transmission du virus influenza pandémique A/H1N1 (2009) à la

Introduction
Le virusinfluenzaA/H1N1responsabledelapandémie de 2009
(H1N1pdm), présente la caractéristiqueque tous sesgènesproviennent
de virusinfluenzapréalablementadaptés àl’espèceporcine [1,2,3].
Aussi, bien quen’ayant jamaipréalablementidentifiéchez le porc,
il craint,dès l’émergencedecevirus H1N1pdm, qu’ilnepuisse
transgresser facilementlabarrièred’espèceHomme/porc, et s’adapter
àlapopulation porcine.
Peudetempsaprès son identification chez l’Hommefin avril2009,
delevages étaientd’ailleursdéclarés infectés en Amérique du Nord,
puis dans différentesrégions du monde(www.OIE.int). smai 2009,
la FAOetl’OIE encourageaient letats membres àrenforcer la
surveillance de leurscheptels porcinsauregarddes virusinfluenza,
tant d’un point de vuedelasananimaleque de la santépublique. À
l’issuedelaphase pandémique en août 2010,des cas étaientrapportés
dans unevingtainedepays. L’Hommeaésuspecêtre àl’originede
l’infectiondans la majorid’entreeux.
Lesporcs toucsont généralementdéveloppé un syndrome grippal
commun,sans mortali[4]. Desinoculations expérimentales
ontconfirmécette grande sensibilitédes porcins [5]. Lesanimaux
inoculés ontpsende l’hyperthermie, de l’apathie,des difficultés
respiratoiresetdes sions pulmonairescaracristiquesdes infections
àvirus influenzachezleporc. Du virusaéretrouvédans les
crétions nasalesjusqu’à 10 jourspost-infectionetaétransmis à
desporcs sentinelles.Toutefois,certainscas ontectés chez des
porcs asymptomatiquesdans le cadredeprogrammesdesurveillance
active.
Considérantces dones moignant de la ceptivitédes porcins au
virus, et la fortepressiond’infectionàlaquellelapopulation porcine a
être exposée (enlienaveclapropagationduvirus dans la population
humaine), on peut gitimementcraindreque le H1N1pdms’installe
dans l’espèceporcine.Leporcpourraitalors servirderéservoir pour
ce viruszoonotique et constitueraitunhôtechez lequel le H1N1pdm
pourrait subir desréassortiments avec desvirus influenzaporcins (SIV
pour SwineInfluenza Virus)enzootiques, voire d’autres virusinfluenza
d’origines humaineouaviaire. De tels réassortiments pourraient
conduire àl’émergencedesouches de virulenceet/ou de potentiel de
transmissioninter-espèces accrus.
Cetarticle rapporte lesrésultats issusd’une initiativedesurveillance
veloppée dans ce contexte en 2009-2010enNouvelle-Calédonie.
Cetterégioninsulaire précédemmentindemne de grippe chez le
porc aconnuune vague épidémique importante àvirus H1N1pdm
chez l’Homme de juillet àseptembre2009. Lesinvestigations ont
étémenéespar la Directiondes affairesvétérinairesalimentaires
et rurales(DAVAR) en Nouvelle-Calédonie,encollaboration avec
le Laboratoire nationalderéférence(LNR)pourl’InfluenzaPorcin
et l’UnitéÉpidémiologieetbien-être du porc, Anses, Laboratoire de
Ploufragan-Plouzané en France.
Transmission du virus influenzapanmiqueA/H1N1
(2009) àlapopulationporcine de
Nouvelle-Calédonie
line Marchal(1),SéverineHer (2), Nicolas Rose(3), Gaëlle Simon(2)(gaelle.simon@anses.fr)
(1)Directiondes affairesvétérinairesalimentairesetrurales, Service deslaboratoiresofficiels vétérinaires, agro-alimentairesetphytosanitaires
(DAVAR,LNC), Païta,Nouvelle-Calédonie
(2)Anses, Laboratoire de Ploufragan-Plouzané, Laboratoire national de renceInfluenzaporcin, UnitéVirologie immunologie porcines
(3)Anses, Laboratoire de Ploufragan-Plouzané, UnitéÉpidémiologie et bien-être du porc
su
Le portanttssensible au virus influenzapandémiqueA/
H1N1(2009) (H1N1pdm), desactions de surveillanceont été
menéesdans lescheptels porcinsdeNouvelle-Cadonie,
gioninsulairepdemmentindemne de virusinfluenza
porcinsetayant connuune vague épidémique importante
chez l’Homme au cours de l’hiver austral2009. Une enquête
de roprévalence portantsur desreproducteurs,réalisée
fin2009, arévélélapsence d’anticorpsanti-H1N1pdm
dans 84 %[IC95 %:59-96] des1levages testés (soit 86 %
[IC95%:82-90]des 302truiesteses), ceci bienqu’aucun
épisodecliniqueparticulierde typesyndromegrippaln’ait été
signa.Des investigationscomplémentaires onmenées
entrejuin et août 2010 chez desporcs charcutiersnés après
la phase épidémique chez l’Homme,afini)dedéterminer
le statut rologiquedecette générationdeporcs vis-à-vis
du H1N1pdmetii) de tenter,par desanalyses virologiques
sur surnageants d’écouvillons nasauxetsur échantillons de
poumons, de détecter le virusencas de circulationactive.
Lesrésultats obtenussuite àcette étude,ainsi queceux
obtenusdans le cadred’undépistage rologique mené
en 2010 sur destruiesdépises séropositives en 2009,
soutiennent l’hypothèse d’un maintien,unanaprès l’épisode
grippalchezl’Homme,delacirculation asymptomatique
du H1N1pdmchezles porcins, illustrantlatransmission du
H1N1pdmdel’Homme au porc et sonadaptation àl’espèce
porcinedans cette région.
Mots clés
Virusinfluenza porcin, grippe,surveillance,zoonose,
Nouvelle-Calédonie
Abstract
Transmissionof thepandemic influenzaA/H1N1virus
(2009) to thepig populationofNew Caledonia
Pigs being very susceptibletopandemicinfluenza virus
A/H1N1(2009) (H1N1pdm), monitoring activities were
conductedinpig herds in NewCaledonia,island region
previouslyfreeofswine influenzavirusesand having
experiencedamajor epidemicwaveinhumansduringthe
australwinter2009. Seroprevalence surveysonbreeders,
realized late 2009,revealed thepresenceofantibodies
directed against H1N1pdm in 84 %[95 %CI: 59 -96] of the
19 tested farms(86 %[95 %CI: 82-90] of the302 tested
animals), although no clinical influenza-like syndrome was
reported.Further investigationswerecarried outbetween
June and August 2010 amongpigsbornafter theepidemic
phase in humans, to i) determine theserological status of
this generationoffattening pigs towardsH1N1pdm and ii)
attempt, throughvirologicalanalysis on nasalswabsand
lung samples, to detectthe virusincase of active circulation.
Theoverall resultsofthisstudy,aswellasfurther serological
analysesin2010 onbreederstestedpositivesin2009,support
thehypothesis of asustain,ayear afterthe epidemicin
humans,of theasymptomaticcirculationofH1N1pdminpigs,
illustratingthetransmissionofH1N1pdmfromhumanstopigs
and itsadaptation to swineinthisregion.
Keywords
Swine influenza, flu, surveillance,zoonosis,New Caledonia
Bulletin épidémiologique, sananimale et alimentationn
o43/Scial DOM-TOM 17
Caractéristiques de l’élevageporcin
en Nouvelle-Calédonie et statut
sanitaire vis-à-visdes virusinfluenza
avant2009
En Nouvelle-Calédonie on dénombrait en 2009,3leveurs
possédantuncheptelreproducteur d’au moins10truiessur la
Grande Terre. Les2340truiesissuesdeces 36 élevages familiaux
ou semi-industriels sontréparties inégalemententre la province
Sud, quiregroupe84%deseffectifs de truies(1970 truiesdans 28
élevages, soit 70 truiesenmoyenne/élevage),etlaprovinceNord
quinereprésente que16%deseffectifs de truies(370truiesdans
huit élevages, soit 46 truiesenmoyennelevage).Uncroisement
LargeWhitexLandrace(truies)/Pietrain (verrats)est majoritairement
utilipour la production de porcscharcutiers. En moyenne,19,9
porcelets sontsevréspar truieetpar an, ce quiporte à42800 le
nombred’animaux produits chaqueannée (horsréformes). Aucune
importation cented’animaux vivantsn’a eu lieu, lescochettes de
renouvellementant soit acquises auprès d’élevages naisseurs, soit
produitesenauto-renouvellement.
Il n’est passignad’épisodes cliniques apparensàdes syndromes
grippauxetlavaccination anti-grippalen’a jamaipratiqe. Le
territoire est considéréindemne de virusinfluenzadepuisplusde25
ans.Lestatut sanitaire du cheptelporcinnéo-calédonienvis-à-vis des
maladies exotiquesest rifiétous lesdeuxans parlaréalisationd’une
enquêtedeséroprévalenceportant sur leseffectifs de reproducteurs.
Ainsi, en 2005,leService deslaboratoiresofficiels rinaires
agroalimentairesetphytosanitairesdelaNouvelle-Calédonie (LNC)a
prélevé282 sérumsdetruiesissuesde2levages (12%deseffectifs
totaux de truies,issuesde61%delevages). Cessérumsont été
analysés au Laboratoire de développementetd’analysesdes Côtes
d’Armor par testsd’inhibitiondel’hémagglutination (IHA)vis-à-vis
de trois antigènesreprésentatifs desvirus influenzaporcins (SIV pour
swineinfluenza virus)H1N1, H3N2 et H1N2 enzootiques en Europe
(Tableau1).53sérums(18,8 %[IC95%:14,5-23,9]des truiestestées)
se sont révélés positifsdans la valenceH1N1, maisavecdes titres
IHA en limitededétection, égauxà20. LestitresIHA très faibleset
l’absencedesignescliniques en élevage, ontala déclaration de
statut indemne de l’archipel vis-à-vis de la grippe chez le porc.
En 2007,cesont312 sérumsdetruiesissuesde1levages (13%
deseffectifs de truies totaux,issuesde50%delevages, partis
sur l’ensemble du territoiredelaGrandeTerre), quiont étéanalysés
au LNCpar ELISAdecompétition àl’aidedukit ID Screen®Antibody
InfluenzaA(ID-Vet,Montpellier, France),kit permettant la tection
desanticorpsanti-nucoprotéinedes virusInfluenzaA(Tableau1).
Le dispositif d’échantillonnagemis en placepermettait, au risque de
5%,des’assurer quelaprévalenclevagen’était passupérieureà12%,
avec un seuildepvalenceintra-élevagededétection de 13 %pour
unetaillemoyenned’élevagede70truiesreproductrices.Auniveau
individuel,l’analyse des312 sérumspourune population totale de 2340
truiespermettaitdes’assurer quelaséroprévalenceindividuelltait
inrieureà0,9 %. Seulsquatreplèvements ontrouvés positifs
(soit 1,3%[IC95%:0,4-3,5]des sérumstestés), vraisemblablement
liés àdes réactions non spécifiques, la valeurprédictivepositivedutest
se dégradantenpopulationindemne.238 de cessérumsprovenant des
18 élevages (soit 10 %des effectifstotauxdetruies, issues de 50 %
delevages)ont rétrospectivemenanalysés au LNR partests
IHA vis-à-vis desSIV européensdes lignages enzootiques «avian-like
swinH1N1human-likereassortantswine »H1N2ehuman-
like reassortantswine »H3N2(souchesA/Sw/Morbihan/0070/05,
A/Sw/Scotland/410440/94etA/Sw/Flandres/1/98, respectivement),
ainsi quevis-à-vis de la valence pandémique H1N1pdm(souche A/
California/04/09)[6,7].Seulunsérum (0,4 %[IC95%:0,02-2,7] des
truiestestées) aobtenuuntitre IHA au seuildepositivité(20)dans la
valencepandémique, probablementdûàune réactionnon spécifique
dans le test IHA (Tableau1).Trentesérums(12,6 %[IC95%:8,8-17,6]
dessérumstestés), partis dans dilevages (55%[IC95%:31,3-
77,6]des élevages dépiss, représentant 28 %des élevages de l’île)
ontmontrédes titresIHA faibles (20à40), ceci dans lesvalences H1N2
et/ouH3N2. Ainsi, comme en 2005,iln’a pamis en évidence
d’infectionàvirus InfluenzaAdans lelevages o-calédoniens en
2007.
Tableau 1. rosurveillancedes infections àvirus influenza Achezles reproducteursen2005, 2007 et 2009 parELISAID-Screen®
et/outests IHA4valences.N=effectif(nombre)-nt=non testé
Test Année200520072009
ELISA
Nanimaux
(N élevages)
testés
nt 312(18)334 (19)
Nanimaux
(N élevage)
positifs/douteux
nt 4(3) 270(17)
Nanimaux
(N élevages)
gatifs
nt 308(15)64(2)
Proportion (%)d’animaux
(d’élevages)
positifs nt 1,3%(16,7 %) 80,8 %(89,5 %)
IHA
Nanimaux
(N élevages)
testés
282(22)238 (18) 302(19)
Valences analysées
en testsIHA
SIVeuropéens
H1N1,H3N2,
H1N2 virusH1N1pdm SIVeuropéens
H1N1,H3N2,
H1N2 virusH1N1pdm SIVeuropéens
H1N1,H3N2,
H1N2 virusH1N1pdm
Nanimaux
(N élevages)
positifs
53 (16) nt 30 (10) 1(1) 42 (11) 260(16)
TitreIHA moyen20nt212031166
Nanimaux
(N élevages)
gatifs
229(6) nt 208(8) 237(18)260 (8) 42 (3)
Proportion (%)d’animaux
(d’élevages)
positifs
18,8 %(72,7 %) nt 12,6 %(55,5 %) 0,4%(5,5 %) 13,9 %(57,9 %) 86,1 %(84,2 %)
18 Bulletin épidémiologique, sananimale et alimentationn
o43/Scial DOM-TOM
Dynamiquedel’épimieàvirus
pH1N1chezl’Homme
en Nouvelle-Calédonie en 2009
La Nouvelle-Calédonie est un territoire du PacifiqueSud,de18575 km2
et 250000 habitants.Lapopulation o-calédonienne touchée
par le virusH1N1pdm durant l’hiveraustral 2009 (www.isee.nc). Le
foyer épidémique localaduréenvironhuitsemaines, ayantatteint son
pic en semaine32. Il aconcernéune population estimée à40000 cas,
soit un taux d’attaquede16-18 %[8].
Évaluation du statut sanitaire
desreproducteurs apslaphase
épidémique chez l’Homme
Ni leleveurs, ni lesvétérinairesn’ont fait état ou rapporde signes
cliniques particulierspouvantrelsàunpassage de virusgrippal
dans lelevages de porcs, ni pendantl’épidémie de grippe àvirus
pandémique A/H1N1 2009 chez l’Homme, ni au coursdes semaines
quiont suivi.
De la même manière qu’en2005et2007, uneenquêtesérologique
réaliesur lesreproducteursendécembre2009, après cet
épisode grippal d’envergureinhabituellechez l’Homme.Dans ce
contexte postpidémique de grippe humaine au virusH1N1pdm,
ce sont334 sérumsissus de 19 élevages (14%deseffectifs totaux
considérés stables entre2007et2009, et 53 %des élevages, avec
unemoyenne de 15 truiespar élevage) quiont étéanalysauLNC,
par ELISAdévoluàlarecherched’anticorpsanti-nucoprotéine
desvirus InfluenzaA(kitIDScreen®AntibodyInfluenzaA,ID-Vet)
(Tableau1).270 truies(81 %[IC95%76-85] desanimaux dépiss)
se sontrévéléesséropositives vis-à-vis d’un virusinfluenzaA.Cette
proportion est significativementplulevéeque celletrouvée en 2007
(test du chi-2, P<0.0001).
Afin de déterminer la naturedela(des) souche(s)virales incriminées,
302sérumsissus de ces1levages ontalors étéanalysauLNR
partestsIHA vis-à-vis des4valences antigéniquespdemment
cies, H1N1pdmetSIV européens enzootiquesH1N1, H1N2 et H3N2
(Tableau1).1levages (84%[IC95%:59-96]des élevages testés)
et 260truies(86 %[IC95%:82-90]des animauxtestés), on
trouvés séropositifsvis-à-vis du virusH1N1pdm,soit unemoyennede
16 truiesséropositives palevage. Le titreIHA moyetait de 166,
conduisant àl’hypothèse d’uneinfectionrécente (Figure1).Dans les
élevages trouvés positifs, lespvalences intra-troupeaux sontfortes,
variantentre 60 et 100%(Figure2).Ànoter que42animaux (14%
[IC95%:10-18]des truies testées) partis dans 11 élevages (soit
58 %[IC95%:34-79]des élevages testés)ont présendestitresIHA
faiblementpositifsdans lesvalences SIVH1N1, H1N2 ou H3N2 (titre
IHA moyen=31), ce quin’était passignificativementdifrent de ce
quiavait étéobseren 2007 (test du chi-2, p=0.75).
Unesituation épidémiologiquenouvelleaainsi étémiseevidence,
vraisemblablementleàune transmissionduvirus H1N1pdmdela
population humaineaucheptelporcinaucours de l’épidémie humaine
de mi-2009etce, toujours en l’absencedesignescliniquesdetype
grippal.
Étudedumaintiendelacirculation
virale dans l’élevagenéo-calédonien
Lesanalysessérologiquesmenéessur lesreproducteursayant mis en
évidencel’infectionprobabledeces animauxàl’occasiondelavague
épidémique chez l’Homme,des investigations complémentairesont
étémenéesafindesavoir si la présence de cesanticorpsrelevait
d’infections ponctuelles, et/ous’ils’enest suiviune circulation virale
au sein de la population porcine.
Unedeuxième étude, menée entrejuinetat2010, aporsur
desporcs charcutiers saprès l’épidémie de 2009 chez l’Homme,
et n’ayantdonc pasptreinfectés parl’Homme.L’objectif
de cette enquêttait i) de déterminer le statut sérologique de
cettegénérationdeporcs charcutiers vis-à-vis du H1N1pdmet
ii)detenter, par desanalysesvirologiques,dedétecterlevirus
en cas de circulation active.Auvudes sultats despremières
analyses sérologiquesréalies sur lesreproducteurs, le plan
d’échantillonnage élaboréselon l’hypothèse d’unepvalence
suppoed’élevages positifsde70%et d’unepvalenced’animaux
0
20
10
30
50
70
90
<20 20 40
40
60
80
100
Pourcentaged'animaux testés
Titres IHA pH1N1
80 160 320 640
Porcsreproducteurs
Porcscharcutiers
Figure1. Distribution destitresenanticorps anti-H1N1pdm
(titresIHA)des animauxreproducteurs(N=302) prélevés en
cembre 2009 et desporcs charcutiers(N=161) prélevés entre
juinetat2010.
0
20
10
0% 1-20 %21-40 %41-60 %81-100 %
40
30
60
50
80
70
100
90
Porcsreproducteurs
Porcscharcutiers
Pourcentaged'animaux testés
Fréquence d'animaux positifs
Figure2.Fréquences d’animauxséropositifs vis-à-visduH1N1pdm
au sein deslotsd’animauxreproducteurs(N=19)plevés
en décembre 2009 et deslotsdeporcs charcutiers(N=22)
prélevés entrejuin et août 2010.
Bulletin épidémiologique, sananimale et alimentationn
o43/Scial DOM-TOM 19
excréteurs(au moment du prélèvement),dans lelevages infectés,
de 5%.Ledispositifainsi mis en placedevaitpermettre la tection
d’au moinsunanimalexcteur au stadedel’abattage sur l’ensemble
de l’échantillon, sous l’hypothèse d’unepvalenceindividuellede
porcsexcréteursde3,5 %. D’un point de vuepratique, l’enquête
menée àl’abattoir.Les lotssontdéfinis comme étantun
tirageaatoire,sur la chne,d’ungrouped’animaux appartenant
àunmême élevage. Un minimum de 5animaux parlot
échantillonné (priseencompte de la taille deslots),permettantla
tectiond’aumoinsunanimalpositif par lot,sous l’hypothèse d’une
séroprévalenceintra-élevageminimalede45%,aurisquede5%.
Ainsi, 161porcs charcutiers issusde2levages onprélevés
en vued’analysessérologiquesetvirologiques.Pourchaqueanimal,
lesplèvements suivants onréalisés :récolte de sang sur plaie
de saige, doublcouvillonnagenasalprofond et prélèvement
pulmonaire. Lechantillons onapparspar animal et identifiés
palevage.
LestestsIHA valenceH1N1pdm,réalisés au LNRsur 161sérums,
ontrévélé18animauxpositifs(soit 11,2 %[IC95%:6,9-17,3] de
l’échantillon), avec destitresIHA faiblesàélevés, variantde20à160
(Figure1).Six élevages (27%[IC95%:12-50]des élevages ayant
fait l’objetd’undépistage)ont ététrouvés séropositifs, avec des
prévalences intra-troupeau variantde20%à100 %des effectifs
de charcutiers (Figure2).Compte tenu de l’âgedes porcsàl’abattage
(25semainesenmoyenne)etdes cinétiques de décroissancedes
anticorps(disparition en 6à9semaines)[9],ces sultats plaident
en faveur d’uneinfectiondeces animauxmajoritairementdurant
le jeunge et doncprobablementaucours du deuxme trimestre
2010.
Lessurnageantsd’écouvillons nasaux et lechantillons de poumons
onanalysés au LNRpar trois méthodes de RT-PCR en tempsréel
(technologieTaqMan)ciblant,respectivement, le gène Mdes virus
InfluenzaA(dontleH1N1pdm)(KitTaqVetSwine InfluenzaA,LSI),
le ne H1 du H1N1pdm(KitTaqVetSwine InfluenzaA/H1N12009,
H1 detection, LSI) et le ne N1 du H1N1pdm(KitTaqVetSwine
InfluenzaA/H1N12009, N1 detection, LSI),méthodesvalidéespour
la détectiondeces nesdans dechantillons biologiques de porc[7].
Destracesdegénome viralont ainsi étédéteces parRT-PCRgène
Mdans deux élevages (unseulanimalpositif dans chaquecas).
Cependant,lamiseeuvre desRT-PCRtempsréelgène H1 et ne
N1 spécifiquesduvirus H1N1pdmn’ont paspermis de confirmer qu’il
s’agissait de nome de virusdecelignage et l’isolementviral en
culturecellulaire est restéinfructueux.
En août2010, de nouvelles analyses sérologiquesont égalemen
réaliséessur 34 truies reproductrices provenant de trois élevages,
dont18ayant fait l’objetdeplèvements en décembre2009
et déclaes séropositivesvis-à-vis du H1N1pdm. Ces18animaux
issusdedeulevages ciblés ontainsi étéplevésdenouveau afin
d’évaluerl’évolution de leurstitresenanticorpsaucours du temps.
100%de cestruiesont de nouveau ététrouvéesséropositives, avec
unetendanceàlapersistancevoire àl’augmentation destitresIHA
entreles deux sériesdeplèvements (Tableau2).Ces sultats
laissentpsumer uneréinfectiondeces animaux. Les11truiesnon
prélevéesen2009ainsi que5cochettes de renouvellementplevées
en août2010ont égalementrouvéesfortementséropositives
(titre IHA moyende285).
L’ensembledeces sultatssoutientl’hypothèse d’un maintien,
un an après l’épisodegrippalchez l’Homme,delacirculation du
virusH1N1pdm àbas bruitdans la population porcine,tantdans les
troupeauxenengraissementqu’au sein de l’effectif de reproducteurs.
Tableau 2. Évolution destitresenanticorps anti-pH1N1
(titresIHA)des animauxreproducteursples
en décembre 2009 puis en août 2010.nt=non testé
Élevages (nombre
de reproducteurs testés) TitreIHA moyen
[Titre minimum –Titre maximum]
1(n=13) 124[<20–160]240 [80–640]
2(n=11) 124[80 –160]189 [40–640]
3(n=10) nt 296[80 –640]
20 Bulletin épidémiologique, sananimale et alimentationn
o43/Scial DOM-TOM
Conclusion
Au vu desrésultats de cesinvestigations,ilsemble quelecheptel porcin
de la Nouvelle-Calédonie soit désormaisinfectépar le H1N1pdm. Les
donnéesrecueillies laissentainsi penser qu’au-dede la transmission
et desinfections ponctuelles, le H1N1pdms’est adapet circule
désormais parmiles porcs ocalédoniens.
En toutevraisemblance, ce virusaétransmis auxporcs par
l’Hommeàl’occasiondelavague épidémique ayanteulieusur ce
territoireentre juillet et septembre2009. Le virusn’a apparemment
paresponsable chez le porc de syndromesgrippaux suffisamment
marqspoutresignas, maisacontinué de circuler de manière
asymptomatique après l’épidémie humaine.Lanaturemême du
H1N1pdm(virusréassortantcomposédegènesdevirus influenza
préalablementadaptés àl’espèceporcine), ainsi quelaforte pression
d’infection(le taux d’attaquedelapopulationhumaine étantplus
élevéque lors depidémiessaisonnières) sonttscertainement
deux facteursayant favorila transmission de ce virushumainau
porc.Par ailleurs,au-delàdes conditions particulières d’élevagequi
ontpufavoriser lescontacttroitsentre espèces humaineetanimale,
il est émis l’hypothèse quelestatut immunitaire naïfdececheptel
vis-à-vis desvirus influenza, notammentdesous-typeH1N1, l’ont
vraisemblablementrendu plus sensible àl’infectionqu’un troupeau
circulentdes SIV [10].
L’infectiondeporcins signaedans de nombreuxpaysdumonde.
Il galemenisoléenoctobre2010dans un élevagedeFrance
métropolitaine[6].Par ailleurs, on notera quedes investigations
similaires àcelles décritesici onmenéessur l’îledelaRéunion,
autrerégioninsulaire précédemmentindemne de grippe chez le porc,
et ayantconnu un pic épidémique important chez l’Hommeaucours
de l’hiveraustral 2009 (collaboration avec le Cirad et le CRVOI).Les
sultats desanalysesmenéesàlaRéunionont égalementrévélé
l’infectionquasi-asymptomatiquedes troupeauxpar le virusH1N1pdm
et le maintien de la circulationduvirus en 2010 au sein du cheptel
(dones nonmontrées).
En Nouvelle-Calédonie,ilimporte désormaisdepoursuivreles actions
de surveillanceduvirus H1N1pdmchez lesporcins.Undes objectifs
principauxdes prochaines enquêtes serad’isoler le virusencirculation
et de suivre son évolution dans l’espèceafindetenterd’évaluerlerisque
qu’ilpeutdésormaisreprésenter, tant en termedesananimale, que
de santépublique. En effet, même si ce virussemblegénéralementpeu
pathone pour le porc, et quel’absencedecirculationd’autresvirus
influenzaAchez le porc limitelerisquedegénérationdenouveauxvirus
réassortants, il est possible queleH1N1pdm acqure de nouveaux
caractères de virulenceàlafaveur de modifications nomiques [2].
Desconditions sanitairesdéfavorablespourraiengalementexacerber
ponctuellementsavirulence, notammentàl’occasiondeco-infections
avec d’autres pathogènesàtropisme respiratoire, ou sous l’influencede
tout autrefacteur de stress.Pourraientalors s’en suivre depisodes
cliniquesayant desconséquenceconomiques sérieuses, notamment
en raison de la baisse desperformances zootechniques. La persistance
de cette souche en élevageporcinpsente égalementunrisquepour
la santépublique, le porcpouvantservirderéservoir pour cette souche
àpotentiel zoonotique.
Un transfert de compétenceduLNR vers le LNCest envisaafin de
pouvoir assurer localementles analysesdelaboratoire de premre
intention et de pouvoir répondreaux demandesdiagnostiquesencas
d’émergenceclinique.
Remerciements
LesauteursremercientI.Michel,T.Courtot,Y.Nowaczyk, D. Rantoen
et A. Mortelecque pour la récolte et le pré-traitementdes échantillons
d’enquêteenNouvelle-Calédonie ainsi queN.Barbier, S. Gorin et
S. Quéguiner pour la réalisationdes analyses au LNR.
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Bulletin épidémiologique, sananimale et alimentationn
o43/Scial DOM-TOM 21
1 / 5 100%

transmission du virus influenza pandémique A/H1N1 (2009) à la

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