (INRA) 24,25 pages Je n’ai utilisé qu’une seule variété. La question que vous me posez ne m’étonne pas dans la mesure où les données que je vous ai présentées vont à l’encontre des taux d’autogamie affichés habituellement et qui se situent aux alentours de 70 %. La self pollination que j’ai évoquée correspond en fait à une autonomous self pollination, c'est-à-dire à une pollinisation par le dépôt passif de pollen sur le stigmate chez la plante mâle-fertile. En effet, dans notre expérimentation, seule l’inflorescence est sous tulle. Si nous considérons la plante dans sa totalité, nous pouvons ajouter à cela la wind-pollination sur les fleurs ou les inflorescences environnantes de la même plante. Nous ne devons donc pas confondre l’auto-pollinisation et la pollinisation des fleurs sur la même plante. Au total, nous ne nous situons donc pas loin des taux d’autogamie habituels. Francine CASSE (CGB) Avant les OGM, des études ont-elles été réalisées concernant l’attractivité des différentes variétés de colza pour les abeilles ? Cette attractivité est-elle régulière ou variable ? Jacqueline PIERRE Elle est variable et dépend des variétés. Les différentes variétés peuvent être plus ou moins attractives. De manière générale, il n’existe pas beaucoup de différence entre les variétés au niveau du pollen. En ce qui concerne le nectar en revanche, il existe des différences importantes entre les variétés et certaines sont moins attractives. Certaines lignées mâle-stériles sont par ailleurs moins riches en nectar que les lignées mâle-fertiles. Francine CASSE Pour limiter les risques de transferts de gènes, suggéreriez-vous l’utilisation des variétés d’OGM les moins appétantes possibles ? Absolument. Ma question est relative aux courbes de dispersion à longue distance présentées par Monsieur Klein. Si je me réfère à l’échelle présentée, les taux de dispersion sont très faibles au regard de la problématique du choix de la fonction de queue de distribution. Le choix de la queue de dispersion est-il donc si important ? Sur les premières centaines de mètres, les courbes étaient en effet relativement cohérentes entre elles. Elles ne divergent apparemment que sur les très longues distances. Ai-je bien compris votre présentation ? Etienne KLEIN (INA-PG) Oui. Vous vous référez aux séries de courbes ajustées sur les données. La première série de courbes concerne les fonctions de dispersion ajustées sur les données se situant entre 0 et 50 mètres. J’ai donc représenté mes courbes sur ces mêmes distances. Les deux modèles différents étant ajustés sur les mêmes données, ils sont très proches. Une extrapolation de courbes, ajustées au départ sur des distances de 0 à 50 mètres, sur des distances d’un kilomètre n’est pas souhaitable. Le faible nombre de données de dispersion à longue distance nous oblige à faire ce rapprochement. En général, une extrapolation telle que celle-ci conduit à une sous-estimation de la situation réelle. Les données présentées par Monsieur Sausse n’ont pas fait l’objet de tentatives de prédiction, mais il me semble que les modèles sous-estiment les phénomènes réels. Francine CASSE Les modèles pourront être affinés lorsque des résultats plus précis existeront. Laurent HUBERT (INRA) Ma question s’adresse à Christophe Sausse. Vous avez dit que l’inf luence du climat était potentiellement responsable de variations interannuelles très fortes de la dispersion. Pourriezvous commenter ce point ? Christophe SAUSSE (CETIOM) Les facteurs de variation que vous mentionnez sont évoqués dans la littérature. Il en a notamment été question récemment lors du séminaire sur la coexistence IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE entre les cultures transgénique et traditionnelle qui s’est tenu à Copenhague. Goeffrey Squire a également évoqué ce sujet. Les variations interannuelles existent. A titre d’exemple, les abeilles ont tendance à moins se déplacer si le climat est pluvieux. Le vent pourrait également être un facteur de variation. Geoff SQUIRE (SCRI) Actuellement, je pense que l'influence de la météo est trop complexe pour que l'on puisse la comprendre dans son intégralité. Il y a trop peu de saisons de nature différente pour fournir une compréhension détaillée. Nous savons que les saisons humides et froides entraînent une réduction de l'activité des insectes et tendent à humidifier et à inf luencer les f leurs, entraînant moins de libération de pollen et moins d'activité des insectes. Selon notre expérience, ces facteurs contribuent à une pollinisation moindre sur la distance. De plus, nous savons que la libération de pollen dans le vent dépend de l'heure de la journée et des conditions météorologiques pendant une période donnée de la journée. Ainsi, on ne peut pas traiter le jour ou la semaine comme une période uniforme. Une augmentation très significative du nuage de pollen porté par le vent se produit à certaines heures de la journée et dans certaines conditions météorologiques. Selon moi, une variation météorologique affecterait la pollinisation à distance par un facteur de quatre ou cinq, ce qui n'est pas énorme. Dans le Nord du Royaume-Uni, ceci est particulièrement important pour le colza oléagineux d'hiver, le colza oléagineux à floraison précoce, qui fleurit en avril ou en mai. Parfois, il fleurit dès le début du mois d'avril alors que le pic d'insectes se produit en mai ou en juin. Par conséquent, les plantes à floraison précoce ratent le pic d'insectes. Bien que nous ne comprenions pas l'ampleur de son importance, je l'estimerais à un facteur de quatre ou cinq selon les types de conditions météo. Ceci représente l'étendue de nos connaissances. Jane LECOMTE (UPS) Je souhaiterais revenir sur la dispersion par les abeilles. Il me semble que la pollinisation par les abeilles est très importante, ce qui contribue à rendre l’estimation du risque assez difficile. Il m’a semblé que, dans le protocole avec et sans abeilles, plus de graines étaient produites lorsque les abeilles n’intervenaient pas. Est-ce exact ? Jacqueline PIERRE J’ai évoqué rapidement ce sujet. Les résultats que vous soulignez sont exacts et peuvent s’expliquer par le fait que l’ouverture de la cage contrôle – nécessaire pour vérifier notamment l’activité des abeilles et l’état des plantes – était tournée vers le champ de colza mâle-fertile. Les autres cages en revanche ont bénéficié de l’écran que constituaient les autres cages. Il ne s’agissait donc pas du témoin idéal. Nous n’avons toutefois pas enregistré de différences significatives. Jane LECOMTE Pour limiter la dispersion par les abeilles, il a été conseillé de limiter l’appétence des variétés OGM de colza résistant à un herbicide sur les abeilles. En matière d’impacts environnementaux, quelles peuvent être les répercutions sur les populations d’abeilles des mesures prises pour rendre les champs moins appétants sur les populations d’abeilles ? Jacqueline PIERRE Cela dépend en grande partie du paysage et de la période de plantation. Dans certaines régions, le colza est en effet la seule ressource de pollen et de nectar en début de printemps. Dans d’autres régions en revanche, les abeilles peuvent butiner d’autres plantes, ce qui permet de réduire de manière très significatives les incidences de cette limitation d’appétence. Par ailleurs, le nombre d’implantations de colza OGM sera limité et n’aura donc pas un impact important sur les populations d’abeilles. De plus, les populations d’abeilles domestiques sont entièrement gérées. Jane LECOMTE Les abeilles sont dans une situation très difficile actuellement. Jacqueline PIERRE Elles sont en grande difficulté pour des raisons autres que la ressource elle-même Antoine MESSEAN (CGB) J'ai une question pour Geoff. Nous avons vu dans vos chiffres sur le flux de pollen qu'il existe des similarités et des différences avec ceux présentés par Christophe SAUSSE. Quelle était la méthode d'échantillonnage dans vos champs ? I COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISCUSSION Geoff SQUIRE 26,27 pages Dans nos parcelles témoins, nous avons prélevé des échantillons surtout autour des bordures. Dans les champs, nous avons prélevé des échantillons dans un certain nombre d'endroits d'une zone d'environ un mètre carré chacun. Nous ne pouvions pas distinguer suffisamment pour pouvoir faire la moyenne du champ. A l'évidence, les plus hauts niveaux de pollinisation autour des bordures doivent se voir accorder l'importance qui leur revient. Généralement, nous partageons le champ en cellules ou en quadrats avant d'extrapoler. Nous ne nous contentons pas de faire la moyenne de toutes les mesures mais nous essayons de comprendre la variation avant d'extrapoler. La méthode d'échantillonnage pourrait donner différents résultats. Entre deux champs, il convient de pondérer différents secteurs du champ pour calculer une moyenne pour tout le champ. En raison de la variation spatiale, il n'y a pas de moyen logique de faire la moyenne. L'un des principaux objectifs de nos travaux les plus récents est d'établir la meilleur méthodologie d'échantillonnage et de calcul de moyenne. A cet égard, il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Antoine MESSEAN En second lieu, la conclusion semble indiquer un flux de gènes inférieur à 0,1%. Ce niveau prend-il en compte les impuretés d'OGM dans les semences et les plantes spontanées ? Geoff SQUIRE Absolument. Antoine MESSEAN D’après ce que je comprends, votre essai a duré tois ans, mais vous ne présentez que les résultats de l’an dernier. Geoff SQUIRE Nous avons observé les spontanées sur de nombreuses années et nous pouvons mesurer et modéliser cette contribution. Nous n'avons pas fourni de flux génétique au cours des années précédentes car nous manquions de financement. Généralement, le colza oléagineux est cultivé dans un champ par an. Ainsi, la pollinisation peut uniquement être mesurée tous les trois ans. De même, sur six ans, elle serait mesurée deux fois. Il est possible de calculer le taux de décroissance des spontanées qui contiennent des OGM et de le comparer aux nouvelles semences d'OGM qui entrent dans le champ la fois suivante. Selon nos estimations, il serait toujours inférieur à la valeur indiquée. A l'évidence, si l'on prend en compte les impuretés dans les semences, la valeur augmentera. Dans cette région du monde, en moyenne, tant que le flux de gènes et les impuretés se trouvent uniquement dans les semences semées, l'on reste en-dessous de 1 % pendant longtemps. Si les spontanées sont prises en compte, en ajoutant des plantes non modifiées génétiquement à un champ d'OGM, l'on n'atteint pas 1 %. Dans notre zone, le taux de décroissance pour les spontanées est assez faible. Ainsi, il y a une grande différence entre une personne cultivant des OGM et passant ensuite aux non-OGM au bout de trois ou six ans. Par rapport aux résidus de plantes spontanées, la pollinisation croisée sera faible. Il y a une grande différence entre un agriculteur qui n'a jamais cultivé de plantes modifiées génétiquement et ne reçoit d'impuretés que par le pollen ou les semences, et un agriculteur qui a cultivé des plantes modifiées génétiquement et trouve des impuretés en raison des plantes spontanées. Selon nous, un agriculteur qui a fait pousser des plantes modifiées génétiquement aura des difficultés à atteindre un seuil dans un délai raisonnable. A l'inverse, un agriculteur qui n'a jamais cultivé de plantes modifiées génétiquement devrait pouvoir atteindre ce seuil. A l'évidence, nous considérons le pollen de plante spontanée dans toute évaluation. Georges PELLETIER (CGB) Si nous nous projetons dans le passé, nous pouvons nous interroger sur le comportement des abeilles lorsque le colza était beaucoup plus rare, il y a 40 ans. Si nous nous projetons dans l’avenir, nous pouvons nous interroger sur l’impact de la modification de la morphologie florale du colza. Comment les mutants de cléïstogames du colza se comportent-ils par rapport au colza habituellement manipulé ? IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Jacqueline PIERRE J’aurais aimé évoquer ce point. Le colza cléïstogame présente l’avantage de disperser moins de pollen. Il pourrait donc constituer une solution pour éviter le transfert de pollen OGM. Cela a une influence sur le comportement des insectes. Les abeilles domestiques butinent ainsi uniquement le nectar de ce type de fleurs en utilisant les espaces situés à la base de la corolle pour prélever le nectar. Dans la mesure où elles peuvent trouver du nectar ailleurs, les abeilles ne tentent pas d’ouvrir la fleur de colza. Elles ouvriront en revanche la fleur si elles sont sous contrainte. Dans les conditions naturelles, les abeilles ne cherchent pas à ouvrir la fleur. J’expérimenterai cela en 2004. Le comportement des bourdons est proche de celui des abeilles. Le comportement des petites abeilles solitaires est différent. Certaines essaient en effet d’ouvrir la fleur de colza car leur taille leur permet d’accéder au sommet de la fleur pour avoir un contact avec le pollen. Ces petites abeilles représentent toutefois un faible pourcentage de la population d’insectes pollinisateurs. Le colza cléïstogame pourrait être une bonne solution pour éviter les transferts de pollen transgénique. Francine CASSE Le risque peut être estimé en fonction du nombre d’abeilles. Un intervenant J'aimerais interroger le comité sur les conséquences possibles du mouvement des semences sur les machines agricoles. Les FIRBANK (CEH) J'estime qu'elles sont importantes et fortement localisées. Typiquement, plusieurs milliers de plantes spontanées par mètre carré suivront une culture, se réduisant rapidement à 100 par mètre carré dans la stock semencier. Dans le champ, ce modèle reste raisonnablement uniforme. Si une moissonneusebatteuse transporte des semences spontanées entre les champs, elles resteront fortement localisées dans certaines zones du champ. Cependant, elles sont assez importantes. Si un agriculteur n'a pas cultivé un type de colza oléagineux et si la moissonneuse-batteuse a travaillé dans des champs d'OGM, elle peut certainement transmettre suffisamment de semences dans un champ pour mettre en danger n'importe quel seuil. Des études récentes ont montré que le transfert par moissonneuse peut être assez important. Le transfert sur les roues sera plus réduit et localisé. Le transfert par moissonneusebatteuse n'a pas encore été évalué dans sa totalité. Dans le cas d'un agriculteur qui n'a jamais cultivé d'OGM, cela peut représenter un itinéraire important. Christophe SAUSSE Vous évoquez un problème important. Nous savons qu’un fond de graines, très difficile à nettoyer, subsiste toujours dans les moissonneuses. Pour mettre en place des règles de coexistence entre cultures transgénique et traditionnelle dans un même bassin de production, il serait souhaitable de disposer d’outils de récolte dédiés aux différents types de cultures. Cette voie de budget, qui a été évoquée, pourrait être substantielle. I II COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DYNAMIQUE DES PLANTES SPONTANÉES DYNAMIQUE DES REPOUSSES DE COLZA DANS LES SYSTÈMES DE CULTURE Christophe Sausse - CETIOM Mon exposé portera sur les flux de gènes via les repousses. La persistance de graines viables est en effet estimée à dix ans environ, sachant que leur nombre diminue chaque année (Lutman, 2003). 28,29 pages Pour évaluer le processus de flux de gènes via les repousses, nous nous basons sur la contamination du colza suivant. Des pertes en graines sont observables avant et pendant la récolte du colza. Après la récolte, la première interculture permet de diminuer le stock semencier. En ce qui concerne les repousses dans le colza suivant, nous abordons un scénario de reconversion variétale de l’OGM vers le conventionnel. J’évoquerai également l’impact sur la qualité de la récolte pour savoir si les normes de commercialisation définies au niveau européen peuvent être respectées. ◆ Le matériel de coupe. Un essai réalisé à Nancy en parcelle d’agriculteur avec une coupe avancée montre des pertes inférieures à celles constatées dans d’autres situations avec du matériel de récolte classique. ◆ La date de récolte, c'est-à-dire la maturité. Une récolte à sous-maturité engendre un phénomène de silique verte non battue et des pertes très importantes. Dans ce scénario climatique, les pertes après maturité sont proches des pertes à maturité en raison de la réhumectation des graines. Notons que le scénario climatique de 2002 est assez particulier. II. Pertes après la récolte La première interculture, qui a lieu après la récolte de colza, constitue une phase clé. Le nombre de repousses pouvant germer peut en effet être proche des pertes en graines. Cela engendre parfois des tapis de repousses de 6 000 repousses au m2, soit 2,4 quintaux à l’hectare. Les données que je vais vous présenter résultent de plusieurs essais menés en collaboration avec SERASEM (Figure 1). Les essais de différentes gestions de l’interculture montrent que le meilleur moyen de limiter le stock semencier est de ne rien faire, de laisser lever les repousses pour pouvoir ensuite les détruire. Un déchaumage effectué juste après la récolte peut entraîner un enfouissement du stock semencier et l’alimenter. Ces résultats ont été confirmés notamment en Angleterre (Pekrun et al., 1998). Les pertes correspondent environ à 10 % du rendement potentiel. A maturité, ces pertes représentent en moyenne 2,9 quintaux à l’hectare. Le climat a une influence. Une phase de climat pluvieux permettra ainsi de faire germer graines et de réduire à coup sur le stock semencier. I. Pertes avant et pendant la récolte Plusieurs facteurs ont un effet sur les pertes de graines : ◆ La variété. II Dynamique des plantes spontannées III. Repousses dans le colza suivant Des données provenant des plates-formes ICTA, des essais FACTT, des essais avec d’autres partenaires montrent des situations de retour de colza sur un ancien essai de colza OGM. Le marqueur de tolérance à l’herbicide ou un comptage du nombre de repousses dans les inter-rangs de la culture permettent d’évaluer le nombre de repousses dans le colza suivant : il s’agit d’un indicateur du risque de présence fortuite dans la récolte. 1. FAC T E U R S D E VA R I AT I O N Différents facteurs de variations interviennent : ◆ l’existence de différentes variétés réceptrices ; ◆ l’existence de différentes variétés émettrices, c'est-àdire tolérantes au glyphosate, au glufosinate ou aux oxynils (le caractère en lui même n’est pas mis en cause, contrairement au fond génétique); ◆ l’existence de différentes modalités de travail du sol ; ◆ l’existence de différentes variétés de successions de cultures ; ◆ l’existence de différences de délais avant le retour du colza. Avec un indicateur de risque, on constate des repousses dans la culture de colza suivante. Ces résultats devront être confirmés par des tests en serre sur des échantillons de récolte. 2 . U N E I M P O R TA N T E VA R I A B I L I T É On constate une importante variabilité allant de 0 à 17,9 repousses par m2 en fonction des situations dans des conditions de récolte normales. En revanche, dans des conditions de récolte avec grêle, on observe un cas avec 133 repousses au m2 dans la culture suivante survenant deux ans plus tard. Un peuplement normal de colza cultivé représente environ 40 plants de colza cultivés au m2. On constate également une variabilité importante à l’intérieur de chaque champ. IV COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE IV. Délai de retour L’influence du délai avant le retour du colza montre que, selon le délai de retour, la densité de repousse en culture est variable (Figure 2). Pour les années 5 et 6, les densités sont inférieures à 0,4 repousses / m2, ce qui correspond environ à 1 % de repousse par rapport au peuplement cultivé de 40 plants. En revanche, des situations à risques sont observées sur des parcelles pour un délai de retour de deux à trois ans. Cependant, la faiblesse des effectifs ne permet pas de tirer de conclusions 1. INFLUENCE DU SYSTÈME DE CULTURE Une expérimentation a été menée collaboration avec Bayer à Soucelles dans le Maine et Loir. Du colza OGM tolérant au glufosinate a été implanté en 1998-99 sur 5,7 hectares. Or du colza conventionnel est revenu en 200102. Ce colza érucique ne porte pas le caractère de résistance. 30,31 pages Cinq modalités de systèmes de cultures existent. Elles concernent la rotation et le travail du sol. Après la récolte, un déchaumage a eu lieu, ce qui ne correspond pas au cas idéal pour la décroissance du stock semencier. Les travaux suivants ont été réalisés : ◆ un travail simplifié avec un outil à dents à environ 15 cm ; ◆ un travail superficiel à environ 5 cm ; ◆ un labour. Deux types de rotations ont été testés après le colza OGM, soit avec du blé, soit avec de l’orge de printemps. De l’orge d’hiver et du colza conventionnel ont ensuite été plantés. On observe une forte variabilité du taux de repousse dans la culture. Les résultats montrent que le travail du sol est un facteur de variations important. Les situations défavorables sont observées principalement avec un travail simplifié ou un labour. Avec un travail superficiel en revanche, on obtient des taux de repousses beaucoup plus faibles. Outre l’effet “travail du sol”, l’effet “rotation” montre que la présence d’orge de printemps est plus défavorable que la présence de semences de blé. 2. IMPACT DES REPOUSSES SUR LA QUALITÉ DE LA RÉCOLTE Des mesures de productivité ont été réalisées sur des plants individuellement sur la plate-forme Midi-Pyrénées en 2002 et 2003 (Tableau 1). Le peuplement cultivé est constitué d’une bande de variété demi-nain (Lutin) et d’une bande de variété Pollen. Les repousses dans la variété Lutin sont plus productives que les repousses dans la variété Pollen en raison d’un effet de taille. La variété Lutin étant beaucoup plus basse, elle permettrait en effet aux repousses de mieux se développer que dans la variété Pollen où les repousses sont plus étouffées. La variété réceptrice a donc une influence sur la qualité de la récolte. Les effets de fécondation par le pollen devront également être évalués au sein du peuplement de colza. V . Conclusion La gestion des repousses est très importante dans le cas d’une reconversion variétale, en particulier d’un colza OGM vers un colza conventionnel. Une variabilité importante existe entre les parcelles et au sein de chaque parcelle. Il est toutefois possible d’identifier les facteurs de risque. A partir de ces facteurs de risque, nous pouvons déduire des leviers possibles pour la gestion des repousses dans les systèmes de culture, en particulier en ce qui concerne la gestion de la première interculture, le choix de la variété adaptée, le travail du sol, le délai de retour. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE A - RÉSULTATS 2002 HAUTEUR MOYENNE (cm) N OMBRE DE GR AINS MOYEN Lutin 113 5422 Repousses 121,6 4055,5 Pollen 146,8 5013,4 Repousses 120,2 1379,4 B - RÉSULTATS 75% 28% 2003 HAUTEUR MOYENNE (cm) N OMBRE DE GR AINS MOYEN Lutin 99 5317,9 Repousses 95,7 4888,7 Pollen 129,4 6273,7 Repousses 108,2 2847,85 TABLEAU 1 : PRODUCTIVITÉ RELATIVE PRODUCTIVITÉ INDIVIDUELLE DES REPOUSSES DANS UN PEUPLEMENT DE COLZA CULTIVÉ ( PLATE - FORME PRODUCTIVITÉ RELATIVE 92% 45% ICTA M IDI -P YRÉNÉES ) II COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE pertes de graines (% rdt avant perte) 30 25 20 15 10 5 0 20 25 30 35 40 RENDEMENT AVANT PERTES 45 50 q/ha Dijon maturité En Crambade sousmaturité Dijon surmaturité En Crambade surmaturité En Crambade maturité Nancy (rendement agriculteur) 32,33 pages F IGURE 1 : PERTES EN GR AINES AVANT ET PENDANT LA RÉCOLTE ( ESSAIS CETIOM – SERASEM 2002) 18 16 nombre de situations 14 12 > 2,5 10 0,4 à 2,5 8 < 0,4 6 4 2 0 2 3 4 5 6 délai de retour (années) F IGURE 2 : INFLUENCE DU DÉLAI DE RETOUR DU COLZA SUR LE NOMBRE DE REPOUSSES RESPOND À UNE ROTATION DE 2 ANS ( PAR EXEMPLE COLZA - BLÉ - COLZA ) / M 2 DANS LA CULTURE DE COLZA SUIVANT. UN DÉLAI DE 2 ANS COR - IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE B I B L I O G R A P H I E S I G L E S ◆ Lutman P.J.W. (2003) Co-existence of conventional, organic ◆ FACTT : Familiarization with and Acceptance of Crops and GM crops – role of temporal and spatial behaviour of incorporating Transgenic Technology. Projet de démonstration seeds. Proceedings of GMCC : 33-42. q u i a é t é f i n a n c é p a r l a c o m m i s s i o n e u r o p é e n n e ( D GV I ) ◆ Pekrun C., Hewitt J.D.J. & Lutman P.J.W. (1998). Cultural pendant 4 années (mars 1996 à mars 2000). control of volunteer oilseed rape (Brassica napus). Journal of Agricultural Science (Cambs.), 130 : 155-&63. ◆ ICTA : Instituts et Centres Techniques Agricoles (désigne ◆ Ramsay G., Thompson C., Squire G., (2003) Quantifying dans le texte les 3 plates-formes inter-instituts) landscape-scale gene flow in oilseed rape. Final report of the DEFRA project RG 0216 : an experimental and mathematical study of the local and regional scale movement of an oilseed rape transgene. Department for Environment Food and Rural Affairs. ◆ Rieger M.A. et al., (2002) Pollen Mediated Movement of Herbicide Resistance Between Commercial Canola Fields. Science, vol 299 : 2385-2388. ◆ Scheffler J.A., Parkinson R., Dale P.J., (1995) Evaluating the ef fectiveness of isolation distances for fields plots of the oilseed rape (Brassica napus). Using a herbicide resistance transgene as a selectable marker. Plant Breeding 114 (4): 317321. II II COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DYNAMIQUE DES PLANTES SPONTANÉES LE Troisièmement, une expérience compare la valeur sélective de la population férale cultivée et certifiée. Jane LECOMTE - UPS, Orsay - III. Etude du paysage agricole DEVENIR DES PLANTES FÉRALES Certains des résultats que je vais présenter n'ont été soumis que récemment ou n'ont pas encore été publiés. Le sujet de ma présentation est l'origine et la dynamique des populations de colza oléagineux, à partir d'une étude menée par notre groupe de l'Université Paris Sud, avec la collaboration de l'INRA et du CETIOM. I. Flux de gènes au niveau du paysage 34,35 pages Comme nous l'avons vu, le colza oléagineux disperse partiellement ses graines avant et après la récolte à l'intérieur et à l'extérieur des champs, et ces graines peuvent produire des plantes l'année suivante. Nous pouvons donc considérer qu'un paysage agricole contient plusieurs types de population de colza oléagineux : les champs, les populations férales et les plantes spontanées. De plus, toutes ces populations sont potentiellement connectées par le flux de pollen et le flux de gènes. En Europe, la population férale est étudiée au Royaume-Uni, en Allemagne et en France, et certaines études montrent qu'elle peut jouer un rôle de relais du f lux de gènes dans un paysage en augmentant la quantité de pollution génétique des champs et peut favoriser le transfert des gènes par flux interspécifique. Nous avons étudié cette population pour mieux connaître son influence sur le flux de gènes et son rôle dans la dispersion des gènes dans le temps et l'espace. II. La population férale de colza oléagineux La population férale est principalement située sur le bord des routes ou dans les environnements perturbés et est répandue dans les paysages agricoles. Au début de l'étude, rares étaient les données disponibles sur sa viabilité et les caractéristiques de son cycle biologique. Il était donc difficile d'estimer l'impact précis du flux de gènes sur un paysage agricole et sur l'environnement. Nous avons utilisé trois approches pour étudier la population férale. Nous avons d'abord mené une enquête pour étudier l'origine et la persistance de la population férale. Puis une approche de modélisation vise à déterminer les paramètres clés du cycle vital et de l'influence du stock semencier, du flux de gènes et de la gestion sur la persistance de la population férale. Un autre modèle propose des informations sur la dispersion des graines entre populations. La première étape de l'étude d'un paysage agricole consiste à cartographier toute la population de colza oléagineux, férale et cultivée, rencontrée sur le bord des routes et des sentiers de la zone d'étude de 80 kilomètres carrés (Figure 1). Cette cartographie a été achevée à l'époque de la floraison et de la maturité des graines au cours de cinq années consécutives. De plus, pendant la période de maturité des graines, des graines sont prélevées pour déterminer le type de variété cultivée de cultivar de la population. Enfin, une enquête auprès des agriculteurs donne des informations sur la gestion des routes, les antécédents de culture et la pratique agricole. Toutes ces données sont rassemblées chaque année dans une base de données, dans laquelle nous essayons de comprendre la relation entre les populations de colza oléagineux d'une année sur l'autre. Selon nos données, de 2000 à 2003, jusqu'à un quart des bords de route peuvent être couvertes de population de colza oléagineux. En outre, l'étude montre la distribution des champs et de la population férale dans les sites étudiés. Nous avons découvert que la population férale est répandue et distribuée sur presque tous les bords de route dans la zone d'étude. De plus, nous avons comparé la phénologie de différents types de population à des stades différents, y compris la floraison en avril et la maturité des graines en juillet. D'une manière générale, nous avons noté que les champs sont plus homogènes que les populations férales, qui présentent un grand nombre de stades à la floraison et à la maturité des graines. Cependant, si les différents types de population présentent des différences de synchronisme, il existe une période de floraison commune promouvant l'échange de gènes par le flux de pollen. En outre, parmi la population férale survivant jusqu'en juillet, certaines plantes peuvent produire des graines. Ainsi, il existe une grande capacité d'échange entre tous les types de population. La base de données nous permet d'étudier les relations entre la population de colza oléagineux d'une année sur l'autre. Pour la population férale d'une année spécifique, nos données étudient les différents types de bords de route au même endroit pour l'année précédente. A titre d'exemple, entre la population férale de 2000 et celle de 2001, nous avons remarqué qu'environ 20 % de la zone de population férale de 2001 avait des plantes férales au même endroit l'année précédente. Ceci semble indiquer que la population peut persister via un stock semencier ou via un recrutement de graines. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Deuxièmement, seulement 25 % de la population avait des champs à proximité l'année précédente, ce qui indique que les champs jouent un rôle plus modeste que prévu dans le fondement de la population férale. Enfin, près de la moitié de la population n'avait rien au même endroit l'année précédente. La présence de cette nouvelle population pourrait s'expliquer soit par le stock semencier soit par les pertes de graines pendant le transport. Les différents types de fondement ou de persistance ne sont pas exclusifs. IV. Dynamique de la population férale Pour compléter nos connaissances de la persistance de la population férale, nous avons construit un modèle de structure annuelle par étapes. Chaque année, avant la récolte, nous avons obtenu le nombre d'individus dans le stock semencier, les graines produites au cours de l'année précédente, le nombre de plantes produites après l'hiver et le nombre de plantes adultes non fauchées ou fauchées une fois ou deux qui peuvent produire des graines. Ce modèle a présenté une évolution de la population de sa fondation sur une période de 10 ans et prend en compte la stochasticité démographique et environnementale, le flux de graines des cultures environnantes, les pertes des camions, le fauchage et le traitement à un herbicide et la concurrence. L'analyse de l'élasticité à partir de ce modèle montre que les paramètres clés qui ont la plus grande influence sur la probabilité d'extinction sont le fauchage, le traitement à l'herbicide et la dépendance à la densité. De plus, les paramètres intrinsèques à la population, tels que la fécondité, les taux de survie et les paramètres du stock semencier ont une influence plus faible sur la probabilité d'extinction. Lorsque l'on considère l'influence du stock semencier, on remarque que sa présence diminue la probabilité d'extinction. Cet effet est intensifié par l'augmentation du flux de graines. La présence du stock semencier augmente le délai moyen d'extinction. Comme le stock semencier semble avoir un impact sur la persistance de la population férale, notre équipe a commencé cette année une étude pour évaluer le stock semencier. Le nombre de graines sur le bord de la route semble avoir la même valeur que la valeur trouvée dans le champ avec un labour plus tardif ou pas de labour. Même lorsque la probabilité d'extinction est élevée, nos données montrent que le délai moyen d'extinction n'est jamais inférieur à deux ans. Par conséquent, l'extinction n'est jamais immédiate. Enfin, ces résultats concernent une population avec une forte gestion. Néanmoins, pour la population moins gérée ou pour d'autres scénarios de flux de gènes, le délai moyen avant extinction peut atteindre 10 ans. Dans le cas de la population férale tolérante à un herbicide, le fauchage est le seul moyen de gérer la population. Peu de scénarios de gestion efficace par fauchage fournissent de fortes probabilités d'extinction. Dans la plupart des cas, même avec un fauchage important, il y a peu d'extinction, surtout pour les scénarios de flux de graines élevé. Par conséquent, il est difficile de gérer certaines populations férales tolérantes à un herbicide. La dispersion des graines entre la population férale peut se produire sur de courtes distances par des moyens balistiques et sur de longues distances par les machines. Comme la population férale vit dans un habitat fragmentaire, nous avons construit un modèle de métapopulation basé sur une localisation successive année par année de la population férale dans une partie de notre site d'étude. Pour chaque année donnée, ces sites pouvaient être occupés ou vides. Nos premiers résultats montrent que si une fraction minimale de graines (10 % ou 50 %) peut être transportée chaque année sur 100 ou 200 m par les machines agricoles, alors les populations tolérantes à un herbicide sont susceptibles de fonctionner en métapopulation, c'est-àdire sont capables d'échanger des gènes par dispersion des graines. Enfin, notre expérience visait à comparer la valeur sélectionnée entre la population férale et la population d'un champ, en utilisant trois origines de graines : férale, de champ et certifiée dans 16 blocs et dans deux environnements : bord de route et champ. Les premiers résultats montrent que les plantes semblent répondre différemment à la viabilité environnementale, selon leur origine. Cela semble indiquer une adaptation de la sélection potentielle pour la population férale. A titre d'exemple, si tous les types de plante sont plus précoces sur l'environnement de bord de route, la différence de précocité entre l'environnement de bord de route et l'environnement de champ est plus importante pour la population férale. Ces résultats doivent être complétés par les résultats de la partie reproductive du cycle. II COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE la présence du stock semencier et du flux de graines renforce cette persistance. La dispersion de graines entre population peut se produire dans un contexte de métapopulation. Enfin, étant donné le nombre très important de populations dans le paysage, il peut être difficile de trouver une gestion efficace, particulièrement dans le cas de la population tolérante à un herbicide. Quelle que soit la gestion choisie, il serait intéressant de comprendre son impact relatif sur les communautés d'animaux et de plantes vivant dans l'habitat des bords de route. V. Conclusion En conclusion, les enquêtes sur le terrain et le modèle montrent que la population férale peut persister dans le temps et dans l'espace, ce qui confirme nos résultats précédents sur la persistance de tous les types cultivés en population férale plusieurs années après la fin officielle de leur culture. Ainsi, cette population peut disperser ses gènes via le pollen et les graines. De plus, S U R V E Y I N A N AG R I C U LT U R A L L A N D S C A P E Satelite 10 km sur 10km Silo Feral sites 36,37 pages Fields Seeds samples Figure 1. Positions (GPS) : - flowering time - seed maturity Cheminal content of seeds : - erucic acid - glucosinolates Genotype of seedlings Farmer surveys : - Cultivars - Field positions - Grain silo - Transport path - Road verge management Méthodologie de l'étude dans le paysage agricole de Selommes Spatial distribution of feral sites & fields Cultivar / cultivar type Cultivation history Agricultural practices (Loir-et-Cher, France) Database B I B L I O G R A P H I E ◆ Deville A., Garnier A., Lecomte, J. Modelling the dynamics of feral oilseed rape ◆ Levin, D. A. (1995) Plant outliers: an ecogenetic perspective. American populations : implications for the gene flow management. soumis. Naturalist,145, 109-118. ◆ Colbach, N., Clermont Dauphin C. , Meynard, J. M.. (2001a) GENESYS: a model ◆ Pessel F. D., Lecomte J. (2000) Towards an understanding of the dynamics of of the influence of cropping system on gene escape from herbicide tolerant colza populations that have “escaped” from large-scale cultivation in an rapeseed crops to rape volunteers - I. Temporal evolution of a population of agricultural region. Oléagineux corps gras, lipides, 7,324-328. rapeseed volunteers in a field. Agriculture Ecosystems and Environment, 83, 235- ◆ Pessel F. D., Lecomte J., Emeriau, V. , Krouti, M., Messéan, A., Gouyon, P-H. 253. (2001) Persistence of oilseed rape in natural habitats : consequence for release of ◆ Colbach, N., Clermont Dauphin C., J. M. Meynard, J. M.. (2001b) GENESYS: a transgenic crops. Theoretical and applied genetics, 102, 841-846. model of the influence of cropping system on gene escape from herbicide tolerant ◆ Thompson, C., G. R. Squire, G. R. Mackay, J. E. Bradshaw, J. W. Crawford, rapeseed crops to rape volunteers - II. Genetic exchanges among volunteer and Ramsay, G.. (1999) Regional patterns of gene flow and its consequence for GM cropped populations in a small region. Agriculture Ecosystems and Environment, oilseed rape. Gene flow and agriculture, Relevance for transgenic crops, Brighton 83, 255-270. 95-100. ◆ Crawley, M. J., Brown S. L. (1995) Seed limitation and the dynamics of feral oilseed rape on the M25 motorway. Proceedings of the Royal Society of London B, 259, 49-54. II IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE DY NA M I Q U E DES PLANTES S P O N TA N É E S D I S C U S S I O N Francine CASSE (CGB) Avant d’ouvrir la discussion, j’aimerais savoir combien de temps a été nécessaire pour cultiver du colza “00” sans que le colza précédemment planté n’ait d’effet sur celui-ci. Je pense en effet que le colza anciennement planté a contaminé le colza “00” pendant quelque temps. Combien de temps a été nécessaire pour que le colza précédent ne repousse plus et que le nouveau colza “00” monopolise le terrain cultivé ? Jane LECOMTE (UPS) reconversion ? Généralement, les réflexions se construisent autour d’un angle d’évaluation du risque et un certain temps est nécessaire avant que le nombre de repousses soit suffisant pour effectuer une culture conventionnelle. Dans un scénario de gestion, il est envisageable de cultiver très rapidement un colza conventionnel afin que les pertes à la récolte diluent les repousses, ce qui entraînerait un moindre impact des OGM dans la culture suivante. Le temps de retour pourrait de ce fait être beaucoup plus rapide que l’attente d’une diminution du nombre de repousses. Christophe SAUSSE Un spécialiste serait plus à même de répondre à votre question. Une observation sur le terrain ayant pour but d’identifier les types variétaux des populations hors champ, nous avons mis en évidence la présence du caractère “0” qui n’était plus cultivé dans la région depuis huit ans. Je ne peux toutefois pas évaluer le temps nécessaire pour éliminer toute pollution par les variétés précédentes. Une alternative aux délais est envisageable. Cela consisterait en une conservation des mêmes systèmes de culture. Dans ce cas, le colza conventionnel suivant le colza OGM devrait être vendu sous l’étiquette OGM. Des contaminations bien moindres seraient ensuite prévisibles sur le colza suivant. Cette méthode équivaudrait à une “année tampon”, c'est-à-dire à une alternative à un délai de retour important permettant de limiter les répercussions sur les systèmes de culture. André POUZET (CETIOM) Geoff SQUIRE (SCRI) Nous ne disposons pas de beaucoup d’éléments concernant le “00”. Nous disposons en revanche de plus de données concernant la conversion “0”. Le passage d’acide érucique de variétés en contenant beaucoup à des variétés en contenant peu a nécessité trois ans. Sur l’ensemble du territoire national, nous avons respecté une norme de 2 % en trois ans de reconversion. La reconversion a toutefois été complète sur l’ensemble du territoire national en une semaine. Ceci est très intéressant et je suis ravi que certains travaux non publiés soient présentés ici. Par comparaison au Royaume-Uni, la population férale française est très dense et nombreuse. Connaissez-vous une raison de sa présence en si grand nombre dans votre zone d'étude ? Les FIRBANK (CEH) Christophe, comment estimez-vous la production par les plantes spontanées dans la récolte ? Comment savez-vous quelles sont les repousses et quelles sont les plantes de culture ? Christophe SAUSSE (CETIOM) Pour l’estimation des repousses dans la culture, plusieurs méthodes ont été utilisées. Par exemple, au CETIOM, des traitements sur des placettes ont été effectués pendant la culture. Les sélections ont ensuite été effectuées sur le caractère de résistance. Nous n’avons donc, dans ce cas, aucun doute sur le génotype. Sur les plates-formes en revanche, des comptages dans l’interrang ont été effectués suite aux semis de précision. Cette expérimentation a entraîné à la fois des situations de repousses mais aussi des situations d’absence de repousse dans l’interrang. Cela a permis d’établir une bonne estimation avec les repousses tolérantes malgré une absence de contrôles. Une autre méthode a consisté par ailleurs à la disposition de bandes non semées. Jean-Marc DUPUIS (Bayer Crop Science) Ma question s’adresse à Christophe Sausse. Quelle pourrait être l’inf luence d’une culture conventionnelle de colza dans une perspective de Jane LECOMTE Ceci peut être dû à la gestion dans chaque pays. Il existe trois types de gestion en France : celle du département, celle des villes et celle des agriculteurs, ce qui n'est pas très homogène. Selon le type de route, la nature de la population férale peut varier. Cependant, des analyses supplémentaires doivent être effectuées pour que nous soyons certains de ces différences. Francine CASSE Que s'est-il passé en Angleterre ? Y a-t-il des problèmes avec les routes, en Ecosse ? Geoff SQUIRE Je pense que la différence est due à la gestion des bords de route et il serait intéressant de les comparer de manière plus détaillée. Jane LECOMTE Cette année, pour voir si la gestion influence le type de communauté de bord de route, nous menons une étude des communautés végétales et de la composition des bords de route. Francine CASSE Y a-t-il beaucoup de colza sur le bord des routes écossaises ? Geoff SQUIRE Cela dépend, mais la moyenne est d'une population par kilomètre. Bien que cela puisse être plus, cela n'atteint jamais la moyenne observée en France. Nous ignorons quelle en est la raison. II III COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE CARACTÉRISATION DES HYBRIDES INTERSPÉCIFIQUES Anne-Marie CHEVRE INRA Rennes : F.Eber, E. Jenczewski, K. Alix, O. Coriton, N. Pouilly, M. Renard INRA Dijon : H. Darmency, G. Guéritaine Université de Clermont Ferrand, Biomove : J.M. Deragon, J.L. Pietro Je vais présenter les travaux des groupes de l’INRA de Rennes, de l’INRA de Dijon et de l’université de ClermontFerrand sur les flux de gènes du colza vers les espèces voisines. I. Introduction 38,39 pages Pour que des flux de gènes soient possibles d’une espèce vers l’autre, les conditions suivantes sont nécessaires : ◆ existence d’une sympathie et d’une concordance de floraison ; ◆ production d’hybrides F1 ; ◆ générations successives fertiles ; ◆ introgression du gène par recombinaison ou production de nouvelles adventices fertiles ; ◆ maintien du gène dans les populations naturelles. Des travaux ont été menés sur la navette qui est l’un des progéniteurs du colza. Le colza est en effet un hybride entre la navette et le chou. Les derniers travaux, publiés en Angleterre, se sont basés sur le recoupement de données de paysages, de floraison, de structure du nuage pollinique et de la possibilité d’hybridation. Ils ont montré que l’obtention d’hybrides entre ces deux espèces était possible, avec des populations sauvages comme avec des populations poussant en bordure de champ (Wilkinson et al., 2003). Des travaux danois ont complété cette étude en montrant, à travers l’analyse d’un champ cultivé en agriculture biologique, que cette situation était très favorable aux flux de gènes dans les deux sens (Hansen et al., 2003). Des travaux publiés récemment par le Canada montrent que, en situation expérimentale et commerciale, le taux d’hybridation varie de 7 à 13,6 %, en tenant compte de la proximité des plantes de navette par rapport aux champs de colza (Warwick et al., 2003). II. Travail des groupes de Rennes, Dijon et Clermont-Ferrand La première interculture, qui a lieu après la récolte de colza, constitue une phase clé. Le nombre de repousses pouvant germer peut en effet être proche des pertes en graines. Cela engendre parfois des tapis de repousses de 6 000 repousses au m2, soit 2,4 quintaux à l’hectare. Les essais de différentes gestions de l’interculture montrent que le meilleur moyen de limiter le stock semencier est de ne rien faire, de laisser lever les repousses pour pouvoir ensuite les détruire. Un déchaumage effectué juste après la récolte peut entraîner un enfouissement du stock semencier et l’alimenter. Ces résultats ont été confirmés notamment en Angleterre (Pekrun et al., 1998). Le climat a une influence. Une phase de climat pluvieux permettra ainsi de faire germer les graines et de réduire à coup sûr le stock semencier. 1. E VA L UAT I O N D E S P O S S I B I L I T É S D E PRODUCTION D’HYBRIDES F1 INTERSPÉCIFIQUES Nos équipes ont travaillé sur trois autres espèces adventices : la moutarde des champs, la roquette bâtarde et la ravenelle. Nous avons effectué des croisements manuels réciproques puis des essais aux champs en mettant une bande de colza ne faisant pas de pollen et une mauvaise herbe comme pollinisateur pour connaître les niveaux d’hybridation en situation optimale (Chèvre et al., 1996). Ces travaux nous ont conduit à retenir la ravenelle pour des études plus approfondies. Cette espèce permet en effet l’obtention de graines dans les deux sens après croisement manuel (Kerlan et al., 1993) et un taux d’hybrides variant de 1 à 100 pour 100 fleurs de colza pollinisées sur du colza mâle stérile (Baranger et al., 1995). Suite à cette étude, de premiers essais ont été effectués dans des champs à Rennes et à Dijon. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA C a r a c t é r i s a t i o n d e s hy b r i d e s i n t e r s p é c i f i q u e s La variété de colza transgénique utilisée était une association variétale contenant le gène Pat et des plantes de ravenelle ont été implantées à différentes densités au milieu ou en bordure de champ (Chèvre et al., 2000). Nous avons dans un premier temps vérifié la concordance des floraisons. Pour les graines récoltées sur colza, nous savions que les hybrides interspécifiques se trouvaient dans les graines de petit calibre. Nous avons donc tamisé la récolte de colza et obtenu 8 % de graines de petit calibre sur lesquelles nous avons cherché à identifier les hybrides interspécifiques. Nous avons obtenu une fréquence de 2.10-5 à 5.10-4 dans ce sous-échantillon, ce qui équivaut à une fréquence de 10-7 ou 10-6 à l’échelle de la récolte totale. Sur la ravenelle, nous avons récolté les graines et obtenu un seul hybride, soit une fréquence d’hybridation de 3.10-5 à 10-7. Une expérimentation complémentaire, avec des techniques agronomiques normales, avait été prévue en Ariège. Cet essai ayant été détruit deux fois, il n’a pu être mené à bien. 2. STRUCTURE DES HYBRIDES OBSERVÉS Ces expérimentations ont montré que, dès la première génération, plusieurs types de structures génomiques sont observables. La plus fréquente est composée à partir de gamètes réduits de colza et de ravenelle permettant l’obtention de plantes à 28 chromosomes. Les résultats conduits au Canada (Warwick et al., 2003) et en France (Chèvre et al., 2000) ont montré la possibilité d’obtenir, dans les deux sens, des plantes issues de gamètes non réduits de ravenelles, soit des plantes à 37 chromosomes. L’obtention de plantes à 56 chromosomes est également possible. Les essais menés en Australie en 2001 ont abouti aux mêmes résultats (Rieger et al., 2001). Dans une condition de champ, ces essais montrent que l’obtention de gamètes réduits et non réduits des deux espèces est possible. Le colza comme parent femelle, mis en présence de ravenelle, permet l’obtention des hybrides interspécifiques à 28, 37, 47 ou à 56 chromosomes. En utilisant la ravenelle comme parent femelle, ces quatre structures sont également possibles (Tableau 1). L’auto ou allo-fécondation peut entraîner des structures à 2n=38, 57 ou 76 pour le colza et à 2n=18, 27 ou 36 pour la ravenelle. De nombreuses combinaisons génomiques sont donc possibles. I III COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE F EMELLE M ÂLE AC* COLZA AC* GR AS : Rr RrRr AAACCC* 2n=57 RrAC* 2n=28 RrRrAC* 2n=37 AACC* AAACCC* 2n=57 AAAACCCC* 2n=76 RrAACC* 2n=47 RrRrAACC* 2n=56 Rr ACRr* 2n=28 RrAACC* 2n=47 RrRr ACRrRr* 2n=37 AACCRrRr* 2n=56 RrRr 2n=18 RrRrRr 2n=27 RrRrRr 2n=27 RrRrRrRr 2n=36 STRUCTURES DÉJÀ OBSERVÉES DE T YPE COLZA TABLEAU 1 : S TRUCTURES 40,41 AACC* PLANTES PORTANT LE TR ANSGÈNE SI LA PLANTE - MÈRE DE COLZA EST HOMOZYGOTE . M ORPHOLOGIE pages R AVENELLE AACC* 2n=38 RAVENELLE EN *: C OLZA M ORPHOLOGIE INTERMÉDIAIRE M ORPHOLOGIE DE T YPE R AVENELLE GÉNOMIQUES POSSIBLES LORS DE CROISEMENTS RÉCIPROQUES ENTRE LE COLZA ET LA R AVENELLE . 3 . C R I T È R E S P E R M E T TA N T D E C A R AC T É R I S E R L E S D I F F É R E N T E S STRUCTURES GÉNOMIQUES Les critères permettant de distinguer les différentes plantes sont la morphologie, le suivi du transgène et le nombre de chromosomes. Trois classes de morphologies sont possibles. Beaucoup de plantes, qui ont la même morphologie que le colza, ne sont pas repérables dans un champ de colza. Les plantes comportant des gamètes non réduits de ravenelle ont toutefois une morphologie particulière et les plantes strictement ravenelle sont facilement reconnaissables. L’utilisation de la résistance aux herbicides comporte deux classes : les plantes résistantes et les plantes sensibles. S’agissant du nombre de chromosomes, la cytométrie en flux est la méthode la plus simple à utiliser. Elle n’est toutefois précise qu’à deux chromosomes près. Seules six classes parmi les dix possibles sont donc distinguables. La combinaison de ces outils simples d’utilisation sur de grandes populations aboutit à la distinction de neuf classes sur les dix possibles (Tableau 1). Une interrogation demeure concernant les plantes à 56 et à 57 chromosomes. Pour caractériser ces plantes, nous avons utilisé comme témoin les plantes les plus fréquentes, c'est-à-dire celles comportant 28 chromosomes. Sur ces plantes, on constate que seule la moitié des plantes en méiose (56,4%) parvient à s’appareiller. En hybridation in situ, on constate que la coloration des neuf chromosomes de ravenelle en rouge est possible. Deux plantes comportant 56 chromosomes, obtenues au champ, ont été conservées. En méiose, elles adoptent le comportement prévu puisque 87% à 88,6 % de leurs chromosomes sont appariés. Une hybridation in situ a cependant montré l’absence de chromosomes de ravenelle. Pour expliquer ces résultats, nous avons émis trois hypothèses : ces plantes auraient comme structure soit AAACCC, soit AACCCC soit AACCXX (X pouvant être une autres espèce adventice à 2n=18) Pour tester ces hypothèses, nous avons fabriqué artificiellement (1) des plantes en doublant à la colchicine des hybrides à 28 chromosomes dont les chromosomes s’apparient bien (98,5% à 99,2%), (2) des plantes avec trois génomes A et trois génomes C dont les chromosomes s’apparient majoritairement par deux (81,8% à 86,7%). Nous avons isolé un BAC qui allume trois chromosomes A par génome. Sur les hybrides AAACCC, nous avons bien observé neuf signaux par plante comme attendu – c'est-à-dire trois génomes A. En revanche, les plantes obtenues au champ ne comportaient que six signaux, laissant donc supposer la présence de seulement 2 génomes A. Nous sommes donc en train de tester les deux autres hypothèses (AACCCC ou AACCXX), en tentant de trouver des marqueurs permettant de doser le génome C. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE 4 . A N A LYS E D E S G É N É R AT I O N S U LT É R I E U R E S Sur les générations suivantes, nous avons observé des hybrides suivis pendant six générations en présence de ravenelle comme pollinisateur au champ (Chèvre et al., 1997). Nous avons remarqué que, à la sixième génération, les plantes résistantes ne transmettaient le transgène qu’à 10 % de leur descendance tandis que 90 % de la descendance avaient 19 à 21 chromosomes, sachant qu’aucune plante résistante à 18 chromosomes n’a été observée. Au niveau de la morphologie, nous avons remarqué que les plantes sont très blanches, ce qui ne les empêche toutefois pas de se développer et de produire des graines. Ces plantes ont un cytoplasme colza (OBC) et leur croisement sur de la ravenelle comme femelle permet l’obtention de plantes résistantes vertes sur un cytoplasme de ravenelle (RBC). Les études de fitness conduites à Dijon ont montré que les plantes blanches (OBC) avaient une fitness cent fois inférieure aux plantes ayant un cytoplasme de ravenelle (RBC). La croissance des plantes RBC est comparable, que la plante soit résistante ou sensible ; en ce qui concerne la fertilité mâle et femelle, la fitness est en revanche deux fois inférieure pour les plantes résistantes (Guéritaine et al., 2002). Nous ignorons si cette différence de fitness est liée aux chromosomes additionnels portés par la plante ou au transgène. Cela signifie que le flux de gènes, en conservant un cytoplasme de colza, est improbable. Une critique peut toutefois être formulée concernant ce travail car un seul site d’insertion et une seule lignée transgénique avaient été considérés. Nous avons produit du matériel en partant de sept lignées, produites indépendamment par Rhône Poulenc, obtenues à partir de sept évènements indépendants de transformation avec le gène Oxy – c'est-à-dire sept sites d’insertion différents. Les 7 hybrides F1 de colza mâles stériles ont été cultivés en présence de ravenelle : des hybrides F1 puis BC1 résistants ont été obtenus. Cette population a été ensuite subdivisée et une partie a été traitée à l’herbicide (R) et l’autre pas (N). Cette étude a pour objectif d’évaluer l’effet des sites d’insertion et d’autres marqueurs spécifiques du colza sur les probabilités d’insertion de gènes du colza dans le génome de la ravenelle. Quatre sites d’insertion du gène Oxy sur les 7 utilisés ont déjà été localisés sur la carte génétique du colza. Nous sommes en train d’étudier les 7 populations résistantes de quatrième rétrocroisement, issues des sept événements de transformation . Pour analyser les populations non traitées (N), des marqueurs SINE ont été développés par l’équipe de Clermont-Ferrand. Ces marqueurs sont systématiquement présents dans le fond génétique colza utilisé dans notre essai et absents de la population de ravenelle. Certains d’entre eux ont pu être cartographiés sur le génome du colza et d’autres ne présentent aucun polymorphisme dans le colza. Par ailleurs, quelques marqueurs RAPD ont été localisés, ainsi que des marqueurs micro-satellites spécifiques au colza. Nous devrions donc obtenir une couverture satisfaisante du génome qui permettra d’analyser les 7 populations N. III. Conclusion Dans ce modèle colza-ravenelle, la production d’hybrides F1 est un événement très rare dont le suivi est compliqué par le fait que le pollinisateur au champ est inconnu. Des structures génomiques différentes peuvent être obtenues. Jusqu’à présent, nous n’avons pas observé d’introgression de transgènes dans le génome de la ravenelle. Il est très peu probable que le transgène puisse se stabiliser dans une plante ayant conservé le cytoplasme du colza d’origine. Une combinaison d’outils souvent complexes est nécessaire pour le suivi des flux de gènes dans le cadre du modèle présenté. Nous identifions actuellement une série de marqueurs – SINE et microsatellites – qui permettront de suivre spécifiquement différentes régions de culture du colza. Cela permettra l’observation de populations de ravenelle présentes depuis plus ou moins longtemps dans des zones de culture du colza. Ce travail est en cours de réalisation en collaboration avec le CETIOM. Nous devons par ailleurs terminer le développement d’outils permettant une identification précise de toutes les structures génomiques existantes. Nous devons déterminer l’étude de l’impact de la localisation initiale du transgène sur le f lux. Les données que nous avons recueillies sont en cours d’utilisation par les équipes de biométriciens de l’INRA de Jouy-en-Josas. Elles devaient permettre d’élaborer un modèle. Si le flux de gènes colza-ravenelle est probable, il ne doit être possible que sur le très long terme. Le monitoring à l’échelle du paysage agricole global paraît difficilement réalisable. III COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE R 42,43 pages E F E R E N C E S ◆ Baranger A., Chèvre A.M., Eber F., Renard M. (1995) ◆ Kerlan M.C., Chèvre A.M., Eber F. (1993) Interspecific Ef fect of oilseed rape genotype on the spontaneaous hybrids between a transgenic rapeseed (Brassica napus) hybridization rate with a weedy species : an assessment and related species : cytological characterization and of transgene dispersal. Theoretical and Applied Genetics detection of the transgene. Genome 36 : 1099-1106. 91 : 956-963. ◆ Rieger M.A., Potter T.D., Preston C., Powles S.B. (2001) ◆ Chèvre A.M., Eber F., Baranger A., Kerlan M.C., Barret Hybridisation between Brassica napus L. and Raphanus P., Vallee P., Renard, M., (1996) Interspecific gene flow as raphanistrum L. under agronomic field conditions. a component of risk assessment for transgenic Brassicas. Theoretical and Applied Genetics 103 : 555-560. Acta Horticulturae 407 : 169-179. ◆ Warwick S.I., Simard M.J., Légère A., Beckie H.J., Braun ◆ Chèvre A.M., Eber F., Baranger A., Renard M. (1997) L., Zhu B., Mason P., Séguin-Swar tz G., Stewar t C.N. Gene flow from transgenic crops. Nature 389 : 924. (2003) Hybridization between transgenic Brassica napus ◆ Chèvre A.M., Eber F., Darmency H., Fleury A., Picault L. and its wild relatives : Brassica rapa L., Raphanus H , . L e t a n n e u r J . C . , Re n a r d M . ( 2 0 0 0 ) A s s e s s m e n t o f r a p h a n i st r u m L . , S i n a p i s a r v e n s i s L . , a n d E r u c a st r u m interspecific hybridization between transgenic oilseed gallicum (Willd.) O.E. Schulz. Theoretical and Applied rape and wild radish under agronomic conditions. Genetics 107 : 528-539 Theoretical and Applied Genetics 100: 1233-1239. ◆ Wilkinson M.J., Elliot L.J., Allainguillaume J., Shaw ◆ G u é r i t a i n e G . , S e s t e r M . , E b e r F. , C h è v r e A . M . , M . W. , N o r r i s C . , We l te r s R . , A l e xa n d e r M . , S w e e t J . , Darmency, H. (2002) Fitness of backcross six of hybrids Mason D.C. (2003) Hybridization between Brassica napus between transgenic oilseed rape (Brassica napus) and wild and B. rapa on a national scale in the United kingdom. radish (Raphanus raphanistrum). Molecular Ecology 11 : Science 302 : 457-459 1419-1426. ◆ Hansen L.B., Sieggismund H.R., Jorgensen R.B. (2003) Progressive introgression between Brassica napus (oilseed rape) and B. rapa. Heredity 91 : 276-283. III IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE C A R AC T É R I S AT I O N DES HYBRIDES INTERSPÉCIFIQUES D ISCUSSION Francine CASSE (CGB) Sur les sept populations cartographiées, sait-on si le transgène se situe sur un chromosome d’origine chou ou navette ? Anne-Marie CHEVRE (INRA) nous n’obtiendrons pas de résultats. En revanche, le pollen pourrait éventuellement polliniser de la ravenelle. Antoine MESSEAN La valeur sélective des hybrides étant inférieure, le caractère “tolérance à l’herbicide” et la pression de sélection exercée par l’herbicide seront déterminant. Pour d’autres caractères en revanche, la valeur sélective déterminera le devenir de ces hybrides. Les deux cas de figure existent. Anne-Marie CHEVRE Francine CASSE Et dans le premier cas ? Anne-Marie CHEVRE Dans le premier cas, il s’agissait d’un chromosome de chou. Antoine MESSEAN (CGB) J’aimerais revenir sur les caractéristiques des plantes hybrides sur cytoplasmes de ravenelle. Anne-Marie CHEVRE Tous les hybrides ont été initialement produits sur un cytoplasme de colza. Après trois générations, nous avons constaté que les plantes devenaient toutes blanches. Sachant que l’association d’un noyau de radis et d’un cytoplasme de colza donnait une plante blanche, nous avons constaté que nous avions la situation inverse. Nous avons donc utilisé le pollen des plantes blanches sur une ravenelle normale ; nous avons observé la descendance et avons constaté l’absence de déficience chlorophyllienne. Cette déficience est donc due à une incompatibilité entre le noyau et le cytoplasme. Les populations que nous avons obtenues ont ensuite été étudiées pas l’équipe de Dijon. Antoine MESSEAN Ces événements existent donc potentiellement. Anne-Marie CHEVRE Si l’hybridation s’est faite originellement sur le colza, C’est vrai sur le cytoplasme de colza. Nous n’avions pas suffisamment de plantes pour observer les résultats dans l’autre sens concernant une hybridation sur cytoplasme de ravenelle. Yvette DATTEE (CGB) Des compétitions polliniques sont-elles observables chez le colza ? L’auto-pollen est-il favorisé ou défavorisé par rapport à l’allo-pollen ou à des pollens d’autres espèces ? Anne-Marie CHEVRE Jacqueline Pierre a constaté que les abeilles préféraient le colza à la ravenelle. Yvette DATTEE Le pollen présent sur le stigmate est un mélange d’auto-pollen et d’allo-pollen. Existe-t-il des compétitions en faveur de l’un ou de l’autre de ces types de pollen ? Anne-Marie CHEVRE Nous l’ignorons sur ce modèle. Nous n’avons pas fait d’expérience en fertilisant des fleurs pour observer les éventuels avantages ou désavantages. Ce type d’expériences, effectué par des Danois sur le modèle “navette”, a montré que le mélange est favorable à l’allo-pollen. L’allo-pollen, seul ou mélangé à de l’auto-pollen, favorise l’allo-pollen. III IV COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE IMPACT DES COLZAS DE PRINTEMPS TOLÉRANTS À UN HERBICIDE POUR LA BIODIVERSITÉ DES TERRES AGRICOLES Les FIRBANK - CEH Merlewood, R-U Ma présentation traitera de certaines des plus importantes découvertes de l’étude Farm Scale Evaluation, avec une référence particulière aux résultats du colza oléagineux. Programme scientifique très étendu, l'équipe de Farm Scale Evaluation inclut Geoff Squire en Ecosse et de nombreux autres dans toute l'Europe. 44,45 pages I. Contexte de l’étude Farm Scale Evaluation L’étude Farm Scale Evaluation était une grande expérience conçue pour étudier les effets de la gestion des cultures génétiquement modifiées tolérantes à un herbicide sur la biodiversité. Jusqu'à présent, nous avons publié les découvertes sur la betterave, le maïs et le colza oléagineux de printemps et nous recueillons toujours des données pour le colza oléagineux d'hiver, qui seront publiées l'an prochain. Cependant, il est important de comprendre à la fois ce que nous avons fait et la raison pour laquelle nous l'avons fait. Au cours des 30 dernières années, la population d'oiseaux des terres agricoles au Royaume-Uni a dramatiquement diminué et la politique gouvernementale cherche actuellement à mettre un terme à cette diminution. L'une des préoccupations liées aux cultures tolérantes à un herbicide est leur réduction de la population de mauvaises herbes, qui est une importante source de nourriture pour les oiseaux. La principale préoccupation est donc moins la modification génétique des cultures que la manière dont elles ont été gérées et leur traitement herbicide. Si nous créons une situation regroupant moins de mauvaises herbes à feuille large, la biodiversité subira des conséquences négatives. Le même système écologique dans une autre région du monde peut très bien produire des conséquences que la société ne considère pas comme dangereuses. L’étude Farm Scale Evaluation ne traite pas du flux de gènes, en dehors des études annexes décrites dans ce séminaire par Geoff Squire. De même, elles ne traitent pas de la sécurité alimentaire et ne constituent pas une estimation complète des risques liés aux cultures d'OGM. Après avoir réalisé des analyses approfondies, nous avons décidé d'étudier entre 60 et 70 sites par culture. Les sites utilisés étaient représentatifs de l'agriculture britannique en termes de géographie et de gamme d'intensité. Ces exploitations agricoles pouvaient utiliser des cultures d'OGM commercialement mais nous ne pouvions pas utiliser d'exploitations. L'expérience présente une comparaison entre les variétés d’OGM et les variétés conventionnelles, prenant en compte l’intégralité du système de culture, et notamment la façon dont les agriculteurs ont gérés ces variétés. Par conséquent, les agriculteurs ont bénéficié d'une grande souplesse en ce qui concerne les endroits et les moments où ils utilisaient des herbicides et même le choix d'utiliser ou non des herbicides. Deux de nos types de culture étaient tolérants au glufosinate-ammonium et de la betterave était tolérante au glyphosate. Les comparaisons étaient basées sur ce que les agriculteurs faisaient déjà avec les régimes d'herbicide existants ; nous ne leur avons pas indiqué comment opérer. L'objectif des agriculteurs était clairement une gestion rentable des mauvaises herbes dans les deux traitements et différents agriculteurs ont interprété cela de diverses façons. Comme nous avons laissé le champ libre aux agriculteurs, nous avons mis en place une piste de vérification très soignée pour vérifier que les champs étaient gérés correctement. La conception de l'expérience était simple, chaque champ était coupé par la moitié au hasard alors que la localisation des graines OGM n'était pas aléatoire. Dans chaque moitié, en utilisant des tachéomètres depuis le bord des champs, nous avons identifié les positions des prélèvements d'échantillons et utilisé les procédés conventionnels d'échantillonnage de la biodiversité, y compris les quadrats Impact des colzas de printemps tolérants à un herbicide pour la biodiversité des terres agricoles pour la végétation, les pièges à fosse pour enregistrer les invertébrés sur la surface du sol et le prélèvement d'échantillon par aspiration. Pour les invertébrés, nous en avons enregistré un très grand nombre à l'intérieur et autour du champ. Pour les plantes, nous les avons enregistrées à partir du stock semencier jusqu'aux plantes adultes, en passant par les semis, le nombre de graines produites et le retour au stock semencier. Ceci s'est poursuivi pendant deux ans pour étudier les changements du stock semencier. De plus, nous avons enregistré des plantes situées sur les frontières du champ. Ce programme représente, de loin, l'évaluation la plus détaillée des écosystèmes agricoles qui ait jamais été mise en œuvre, à notre connaissance. II. Implications des résultats du programme 1. C O L Z A O L É AG I N E U X Etant donné le thème de cette réunion, je me concentrerai sur les résultats liés à la section du colza oléagineux de printemps. Le format se composera de catégories de mesures, de tailles d'échantillon et de signification statistique. La ligne 1 indique une absence de différence entre les traitements. Les valeurs situées au-dessus de la ligne signifient plus dans les OGM et les valeurs situées en dessous signifient plus dans les conventionnelles. Au minimum, nous voulions que l'expérience détecte les différences des uns des autres. Concernant les mauvaises herbes à feuille large à l'intérieur du champ, importantes pour les abeilles, les papillons ainsi que le gibier à plumes et les oiseaux, plus de mauvaises herbes apparaissent initialement dans les secteurs d'OGM. En pratique, les herbicides ont été appliqués plus tard dans la culture d'OGM que dans la culture conventionnelle. Néanmoins, lorsque les herbicides ont été appliqués aux deux traitements, le nombre de mauvaises herbes enregistré dans les plantes génétiquement modifiées était inférieur. Ce changement s'est poursuivi jusqu'à la récolte, présentant une biomasse de mauvaises herbes de 20 %. Ceci a eu un impact sur le nombre de graines produites et le stock semencier après la récolte. Ensuite, il semble que les OGM contenaient moins de mauvaises herbes que la culture conventionnelle. Néanmoins, en raison d'une taille d'échantillon plus réduite, la marge d'erreur est élevée. Selon Geoff Squire, les données pour les récoltes de l'année suivante ne sont pas encore disponibles. Concernant les mauvaises herbes graminées, la situation est relativement similaire. Au début de la saison, l'on trouve plus de mauvaises herbes dans les secteurs d'OGM. A l'inverse, suite à différentes actions d'herbicides, les données ultérieures confirment une différence moindre entre les traitements. IV COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE En dehors d'un nombre plus réduit de papillons dans la zone d'OGM, le nombre d'invertébrés dans le champ a subi un changement général faible. Différentes espèces à l'intérieur de ces groupes répondent différemment, selon l'époque de l'année. Dans les bordures des champs, il existe une tendance à une biodiversité moindre dans la zone d'OGM par rapport à la biodiversité dans la zone conventionnelle. Les bordures incluent la zone allant du bord de la culture au bord de la zone cultivée. On a trouvé peu de preuves d'activité dans les zones herbeuses hors des zones cultivées du champ et les haies. Les effets de la bordure du champ se produisent donc principalement dans la zone cultivée, qui a été gérée en même temps que les récoltes. 46,47 pages En général, le nombre de mauvaises herbes dans les cultures d’OGM était supérieur avant l'application des herbicides aux deux types de culture. A la fin de la saison, les mauvaises herbes à feuille large étaient plus abondantes dans les cultures conventionnelles, ce qui produisit plus de graines et eut un impact sur le stock semencier de mauvaises herbes. Le stock semencier a doublé dans les cultures conventionnelles mais a à peine changé dans les cultures d’OGM. De même, nous avons trouvé plus de papillons dans les bordures des cultures conventionnelles. Potentiellement, ces effets sur les papillons pourraient être significatifs d'un point de vue environnemental, mais seulement dans des situations de faibles ressources pour les papillons. Pour assurer la conservation des papillons, il convient donc de se préoccuper des bordures plutôt que du centre des champs. Selon nous, les changements subis en termes de quantité de mauvaises herbes pourraient mener à des déclins à long terme des mauvaises herbes qui représentent une importante ressource alimentaire pour les oiseaux granivores. 2. BETTER AVE Dans les cultures de betterave, nous avons remarqué un exemple de mauvaises herbes à feuille large semblable à celui que l'on trouve dans le colza oléagineux de printemps. Au début de la saison, on trouve plus de mauvaises herbes dans la zone d'OGM. Cependant, lorsque les herbicides sont appliqués aux deux types de culture, le nombre et la biomasse de mauvaises herbes sont plus élevés dans les cultures conventionnelles. Une fois encore, des effets significatifs sont enregistrés sur le stock semencier après les récoltes. Bien que nous croyons que cette tendance persistera, nous avons recueilli de nouvelles données pour le confirmer. 3. MAÏS Pour le maïs, les choses sont bien différentes, les cultures d’OGM ont démarré avec plus de mauvaises herbes et sont demeurés ainsi, avec une biomasse plus importante et une plus grande abondance. Nous devons encore enregistrer les effets sensibles sur le stock semencier. Généralement le nombre de graines de mauvaises herbes reste faible dans le maïs mais des données ultérieures pourraient contredire cela. La quantité de mauvaise herbe trouvée dans la culture d'OGM implique environ deux fois plus de variétés à feuilles larges qu'en général. Il est intéressant, d'un point de vue écologique, de voir que nous avons trouvé plus de collemboles dans les cultures d’OGM. Bien que l'effet le plus frappant ait été observé dans le maïs, nous en avons également trouvé dans les autres cultures. La raison en est apparu ultérieurement. Ces organismes brisent la matière végétale et l'application plus tardive d'herbicide sur les cultures d'OGM leur laissait plus de temps pour briser la matière végétale, créant ainsi plus de nourriture pour les collemboles. En outre, le nombre de coléoptères se nourrissant de collemboles augmente également. Nous avons donc découvert une preuve évidente et incontestable du transfert de l'énergie dans l'écosystème des sites de l’étude Farm Scale Evaluation. Concernant les plus grands groupes d'invertébrés, nous avons trouvé peu d'effets généraux. Dans les sites de l’étude Farm Scale Evaluation, les effets dans les bordures du champ étaient limités au bord cultivé du champ. Selon nos données, le colza oléagineux conventionnel présentait la plus forte biomasse de mauvaises herbes de toutes les cultures. D'une manière générale, le colza oléagineux est également la culture la plus riche en biodiversité, alors que le maïs conventionnel est le plus pauvre. Il est important de noter que la différence entre les cultures est au moins aussi significative que la différence entre les versions OGM et conventionnelles de la même culture. Tous les effets observés dans l’étude Farm Scale Evaluation ont pu être expliqués par l'herbicide par opposition à la méthode de culture. Les herbicides ont changé le nombre et la taille des mauvaises herbes. Si nous avions utilisé des cultures conventionnelles et les mêmes herbicides, nous aurions enregistré les mêmes résultats. De plus, nous sommes persuadés que le changement du nombre de mauvaises herbes et d'herbivores sera un changement à long terme. Par conséquent, s'il n'y a rien d'autre à manger dans la zone, ces herbicides auront un impact sur les oiseaux et les mammifères. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE III. Conclusion L'une des principales surprises concernait la cohérence des résultats d'année en année et de lieu en lieu. Par conséquent, nous sommes persuadés que ces résultats se confirmeront dans l'avenir. Néanmoins, en partie parce que nous avons besoin de données supplémentaires sur ces prochaines cultures, les changements à long terme du nombre de mauvaises herbes sont incertains. La question la plus importante concerne la façon dont les agriculteurs choisissent de gérer ces cultures. Si le nombre de mauvaises herbes augmentait dans le maïs, augmenteraient-ils le contrôle des mauvaises herbes ? Si le nombre de mauvaises herbes chutait dans la betterave et le colza oléagineux de printemps, relâcheraient-ils le contrôle des mauvaises herbes dans le reste de la rotation ? Leur réponse reste un facteur essentiel. Pour une plus grande biodiversité, l'importance de ce qui se passe dans ces champs dépend de la gestion de la culture, du choix de la gestion de la rotation et des autres éléments présents dans le paysage. En conclusion, les cultures tolérantes à un herbicide auront un impact sur la biodiversité dans les paysages agricoles. Ces effets sont dus à l’herbicide et non à l'utilisation de cultures d'OGM. Dans le contexte de ce que nous attendons du paysage agricole britannique, nos résultats démontrent que, par rapport aux cultures conventionnelles, le colza oléagineux de printemps génétiquement modifié et la betterave génétiquement modifiée seraient dangereux pour la faune et la flore. A l'inverse, le maïs génétiquement modifié s'avérerait bénéfique à la faune et à la flore. Une fois encore, tout dépend du contexte agricole général. Pour en revenir à l'idée selon laquelle les différences entre cultures sont plus importantes que les différences entre les méthodes OGM et les méthodes conventionnelles, nous pensons que nous avons enregistré un effet sur la biodiversité d'un changement dans les traitements par herbicide. Cependant, si nous avions étudié d'autres changements agricoles par le passé, y compris l'introduction du maïs et du colza oléagineux ou le remplacement des céréales semées au printemps par les céréales semées à l'automne, nous supposons que nous aurions remarqué des différences au moins aussi importantes que celles dont nous avons fait état. Plus que de montrer le danger, des cultures d'OGM, nos résultats soulignent la nécessité de décider de ce que nous attendons du paysage agricole. Il existe un équilibre entre la production agricole et la biodiversité. Dans le paysage britannique, nos résultats semblent indiquer que cet équilibre serait rompu par l'introduction de ces cultures. Cette perturbation n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Plutôt que les effets de ces cultures, la question essentielle concerne ce que nous attendons de l'agriculture et la façon dont nous la gérons. R E F E R E N C E S ◆ Firbank L. G. The implication of Spring-Sown Geneticlly Modified Herbicide-Tolerant Crops for Farmlandd Biodiversity: A Commentary on “The Farm Scale Evaluations of Spring Sown Crops” (Defra 2003) ◆ Firbank L. G. et al . Farm-scale evaluation of genetically modified crops. Nature 399, 727-728 (1999) ◆ J. N. Perry, L. G. Firbank, G. T. Champlon, S. J. Clark, M. S. Heard, M. J. May, C. Hawes, G. R. Squire, P. Rothery, . P. Wolwod, J. D. Pigeonn. Ban on triazine herbicides likely to reduce but not negate relative benefits of GMHT maize cropping. Nature 2004 vol 428 313-316 IV IV COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE IMPACT DES COLZAS DE PRINTEMPS TOLÉRANT À UN HERBICIDE POUR LA BIODIVERSITÉ DES TERRES AGRICOLES S ÉANCE DE QUESTIONS - RÉPONSES Georges PELLETIER (CGB) Pourquoi n'avez-vous pas de données concernant la comparaison du comportement des cultures conventionnelles ou génétiquement modifiées ? Les FIRBANK (CEH) 48,49 pages Nous avons des données sur le comportement des cultures et le développement du couvert en termes de hauteur et de couverture. Nous n'avons pas enregistré de rendement agronomique parce que cela ne faisait pas partie de la question traitée. Nous devions enregistrer des données sur le développement des cultures parce que c'est ce à quoi répondent les indicateurs de biodiversité. En pratique, l'étude du rendement produit des problèmes techniques. Pour des raisons de séparation de la chaîne alimentaire, la betterave génétiquement modifiée devait être récoltée avant la betterave conventionnelle. D'autres difficultés étaient liées aux réglementations sur la méthode d'enregistrement du rendement. SCIMAC possède des données qui semblent indiquer que le rendement du colza oléagineux de printemps génétiquement modifié était supérieur d'environ 10 à 15 % à celui du colza conventionnel. Cependant, tel n'était pas l'objectif de l'expérience. Georges PELLETIER Le but des OGM est d'augmenter le rendement dans des conditions où il existe une concurrence entre les cultures et les mauvaises herbes. Si le rendement des OGM ne dépasse pas celui de la culture conventionnelle, il n'y a aucune raison d'utiliser des herbicides. Les FIRBANK Tel n'était pas notre sujet de préoccupation. Plutôt que de donner des conseils aux agriculteurs, notre expérience visait à découvrir les effets sur la biodiversité si les agriculteurs choisissaient de suivre une méthode particulière. En dehors du rendement, il y a de nombreuses autres raisons d'utiliser ou de ne pas utiliser de cultures OGM. Notre préoccupation était d'étudier l'impact de leur décision sur la biodiversité. Un intervenant Quand les résultats sur le colza oléagineux d'hiver seront-ils disponibles ? Il y a une différence importante entre les pratiques culturelles françaises et britanniques pour les cultures conventionnelles. A titre d'exemple, seuls deux des dix herbicides les plus populaires utilisés en France sont utilisés au Royaume-Uni et seulement la moitié des mauvaises herbes comptabilisées poussent également en France. Les FIRBANK Nous pensons soumettre les résultats sur le colza oléagineux d'hiver en mars 2004. Cependant, ils ne seront pas annoncés avant d'être soumis à un contrôle par les pairs. Par conséquent, la publication devrait intervenir à la fin de l'été ou au début du moins de septembre. Comme vous l'avez indiqué, les résultats sont très sensibles au régime d'herbicide adopté par les agriculteurs. C'est pourquoi ils ne peuvent pas être aisément traduits dans différents systèmes agricoles. En France, vous devez décider dans quelle mesure nos résultats ont une valeur dans la situation française. Yann FICHET (Monsanto) A plusieurs reprises, vous avez indiqué que les effets sont dus à un herbicide et non pas aux cultures d'OGM. Selon moi, le but de l'expérience était d'évaluer les systèmes de contrôle des mauvaises herbes et leur effet sur la population animale ainsi que de savoir si l'effet des cultures avait plus d'influence que l'utilisation de méthodes OGM. Etes-vous d'accord sur le fait que le choix de l'agriculteur et, si l'Union Européenne favorise la production d'une culture spécifique, le choix de la communauté peuvent avoir un impact sur la biodiversité ? Etes-vous favorable au fait de demander aux agriculteurs de maintenir un certain niveau de mauvaises herbes dans les champs ? Ou bien préférez-vous la solution consistant à utiliser des zones réservées exclusivement aux cultures et d'autres réservées aux mauvaises herbes ? Les FIRBANK C'est un point extrêmement important. Si l'on veut maintenir la production et la biodiversité, il y a différentes options. Ceci peut être obtenu dans les champs en réservant de petites zones de terre aux cultures de protection ou en appliquant une séparation sur de grandes distances. Pour la première fois, nous possédons à présent une base de données de qualité suffisante pour pouvoir commencer à évaluer combien de zones de terre différentes sont nécessaires pour les différents résultats. Un rendement de biodiversité peut donc offrir une alternative à un rendement de productivité. Les personnes impliquées dans les OGM le comprennent. Nos résultats présentent des données sur les conséquences des choix. Malheureusement, je ne peut pas définir l'étape suivante. Dans le cas du paysage britannique, nous devons définir nos demandes. Pour une forte production et peu de mauvaises herbes, nos résultats confirment que les betteraves et le colza oléagineux de printemps génétiquement modifiés sont utiles. Cependant, pour qu'un grand nombre de mauvaises herbes préservent la biodiversité des terres agricoles en pénalisant potentiellement le rendement, les résultats sont tout aussi clairs. Bien que les données scientifiques soient cohérentes, la réponse à ces données dépend des objectifs. Jane LECOMTE (UPS) A long terme, croyez-vous en une connexion entre la biodiversité et la production ? Le niveau de biodiversité aura-t-il une influence sur la production ? IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Les FIRBANK Les FIRBANK Oui, et telle est la politique britannique. Nous donnons une plus grande priorité à la préservation des populations d'oiseaux des terres agricoles qu'à la population d'agriculteurs. Différents outils politiques se séparent à différents degrés. Les agriculteurs peuvent donc recevoir des paiements pour une gestion de la terre favorable à la biodiversité. Ces règles étant assez récentes, nous ne connaissons pas les coûts-avantages des différentes options de gestion des terres. Statistiquement, non, parce que l'expérience rendrait cela totalement impossible à reproduire. Dans notre expérience, nous avons recherché les variantes principales, y compris les types de sol et les niveaux de mauvaises herbes, que nous pensions être significatives. En pratique, ces variantes principales n'étaient pas du tout significatives. Selon moi, certaines variations d'un champ à l'autre résultent de détails de gestion. En raison de la forte duplication, nous avons découvert un signal cohérent, qui, en raison d'une forte variation entre sites, serait moins évident dans un petit nombre de sites. Dans la conception des programmes de recherche, ceci représente une leçon importante ; notre perception du système est très différente selon la duplication utilisée. Céline DEVAUX (Université Paris Sud) Je me demandais pourquoi il y avait un grand nombre de mauvaises herbes dans le colza oléagineux et la betterave génétiquement modifiés. Etait-ce dû à la gestion avant l'application de l'herbicide ? Les FIRBANK En partant avec le même stock semencier, le premier enregistrement de mauvaises herbes a été réalisé dans la saison où un grand nombre d'herbicides conventionnels avaient été appliqués. Bien que cela n'ait eu qu'un effet temporaire, cela eut un effet réel avec des conséquences pour les espèces à l'intérieur et autour du champ. Un intervenant Concernant l'expérience sur le maïs, pensez-vous qu'un changement d'herbicide aurait produit un résultat différent ? Les FIRBANK Oui. Le choix des herbicides entre les OGM et les conventionnels a dirigé toute l'expérience. A l'évidence, le changement du régime herbicide dans l'une ou l'autre catégorie produirait des résultats différents. L'application de ceci aux réglementations est une question pour le régulateur. Actuellement, puisque la plupart des agriculteurs utilisent de l'atrazine sur les cultures conventionnelles, nous allons examiner les données pour voir les différences qui en résultent. D'une manière générale, le système est sensible au choix des régimes herbicides ; si les herbicides changent, les résultats changeront. Antoine MESSEAN (CGB) Vous avez indiqué que les résultats étaient cohérents d'une année sur l'autre et entre les sites. En fait, votre étude portant sur 60 à 70 sites est louable. Cela signifie-t-il qu'il n'y a aucun intérêt à extraire et à analyser des données individuellement pour trouver des raisons pour des résultats individuels ? Daniel EVAIN (FNAB) Avez-vous des résultats comparant la gestion biologique et la gestion GM ? Les FIRBANK Bien que cela ne fasse pas partie de notre expérience, ils existent dans d'autres études. Dans un projet, dans lequel je suis impliqué, nous comparons les céréales biologiques et conventionnelles. De plus, nous avons placé nos champs dans le contexte de niveaux de mauvaises herbes typiques du paysage britannique et ils sont en effet typiques. Cependant, nous ne pouvons pas réaliser de comparaison statistique formelle parce que le système biologique est beaucoup plus complexe que le système étudié dans le cadre de cette expérience. Laurent HUBERT (INRA) Dans les résultats qui étaient cohérents d'une année sur l'autre et entre les sites, pourquoi la dynamique à long terme était-elle incertaine ? Les FIRBANK Elle était incertaine en raison du comportement des agriculteurs. Nous avons besoin d'informations supplémentaires sur les dégâts subis par les mauvaises herbes dans la totalité de la rotation. Pour en être sûrs, nous devons remonter les mauvaises herbes jusqu'aux betteraves ou au colza. Selon moi, le domaine dans lequel nous avons le plus besoin d'informations supplémentaires concerne la façon dont les agriculteurs réagissent. Si les mauvaises herbes augmentaient dans le maïs, augmenteraient-ils le contrôle des mauvaises herbes ? Si les mauvaises herbes diminuaient dans la betterave ou le colza, relâcheraient-ils le contrôle sur le reste de la rotation ? Par comparaison à la réaction des agriculteurs, nous comprenons très bien l'écologie. IV V COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE MODÉLISATION DU FLUX DE GÈNES AU NIVEAU DU PAYSAGE ET TEST DES MESURES D'ATTÉNUATION Nathalie COLBACH UMR Biologie et Gestion des Adventices, INRA, BP 86510, 17 rue Sully, 21065 DIJON Cedex, France, [email protected] 50,51 pages Le flux de gènes est un processus qui se déroule à la fois dans l'espace et au fil des années, et qu'il est donc difficile d'évaluer uniquement par des essais sur site. Par conséquent, le modèle GeneSys (Colbach et al., 2001a, 2001b) a été développé pour quantifier les effets des systèmes de culture sur la fuite des gènes des cultures de colza génétiquement modifié en colza spontané dans le temps et l'espace. Dans la présente étude, ce modèle a été utilisé pour évaluer des systèmes agricoles existants et pour concevoir de nouveaux systèmes de culture qui limitent le flux de gènes. I. Objectifs L'objectif de ce modèle est de quantifier le flux de gènes des nouvelles variétés de colza oléagineux d'hiver, dans le cas présent des variétés GM tolérantes à un herbicide, vers du colza spontané (a) dans le temps, c'est-à-dire vers les cultures qui suivent la culture d'OGM et (b) dans l'espace, vers les champs entourant le champ d'OGM. Le modèle ne prend pas en compte la pollinisation croisée avec les parentes sauvages mais uniquement le flux de gènes via les plants de colza spontanés. Les simulations réalisées avec le modèle sont utilisées pour identifier des systèmes de culture qui présentent un risque élevé ou faible de flux de gènes. L'objectif ultime est de fournir des règles pour combiner ces systèmes de culture dans le temps et dans l'espace pour limiter les risques de flux de gènes. De plus, les producteurs de graines peuvent utiliser le modèle pour identifier les caractéristiques du colza qui augmentent ou diminuent le flux de gènes et ainsi développer de nouvelles variétés moins sujettes au flux de gènes. II. Structure du modèle Des détails sont donnés par Colbach et al., (2001a, 2001b). Les variables entrées dans le modèle comprennent (a) le plan régional des champs avec les champs cultivés ainsi que les marges des routes et des champs non cultivées, (b) la succession de cultures pour chaque champ, (c) les techniques de culture utilisées pour gérer chaque culture et (d) une description des variétés de colza. Les principales variables de sortie incluent, pour chaque champ simulé, bordure et année, les plantes adultes, les graines nouvellement produites et le stock semencier ainsi créé. Pour chacune de ces variables sont calculés le nombre d'individus par m2 et les proportions génotypiques. Le plan régional des champs représente le point de départ du modèle. Au début de la simulation, l'utilisateur choisit les cultures à faire pousser dans chaque champ et la rotation à simuler. Les routes et les voies sont bordées de marges non cultivées (des "bordures"), accueillant des populations férales de colza. Dans chacun de ces champs et de ces bordures, le cycle biologique annuel est simulé pour les plantes cultivées et les plantes spontanées. Le cycle débute avec le stock semencier qui émerge des semis qui deviennent adultes, puis des fleurs, produisent du pollen et des graines. Une partie des graines produites renflouent le stock semencier. Pour chaque étape, le modèle calcule le nombre d'individus par m2 et les proportions génotypiques. Dans chaque champ et bordure, le cycle biologique est simulé individuellement. Pendant la floraison et la production de graines, les divers cycles biologiques se connectent, menant à des échanges de pollen et de graines. L'importance de ces échanges dépend de la zone, des formes et des distances du champ. Le rapport entre les différentes étapes dépend de la culture qui pousse dans le champ et des techniques de culture. A titre d'exemple, le labour et le broyage des chaumes déterminent la façon dont les graines sont distribuées verticalement dans le stock semencier, ce qui est crucial, car seules les graines proches de la surface du sol émergeront et donneront naissance à des plants. M o d é l i s a t i o n d u f l u x d e g è n e s a u n i ve a u d u p a y s a g e e t t e st d e s m e s u r e s d ’ a t t é n u a t i o n Les applications d'herbicide déterminent la façon dont de nombreux plants atteignent le stade adulte et l'efficacité de l'herbicide dépend de l'ingrédient actif utilisé et du génotype de la plante. Lorsque les bordures ou les terres mises en réserve sont fauchées, les ramifications existantes sont détruites mais les plantes ne meurent pas nécessairement. Elles peuvent produire de nouvelles ramifications qui produisent de nouvelles fleurs et de nouvelles graines. Selon les conditions avant et pendant les récoltes, une partie variable des graines nouvellement produites restera dans les champs et retournera dans le stock semencier. La nature de la culture semée, la date de son ensemencement et sa densité jouent également un rôle dans la concurrence entre les plants de colza ainsi que les plants spontanés de colza et les plantes cultivées. Les paramètres utilisés pour décrire leurs relations ont été empruntés à la littérature ou déterminés par des essais sur site. III. Evaluation de GeneSys Avant d'utiliser le modèle pour développer les conseils agricoles, il est nécessaire de l'évaluer en comparant ses résultats simulés à des observations indépendantes sur le terrain afin de déterminer dans quelles conditions le modèle peut être utilisé et quelles précautions sont nécessaires pour son utilisation. L'évaluation du modèle a été séparée en deux parties. Les détails sont donnés par Colbach et al., (2004). 1. S O U S - M O D È L E D É M O G R A P H I Q U E Dans une première étape, nous avons vérifié si le modèle prédisait correctement les densités de plants spontanés de colza, quel que soit leur génotype. Un groupe isolé de champs d'agriculteurs entouré d'une forêt a été choisi en Bourgogne. Dans chaque champ et bordure, les antécédents de culture ont été enregistrés pour l'année en cours et les quatre années précédentes. Au printemps, tous les plants de colza spontanés en floraison ont été comptés dans tous les champs et toutes les bordures. Le modèle a correctement prédit les densités de plants spontanés dans les champs en dehors des cultures de printemps où les densités ont souvent été sous-estimées. 2. LE SOUS-MODÈLE GÉNÉTIQUE ET DE DISPERSION La seconde partie de l'évaluation concernait le sousmodèle génétique et de dispersion et était basée sur les données recueillies sur les plates-formes d'OGM créées par les instituts techniques et l'INRA en 1995. Sur ces plates-formes, deux ou trois variétés d'OGM et une variété non génétiquement modifiée coexistaient dans le temps et l'espace. Une fois encore, les antécédents de culture ont été enregistrés depuis 1996 pour tout le champ et toutes les bordures des plates-formes à moins de 500 m. V COMMISSION DU 52,53 pages Génie BIOMOLÉCULAIRE Des informations partielles sur les trois années précédant les plates-formes ont également été obtenues. Les mesures incluaient les proportions génotypiques des récoltes de colza ainsi que les densités et les génotypes des plants spontanés de colza observés après les récoltes de colza. Une fois encore, ces mesures ont été comparées aux simulations réalisées sur le modèle. Le modèle a à nouveau correctement simulé les variables observées. L'analyse de la proportion des plants spontanés tolérants à deux herbicides à distance de la variété de colza voisin a montré que le modèle simulait correctement la forme générale de la dispersion de gènes dans l'espace (Figure 1). Cependant, il a sous-estimé la dispersion. A titre d'exemple, avec un niveau donné de plantes spontanées tolérantes, la distance de dispersion réelle était environ deux fois plus importante que la distance simulée. D'autres écarts entre les données d'observation et les données de simulation, c'est-à-dire des données nulles observées pour de plus grandes distances, n'étaient pas dues à une erreur du modèle mais aux zones de prélèvement des échantillons. La zone était en fait bien trop petite pour observer les très faibles densités de plantes spontanées sur de plus grandes distances. En conclusion, le modèle semble adéquat pour évaluer et concevoir de nouveaux systèmes de culture. Cependant, l'utilisateur doit prendre deux précautions. Premièrement, le modèle sous-estime le flux de gènes dans l'espace et la distance de dispersion réelle était environ deux fois plus importante que la distance simulée. Deuxièmement, il existe un risque élevé de sous-estimer le flux de gènes après des rotations avec des cultures de printemps fréquentes. IV. Scénarios pour la co-existence de cultures d'OGM, de non-OGM et de cultures biologiques 1. D I S TA N C E D ' I S O L E M E N T Le modèle a été utilisé pour étudier l'effet de la distance d'isolement entre différentes variétés de colza oléagineux sur la contamination pendant la récolte par des gènes extérieurs. Dans l'étude, la distance d'isolement variait de 0 m, où les variétés d'OGM et de non-OGM étaient adjacentes, à 600 m. Tous les champs étaient cultivés selon une rotation colza/blé d'hiver/orge de printemps et une terre de réserve avant de semer le colza tous les sept ans. La seule exception fut le champ de plantes non génétiquement modifiées analysé où le colza n'était cultivé que tous les sept ans. Les systèmes de culture étaient intensifs, avec l'utilisation d'herbicide dans toutes les cultures ; les bordures et les terres de réserve étaient fauchées lorsque les plants de colza spontanés commençaient à fleurir. Lorsqu'un seul champ de la région contient des variétés d'OGM, la proportion de graines d'OGM dans la récolte de non-OGM (c'est-à-dire "la pollution lors de la récolte") a diminué avec la distance d'isolement entre les deux variétés (Figure 2). Cependant, la pollution lors de la récolte a augmenté considérablement avec le taux d'impureté, c'est-à-dire le taux de graines d'OGM, des lots de graines utilisés pour semer les cultures non-OGM (résultats non présentés). Sans tenir compte de cela, afin de garantir un contenu en OGM inférieur à 0,9 % (c'est-àdire le seuil proposé par l'Union Européenne pour la production de colza alimentaire et fourrager non-OGM), une distance d'isolement d'environ 200 m était nécessaire. Si la région était principalement plantée de variétés d'OGM, la situation était très différente. En fait, dans le cas d'une gestion non optimale des plantes spontanées dans les terres de réserve et les bordures (fauchage précoce), la distance d'isolement ne faisait diminuer la pollution lors de la récolte que dans l'année où les variétés d'OGM étaient introduites dans la région (résultats non présentés). Le temps passant les plantes génétiquement modifiées spontanées se répandaient dans la région et au bout de plusieurs années, la distance d'isolement entre les variétés devenait totalement inefficace (Figure 2). Si, cependant, une gestion rigoureuse des plantes spontanées était appliquée, avec un double fauchage ou un fauchage tardif de toutes les bordures et champs de réserve pour supprimer la production de graines spontanées, alors la distance d'isolement faisait à nouveau diminuer la pollution lors de la récolte. La distance nécessaire pour maintenir la pollution lors de la récolte en dessous du seuil de 0,9 % était encore une fois d'environ 200 m (Figure 2). 2 . E VA L UAT I O N D E S SYS T È M E S AG R I C O L E S E X I S TA N T S On ne peut pas étudier la distance d'isolement indépendamment des systèmes de culture ; d'autres facteurs, tels que les taux d'impuretés dans les graines, influencent la pollution lors de la récolte. Ainsi, dans la seconde étude menée en 2001 pour l'Union Européenne (Angevin et al., 2001), nous avons évalué des scénarios pour la co-existence des cultures d'OGM, de non-OGM et de cultures biologiques. Dans le cadre de cette étude, le taux de graines d'OGM dans les récoltes de colza fourrager et de colza à graines hybrides était simulé par GeneSys, selon les stratégies de gestion des exploitations agricoles impliquées ainsi que celles des exploitations voisines. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Trois exploitations agricoles biologiques et deux exploitations conventionnelles ont été simulées, en utilisant de ◆ petits (1 ha – exploitation 2a), ◆ moyens (5-6 ha – exploitations 1 et 2) ◆ très grands champs (13 ha – exploitations 3 et 4) et toujours entourés d'exploitations conventionnelles. Les champs des exploitations étaient dispersés dans la région simulée. Les différences simulées dans les systèmes de culture entre les exploitations intensives et d’agriculture biologique concernaient principalement les rotations de culture (plus de cultures de printemps dans les exploitations biologiques), le labour (versoir au lieu d'un cultivateur sous-soleur) et la gestion des mauvaises herbes (mécanique au lieu de chimique). Les exploitations à grands champs 3 et 4 utilisaient des graines conservées dans l'exploitation au lieu de graines certifiées. Dans le cas de l'exploitation intensive 1, les seuils d'impuretés d'OGM pour les récoltes alimentaires (0,9 %) et les récoltes de graines hybrides (0,3 %) furent dépassés (Figure 3). Dans l'exploitation d’agriculture biologique 2, qui utilisait le même plan de champs que l'exploitation intensive 1, les taux de pollution ont légèrement augmenté, en raison de l'efficacité moindre du désherbage mécanique. Cependant, le principal facteur de pollution était la zone du champ. En effet, les taux de pollution ont très fortement augmenté dans l'exploitation à petits champs 2a et ont été fortement diminués dans les exploitations à grands champs 3 et 4, malgré le fait qu'elles aient utilisé des graines conservées dans l'exploitation. En réalité, les petits champs sont beaucoup plus sensibles aux importations de pollen des champs voisins parce qu'ils produisent moins de pollen localement. 3. EFFETS DES CHANGEMENTS DE PRATIQUES AGRICOLES SUR L'EXPLOITATION INTENSIVE 1 La deuxième étape de l'étude consistait à simuler des modifications des pratiques agricoles, à noter quels changements réduisaient le contenu en OGM des récoltes alimentaires sous le seuil d'impuretés de 0,9 % (réduit de la moitié d'une relation d'ordre décimal à 0,4 % parce que le modèle sous-estime le flux de gènes). Efficacité de l'herbicide. Dans le système existant, l'efficacité de l'herbicide sur les plants de colza spontanés dans les céréales était de 95 %. Lorsque cette efficacité est passée à 99 %, aucun effet significatif n'a été observé sur la pollution lors de la récolte (Figure 4). En fait, l'effet plus important de la concurrence entre plantes spontanées et cultivées atténue le faible effet de l'efficacité de l'herbicide. Perte de graines et délai entre les cultures successives de colza. De façon plus surprenante, une augmentation de la perte de graines avant ou pendant la récolte du colza en raison d'un éclatement des coques, etc... n'a pas modifié la pollution lors de la récolte des cultures de colza ultérieures. En fait, cette perte de graines étant la principale cause des plants de colza spontanés dans les champs, un effet plus important était attendu. Néanmoins, le délai entre deux cultures successives de colza dans l'exploitation 1 était très long, c'est-à-dire 6 ans, et la variation de la perte de graines était là aussi atténuée par des événements ultérieurs. Dans l'exploitation 3, où le colza a été cultivé tous les trois ans, l'augmentation de la perte de graines a augmenté le contenu en OGM de la récolte alimentaire de 15 % par rapport aux 6 % observés dans l'exploitation 1. Si le délai entre les cultures successives de colza passait de 6 (système existant) à 7 ans (Figure 4), l'effet de la perte de graines était encore plus réduit car les graines mouraient en plus grande quantité pendant les années intermédiaires. L'effet était meilleur lorsque la culture supplémentaire était une culture de printemps où les plants de colza spontanés sont rares et produisent peu de pollen ou de graines. Graines conservées dans l'exploitation contre graines certifiées. L'utilisation de graines conservées dans l'exploitation à la place de graines certifiées sans OGM s'est révélée être une pratique très dangereuse. En effet, les graines conservées dans l'exploitation étaient issues de récoltes contaminées et amplifiaient par conséquent le processus de pollution. L'effet était bien plus important que pour la perte de graines parce que dans ce dernier cas, le contenu en OGM introduit était simplement doublé alors que dans le cas précédent, le contenu augmentait indéfiniment. V COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE Labour. Dans le système existant, l'agriculteur utilisait un cultivateur sous-soleur pour labourer les champs. S'il utilisait à la place un versoir avant les récoltes de colza, la pollution lors de la récolte diminuait parce que cette méthode enterre la plupart des graines génétiquement modifiées spontanées trop profondément pour qu'elles émergent dans la culture de colza non-OGM. Cependant, si le champ était labouré avant les récoltes de céréales, l'inverse était vrai ; la pollution lors de la récolte augmentait parce que les graines enterrées survivaient pendant la récolte des céréales et remontaient à la surface du sol pendant le labour précédant la récolte de colza suivante. Ainsi, la stratégie optimale est d'utiliser un cultivateur sous-soleur ou un labour superficiel avant les céréales, de laisser les graines spontanées émerger dans les céréales où une gamme importante d'herbicides peut être utilisée pour détruire les plantes spontanées. Dates d'ensemencement des graines de colza. 54,55 pages Dans le système existant, les variétés d'OGM et de nonOGM étaient semées simultanément. Des modifications des dates d'ensemencement du colza ont alors été simulées afin de limiter la période au cours de laquelle les variétés d'OGM et de non-OGM f leurissent simultanément et échangent donc du pollen. Dans la première simulation, la variété de non-OGM était semée avant la variété d'OGM, ce qui augmentait la pollution lors de la récolte. A l'inverse, l'ensemencement dans l'ordre contraire diminuait considérablement la pollution lors de la récolte mais pas en dessous du seuil d'impureté corrigé. Même si les dates de floraison changeaient, le facteur principal était les taux d'émergence des plantes spontanées. Si la variété de non-OGM est semée plus tard dans la saison, la plupart des plantes spontanées auront déjà émergé avant l'ensemencement et pourront être détruites par le labour ou les herbicides avant de planter la culture. Néanmoins, si la variété de non-OGM est semée plus tôt, les plantes spontanées émergeront dans la culture et pollueront la récolte. Le rôle des bordures du champ et des terres de réserve. Dans le système actuel, les bordures des routes et des champs n'étaient pas gérées ou étaient fauchées trop tôt pour limiter la production de graines sur les plants de colza spontanés. Si, cependant, les bordures ont été fauchées deux fois ou assez tard pour limiter la production de plants de colza spontanés, la pollution lors de la récolte des non-OGM a été réduite. Cependant, si les bordures ont été pulvérisées avec du glyphosate et si le transgène a été codé pour la tolérance au glyphosate, la pollution lors de la récolte a augmenté. Malheureusement, les bordures des routes ne sont généralement pas gérées par les agriculteurs. Leur gestion est sous le contrôle des autorités responsables des routes publiques qui n'adaptent pas nécessairement leurs pratiques aux demandes des agriculteurs. Dans le système actuel, même si les champs de réserve ont été fauchés deux fois au printemps, ils n'ont pas été semés. Généralement, ceci n'empêche pas la production de graines sur les plantes spontanées. La stratégie optimale était de semer les champs de réserve au printemps avec une culture de protection. En raison de l'ensemencement très tardif, la plupart des plantes spontanées avaient déjà émergé et ont été détruites lors de l'ensemencement. Les quelques retardataires ont alors été limitées par la concurrence avec la culture de protection. Ce changement simulé de pratiques agricoles était le premier à abaisser la pollution lors de la récolte en dessous du seuil d'impureté. Le rôle de la situation g é o gr a p h i q u e d u c h a m p . En France, les champs sont généralement dispersés dans une région. Si les champs sont regroupés, ils deviennent bien moins sensibles à la gestion des champs voisins. Par conséquent, si l'agriculteur n'a pas fait pousser de variétés d'OGM, ses récoltes de non-OGM présentent des taux de pollution très faibles qui sont très fortement en dessous du taux officiel d'impureté. 4. MODIFICATIONS DES PRATIQUES AGRICOLES DANS D'AUTRES E X P L O I TAT I O N S ET CONDITIONS Les résultats présents ont été obtenus pour une exploitation donnée et un système de culture original. Si les mêmes modifications des pratiques agricoles étaient simulées pour d'autres exploitations et d'autres conditions, les résultats ne se répétaient pas forcément. Alors que le classement des simulations restait le même, les taux réels de pollution changeaient de manière significative. A titre d'exemple, dans l'exploitation d’agriculture biologique à petits champs 2a, les taux de pollution augmentaient fortement et les modifications simulées des pratiques agricoles étaient moins efficaces (Figure 5). Ceci était dû en partie à une mauvaise collaboration avec l'exploitation intensive voisine qui n'était pas prête à modifier ses pratiques. D'autres pratiques étaient inefficaces en raison de la pression des nombreuses plantes spontanées non-OGM à côté des champs d’agriculture biologique, conséquence du faible contrôle des mauvaises herbes. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Ceci fut par exemple le cas du fauchage tardif des bordures qui a même légèrement augmenté la pollution lors de la récolte parce qu'il éliminait principalement les plantes spontanées non-OGM dont le pollen aurait dilué le pollen d'OGM immigrant dans les champs d’agriculture biologique. 5 . D É T E R M I N AT I O N D E S R È G L E S D E GESTION En utilisant ces simulations, des règles de gestion pour des variétés co-existantes dans l'espace peuvent être conçues. Malheureusement, les règles les plus efficaces, telles que le regroupement des champs et l'interdiction faite aux exploitants voisins de faire pousser des cultures d'OGM à côté de variétés de non-OGM, sont les plus difficiles à appliquer. En outre, ces règles doivent être déterminées pour chaque région et système agricole. V. Conclusion La présente simulation a montré comment des modèles tels que GeneSys peuvent être utilisés pour évaluer les systèmes de culture existant et en concevoir de nouveaux. Elle a également montré que lorsque différentes variétés co-existent, la contamination lors de la récolte est inévitable, c'est-à-dire que la récolte d'une variété contient des gènes issus de l'autre variété. L'importance de cette contamination de la récolte dépend des pratiques agricoles régionales et des modèles de champ. Les simulations ont permis d'identifier les changements de pratiques agricoles qui contribuent à abaisser la pollution lors de la récolte en dessous des seuils d'impuretés. Malheureusement, les pratiques les plus efficaces étaient également celles qui imposaient les contraintes les plus importantes aux agriculteurs et à leurs voisins ainsi qu'aux organismes extra-agricoles tels que les autorités responsables des routes publiques. Les simulations ont également montré que les risques et les contraintes variaient fortement selon les modèles régionaux de champs et les pratiques agricoles. Ces résultats ne peuvent donc pas être simplement extrapolés pour d'autres régions ou d'autres systèmes agricoles. Chaque situation régionale doit être étudiée séparément. Ceci serait impossible dans des essais sur site et ne peut être fait que par des modèles de simulation tels que GeneSys, qui sont rapides et permettent de simuler un grand nombre de systèmes de culture et de modèles de champs. Cependant, un modèle est toujours une simplification de la réalité et n'est donc pas toujours "vrai". Les systèmes de culture identifiés comme optimaux dans les simulations doivent donc être testés dans des essais sur site pour vérifier leur faisabilité et leur efficacité. Ces systèmes de culture doivent également être évalués pour d'autres risques, tels que les risques de maladie, soit avec des modèles soit avec des essais sur site. De plus, cette étude n'a pas pris en compte la contamination après la récolte, via le transport et la transformation. En outre, même sans flux de gènes de cultures d'OGM vers des plantes spontanées ou contamination par des parentes sauvages, les mauvaises herbes tolérantes à un herbicide peuvent apparaître rapidement si un seul herbicide est utilisé fréquemment sur un champ donné. En effet, cette utilisation répétée de l'herbicide crée une pression de sélection favorisant la dispersion de gènes de tolérance à l'herbicide existant naturellement ou apparaissant. R E F E R E N C E S ◆ Angevin F., Colbach N., Meynard J.M., Roturier C. (2001) Analysis of necessary adjustements of farming practices. In: Bock A.-K., Lheureux K., Libeau-Dulos M., Nilsagard H., Rodriguez-Cerezo E. (2002) “Scenarios for co-existence of genetically modified, conventional and organic crops in European agriculture”, Technical Report Series of the Joint Research Center of the European Commission, EUR 20394 EN. ◆ Colbach N., Clermont-Dauphin C., Meynard J.-M. (2001a) GeneSys : A model of the influence of cropping system on gene escape from herbicide tolerant rapeseed crops to rape volunteers. I. Temporal evolution of a population of rapeseed volunteers in a field. Agriculture, Ecosystems and Environment, 83, 235-253. ◆ Colbach N., Clermont-Dauphin C., Meynard J.-M. (2001b) GeneSys: A model of the influence of cropping system on gene escape from herbicide tolerant rapeseed crops to rape volunteers. II. Genetic exchanges among volunteer and cropped populations in a small region. Agriculture, Ecosystems and Environment, 83, 255-270. ◆ Colbach N., Fargue A., Sausse C., Angevin F. (2004) Evaluation and use of a spatio-temporel model of cropping system ef fects on gene flow. Example of the GeneSys model applied to three co-existing herbicide tolerance transgenes. European Journal of Agronomy. V COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE % multiple tolerant volunteers 10 1 0.1 0.01 0.001 0 0 20 40 60 80 100 120 140 distance to neighbour variety (m) F IGURE 1: E VALUATION DU MODÈLE G ENE S YS DE DISPERSION DE GÈNES DANS L ' ESPACE . P ROPORTIONS SIMULÉES ( D IJON EN 1996 EN PLANTS DE COLZA SPONTANÉS TOLÉR ANTS À DE MULTIPLES HERBICIDES APRÈS LA RÉCOLTE À R APPORT À LA SOURCE DU POLLEN ( GÈNE ) (C OLBACH ET AL ., ) ET OBSERVÉES ( ) DE FONCTION DE LA DISTANCE PAR 2004) 56,57 pages % GM seeds in non-GM harvest 10 1 0.1 0.01 1 F IGURE 3. TAUX 2 D ' IMPURETÉS DANS LES RÉCOLTES ALIMENTAIRES APRÈS INTRODUCTION DES OGM) 2a ( BARRES 3 4 VERTES , MOYENNE DE TOUS LES CHAMPS POUR LES ANNÉES ET LES RÉCOLTES DE GR AINES HYBRIDES ( BARRES OR ANGES , ANNÉE 14) 7 À 14 POUR LES CINQ EXPLOITATIONS SIMULÉES . L ES BARRES D ' ERREUR INDIQUENT LES VALEURS MINIMALE ET MAXIMALE DE TOUS LES CHAMPS POUR LES ANNÉES DES OGM. 7 À 14 APRÈS L ' INTRODUCTION IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE % GM seeds in non-GM harvest 100 10 1 0.1 simulated 0 100 200 corrected 0 200 400 300 400 500 600 600 800 Isolation distance (m) 1000 1200 F IGURE 2. E FFET DE LA DISTANCE D ' ISOLEMENT SUR LA POLLUTION DE LA RÉCOLTE DES RÉCOLTES DE COLZA NON -OGM 14 ANS APRÈS L ' INTRODUCTION DE VARIÉTÉS D 'OGM ET COMPAR AISON AU SEUIL D ' IMPURETÉS DE 0,9 % ( LIGNE CONTINUE ). E FFETS DE LA FRÉQUENCE DES VARIÉTÉS DE COLZA OGM ( TRIANGLES : TOUS OGM ; CARRÉS : TOUS NON -OGM) ET DE LA GESTION DES PLANTS DE COLZA SPONTANÉS ( SYMBOLES OUVERTS : FAUCHAGE TARDIF DES BORDURES ET DES TERRES DE RÉSERVE ; SYMBOLES FERMÉS : FAUCHAGE PRÉCOCE ). L A SIMULATION DE LA DISTANCE D ' ISOLEMENT ( AXE X NOIR ) A ÉTÉ CORRIGÉE EN R AISON D ' UNE SOUS - ESTIMATION SPATIALE ( AXE X ROUGE ). 95% 5% certified chisel clustered fields V sown set-aside borders sprayed with glyphosate borders cut late sow non-GM before GM sow non-GM after GM plough before cereals plough before rape farm saved seeds 0.001 add spring crop to rotation 0.01 harvest loss 10% 0.1 herbicide efficiency 99 % 1 existing system % GM seeds in non-GM harvest 10 simultaneous cut early un-sown scattered FIGURE 4. EFFET DES MODIFICATIONS DES PRATIQUES AGRICOLES SUR LE CONTENU EN OGM DES RÉCOLTES ALIMENTAIRES DE COLZA OLÉAGINEUX DANS L'EXPLOITATION VALEUR ABSOLUE ; CORRIGÉE EN RAISON D ' UNE SOUS - ESTIMATION DU 1 À CHAMPS MOYENS. COMPARAISON AU SEUIL D'IMPURETÉS ( MODÈLE). LES BARRES D'ERREUR INDIQUENT LES VALEURS MINIMALE ET MAXIMALE DE TOUS LES CHAMPS DES ANNÉES 7 À 13 APRÈS L'INTRODUCTION DES VARIÉTÉS D'OGM. INTENSIVE COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE 95% 5% certified clustered fields simultaneous cut early un-sown scattered sown set-aside sow non-GM after GM chisel 0.001 borders cut late plough before rape add spring crop to rotation harvest loss 10% 0.01 herbicide efficiency 99 % 0.1 borders sprayed with glyphosate 1 existing system % GM seeds in non-GM harvest 100 58,59 pages F IGURE 5. E FFET DES MODIFICATIONS DES PR ATIQUES AGRICOLES SUR LE CONTENU EN OGM DES RÉCOLTES ALIMENTAIRES DE COLZA OLÉAGINEUX DANS LA FERME D ’AGRICULTURE BIOLOGIQUE 2 A À PETITS CHAMPS . C OMPAR AISON AU SEUIL D ' IMPURETÉS ( VALEUR ABSOLUE ; CORRIGÉE EN R AISON D ' UNE SOUS - ESTIMATION DU MODÈLE ). L ES BARRES D ' ERREUR INDIQUENT LES VALEURS MINIMALE ET MAXIMALE DE TOUS LES CHAMPS DES ANNÉES 7 À 13 APRÈS L ' INTRODUCTION DES VARIÉTÉS D 'OGM. V IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE MODÉLISATION DU FLUX GÉNÉTIQUE AU NIVEAU DU PAYSAGE ET TEST DES MESURES D'ATTÉNUATION DISCUSSION Jean-Marc DUPUIS (Bayer Crop Jane LECOMTE (UPS) Science) La sous-estimation dans votre modèle peut-elle être due à la fonction de dispersion du pollen ? J’ai tout d’abord une petite question de compréhension. Vous indiquez une courbe qui vous permet de déterminer une distance d’isolement de 200 mètres. Or sur cette courbe, 200 mètres est le premier point Nathalie COLBACH Oui, je crois que la fonction de dispersion du pollen est après 0. Il m’aurait semblé plus correct de dire que responsable de cette sous-estimation, qui est évidente la distance d’isolement se situait entre 0 et 200 dans chacune des sept années de notre étude et sur tous mètres et non que la distance d’isolement était de les sites. 200 mètres. Antoine MESSEAN (CGB) Nathalie COLBACH (INRA) Il me semble avoir indiqué que cette distance mesurait environ 200 mètres. Je pourrais effectivement refaire des simulations avec des points intermédiaires. Quand on observe les chif fres concernant l’augmentation du stock semencier, on est surpris de l’effet sélectif de l’efficacité de l’herbicide et de la gestion de la jachère. Pouvez-vous expliquer vos résultats ? Jean-Marc DUPUIS Nathalie COLBACH Vous utilisez votre modèle avec différentes surfaces. Cela dépend de la rotation. La jachère est plus proche Il me semble que vous vous basez sur des données dans le temps de la récolte de colza que ne l'est le blé d’essais inter-instituts et non sur de grandes parcelles. Or des résultats issus d’essais sur grandes parcelles, réalisés en France ou en Angleterre, sont disponibles. Avez-vous utilisé ces résultats ? Si ce n’est pas le cas, quelle loi vous d'hiver. Ainsi, il y a un impact plus fort sur jachère. Pour le blé d'hiver, même lorsque l'efficacité de l'herbicide est modifiée, il y a beaucoup de concurrence de la culture. Dans la jachère, si rien n'est semé, il n'y a pas de permet d’établir le f lux de pollen à partir des concurrence et les plantes spontanées se développent grandes parcelles ? librement. L'introduction de la concurrence réduit la production de graines de plus des 5 % enregistrés en Nathalie COLBACH changeant l'efficacité de l'herbicide. C'est un problème L’évaluation a été réalisée avec les données des plates- de temps et de taux de changement, qui est plus élevé formes sur des parcelles plus petites et des champs dans la jachère que dans le blé d'hiver. d’agriculteurs. Si d’autres données sont disponibles pour comparer les simulations avec des données réelles, je suis intéressée. Un modèle évolue en effet dans le temps. Il en est de même pour la dispersion à longue distance. V VI COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE A NALYSE DE L ' EXPÉRIENCE CANADIENNE : IMPACT DU COLZA TOLÉRANT À UN HERBICIDE SUR LA FLORE DE MAUVAISES HERBES Linda HALL Alberta Agriculture, Food and Rural Development/ University of Alberta, Canada A. Gordon THOMAS Agriculture and Agri-Food Canada 60,61 pages Cette présentation traitera de l'utilisation de colza tolérant à un herbicide au Canada, y compris d'expériences menées pour déterminer l'influence de l'introduction de colza tolérant à un herbicide sur la flore des mauvaises herbes. La région du Canada où pousse le colza est la région des prairies. La plupart des données que je vais présenter viennent d'Alberta, où le colza est une culture importante. Sur une moyenne de cinq années, la province produit 1,6 millions d'hectares, chaque année. Ceci représente potentiellement la plus grande expérience mondiale sur le colza génétiquement modifié. I. La success story du colza tolérant à un herbicide Au Canada, nous ne réglementons pas les OGM et les non-OGM. Nous réglementons plutôt les plantes aux caractéristiques nouvelles (PNT), qui sont un génotype ou une variété significativement différente de la variété conventionnelle (CFIA 2003). Nous ne nous préoccupons pas de la façon dont elles sont produites ; si elles sont différentes, elles sont réglementées. En pratique, il s'agit de l'un des systèmes réglementaires les plus ouverts au monde. Aux fins de cette présentation, je traiterai de trois types de colza : le colza tolérant au glyphosate (RR), le colza tolérant au glufosinate (LL) et le colza tolérant à l'imidazolinone (CF). Le colza tolérant à un herbicide a été mis sur le marché réel en 1997 et a rapidement été adopté par les cultivateurs (Hall et al., 2003). La variété la plus populaire est le colza tolérant au glyphosate, qui occupe environ 50 % de la zone plantée de colza. Bien que les chiffres officiels indiquent une part conventionnelle de 10 %, ceci inclut Brassica rapa et les huiles spécialisées. De fait, environ 95 % des cultivateurs choisissent de cultiver B. napus tolérant à un herbicide. En dépit des comptes rendus des médias, le colza est une réussite au Canada. Le colza tolérant à un herbicide répondait à un problème de production important pour le colza : des pertes de production dues aux mauvaises herbes. Le producteur moyen utilise du colza tolérant à un herbicide et rencontre peu de problèmes. Des modifications mineures de notre système de culture ont été nécessaires. Nous avons observé des conséquences environnementales positives. L'utilisation de nombreuses variétés tolérantes à un herbicide ne menace pas la vente de l'huile de colza ou de produits à valeur ajoutée. Nos principaux marchés incluent le Japon et les Etats-Unis, qui acceptent ces produits. II. Effets directs sur l'environnement 1. AVA N TAG E S Au Canada, l'utilisation de colza tolérant à un herbicide a entraîné la réduction des herbicides incorporés au sol. Aujourd'hui, 69 % de nos cultivateurs ont un labour réduit ou aucun système de labour (Statistics Canada 2003). La réduction du labour améliore la matière organique et la fertilité et entraîne la durabilité de notre système. En conséquence directe de l'utilisation de colza tolérant à un herbicide, le Canada occidental utilise aujourd'hui 31,2 millions de litres de diesel en moins chaque année. De plus, l'utilisation d'herbicide a été réduite de 6 000 tonnes par an, ce qui entraîne un petit bénéfice pour le cultivateur de 2,34 $ canadiens par hectare (Canola Council of Canada 2001). Nous avons enregistré un important flux de gènes par le biais des graines et du pollen, ce qui entraîne des additions et une tolérance inattendue de la part des plants de colza spontanés (Hall et al., 2000, Hall et al., I M PAC T S U R L’ E N V I R O N N E M E N T D E S C U LT U R E S D E C O L Z A G É N É T I Q U E M E N T M O D I F I É E S Impact du colza tolérant à un herbicide s u r l a f l o r e d e m a u va i s e s h e r b e s 2003b). Une tolérance à de multiples herbicides des plants de colza spontanés est à présent attendue par les cultivateurs et habituellement contrôlée par des herbicides auxiniques bons marchés dans d'autres cultures. Contrairement à l'Europe, nous n'avons pas de populations férales de Brassica napus. Dans l'ouest du Canada, l'introgression dans des espèces de mauvaises herbes ne pose pas encore de problème, et nous prédisons que pour les deux espèces que l'on trouve dans l'ouest du Canada, il y ait peu de risque d'introgression (Warwick et al., 3003, Hall et al 2003b). 2 . P R É O C C U PAT I O N S À T R A I T E R Nous avons noté une présence adventive dans notre système de graines certifiées, ce qui crée une difficulté pour ceux qui sont opposés aux OGM ou pour les producteurs organiques. Actuellement, les tribunaux abordent ce problème. Avant la mise sur le marché, nous devons avoir mis en œuvre un test obligatoire de notre système de graines certifiées. La certification des graines enregistre actuellement la quantité de graines de mauvaises herbes, et les taux de germination, mais elle devrait également rendre compte du statut de la source de la graine en termes de résistance à un herbicide. De manière surprenante, nos cultivateurs sont plus inquiets des niveaux élevés de plantes sensibles dans leur colza tolérant. S'ils doivent planter des graines onéreuses, ils préfèrent qu'elles ne soient pas contrôlées par les herbicides. III. Biodiversité 1. D I F F É R E N C E S D E P R I O R I T É L'Europe et le Canada n'évaluent pas de la même manière les espèces de mauvaises herbes. En Europe, l'on valorise la biodiversité dans les terres agricoles et les mauvaises herbes qui se développent avec ce système. De plus, les environnements non perturbés sont relativement rares. Au Canada, nous valorisons l'habitat pour les plantes naturelles, les herbivores, les oiseaux et les prédateurs. Nous faisons tout pour conserver les communautés naturelles. Les mauvaises herbes (et les cultures) sont des espèces exotiques introduites relativement récemment. Nous avons introduit ces mauvaises herbes et ces cultures dans notre système naturel au cours des 150 dernières années. Parce que ces introductions sont si récentes, il peut y avoir moins d'interactions trophiques entre les espèces de mauvaises herbes et l'environnement naturel qu'en Europe. De plus, la faune et la flore sont plus disponibles et plus accessibles. C'est pourquoi les Canadiens ne considèrent pas les zones de culture comme des réserves écologiques de grande valeur. 2 . L A C R É AT I O N D E S TO C K S D ' E S P È C E S Etant donné la façon dont les communautés de mauvaises herbes se regroupent, nous pouvons imaginer un stock d'espèces arrivées sur un site, à la fois naturelles et introduites (Booth and Swanton 2002). VI COMMISSION DU 62,63 pages Génie BIOMOLÉCULAIRE Ce stock est réduit aux espèces capables de survivre au climat. Dans les zones de culture, cette communauté est en plus limitée par des perturbations, qui éliminent les espèces naturelles presque entièrement de notre système de culture. La gestion des cultures réduit encore le stock d'espèces. Dans l'ouest du Canada, le labour reste le facteur le plus important de réduction de la biodiversité, et en particulier de la diversité des plantes naturelles. La plupart des 130 espèces, ou plus, de mauvaises herbes importées à Alberta sont venues d'Europe ou du Moyen-Orient. Les espèces de mauvaises herbes naturelles ne sont pas en danger. En 2001, nous avons réalisé une étude stratifiée aléatoire de 1 200 champs d'Alberta. Dans chaque champ, nous avons enregistré la densité des mauvaises herbes et leur identité, dans 20 quadrats placés de manière aléatoire (Leeson et al., 2002). Dans 66 % des champs, des échantillons sans aucune mauvaise herbe étaient présents. En utilisant une analyse par redondance, nous avons analysé les données pour déterminer les variables significatives ayant un impact sur les populations de mauvaises herbes. Des variations environnementales, le climat, le sol et les cultures, le climat était la plus importante. En termes de données climatiques, les précipitations et les températures de la saison de culture représentaient les deux principales influences affectant les populations de mauvaises herbes (Hall et al., 2003c). Les cultures de colza semblent influencer les populations de mauvaises herbes d'une façon semblable aux autres cultures y compris l'orge, le blé et les pois. Ceci semble indiquer que les résultats de notre gestion sont R E F E R E N C E S ◆ Booth, B. D. and C. J. Swanton (2002) Assembly theory applied to weed communities. Weed Science 50:2-13. ◆ Canola Council of Canada (2001) Agronomic & Economic Assessment of GMO Canola. http://www.canola-council.org/. Accessed Dec 29, 2003. ◆ Canadian Food Inspection Agency (2003) Assessment Criteria for Determining Environmental Safety of Plants with Novel Traits. http://www.inspection.gc.ca/english/plaveg/bio/dir/dir9408de.shtml, Accessed Dec 29, 2003. ◆ Hall, L. J. Jones, K. Topinka, P. Kharbada and R. Lange (2003a) Integrated pest management in short rotation Canola. Alberta Agriculture Institute, Report #96M950, pp 151. ◆ Hall, L. M., A. Good, H. J. Beckie, and S. I. Warwick (2003b) Gene flow in herbicideresistant Canola (Brassica napus) : The Canadian experience. Ecological Impact of GMO Dissemination in Agro-Ecosystems. T. Lelley, E. Balazs and M. Tepfer (eds). OECD, Austria. p 57-66. ◆ Hall, L. M., J. Y. Leeson, and A. G. Thomas (2003c) Correlating Alberta weeds with climate, soils and crops : A multivariate approach.Weed Science Society of Canada. Halifax. ◆ Hall, L., K. Topinka, J. Huffman, L. Davis and A. Good (2000) Pollen flow between herbicide resistant Brassica napus is the cause of multiple resistant B. napus volunteers. Weed Science 48:688-694. ◆ Leeson, J. Y., A. G. Thomas and L. M. Hall (2002) Alberta weed survey of cereal, oilseed and pulse crops in 2001. Weed Survey Series Publication 02-1. Agriculture and Agri-Food Canada, Saskatoon Research Centre, Saskatoon, Saskatchewan. ◆ Statistics Canada. Agriculture 2001 Census. http://www.statcan.ca/english/freepub/95F0301XIE/tables.htm#use. Accessed December 23, 2003 ◆ Warwick, S. I., M.-J. Simard , A. Légère , H. J. Beckie , L. Braun , B. Zhu , P. Mason , G. Séguin-Swartz , C. N. Stewart (2003) Hybridization between transgenic Brassica napus L. and its wild relatives : Brassica rapa L., Raphanus raphanistrum L., Sinapis arvensis L., and Erucastrum gallicum (Willd.) O.E. Schulz. Theoretical and Applied Genetics 107(3):528 - 539 relativement similaires. A l'inverse, l'avoine tend à être gérée avec moins de réussite et présentait une abondance accrue de mauvaises herbes. 3 . D E N S I T É E T D I V E R S I T É D E S M AU VA I S E S HERBES RÉSIDUELLES Dans une recherche sur de petites parcelles menée sur quatre ans, nous avons comparé la densité et la diversité des mauvaises herbes dans le colza conventionnel et le colza tolérant à un herbicide, sur des sites de trois zones agro-écologiques, en utilisant quatre rotations de cultures, et cinq variétés de colza (Hall et al., 2003a). Pour mesurer la diversité, nous avons utilisé l'indice de Shannon, une mesure de la richesse et de l'équitabilité des espèces. Il y avait des différences significatives de densité de mauvaises herbes selon les années et les sites, dues à la variation de la météorologie et de la région agro-écologique. La rotation de cultures a fortement diminué la densité des espèces mais a augmenté la diversité des mauvaises herbes. La rotation eut l'impact le plus important sur la diversité de tous les facteurs examinés. Lorsque nous avons comparé le colza tolérant à un herbicide au colza conventionnel, le colza tolérant à un herbicide avait une densité de mauvaises herbes moindre mais l'effet sur la diversité des mauvaises herbes était moins apparent. Les facteurs liés à la gestion, y compris le choix de l'herbicide, influencent les populations de mauvaises herbes, mais la diversité des mauvaises herbes peut-être influencée de manière plus importante par une incitation à pratiquer diverses rotations de cultures. IV. Conclusion De nombreux facteurs influencent les populations de mauvaises herbes, parmi lesquels le climat, le sol, le type de culture et la gestion des cultures. Les choix des variétés de colza/d'herbicide influencent les populations de mauvaises herbes. Les herbicides efficaces totaux ou non sélectifs réduisent de manière significative la densité des mauvaises herbes par rapport aux herbicides moins efficaces. Le choix d'un herbicide a moins d'effet sur la diversité des mauvaises herbes. La diversité des mauvaises herbes peut être améliorée par l'utilisation d'une rotation de cultures diversifiée. Le principal objectif des efforts de conservation au Canada est de gérer l'habitat des espèces naturelles. Les terres non perturbées et l'habitat de culture forment une mosaïque dans le paysage canadien. Les terres non perturbées, telles que les parcs naturels, tendent à être gérées de manière extensive et à accueillir des communautés naturelles valorisées. Notre but est la préservation de zones non perturbées et sensibles et la restauration des communautés naturelles. La gestion intensive des terres de culture, y compris l'utilisation de colza productif résistant à un herbicide, concentre l'utilisation de terres actuellement cultivées, et peut donc préserver des zones sauvages et non perturbées. VI IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE ANALYSE DE L'EXPÉRIENCE CANADIENNE : IMPACT DU COLZA TOLÉRANT À UN HERBICIDE SUR LA FLORE DE MAUVAISES HERBES S ÉANCE DE QUESTIONS - RÉPONSES Daniel EVAIN (FNAB) Est-il vrai que les agriculteurs du système organique ne peuvent pas faire pousser de colza oléagineux au Canada ? Linda HALL (Université d’Alberta) La norme organique est à zéro, avec une tolérance nulle aux OGM. Ils ne peuvent donc pas cultiver de colza oléagineux au Canada. Daniel EVAIN Linda HALL Nous pulvérisons uniquement du glyphosate sur le colza résistant au glyphosate pendant le pré-ensemencement et nous ne l'utilisons plus seul. Nous le mélangeons à un oxydant pour traiter les plantes spontanées. Antoine MESSEAN (CGB) La diapo qui présentait le nombre de mauvaises herbes après pulvérisation de différentes variétés diffère de celle présentée par Les Firbank. Pouvez-vous l'expliquer ? Avez-vous des données sur le taux de cultures organiques ? Linda HALL Linda HALL Je dirais que nous avons des résultats assez similaires. La différence entre les autres colzas tolérants à un herbicide est due au fait que le glyphosate ne contrôle pas de façon adéquate la folle avoine. Par conséquent, la folle avoine augmente dans le colza traité au glyphosate. Dans notre système, le glyphosate offre un spectre plus complet et tend à être uniforme pour contrôler toutes les espèces. Au bout de quatre ans nous avons noté une constitution de mauvaises herbes non contrôlées correctement par les autres herbicides. Nous avons de nombreuses preuves montrant la résistance et la résistance croisée de champs conventionnels. A moins que le champ organique soit significativement isolé, je ne vois pas comment ils pourraient atteindre le zéro. Aucune donnée n'est disponible sur les cultivateurs organiques. De toute façon cette question est traitée par les tribunaux. Céline DEVAUX (UPS) Le nombre d'exploitations organiques a rapidement diminué depuis la production des OGM. Quel est l'équivalent en pourcentage des 6 000 tonnes d'herbicide en moins ? Antoine MESSEAN Linda HALL Nous n’avons pas étudié le stock semencier. Je n'ai pas les pourcentages. Les 6 000 tonnes reflètent l'abandon des herbicides incorporés au sol, qui étaient très fréquemment utilisés. Jane LECOMTE (UPS) Céline DEVAUX Selon une récente étude menée au Canada, l'introduction du colza génétiquement modifié n'est pas un si grand succès. Pour les exploitants, ces plantes offraient une gamme plus importante d'application d'herbicide, ce qui ne signifie pas nécessairement moins d'herbicide. Les 30 % de plantes spontanées que vous avez mentionnées étaient-elles des OGM ou des plantes conventionnelles ? Avoir des plantes tolérantes à de multiples herbicides avec des plantes conventionnelles ferait une différence pour la culture suivante. Avez-vous étudié le stock semencier ? Linda HALL Lors d’une récente conférence sur la co-existence des cultures d’OGM et de non-OGM, un conférencier canadien a présenté l’expérience canadienne et le problème des plantes spontanées génétiquement modifiées dans les cultures de colza conventionnel. Vos informations ne correspondent pas aux siennes ? Linda HALL Nous ne séparons pas le colza génétiquement modifié du colza non-OGM. Ainsi, le colza génétiquement modifié ne serait pas contrôlé par l’herbicide et serait récolté en même temps que le colza conventionnel. Où est l’inconvénient ? Jane LECOMTE Linda HALL Cela applique une résistance à votre culture conventionnelle. En termes de gestion de la rotation, il y a peu de différences dans la rotation du blé ou de l'orge. Cependant, le colza Clearfield est difficile à contrôler dans les cultures de pois. Linda HALL Céline DEVAUX Y a-t-il une pulvérisation systématique avant l'émergence ? Nous avons initialement rapporté la tolérance aux multiples herbicides et elle est présente partout. Cela n’empêche pas les agriculteurs de faire tout ce qu’ils feraient normalement. VI VII COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE RÉFLEXION SUR L’ÉVOLUTION DES STRATÉGIES DE DÉSHERBAGE EN FRANCE Bruno CHAUVEL UMR Biologie et Gestion des Adventices - INRA – 17 rue Sully 21065 Dijon Cedex I. Constat global 64,65 pages Au cours des dernières années, il a été observé dans le monde agricole des modifications importantes des pratiques culturales telles que la simplification des rotations, la réduction du travail du sol ou l’amélioration des techniques autour de la fertilisation azotée. Globalement, on peut constater que ces modifications ont été réalisées indépendamment les unes des autres et avec très souvent une hypothèse sous-jacente assez forte que le contrôle des mauvaises herbes ne constituait pas un problème agronomique. De ce fait, dans de très nombreux systèmes de culture, on peut constater que le contrôle des plantes adventices repose actuellement uniquement sur le désherbage chimique. En plus d’une réduction considérable dans certaines cultures du nombre de molécules herbicides disponibles liée à la réglementation européenne, un certain nombre de problèmes, qui découlent cette utilisation quasiunique du contrôle chimique des mauvaises herbes, sont aujourd’hui constatés parmi lesquels : ◆ La détection en quantité importante de molécules d’herbicides dans l’eau et dans l’air. ◆ Une augmentation du coût des nouveaux herbicides. ◆ Le développement de populations de mauvaises herbes résistantes aux herbicides difficilement gérables par le simple contrôle chimique. II. Développement de concepts de protection intégrée Parmi les différentes molécules de synthèse utilisées en agriculture, ce sont les herbicides qui sont non seulement détectés régulièrement en plus grand nombre dans les réserves en eau, mais aussi qui dépassent le plus souvent la concentration légale (données IFEN). Une meilleure utilisation des produits phytosanitaires et donc des herbicides, est apparue comme indispensable et a entraîné le développement de concepts de protection intégrée. 1. P R É S E N TAT I O N La protection intégrée correspond à un système de lutte contre les organismes nuisibles qui utilise un ensemble de méthodes satisfaisant à la fois des exigences économiques, écologiques et toxicologiques (Ferron, 1999). Le désherbage intégré suppose que l’on passe d’un raisonnement uniquement basé sur le désherbage chimique à l’échelle de l’année culturale (système curatif) à une lutte globale à l’échelle de la succession des cultures en intégrant des pratiques préventives (Debaeke, 1997). La lutte intégrée contre les mauvaises herbes consiste alors à mettre en œuvre tous les facteurs techniques, biologiques, biophysiques, contribuant à limiter le potentiel d'infestation dans la culture considérée et dans les cultures suivantes de la succession culturale, dans le but de limiter le recours aux traitements herbicides curatifs, et de réduire les impacts environnementaux liés aux résidus de produits herbicides (Munier Jolain, 2001). La gestion intégrée des mauvaises herbes n’est que peu développée en France si ce n’est dans les parcelles sous cahier des charges de l’Agriculture Biologique qui représentent moins de 1,5% de la surface cultivée. Ce sont donc surtout dans des systèmes où l’efficacité des herbicides va se trouver réduite que ce mode de gestion est actuellement ou sera développé dans les prochaines années. ☛ De telles pratiques sont par exemple observables dans les zones où la réserve d’eau potable est protégée. Dans ce cas en effet, des arrêtés préfectoraux obligent les agriculteurs à limiter l’emploi de produits de synthèse et incitent à l’utilisation d’autres méthodes (mécaniques en particulier) de contrôle. ☛ De même, des méthodes de gestion intégrée des mauvaises herbes sont à développer face à de nouvelles espèces de mauvaise herbe. C’est la cas par exemple d’espèces adventices botaniquement très proches de la culture et pour lesquelles la sélectivité de désherbage n’est pas suffisante pour assurer un contrôle satisfaisant, Réf lexion sur l’évolution des str atégies de désherbage en France c’est le cas de l’ambroisie (Ambrosia artemisiifolia L.) dans le tournesol ou de la barabarée (Barbarea vulgaris Brown) dans le colza. ☛ Enfin, les agriculteurs sont aussi contraints d’utiliser des pratiques intégrées quand les mauvaises herbes sont devenues résistantes aux herbicides. Cette situation est comparable d’un point de vue agronomique à celle qui pourrait exister avec les cultures génétiquement modifiées dans quelques années. 2 . E X E M P L E D ’ U T I L I S AT I O N D E P R AT I Q U E S I N T É G R É E S P O U R G É R E R U N E M A U VA I S E H E R B E TO L É R A N T E AU X H E R B I C I D E S Nous avons étudié le cas de développement de populations de mauvaises herbes tolérantes aux herbicides dans la région de Dijon. La mauvaise herbe (le vulpin – Alopecurus myosuroides Huds.) est devenue tolérante par mutation à une famille d’herbicides (aryloxyphénoxy-propionates – groupe HRAC A) utilisée de façon quasi systématique depuis une dizaine d’années sur la parcelle (Chauvel et al., 2000) Le travail a porté sur la mise au point de pratiques visant à raisonner le désherbage chimique, mais aussi à utiliser des pratiques complémentaires intégrées pour limiter la densité de la mauvaise herbe au moment du traitement. Les effets cumulés des pratiques culturales sur la densité de vulpin dans différents systèmes de gestion des mauvaises herbes ont été étudiés pendant six années. Les pratiques non chimiques ont été choisies en fonction de la biologie de la plante. L’essai a porté sur la comparaison de six stratégies différentes de contrôle du vulpin : ◆ Dans un premier système (système A), la rotation de l’agriculteur n’a pas été modifiée. La première stratégie (1) consiste uniquement en un contrôle chimique avec des molécules encore efficaces. Le deuxième système (2) consiste en l’ajout de pratiques intégrées – labour et retard de la date de semis - au désherbage chimique pour contrôler la mauvaise herbe. Le troisième système (3) consiste en une diminution des différentes actions mises en place dans le but de réduire les coûts. ◆ Dans un deuxième système (système B), il est introduit dans la rotation des cultures de printemps. Les mêmes stratégies, contrôle chimique (4), système complet (5) et système allégé (6) de culture sont testées. Globalement, les résultats montrent que la densité de mauvaises herbes a considérablement diminué dans tous les systèmes au bout de la quatrième année. Un raisonnement des techniques de gestion de la mauvaises herbe, basé sur une bonne connaissance de la biologie de la plante et du mécanisme de résistance, s’est donc révélé très efficace (Chauvel et al., 2001). VII COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE Toutefois, pour des raisons climatiques, on peut observer que la densité de la mauvaise herbe augmente de nouveau fortement si le désherbage repose uniquement sur le contrôle chimique (stratégie 1). Le contrôle “allégé” (moins d’herbicides et pas de labour) permet aussi au départ une gestion satisfaisante de la mauvaise herbe. Toutefois lorsque le désherbage chimique est moins efficace, la densité du vulpin remonte toutefois rapidement (stratégies 3 et 6). Dans la rotation avec culture d’hiver, la densité de la mauvaise herbe est restée très faible les 6 années si l’on associe un désherbage efficace à des pratiques intégrées (stratégie 2). On remarque, que dans le cas du vulpin, l’introduction des cultures de printemps, associée aux pratiques choisies, est très efficace pour faire diminuer la densité de la mauvaise herbe rapidement et durablement (stratégie 4 et 5). La modification de la rotation des cultures permet donc de résoudre efficacement ce problème de mauvaise herbe résistante qui paraissait insoluble à l’agriculteur. 66,67 pages I I I . Po s s i b i l i t é s e t l i m i te s d e s p r a t i q u e s intégrées Toutefois, les pratiques intégrées de désherbage posent un certain nombre de problèmes (Debaeke, 1997 ; Ehler and Bottrel, 2000). Si elles peuvent être très efficaces pour des infestations constituées d’une seule espèce adventice, la présence de plusieurs espèces, à caractéristiques biologiques différentes, rend leur utilisation plus problématique. Les pratiques non chimiques semblent nécessiter par ailleurs un temps de travail plus important et un coût plus élevé pour l’agriculteur. Il faut admettre qu’une pratique intégrée utilisée seule ne permettra jamais d’obtenir d’aussi bons résultats qu’un désherbage chimique. Il apparaît donc que ces pratiques ne peuvent se montrer réellement efficaces que si elles sont combinées à d’autres pratiques non chimiques ou à un désherbage chimique. Plusieurs outils peuvent être utilisés dans le cadre d’un désherbage intégrée (IFOAM, 1993 ; Vincent et al., 2000) : ◆ des outils “préventifs” qui permettent de limiter le nombre de plantes levées ♣ Labour ♣ Faux semis, retard des dates de semis, … ♣ Rotation culturales Cette gestion agronomique des mauvaise herbes peut modifier de façon plus ou moins importante le système de culture ; leur action permet d’une part d’éliminer les adventices avant le semis et de réduire le nombre d’adventices dans la culture. ◆ des outils “curatifs” qui désherbent la flore adventice en place après le semis de la culture ♣ Outil de travail du sol en inter-rang ♣ Outils de contrôle physique : désherbage thermique ♣ Outils de contrôle biologique : sélection de cultivars plus compétitifs vis-à-vis des plantes adventices (il n’existe que peu données concernant l’introduction d’insectes ou de prédateurs des mauvaises herbes pour la gestion des adventices dans nos systèmes de culture). Comme dans le cas du désherbage chimique, les pratiques non chimiques peuvent provoquer des évolutions de flore. Debaeke (1988) a montré qu’une pratique comme le labour est très efficace pour la gestion des graminées adventices, mais peu efficace en ce qui concerne la gestion des espèces dicotylédones qui semblent mieux contrôlées dans des systèmes de travail superficiel. L’efficacité des pratiques non chimiques est très liée à la biologie, à l’écologie de la mauvaises herbe et aux conditions climatiques ; Il est donc possible d’observer des variations d’efficacité suivant les années (Zemrag, 1996). Par ailleurs, ces pratiques intégrées peuvent aussi entrer en conflit avec d’autres pratiques intégrées. Les pratiques de faux semis, par exemple, peuvent provoquer une compaction du sol, ce qui peut entraîner une diminution de la fertilité du sol. La mise en place des pratiques intégrées peut être limitée par des contraintes de type agronomiques (organisation du temps de travail, valorisation de la récolte), par des contraintes environnementales (l’écobuage des pailles, pratique très efficace permettant la gestion des graminées adventices, a des retombées très lourdes sur le plan écologique) et par les contraintes pédo-climatiques (type de sol). Ce type de raisonnement intégré aboutit à des solutions adaptées à la parcelle et non à l’ensemble de l’exploitation ce qui va complexifier l’organisation du temps de travail. Ces données compliquent les prises de décisions de l’agriculteur qui doit de plus gérer un contexte économique qui ne favorise pas pour le moment le développement de telles pratiques. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE IV. Conclusions De nombreux articles (Zemrag, 1996 – effet retard date de semis; Verschwele and Nieman , 1993 – effet variétal, …) témoignent de l’efficacité réelle des pratiques non chimiques à l’échelle de l’année culturale. Mais ces même références bibliographiques montrent des résultats plus mitigés, voire l’échec de ces pratiques à long terme ou sur d’autres espèces. Il est donc nécessaire de parfaire les méthodes liées aux pratiques intégrées de désherbage par une meilleure connaissance de la biologie des adventices et des effets des pratiques sur le milieu (Chauvel et al., 1998). R E F E R E N C E S ◆ Chauvel B., Guillemin J.P., Colbach N., Gasquez J. (2001) Evaluation of cropping systems for management of herbicide resistant populations of black-grass (Alopecurus myosuroides Huds.). Crop Protection, 20, 127-137. ◆ Chauvel B., Jouy L., Verdier J.L., Guillemin J.P. (2000) Stratégie de Lutte contre les vulpins résistants : conséquences économiques. Perspectives Agricoles, 256, 72-78. ◆ Chauvel B., Munier-Jolain N.M., Colbach N. (1998) Modélisation des effets des systèmes de culture sur l'évolution démographique des populations de mauvaises herbes. 251-258. 6ème Symposium Méditerranéen EWRS, Montpellier France. L’ensemble de ces résultats montre qu’un désherbage chimique raisonné apparaît comme une solution efficace pour compléter des pratiques non chimiques en permettant la gestion des mauvaises herbes “tolérantes” aux pratiques agronomiques et en apportant des solutions les années climatiquement peu favorables à ces pratiques intégrées. L’utilisation d’herbicides est d’autant plus envisageable que ceux-ci sont utilisés à des périodes favorables, aux doses recommandées en fonction de la culture et du type et du stade de développement des adventices et que les molécules choisies ont de faibles impacts sur l’environnement. L’utilisation des herbicides à faible impact et l’introduction de cultures transgéniques tolérantes à un herbicide, en gardant la possibilité d’alterner les molécules actives, pourraient constituer des solutions alternatives satisfaisantes dans un contexte de protection intégrée. Mais il faut pour cela que le choix de telles cultures puisse être raisonné à l’échelle de la parcelle au même titre que le choix de procéder à un travail profond, de décaler une date de semis par la mise en place d’une culture de printemps ou de choisir une nouvelle variété plus compétitive. En dehors des autres problèmes que pourraient poser les cultures transgéniques, une utilisation raisonnée de ces variétés pourrait alors permettre une solution de rattrapage pour limiter les mauvaises herbes “tolérantes” aux pratiques agronomiques. Toutefois, on peut s’interroger sur les libertés de choix que pourront avoir les agriculteurs dans une agriculture de plus en plus réglementée, contrôlée et très liée aux fluctuations du marché. ◆ Debaeke P. (1997) Le désherbage intégré en grande culture : Bases de raisonnement et perspectives d'application. Cahiers d'Etudes et de Recherches Francophones Agricultures. 6, (3);185-194. ◆ Debaeke P., Orlando D. (1991) Simplification du travail du sol et évolution de la flore adventice : conséquences pour le désherbage à l'échelle de la rotation. In : Simplification du travail du sol. Colloques de l'INRA, 65, 35-62. ◆ Ehler L.E., Bottrel D.G. (2000) The illusion of integrated pest management. Issues in Science and Technology, Spring 2000. http://www.nap.edu/issues/16.3/ehler.htm ◆ Ferron P. (1999) Protection intégrée des cultures : évolution du concept et de son application. Cahiers d'Etudes et de Recherches Francophones Agricultures. 8, 389-396. ◆ IFOAM (1993) Maîtrise des adventices par voie non chimique. 4ème Conférence Internationale IFOAM. Dijon – France. Ed. J.M. Thomas. P. 393. ◆ Munier-Jolain N.M. (2001) Effets de l’écartement entre les rangs sur la croissance et la production semencière des mauvaises herbes. 17ème Conférence du COLUMA – Journées Internationales sur la lutte contre les mauvaises herbes. – Toulouse France. 1, 33-40. ◆ Verschwele A., Nieman P. (1993) Indirect weed control by selection of wheat cultivars. Colloque sur la Maîtrise des adventices par voie non chimique de Dijon, .IVème Colloque IFOAM. Ed. J.M. Thomas Quétigny. France. 269-273. ◆ Vincent C., Panneton B., Fleurat-Lessatd F., (2000) La lutte physique en Phytoprotection. Collection Un point sur …, Ed. INRA ISBN 2-7380-0918-2, P.347. ◆ Zemrag A. (1996) Lutte intégrée contre l’orobanche (Orobanche crenata Forsk.) dans la culture de fève (Vicia sativa L.) au Maroc. Xème colloque International sur la Biologie des mauvaises herbes- Dijon France, 319-326 VII COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE TABLEAU I : B IOLOGIE ET GESTION AGRONOMIQUE DU VULPIN (A. MYOSUROIDES H UDS .). BIOLOGIE DU VULPIN Etat de développement GESTION AGRONOMIQUE DU VULPIN Etat des connaissances bibliographiques Pratiques culturales Effet attendu de la pratique et conséquences Semences Plus de 80% des semences disparaissent chaque année dans le sol Réintroduction du labour Enfouit la semence, favorise la mortalité et limite le nombre de levées. Plantules Levée préférentielle de mi-septembre à mi-novembre Décalage de la date de semis(de 10 à 15 jours) Favorise la pratique du faux semis et élimine les levées de vulpins avant le semis. Levée au printemps possible mais plus faible Introduction de cultures de printemps Elimine les levées hivernales avant le semis de printemps. Elargit la gamme disponible d’herbicides. TABLEAU II : E FFET 68,69 pages DES DIFFÉRENTS SYSTÈMES SUR LA DENSITÉ DE MAUVAISE HERBE . An 1 An 2 An 3 An 4 An 5 An 6 S YSTÈME A Orge Hiver Blé hiver Blé Hiver Colza Blé hiver Orge Hiver (1) Contrôle chimique (2) Système complet (3) Système allégé 391.1 96.6 9.3 0.8 2.2 32.7 58.5 8.5 0.8 0.0 1.9 0.3 239.1 46.4 28.8 2.5 4.7 73.9 Orge Printemps Colza Blé hiver S YSTÈME B Orge Printemps (4) Contrôle chimique (5) Système complet (6) Système allégé 13.1 30.0 1.9 0.0 0.0 0.0 38.4 18.3 0.3 0.0 0.0 0.0 16.8 14.1 10.4 3.0 2.2 15.7 TABLEAU III : VARIABILITÉ DE L’ EFFICACITÉ ( D ’APRÈS Z EMR AG , 1996). Pois de Printemps Blé Hiver DU RETARD DE LA DATE DE SEMIS EN FONCTION DE L’ANNÉE SUR LA BIOMASSE D ’ UNE MAUVAISE HERBE PAR ASITE B IOMASSE ( G / M 2) DE L’ OROBANCHE MI- OCTOBRE M I - NOVEMBRE M I - DÉCEMBRE Année 1 47.7 1.52 0.82 Année 2 23.5 17.93 17.86 VII IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE RÉFLEXION SUR L’ÉVOLUTION DES STRATÉGIES DE DÉSHERBAGE EN FRANCE S ÉANCE DE QUESTIONS - RÉPONSES Marc FELLOUS (CGB) Ces agriculteurs s’interrogent sur la possibilité de Linda Hall nous a montré que des milliers de selon des méthodes conventionnelles. Avez-vous mauvaises herbes existent. Comment gérez-vous les connaissance de ce type d’expériences ? cultiver du colza semé comme une plante sarclée mauvaises herbes qui adoptent des comportements différents en fonction des solutions mises au point ? Bruno CHAUVEL Bruno CHAUVEL (INRA) J’ai travaillé sur des relevés de flore en colza biologique. Le nombre important d’espèces de mauvaises herbes pose effectivement un problème. L’observation des stratégies que ces herbes développent constitue toutefois un indicateur plus pertinent. Dans la flore adventice actuelle, il n’existe pas beaucoup de mauvaises herbes. On ne trouve jamais plus de quinze espèces – dont quatre ou cinq espèces majeures - dans un même champ. J’ignore comment évoluera la flore adventice, mais je ne pense pas que le nombre de mauvaises herbes constitue un réel problème. Les mauvaises herbes insensibles aux pratiques culturales pourront par contre se révéler problématiques. Les évolutions de flore à venir nous J’ai remarqué, avec les agriculteurs, qu’il était impossible de cultiver du colza biologique comme du colza conventionnel. La comparaison des deux méthodes sans une remise en cause n’aboutit à rien. Il est nécessaire de sarcler, de séparer les rangs. Si vos coûts de désherbage sont de 10 euros l’hectare sans utilisation de produits chimiques, la réussite est totale et votre exemple doit être mis en avant. Il n’est toutefois pas possible de cultiver du colza biologique en souhaitant obtenir les mêmes rendements et utiliser les mêmes pratiques que le colza conventionnel. Un changement complet des mentalités doit être mis en place. montreront les limites des pratiques intégrées. Linda HALL (Université d’Alberta) Daniel EVAIN (FNAB) Nos agriculteurs trouvent que le plus grand Je suis satisfait d’un tel exposé au sein de cette institution. En tant qu’agriculteur biologique, j’estime en effet vos réflexions pertinentes. Un changement des mentalités en agriculture me paraît essentiel. Nous devons cesser de vouloir détruire l’ensemble d’une espèce. Il s’agit en effet de notre objectif actuel. Or, historiquement, notre volonté de détruire les espèces a engendré la création avantage des pratiques de gestion intégrée des mauvaises herbes inclut un changement des dates d’ensemencement et des variétés ainsi que du moment où est appliqué l’herbicide. Voyez-vous un mouvement des agriculteurs vers une acceptation de ces changements progressifs comme manière de développer le système de gestion intégrée des mauvaises herbes ? d’espèces résistantes et l’impossibilité d’utiliser des Bruno CHAUVEL herbicides ou des pesticides. Je ne suis pas certain que le problème se trouve au Je cultive actuellement, avec un agriculteur voisin, deux niveau des exploitations. Selon moi, le problème naît au champs de colza semé comme une plante sarclée. Nos niveau coopératif parce qu’ils n’encouragent pas les champs sont très propres et les agriculteurs voisins, qui agriculteurs à créer un nouveau système de culture. Il travaillent selon des méthodes conventionnelles, envient leur est difficile d’accepter qu’un agriculteur puisse nos parcelles, d’autant plus que nos coûts de changer les dates. désherbages, qui sont d’environ 10 euros l’hectare, sont bien inférieurs aux leurs. VII VIII COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISCUSSION Marc FELLOUS (CGB) Les conférenciers que nous avons entendu, et notamment ceux venant du Royaume-Uni et du Canada, nous ont beaucoup appris. Il nous faut maintenant intégrer tous ces nouveaux résultats scientifiques et déterminer leur utilité en France. Les résultats observés en Grande-Bretagne et au Canada ne me paraissent pas concordants. 70,71 Il existe des différences entre votre expérience et celle de Les Firbank. J’aimerais voir à quel niveau nous pouvons analyser cette différence. Ceci pourrait être bénéfique à notre proposition. Pouvons-nous essayer de mettre le doigt sur le niveau auquel les différences peuvent être expliquées ? pages Linda HALL (Université d’Alberta) J’espère que j’ai été claire en expliquant que nous voyons moins de mauvaises herbes quand nous effectuons un meilleur contrôle des mauvaises herbes. Je suis sûr que des différences similaires existent ailleurs, hors de notre objectif, qui est la conservation d’une agriculture intensive pour garantir la préservation de nos zones non agricoles. Bien que nous soyons prêts à maintenir une voie dans le paysage, nous ne sommes pas prêts à nous éparpiller dans tout le paysage. Effectivement, de grandes différences existent entre nos systèmes écologiques et culturels. Les FIRBANK (CEH) Je suis d’accord avec Linda. L’un des autres problèmes concerne le fait que notre expérience n’étudie que la première année avec ces nouveaux herbicides. Dans les années à venir, nous prévoyons que l’ensemble des mauvaises herbes y répondent, avec certaines espèces augmentant en abondance. A cet égard, les données de Linda représentent un système plus mature que celles présentées dans nos expériences. Marc FELLOUS Le temps est donc la solution ? Les FIRBANK La solution dépend du problème. Nous étudions les taux d’augmentation des espèces de mauvaises herbes pour définir quelles espèces augmenteront avec le temps. Linda HALL Nous avons utilisé un colza tolérant à un herbicide pendant sept ans sur une grande partie de notre paysage. L’an dernier, avec mon collègue Gordon Thomas, j’ai étudié les données pour trouver des modifications de nos populations de mauvaises herbes. Bien que nous soyons convaincus qu’elles se produiront, ces modifications prendront du temps. Marc FELLOUS Pensez-vous que vous trouverez une réponse dans vos études de suivi ? Geoff SQUIRE (SCRI) Je pense que nous pourrons établir si le stock semencier a décliné ou non pendant l’année au cours de laquelle les OGM ont été cultivés. Les mesures sur l’année 1 et l’année 2 devraient fournir ces informations. Au-delà de ça, c’est difficile à prédire. Cependant, en regardant d’autres périodes antérieures de changement, telles que l’introduction de l’ensemencement d’automne au Royaume-Uni, qui a presque éliminé l’orge de printemps, nous avons enregistré des déclins sensibles de la flore de mauvaises herbes. Que ce soit positif ou négatif dépend de l'ensemble de l'écosystème. Actuellement, nous ne sommes pas certains que la flore des mauvaises herbes ait des effets bénéfiques sur la résilience du système. Les effets de ces mauvaises herbes pourraient être plus fondamentaux qu'un simple impact sur les populations d'oiseaux. Selon moi, ces questions importantes nécessiteraient plus de trois années des Farm Scale Trials. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que, pendant une année au cours de laquelle des OGM sont cultivés, un effet se produit. Si la même gestion était établie sur des années, l'effet continuerait à moins que des changements de résistance ne se produisent ou que la flore de mauvaises herbes ne change. Discussion Le passé a démontré qu'un déclin continuera à se produire et érodera peu à peu la flore. Nous prévoyons donc des effets à long terme avec des conséquences sur le réseau trophique. A moins que des changements ayant un effet égal à l'introduction du colza oléagineux GM ne se produisent, l'habitat ne pourrait pas être garanti. Linda HALL Je pense que le sujet traité est la définition de l'ampleur des changements par rapport aux autres pratiques possibles. Avec notre réduction du labour, nous avons assisté à une augmentation de la biodiversité et nos plantes naturelles sont plus présentes aujourd'hui dans les bordures de nos champs. L'ampleur de ces changements nous permettra de prendre des décisions selon le type de communautés de mauvaises herbes que nous aimerions voir. Voulons-nous de nombreuses mauvaises herbes, une communauté de mauvaises herbes diversifiée ou les deux ? Selon moi, nous essayons d'intégrer de multiples valeurs sur une seule terre et ces valeurs sont souvent contradictoires. Céline DEVAUX Concernant les problèmes européens, je pense que nous pouvons apprendre beaucoup de l'expérience canadienne en matière de contamination par les OGM. Linda HALL Selon que les producteurs de graines fassent ou non attention, le travail de Hugh démontre que nous avons enregistré des niveaux de contamination entre zéro et un niveau élevé. Dans certains cas, le producteur de graines était plus responsable de la contamination que les agriculteurs. En réaction, nous avons mis en place des tests rigoureux sur les graines certifiées. Même si nous ne pouvons pas atteindre le niveau zéro, nous pouvons atteindre de faibles nombres et fournir les informations au cultivateur. S'il ne souhaite pas acheter les graines, il doit avoir le choix. Anne-Marie CHEVRE (INRA) Pouvez-vous donner votre définition des niveaux faibles et élevés ? Quel est le niveau fixe que vous souhaitez ? Linda HALL Autant que je sache, 0,3 % était le plus haut pourcentage de contamination de nos graines, ce qui, selon moi, est acceptable. A l'évidence, quelque chose ne va pas dans le système et nous devons trouver de quoi il s'agit. Le système de graines est crucial, particulièrement si une ségrégation est prévue. Bien sûr, nous avons commis des erreurs et nous en avons tiré des enseignements. VIII COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISCUSSION Daniel EVAIN (FNAB) Mon commentaire porte sur le non-labour qui, selon vous, augmente la matière organique. Cela est vrai dans l’horizon superficiel, mais nous ignorons les effets éventuels sur l’ensemble du profil. De petits labours, pratiqués en agriculture durable ou biologique, contribuent à l’amélioration de la matière organique dans l’horizon. Deux images – l’une présentée par Linda Hall et montrant un tracteur comportant un chisel mesurant 12 à 15 mètres de large, l’autre présentée par Nathalie Colbach montrant un petit tracteur tirant une charrue à deux socs – ont souligné l’existence de deux agricultures totalement différentes. Face aux grosses exploitations de 400 à 500 hectares existant au Canada, nous avons en Europe des exploitations de 100 à 120 hectares. A la FNAB, nous sommes très attaché à ce modèle agricole européen. 72,73 pages L’aspect économique doit être pris en compte. En effet, les OGM peuvent permettre des gains de productivité mais entraîner des pertes humaines et culturelles sur le terrain en raison de la diminution de l’agriculture et de l’évolution du paysage. Marc FELLOUS Ceci est un autre débat. Nous voulons nous limiter aux impacts environnementaux. Yvette DATTEE (CGB) De nombreux facteurs – la distance parcourue par le pollen, le rôle des insectes, la dynamique des populations spontanées - susceptibles de causer des contaminations de cultures ont été évoqués. Lorsque nous devrons rendre un avis, nous devrons réfléchir à l’importance relative de ces différents facteurs sur le plan quantitatif. Or cela n’a jamais été évoqué. Nous devrons nous interroger sur les impacts de ces différents facteurs. Antoine MESSEAN (CGB) L’importance sélective des facteurs était l’enjeu de la présentation de Nathalie Colbach. Son exposé a montré comment, à travers l’intégration dans les modèles, des analyses de sensibilité pouvaient être réalisées de manière à identifier les facteurs les plus importants par rapport à un objectif de coexistence et aux impacts environnementaux. Nous pouvons ainsi hiérarchiser les différents facteurs de variabilité. Dans le contexte de la modélisation, nous avons traité le problème du flux de pollen sur de longues distances. Dans l'approche de modélisation d'Etienne Klein et Nathalie Colbach, un modèle non mécaniste est utilisé. De même, nous avons vu le rôle crucial joué par les insectes dans la dispersion du pollen. En termes de recommandations sur la gestion que nous devons faire, croyez-vous qu'il soit important de prendre en compte les rôles respectifs du vent et des insectes ou les modèles existants sont-ils suffisants ? Geoff SQUIRE C'est une question difficile car les modèles tendent à être validés par rapport à des données qui combinent les deux. Nous pensons que les différents éléments de la modélisation devront être introduits pour permettre de prédire des scénarios, en prenant en compte le vent et les insectes. De plus, vous devriez prendre en compte les facteurs qui modifient l'activité des insectes, tels que la météorologie. Il est particulièrement important d'incorporer les caractéristiques du paysage qui déterminent le nombre d'insectes et les distances qu'ils parcourent. Les principaux vecteurs dans notre situation sont les abeilles et les bourdons, qui se trouvent dans des habitats assez différents. Les abeilles tendent à être très centralisées, allant aux champs régulièrement, alors que les bourdons tendent à être plus largement répartis et à se déplacer moins souvent. D'une certaine manière, nous devons incorporer ceci dans notre modélisation, particulièrement lorsque nous essayons de prédire les effets de l'augmentation de la zone occupée par les cultures d'OGM. Au Royaume-Uni, la zone maximale étudiée est de 10 % d'OGM sur une région de 20 km2. Néanmoins, si des OGM sont introduits dans une région et que les cultivateurs les adoptent, ils occuperont plus de 10 %. Dans ces circonstances, les caractéristiques du paysage et l'activité des insectes peuvent augmenter la pollinisation au-delà des valeurs actuelles. Ainsi, j'espère que nous pourrons prendre cela en compte et travailler avec les modélisateurs à cette fin. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Jacqueline PIERRE (INRA) Jacqueline PIERRE Je partage votre avis en ce qui concerne la complexité de ces questions qui font intervenir les conditions climatiques, l’activité des abeilles et les émissions de pollen. Cela dépend des espèces d’insectes concernées. Les bourdons et les abeilles ont ainsi des exigences climatiques très différentes. Or la population d’insectes a une influence sur la contamination. L’importance de la taille de la source a été évoquée de manière récurrente ce matin. En effet, plus la source est importante, plus elle est attractive pour les abeilles, plus la contamination à l’intérieur de la colonie sera importante. Vous avez donc partiellement raison. Une approche globale ne me choque pas dans la mesure où notre objectif n’est pas de mettre en avant un facteur particulier mais d’étudier un phénomène dans son ensemble. Etudier la part de responsabilité de chaque insecte ne nous permettra pas de trouver des solutions. Je voudrais compléter ce que j’ai dit ce matin. On m’a demandé si une solution consistait à rendre les champs de colza moins attractifs et j’ai répondu de manière affirmative. Nous devons toutefois nous re-situer dans un paysage global. Nous devons rendre le colza moins attractif à condition que des plantes demeurent dans le paysage. Le colza est en effet une ressource pour l’abeille et si elle vient à manquer, les abeilles essaieront de polliniser le type de colza qu’elles auront à leur disposition. Anne-Marie CHEVRE Les apiculteurs vont protester. Etienne KLEIN (INA-PG) Je voudrais répondre à la question relative à l’intégration des mécanismes dans les modèles. Il est difficile de prédire ce qui peut se passer dans un paysage comportant de nombreuses sources de pollen. Je pense que les sources de pollen sont les plantes - qui peuvent être regroupées en champs - et que les quantités de pollen décroissent en fonction de la distance autour de ces sources, d’où l’intérêt de modéliser la fonction de dispersion. Cette fonction représente la moyenne et fonctionne dans de nombreux cas. Jacqueline Pierre a dit que les insectes contribuent en grande partie à la dispersion du pollen et se chargent de pollen en revenant à la ruche. Si ces résultats sont vrais, nous pouvons nous demander si les ruches ne sont pas de plus importantes sources de pollen que les plantes. Dans ce cas, les positions des ruches dans le paysage structureront la dispersion du pollen. Henri DARMENCY (INRA) A travers les discussions et les exposés qui ont été présentés, il me semble que la dispersion relative est admise si une innovation est introduite. Il s’agit là d’une innovation variétale – plantes résistantes à un herbicide et plantes génétiquement modifiées. Nous devons savoir sur quelle perturbation nous nous situerons. Des travaux en Allemagne montrent clairement que les différents types de cultures entraînent des variations très fortes et que la comparaison d’un maïs Round-up à un maïs conventionnel n’est pas pertinente. C’est un ensemble de pratiques culturales qui entraîne des perturbations. L’enjeu est de connaître les perturbations relatives en cas d’introduction de plantes transgéniques. Un système de culture existe. C’est ainsi que, au Canada, la préservation des milieux naturels est le critère primordial. Tant que les perturbations restent dans le milieu cultivé, elles ne sont pas considérées comme des éléments entraînant des perturbations. Les perturbations sont cependant une combinaison de paramètres. Or personne n’a encore abordé la question de l’interaction de ces paramètres. Les phénomènes sont observés indépendamment. Une intervenante Linda Hall a insisté sur la différence existant entre les paysages canadien et européen. En Europe, les parcs naturels sont ainsi totalement intégrés dans le paysage. On parle donc d’agro-éco-système. Les études visant à évaluer l’impact sur l’environnement des techniques agricoles ne se pose pas de manière identique au Canada et en Europe. En effet, l’agro-éco-système européen est totalement imbriqué et les espaces naturels - et les interactions entre espaces naturels et champs cultivés ou bords de route - sont beaucoup plus importantes. Nous pouvons donc penser que l’impact des innovations, et notamment des OGM, pourrait avoir des conséquences importantes en raison des interconnexions plus prégnantes de nos agro-éco-systèmes. VIII COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISCUSSION Antoine MESSEAN semble a priori très faible. Peut-on parler d’impact écologique direct ? Ces dernières années, le croisement interspécifique a été l'une des grandes préoccupations de notre Anne-Marie CHEVRE comité. Ce matin, j'ai eu l'impression qu'il n'y avait Pas avant 12 ou 20 ans. pas d'impact écologique direct majeur en dehors de la question de la pression de sélection. Il n'y a pas de Antoine MESSEAN grosse différence entre les hybrides produits par des Le problème est donc lié à la détection. graines de colza GM et les hybrides produits à partir de graines de colza conventionnel. Anne-Marie CHEVRE Pouvez-vous commenter ce point ? Je ne vois pas comment l'on pourrait détecter ces plantes Deuxièmement, nous devons éviter l'apparition de au milieu de plusieurs millions de plantes. tels événements, même s'ils sont peu probables. 74,75 pages Suf firait-il de contrôler l'apparition de ces Linda HALL événements ou avons-nous besoin de mesures de L'on pourrait les trouver comme l'on trouve de gestion spécifiques ? nombreuses autres mauvaises herbes résistantes à un Si tel est le cas, quel genre de mesure de gestion herbicide, lorsqu'un agriculteur nous montre une recommanderiez-vous ? mauvaise herbe survivante. Sinon, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Anne-Marie CHEVRE L'événement est très rare et ce flux peut prendre 10 ou Anne-Marie CHEVRE 12 ans. Je suis d'accord sur le fait que la pression de Quand on observe une tolérance de ravenelle à un sélection représentera l'un des impacts les plus herbicide, il est déjà trop tard. La question est : importants et je suis certaine que le flux de gènes ne se comment empêcher ces événements ? produira pas avec le colza oléagineux original. Cependant, je n'ai pas dit qu'il ne se produirait pas dans Linda HALL la ravenelle. Je ne sais pas comment le contrôle peut être Avez-vous mis en place un système pour la libération non mis en place. A Rennes et à Dijon, nous avons mené des intentionnelle d'un transgène ? Quel est votre système expériences dans des parcelles d'un hectare. réglementaire ? Au Canada, nous disposons d'un système A Rennes, nous avons ensemencé 1,5 hectare de pour cela et nous entendons l'utiliser pour limiter ravenelle et nous avons trouvé un hybride. Je ne sais d'éventuels hybrides. Comme cela se produira, nous donc pas comment l'on pourrait contrôler ces avons un plan de réaction visant à ré-isoler la plante. événements au niveau du paysage. Ma seule suggestion serait plutôt liée à la recherche de l'emplacement où sont Antoine MESSEAN utilisés des marqueurs de colza oléagineux spécifiques Pourquoi pensez-vous qu'il est trop tard lorsqu'un bien répartis dans le génome du colza oléagineux pour agriculteur détecte de la ravenelle tolérante ? voir si ces événements se sont déjà produits dans la population naturelle. Cependant, ce ne serait pas un Anne-Marie CHEVRE contrôle. Si on le détecte rapidement, on peut détruire la plante. Selon l'expérience australienne, lorsqu'on ne peut pas Antoine MESSEAN Si nous avons une seule plante sur des millions, cela gérer l'expansion d'une résistance, cela devient difficile. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT DES CULTURES DE COLZA GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ TOLÉRANT À UN HERBICIDE Antoine MESSEAN Cela dépend de la puissance du système de surveillance. Anne-Marie CHEVRE Je pense que les agriculteurs sont les mieux placés pour surveiller ces plantes. Linda HALL Nous avons un laboratoire pour compléter le contrôle. En plus du contrôle de routine, il recueille également les plantes trouvées par l'agriculteur. VIII IX COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISCUSSION 1ère partie 76,77 pages En commençant par la dispersion du pollen à longue distance, on ne doit pas oublier que le flux de gènes est toujours important à un kilomètre de la source, même s'il est toujours bien inférieur à 1 %. En fait, nous avons vu que le nombre de plantes spontanées correspond assez bien au nombre de graines perdues pendant la récolte et qu'elles sont plus petites et moins fécondes. Cela dépend particulièrement de la fréquence de la stérilité mâle, ce qui représente un résultat classique. Enfin, les graines peuvent rester dans le sol jusqu'à 10 ans, ce qui est assez long. Lorsque le pollen se déplace loin, il n'y a pas de risque zéro. Comme l'a expliqué Etienne KLEIN, des méthodes existent pour distinguer la forme de la courbe de dispersion. De plus, nous avons appris que les insectes étaient également responsables de la pollinisation à longue distance. Dans la biologie de métapopulation, lorsque on observe l'avenir des graines de colza, on doit prendre en compte quatre types de population : les champs cultivés, les plantes volontaires, les populations férales et les terres de réserve. Concernant la population férale, nous avons vu qu'elle peut durer longtemps et qu'elle n'est pas forcément liée au fait que le champ soit cultivé l'année précédente. Enfin, concernant la limitation du flux de gènes, les variétés les moins attractives peuvent permettre de réduire la pollinisation à longue distance, selon l'objectif de l'agriculture. Une étude théorique étudiant la probabilité d'extinction a révélé que le traitement à l'herbicide représentait un facteur plus important dans l'extinction. Si le colza oléagineux représente une source clé, les variétés moins attractives peuvent ne pas être utiles. Pendant la discussion, un intervenant a indiqué qu'il fallait trois ans pour atteindre 2 % d'impuretés dans les variétés à 0 0 . Pendant la seconde partie, concernant la dynamique des plantes férales, le message à retenir était que la biologie de population des plantes spontanées dans le champ est bien connue. Ailleurs, j'ai entendu qu'il était difficile de descendre sous les 2 %, ce qui serait un débat intéressant. Discussion Enfin, il est apparu que la population férale était plus nombreuse en France qu'en Ecosse. On a suggéré que la raison pouvait en être que les acteurs contrôlant le traitement à l'herbicide étaient plus n o m b r e u x . En variante, le niveau élevé de communautés perturbées en France peut favoriser la sélection de plantes spontanées. En conclusion, Jane LECOMTE a posé la question pertinente du type de communautés de mauvaises herbes que nous voulons. Au Danemark, en raison de l'agriculture organique, nous avons entendu que les niveaux d'hybrides é t a i e n t a s s e z élevés. Enfin, Anne-Marie CHEVRE a décrit ses expériences avec les parentes sauvages, qui ont permis de découvrir une hybridation peu fréquente avec des conséquences à long terme. En raison des problèmes urgents liés aux espèces envahissantes, elle a recommandé la création d'organismes de contrôle. La présentation finale a décrit les hybrides interspécifiques selon des données venant de plusieurs pays. IX IX COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE DISCUSSION 2ème partie La modélisation permet d’intégrer le flux par le pollen et les repousses. Nathalie COLBACH a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait que d’un modèle, qui a été confronté à la réalité d e s d i f f é r e n t s terrains d’expérimentation. Elle a précisé que ce modèle sous-estimait les confrontations sur le terrain. 78,79 pages De plus, ces modèles ne prennent pas en compte des surfaces importantes. L’absence d’expérimentations sur de grandes surfaces en France complique la consolidation des modèles. Ce qui est nouveau dans le paysage est le seuil de 0,9 % apparu au début 2003. Dans les conditions actuelles, le modèle présenté par Nathalie COLBACH de l’utilisation de colza transgénique résistant aux herbicides est difficile. Des interrogations demeurent quant à l’utilisation de ces techniques permettant de faciliter la coexistence. Pour conclure, nous nous situons à la limite, dans les conditions d’utilisation françaises, et compte tenu des indications de ce modèle. Au niveau de la biodiversité, les présentations anglaise et canadienne, très complètes, nous ont apporté des éléments intéressants. L’apparition du colza transgénique fait apparaître d’anciennes préoccupations qui n’avaient pas été traitées. Les résistances aux herbicides constituent des agitateurs intellectuels et des outils très intéressants. Aucun autre transgène non sélectionnable et non utilisable de la même manière n’aurait permis un tel travail. Le type d’herbicide utilisé dans la pratique agricole de l’exploitation est l’élément déterminant les évolutions de flore et de faune, en particulier dans l ’ é t u d e anglaise. La différence avec les données canadiennes a déjà été évoquée. Les préoccupations sont très différentes. La présentation relative à l’utilisation des herbicides a su agréablement compléter les précédentes. Présentée avant les autres, elle aurait même permis d’ouvrir la réflexion. Cette présentation a donc été très complémentaire des études anglaises qui insistent sur le type d’herbicide utilisé et sur les pratiques culturales. Discussion Or l’utilisation de pratiques spécifiques pour résoudre des problèmes de désherbage a été parfaitement démontrée par l’équipe de Dijon. Des conditions de production agricole plus durables devront être trouvées. Cela dépasse le cadre du colza tolérant à un herbicide. Les effets directs sur l’environnement d’un colza résistant à un herbicide sont invisibles. Seuls les effets indirects, dus à l’utilisation de l’herbicide, apparaissent. Il s’agit d’une réflexion sur le type d’agriculture que nous voulons mettre en place et développer. Hormis la question centrale du seuil, cette réflexion débouche sur des aspects beaucoup plus généraux qui aboutissent à cette question : “Quelle flore voulons-nous dans les parcelles cultivées ?”. L’avis établi à l’issue du séminaire du 28 novembre 2003, est disponible sur le site www.ogm.gouv.fr/mise_marche/avis_ scientifiques/avis_scientifique_2004.htm Compte tenu des nouvelles connaissances de l’agronomie classique, comment allonsnous gérer l’évolution des pratiques agricoles dans l’optique d’une production durable ? IX COMMISSION DU Génie BIOMOLÉCULAIRE 80 pages C R É D I T P H OTO Ministère de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche et des affaires rurales (Photographes : P.XICLUNA,R.SAUVAIRE,D.LESCOUR...)