#01 MENSUEL Cross asset investment strategy Janvier 2017 Achevé de rédiger le 13 janvier 2017 Allocation d’actifs Administration Trump Réforme fiscale Fed-FOMC Emergents Mexique Chine Banques italiennes Immobilier résidentiel Obligations d’entreprises Flux d’actifs Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Sommaire Repères Allocation d’actifs : stratégies d’investissement d’Amundi Tendances macroéconomiques et financières, thèmes d’investissement pour 2017 : un état des lieux Page 4 Les derniers mois ont été le théâtre de changements majeurs (Brexit, élection de Donald Trump aux États-Unis notamment), et certaines tendances lourdes (comme le maintien de taux longs ultra-bas ou la stabilité des anticipations d’inflation) sont considérées comme étant menacées. L’objet de ce chapitre est de rappeler l’ensemble des éléments qui constituent notre scénario central et notre allocation d’actifs. Facteurs de risque Contexte macroéconomique Prévisions macroéconomiques et financières Page 18 Page 24 Page 25 Administration Trump : quel impact ? 1 États-Unis : en marche vers une réforme historique (et potentiellement disruptive) de la fiscalité sur les entreprises Page 26 Les républicains proposent de refondre entièrement le régime de l’impôt sur les sociétés. Cette réforme, qui ferait date dans l’histoire américaine, n’est pas sans danger. Hausse du dollar et tensions protectionnistes seraient au rendez-vous. > FOCUS > Une fiscalité des entreprises américaines très supérieure au reste du monde 2 Turbulences à l’horizon pour la Fed, avec la nouvelle administration américaine Page 31 Donald Trump prendra ses fonctions de président des États-Unis le 20 janvier. Avec les républicains du Congrès, il tentera de mettre en place des réformes radicales, notamment au sujet de la Fed. La Fed rentrera dans une zone de turbulences en 2017. > FOCUS > Composition du FOMC en 2017 3 Donald Trump : un nouveau facteur d’incertitude pour les économies émergentes Page 34 La situation économique de la plupart des pays émergents s’est améliorée. Toutefois, l’élection de Donald Trump a quelque peu changé la donne et les pays les plus vulnérables pourraient ne pas en sortir indemnes. Mexique 4 Mexique : quelles perspectives ? Page 37 Le Mexique va devoir redoubler d’efforts, mais aussi avoir de la chance pour surmonter les défis qui l’attendent. > FOCUS > Quelques faits 2 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Chine 5 Chine : les 10 grandes interrogations des investisseurs pour 2017 Page 41 Face aux grandes interrogations à propos de la Chine en 2017, nous pensons que les prix à la production et les investissements privés et immobiliers atteindront leur pic plus tard que le marché ne l’anticipe, que la demande globale va continuer de soutenir le redressement des prix des matières premières, que les craintes entourant les sorties de capitaux vont se dissiper, que les actions chinoises vont rebondir, que la correction des obligations domestiques arrivera à son terme et que le taux de change USD/CNY subira alternativement des tensions et des pressions. Zone euro 6 Une recomposition du paysage bancaire italien sur fond d’augmentation de capital Page 46 Les créances douteuses des banques italiennes ont quadruplé pendant la crise de 20082014 et représentent aujourd’hui 17 % du total des prêts contre une moyenne européenne de 5,5 %. Réduire ce montant important de créances douteuses à des niveaux plus acceptables nécessite du capital, qui n’est pas toujours facile à trouver auprès des investisseurs privés… > FOCUS > Banca Monte dei Paschi di Siena 7 L’immobilier résidentiel va continuer de contribuer positivement à la croissance des 4 plus grandes économies de la zone euro en 2017-2018 Page 48 À l’issue de cycles nationaux très différents au cours des dernières années, l’immobilier résidentiel est à présent redevenu un contributeur positif, quoiqu’encore modeste, à la reprise économique dans les 4 plus grands pays de la zone euro. Obligations d’entreprise 8 Marché du crédit IG en EUR : valorisations attractives des émetteurs financiers Page 51 Les émissions financières sont intéressantes sur le marché du crédit IG en EUR : cet article présente leurs moteurs et leur profil de valeur relative par rapport aux actions financières et aux obligations d’émetteurs non financiers. Actions 9 Flux par classe d’actifs : une année 2016 à deux visages Page 55 L’élection de Donald Trump a brutalement inversé l’évolution des flux d’actifs. Plutôt défensive jusque-là, celle-ci est devenue résolument pro-cyclique avec un retour en grâce des actions américaines notamment. Qu’en sera-t-il en 2017, l’effet Trump va-til perdurer ? Si les prochains mois s’annoncent volatils du fait de l’exubérance récente des marchés, à plus long terme, un léger surcroît de croissance et d’inflation devrait continuer à faire bon ménage avec une allocation d’actifs relativement offensive, d’autant que la croissance des profits devrait réserver de bonnes surprises en 2017. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 3 # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 1er janvier 2017 Allocation d’actifs : stratégies d’investissement d’Amundi Tendances macroéconomiques et financières, thèmes d’investissement pour 2017 : un état des lieux PHILIPPE ITHURBIDE, Directeur Recherche, Stratégie et Analyse Il est utile, en ce début d‘année 2017, de rappeler les grands enjeux qui se dessinent. Les derniers mois ont été le théâtre de changements majeurs (Brexit, élection de D. Trump), et certaines tendances lourdes (comme le maintien de taux longs ultra-bas ou la stabilité des anticipations d’inflation) sont considérées comme étant menacées. L’objet de ce chapitre est de rappeler d’une part l’ensemble des éléments qui constituent notre scénario central (pour les scénarios alternatifs, se référer à notre numéro du mois de novembre dernier « Numéro spécial : 2017 et au-delà »), et d’autre part, l’état actuel de notre allocation d’actifs et les intentions d’évolution au cours des mois à venir. L’année 2017 s’ouvre sur des thématiques comme la hausse des Taux longs, les risques sur les émergents, le grand retour des politiques budgétaires, les risques sur le commerce mondial et la montée du protectionnisme, les limites des politiques monétaires, le risque politique en Europe (élections, Brexit), le risque géopolitique. Trois questions clefs en ce début d’année : • Quel sera l’impact réel de l’élection de Trump ? Doit-on miser sur un changement radical des perspectives de croissance, d’inflation, et donc sur un renversement du trend long terme de baisse des taux longs ? Cela va-t-il s’accompagner d’une forte appréciation du dollar ? Quel sera l’impact sur les économies et les marchés émergents ? Trump sera-t-il le nouveau Reagan ? La border tax proposal représente-t-elle un game changer ? Beaucoup de questions découlent de l’élection de D. Trump et de la mise en place d’une administration plus protectionniste et plus favorable à la relance budgétaire et fiscale. Beaucoup de questions restent encore en réponse mais l’investiture de Trump sera effective le 20 janvier et débuteront également les négociations avec le Congrès américain. Mentionnons simplement que les impacts positifs que représente l’élection de D. Trump nous semblent surestimés à ce stade. Il y aura certes des inflexions dans la politique économique, mais cela ne sera pas suffisant pour modifier la croissance potentielle ou pour créer un nouveau cycle de croissance. L’essentiel Il est utile, en ce début d‘année 2017, de rappeler les grands enjeux qui se dessinent. Les derniers mois ont été le théâtre de changements majeurs (Brexit, élection de Donald Trump), et certaines tendances lourdes (comme le maintien de taux longs ultra-bas ou la stabilité des anticipations d’inflation) sont considérées comme étant menacées. L’objet de ce chapitre est de rappeler d’une part l’ensemble des éléments qui constituent notre scénario central, et d’autre part, l’état actuel de notre allocation d’actifs et les intentions d’évolution au cours des mois à venir. L’un des éléments clefs est la réévaluation de la croissance américaine, de la politique monétaire de la Fed, et l’impact des mesures à venir de la nouvelle administration Trump sur la croissance, mais aussi sur le commerce mondial et la diplomatie internationale. • La situation politique européenne est-elle réellement un facteur de risque lourd ? Nombreux sont ceux qui craignent une nouvelle dégradation de la situation. Va-t-on vers des référendums en cascade en Europe, sur les constitutions ou sur l’appartenance à l’Union Européenne ? Au regard des élections à venir (France et Allemagne notamment), doit-on craindre le changement de leadership à venir, et est-ce forcément pour le pire ? Y a-t-il un scénario positif crédible ? Il nous semble que les impacts négatifs que représente la situation politique européenne sont surestimés à ce stade. • Brexit : aura-t-il vraiment lieu et que devons-nous craindre ? L’économie européenne en général et l’économie britannique en particulier ont bien résisté au choc qu’a provoqué le résultat du référendum, et le Brexit semble passé au second plan. Cela nous semble être une erreur majeure. Il y a en effet bien peu de chances que le Royaume-Uni obtienne ce qu’il désire. Les négociations seront difficiles et elles peuvent déstabiliser la cohésion de l’UE. Ne pas sous-estimer l’impact économique long terme sur le RU. Au total, les impacts négatifs que représente le processus Brexit nous semblent largement sous-estimés à ce stade. 4 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Les grands thèmes macroéconomiques et financiers Nous avons identifié 12 thèmes pour les trimestres à venir : Thème # 1 Croissance économique : le cycle d’expansion se poursuit dans les grandes économies avancées, mais à un rythme lent Thème # 2 Le commerce mondial n’est plus un facteur clé de croissance Thème # 3 Politiques économiques : un rééquilibrage progressif des policymix vers davantage de politique budgétaire et fiscale est en cours Thème # 4 Inflation : pas encore un risque, mais un facteur qu’il faut désormais prendre en compte Thème # 5 Marchés obligataires : encore « dysfonctionnels » sensibles à la nouvelle situation américaine Thème # 6 Actifs risqués : favorisés par le « repricing » de la croissance américaine, au moins dans un premier temps Thème # 7 Chine : des risques et des enjeux importants, mais une situation encore maîtrisée Thème # 8 Marchés émergents : vers un retour en fanfare au second semestre ? Thème # 9 Marchés des changes : la « variable d’ajustement » de 2017 ? mais Le cycle d’expansion se poursuit dans les grandes économies avancées, mais à un rythme lent Thème # 10 Situation politique en Europe et Brexit, des dossiers complexes et cruciaux pour les marchés financiers Thème # 11 Géopolitique et immigration : des facteurs récurrents, durables et dé-structurants Thème # 12 Les stratégies de macro-hedging restent prioritaires Thème # 1. La croissance économique : le cycle d’expansion se poursuit dans les grandes économies avancées, mais à un rythme lent Seuls les États-Unis voient leur taux de croissance progresser. Quelques craintes sur la soutenabilité de la croissance du Royaume-Uni, pas de progression au Japon, maintien d’une croissance autour de 1,3 % — 1,5 % en zone euro. La croissance du « bloc émergent » progresse grâce notamment à deux pays : le Brésil et la Russie, qui sortent graduellement de récession (la Russie avant le Brésil, en fait). Au total, la croissance mondiale progresse, et elle passera dans les deux ans à venir de 3 % à 3,3 %. Autrement dit, la croissance mondiale resterait au-dessus de 3 % pour la septième année consécutive. Nous ne misons pas sur une cassure de la croissance mondiale. Certes, la croissance potentielle mondiale est désormais plus faible : elle a en fait fléchi à peu près partout, du fait de la combinaison de facteurs tels que le recul démographique, le poids des dettes qui agit comme une contrainte sur les politiques économiques, le recul des gains de productivité, le creusement des inégalités… la croissance potentielle est de l’ordre de 1,5 % aux États-Unis, de 5 % en Chine, 1 % en zone euro, de 0 %-0,5 % au Japon… L’investissement ralentit, tant dans les pays avancés que dans les pays émergents. C’est une des particularités de la reprise économique actuelle. Aux États-Unis, la reprise de l’investissement est sans commune mesure avec celle qui prévalait lors de la sortie de la grande récession et elle est très éloignée de la moyenne des reprises économiques d’après-guerre. La demande intérieure, et plus précisément la consommation, reste la pierre angulaire des économies. Cela est vrai aussi bien pour les économies avancées que pour les économies émergentes. La croissance potentielle mondiale est désormais plus faible Le commerce mondial n’est plus un facteur clé de croissance Thème # 2. Le commerce mondial n’est plus un facteur clé de croissance Le commerce mondial n’est plus un facteur clé de croissance. Il progresse moins vite que le PIB depuis 2011, une rupture au regard des trente dernières années. Doit-on parler de dé-mondialisation ou de dé-globalisation ? Pas Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 5 # 01 Janvier 2017 exactement : si le commerce des biens est effectivement en repli, celui des services (et notamment des services financiers) continue de progresser. On peut mentionner plusieurs raisons à la baisse du commerce mondial et à la réduction de sa contribution dans la croissance mondiale : I. La baisse de la croissance potentielle, qui est générale et qui pèse sur les échanges commerciaux ; II. La convergence des prix (pressions déflationnistes dans les pays avancés, progression des prix et salaires dans les pays initialement à fort avantage concurrentiel), qui limite les avantages l’échange ; III. Le repli de l’investissement : il s’agit en effet d’un des grands facteurs initiateurs d’échanges commerciaux. Sa faiblesse dans la très grande majorité des pays, émergents ou avancés, est un frein aux échanges entre pays ; IV. La montée des protectionnismes (et notamment du protectionnisme de comportement) représente également une tendance qui se généralise… Thème # 3. Politiques économiques : un rééquilibrage progressif des policy-mix vers davantage de politique budgétaire et fiscale est en cours Les politiques monétaires restent accommodantes. Sur les 10 pays du G10, 8 ont encore assoupli leur politique monétaire en 2016. La Fed, qui a jusqu’ici relevé timidement ses taux, continue de réinvestir dans les papiers venant à maturité et achetés lors de ses différents programmes de QE. Elle n’est donc pas encore totalement sortie du QE. BoJ et BCE poursuivent leur programme, et la BCE vient d’étendre son programme de mars 2017 à fin 2017. Elle a certes réduit son programme d’achats (de 80 Mds € par mois à 60 Mds €), mais elle achètera encore en 2017 bien plus que l’ensemble des émissions nettes de la zone euro (un facteur de maintien des taux longs à un bas niveau). Quant à la politique de taux d’intérêt, maintien des taux bas en Europe et au Japon pendant encore plusieurs années. En termes d’efficacité, on peut dire que la politique monétaire de la BCE a atteint ses limites. Les taux négatifs entretiennent la déflation, dégradent la profitabilité des banques, n’améliorent pas la fragmentation financière, n’assurent pas une augmentation du volume de crédits vers les PME, n’assurent plus une dépréciation de l’euro. Les QE n’apportent plus rien en termes d’effets de richesse, d’impact sur la confiance, sur les anticipations d’inflation en zone euro, ou encore de dépréciation de l’euro. Ils assurent en revanche l’ancrage des taux longs à un bas niveau, ce qui permet d’améliorer la solvabilité des agents endettés. Mais ils réduisent également la liquidité sur les marchés de taux, engendrent des taux et une volatilité anormalement bas, avec des risques asymétriques… Ils distordent enfin les valeurs d’équilibre des actifs risqués, avec risque de bulles ou de perception de bulles. Les politiques monétaires ne peuvent pas, seules, résoudre les problèmes de croissance, d’emploi, de change, de crédit, de confiance, d’endettement… La BCE ne peut cependant pas interrompre son programme d’achat d’actifs, tant que certaines conditions de sortie ne sont pas remplies. Les préalables sont les suivants : I. Une solvabilité budgétaire retrouvée pour pouvoir résister à la hausse des taux, II. Une croissance du PIB nominal supérieure au taux d’intérêt nominal, III. Un désendettement achevé, IV. Le retour de l’investissement. Ces conditions ne sont remplies pour aucun des pays de la zone. L’Allemagne serait capable de résister à la fin du QE, mais ce serait sans doute le seul pays dans ce cas. La Fed va continuer à resserrer sa politique monétaire. Pour la première fois depuis la crise financière, ses actions devraient être en ligne avec ses prévisions (dots). Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle relèvera vigoureusement ses taux d’intérêt : probablement deux hausses des taux en 2017, ce qui portera le taux des Fed funds à 1,25 % fin 2017 (0,75 % actuellement). Nous ne sommes toujours pas en phase de normalisation. Pour mémoire, rappelons qu’entre 6 La montée des protectionnismes (et notamment du protectionnisme de comportement) représente également une tendance qui se généralise En termes d’efficacité, on peut dire que la politique monétaire de la BCE a atteint ses limites La BCE ne peut cependant pas interrompre son programme d’achat d’actifs, tant que certaines conditions de sortie ne sont pas remplies Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 février 1994 et février 1995, la Fed avait relevé ses taux de 300 pb (de 3 % à 6 %) et qu’entre juin 2004 et juin 2006, le resserrement avait été de 425 pb (de 1 % à 5,25 %), soit 17 hausses consécutives, et + 25 pb toutes les 6 semaines. Dans le cycle actuel, depuis la décision de stopper le QE (2013) la Fed n’a procédé qu’à deux hausses des taux. 2017 devrait offrir l’opportunité pour la Fed de recréer quelques marges de manœuvre. Elle les utilisera sans doute 2 fois (peut-être à 3 ?), et elle sera en ligne avec les dots pour la première fois depuis 10 ans. Attention cependant : le cycle est déjà en train de s’essouffler, l’inflation reste sous contrôle, le marché obligataire est vulnérable, le dollar fort, les entreprises vulnérables (ampleur du releveraging), ainsi que les marchés émergents. Tout ceci limite le potentiel de resserrement de la Fed. Un rééquilibrage progressif des policy-mix vers davantage de politiques budgétaire et fiscale est donc en cours. On identifie une capacité plus grande des États-Unis à utiliser ces instruments depuis l’élection de D. Trump : même si le Congrès atténue les requêtes du nouveau président (le congrès est hostile aux dérives budgétaires et protectionnistes notamment), il y aura de la relance budgétaire (infrastructures notamment) et fiscales (baisse de fiscalité). La politique budgétaire expansionniste aux États-Unis prolongera le cycle (qui s’essouffle) mais n’aura pas d’impact avant la fin de 2017 (nous prévoyons une croissance de l’ordre de 2 % en 2017 et de 2,2 % en 2018, soit un niveau assez sensiblement supérieur à la croissance potentielle de l’ordre de 1,8 % actuellement). L’Europe est en retard sur les États-Unis : sa capacité à utiliser l’instrument budgétaire et fiscal se heurtera aux dispositifs européens (pacte de stabilité et de croissance, semestre européen, six-pack…) et à une volonté insuffisante (en France, le candidat Fillon promet une lutte contre les déficits). Utiliser la politique budgétaire ou la politique fiscale n’est pas anodin pour peu que l’on s’intéresse aux impacts sur les marchés financiers. L’un des changements fiscaux les plus importants de l’histoire des États-Unis est la proposition du président Trump concernant la border tax proposal (l’ajustement fiscal à la frontière). L’idée est d’imposer les importations américaines au taux de l’impôt sur le revenu des sociétés (20 %) et d’exempter les revenus tirés des exportations de toute imposition. Ex ante, cela équivaudrait à une dévaluation du dollar de 20 % avec un effet très positif sur le déficit commercial des ÉtatsUnis (du moins, si le dollar ne s’apprécie pas). Cette mesure, inflationniste et favorable au dollar, représenterait par ailleurs une transformation majeure des relations commerciales des États-Unis avec le reste du monde. Suivre de près les négociations avec le Congrès américain, les conclusions de l’OMC et les risques de représailles des partenaires américains. Il s’agit sans le moindre doute d’un game changer potentiel (cf. article n° 1 de cette édition). La politique fiscale et la politique commerciale sont donc en passe d’être modifiées (radicalement ?) aux États-Unis. C’est sans aucun doute l’enjeu majeur du prochain trimestre. De nombreuses propositions/suggestions apparaissent, elles visent souvent à relancer la machine de production américaine au détriment des importations (droits de douane, fiscalité spécifique…). Il s’agit de décisions difficiles à obtenir auprès du Congrès mais les débats porteront inévitablement sur ces thèmes. C’est porteur pour le dollar et pour les actions US (avec contagion favorable au reste du monde, EMG et Europe notamment), c’est porteur pour les thèmes domestiques américains (small cap, mid cap, infrastructures… même si la valorisation est déjà élevée), et c’est négatif pour les obligations US Treasuries (on ne peut exclure que le taux 10 ans atteigne 3 %). Au total, les perspectives pour 2018 dépendront de la capacité des gouvernements à rééquilibrer leurs politiques en recourant davantage à la politique budgétaire : avantage pour les États-Unis. L’écart de croissance entre États-Unis et Europe va se creuser au cours des deux années à venir. À ce stade, nous ne prévoyons pas de réelle accélération du cycle aux États-Unis, « simplement » une extension. Thème # 4. L’inflation, pas encore un risque, mais un facteur qu’il faut désormais prendre en compte La hausse de l’inflation reste très modérée et bien localisée. Plus de 85 % des 120 plus grands pays ont un taux d’inflation inférieur à la cible de leur banque centrale et près de 20 % d’entre eux ont encore une inflation Un rééquilibrage progressif des policy-mix vers une politique budgétaire et fiscale est donc en cours La politique fiscale et la politique commerciale sont donc en passe d’être modifiée (radicalement ?) aux États-Unis Au total, les perspectives pour 2018 dépendront de la capacité des gouvernements à rééquilibrer leurs politiques en recourant davantage à la politique budgétaire Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 7 # 01 Janvier 2017 négative, un pourcentage qui n’a jamais été aussi fort depuis que les craintes déflationnistes ont fait surface (en 2008). Autrement dit, la hausse de l’inflation est davantage crainte ou souhaitée que réelle. En revanche, ce que l’on sait, c’est que l’inflation passera au-dessus de la cible de la Fed au cours du premier trimestre 2017, et même si ceci est essentiellement lié à un effet de base en provenance des matières premières, c’est suffisant pour modifier l’environnement de taux notamment. Rappelons qu’il ne faut pas confondre anticipations d’inflation liées à des pressions reflationnistes avec des anticipations d’inflation liées à des perspectives de (plus) forte inflation. Nous sommes clairement dans le premier cas de figure. La raison pour laquelle les anticipations d’inflation (et les taux longs) progressent est clairement identifiée : il s’agit du repricing de la croissance, lié essentiellement au recours aux politiques budgétaires (relance de certaines dépenses publiques) et fiscales (hausse du revenu réel disponible). Même si le cycle de croissance américain s’essouffle depuis quelques mois, un recours prononcé à ces politiques peut permettre une extension du cycle actuel et une hausse du taux d’intérêt naturel (taux d’intérêt qui équilibre épargne et investissement quand la croissance est à son potentiel). Ne pas confondre anticipations d’inflation liées à des pressions reflationnistes avec des anticipations d’inflation liées à des perspectives de (plus) forte inflation Thème # 5. Marchés obligataires, encore « dysfonctionnels » mais sensibles à la nouvelle situation américaine Nous assistons à une hausse dans un premier temps des taux longs américains. Plusieurs raisons à cela : réévaluation du policy-mix (plus favorable à la croissance), repricing de la croissance, repricing des anticipations d’inflation, repricing de la politique monétaire… tout cela plaide en faveur d’une appréciation du dollar, mais aussi d’une remontée des taux longs américains, au moins dans un premier temps. Nous misons pour une extension du cycle économique actuel (en bout de course), et non sur un nouveau cycle d’expansion. Autrement dit, mi-2017, le marché obligataire américain devrait redevenir attractif pour les investisseurs basés en euro. L’impact de la hausse des taux américains sur les taux longs européens ne doit pas être négligé. Miser sur un élargissement des spreads entre États-Unis et Europe, sur l’ensemble de la courbe des taux semble toutefois raisonnable à ce stade. Les rendements obligataires européens (souverains et corporates) sont entrés en territoire négatif en 2016. La remontée des taux longs aux États-Unis a toutefois changé la donne : si, en septembre, plus de 50 % de l’univers de crédit européen (souverains, quasi-souverains, corporates et financières) livraient des taux négatifs, ce pourcentage est tombé, fin d’année, à moins de 25 %. L’augmentation des taux européens à long terme peut provenir de 8 sources principales : I. Une reprise significative des perspectives de croissance, II. Un renversement des politiques de taux d’intérêt, III. La fin des QE, IV. Une reprise de l’inflation, V. Un renversement des politiques budgétaires et fiscales, Mi-2017, le marché obligataire américain devrait redevenir attractif pour les investisseurs basés en euro L’impact de la hausse des taux américains sur les taux longs européens ne doit pas être négligé VI. Une hausse des spreads (santé des banques, solvabilité sur dettes publiques, hausse des primes de risque…), VII. Un renversement de positions excessives (à, la baisse des taux), VIII. Une hausse des rendements des obligations américaines et une corrélation élevée avec les taux américains. Où en sommes-nous maintenant ? Dans le cas de l’Europe, les trois premières ne se concrétisent pas (encore) et la quatrième n’est pas encore une préoccupation. Le cinquième prend forme, mais pas en Europe, aux États-Unis seulement… et il aura un impact sur les quatre premiers. Le débat actuel sur les politiques fiscales et fiscales est crucial pour les taux d’intérêt. Le sixième (situation politique notamment) et le septième (portefeuilles positionnés pour des niveaux de taux bas pendant longtemps) doivent être étroitement surveillés. Seul le huitième est actuellement hautement crédible, et avec les facteurs évoqués ci-dessus, il pousse les taux à la hausse. 8 Les marchés obligataires européens sont devenus dysfonctionnels, comme un baromètre qui fournit des mesures inexactes Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Les marchés obligataires européens sont devenus dysfonctionnels, comme un baromètre qui fournit des mesures inexactes : une liquidité plus faible qu’auparavant, une volatilité artificiellement basse, des niveaux de taux artificiellement bas. Autrement dit, des risques (hausse vs. baisse) totalement asymétriques. Les marchés obligataires européens sont également à la merci de la politique de QE de la BCE. L’abandon du QE se traduirait par une hausse des taux des bunds de l’ordre de 150pb (l’écart actuel entre les taux courants et le taux d’équilibre hors QE) et une remontée des taux de 250 à 350pb dans les pays périphériques, où les taux feraient plus que doubler ! Une véritable situation de crise financière… Mentionnons pour finir le regain d’intérêt pour les obligations indexées sur inflation. La configuration actuelle plaide pour cette classe d’actifs, et ce depuis quelques mois déjà. Voilà une classe d’actifs longtemps négligée, très fortement sous-pondérée dans les portefeuilles internationaux, et à valorisation par conséquent attractive. À cela vient s’ajouter la remontée des prix des matières premières, pétrole en tête, qui a un impact particulièrement prononcé pour les obligations réelles à duration courte. Un instrument de macro-hedging contre la remontée des indices de prix, et un instrument également attractif en termes de valorisation. Obligations indexées sur inflation : un instrument de macro-hedging contre la remontée des indices de prix, et un instrument également attractif en termes de valorisation Thème # 6. Les actifs risqués favorisés par le repricing de la croissance américaine, au moins dans un premier temps Durant la période de repricing de la croissance US, de son taux d’inflation, de son policy-mix, de sa politique monétaire, avantage aux actifs risqués américains (actions et obligations corporate) et au dollar US. Attention toutefois : les entreprises américaines ont fortement eu recours au releveraging depuis deux ans (endettement au plus haut) et sont désormais sensibles aux hausses des taux. La santé financière des entreprises européennes est meilleure de ce point de vue là. Nous restons prudents sur les segments les moins bien notés du segment HY US. Sur le marché euro, la poursuite du CSPP est un facteur de soutien important du marché crédit euro. Nos modèles montrent que les spreads moyens des obligations non financières IG éligibles au CSPP sont devenus peu attractifs au regard des valeurs d’équilibre. Les titres financiers continuent d’offrir une valorisation attractive. En 2016 et encore en ce début d’année, les investisseurs achètent des obligations pour l’appréciation du capital et les actions pour le revenu… ce n’est pas une tendance habituelle et généralement pas durable. Nous identifions quatre scénarios possibles pour les actions américaines. • Scénario 1. Un scénario plutôt positif (reflation) : les taux à long terme remontent, mais les bénéfices des sociétés se redressent également. Les actions « value » surperforment dans de telles conditions, en particulier les banques. La zone euro et le Japon devraient en profiter. Durant la période repricing de la croissance US, de son taux d’inflation, de son policy-mix, de sa politique monétaire, avantage aux actifs risqués américains (actions et obligations corporate) et au dollar US • Scénario 2. Un autre scénario assez positif (fluctuation) : les bénéfices ne se redressent pas réellement, mais les taux d’intérêt à long terme restent bas. Les actions quality surperforment. Les marchés émergents et américains seront plus performants que les autres. • Scénario 3. Le scénario le plus « positif » (pré-bulle) : les taux d’intérêt à long terme restent bas tandis que les bénéfices commencent à remonter. Cette situation serait propice à la formation de bulles, poussant les stocks de croissance à la surperformance. Les marchés émergents seraient les plus avantagés dans un tel scénario. Prochaine étape (post-bulle) un problème. • Scénario 4. Un scénario négatif (rechute) : les taux à long terme se redressent mais pas les profits. Adopter une attitude défensive dans un tel cas de figure. Le marché américain fera mieux que les autres marchés développés et émergents, et le dollar (devise contra-cyclique) apportera une surperformance supplémentaire. Ces quatre scénarios favorisent un positionnement radicalement différent. Les probabilités pour chaque scénario sont assez semblables selon l’horizon en question, mais il est possible que la situation se déplace temporairement à travers le scénario 1 (reflation) avant de reprendre le chemin vers les scénarios 2 (fluctuation) ou 3 (bulle) voire même 4 (rechute), un peu plus tard. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 9 # 01 Janvier 2017 Thème # 7. Chine : des risques et des enjeux importants, mais une situation encore maîtrisée Pas de hard landing en Chine. Certains économistes attendent un atterrissage en catastrophe de la Chine… depuis 15 ans ! Il n’y a pas eu d’atterrissage forcé, mais le modèle d’affaires de la Chine a changé au cours de la dernière décennie. Rappelons que la croissance n’est pas aussi axée sur les exportations qu’auparavant, et que la demande intérieure est devenue le moteur principal de la croissance. Cela donne à la croissance un caractère plus équilibré, et plus favorable pour la stabilité financière mondiale, mais cette transition (encore en cours) ne se traduit pas un recours excessif au crédit (plus de la moitié de la hausse de la dette d’entreprises du monde émergent a eu lieu en Chine), la dette privée a fortement progressé, la compétitivité industrielle s’est érodée et les gains de productivité sont en baisse. Autrement dit, la croissance potentielle a fortement baissé (10 % il y a 15 ans, autour de 5 % actuellement). La question n’est pas de savoir si la croissance future et potentielle sera plus faible. C’est déjà une donnée… Il s’agit plutôt de savoir si la croissance peut aller bien en deçà de son potentiel actuel. En d’autres termes, la Chine va-t-elle subir une crise économique à grande échelle ? Les indicateurs les plus récents ont permis de réduire ce risque, la croissance annualisée du PIB se stabilisant autour de 6,7 % au cours des trois derniers trimestres. L’introduction de droits de douane de 45 % (une mesure qui fait partie du programme de D. Trump candidat) serait propice à l’initiation d’une spirale fortement négative pour la Chine… et pour la stabilité financière (ce n’est pas notre scénario). Un atterrissage forcé/des craintes d’atterrissage forcé auraient un impact très négatif et ses effets en cascade seraient particulièrement désastreux : I. Vulnérabilité des systèmes bancaires, II. Vulnérabilité du système financier international, III. Vulnérabilité de la dette privée de la Chine, IV. Impact sur les matières premières et les pays émergents, V. Impact sur les devises des pays exportateurs de matières premières (pays avancés et pays EMG)… Un atterrissage forcé/des craintes d’atterrissage forcé auraient un impact très négatif et ses effets en cascade seraient particulièrement désastreux VI. La Fed cesserait de « resserrer », tandis que la BCE poursuivrait/ accélérerait son QE. L’ouverture du compte en capital représente indubitablement l’enjeu majeur de la Chine pour les années à venir. La Chine ouvre son compte de capital étape par étape. Pas de « big bang » comme avaient pu le faire certains pays scandinaves au milieu des années 80, et c’est une sage décision au regard des différentes expériences passées. Encore un long chemin à parcourir… en raison des conséquences majeures sur la politique monétaire, sur les flux de capitaux… Une libéralisation du compte en capital fait peser des contraintes sur les politiques économiques menées. Elle se traduit invariablement par : I. Une politique monétaire moins indépendante, II. Un régime de change plus flexible, flottant (ou quasi flottant), III. Un rôle plus important des acteurs internationaux dans la fixation des prix des actifs, IV. Une transparence nécessaire des indicateurs économiques, des entreprises détenues par l’État, des politiques monétaires, budgétaire et de change, V. L’indépendance des instituts de statistiques… La Chine ouvre également la voie à une internationalisation du RMB. Encore un long chemin à parcourir en raison de la position ultra – dominante du dollar américain. Il faut rappeler que le Japon n’a jamais réussi à élever sa devise au rang international. De cette expérience, la Chine peut tirer quelques enseignements clairs : I. 10 La libéralisation des marchés financiers constitue un prérequis pour internationaliser une devise ; L’ouverture du compte en capital est inévitable, et elle représente indubitablement l’enjeu majeur de la Chine pour les années à venir La stabilité relative du renminbi en Asie est également un prérequis pour que la devise soit utilisée et acceptée sur le plan international et puisse servir de substitut au dollar américain Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 II. L’économie doit absolument inspirer confiance ; III. Les marchés domestiques doivent attirer à la fois les investisseurs et les établissements financiers étrangers pour que le besoin d’utiliser la devise s’accroisse ; IV. Le pouvoir de négociation dans la devise de facturation des échanges commerciaux aide à imposer une devise au rang international ; V. Les centres financiers domestiques doivent rayonner au niveau régional ; VI. La stabilité relative du renminbi en Asie est également un prérequis pour que la devise soit utilisée et acceptée sur le plan international et puisse servir de substitut au dollar américain. Le poids du yuan ne va cesser de progresser. Sur ce plan également, le chemin est encore bien long pour le renminbi, mais les progrès sont visibles néanmoins, à tel point que de nombreux fonds souverains et banques centrales ont diversifié leurs avoirs en faveur du renminbi (tant pour leurs réserves que leurs investissements) ou ont l’intention de le faire. C’est le cas des banques centrales d’Australie, d’Autriche, du Brésil, d’Indonésie, de Malaisie, de Corée, de Thaïlande, du Pakistan, d’Afrique du Sud, du Venezuela, du Nigeria, de Hong Kong et de Macao. La Reserve Bank of Australia (l’Australie est un partenaire commercial important de la Chine) investit environ 5 % de ses actifs en devises étrangères en titres chinois libellés en renminbi. Le ministère des Finances du Japon, le Kuwait Investment Authority et la Banque mondiale détiennent également des obligations libellées en renminbi. Les résultats de nos recherches montrent clairement que le RMB fait déjà office de devise d’ancrage pour les monnaies de certains pays émergents et que son influence va bien au-delà de sa région d’origine. À noter également que le RMB va nécessairement voir sa part augmenter dans les réserves de change détenues par les banques centrales étrangères du fait de son inclusion dans les droits de tirage spéciaux (DTS) en octobre 2016. Certaines projections concluent que d’ici 2020-2025, 30 % des échanges de la Chine devraient être libellés en RMB (20 % actuellement) et que la devise deviendrait par conséquent la quatrième plus grande devise de paiement au monde. Les échanges quotidiens en renminbi devraient dépasser les 500 milliards de dollars (trois fois leur niveau actuel). Le marché offshore des obligations libellées en RMB (dim sum) atteindrait lui aussi 500 milliards de dollars (contre 90 milliards de dollars en 2013). La Chine représenterait 30 % de la capitalisation boursière mondiale (plus que les États-Unis) et 20 % des marchés obligataires mondiaux (soit la part actuelle des marchés de la zone euro). Mais pour cela, des préalables sont nécessaires, sur le régime de change du RMB, sur le contrôle des capitaux… et cela n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Il n’y aura pas de dévaluation brutale du yuan, mais la mise en œuvre d’une politique protectionniste sévère aux États-Unis serait fatale, la Chine devenant incapable de poursuivre la politique de change actuelle (gestion d’une dépréciation graduelle et ordonnée du RMB). Un risque très faible, mais avec un préjudice potentiellement très important, car le principal défi de la Chine est maintenant d’ouvrir son compte de capital. Attirer les investisseurs internationaux signifie accepter une politique monétaire moins indépendante, un taux de change plus volatil, des règles différentes entre les marchés onshore et offshore, des flux de capitaux plus volatils, des marchés moins facilement administrés (plus dépendants des investisseurs internationaux), une plus grande transparence sur l’état des entreprises, et plus précisément, les entreprises publiques… Une dévaluation surprise serait le début d’une guerre des devises plus intense, surtout en Asie. Les politiques monétaires deviendraient extrêmement accommodantes pour empêcher l’appréciation des devises. Prévoir une appréciation de l’euro (les devises EMG représentent plus de 70 % de son taux effectif) et un impact négatif sur l’économie européenne. D’ici 2020-2025, 30 % des échanges de la Chine devraient être libellés en RMB, la Chine représentera 30 % de la capitalisation boursière mondiale (plus que les ÉtatsUnis) et 20 % des marchés obligataires mondiaux (soit la part actuelle des marchés de la zone euro) Il n’y aura pas de dévaluation brutale du yuan, mais la mise en œuvre d’une politique protectionniste sévère aux États-Unis serait fatale, la Chine devenant incapable (et non désireuse) de poursuivre la politique de change actuelle Thème # 8. Marchés émergents : vers un retour en fanfare au second semestre ? Les marchés émergents gardent leur attractivité, compte tenu de leurs atouts actuels : Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 11 # 01 Janvier 2017 I. La dette EMG représente pour les investisseurs, et notamment européens, une oasis de spreads dans un désert de titres à taux faibles/négatifs ; II. Bon nombre de devises EMG sont bon marché, avec une sousévaluation importante dans certains cas ; III. Les régimes de change sont flexibles, un atout pour les économies EMG. La dépréciation des monnaies a évité une forte dévaluation interne (récession/dépression) et favorise des recouvrements plus forts par rapport aux épisodes de crises passés ; IV. La dette en USD est beaucoup plus faible que dans le passé, et la sensibilité de la dette à une appréciation du billet vert est devenue bien moindre ; V. Les fondamentaux des marchés émergents sont nettement plus sains aujourd’hui qu’en 2013, lorsque la Fed avait annoncé la réduction puis l’abandon de son programme d’achats d’actifs (Fed tapering)… La forte dépendance des pays émergents à l’égard des flux entrants pour financer le déficit de la balance courante a diminué. Les marchés émergents, y compris les « 5 Fragiles », affichent des balances de paiement bien plus saines ; VI. En 2013, le marché n’était en rien préparé aux commentaires qui ont entouré la diminution de l’assouplissement quantitatif par la Fed. À l’aube de 2017, les futures hausses des taux de la Fed sont déjà très largement intégrées dans les prix et les discussions au sujet de la baisse des achats d’actifs de la BCE et de la BoJ sont déjà omniprésentes, de même que le débat général sur l’inefficacité des politiques monétaires à leur niveau actuel. Même si l’argument de la complaisance de marché peut prêter à discussion, nous pensons que le choc d’un resserrement des politiques monétaires des marchés développés ne serait pas aussi lourd qu’il l’a été en 2013 ; Ce n’est pas parce que les taux remontent que les marchés émergents souffrent. La raison pour laquelle ils montent est bien plus importante Si la hausse des taux est motivée par une remontée des anticipations de croissance, les marchés émergents en profiteront VII. Au cours des trois années qui ont précédé 2013, les afflux de capitaux vers les actifs émergents avaient atteint des niveaux sans précédent et des rendements très élevés. Les marchés étaient lourdement surpondérés émergents. À l’opposé, les flux entrants ont été quasiment inexistants au cours des trois années qui ont précédé 2016, les rendements ont été très négatifs sur la dette locale et globalement inchangés sur la dette en devise dure. Ainsi, les facteurs techniques sous-jacents sont largement plus sains à la veille de 2017 qu’en 2013. Au total, nous pensons que la dette émergente pourrait s’avérer étonnamment résistante. Pour les marchés émergents, on peut distinguer deux scénarios distincts : soit le nouveau gouvernement américain provoque déficits et récession, ce qui sera extrêmement dommageable pour l’aversion au risque, la volatilité et les actifs risqués comme les émergents. Soit le nouveau gouvernement est capable de « booster » les anticipations de croissance, ce qui ira de pair avec une résurgence de quelques anticipations d’inflation, une remontée des taux longs et des taux de la Fed. Dans un premier temps mitigé pour les émergents, ce scénario de plus forte croissance devrait leur être favorable, et les facteurs techniques, fondamentaux et atouts de valorisation développés ci-dessus reviendront au premier plan. En somme, ce n’est pas parce que les taux remontent que les marchés émergents souffrent. La raison pour laquelle ils montent est bien plus importante. Si cette hausse est motivée par une remontée des anticipations de croissance, les marchés émergents en profiteront. C’est le scénario auquel nous croyons, au moins pour 2017. Thème # 9. Marchés des changes, la « variable d’ajustement » de 2017 ? En l’absence de mouvements de taux d’intérêt, miser sur des fluctuations de change En l’absence de mouvements de taux d’intérêt, miser sur des fluctuations de change. Ce sont les politiques budgétaires et fiscales qui vont être amendées, États-Unis en tête. Cela aura des conséquences sur les 12 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 anticipations de croissance d’inflation, et sur les cours de change. Garder un biais haussier dollar US à court terme. Miser sur une reprise significative des devises émergentes à moyen terme. Miser sur une dépréciation de l’euro contre USD dans un premier temps, et du cours de l’euro effectif au cours du second semestre 2017. 2017 s’ouvre avec des misalignments de change encore conséquents. Beaucoup de fluctuations en 2016, mais les ajustements ne sont pas encore terminés… le RUB, le BRL, le MXN sont notoirement sous-évalués à l’heure actuelle au regard de nos modèles d’équilibre de change (BEER et FEER). Miser sur une appréciation de ces devises en 2017. 2017 s’ouvre avec des misalignments de change encore conséquents Le cas de l’euro est intéressant : des fondamentaux meilleurs qu’il y a deux ou trois ans, mais avec encore des fragilités bien identifiées, une situation politique parfois complexe, mais des excédents courants conséquents qui font office de parachute à la devise européenne depuis plusieurs années déjà. Une appréciation de l’euro semble difficile au regard de la situation actuelle, mais miser sur une forte dépréciation ne nous semble pas non plus crédible. La faiblesse de l’euro, si elle intervient, proviendra plutôt de l’appréciation des devises émergentes, ce qui serait par ailleurs un atout considérable pour l’économie européenne et son marché d’actions, tous deux sensibles au cours de change. Thème # 10. Situation politique en Europe et Brexit, des dossiers complexes et cruciaux pour les marchés financiers Nous assistons à la montée du populisme un peu partout en Europe… et ailleurs : des partis le plus souvent anti-establishment, favorables à une plus grande lutte contre la corruption, en colère contre la progression des inégalités sociales (« la grande divergence »), hostiles envers les réformes des systèmes de santé, de retraite et du marché de l’emploi, parfois favorables à la montée du protectionnisme, promouvant des thèmes anti-européens, des thèmes protectionnistes/sécuritaires…). Les partis d’extrême droite progressent dans les pays du noyau dur de l’Europe tandis que ce sont les partis d’extrême gauche qui progressent dans les pays périphériques. Or 2017 est une année électorale cruciale en Europe : France (avril – mai), Allemagne (automne), élections générales en Italie en février 2018 au plus tard… Pas de risque majeur en France (on peut même miser sur un couple franco-allemand solide en cas d’élections Fillon – Merkel), mais le risque est plus grand en Italie avec le risque de voir le parti « 5 étoiles » parvenir au pouvoir (parti anti-establishment, mais divisé sur l’Europe). Un gouvernement technique a été nommé, avec parmi ses objectifs, une refonte de la loi électorale… à quelques mois d’élections générales. L’autre sujet de préoccupation concerne le Royaume-Uni et sa décision de sortir de l’Union européenne. Le dossier « Brexit » devrait démarrer techniquement au T1 2017. Les États européens s’engagent pour un long processus de négociations, de 2 ans ou moins si accord, 2 ans ou plus en l’absence d’accord… sauf si un seul pays souhaite stopper les négociations après 2 ans. En substance, le RU souhaite cinq choses : pas de droits de douane entre UE et RU, renouer avec une politique commerciale indépendante, avoir une politique d’immigration indépendante, bénéficier de l’accès total au marché unique (biens et services), et cesser de contribuer au budget de l’Union. Le RU n’obtiendra pas cela : aucun pays ne l’a obtenu jusqu’à présent, pas plus la Suisse (absence de droits de douane et politique commerciale indépendante, mais pas de politique d’immigration indépendante, pas d’accès au marché unique pour les services, et contribution au budget de l’Union) que la Norvège (absence de droits de douane et accès au marché unique (biens et services), mais pas de politique commerciale indépendante, pas de politique d’immigration indépendante et contribution au budget de l’Union). Le RU sera sans doute traité au regard de ce qui a déjà été négocié avec d’autres pays, seule façon en outre de négocier un accord rapidement. Thème # 11. Géopolitique et immigration, des facteurs récurrents, durables et dé-structurants Les risques géopolitiques sont devenus récurrents, et ils doivent être intégrés systématiquement dans les constructions de portefeuille et les 2017 est une année électorale cruciale en Europe Brexit : le RU n’obtiendra pas ce qu’il désire Les tensions internationales se traduisent par des flux migratoires (migrants + réfugiés) sans précédent, représentant l’un des grands enjeux des années à venir pour bon nombre de pays Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 13 # 01 Janvier 2017 stratégies de macro-hedging. Les tensions internationales se traduisent par des flux migratoires (migrants + réfugiés) sans précédent, représentant l’un des grands enjeux des années à venir pour bon nombre de pays. Des enjeux évidemment politiques, mais aussi économiques (impact sur le marché de l’emploi, impact sur la croissance potentielle (des pays d’accueil et des pays de départ), impact sur les grands équilibres budgétaires…) et sociaux (intégration rapide des migrants, cohésion de sociétés…). Hormis les réfugiés, les mouvements de population vont par ailleurs s’amplifier, et l’ONU estime que 80 % de la croissance démographique des pays d’accueil seront directement liés à ces flux de migrants. D’ici à 2050, les pays qui recevront plus de 100 000 migrants par an seront les États-Unis, le Canada, le Royaume Uni, l’Allemagne, l’Australie, la Russie et l’Italie. Ces migrants viendront d’Inde, du Bangladesh, de la Chine, du Pakistan et du Mexique. Thème # 12. Les stratégies de macro-hedging restent prioritaires Concevoir/préparer/mettre en place des stratégies de macro-hedging est nécessaire car les facteurs de risque extrêmes identifiés (Chine, taux longs, récession, crise politique en Europe…) sont tous générateurs de crise majeure. Il convient de rappeler que durant les deux années passées, nous avons eu des alertes sur chacun de ces thèmes : en 2016, la Chine a changé son régime de change et gère la dépréciation graduelle du yuan, le Brexit a montré les faiblesses du RU mais aussi de l’Europe (pas de plan B, pour le premier, pas de cohésion forte pour la seconde). En 2015, les premières alertes se sont déjà manifestées (crise européenne, Fed, Chine, yuan, marchés émergents, prix des matières premières, liquidité, volatilité), les prix des matières premières ont chuté, la faible liquidité de certains marchés (réputés liquides) a fait l’objet de nombreux commentaires… Bref, des risques déjà bien identifiés, et le fait que des probabilités faibles leur soient associées ne doit pas rassurer. Les probabilités d’occurrence sont toujours difficiles à quantifier, mais ce n’est pas le point le plus important : les conséquences de ces scénarios de risque sont tellement grandes que l’allocation d’actifs ou les activités de macro-hedging doivent en tenir compte. Parmi les instruments traditionnels de macrohedging : long vol (l’habitat naturel des crises financières), long or (le seul actif à s’être apprécié lors des différentes phases de crise ou de récession… ou d’inflation, et le seul actif qui ne représente aucune dette envers qui que ce soit, État ou entreprises), long USD (car le dollar est une devise contracyclique : il s’apprécie quand les actions mondiales baissent). Concevoir/préparer/mettre en place des stratégies de macro-hedging est nécessaire car les facteurs de risque extrêmes identifiés (Chine, taux longs, récession, crise politique en Europe…) sont tous potentiellement générateurs de crise majeure Allocation d’actifs : comment elle va (vraisemblablement) évoluer en 2017 ? Notre allocation d’actifs a assez nettement évolué en cours d’année 2016, compte tenu des événements majeurs – et non anticipés – comme le référendum britannique et les élections américaines. En début d’année, notre allocation d’actifs était initialement la suivante : long obligations d’entreprises vs souverains, long périphérie vs cœur, long souverains euro vs US, short banques et financières, long graduellement en obligations indexées sur inflation, long actions Euro vs US, long « qualité » aux US, long « value » en Europe, long actions vs obligations d’entreprises, long actions EMG, long dette locale EMG, long devises EMG, mais aussi long immobilier et long dette privée (dans un souci de recherche de rendement dans l’univers de taux bas). En matière de change, nous avons passé l’essentiel de l’année globalement long USD et short GBP. Suite aux élections américaines, nous avons procédé à la réduction du risque global et modifié certaines expositions. Le repricing de la croissance US, le « repricing » de la Fed, le repricing des anticipations d’inflation, le « repricing » du policy mix (moins de politique monétaire, plus de politique budgétaire, fiscale et commerciale), les débats à venir sur droits de douane, immigration… tout cela donnait un avantage aux États-Unis et incitait à une plus grande prudence envers les EMG… Notre allocation d’actifs est rapidement devenue la suivante : 14 Notre allocation d’actifs a assez nettement évolué en cours d’année 2016 Avantage aux États-Unis Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 TAUX • Long obligations d’entreprises vs souverains en Europe mais allocation de risque réduite (situation politique tendue) • Long périphérie vs cœur avec prudence sur l’Italie • Short souverain US • Long souverains euro vs US • Long banques et financières avec prudence sur l’Italie • Long obligations d’entreprises US vs Europe (avec toutefois une réserve : la sensibilité des entreprises US (releveragées) aux hausses de taux en cours) • Conserver les positions longues en obligations indexées sur inflation ACTIONS • Long • Long Unis • Long • Long actions US vs Europe Cycliques, « Qualité », facteurs domestiques, Small et Mid cap aux États« value » (et dans une moindre mesure cycliques) en Europe actions vs souverains ÉMERGENTS • Neutre à short sur actions EMG (très forte sélectivité) • Long dette EMG hard currencies vs local debt • Short dette EMG (dette locale et dette hard currencies) dans un premier temps • Short devises EMG • Long Russie (sortie de récession, perspectives de levée des sanctions américaines, devise sous-évaluée…) • Short Chine Autres (certains segments favorisés par programme Trump) • Long immobilier • Long dette privée, plus particulièrement Long dette infrastructure (appelée à être boostée par programme Trump) FX • Long USD : quelle que soit l’issue des débats avec le Congrès, les débats préalables devenaient porteurs pour le dollar et les actions américaines, et favorables à la hausse des taux longs. Les EMG ont encore beaucoup d’atouts Que va devenir notre allocation d’actifs en 2017 ? Notre cible repose sur plusieurs hypothèses clef : • Les hausses de taux longs américains ne dureront pas : il nous semble que nous vivons un épisode de changement de bande de fluctuation et non un changement de régime. L’écart de taux avec l’Europe ou le Japon notamment, ou encore les primes de terme devraient bientôt redonner de l’intérêt aux obligations gouvernementales américaines. • La Fed ne sera pas agressive dans ses hausses de taux (nous ne serons toujours pas dans un cycle de normalisation monétaire, fort différent de ce que la Fed avait mené en 1995 ou en 2004). Elle va profiter de la situation actuelle (« repricing » de la croissance, de la politique économique et des anticipations d’inflation) pour reconstituer des marges de manœuvre, mais les conditions réelles (croissance potentielle, endettement des entreprises, niveau réel de l’inflation…) ne devraient pas lui permettre de procéder de nombreux resserrements monétaires. • La croissance américaine va certes progresser au bénéfice d’une politique budgétaire et fiscale plus généreuse, mais elle n’ira pas vers un nouveau cycle de hausse. Miser sur une extension du cycle actuel est raisonnable à ce stade… croire en un nouveau cycle de croissance ou en une amélioration de la croissance potentielle est pour l’heure excessif. • Les EMG ont encore beaucoup d’atouts. (valorisation, devises sousévaluées, sous-pondération dans les portefeuilles, flux de capitaux…) et nous escomptons une belle performance de ces marchés en 2017. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 15 # 01 Janvier 2017 En conséquence, notre allocation–cible pour la deuxième partie de 2017 (voire même avant) est la suivante : TAUX • Long obligations d’entreprises vs souverains en Europe • Long périphérie vs cœur • Long souverain US vs souverains cœur euro • Long obligations d’entreprise Europe vs US ACTIONS • Long actions Europe vs US • Long « Qualité » aux US • Long « value » en Europe • Long actions euro vs souverains ÉMERGENTS • Long actions EMG • Long dette locale EMG • Long devises EMG (particulièrement vs euro et USD) Autres (recherche de rendement et développement du marché) • Long immobilier • Long dette privée (accélération du processus de désintermédiation, expansion du marché et des opportunités…) FX De nombreux facteurs de risque ? • Short GBP (entame des négociations entre UE et RU) • Neutre USD La poursuite de la remontée des taux longs américains, une dégradation des relations diplomatiques entre la Chine et les États-Unis, une intensification des risques et des tensions géopolitiques (Syrie, Turquie…), une dégradation de la situation politique européenne ou encore des négociations autour du Brexit qui se passent mal, sont autant de facteurs susceptibles de nous inciter à réviser notre cible… et à protéger ponctuellement nos portefeuilles. > Stratégies de Macro Hedging Variation sur 1 mois 0 Long US Treasuries Long Bunds Long USD Long JPY Long volatilité Long cash USD Long Or Long US TIPS + ++ +++ Les élections américaines ont livré leur verdict. L’élection de D. Trump représente un choc d’incertitude sur la politique économique, et notamment sur la politique budgétaire et fiscale. Le « repricing » de la croissance économique va de pair avec une hausse des taux (courts et longs), ainsi qu’une appréciation du dollar. Le stress post-Brexit est retombé, mais on sait que le Royaume Uni devrait activer l’article 50 avant la fin mars 2017. Les négociations à venir promettent d’être difficiles, et elles commenceront alors que le contexte politique européen devient délicat (élections dans de nombreux pays, dont la France et l’Allemagne). La décision de la BCE de poursuivre, amender ou stopper son QE sera d’une importance capitale. Nous conservons donc quelques stratégies de macrohedging (voir tableau ci-contre). Le tableau ci-dessus prend en compte un horizon court, entre 1 et 3 mois. Les modifications (colonne 2) reflètent les vues exprimées lors de notre dernier comité d’investissement. Les lignes expriment notre aversion au risque et nos stratégies de macro hedging. Elles sont à mettre en relation avec les tableaux d’allocation d’actifs. Une vue négative en allocation d’actifs n’incitera pas à hedger, mais à ne pas investir. Une vue positive moyen terme mais négative court terme (transitoire) peut nous inciter à protéger le portefeuille sans remettre en question nos vues. 16 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Allocation d’actifs : vues et convictions multi-classes Variation sur 1 mois ---0 + ++ +++ Actions/Govies Obligations corporates/Govies Actions/Obligations corporates Duration Corporate bonds Pétrole Or Cash EUR Cash USD Le tableau ci-dessus prend en compte un horizon entre 6 et 12 mois. Les modifications (colonne 2) reflètent les vues exprimées lors de notre dernier comité d’investissement. Les lignes expriment notre vue multi-classes d’actifs à horizon 6/12 mois. Les vues, variations de vues et les avis sur les classes d’actifs reflètent la direction attendue (+/-) et les forces de convictions (+/++/+++) ; elles sont indépendantes des contraintes et considérations relatives à la construction de portefeuille. Allocation d’actifs : vues et convictions relatives par grande classe d’actifs Variation sur 1 mois ---0 + ++ +++ Actions US Actions Japonaises Actions Euro Actions UK Actions Pacifique excl. Japon Actions Marchés émergents Obligations gouvernementales US bonds, court US bonds, long Euro core, court Euro core, long Euro périphériques UK bonds Japanese bonds Obligations d’entreprises IG US HY US IG EURO Euro HY Dette EMG devises « dures » Dette locale EMG Change USD EUR JPY GBP Le tableau ci-dessus prend en compte un horizon entre 6 et 12 mois. Les modifications (colonne 2) reflètent les vues exprimées lors de notre dernier comité d’investissement. Les lignes expriment notre vue multi-classes d’actifs à horizon 6/12 mois. Les vues, variations de vues et les avis sur les classes d’actifs reflètent la direction attendue (+/-) et les forces de convictions (+/++/+++) ; elles sont indépendantes des contraintes et considérations relatives à la construction de portefeuille. Actions Type de portefeuille > Portefeuilles d’actions • Préférence pour les actions US vs zone euro • Choix secteurs US : - Surpondéré : cycliques, financières, Small et Mid cap (thème domestique) - Sous-pondéré : thème commerce mondial • Marchés émergents : prudence globalement. Au sein des pays émergents : - Surpondéré : Inde, Pérou, Philippines, Russie - Neutre : Indonésie, Brésil, Mexique - Sous-pondéré : Chine, Taïwan, Grèce, Turquie, Afrique du Sud • Positions en devises EMG fortement réduites > Portefeuilles obligataires • Sous-exposition en obligations US • Surpondération crédit Euro réduite. Augmentation de l’exposition en crédit US • Long financières en Europe (en restant sélectif) • Duration : globalement neutre/short, avec un biais short sur les segments a taux négatifs • Court duration en USD, GBP et JPY • Dettes émergentes : - Préférer la dette en devises dures (long USD) - Poche dette en monnaie locale fortement sous-pondérée • Long USD vs EUR • Long GBP vs EUR (tactique) • Peu de positions longues en devises matières premières > Portefeuilles diversifiés • Réduction du risque global • Positions longues « value » dans les pays développés • Globalement positif sur les actions japonaises (hedgées en change) • Peu de positions en devises EMG, en dette EMG et en actions EMG • Garder la surpondération en obligations périphériques euro (hors Italie) par rapport au cœur • Positions longues govies US (portage et macro-hedging) conservées • Obligations d’entreprises : positif sur HY et IG, notamment aux US • Vues positives sur les breakeven inflation toutes zones Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 17 # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 11 janvier 2017 Facteurs de risque PHILIPPE ITHURBIDE, Directeur Recherche, Stratégie et Analyse Le tableau ci-dessous reprend les seize principaux facteurs de risque probabilisés avec les impacts de marchés qui nous paraissent les plus crédibles. [ RISQUE # 1] La perception d’un changement significatif de politique économique aux États-Unis [ PROBABILITÉ ] 75 % ANALYSE L’élection de D. Trump représente sans aucun doute un grand changement dans la « philosophie » de l’Amérique, moins déterminée désormais par une logique de « gendarme du monde » et davantage autocentrée, si l’on se fie aux déclarations du nouveau président. Au-delà de cette inflexion majeure, la question est également de savoir si la politique économique sera fortement infléchie, notamment la politique budgétaire et fiscale. Comment la politique monétaire va-telle accompagner ces changements ? Autant de questions cruciales. On sait que sont prévues des baisses d’impôt et une relance des dépenses d’infrastructures, et que l’impact sur le déficit budgétaire peut être très élevé, avec les conséquences que l’on imagine sur les taux longs, la dette publique… et la politique monétaire. On sait également le Congrès américain (même s’il est majoritairement républicain) ne donnera pas un blanc-seing au nouveau président sur ces sujets : il n’est en effet pas favorable à de gros écarts budgétaires. Ceci étant, même si l’inflexion reste modérée au regard du programme de campagne, ne pas miser sur des changements significatifs serait sans aucun doute une erreur. Certaines propositions comme la Border tax proposal représentent à elles seules, si elles venaient à être adoptées, de véritables game changer. IMPACT DE MARCHÉ La victoire de D. Trump apporte son lot d’incertitudes, sur beaucoup de points : son rôle international, l’OTAN, les accords commerciaux, l’accord sur le climat, la politique anti-migrants, la politique commerciale, l’instauration éventuelle de droits de douane… Ses actions à venir représentent un risque supplémentaire pour les marchés financiers (notamment sur le dollar, la volatilité ambiante et sur les taux longs). Le risque d’une inflexion majeure de la politique économique, conduisant à un creusement des déficits, mais aussi à un surplus de croissance, un regain de vigueur du dollar, un retour des anticipations d’inflation… n’est pas marginal à ce stade. Il faudra attendre les négociations avec le Congrès avant d’avoir des réponses à ces questionnements (entrée en fonction le 20 janvier, puis début des discussions). [ RISQUE # 2] Italie : un référendum sur un « Italexit », la prochaine étape ? [ PROBABILITÉ ] 15 % ANALYSE La nomination d’un gouvernement technique (dirigé par Paolo Gentiloni) et l’extension du programme d’achats d’actifs de la BCE ont nettement rassuré les marchés financiers italiens, mais il s’agit désormais de revoir la loi électorale alors que se profilent les élections générales. Prévues initialement pour février 2018, les marchés financiers craignent d’une part la tenue d’élections anticipées qui conduiraient à la prise de pouvoir du parti « populiste » Cinq Étoiles, et d’autre part la tenue d’un référendum sur la participation de l’Italie à l’Union Européenne (« Italexit »). La montée du populisme (qui rime avec rejet de l’establishment, rejet des partis, montée du protectionnisme, rejet de la globalisation, colère contre la montée des inégalités, refus de la centralisation, hostilité envers les réformes des systèmes sociaux…) est également une réalité en Italie. Cela représenterait un changement majeur après 5 années de stabilité politique. Cela constituerait sans le moindre doute le pire des scénarios, pouvant mener dans un premier temps à une instabilité/crise politique et entraînant à coup sûr une période d’arrêt pour les réformes. Rappelons toutefois que le parti Cinq Étoiles est davantage un parti anti-establishment qu’un parti anti européen, mais que le peuple italien est, parmi les pays d’Europe, celui qui est le moins enthousiaste à l’égard de l’euro. C’est dire qu’un référendum sur l’Europe, s’il devait avoir lieu, porte en lui l’incertitude la plus totale. IMPACT DE MARCHÉ La perspective d’élections anticipées – si cela devait avoir lieu — provoquerait une phase d’instabilité politique. Une très mauvaise nouvelle pour ce pays qui est à la traîne en termes de croissance économique (notamment en comparaison avec l’Espagne, son « comparable » sur les marchés). Sa dette est néanmoins protégée par la BCE, qui vient tout juste de confirmer l’extension de son QE, ce qui permet d’attirer les investisseurs (recherche de rendement et de spread). En cas de référendum sur l’Italexit (à ce jour anti-constitutionnel), le marché obligataire italien serait néanmoins traité à part, et les spreads de taux se dégraderaient davantage du fait d’un repricing du risque italien. L’instabilité politique affaiblirait également – fortement – ses marchés d’actions et de taux. [ RISQUE # 3] Une mauvaise interprétation des intentions de la Fed … ou une erreur de la Fed [ PROBABILITÉ ] 30 % ANALYSE L’élection de D. Trump brouille un peu les messages : on doute que le nouveau président confirme J. Yellen pour un second mandat en 2018, et on sait également qu’il a critiqué la « complaisance » de la politique monétaire. Difficile de bien comprendre le message : comment vouloir en même temps avoir une croissance plus forte, un dollar plus faible et une politique monétaire plus restrictive ? Et ce d’autant plus qu’une mauvaise interprétation des intentions/décisions de la Fed était déjà un facteur de risque important. Depuis les élections la situation est encore pire. Avec une croissance du PIB de 18 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Facteurs de risque l’ordre de 2 %, une inflation proche de 2 % et une situation de l’emploi, le taux des fed funds devrait être, dans un cycle normal, bien plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui. La Fed est donc, techniquement, « derrière la courbe ». Mais rappelons que dans la moitié des cas (6 fois sur 12), les cycles de resserrement monétaire ont été suivis, depuis 1945, d’une récession de l’économie américaine dans les deux ans qui ont suivi. C’est sans doute ce que le marché craindra s’il était avéré que la Fed va trop vite et surtout trop fort. Pour l’instant, la Fed reste prudente. Elle a bien conscience d’une part que le niveau de croissance et le cycle actuel ne justifiaient pas jusqu’ici une hausse significative des taux et d’autre part que le renversement d’une politique monétaire ultra-accommodante depuis 8 ans revêt plus d’importance que d’habitude. La Fed veille à éviter une appréciation du dollar (les modèles de la Fed indiquent qu’une appréciation du dollar effectif réel de 10 % équivaut à un resserrement monétaire de 175pb). Les indicateurs d’inflation se sont rapprochés de la cible de la Fed et celle-ci devrait relever ses taux deux fois au cours de l’année 2017. Attention cependant : la Fed doit éviter toute erreur de communication, d’où la crainte d’une mauvaise réaction des marchés en cas de hausse des taux prématurée, excessive ou mal argumentée, ou encore en cas de surprise trop forte. IMPACT DE MARCHÉ Si la Fed fait une erreur, il faudra miser sur une forte baisse des actions, et sur une contagion notamment sur des marchés émergents déjà fragilisés. Cette situation favoriserait l’écartement des spreads et taux entre Europe et États-Unis, ainsi qu’une nouvelle faiblesse de l’euro, deux arguments en faveur des actifs risqués européens. [ RISQUE # 4] Un « hard landing » chinois/un éclatement de la bulle de crédit [ PROBABILITÉ ] 20 % ANALYSE Le modèle économique chinois a changé sur la dernière décennie : il est désormais moins tiré par les exportations, et davantage lié à la demande intérieure. Ceci est une bonne évolution, mais ce modèle garde des caractéristiques à certains égards inquiétantes : l’excès de crédit est visible, le poids de la dette enfle, la (faible) compétitivité de l’industrie s’étiole, les gains de productivité sont en retrait… en clair, un fléchissement de la croissance potentielle. La question n’est pas de savoir si la croissance future et potentielle sera plus faible : c’est un fait bien connu. La question est plutôt de savoir si la croissance ne va pas rapidement (et nettement) passer en dessous de sa croissance potentielle (sans doute entre 3 % et 5 % contre 10 % il y a un peu plus de 10 ans)… En clair, la Chine va-t-elle connaître une crise économique de grande ampleur ? Un repli plus dramatique de la croissance chinoise viendrait s’ajouter à une liste déjà longue de pressions déflationnistes mondiales. Les indicateurs les plus récents atténuent ce risque, la croissance du PIB se stabilisant depuis trois trimestres autour de 6,7 % annualisés. La mise en place de droits de douane de 45 % (comme l’a promis D. Trump durant la campagne) serait de nature à favoriser l’enclenchement de cette spirale négative, mais nous ne croyons pas du tout à l’adoption d’une telle mesure. IMPACT DE MARCHÉ Un tel scénario aurait un impact très négatif et ses effets en cascade seraient particulièrement désastreux : vulnérabilité des systèmes bancaires, vulnérabilité du système financier, vulnérabilité liée à l’endettement public et privé de la Chine, impacts sur les matières premières et les pays émergents, impacts sur les devises des pays exportateurs de matières premières, pays avancés et pays émergents… La Fed interromprait son cycle de resserrement et la BCE poursuivrait son QE. [ RISQUE # 5] Un effondrement de la croissance mondiale [ PROBABILITÉ ] 15 % ANALYSE Un hard landing chinois entraînerait évidemment une chute de la croissance mondiale, mais d’autres causes sont possibles. La poursuite de la baisse du prix des matières premières et du commerce mondial, une politique monétaire américaine excessivement protectionniste et la faiblesse structurelle de l’activité économique européenne sont autant de facteurs qui font également craindre un épisode de baisse de la croissance mondiale. Pendant 4 ans, le ralentissement du monde émergent a été une réalité tangible, tandis que le monde « avancé » progressait de nouveau. Un nouveau ralentissement de ce dernier pourrait provenir de l’effet de second rang des pays EMG (chute des exportations), d’un nouveau fléchissement de l’investissement, de l’emploi… bref, de la demande intérieure (essentiellement la consommation), actuellement le principal moteur de leur croissance. IMPACT DE MARCHÉ Mis à part le recours à des politiques économiques (notamment budgétaires) expansionnistes, on peut craindre le retour d’une guerre des changes, entre pays émergents d’une part, et entre monde avancé et émergent d’autre part. S’attendre à une sous-performance marquée des actifs risqués, actions et crédit. [ RISQUE # 6] Une récession aux États-Unis [ PROBABILITÉ ] 20 % ANALYSE Nous tablons sur une croissance de 2 % en 2017 (vs 1,6 % en 2016), puis une légère accélération en 2018 (2,2 %). La croissance se maintiendrait ainsi légèrement au-dessus du potentiel au cours des deux prochaines années. Il n’est pas question à ce jour de récession aux États-Unis, mais l’absence de marges de manœuvre de la part de la Fed inquiète. La situation actuelle diffère totalement de 2004-2006, trois années durant lesquelles la Fed avait pu relever 17 fois ses taux, pour un total de 400pb, se créant ainsi les marges de manœuvre… qu’elle n’allait pas tarder à utiliser, dès la crise Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 19 # 01 Janvier 2017 Facteurs de risque financière. On est bien loin de cette situation aujourd’hui : la Fed est en retard sur son cycle économique, et la stabilité financière – et à un degré moindre le dollar – ne peuvent pas s’offrir de telles hausses de taux. Ce qui inquiète également, c’est l’incertitude sur la future politique économique : l’analyse et le chiffrage du programme de D. Trump (protectionnisme (et impact sur le Mexique et la Chine notamment), plan anti migrants (se soldant par une baisse de la force de travail et de la population, ainsi que par une hausse du coût du travail), renégociation des traités commerciaux,…), conduisent à anticiper une récession. Mais il est bien peu probable que ce programme soit adopté en l’état, et on doit plutôt miser sur un léger mieux à venir pour la croissance US. IMPACT DE MARCHÉ Une récession aux États-Unis serait catastrophique pour l’économie mondiale, et l’Europe, bien qu’elle soit en meilleure santé, ne serait pas épargnée. Les taux courts resteraient bas pour très longtemps, et la Fed, n’ayant pas de marges de manœuvre sur la politique conventionnelle, n’aurait pas d’autre choix que de procéder à un QE4. Ne pas miser sur un effet positif sur les classes d’actifs risqués. Le premier impact serait négatif, et le manque de crédibilité des banques centrales ajouterait certainement de la volatilité et du stress. Miser sur des nouveaux – et importants – déséquilibres budgétaires. [ RISQUE # 7] Une forte dévaluation du yuan [ PROBABILITÉ ] 10 % ANALYSE En plein mois d’août 2015, la Chine a donné l’impression pendant quelques jours qu’elle abandonnait sa politique de change, préparant les marchés à une vaste dépréciation du yuan (en 1994, elle avait dévalué le yuan de 30 %). Ces mêmes craintes ont resurgi début janvier. Jusqu’ici, la Chine a utilisé la politique monétaire, la politique budgétaire, la politique fiscale et la politique de revenus comme outils de relance, veillant à ne pas utiliser la politique de change. Elle s’est d’ailleurs engagée auprès du G20 en ce sens, et le yuan est désormais une des composantes du DTS (depuis le 1er octobre). En 2016, la Chine a modifié son régime de change, et elle gère une dépréciation graduelle du yuan. La mise en place d’une politique protectionniste aux États-Unis serait fatale, les autorités chinoises seraient incapables et peu désireuses de poursuivre cette politique, et ce d’autant plus que le yuan n’est plus, aujourd’hui, visiblement sous-évalué. Au-delà des conséquences immédiates très négatives sur les marchés financiers, une dévaluation brutale (de 10 % au moins en un jour) serait sans le moindre doute interprétée comme un aveu de faiblesse quant à la politique économique dans son ensemble. Un risque très faible, mais des dégâts potentiels très importants, car l’enjeu majeur de la Chine est désormais l’ouverture de son compte en capital : attirer des investisseurs internationaux signifie accepter une politique monétaire moins indépendante, un cours de change plus volatil, des règles différentes entre marché onshore et marché offshore, des flux de capitaux plus volatils, des marchés moins faciles à administrer et davantage dépendants des investisseurs internationaux, une plus grande transparence sur l’état des entreprises et notamment des entreprises d’État… bref, un changement assez radical de gouvernance. Une forte dévaluation du yuan serait une bien mauvaise décision. IMPACT DE MARCHÉ Dans un tel scénario, s’attendre à une vague de baisse généralisée des marchés. Une dévaluation surprise serait l’amorce d’une guerre des changes plus féroce, notamment en Asie. Les politiques monétaires deviendraient extrêmement accommodantes pour éviter les appréciations de change. Un coup dur pour l’euro — et l’économie européenne, car les devises EMG représentent plus de 70 % de son cours effectif. [ RISQUE # 8] La poursuite du ralentissement économique des émergents (nouvelle chute du prix des matières premières) [ PROBABILITÉ ] 20 % ANALYSE La baisse du prix des matières premières, le repli de la croissance chinoise, le renversement à venir de la politique monétaire américaine sont autant de facteurs qui, au cours de ces toutes dernières années, ont pu faire craindre un épisode « à la 1997-1998 » pour les émergents, période d’effondrement généralisé. Il faut rappeler que suite à la fin des programmes de QE américains, les marchés émergents ont été en souffrance. L’Asie a mieux tenu le choc, portée par la bonne tenue de la Chine et sa capacité à endiguer les difficultés, et du fait qu’elle est plutôt consommatrice de matières premières. Des défauts d’entreprises ou des indicateurs avancés d’activité ont certes de temps en temps alerté les marchés, mais les moyens utilisés par les officiels chinois (baisse des taux, baisse des taux de réserves des banques, injection de liquidités, mesures budgétaires et fiscales, maintien de la politique de change…) ont finalement permis que tout rentre dans l’ordre. Le risque est de voir la demande interne se déliter et les politiques économiques devenir totalement inefficaces. Ce risque s’est néanmoins atténué depuis quelques mois : la remontée des prix du brut (davantage de cohésion au sein de l’OPEP) et l’afflux de capitaux (à part pour la Chine) ont notamment redonné des couleurs à ces marchés. IMPACT DE MARCHÉ Même si la baisse du prix du pétrole est et a été un atout pour les pays avancés consommateurs de matières premières, il sera difficile de croire en une insularité totale de ces pays. Avec la baisse des prix des matières premières, il faudrait miser sur la poursuite de la baisse des devises EMG, ainsi que des sorties de capitaux des EMG… et favoriser les classes d’actifs des pays avancés, et les valeurs refuge. 20 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Facteurs de risque [ RISQUE # 9] Le dossier post-Brexit affaiblit durablement le Royaume-Uni [ PROBABILITÉ ] 70 % ANALYSE « Brexit signifie Brexit et il faut en faire un succès politique », telle était la position de Teresa May le jour de sa nomination au poste de premier ministre. « Cela signifie qu’il n’y aura pas de deuxième référendum », ajoutait-elle. « Il n’y aura aucune tentative de rester dans l’UE par la petite porte ; dans les faits, nous allons procéder au Brexit ». Nous en savons un peu plus désormais : le premier ministre a annoncé que l’article 50 sera activé au cours du premier trimestre 2017. Selon les estimations, l’impact sur le PIB serait significativement négatif. Le RU « pourrait perdre » entre 2,5 % et 9,5 % de son PIB. Volume et coûts du commerce en seraient affectés, notamment dans le secteur des services financiers, de la chimie, de l’automobile, autant de secteurs très intégrés dans l’Union européenne. Le risque pour le Royaume-Uni réside dans ses futures capacités à commercer librement dans le marché unique, à acquérir l’indépendance souhaitée sans les contraintes de l’UE. On peut en douter, et c’est en tout cas l’enjeu des négociations qui débuteront au plus tard au deuxième trimestre 2017… et qui pourraient durer deux ans (pour en savoir plus, lire notre dossier « le post-Brexit en quelques questions – réponses », Cross Asset Investment Strategy Mensuel, Amundi, juillet 2016). Soyons clairs (honnêtes) cependant : il est actuellement bien difficile de dire ce qui va se passer et même d’être sûr que le Brexit va vraiment avoir lieu. L’absence de plan B de la part des Britanniques, l’absence de discussions entre le RU et les pays de l’UE (dans l’attente de l’activation de l’article 50), et la nature du débat (qui oppose des pragmatiques à des idéologues du Brexit) rendent la situation plutôt confuse. IMPACT DE MARCHÉ Dans un tel cas de figure, on assistera à un affaiblissement supplémentaire de la livre sterling et du PIB long terme de l’économie britannique, deux éléments susceptibles de prolonger le statu quo monétaire. On assisterait aussi, sans aucun doute à une fragilisation des actifs financiers de la zone euro. [ RISQUE # 10] Une nouvelle crise européenne liée au Brexit [ PROBABILITÉ ] 20 % ANALYSE Sur un plan purement économique, toutes choses égales par ailleurs, le retrait du Royaume-Uni n’aurait pas de conséquences graves pour les pays de l’Union. Les pays les plus touchés seraient néanmoins ceux qui ont des liens étroits avec le Royaume-Uni : l’Irlande en premier, puis le Luxembourg, la Belgique, la Suède, Malte et Chypre si l’on regarde l’angle des exportations, des flux d’investissements directs et du secteur financier. Le risque est essentiellement politique, celui de voir d’autres pays européens prôner l’Europe à la carte et ou faire preuve de fortes divisions dans le traitement du dossier britannique. Les institutions européennes montrent régulièrement leurs limites, car le « dogme de la convergence » ne les avait pas préparées aux scénarios de risque. Il s’agissait de répondre à des problèmes comme le déficit de gouvernance européenne, le manque de coordination des politiques budgétaires, le défaut de surveillance des déséquilibres budgétaires, les écarts de compétitivité entre pays, le caractère encore inachevé du mécanisme de soutien aux pays en difficulté, la sous-estimation des interdépendances entre pays membres (même si le dispositif anti-contagion de la BCE a fortement progressé, il n’en est pas de même du côté budgétaire)… Le récent référendum britannique a ajouté une nouvelle couche d’incertitude. La gestion de la sortie du RU de l’UE ressemble fort à la gestion du divorce le plus complexe de l’histoire. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’un test important sur la capacité de l’Europe a (une nouvelle fois), gérer une situation de crise, à convaincre sur l’existence d’un projet pour l’Europe et à ôter toute velléité d’Europe à la carte qui pourrait émerger ici ou là dans l’UE. Une nouvelle crise européenne, si elle devait avoir lieu, pourrait être fatale… à moins d’un grand saut (très peu probable) vers le fédéralisme. À noter que les négociations avec le RU vont intervenir en pleine année électorale en France et en Allemagne notamment, ce qui n’est assurément pas une configuration politique idéale. Il s’agira de réconcilier les Européens avec l’idée européenne, et notamment de rassurer les eurosceptiques. Ce ne sera pas facile. Avant le Brexit et avant les élections américaines, la situation européenne était déjà compliquée. IMPACT DE MARCHÉ On ne connaît que trop bien les impacts négatifs : élargissement des spreads souverains et de crédit, hausse de la volatilité… mais avec sans doute cette fois un vrai fléchissement de l’euro. Une nouvelle crise européenne risque fort de valider les scénarios d’éclatement de la zone ou, à tout le moins, de sortie des pays fragiles de la zone… à moins que le scénario de sortie ne tente le(s) plus solide(s) d’entre eux, ce qui est hautement crédible, car ils finiront par se lasser – sur le plan politique – de supporter économiquement et financièrement les pays en difficulté. [ RISQUE # 11] Une plus grande instabilité financière [ PROBABILITÉ ] 40 % ANALYSE Les banques centrales ont permis le retour de la stabilité financière : baisse des taux, courts et longs ; maintien des taux à de bas niveaux ; baisse de la volatilité, resserrement des spreads de crédit… autant de facteurs qui ont généré un environnement de plus grande stabilité. Attention toutefois : cette stabilité a des côtés artificiels qu’il ne faut pas sous-estimer. Les banques centrales ne peuvent pas à elles seules résoudre tous les problèmes (emploi, investissement, croissance…) et si les conditions générales ne s’améliorent pas de façon plus nette, une certaine désillusion/déception risque bien de s’installer et cette stabilité pourrait se transformer en instabilité. En outre, les politiques monétaires ont atteint leurs limites, aussi bien les taux négatifs que les QE, et il est bien difficile d’attendre davantage de leur part. La réponse macroéconomique proviendrait à terme des politiques budgétaires et fiscales, et, traditionnellement, les dépenses publiques ont beaucoup moins de vertus stabilisatrices pour les marchés financiers que les baisses de taux d’intérêt. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 21 # 01 Janvier 2017 Facteurs de risque IMPACT DE MARCHÉ Une plus grande instabilité financière se traduirait par une remontée de la volatilité et des spreads de crédit, particulièrement en Europe où le marché de l’emploi est plus déprimé et les risques politiques et sociaux plus élevés. RISQUE # 12] Une crise de liquidité [ PROBABILITÉ ] 20 % ANALYSE Outre les scénarios de risque présentés ci-dessus et qui pourraient inciter à des liquidations de positions et/ou de portefeuilles, il convient de rappeler encore une fois que les contraintes actuelles de liquidité incitent à une prudence supplémentaire : depuis la crise financière de 2008, la baisse des inventaires des banques d’investissement, les contraintes règlementaires qui ont poussé des grands acteurs à acheter beaucoup d’obligations et à les conserver, la réduction des activités de prop-trading et market-making, la domination des banques centrales via les QE… tout cela a « asséché » les marchés de taux, et fermer une position ou un portefeuille prend désormais davantage de temps (7 fois plus de temps qu’avant la crise financière de 2008 si l’on en croit la Banque d’Angleterre). Même si les bid-offer spreads se sont resserrés depuis la crise financière (du fait notamment de la chute des taux d’intérêt), les quantités que l’on peut traiter sont en net repli, ainsi que la rapidité d’exécution, deux critères majeurs reflétant l’absence de liquidité. Rappelons que moins les marchés sont liquides, et moins les prix reflètent les fondamentaux, plus ils sont manipulables, plus les risques de contagion sont forts, plus la volatilité est élevée et instable, et moins leur capacité d’absorption des chocs est élevée. Rien de bien rassurant. IMPACT DE MARCHÉ Cela doit être intégré dans les décisions d’investissement et faire partie des contraintes de construction de portefeuille et des tests de résistance (stress tests). Prévoir des plans de sortie ou de macro-hedging pour les segments de portefeuilles moins liquides ou susceptibles de le devenir en cas de crise. [ RISQUE # 13] Les banques s’effondrent [ PROBABILITÉ ] 10 % ANALYSE Ce risque nous paraît très largement exagéré. Nous ne sommes pas candides pour autant : les taux négatifs pénalisent les banques, le niveau élevé du coût du capital reflète le poids des crises passées, les craintes d’une nouvelle crise, l’incertitude sur la régulation, et la difficulté pour les investisseurs à discriminer les banques et les systèmes bancaires. Ce sont les facteurs principaux de la sous-performance des banques… une sous-performance qui avait été amplifiée par le référendum britannique précisément parce qu’il ajoutait quelques incertitudes sur la croissance. Nous ne sommes pas non plus exagérément pessimistes. Les banques de 2016 n’ont rien à voir avec les banques de 2008 ou de 2011 : non seulement elles ont levé des montants très élevés de capitaux, mais le dispositif anti-crise de la BCE est désormais bien établi : surveillance bancaire, stress tests… En outre, les facilités d’accès aux liquidités BCE ont fortement réduit risque spécifique et risque systémique depuis plus de deux ans. Cependant, on montre aisément le lien étroit entre sous-performance des banques et baisse des taux longs jusqu’en territoire négatif et la question qui se pose est bien de savoir jusqu’à quel point les banques peuvent faire face à un maintien durable des taux en territoire négatif. Nous n’anticipons pas un effondrement, mais la poursuite des pressions sur la profitabilité, amplifiées par l’enjeu de la digitalisation qui pousse les banques à réduire leur endettement et à rester prudentes en matière de crédit. IMPACT DE MARCHÉ Parmi les facteurs de fragilité, l’incapacité à discriminer est sans doute le plus gênant : des rumeurs sur Deutsche Bank, des mauvaises nouvelles sur les banques italiennes, tout cela a entraîné des vagues de stress, d’élargissement de spreads et de chute des valeurs bancaires. Inutile de montrer en détail les implications sur la stabilité financière et sur les économies si des faillites bancaires devaient se produire. [ RISQUE # 14] Les risques géopolitiques s’intensifient [ PROBABILITÉ ] 70 % ANALYSE Les marchés financiers évoluent désormais dans un contexte difficile sur le plan géopolitique : Syrie, État islamique, flux de migrants, attentats terroristes, Turquie… autant d’éléments qui ont tendu et fragilisé les relations diplomatiques entre pays, notamment en Europe. Les États-Unis sont entrés officiellement dans ce débat avec l’élection de D. Trump et la perspective de renvoi des migrants et de construction d’un mur à la frontière mexicaine. Ne pas miser sur une résolution rapide des problèmes et conflits en cours. Intégrer les risques géopolitiques de façon permanente dans les constructions de portefeuilles (prévoir systématiquement des stratégies de macro-hedging) a davantage de sens désormais. IMPACT DE MARCHÉ Il ne fait aucun doute qu’il y aura régulièrement des regains de tensions et de volatilité. Les risques géopolitiques actuels sont bien identifiés et spécifiques. Cela sera-t-il suffisant pour ne pas affecter les perspectives de croissance et les orientations des marchés financiers ? Rien n’est sûr à ce stade. [ RISQUE # 15] Les risques politiques européens s’intensifient (échéances électorales, populisme…) [ PROBABILITÉ ] 70 % ANALYSE Les marchés financiers rentrent désormais dans un contexte très difficile sur le plan politique. En 2017, de nombreuses élections auront lieu, dont certaines sont particulièrement importantes : élections générales aux Pays-Bas en mars 2017, élections 22 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Facteurs de risque présidentielles (23 avril et 7 mai 2017) et législatives (11 juin et 18 juin) en France, élections générales en Allemagne à l’automne 2017… Ce qui intrigue/inquiète, c’est la montée des partis extrêmes (partis extrêmes de droite dans les pays du noyau dur de l’Europe et partis extrêmes de gauche dans les pays périphériques) et du populisme, qui se traduit notamment par des thèmes protectionnistes, anti-immigration, et pro-déficits publics. Certains partis seront inévitablement tentés par ces thèmes afin de plaire à un électorat de plus en plus sensible au creusement des inégalités, au poids de la fiscalité… Dans l’histoire, de telles politiques (de repli sur soi notamment) se traduisent généralement par des phases de très faible croissance (ou d’absence de croissance) et de plus forte inflation. Ces phases de stagnation économique et de forts déficits publics mènent inévitablement à des périodes de récession et d’instabilité politique et financière. Nous ne misons pas sur la prise de pouvoir de partis populistes en France ou en Allemagne, nous misons plutôt sur la possibilité d’un axe franco-allemand renforcé. IMPACT DE MARCHÉ Les risques politiques actuels sont bien identifiés, mais la perspective d’élections majeures en Europe notamment entraînera un regain de volatilité et des questionnements sur la gouvernance et le leadership futur de l’UE. Cela peut-il affecter les perspectives de croissance et les orientations des marchés financiers ? La réponse est oui. [ RISQUE # 16] Une remontée durable des taux longs européens [ PROBABILITÉ ] 30 % ANALYSE Depuis la crise financière, les anticipations sur les taux longs ont toujours été erronées. Dans le meilleur des cas, le repli anticipé était trop faible… mais nombreux sont aussi ceux qui ont cru que la reprise de la croissance dans les pays avancés, États-Unis en tête était, avec la remontée des indices de prix, une bonne raison pour anticiper une remontée des taux longs. C’était sous-estimer les facteurs lourds comme la – crainte de – stagnation séculaire, le poids des QE, la rigueur budgétaire en Europe (l’austérité), le maintien des pressions déflationnistes… Bref, les taux longs ont non seulement poursuivi leur baisse, mais ils sont surtout entrés en territoire négatif, entraînés par des taux directeurs eux-mêmes négatifs (Europe et Japon notamment) et entraînant avec eux les taux des obligations d’entreprises de haute qualité. La recherche de rendement dans ce désert de taux ultra-bas ou négatif a favorisé trois oasis de spreads : la dette émergente, la dette privée et la dette high yield. Le risque de hausse des taux provient des États-Unis, et non de la zone euro. La hausse des taux longs américains peut provenir de cinq sources : i) une remontée significative des perspectives de croissance, ii) un revirement des politiques de taux d’intérêt, iii) la fin des QE (le non-remplacement des papiers venant à maturité), iv) une résurgence de l’inflation, ou v) un renversement des politiques budgétaires et fiscales. Tous ces facteurs (hormis sans doute le troisième) ont pris de l’ampleur aux États-Unis. C’est pour cela que le débat en cours aux États-Unis ou à venir en Europe sur les politiques budgétaires et fiscales est crucial pour les taux d’intérêt. En ce qui concerne les États-Unis, nous prévoyons une extension du cycle de croissance actuel (qui s’essouffle), mais pas en l’avènement d’un nouveau cycle de croissance. Il nous semble donc prématuré et excessif de miser sur une hausse permanente des taux longs américains, et cette conclusion vaut encore plus dans le cas de la zone euro. IMPACT DE MARCHÉ Le risque de voir les taux longs progresser significativement est faible en zone euro pour des raisons historiques et compte tenu des contraintes européennes. Attention dans le cas des États-Unis : la sensibilité aux taux longs a augmenté avec le releveraging des entreprises (à son plus haut historique), ce qui fragilise la croissance et porte en soi les germes d’une future baisse des taux longs. À noter aussi que toute hausse des taux longs devient un frein pour la politique monétaire et pour les éventuelles velléités de hausse des taux directeurs de la Fed. Une autre raison de ne pas croire en une hausse durable et ample des taux longs américains. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 23 # 01 Janvier 2017 Contexte macroéconomique JANVIER AMÉRIQUES FACTEURS DE RISQUE ÉTATS-UNIS > Forte incertitude Prolongation du cycle de croissance dans un contexte de forte incertitude politique concernant les > L’économie a rebondi au S2 sous l’effet des composantes volatiles (stocks, commerce extérieur, décisions de la nouvelle investissement). administration > L’amélioration du marché du travail continue et la hausse des salaires se confirme. > Potentiel de croissance > Donald Trump a promis une politique de relance (baisses d’impôts sur les ménages et les entreprises, durablement entamé dépenses d’infrastructure) et des mesures protectionnistes. Il ne pourra cependant appliquer qu’une (« stagnation partie de son programme en raison de l’opposition du Congrès républicain à un creusement des séculaire ») déficits. > Érosion des marges > Celles des mesures qui seront appliquées (probablement surtout des baisses d’impôts) auront un effet des entreprises stimulant (quoique pas spectaculaire) sur l’économie, visible davantage en 2018 qu’en 2017. L’incertitude concernant d’éventuelles mesures protectionnistes est forte et fait apparaître de nouveaux risques pour le commerce international. BRÉSIL > Du côté des données macroéconomiques, le PIB du T3 est ressorti à -2.9 en ga contre -3.6 au T2. > Crise politique toujours en cours L’investissement qui était revenu positif au T2 s’est de nouveau contracté. > L’inflation a considérablement diminué et la BCB a entamé un cycle d’assouplissement monétaire > Pressions baissières sur qui compte tenu de la faiblesse des indicateurs cycliques pourrait s’accélérer à condition que le real le change et hausse de l’inflation se stabilise face au dollar. > Le Gouvernement a déposé une proposition de réforme de la sécurité sociale au Congrès qui devrait renforcer le système actuel si elle est adoptée. > Le Gouvernement continue ses avancées sur le plan des réformes politiques et anticorruption avec des mesures qui ont d’ores et déjà été votées à l’Assemblée. EUROPE ZONE EURO Légère décélération sous l’effet de l’érosion de facteurs temporaires et du risque politique > Risque politique (calendrier électoral > Les chiffres du T4 ont été bons. La reprise va continuer, soutenue par le cycle positif du crédit et de chargé, montée des l’emploi. partis contestataires, > Une légère décélération est probable, en raison de l’effritement du soutien apporté, en 2014-2016, Brexit) par la baisse du cours du pétrole et par celle de l’euro. > Contagion des difficultés > Les prochains rendez-vous politiques en zone euro (élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne économiques et/ou en 2017, situation incertaine en Italie) et l’incertitude liée au Brexit et à la politique américaine peuvent financières des émergents également inciter les entreprises à décaler certains projets d’investissement. ROYAUME-UNI > Choc d’incertitude lié La conjoncture tient mieux que prévu. Mais l’incertitude politique va peser en 2017 au Brexit > Le manque de visibilité concernant le futur cadre des relations économiques avec l’UE va pénaliser > Déficits (public et l’économie. Pour l’heure, les indicateurs d’activité restent encourageants, mais l’activité va ralentir externe) très élevés en 2017. > L’investissement privé (entreprises, immobilier) et la consommation vont être affectés. En plus de l’incertitude, ils vont subir l’effet de la remontée de l’inflation liée à la dépréciation de la livre. ASIE CHINE > Une source de Chine : un effet stabilisateur sur l’économie mondiale et les devises en 2017 stabilisation pour > La stabilisation de l’économie chinoise devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2017. l’économie mondiale > Dans une année 2017 placée sous le signe de la transition politique, la stabilisation de l’économie chinoise en 2017 sera due à la fois à des facteurs microéconomiques (des signaux positifs apparaissent dans le secteur > Stabilisateur des privé) et macroéconomiques (sous l’impulsion majeure des investissements dans les infrastructures). marchés des changes > À notre avis, la Chine ne présente aucune des six caractéristiques propres à un « atterrissage en 2017 forcé » que nous avons retenues, et le pays devrait surtout parvenir à repousser ses problèmes en essayant de régler notamment la question des bulles de l’immobilier et de la dette. INDE > La croissance indienne Inde : un moteur de croissance régulier pour l’Asie en 2017 est en passe de > L’Inde s’inscrit dans une trajectoire de croissance régulière mais des obstacles empêchent son économie rebondir de fonctionner à plein régime, dans un contexte d’incertitude sur le plan des politiques des autorités > Le ralentissement de > L’inflation devrait continuer à ralentir en 2017. l’inflation est durable > Nous pensons toujours que la RBI maintiendra une approche accommodante plus longtemps et dans des proportions plus importantes que ne le prévoit le marché. JAPON > Exposition au La reprise se poursuit, avec une croissance supérieure au potentiel ralentissement chinois > La dépréciation du yen devrait bénéficier au secteur exportateur. La consommation devrait rester soutenue par la baisse des prix alimentaires et la hausse des salaires réels. Conjuguée à la stabilisation > Politique de taux d’intérêt négatifs en Chine, le plan de stimulus budgétaire et la baisse de l’impôt sur les résultats des entreprises constituent des soutiens importants. 24 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Prévisions macroéconomiques et financières PRÉVISIONS MACROÉCONOMIQUES États-Unis : l’économie a rebondi au S2 2016. Le marché de l’emploi continue de s’améliorer et les salaires augmentent. L’élection de D. Trump a généré de fortes attentes de mesures de relance mais aussi des interrogations au sujet d’éventuelles décisions à caractère protectionniste. Japon : la hausse des salaires est la clef d’une reprise durable compte tenu de l’atonie du commerce mondial. La politique budgétaire est un facteur de soutien essentiel. La nouvelle politique de la BoJ qui vise à maintenir durablement le taux à 10 ans à zéro donne des marges de manœuvre supplémentaire au gouvernement. À suivre. Zone euro : la reprise se poursuit même si l’investissement reste décevant. Les facteurs cycliques internes sont favorables mais les moteurs temporaires (baisse de l’euro et du cours du pétrole) s’effritent et les risques (incertitudes politiques, exposition au ralentissement émergent) augmentent. Brésil : Le PIB du T3 est ressorti à -2.9 en ga contre -3.6 au T2. L’investissement qui était revenu positif au T2 s’est de nouveau contracté. La production industrielle en novembre s’est encore contractée (-1.1 % en ga) pour le 33 e mois consécutif de baisse. Nous continuons donc de prévoir une récession de 0.5 % pour cette année 2017. Russie : la contraction du PIB au T3 (-0.4 % en ga) est moindre que celle du T2 (-0.6 %). Nous maintenons donc notre scénario de sortie de crise en 2017 avec une prévision de croissance de +1 %. Croissance du PIB réel, % 2015 2016 2017 2,6 1,5 2,0 0,5 0,6 0,7 2,0 1,5 1,3 1,7 1,7 1,4 1,3 1,3 1,2 0,8 0,9 1,1 3,2 2,8 1,3 2,2 2,0 0,5 -3,8 -2,5 -0,5 -3,7 -0,7 1,0 7,6 7,5 7,6 4,8 5,0 5,1 6,9 6,7 6,5 3,8 2,6 3,0 1,9 1,5 1,6 4,1 4,1 4,4 3,2 3,0 3,2 Moyennes annuelles (%) États-Unis Japon Zone euro Allemagne France Italie Espagne Royaume-Uni Brésil Russie Inde Indonésie Chine Turquie Pays développés Pays émergents Monde Inflation (IPC, a/a, %) 2015 0,1 0,8 0,0 0,1 0,1 0,1 -0,5 0,1 9,0 15,5 5,2 6,4 1,4 7,7 0,2 4,0 2,4 2016 1,3 -0,1 0,3 0,4 0,3 0,0 -0,4 0,7 6,8 10,0 5,4 4,5 1,2 7,5 0,8 4,2 2,7 2017 2,2 0,7 1,3 1,5 1,2 1,0 1,2 2,2 6,0 8,5 5,2 4,5 1,2 7,0 1,7 3,7 2,8 Source : Recherche Amundi PRÉVISIONS DE TAUX DIRECTEURS Fed : la Fed a relevé ses fed funds le 14 déc. pour les porter à 0,50/0,75 %. Elle devrait procéder à deux autres hausses en 20+17. La normalisation du bilan peut devenir un thème de marché. BCE : elle a étendu son QE jusqu’à déc. 2017 à un rythme de 60 Mds €. Peu de changements à attendre dans l’immédiat mais les divergences au sein du conseil seront de plus en plus évidentes. BoJ : après l’annonce du ciblage de la partie longue de la courbe afin de préserver la stabilité financière, il est probable qu’elle abaisse davantage ses taux courts dans les trimestres à venir. BoE : elle a abaissé ses taux directeurs à 0,25 % et a repris sa politique de QE en août. Elle sera tiraillée entre hausse de l’inflation et dégradation de la conjoncture. PRÉVISIONS DE TAUX LONGS États-Unis : les deux premiers mois de l’année verront la matérialisation de puissants effets de base qui tireront les anticipations d’inflation à la hausse. Davantage de doutes sur le soutien budgétaire à la croissance pourra jouer négativement sur les taux réels. Zone euro : les annonces de la BCE vont dans le sens d’une pentification de courbe. Les achats du PSPP seront redirigés vers la partie courte de la courbe en ce qui concerne l’Allemagne. Royaume-Uni : les taux britanniques ont peu de potentiel de remontée, dans un cadre économique morose et avec la poursuite du QE de la BoE. Japon : la BoJ contrôle la partie longue de la courbe et est vraisemblablement en faveur d’une baisse des taux courts. 10/01/2017 États-Unis Zone euro Japon Royaume-Uni 0,75 0,00 -0,10 0,25 Amundi Consensus Amundi Consensus + 6m. T2 2017 + 12m. T4 2017 1,00 0,95 1,25 1,30 0,00 0,00 0,00 0,00 -0,20 -0,10 -0,30 -0,10 0,25 0,25 0,25 0,25 Taux 2 ans Amundi Forward 10/01/2017 + 6m. + 6m. États-Unis 1,19 1,20/1,40 1,55 Allemagne -0,73 -0,80/-0,60 -0,71 Japon -0,25 -0,40/-0,20 -0,18 Royaume-Uni 0,19 0,00/0,20 0,26 Taux 10 ans Amundi Forward 10/01/2017 + 6m. + 6m. États-Unis 2,38 2,40/2,60 2,53 Allemagne 0,29 0,20/0,40 0,44 Japon 0,06 0 0,12 Royaume-Uni 1,35 1,40/1,60 1,53 Amundi + 12m. 1,60/1,80 -0,80/-0,60 -0,40/-0,20 0,00/0,20 Forward + 12m. 1,82 -0,68 -0,12 0,45 Amundi Forward + 12m. + 12m. 2,20/2,40 2,65 0,20/0,40 0,55 0 0,18 1,40/1,60 1,65 PRÉVISIONS DE CHANGE EUR : nous nous attendons à une relative stabilité de l’euro en termes effectifs dans les mois à venir. Les nouvelles mesures de la BCE limitent les risques d’appréciation de l’euro sur le semestre à venir. Mais des discussions de marché au sujet d’un tapering de la BCE joueraient à la hausse pour l’euro. USD : le taux de change effectif du dollar a monté très rapidement avec la divergence entre les taux longs américains et ceux des autres pays développés. Le dollar constituera un facteur limitant dans le mouvement de remontée des taux. Il pourrait encore s’apprécier un peu mais est déjà très cher. JPY : le yen est de nouveau sous-évalué. Avec le contrôle de la courbe des taux de la BoJ, une remontée des taux américains se traduit par une dépréciation du yen. GBP : l’évolution de la livre va continuer d’être dictée par les développements politiques. Un cheminement vers un « soft Brexit » serait positif pour la devise. 10/01/2017 EUR/USD USD/JPY EUR/GBP EUR/CHF EUR/NOK EUR/SEK USD/CAD AUD/USD NZD/USD 1,06 116 0,87 1,07 9,06 9,57 1,32 0,74 0,70 Amundi Consensus Amundi Consensus + 6m. T2 2017 + 12m. T4 2017 1,05 1,03 1,10 1,05 115 116 110 115 0,90 0,85 0,90 0,84 1,05 1,07 1,00 1,09 8,70 8,74 8,50 8,83 9,40 9,46 9,20 9,39 1,40 1,35 1,45 1,35 0,75 0,73 0,70 0,73 0,70 0,68 0,67 0,68 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 25 # 01 Janvier 2017 1 États-Unis : en marche vers une réforme historique (et potentiellement disruptive) de la fiscalité sur les entreprises DIDIER BOROWSKI, Recherche, Stratégie et Analyse La réforme fiscale pour les entreprises proposée par les républicains du Congrès est très ambitieuse. En allégeant l’impôt sur les sociétés (IS), la réforme a pour objectif d’inciter les entreprises à rapatrier leurs profits réalisés à l’étranger et, plus fondamentalement, à relocaliser leur production sur le territoire américain. Le but principal est de favoriser l’investissement productif privé réalisé sur le territoire américain, et par ce canal, l’emploi industriel. Mais les enjeux dépassent de loin ceux d’une baisse de l’impôt sur les sociétés. Les républicains de la Chambre des Représentants proposent une refonte du système qui ferait date dans l’histoire de l’après-guerre. Présentée dans le cadre du plan Ryan-Brady1 en juin 2016 (rapport également connu sous le nom de rapport « A better Way »), leurs propositions fiscales n’ont pas toujours reçu l’attention qu’elles méritaient tant le débat s’est polarisé sur les propositions les plus emblématiques du candidat Trump (barrières douanières, expulsion des immigrés, dépenses d’infrastructure etc.), souvent d’ailleurs très différentes de celles de son propre parti. Or leur coût exorbitant pour les finances publiques n’est pas compatible avec la doxa du parti républicain avec lequel il va devoir composer. Le positionnement de Donald Trump sur le dossier fiscal est encore imprécis. À la veille de son investiture, il est nécessaire de se pencher sur la réforme la plus controversée proposée par les républicains du Congrès : l’introduction d’un ajustement fiscal à la frontière (« border tax proposal »). En effet, cette mesure apparaît non seulement compatible avec la volonté de Trump de taxer les importations et de relocaliser la production aux États-Unis mais aussi avec celle d’alléger considérablement l’imposition des entreprises américaines. Plusieurs membres de l’équipe de Donald Trump se sont d’ailleurs exprimés en faveur d’un ajustement de ce type. Les conséquences économiques et financières d’une telle mesure dépassent de loin le cadre de la seule fiscalité américaine. Concrètement, les républicains proposent de mettre en place un taux d’imposition unique pour les entreprises (flat tax). Il s’agit d’abaisser le taux d’imposition sur les sociétés de 35 % à 20 % (Donald Trump propose 15 %) et par ailleurs d’inciter les multinationales américaines qui thésaurisent leurs liquidités à l’étranger à les rapatrier aux États-Unis, en les imposant à un taux encore plus réduit (Donald Trump propose un taux unique de 10 %). On estime à quelque 2 500 Mds $ le montant des profits accumulés par les entreprises américaines en dehors des États-Unis, qui ne sont pas rapatriés en raison d’une fiscalité confiscatoire (cf. encadré). Mais le plan Ryan-Brady pour les entreprises ne se limite pas à l’instauration d’un taux unique de l’IS. Il vise aussi à introduire un ajustement fiscal à la frontière. Ajustement fiscal à la frontière : de quoi s’agit-il ? Dans le régime actuel, la fiscalité sur les entreprises repose sur l’origine géographique de la production (l’impôt est perçu sur le lieu de production). Il s’agirait de le faire évoluer vers un système fondé sur la destination des biens produits 2. En pratique, les importations ne seraient plus déductibles du revenu imposable pour les entreprises et se retrouveraient donc taxées au même taux que l’IS, 1 2 Achevé de rédiger le 22 décembre 2016 L’essentiel Les républicains de la Chambre des Représentants proposent de refondre entièrement le régime de l’impôt sur les sociétés. La réforme proposée, qui ferait date dans l’histoire, n’est pas sans danger. À la veille de l’investiture de Donald Trump, il est nécessaire de se pencher sur la mesure la plus controversée : la mise en place d’un ajustement fiscal à la frontière (border tax proposal). Il s’agit d’introduire une forme de TVA aux États-Unis sauf qu’elle porterait sur les biens échangés mais pas sur les salaires. Les conséquences économiques et financières d’une telle mesure dépassent de loin le cadre de la seule fiscalité américaine. En théorie, ce type de mesure est neutre pour le commerce car elle censée engendrer une appréciation du dollar qui vient neutraliser l’avantage commercial initial (procuré par la taxation des importations et la subvention aux exportations). Toutefois, le fait que les salaires soient déductibles change la donne sur le plan juridique et le rend incompatible avec les règles de l’OMC, ouvrant potentiellement la voie à des mesures de rétorsion. Dans tous les cas de figure, une mesure de ce type serait probablement source de confusion. Compte tenu de l’incertitude quant aux effets induits (sur l’économie américaine, les économies émergentes et le dollar), la nervosité des investisseurs internationaux serait au rendez-vous, au moins dans un premier temps. On estime à quelque 2 500 Mds $ le montant des profits accumulés par les entreprises américaines en dehors des États-Unis Du nom de Paul Ryan, président de la Chambre des Représentants, et de Kevin Brady, président du « Ways and Means Committee » de la Chambre des Représentants, qui s’occupe notamment des questions fiscales. En ce qui concerne les profits, le régime américain est hybride : les profits réalisés à l’étranger ne sont taxés que lorsqu’ils sont rapatriés. 26 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 disons 20 % (alors qu’elles ne le sont pas du tout dans le régime actuel) ; en revanche, les exportations (actuellement imposées) deviendraient quant à elles déductibles (leur prix baisserait du même montant, soit 20 %). L’impôt proposé s’apparente à une forme de TVA, sauf qu’il concernerait les biens et services échangés mais pas les salaires French version Pour bien comprendre de quoi il retourne, il convient de rappeler que l’économie américaine est une des rares économies de l’OCDE sans TVA. L’impôt proposé s’apparente à une forme de TVA, sauf qu’il s’appliquerait aux biens et services échangés 3 mais pas aux salaires. Contrairement à ce qui se passe dans un régime de TVA classique, les salaires seraient déductibles, ce qui change la donne. L’absence de taxe sur les salaires domestiques signifie implicitement que le contenu en travail des biens et services produits aux États-Unis serait exempté tandis que le contenu en travail des biens importés serait taxé au taux en vigueur. 0 French version -2 40 Etats-Unis : dette fédérale vs solde budgétaire fédéral -4 (% du PIB) 4 -6 80 20 Solde budgétaire (Ech. D.) Dette fédérale (Ech. G.) 2 -8 60 0 0 -10 -2 Source : Datastream, Recherche Amundi 40 -4 -6 IlBudget s’agit de: recettes luttervscontre fédéral dépenses (% du PIB) Solde budgétaire (Ech. D.) -8 Dette fédérale (Ech. G.) l’optimisation fiscale et 25 -10 0 d’éliminer les incitations 23 à délocaliser la production 20 Source : Datastream, Recherche Amundi 21 19 Budget fédéral : recettes vs dépenses Budget fédéral : recettes vs dépenses (% du PIB) 2 (% du PIB) 17 25 15 2016 2014 2012 2010 19 2008 Si elle est mise en œuvre, il s’agirait de la plus importante réforme fiscale de l’après-guerre aux États-Unis. Elle est d’ailleurs présentée comme 2006 21 2004 Une réforme fiscale potentiellement disruptive 2002 23 13 2000 Il s’agit d’une refonte totale du régime fiscal des entreprises. L’impôt proposé est en définitive à mi-chemin entre une TVA (impôt indirect) et un impôt sur le revenu (impôt direct). Du fait de la déductibilité des investissements réalisés et des salaires, le nouvel impôt s’avère être une taxe sur les seuls flux de trésorerie des entreprises (corporate cash-flow tax). 60 1998 Par ailleurs, les dépenses en biens d’équipement deviendraient déductibles l’année même de l’investissement – une mesure qui viendrait remplacer le dispositif actuel d’amortissement accéléré – et ce afin d’encourager l’investissement productif sur le sol américain. Enfin, en rendant les charges d’intérêt non déductibles, la réforme vise à dissuader le recours à la dette (de nombreuses entreprises se sont endettées au cours des dernières années soit pour racheter leurs actions, soit pour financer des opérations de fusions et acquisitions). 2 1974 1977 1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013 2016 En définitive, la réforme proposée vise, en corrigeant une asymétrie fiscale, à se rapprocher du dispositif en vigueur dans la plupart des pays de l’OCDE afin de favoriser la relocalisation de certaines activités de production sur le territoire américain. Les entreprises américaines deviendraient subitement moins taxées que les entreprises étrangères, ce qui rendrait les États-Unis attractifs pour les entreprises étrangères. Une possibilité que semblent déjà redouter certains pays comme l’Irlande. 4 80 1974 1977 1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013 2016 Les objectifs poursuivis sont multiples. L’ajustement fiscal à la frontière s’inscrit dans un cadre plus global. Il s’agit de lutter contre l’optimisation fiscale et d’éliminer les incitations à délocaliser la production 4 en dehors des États-Unis que le régime actuel favorise. En particulier, l’inversion fiscale 5 n’aurait plus de raison d’être. Le Trésor américain observe que depuis les années 1990, les multinationales américaines ont eu tendance à se délocaliser (ou à transférer leur domiciliation fiscale) dans les zones bénéficiant de taux d’imposition moins élevés. De nombreuses fusions et acquisitions étrangères ont été réalisées à cette fin. Les inversions se sont en effet accrues à mesure que les taux d’imposition sur les sociétés en dehors des États-Unis tombaient en dessous du taux américain (inchangé à près de 40 % au cours des 15 dernières années). Dans la même veine, il s’agit d’éviter les manipulations de prix de transfert, réalisées avec le même objectif. Etats-Unis : dette fédérale vsfédérale solde budgétaire États-Unis : dette vs soldefédéral (% fédéral du PIB) (% du PIB) budgétaire 1 1996 Quel sens donner à cette réforme fiscale ? Recettes fiscales fédérales Dépenses fédérales Source : Datastream, Recherche Amundi 17 225 2016 2014 2012 2010 2008 2006 2004 2002 250 2000 5 15 Etats-Unis : inv. privé non résidentiel (indicé à 100 à chaque pic de cycle, X = nb de trim. depuis pic) 13 1998 4 La TVA est déductible sur les exportations. Dans le régime proposé les exportations seraient déductibles du revenu imposable ce qui revient au même. La délocalisation ne concerne pas que la production de biens industriels mais aussi celle de services à haute valeur ajoutée (création de logiciels, R & D etc.) L’inversion fiscale est un procédé qui consiste à transférer la domiciliation fiscale à l’étranger, grâce à l’acquisition d’une entreprise étrangère, et ce pour profiter d’une fiscalité locale plus avantageuse. Devant l’ampleur du phénomène, le Trésor américain a décidé de limiter en 2015 la possibilité pour une entreprise de transférer la domiciliation fiscale dans un pays où elle ne possède pas ou peu d’actifs. 1996 3 Gr Recettes fiscales fédérales Dépenses fédérales Source : Datastream, Recherche Amundi 200 175 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 27 Etats-Unis : inv. privé non résidentiel (indicé à 100 à 150 Gr Budget fédéral : recettes vs dépenses (% du PIB) # 01 25 Janvier 2017 23 21 19 Mais surtout, la réforme déstabiliserait profondément certains secteurs et chaînes logistiques. Le secteur du détail, le plus gros importateur, serait naturellement perdant, ce qui explique que son lobby multiplie les interventions pour bloquer cette proposition 6. Cela déstabiliserait également les chaînes de production dans d’autres secteurs (biens électroniques notamment). Sans compter que sur le plan international, s’ouvrirait un débat sur la compatibilité avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 17 La réforme déstabiliserait 13 profondément certains secteurs et les chaînes Recettes fiscales fédérales Dépenses fédérales logistiques Source : Datastream, Recherche Amundi 2016 2014 2012 2010 2008 2006 2004 2002 2000 Etats-Unis : inv. privé non résidentiel (indicé à 100 à États-Unis : inv. privé non résidentiel (indicé à 100 chaque pic de cycle, X = nb de trim. depuis pic) à chaque pic de cycle, X = nb de trim. depuis pic) 3 250 225 200 Une réforme qui n’est pas compatible avec les règles de l’OMC 175 Pour l’OMC, les ajustements à la frontière qui résultent de la TVA ne constituent pas une distorsion du commerce car il s’agit d’impôts indirects sur la consommation (qu’elle se porte sur des biens importés ou produit localement). En revanche, quand l’introduction d’une nouvelle taxe concerne exclusivement les biens échangés, l’OMC considère qu’il s’agit d’un impôt direct (au même titre que les impôts sur les revenus). Cette mesure fiscale serait donc inévitablement perçue comme une mesure de nature protectionniste. Les États-Unis pourraient être condamnés par l’OMC, ouvrant ainsi la voie à de possibles mesures de rétorsion des partenaires commerciaux. La multiplication de mesures protectionnistes serait néfaste pour tous. 150 En réalité, le débat sur la compatibilité de la taxe envisagée avec les règles de l’OMC oppose juristes et économistes. Les premiers s’en tiennent strictement au distinguo taxe directe/taxe indirecte pour justifier de possibles mesures de rétorsion commerciale. Tandis que les seconds arguent du fait qu’il s’agit de corriger une asymétrie fiscale entre les États-Unis et leurs partenaires commerciaux qui, au fil du temps, s’est avérée pénalisante pour l’appareil productif américain. Sur le plan économique, la taxe proposée est par ailleurs équivalente à la mise en place d’une TVA accompagnée d’une baisse simultanée des cotisations sur les salaires7 : une réforme à laquelle l’OMC n’aurait évidemment rien à redire ! Mais sur le plan du droit international, les arguments économiques passeront vraisemblablement au second plan 8. Le débat n’est toutefois pas définitivement tranché en raison du caractère hybride de la taxe proposée. Et les membres du cabinet Trump semblent déjà à la manœuvre pour convaincre l’OMC qu’il ne s’agit pas d’une mesure protectionniste. 1998 15 1996 telle par ses promoteurs. L’augmentation induite du coût des importations (à supposer que le dollar reste stable, ce qui ne devrait pas être le cas, on reviendra sur ce point) est potentiellement déstabilisante. D’une part, parce que les chaînes de valeur mondiales sont très intégrées ; d’autre part, en raison de l’absence de substitution possible, à court et moyen terme, entre production domestique et importations. Il est en effet très peu probable que les États-Unis puissent relocaliser sur leur territoire la production de biens qui se fait à des coûts très inférieurs dans le reste du monde. Une large gamme de produits n’est pas ou plus fabriquée aux États-Unis. Le nouveau dispositif viendrait inévitablement (en l’absence d’effet sur le dollar) renforcer les pressions inflationnistes internes qui sont déjà à l’œuvre avec un marché du travail au plein-emploi. Par ce canal, la demande domestique serait affaiblie. 125 100 75 -4 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 Moyenne des récessions d'après-guerre Récession 1990-91 Récession 2008-09 Source : Datastream, Recherche Amundi Etats-Unis : dette des entreprises non financières 100% Le débat sur la compatibilité avec les règles de l’OMC 90% oppose juristes et économistes 80% Une mesure neutre pour les finances publiques ? Aux yeux des républicains, l’un des gros avantages de cette mesure est de pouvoir proposer une baisse drastique de l’IS (au cœur de leur programme électoral) sans grever les recettes fiscales. En effet, la baisse du taux de l’IS serait en grande par tie financée par l’augmentation de la base fiscale que procure la ta xation des impor tations. Le Tax Policy Center estime que l’ajustement fiscal à la frontière rappor terait 6 7 8 En particulier Walmart a fait savoir que cette taxe, excédant son profit, serait répercutée sur ses prix de vente. Cette équivalence entre les deux mesures est importante car elle montre que les États-Unis ont les moyens d’aller dans la direction souhaitée sans subir de rétorsion commerciale si besoin. Ce serait au prix néanmoins d’une complexité accrue. On notera que les États-Unis pourraient éviter ce débat en mettant en place une TVA en bonne et due forme. C’est le caractère hybride de la taxe proposée qui pose problème vis-à-vis de l’OMC sur le plan juridique. 28 70% 86 89 92 95 98 01 04 07 10 13 16 Dette entrep. (% PIB entr. non fin.) Source : Datastream, Recherche Amundi Une réforme « neutre » pour les finances publiques Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 100 # 01 75 -4 Janvier 2017 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 Moyenne des récessions d'après-guerre Récession 1990-91 Récession 2008-09 Source : Datastream, Recherche Amundi 1 200 Mds $ aux caisses fédérales sur les dix prochaines années (soit près du tiers des recettes fiscales de l’IS avec le taux d’imposition actuel). Parallèlement, la per te de recettes fiscales liée à la baisse de l’IS à 20 % est estimée à 1 800 Mds $ sur 10 ans. Il s’agit d’une estimation statique (i.e. qui ne prend pas en compte les effets induits). Le manque à gagner sur 10 ans, mesuré ex ante (600 Mds $), serait amoindri ex post. Or il convient de noter que la façon d’estimer l’impact d’une mesure fiscale sur les finances publiques dans le cadre de la procédure législative a changé : le coût pour les finances publiques est désormais mesuré ex post. Dit autrement, si les effets induits sur la croissance (estimés via des modèles) sont suffisamment positifs, la mesure pourrait être présentée comme « neutre » pour le déficit, conformément à ce que réclament les républicains du Congrès. Tout dépendra du chiffrage résultant des modèles macroéconomiques retenus. Quel impact sur la balance commerciale américaine et le dollar ? Ce n’est pas, pour ses promoteurs, une mesure visant à améliorer la compétitivité. Et c’est probablement sur ce point que réside le « malentendu ». En théorie, les ajustements fiscaux à la frontière sont neutres pour la compétitivité et les échanges internationaux. Ex ante, un tel ajustement a les mêmes effets sur le commerce extérieur qu’une dévaluation. En régimes de changes fixes (ou dans une union monétaire) une telle mesure est d’ailleurs qualifiée de « dévaluation fiscale » 9. Mais en régime de changes flexibles, la monnaie du pays qui procède à un tel ajustement est censée s’apprécier immédiatement par le jeu de l’évolution attendue de l’équilibre entre l’offre et la demande de devises. D’un côté, l’augmentation des prix des produits importés en réduit la demande et donc l’offre de dollars aux étrangers, ce qui apprécie la devise. D’un autre côté, la subvention reçue par les exportateurs leur permet de diminuer leurs prix, ce qui accroît la demande externe adressée au pays et accroît la demande de devise. En théorie, on démontre que l’appréciation de la devise du pays qui procède à un ajustement de ce type vient compenser le gain de compétitivité procuré ex ante. Pour une taxe de 20 % à la frontière, le dollar devrait s’apprécier dans les mêmes proportions (immédiatement en change flexible), laissant le prix relatif inchangé. L’appréciation du dollar est censée neutraliser l’impact de la mesure fiscale sur la balance commerciale. C’est d’ailleurs l’argument employé par les défenseurs de cette mesure pour dire que l’OMC n’aurait aucune raison de sanctionner les États-Unis. Il s’agit toutefois d’un mécanisme de marché qui n’a rien d’automatique. Même si dans le cas américain, l’appréciation du dollar est vraisemblablement soutenue par la politique monétaire : la Fed remonterait ses taux d’intérêt davantage que prévu avec le renforcement probable des pressions inflationnistes internes (d’autres mesures de stimulation budgétaire étant annoncées par les républicains). États-Unis : : dette des entreprises non financières 4 Etats-Unis dette des entreprises non financières 100% 90% 80% 70% 86 89 92 95 98 01 04 07 10 13 16 Dette entrep. (% PIB entr. non fin.) Source : Datastream, Recherche Amundi En théorie, l’appréciation du dollar induite doit venir annuler l’impact positif sur la balance commerciale Une mesure très sensible pour les pays émergents Dans tous les cas de figure, les partenaires commerciaux, notamment les pays émergents, risquent de voir d’un très mauvais œil l’ajustement fiscal à la frontière américaine. Car de deux choses l’une, soit le dollar ne s’apprécie pas ou peu (contrairement à ce que prédit la théorie) et il s’agirait, pour eux, d’une perte sèche de compétitivité. Soit au contraire le dollar s’apprécie comme prévu (de 20 %), et l’ajustement pourrait être douloureux sur le plan financier ! Car de nombreuses entreprises ont très fortement accru leur endettement en dollar au cours des dernières années (la dette des entreprises des pays émergents a plus que quadruplé en dix ans, avec une part croissante en dollar). Quels que soient les fondements de la réforme proposée, l’onde de choc qui en résulterait se propagerait bien au-delà des frontières américaines. 9 L’onde de choc se propagerait bien au-delà des frontières américaines Ce type de dévaluation fiscale a reçu beaucoup d’attention dans la zone euro. L’Allemagne et la France y ont eu recours (respectivement en 2006 et 2012) en augmentant leur taux de TVA et en abaissant parallèlement l’impôt sur les entreprises. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 29 # 01 Janvier 2017 140 120 110 > États-Unis : une fiscalité des entreprises très supérieure au reste du monde 100 Avec un taux d’imposition moyen sur les sociétés de 38,9 % (taux fédéral de 35 % + taux moyen d’imposition des États), les États-Unis ont l’un des taux de l’IS les plus élevés des pays de l’OCDE et le 3 e taux d’imposition au monde. La moyenne de l’IS sur 188 pays est de 22,5 % ou de 29,5 % si l’on pondère le taux de chacun des pays par le poids économique de ce dernier (poids PIB) : 90 • Les pays du G7 ont un taux moyen de 30,2 % (33,75 % en pondérant par les poids PIB) ; Toutes devises Principales devises Autres 130 2015 2012 2009 2006 2003 2000 1997 1994 1991 1988 1985 1982 1973 80 1979 Dans ces conditions, il est difficile d’imaginer que la réforme fiscale puisse bénéficier à court terme à la croissance américaine. Compte tenu de l’incertitude quant aux effets induits, elle exacerberait, au moins dans un premier temps, la nervosité des investisseurs internationaux. Taux deTaux change du dollar de effectif changeréel effectif réel(moyenne du dollar1973(moyenne 1973-2016 = 100) 2016 = 100) 5 1976 Elle pourrait affaiblir les secteurs importateurs aux États-Unis, déstabiliser les chaînes de production, exacerber les pressions inflationnistes internes et de ce fait accélérer la remontée des taux de la Fed ou encore accroître la fragilité financière des pays émergents (tout dépendrait en définitive de l’évolution du dollar). Sans compter que, mal comprise, une telle évolution ouvrirait vraisemblablement la boîte de pandore du protectionnisme. Source : Datastream, Recherche Amundi • La moyenne des 33 autres pays de l’OCDE est de 24,8 % (28,3 % en poids PIB) ; • Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont un taux moyen de 28,3 % (27,4 % en poids PIB). Au cours des 10 dernières années, l’écart de pression fiscale entre les États-Unis et le reste du monde s’est nettement accru. La moyenne mondiale est passée de 34,1 % à 29,5 % alors que la fiscalité sur les entreprises américaines est restée inchangée. C’est en Asie, que la baisse de la fiscalité a été la plus marquée (avec un taux moyen passé de 31 % en 2003 à 20 % en 2016). Toutefois, en pratique, les entreprises américaines bénéficient d’exemptions et de déductions qui diminuent nettement leur taux d’imposition effectif. En particulier, celles qui se délocalisent ne payent pas d’impôts quand ils ne sont pas rapatriés aux États-Unis. Le taux d’impôt effectif pour les entreprises américaines ne dépasse pas 27 %, soit un niveau inférieur à la moyenne des taux effectifs des pays de l’OCDE (27,7 %). C’est à cela que la réforme proposée vise à remédier, en proposant un taux d’imposition inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE tout en limitant l’impact sur les recettes du Trésor grâce à un élargissement de l’assiette fiscale. 30 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 10 janvier 2017 2 Turbulences à l’horizon pour la Fed, L’essentiel avec la nouvelle administration américaine VALENTINE AINOUZ, BASTIEN DRUT, Stratégie et Recherche Économique Donald Trump prendra ses fonctions de président des États-Unis le 20 janvier. Avec les républicains du Congrès, il tentera de mettre en place des réformes radicales, notamment au sujet de la Fed. Donald Trump prendra ses fonctions de président des États-Unis le 20 janvier. Avec les républicains du Congrès, qui n’ont pas nécessairement la même façon de penser que lui sur de nombreux sujets, il tentera de mettre en place des réformes radicales, notamment au sujet de la Fed. Nous nous proposons ici de faire le point sur les principaux changements que cela pourrait occasionner pour cette dernière. En 2017, la Fed rentrera dans une zone de turbulences. Les nominations qu’effectuera Donald Trump modifieront grandement l’équilibre des pouvoirs au sein du FOMC. Les débats porteront en bonne partie sur la nécessité et la pertinence de suivre une règle de Taylor. Par ailleurs, les membres du FOMC ne savent pas sur quel pied danser au sujet d’un éventuel stimulus budgétaire. Enfin, nous pensons qu’une accélération de la normalisation monétaire serait à ce stade du cycle contre-productive. Quels changements de structure pour la Fed ? La plateforme « A Better Way » promue par le leader de la chambre des représentants Paul Ryan consacre une section à la Fed. « A Better Way » indique qu’il est nécessaire d’assurer l’indépendance de la Fed et de faire en sorte « qu’elle ne soit pas soumise à des pressions politiques en établissant sa politique monétaire ». Mais « A Better Way » indique que l’économie américaine se porterait mieux si la Fed « était plus prévisible dans la conduite de sa politique monétaire et plus transparente dans son processus de prise de décision » et propose de « moderniser la Fed ». Les membres du FOMC ne savent pas sur quel pied danser La Fed a relevé le 14 décembre dernier la fourchette de taux directeurs 25 pb, à 0,50/0,75 %. Le marché anticipe désormais deux hausses de taux pour T4 2018 T3 2018 T2 2018 T1 2018 T4 2017 4.00 3.50 3.00 2.50 2.00 1.50 1.00 0.50 0.00 T3 2017 Dans une note publiée le 5 janvier, il affirme que l’application d’une règle de Taylor ces dernières années aurait impliqué que 2,5 millions d’Américains de moins seraient en situation d’emploi. Jerome Powell, membre du Board of Governors, avait déjà fait un discours le 9 février 2015 pour dénoncer la possible adoption d’une règle de Taylor, en indiquant qu’une telle règle était déjà utilisée à titre indicatif mais qu’il doutait que « les décisions importantes puissent être réduites à une seule équation ». French version L’une des difficultés avec les règles de Taylor est qu’il existe de nombreuses méthodologies pour les calculer. Règles de Taylor pour la Fedestimées par Ci-dessous, nous représentons sept règles la Fed de Cleveland le 21 novembre. T2 2017 Neel Kashkari, président de la Fed de Minneapolis et ancien candidat républicain au poste de gouverneur de Californie, est contre l’adoption d’une règle de Taylor (« A computer can’t do the Fed’s job », Wall Street Journal, 18 décembre 2016), notamment car le taux neutre a fortement faibli depuis quelques années. Règles de Taylor pour la Fed T1 2017 Toutefois, l’adoption d’une règle de Taylor est très controversée. 1 T4 2016 Donald Trump s’est montré très critique envers la politique menée par la Fed ces dernières années et notamment car les fed funds n’auraient pas été remontés assez rapidement. Il y a notamment eu beaucoup d’agitation médiatique au sujet de la non-reconduction de Janet Yellen au poste de présidente du FOMC (son mandat de présidente court jusqu’à février 2018). Donald Trump devra désigner au moins deux membres au Board of Governors prochainement (voir encadré « La composition du FOMC en 2017 »). John Allison fait partie des personnes que Donald Trump a rencontrées récemment et qu’il pourrait nommer au Board of Governors. J. Allison est en faveur d’une règle de Taylor classique. Parmi les autres noms évoqués, on trouve celui de… John Taylor, le théoricien de la règle de Taylor. Les nominations qu’effectuera Donald Trump modifieront grandement l’équilibre des pouvoirs au sein du FOMC. Les nominations qu’effectuera Donald Trump modifieront grandement l’équilibre des pouvoirs au sein du FOMC T3 2016 Un projet de loi de modernisation de la Fed est déjà engagé : le Fed Oversight Reform and Modernization Act (the FORM Act), appelé H.R. 3 189 et sponsorisé par Bill Huizenga, a déjà été approuvé par la Chambre des Représentants. Le FORM Act requerrait du FOMC davantage d’explications sur ses décisions de politique monétaire. En particulier, il requerrait du président du Board of Governors d’expliquer au Congrès pourquoi ses décisions relatives aux fed funds diffèrent d’une « règle de politique de référence » (« Reference Policy Rule »), c’est-à-dire d’une règle de Taylor classique. Le projet de loi Federal Reserve Transparency Act (aussi appelé « Audit the Fed »), qui n’avait pas franchi le Sénat en 2015, proposait la même idée. Taylor (1993) rule Core inflation in Taylor (1999) rule Inertial rule Alternative r* rule Forward-looking rule First-difference rule Low weight on output gap rule Source : Cleveland Fed, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 31 La part des bénéfices des entreprises dans le PIB a Gr T4 T3 T2 T1 T4 T3 T2 T1 T4 T3 Taylor (1993) rule Core inflation in Taylor (1999) rule Inertial rule Alternative r* rule Forward-looking rule First-difference rule Low weight on output gap rule # 01 Janvier 2017 Source : Cleveland Fed, Recherche Amundi > Composition du FOMC en 2017 12% 54% 10% 52% 8% 50% 6% 48% 46% 4% 44% 2% 42% 0% 40% 1947 1952 1957 1962 1967 1972 1977 1982 1987 1992 1997 2002 2007 2012 Les interrogations au sujet de la politique économique de la nouvelle administration restent très fortes et le moins que l’on puisse dire est que les membres du FOMC ne savent pas sur quel pied danser : « De nombreux participants [au FOMC] ont souligné qu’il y avait actuellement une incertitude substantielle à propos de la taille, de la composition et du timing d’éventuels changements de la politique budgétaire mais ils ont également souligné qu’une politique budgétaire plus accommodante pourrait stimuler la demande agrégée au-dessus des niveaux soutenables, ce qui nécessiterait une politique monétaire plus restrictive qu’anticipé. » Les minutes du FOMC nous apprennent également que la moitié des participants au FOMC du 14 décembre a incorporé une hypothèse d’une politique budgétaire plus accommodante dans leurs prévisions, l’autre non. Pour rappel, Janet Yellen avait déclaré en conférence de presse le 14 décembre que des mesures de stimulation budgétaire n’étaient pas nécessaires pour permettre à l’économie américaine de revenir au pleinemploi. John Williams, le président de la Fed de San Francisco, a fait des commentaires de même teneur début 2017. La partLades bénéfices des entreprises dans le PIB a part des bénéfices des entreprises niveaux dans leatteint PIB a des atteint des records niveaux records 2 Centaines 2017 et quasiment deux autres pour 2018. Les investisseurs ont rapidement conclu que la politique économique de la nouvelle administration américaine allait fortement tirer la croissance et l’inflation. Les taux 10 ans américains sont passés de 1,82 % fin octobre à 2,44 % fin décembre. La part des bénéfices des entreprises dans le PIB (en%) La part des salaires dans le PIB (en %, Ech.d.) Source : Datastream, Recherche Amundi Title Arial 8 Bold (1 or 2 lines maxi) E n t e m p s n o r m a l , 12 m e m b r e s vo t a n t s p a r t i c i p e n t a u x r é u n i o n s d u (la dernière fois que 12 membres étaient réunis, c’était en juillet 2013) : • 7 membres au Conseil des Gouverneurs • le président de la Fed de NY occupe un siège permanent • 4 présidents votants (sur les 11) du système de la Réserve fédérale (dont le mandat est d’1 an sur une base tournante). Actuellement, le Conseil n’est composé que de 5 membres car le Sénat s’est opposé aux nominations de Barack Obama. Donald Trump va choisir 2 nouveaux membres. Des rumeurs circulent au sujet d’une retraite de Daniel Tarullo ; dans ce cas, Donald Trump devra choisir 3 membres pour le Conseil. Les nominations devront être validées par le Sénat. En 2017, les quatre membres votants de la Réserve fédérale seront : • Charles Evans, Chicago. A participé au vote en 2007, 2009, 2011, 2013 et 2015. Il s’est opposé à la décision officielle à deux reprises (novembre et décembre 2011) car il était en faveur d’un assouplissement de la politique monétaire. Il fera partie des principales « colombes » en 2017. Cela étant dit, il a déclaré le 24 octobre qu’il était favorable à 1 hausse des taux en décembre 2016, à 2 relèvements en 2017 et à 3 en 2018. Title Arial 8 Bold (1 or 2 lines maxi) • Patrick Harker, Philadelphie. Il n’a participé à aucun vote. Universitaire. Il se décrit comme un faucon. À plusieurs reprises en 2016, il a déclaré que 2 ou 3 relèvements des taux seraient nécessaires en 2016. Il sera sans aucun doute l’un des membres les hawkish du FOMC. • Robert Kaplan, Dallas. Il n’a participé à aucun vote. A travaillé pendant 23 ans pour Goldman Sachs et se décrit comme un spécialiste des marchés financiers. Il plaide souvent pour la patience pour décider de l’orientation de la politique monétaire. Il s’inquiète de la dette des étudiants et des tendances démographiques. Ses votes suivront probablement ceux du Conseil. • Neel Kashkari, Minneapolis. Il n’a participé à aucun vote. Il a été candidat républicain en 2014 pour devenir gouverneur en Californie. Il a contribué à l’élaboration du programme TARP en 2008. Il s’oppose à la loi Dodd-Franck car, selon lui, elle n’empêchera pas la prochaine crise. Il est favorable à une augmentation importante des fonds propres des banques (15 % des actifs). Bien que Neel Kashkari soit Républicain, il n’est pas en faveur d’une règle mécanique de politique monétaire. 32 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Une accélération de la normalisation monétaire serait à ce stade du cycle contre-productive Le cycle actuel s’est démarqué par une croissance élevée des profits des entreprises américaines. Les marges ont même atteint ces derniers trimestres des plus hauts historiques. Un paradoxe au vu de la faible croissance économique observée durant ce cycle. Cet accroissement des profits s’explique par la progression très limitée des salaires et les importantes réductions de coût mises en place après la Grande Récession de 2008/2009. Autre caractéristique de ce cycle : les profits élevés n’ont pas impliqué une augmentation du taux d’investissement. Les entreprises ont profité ces dernières années de conditions de financement extrêmement accommodantes pour s’endetter massivement. Elles ont majoritairement financé des opérations de rachats d’actions et de croissance externe. Les dépenses d’investissement sont demeurées très faibles. L’environnement de demande atone semble expliquer cette tendance. Or, la faiblesse de l’investissement aujourd’hui hypothèque la croissance potentielle de demain. Les politiques monétaires ultra-accommodantes ont été impuissantes à endiguer ce phénomène. La faiblesse de l’investissement aujourd’hui hypothèque la croissance potentielle de demain L’impact de la politique de Donald Trump sur l’économie américaine est difficile à anticiper. Il est peu probable que la politique budgétaire soit aussi proactive que ce qui est actuellement escompté et une accélération de la normalisation monétaire serait à ce stade du cycle contre-productive : • La croissance mondiale reste faible. Puisque les politiques monétaires de la BCE et de la BOJ restent extrêmement accommodantes, une hausse des taux longs américains se traduirait inévitablement par une appréciation du dollar, qui serait préjudiciable aux perspectives de croissance et d’inflation. Rappelons que le dollar s’est apprécié de plus de 4 % en termes effectifs depuis l’élection de D. Trump. • L’économie américaine est proche de la fin de son cycle. La dette des entreprises non financières est au plus haut. Le durcissement des conditions financières qui en résulterait (appréciation du dollar et hausse des taux d’intérêt à long terme) a le pouvoir de mettre rapidement la croissance sous pression. Un rééquilibrage des profits en faveur des salaires est nécessaire. L’économie américaine est proche du plein-emploi. La mise en œuvre du programme de D. Trump (stimulus budgétaire et mesures protectionnistes) pourrait provoquer des tensions sur les salaires. Un rééquilibrage des profits en faveur des salaires pourrait être une nouvelle négative – à court terme – pour les profits des entreprises mais serait une excellente nouvelle pour l’économie américaine. Une demande plus dynamique est un élément indispensable pour soutenir la reprise de l’investissement. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 33 # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 2 janvier 2017 3 Donald Trump : un nouveau facteur L’essentiel d’incertitude pour les économies émergentes KARINE HERVÉ, Stratégie et Recherche Économique Après plusieurs années difficiles pour de nombreux pays émergents, la situation avait favorablement évolué. Mais les Américains, en élisant D. Trump à la Maison Blanche, pourraient avoir quelque peu changé la donne. Après plusieurs années difficiles pour de nombreux pays émergents, la situation avait favorablement évolué. Mais les Américains, en élisant D. Trump à la Maison Blanche, pourraient avoir quelque peu changé la donne. En effet, le nouveau Président des États-Unis, qui sera investi le 20 janvier, a sur de nombreux points des positions qui ne sont pas de meilleur augure pour les pays émergents. Tout d’abord, les discours protectionnistes de D. Trump et les mesures qu’il a annoncées (remise en cause d’un certain nombre d’accords commerciaux, augmentation des droits de douane, etc.) seront en pratique un frein au développement du commerce mondial et à la croissance mondiale, déjà peu dynamiques depuis plusieurs années. Bien que la part des exportations dans le PIB tend à diminuer dans les pays émergents, pour beaucoup elle demeure encore relativement élevée et plus particulièrement pour les économies exportatrices nettes de matières premières et/ou les petites économies très ouvertes sur l’extérieur. Au premier rang des pays les plus susceptibles de pâtir de la mise en place de mesures protectionnistes de la part des États-Unis, il y a le Mexique avec 9 % de ses exportations nettes totales en direction des États-Unis, suivi de la Chine et la Thaïlande avec 2.5 %, de la Corée (2 %) et de la Malaisie (1.5 %). Ensuite, les marchés semblent avoir acheté le fait que la politique économique de D. Trump pourrait soutenir, pour le moins à un ou deux ans, la croissance américaine. Dans un contexte où le marché du travail américain est proche du plein-emploi, il en a résulté une hausse des anticipations d’inflation et des taux longs ainsi qu’un afflux de capitaux vers les États-Unis et une appréciation du dollar. La décision de la Fed d’augmenter ses taux courts en décembre n’a fait que renforcer ce processus. Cette réallocation de portefeuille s’est faite principalement au détriment des pays émergents. Bien que les actions aient été touchées, ce sont principalement les flux obligataires qui ont été les plus affectés. D’après les données issues d’un échantillon de la base EPFR au 14 décembre 2016, la Turquie, le Chili, l’Afrique du Sud, la Corée, le Mexique et la Russie auraient enregistré les ralentissements les plus marqués (supérieurs à 3 % en un mois). Eu égard aux discours de D. Trump durant sa campagne à l’encontre du Mexique, ce résultat est sans surprise. En effet, si la nouvelle administration américaine mettait en place l’ensemble des mesures évoquées (expulsions de Mexicains, extension du mur, hausse des droits de douane, etc.), l’économie mexicaine, en raison de son intégration commerciale et financière avec les États-Unis, serait bien évidemment l’une des plus mises à mal. En ce qui concerne la Turquie, il est évident que les risques (géo) politiques mais aussi la contraction « surprise » du PIB de 1,8 % sur 12 mois au T3 — largement en dessous du consensus (+0,3 %) et bien inférieur au T2 (+3,1 %) - ont joué un rôle déterminant dans ces mouvements de portefeuille. De même, en Afrique du Sud, la crise politique interne et la faible performance de l’économie augmentent la perception du risque des investisseurs qui en cas d’incertitude supplémentaire se détournent un peu plus du pays. En Corée, l’intensité des liens commerciaux avec les États-Unis mais aussi les atermoiements politiques sont à l’origine des ralentissements des entrées de capitaux. Au Chili, c’est a priori la forte exposition de la dette au dollar qui explique cette diminution des flux entrants (cf. ci-dessous). Par contre, la baisse des entrées de capitaux obligataires est a priori plus étonnante en ce qui concerne la Russie. En effet, du fait des propos pro-Poutine de D. Trump, la Russie semblait être l’autre gagnant de ces élections américaines. Toutefois, dans la mesure où l’économie russe devrait sortir de récession et que l’inflation a fortement diminué, les 34 En effet, le nouveau Président des ÉtatsUnis, qui sera investi le 20 janvier, a sur de nombreux points des positions qui ne sont pas de meilleur augure pour les pays émergents. Les pays les plus dépendants des échanges commerciaux avec les États-Unis, des flux de capitaux et de leur endettement en dollar sont à ce titre les plus exposés. L’élection de D. Trump ne semble pas de meilleur augure pour les émergents French version 1 Gra Evolutions des changes vis-à-vis du dollar Évolutions des[8changes vis-à-vis du dollar Nov-2 Jan] (8 nov. — 2 jan.) RUB TWD PEN COP PHP CHN INR THB BRL IDR CLP ZAR SGD CZK RON ARS HUF PLN MYR KRW TRY MXN -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 Sources : Datastream, Recherche Amundi libellée en étrangère (%PIB) UnDette retour demonnaie l’administration américaine au protectionnisme SAB T2 2016 TKY pénaliserait la croissance SAR SKR T1 2013 RUS mondiale RMN POL HUN CZR CRO BLG Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier THD TWN KOR # 01 Janvier 2017 French version marchés anticipent une forte baisse des taux directeurs russes dans les mois à venir, rendant de fait les titres russes moins attractifs. À noter que les entrées de capitaux relatifs aux actions ont, quant à elles, crû. Parallèlement à ces mouvements de portefeuille, les devises émergentes, à l’exception du rouble et du dollar taïwanais, se sont dépréciées vis-àvis du dollar américain : peso mexicain (-12 %), livre turque (-11 %), etc. (cf. graphique 1). Dans un contexte, où la part de la dette libellée en dollars en pourcentage du PIB a augmenté dans presque tous les pays émergents depuis 2013 (cf. graphique 2), une appréciation soutenue de la devise américaine ajoute davantage de pressions au financement de cette dette. Au second trimestre 2016, la part de la dette libellée en monnaie étrangère dans le PIB excédait 100 % du PIB en Croatie, Hongrie et au Chili ; 60 % en Bulgarie, Malaisie, Turquie, Colombie et Pérou. Pour les pays d’Europe émergente, l’euro demeure la monnaie étrangère prépondérante dans les émissions de dette, ce qui limite leur exposition face à une appréciation du dollar. En revanche, les pays d’Amérique latine susmentionnés sont bel et bien concernés ainsi que la Turquie et la Malaisie. Par ailleurs, notons que certains pays avec des réserves de change inférieures ou égales à 1/3 de la dette libellée en monnaie étrangère (Argentine, Mexique, Colombie, Chili, Turquie, Afrique du Sud et Indonésie) s’avèrent extrêmement vulnérables en cas d’une poursuite de l’appréciation du dollar (cf. graphique 3). Le Pérou, les Philippines, la Malaisie et la Corée le sont aussi mais dans une moindre mesure. Leurs réserves de change couvrent près de la moitié de la dette libellée en monnaie étrangère. Evolutions des changes vis-à-vis du dollar [8 Nov-2 Jan] Si les réallocations de portefeuille en faveur des États-Unis et l’appréciation du dollar s’intensifient, elles pourraient fragiliser les économies émergentes les plus vulnérables RUB TWD PEN COP PHP CHN INR THB BRL IDR CLP ZAR SGD CZK RON ARS HUF PLN MYR KRW TRY MXN -12 -10 -8 -6 -4 -2 Dans un tel scénario, la Chine ne serait pas la seule à être pénalisée. Les marchés financiers mondiaux seraient les premiers à être affectés par de telles représailles. Notamment, pour les émergents ce sont surtout les marchés des changes qui pourraient dévisser. Par ailleurs, dans la mesure où la Chine représente la première économie mondiale 1 2 La mort par la Chine : comment l’Amérique a perdu son socle industriel. R. Lighthizer a occupé cette fonction sous D. Reagan et a mené la bataille commerciale des États-Unis contre le Japon. 2 4 6 Dette libellée en monnaie étrangère Dette libellée en monnaie étrangère (%PIB) (% PIB) 2 T2 2016 T1 2013 0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% SAB TKY SAR SKR RUS RMN POL HUN CZR CRO BLG THD TWN KOR PHL MLS IDN IND CHN PER MEX COL CHL BRA ARG 140% Sources : BRI, Recherche Amundi Vulnérabilité face à une appréciation du dollar 140% Dette libellée en monnaie étrangère (%PIB) 120% Réserves de change (%PIB) 100% Pour les économies émergentes, le pire serait 40% une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine 20% 80% 60% 0% CHN SAB IND THL ARG SKR MXN BRA RUS SAR IDN RMN KOR CZR POL PHL MLS COL TKY PER BLG CHL HUN CRO Bien évidemment de telles mesures ne sont pas dans l’intérêt de la Chine dans un contexte où son modèle économique est en pleine mutation. Une dépréciation massive de sa monnaie pourrait réduire fortement les entrées de capitaux et ralentirait le processus d’internationalisation du yuan tant souhaité par les autorités chinoises. De même, une liquidation de la dette américaine aurait pour effet de faire chuter les prix des obligations. Mais en cas de force majeure, les autorités chinoises n’hésiteront sans doute pas à jouer leur va-tout. 0 Sources : Datastream, Recherche Amundi Enfin, les propos virulents de D. Trump pendant la campagne électorale à l’encontre de certains pays émergents et plus précisément de la Chine ne sont pas des plus rassurants. Les nominations à la tête du Conseil National pour le Commerce Extérieur de P. Navarro, auteur d’un ouvrage intitulé « Death by China : How America lost its manufacturing base 1 » et farouche adversaire de la Chine ainsi que de R. Lighthizer2 comme négociateur au commerce international ne font que renforcer notre appréhension. Soit il s’agit d’un « coup de bluff » de D. Trump, soit il s’agit bien d’une « déclaration de guerre commerciale ». Si c’est cette dernière option qui est envisagée par D. Trump alors nul doute que les autorités chinoises riposteront. En modifiant de nouveau fin décembre 2016 son panier de monnaies de référence pour fixer le cours du yuan, la PBoC semble d’ores et déjà anticiper les choses. En effet, en diminuant le poids du dollar et des monnaies qui sont ancrées au dollar de 2,4 %, la Chine se déconnecte un peu plus encore de son ancrage au dollar et ouvre la porte à de plus amples dépréciations. Outre sa monnaie, qu’elle peut déprécier de manière considérable, la Chine dispose de plusieurs « armes de dissuasion ». Elle peut par exemple décider de vendre massivement la dette américaine qu’elle détient. Gra Sources : BRI, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 35 MLS IDN IND CHN PER MEX COL CHL BRA ARG # 01 Janvier 2017 0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 140% Sources : BRI, Recherche Amundi (lorsqu’on tient compte du PIB réel) et le premier importateur de matières premières, de nombreux pays émergents qui sont fortement intégrés dans la chaîne de valeur ajoutée chinoise (pays asiatiques), exportateurs nets de matières premières, ou dont les performances sont liées à l’évolution du yuan seraient également affaiblis. Pour conclure, l’arrivée de D. Trump aux plus hautes fonctions de l’administration américaine, n’est pas à ce stade ce qu’on pouvait espérer de mieux pour les économies émergentes notamment pour celles qui commençaient à voir leurs perspectives s’améliorer après des années plutôt difficiles. Si D. Trump et son administration mettent en œuvre l’ensemble des mesures protectionnistes et isolationnistes annoncées, les pays les plus vulnérables pourraient ne pas en sortir indemnes. Une guerre commerciale avec la Chine serait le pire des scénarios. Les pays émergents seraient les plus exposés mais les marchés financiers mondiaux ne seraient pas non plus épargnés. 3 Vulnérabilité à une appréciation Vulnérabilité face àface une appréciation du dollar du dollar 140% Dette libellée en monnaie étrangère (%PIB) 120% Réserves de change (%PIB) 100% 80% 60% 40% 20% CHN SAB IND THL ARG SKR MXN BRA RUS SAR IDN RMN KOR CZR POL PHL MLS COL TKY PER BLG CHL HUN CRO 0% Sources : BRI, Recherche Amundi 36 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 28 décembre 2016 4 Mexique : quelles perspectives ? L’essentiel SOSI VARTANESYAN, Stratégie et Recherche Économique Le Mexique est confronté à d’importantes difficultés extérieures et ce dans un contexte où la croissance décélère L’optimisme entourant le vaste calendrier de réformes d’Enrique Peña Nieto lancé en 2013 a maintenant laissé place au pessimisme à l’égard du Mexique, surtout depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Comme on le sait, les liens commerciaux et financiers du Mexique avec les États-Unis sont étroits ; reste à voir donc si le prochain Président appliquera ses promesses électorales, surtout sur le plan des relations commerciales. Pendant cette période d’incertitudes, le déficit de confiance des investisseurs risque de continuer à peser sur les actifs mexicains, la devise, les investissements domestiques, les investissements directs étrangers (IDE) et la croissance du PIB. Parallèlement, il est essentiel que le Mexique poursuive sa consolidation budgétaire et les réformes du secteur pétrolier afin de gagner la confiance du marché et d’éviter des révisions à la baisse de sa note de solvabilité par les agences de notation. Côté bonnes nouvelles, des mesures ont enfin été prises pour renforcer la position financière de Pemex et pour stabiliser la production de pétrole. À cet égard, le récent succès des enchères pétrolières est très prometteur pour les finances de Pemex, la production pétrolière future et les investissements directs étrangers. > Quelques faits • Le Président américain a pratiquement les pleins pouvoirs constitutionnels à l’égard des affaires étrangères, ce qui lui permet d’imposer des restrictions commerciales ou de sortir de traités existants sans l’accord du Congrès grâce à diverses lois en vigueur. • Une guerre commerciale (avec le Mexique ou la Chine), serait néfaste à la croissance et l’emploi américain, car la plupart des exportations mexicaines vers les États-Unis sont des biens intermédiaires (par exemple, des composants pour l’industrie automobile). • Les exportations annuelles du Mexique vers les États-Unis représentent près de 20 % de son PIB ou 80 % de ses exportations totales, et le secteur manufacturier à forte valeur ajoutée devrait être le plus pénalisé par le protectionnisme commercial. • Les transferts des migrants depuis les États-Unis représentent 2 % du PIB mexicain, mais ils ne proviennent pas tous d’immigrants clandestins mexicains. À l’heure actuelle, beaucoup d’incertitudes demeurent concernant la future politique américaine et son impact potentiel. Même si les États-Unis se retiraient de l’ALÉNA, imposaient des tarifs douaniers ou d’autres restrictions commerciales, ou limitaient les transferts des migrants, il faudrait calculer l’impact exact de ces mesures sur l’économie mexicaine. PRINCIPAUX INDICATEURS ÉCONOMIQUES Population : 127 millions 2011 2012 2013 2014 2015 2016-est 2017-P PIB réel, variation en % 3,9 4,0 1,4 2,2 2,6 2,1 2,0 IPC, variation en % 3,4 4,1 3,8 4,0 2,7 3,2 3,4 Finances publiques globales (en % du PIB) -3,4 -3,8 -3,8 -4,6 -4,1 -3,0 -2,9 Dette publique globale (en % du PIB) 1 37,5 37,7 40,4 43,2 47,6 50,5 50,2 Balance courante (en % du PIB) -1,1 -1,4 -2,4 -1,9 -2,8 -3,1 -3,0 Dette extérieure brute (en % du PIB) 24,0 29,1 31,4 32,8 36,5 42,0 42,4 1 L’optimisme entourant le vaste calendrier de réformes d’Enrique Peña Nieto lancé en 2013 a maintenant laissé place au pessimisme à l’égard du Mexique, surtout depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Comme on le sait, les liens commerciaux et financiers du Mexique avec les États-Unis sont étroits ; reste donc à voir si le prochain Président appliquera ses promesses électorales, surtout sur le plan des relations commerciales. Pendant cette période d’incertitudes, le déficit de confiance des investisseurs risque de continuer à peser sur les actifs mexicains, la devise, les investissements domestiques, les investissements directs étrangers (IDE) et la croissance du PIB. Parallèlement, il est essentiel que le Mexique poursuive sa consolidation budgétaire et les réformes du secteur pétrolier afin de gagner la confiance du marché et d’éviter des révisions à la baisse de sa note de solvabilité par les agences de notation. Des mesures ont enfin été prises pour renforcer la position financière de Pemex et stabiliser la production de pétrole. Le récent succès des enchères pétrolières est très prometteur pour les finances de Pemex, la production pétrolière future et les investissements directs étrangers Inclut le gouvernement fédéral, Pemex et les banques de développement. Source : Recherche Amundi/FMI/Hacienda/agences de notation Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 37 # 01 Janvier 2017 Pourquoi le Mexique a-t-il déçu ? 1. Les finances publiques du Mexique se sont dégradées et le poids de la dette publique a progressé ces dernières années, en partie en raison de la chute des prix du pétrole et de son impact négatif sur les recettes budgétaires. Les finances publiques du Mexique se sont dégradées et le poids de la dette publique a progressé ces dernières années 2. La réforme du secteur énergétique a été retardée, entraînant un recul progressif de la production de pétrole et la dégradation de la situation financière de Pemex. 3. Les perspectives de croissance à court et moyen terme ont diminué en raison de facteurs externes et de retards de mise en place des réformes structurelles, surtout dans le secteur de l’énergie. 4. Les comptes extérieurs affichent des déséquilibres plus importants surtout si on prend en compte les erreurs et les omissions, qui expliquent dans une certaine mesure la faiblesse du peso. Les notes de solvabilité resteront sous pression Dans ce contexte, les agences de notation, qui avaient relevé la note du Mexique en 2013-2014 ont émis des perspectives négatives en 2016. • La note de Moody’s est actuellement de A3 avec perspective négative et S & P a placé sa note BBB + sous surveillance négative. Pour le moment, malgré la persistance de pressions baissières sur sa note de solvabilité, le Mexique devrait garder le statut Investment Grade • Ces deux révisions ont été attribuables à plusieurs facteurs : le choc pétrolier, le recul de la production pétrolière, la dégradation des finances publiques, l’accroissement de la charge de la dette publique et les passifs éventuels liés à Pemex. • Des politiques intérieures défavorables et la mise en place par les ÉtatsUnis de mesures très protectionnistes entraîneraient probablement de nouvelles baisses de la note du Mexique en raison de leur impact négatif sur la croissance et donc sur les finances publiques. Pour le moment, malgré la persistance de pressions baissières sur sa note de solvabilité, le Mexique devrait garder le statut Investment Grade. L’évolution de la situation à moyen terme dépendra à la fois de l’orientation des politiques nationales et internationales. La croissance modeste du PIB devrait être légèrement dopée par les réformes structurelles à moyen terme La croissance du PIB a été molle ces dernières années, en partie à cause de la baisse des prix du pétrole, ainsi que du ralentissement de la croissance du PIB américain et mondial. En moyenne, la croissance du PIB du Mexique reste inférieure à celle de ses homologues d’Amérique latine. À terme, la nouvelle orientation de la politique américaine, la baisse possible des IDE, et une politique monétaire plus restrictive ne présagent rien de bon pour la croissance. La plupart des économistes prévoient une croissance du PIB inférieure à 2 % pour l’année 2017 et en dessous de 2,5 % en 2018. Selon un rapport très récent du FMI 1, la croissance potentielle du PIB mexicain devrait légèrement augmenter à moyen terme à 2,75 % grâce au calendrier de réformes structurelles annoncé fin 2012. Il y a quelques années, les estimations du FMI de croissance potentielle du PIB mexicain étaient bien plus élevées, de l’ordre de 3,5 % à 4 %. Si les relations commerciales avec les États-Unis ne sont pas trop altérées, la croissance du PIB mexicain devrait rester fortement corrélée à la production industrielle/croissance du PIB américain, et devrait donc bénéficier de l’accélération de la croissance américaine. French version 1 10,0 8,0 Croissance du composantes Croissance du Pib PIBetetses ses composantes Cons.publique Investissement Imports Cons.privée Exports PIB 6,0 4,0 2,0 0,0 -2,0 -4,0 T1 2012 T2 2012 T3 2012 T4 2012 T1 2013 T2 2013 T3 2013 T4 2013 T1 2014 T2 2014 T3 2014 T4 2014 T1 2015 T2 2015 T3 2015 T4 2015 T1 2016 T2 2016 T3 2016 -6,0 1 FMI : « Mexico 2016 Article IV Consultation », novembre 2016. 38 Source : Datastream, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier Gr -4,0 # 01 T1 2012 T2 2012 T3 2012 T4 2012 T1 2013 T2 2013 T3 2013 T4 2013 T1 2014 T2 2014 T3 2014 T4 2014 T1 2015 T2 2015 T3 2015 T4 2015 T1 2016 T2 2016 T3 2016 -6,0 Janvier 2017 Source : Datastream, Recherche Amundi La faiblesse du peso (MXN) devrait persister malgré une politique monétaire restrictive 2 Le MXN a été la devise émergente la moins performante en 2016, cédant 17 % face à l’USD et 13 % depuis les élections américaines. 22 18 4 3 16 2 MXNUSD Inflation (éch.dr) taux directeur (éch.dr) 14 Réserves de change excl Or (mds de dollars) 190 2 1 170 0 150 -1,1 -1,1 -2,3 -2,9 -1,9 -2,4 1 2 0 ,3 110 8 7 ,1 -2,8 70 -5 50 Balance des Biens Balance des Transferts courants Balance courante Balance des Services Revenus courants Source: IFS / Recherche Amundi 9 5 ,1 7 4 ,1 90 -3,2 -4 1 7 3 ,5 1 7 1 ,0 1 4 4 ,0 130 -1,4 1 9 0 ,9 4 4 ,7 5 0 ,6 5 9 ,0 30 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 nov-16 -3 -1,0 -1,4 -1,9 -2 1 7 5 ,4 1 6 0 ,4 -0,5 -0,8 -1,1 01-17 Source : Datastream, Recherche Amundi 3 -0,9 12-16 11-16 10-16 09-16 08-16 07-16 06-16 05-16 0 Balance courante et ses composantes (%PIB) -1 1 12 04-16 Le déficit courant se creuse depuis 2013, en raison d’un déficit commercial plus prononcé lié en partie à la balance commerciale du pétrole, déficitaire depuis 2015. Les exportations hors pétrole (hors automobiles) ont aussi reculé principalement en raison du ralentissement du secteur manufacturier aux ÉtatsUnis, premier partenaire commercial du Mexique. 6 5 03-16 Le creusement des déficits courants plus le solde négatif du poste erreurs et omissions ne sont pas couverts par les entrées nettes d’IDE 20 02-16 Compte tenu des incertitudes persistantes entourant la politique américaine, et les tendances plutôt défavorables de la balance des paiements ci-dessous, la faiblesse du MXN devrait se poursuivre. 7 El e c t i o n d e Tr u m p = > 1 3 % d é p r é c ia t io n d u p e s o 01-16 Malgré la dépréciation marquée du peso, la banque centrale est parvenue à maintenir l’inflation proche de l’objectif de 3 % (+ ou — 1 %) grâce à cinq relèvements de taux de 50 pb en 2016, portant ainsi le taux directeur à 5,75 %. En 2017, d’autres hausses de taux sont à prévoir. Change etPolitique politiqueMonétaire monétaire Change et Source : IFS, Recherche Amundi 36,2 4,5 4,0 3,5 3,0 40,4 37,5 37,7 2,9 3,0 2,5 2017f 2016e 2015 2014 30 2013 Les flux nets de portefeuille sont devenus négatifs au deuxième trimestre 2016 principalement du fait de sorties de capitaux, notamment relatifs aux instruments de dette à court terme. Dans ce contexte, un taux de change flottant reste essentiel pour permettre à l’économie de s’ajuster aux chocs extérieurs. 43,2 40 35 5,0 47,6 3,4 2012 Si le Mexique réussit la réforme du secteur énergétique et que les États-Unis n’adoptent pas de posture protectionniste, les IDE pourraient augmenter. Dans le cas contraire, ils pourraient baisser. 45 2011 Conséquence de ces tendances, la dette extérieure du Mexique et les engagements nets extérieurs devraient augmenter avec le temps, ce qui n’est pas positif pour les obligations. En fait, la dette extérieure par rapport au PIB (qui inclut les détentions de titres souverains par des non-résidents) est passée de 29 % du PIB en 2012 à 42 % en 2016. Le totalFinances des réserves Publiques (%PIB) a reculé depuis fin 2014 65 Déficit public (éch.dr) en raison du creusement Dette publique (éch.gau) 60 4,6 du déficit courant et du 55 ralentissement des4,1flux 3,9 50 3,8 3,8 entrants de portefeuille 50,5 50,2 2010 Le déficit courant devrait rester proche de 3 % du PIB au cours des prochaines années. Les erreurs et omissions nettes représentent en moyenne -1,5 % du PIB par an depuis 2012. La somme de ces deux chiffres négatifs impliquerait un besoin de financements extérieurs supérieurs à 4 % du PIB par an, alors que les entrées nettes d’IDE ne représentent actuellement que 1,5 % du PIB. La persistance d’amples erreurs et omissions nettes négatives pourrait expliquer en partie la faiblesse du peso mexicain, facteur généralement ignoré par la plupart des modèles. Source : Min. des Finances, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 39 2 1 01-17 0 12-16 11-16 # 01 10-16 09-16 08-16 07-16 06-16 05-16 22 02-16 Janvier 2017 01-16 12 04-16 14 03-16 MXNUSD Inflation (éch.dr) taux directeur (éch.dr) Change et Politique Monétaire 7 Source : Datastream, El e Recherche c t i o n d e TrAmundi u m p = > 1 3 % d é p r é c ia t io n d u p e s o 20 6 5 Selon les prévisions du gouvernement, l’endettement public global devrait dépasser 50 % du PIB en 2016, rester stable en 2017 et ensuite reculer. L’endettement par rapport au PIB était de 40 % en 2013. L’ajustement budgétaire est d’autant plus important pour la qualité du crédit et la note souveraine, puisque les agences de notation considèrent la hausse du poids de la dette et de la charge des intérêts (actuellement 9 % des recettes publiques) - ainsi que la matérialisation d’éventuels passifs liés à Pemex - comme les éléments déclencheurs d’une révision à la baisse. Conclusion 1 01-17 0 12-16 11-16 10-16 09-16 08-16 07-16 06-16 05-16 04-16 03-16 02-16 9 5 ,1 2 1 7 1 ,0 70 4 4 ,7 5 0 ,6 5 9 ,0 50 Réserves de change excl Or (mds de dollars) 30 190 1 7 5 ,4 1 6 0 ,4 Source : IFS, Recherche Amundi 170 1 9 0 ,9 1 7 1 ,0 1 4 4 ,0 150 1 7 3 ,5 1 2 0 , (%PIB) 3 Finances Publiques 130 110 65 8 7 ,1 9 5 ,1 5,0 Déficit public (éch.dr) Actuellement, moins de 14 % 90 4 ,1 Dette 7 publique (éch.gau) 60 4,6 5 9 ,0 des recettes budgétaires 4,5 70 5 0 ,6 4 4 , 7 55 50 4,1 proviennent du secteur 3,9 30 50pétrolier, 3,8 contre 39 % en 20124,0 3,8 50,5 50,2 45 47,6 3,4 3,5 Source : IFS, Recherche Amundi 3,0 40,4 2016e 4 30 65 37,5 37,7 FinancesPubliques publiques (%PIB) 36,2 Finances (%PIB) 2015 35 Déficit public (éch.dr) Dette publique (éch.gau) 60 Source : Min. des Finances, Recherche Amundi 4,6 55 50 3,8 4,5 50,5 50,2 47,6 3,4 43,2 3,5 3,0 40,4 36,2 2,5 5,0 4,0 3,8 40 35 3,0 4,1 3,9 45 2,9 2017f 43,2 40 37,5 37,7 2,9 3,0 2,5 2017f 2016e 2015 2014 2013 2012 2011 2010 30 Le Mexique fait des efforts pour respecter son calendrier de réformes et regagner la confiance du marché via des réformes structurelles, notamment au niveau des finances publiques et du secteur de l’énergie. Même si les ajustements budgétaires restent très importants pour la qualité du crédit et la notation de la solvabilité, la politique commerciale et le protectionnisme des États-Unis, ainsi que le prix du pétrole, seront des éléments clé de l’évolution de l’économie et de la performance des actifs mexicains. 2 8 7 ,1 2014 Le budget 2017 – basé sur des prévisions de croissance du PIB de 2 à 3 % en 2017, une nouvelle hausse des taux de 100 pb et un prix du pétrole à 42 USD/ baril – prévoit une réduction du déficit budgétaire à 2,9 % du PIB en 2017 et à 2,5 % en 2018 (contre 3,0 % en 2016), et un excédent primaire de 0,4 % du PIB. Le gouvernement dispose d’environ 0,5 % du PIB en ressources dans le Fonds de Stabilisation qu’il pourrait utiliser en cas de dérapage du déficit budgétaire. De plus, l’excédent de la banque centrale généré par la dépréciation du MXN n’est pas inclus dans les recettes. Par conséquent, nous pensons que même si la croissance du PIB était inférieure à la fourchette de 2 à 3 % en 2017, les objectifs budgétaires devraient être respectés. 1 7 3 ,5 Source Amundi 90 : Datastream, Recherche 7 4 ,1 2013 Côté bonnes nouvelles, les réformes budgétaires de 2013, les plans récents de redressement financier de Pemex et les projets de consolidation budgétaire du gouvernement devraient réduire le déficit budgétaire, stabiliser le ratio d’endettement par rapport au PIB, ainsi que stabiliser la production de pétrole, en repli depuis 2009. 110 2012 La dette publique a augmenté du fait de déficits budgétaires plus importants en 2014 et en 2015, de la chute du prix du pétrole et de la faiblesse de la croissance du PIB. La chute des cours pétroliers réduit les recettes du secteur pétrolier (actuellement à 3,4 % du PIB ou 13,5 % des recettes, contre 8,9 % du PIB et 39 % des recettes en 2012). 130 12 3 1 9 0 ,9 MXNUSD 1 4 4 ,0 Inflation (éch.dr) taux directeur 1 2 0 , 3(éch.dr) 2011 Un plan de consolidation budgétaire pour réduire les déficits et diminuer la dépendance aux recettes pétrolières 170 14 150 01-16 Les titres souverains détenus par les non-résidents représentent 105 milliards USD, et sont donc largement couverts par le coussin de liquidités extérieures en cas de sorties brutales. Toutefois, la part des emprunts d’État en devise locale détenus par des non-résidents est élevée (35 % du total de la dette en devise locale et près de 50 % du total de la dette publique), ce qui fragilise la balance des paiements en cas de sorties soudaines de capitaux. 1 7 5 ,4 1 6 0 ,4 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 nov-16 Les réserves représentent 5 mois d’importations de biens et services, 15 % du PIB, 110 % des indicateurs d’adéquation des réserves du FMI (ARA) et 120 % des besoins de financement extérieur bruts2. 16 190 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 nov-16 Le Mexique bénéficie d’une ligne de crédit flexible de 85 milliards USD du FMI et ses réserves internationales s’élèvent à 174 milliards USD (y compris l’or). Le total des réserves a reculé depuis fin 2014 en raison du creusement du déficit courant et du ralentissement des flux de portefeuille entrants (ces derniers sont récemment passés en territoire négatif). de changede excl Or (mds deOr dollars) change excl 18 RéservesRéserves 3 4 (mds de dollars) 2010 Recul des réserves internationales, mais liquidité extérieure adéquate Source : Min. des Finances, Recherche Amundi Source : FMI. Les besoins de financement extérieur bruts sont la somme du déficit courant, plus l’amortissement de la dette extérieure à court et long terme sur les 12 prochains mois. Ce ratio pourrait être abaissé si des erreurs négatives et des omissions importantes réapparaissent en 2017. 40 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 16 décembre 2016 5 Chine : les 10 grandes interrogations L’essentiel des investisseurs pour 2017 MO JI, Stratégie et Recherche Économique N o u s i d e n t i f i o n s 10 g r a n d e s interrogations des investisseurs en ce qui concerne la Chine en 2017. Nous pensons que l’indice des prix à la production et les investissements privés chinois atteindront leur pic plus tard que le marché ne l’anticipe, mais l’important est avant tout que leur évolution reste positive. Le pic des investissements immobiliers sera atteint lui aussi plus tard que prévu, cependant sans impact important sur l’économie ; en réalité, celle-ci sera principalement affectée par le problème des surcapacités mais la demande fondamentale générée par la stabilisation de l’activité restera le moteur du rebond des prix des matières premières. Les investisseurs doivent choisir quel positionnement adopter, quel que soit le niveau des incertitudes au sujet de l’année à venir. Voici les 10 grandes questions qui nous ont été souvent posées récemment ou qui, selon nous, méritent vraiment que l’on s’y attarde en tant qu’intervenants de marché. Question #1 Quand sera atteint le pic de l’IPP chinois ? Contrairement au marché, nous avions prévu le redressement de l’indice des prix à la production (IPP) qui s’opère depuis octobre 2015 (14 mois consécutifs d’amélioration et une évolution de nouveau positive depuis trois mois en septembre, octobre et novembre 2016). Plus important, à 3,3 %, l’IPP de novembre 2016 est ressorti encore plus élevé que l’indice des prix à la consommation (IPC) (2,3 %), signalant une forte accélération des prix à la production après des niveaux très déprimés pendant plus de 4 ans. Or le marché ne s’est intéressé qu’aux trois derniers mois, où la tendance de l’IPP est redevenue positive. Et comme les investisseurs ont tendance à réfléchir sur le court terme, leur prochaine interrogation va concerner le pic à venir de l’IPP. 5. Le pic de l’IPP chinois sera atteint plus tard qu’au 1er trimestre (la prévision du marché), à savoir probablement au 2 e , voire au 3 e trimestre à cause des effets de base et des obstacles qui se vont se présenter sur le front économique ; La politique monétaire chinoise ne sera pas plus restrictive, mais au contraire beaucoup plus accommodante en 2017. Les sorties de capitaux ne seront pas aussi importantes que le marché ne le redoute au 1er trimestre 2017. Ses craintes et celles de la PBOC devraient être apaisées quand les flux sortants retomberont. Plus qu’aux tweets de Donald Trump, c’est à la composition du Congrès que doivent s’intéresser les investisseurs, et notamment aux conséquences pour la politique vis-à-vis de la Chine. Les actions chinoises devraient rebondir en 2017, et la correction des obligations ne devrait pas durer. Enfin, il faut s’attendre à des tensions haussières sur le taux de change USD/CNY dans un premier temps, puis à des pressions baissières plus tard dans l’année. 6. La question du pic n’est pas si importante. L’important est que l’IPP garde une évolution positive, ce qui selon nous est très probable. Cela devrait avoir un impact majeur sur les bénéfices des entreprises en 2017. Question #2 Quand les investissements privés chinois vont-ils adopter une tendance baissière ? Quand la croissance des investissements privés chinois est devenue négative en juillet 2016, le marché s’est tout de suite affolé, redoutant que la stabilisation de l’économie soit arrivée à son terme et que la Chine bascule dans le piège d’investissements privés toujours plus faibles. À rebours du consensus, nous avions alors estimé que la tendance allait redevenir positive, et cela fait effectivement 4 mois que les investissements privés sont en hausse (plus de +5 % en novembre). Nous pensons que : 2. Là encore, l’important est que l’évolution des investissements privés reste positive, peu importe quand le pic sera atteint. La marge d’amélioration de la croissance des investissements privés est nettement plus grande que celle de l’IPP. 3. La morosité des investissements privés est la principale raison qui explique la léthargie de la croissance mondiale. Les marchés ont beau prévoir un rebond depuis cinq ans, c’est un recul que l’on observe dans toutes les économies. Cette fois, il se peut que la Chine fasse exception et connaisse une vraie amélioration de ses investissements privés susceptible de durer plus longtemps que prévu. Question #3 Quand les investissements immobiliers chinois vont-ils adopter une tendance baissière ? Depuis les mesures restrictives instaurées par la Chine en septembre/ octobre 2016, le marché prévoit une baisse des volumes, puis des prix de l’immobilier, et un recul des investissements immobiliers un trimestre plus tard, French version 1 Indice desIPP prixdeàlalaChine production en % de la Chine en % 8 4 0 -4 -8 01-11 05-11 09-11 01-12 05-12 09-12 01-13 05-13 09-13 01-14 05-14 09-14 01-15 05-15 09-15 01-16 05-16 09-16 1. Les investissements privés sont repartis et témoignent de la vigueur sousjacente de l’économie réelle, et que par conséquent, ils atteindront leur pic plus tard que le marché ne l’anticipe. Autrement dit, la durée de la reprise sera plus longue que ne l’anticipent actuellement les investisseurs. Source : Bloomberg, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 41 Investissements privés chinois variation anuelle en % Gr 8 # 01 4 Janvier 2017 French version 0 Gr IPP de la Chine en % -4 8 Quand les investissements immobiliers adopteront-ils une tendance baissière ? -8 4 01-11 05-11 09-11 01-12 05-12 09-12 01-13 05-13 09-13 01-14 05-14 09-14 01-15 05-15 09-15 01-16 05-16 09-16 soit au 1er trimestre 2017. Est-ce pourtant cela qui s’est produit ? Si le marché s’intéressait aux données du financement social total en novembre, il constaterait un net rebond des crédits contractés par les promoteurs. Cela signifie que d’une manière ou d’une autre, de l’argent va être consacré à des projets immobiliers au cours des prochains mois. Autrement dit : 1. Vu l’importance des crédits bancaires toujours accordés au secteur, les investissements immobiliers chinois risquent d’atteindre leur pic plus tard que le marché ne le prévoit (peut-être un, voire deux trimestres plus tard soit probablement au 2e ou au 3 e trimestre). Source : Bloomberg, Recherche Amundi 2. Il se peut que les investissements immobiliers deviennent négatifs en 2017, mais certainement pas autant que le marché l’anticipe. Il faudrait alors considérer cela comme une bonne chose dans le contexte des mesures restrictives visant à éliminer toute possibilité d’éclatement de la bulle immobilière. -4 Investissements privés chinois variation anuelle en % Investissements privés chinois 2 variation annuelle en % 01-11 05-11 09-11 01-12 05-12 09-12 01-13 05-13 09-13 01-14 05-14 09-14 01-15 05-15 09-15 01-16 05-16 09-16 09-16 06-16 03-16 12-15 09-15 06-15 03-15 12-14 09-14 06-14 12-13 03-14 09-16 06-16 03-16 12-15 09-15 06-15 03-15 12-14 09-14 06-14 03-14 12-13 5% 3 Investissements immobiliers chinois, ytd yoy % immobiliers chinois 0% Investissements ytd , ga % 11-16 09-16 07-16 05-16 03-16 01-16 11-15 09-15 07-15 -10% 10% 05-15 -5% 15% 5% : Bloomberg, Recherche Amundi Source 0% Financement social total en Chine en Mds CNY -5% 11-16 09-16 07-16 05-16 03-16 6000 2015 2016 01-16 -10% 7000 11-15 8000 Source : Bloomberg, Recherche Amundi 5000 42 09-13 Les surcapacités de la Chine sont-elles 10% Source : Bloomberg, Recherche surestimées ? Amundi -115% 09-15 Est-il vrai que la liquidité du marché domestique chinois est réduite ? Après les 6 700 milliards de CNY injectés via le financement social total au 1er trimestre 2016 (presque le double des 4 000 milliards de CNY dépensés en 2009 après la crise Investissements immobiliers chinois, ytd yoy % 4 07-15 Question #5 La Chine va-t-elle durcir sa politique monétaire en 2017 ? 9 05-15 4. Ceci nous conduit également à penser que les surcapacités ne sont pas un réel problème si toute l’économie se redresse, autrement dit si une réforme d’une ampleur plus importante est menée sur le front de l’offre. En présence de demande, il est facile de gérer les surcapacités (qui correspondent à l’offre). Dans le cas présent, la question principale porte donc bel et bien sur la demande. Source : Bloomberg, Recherche Amundi 14 03-15 3. On a tendance à surestimer les surcapacités dans les situations économiques dégradées ; mais quand l’économie se redresse, il est assez probable que les capacités restantes ne soient pas suffisantes pour répondre à la demande. -1 19 09-13 2. La réduction des capacités a atteint son objectif annuel. Le marché évoque aujourd’hui une pénurie et des importations plus élevées que prévu, accentuées par des goulets d’étranglement au niveau des transports. Cependant, nous ne partageons pas ce point de vue. Les secteurs concernés ont réduit leurs capacités excédentaires, mais au contraire, cela s’est traduit par une hausse des volumes transportés sur la même période. On parle donc toujours d’une véritable demande à laquelle l’offre existante n’est pas en mesure de répondre. 4 24 01-15 1. La demande en matières premières est nettement supérieure aux anticipations du marché. Cela s’explique par la stabilisation de l’économie chinoise, et notamment l’impact individuel de nombreux secteurs entretenant des liens forts avec les matières premières, comme l’immobilier, l’infrastructure, et même la production manufacturière. Investissements privés chinois variation anuelle en % 9 03-15 Contrairement à ce que le marché attendait en 2016, les importations chinoises de charbon, d’acier et de minerai de fer continuent à surprendre à la hausse malgré la réduction des capacités de production excédentaires (en particulier dans la sidérurgie et l’industrie houillère). Ce phénomène est dû précisément à cette réduction : les capacités réajustées ne sont plus en mesure de répondre à la demande : 14 06-13 Question #4 Les surcapacités de la Chine sont-elles surestimées ? 19 Source : Bloomberg, Recherche Amundi 06-13 4. Dans quelle mesure la bulle immobilière contribue-t-elle au redressement de l’IPP ? Autrement dit, quels seront les effets sur l’IPP quand le marché immobilier commencera à corriger ? Selon nous, ces effets seront négligeables, parce que nous ne sommes pas en présence d’un éclatement de la bulle : en réalité, le marché se stabilise progressivement, et de lui-même. -8 24 01-15 3. Les investissements dans les infrastructures sont déjà en train de prendre le relais de l’immobilier dans sa fonction de stabilisateur de l’économie chinoise ; cela limite donc l’impact d’une baisse des investissements immobiliers déjà potentiellement plus faible que ne le redoute le marché. 0 Note: T4 2016 sans les données de décembre Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 4000 Financement social total en Chine en Mds CNY 11-16 09-16 # 01 07-16 03-16 01-16 11-15 09-15 07-15 05-15 Janvier 2017 03-15 01-15 -10% 05-16 -5% Source : Bloomberg, Recherche Amundi 8000 7000 6000 Note: T4 2016 sans les données de décembre 5000 4000 3000 2000 1000 3. Il est aussi possible que le financement social total soit accru aux 2e et 3e trimestres en cas de correction du marché immobilier, mais cela dépendra des volumes injectés au 1er trimestre. 4. La croissance de l’agrégat M2 a atteint son creux en juillet 2016 à 10,2 % et devrait nettement rebondir au 1er trimestre 2017, tendance qui pourrait se poursuivre le trimestre suivant. 2015 2016 T1 0 T4 2. On peut s’attendre à une nouvelle augmentation du financement social total au 1er trimestre 2017 pour compenser une éventuelle pénurie de liquidité de début d’année. Le Nouvel An chinois commencera fin janvier et les demandes annuelles de conversion de devises à hauteur du quota de 50 000 USD sont surtout adressées en janvier. Financement social total en Chine Financement social total en Chine en Mds CNY en Mds CNY T3 1. Les conditions monétaires vont rester très accommodantes, autrement dit le volume du financement social total en 2017 ne sera pas inférieur à celui de 2016, et ce afin de contribuer à la stabilisation de l’économie pendant une année de transition politique importante. 4 T2 financière), le rythme de l’activité de crédit s’est légèrement atténué. Toutefois, si l’on compare avec 2015 (sachant que les données de décembre 2016 ne sont pas encore disponibles), le niveau des liquidités injectées en 2016 est supérieur (1 600 milliards de CNY en 2016 vs. 1 530 milliards de CNY en 2015). Nous pensons que : Source : Bloomberg, Recherche Amundi Question #6 À quel point faudra-t-il s’inquiéter des sorties de capitaux au 1er trimestre 2017 ? Les réserves de change de la Chine ont fondu d’environ 1 000 milliards USD en l’espace de 28 mois et s’établissent actuellement à 3 000 milliards USD. Jusqu’où cela peut-il aller ? D’après les statistiques d’octobre 2016, la Chine est déjà en train de devenir le 2e détenteur de bons du Trésor américains derrière le Japon. Selon nous : Faut-il s’inquiéter des sorties de capitaux au 1er trimestre 2017 ? 1. 3 000 milliards USD de réserves de change ne correspondent qu’à 21 000 milliards CNY environ, ce qui n’est pas comparable avec le niveau des dépôts domestiques de la Chine (près de 120 000 milliards CNY). Le scénario du pire est celui d’une panique bancaire précipitant 60 millions de personnes à leur banque pour bénéficier de l’échange de devises de 50 000 USD dès le mois de janvier, auquel cas les réserves de 3 000 milliards USD disparaîtraient complètement. Mais cela va-t-il se produire ? Nous sommes persuadés que non. Pourquoi ? Parce que le CNY a démontré sa stabilité et sa résistance au lendemain du Brexit et des présidentielles américaines. Les Chinois ne vont donc pas se ruer vers les devises étrangères. 0 -20 -40 -60 -80 -100 10-16 08-16 06-16 04-16 02-16 12-15 -120 10-15 1. Des tarifs douaniers punitifs de 45 % pénaliseraient les consommateurs américains, et auraient certainement un impact récessionniste marqué aux États-Unis. Nous pensons toujours que les deux parties vont se montrer 20 08-15 Les derniers tweets de Donald Trump à propos de la Chine avaient une tonalité assez sévère. Quelle importance doit-on leur accorder ? Une attitude hostile vis-à-vis de la Chine ne ferait que semer la pagaille et entraînerait une situation difficile à démêler. D’après nous : 40 06-15 Question #7 Quelle importance donner aux derniers tweets de Donald Trump concernant la Chine ? Érosion des réserves de change chinoises en Mds Érosion des réserves de change chinoises en USD Mds USD 04-15 3. 3 000 milliards USD correspondent au seuil psychologique que la Chine cherche à préserver pour l’instant. Même un niveau inférieur à 2 000 milliards USD ne doit pas trop inquiéter les marchés car il cadre aussi avec le changement de modèle économique de la Chine (plus de demande intérieure, moins d’exportations). 5 02-15 2. Les autorités sont en train de renforcer les mesures de contrôle des capitaux et vont probablement réduire le quota de 50 000 USD à 30 000, voire 10 000 USD, ce qui va limiter les possibilités de retrait de devises. Nous pensons donc que les sorties de capitaux seront bien moins importantes que ne l’anticipe le marché. Source : Bloomberg, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier USD/CNY 43 0 -80 08-16 10-16 08-16 10-16 # 01 06-16 04-16 02-16 12-15 10-15 08-15 06-15 -60 04-15 Janvier 2017 02-15 -40 -120 06-16 -20 -100 -80 : Bloomberg, Recherche Amundi Source -100 1. Le marché doit admettre que la correction du marché des actions A est terminée, même en présence d’une réévaluation interne dynamique et active. 2. La stabilisation de l’économie chinoise en 2017 va ranimer de nombreux secteurs qui ont été sanctionnés jusqu’à présent, y compris les matières premières, les activités cycliques, et même les marchés émergents. 3. L’existence de nouvelles entreprises en pleine croissance va favoriser une réévaluation à la hausse des bénéfices en 2017, et comme actuellement le consensus du marché est pessimiste, cette réévaluation se fera ressentir dans les prix des actions. Les investisseurs prévoient actuellement un pic trop précoce du cycle des bénéfices. 4. Le marché des actions chinois bénéficiera d’une liquidité abondante en 2017. La Fed est entrée dans un cycle de resserrement des taux, mais elle est très réticente à l’idée de réduire son bilan, tandis que la BCE et la BoJ vont maintenir leurs politiques accommodantes l’année prochaine. La stabilisation de l’économie chinoise en pleine année de transition politique va devoir mobiliser à la fois toutes les forces de ses politiques monétaire et budgétaire. Des capitaux devront donc se diriger vers le marché des actions étant donné le resserrement en cours du marché immobilier et la correction temporaire des obligations. C’est pourquoi nous pensons que les actions domestiques chinoises vont continuer à se redresser en 2017, et éventuellement surperformer. Question #9 La correction des obligations chinoises va-t-elle durer ? Cette question nous a souvent été posée ces dernières semaines. Depuis l’élection de Donald Trump, le rendement à 10 ans des emprunts d’État chinois est passé de 2,762 % à 3,298 %, en hausse de 53 pb à l’heure où nous écrivons. Les marchés se montrent très préoccupés par cette tendance. Plusieurs remarques à ce stade : 1. Il faut considérer les choses dans leur ensemble : depuis l’élection de Donald Trump, le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain est celui qui a le plus progressé (74 pb) : le repli des obligations est donc une tendance internationale à laquelle n’échappe pas la Chine. 2. Nous ne pensons pas que cette correction va durer, car elle est essentiellement dictée par les marchés obligataires américains, qui, selon nous, devraient se redresser à nouveau au 2nd semestre 2017. Par conséquent, les obligations chinoises devraient adopter une tendance similaire. 3. Le marché haussier des obligations qui dure depuis 35 ans ne va pas s’interrompre simplement sous l’effet de l’élection de Donald Trump : l’économie 44 04-16 02-16 12-15 10-15 08-15 06-15 04-15 02-15 6.8 USD/CNY 6.6 7.0 6.4 6.8 6.2 6.6 6.0 6.4 01-15 02-15 03-15 04-15 05-15 06-15 07-15 08-15 09-15 10-15 11-15 12-15 01-16 02-16 03-16 04-16 05-16 06-16 07-16 08-16 09-16 10-16 11-16 12-16 Les marchés ont encore en mémoire le repli cinglant de janvier 2016, où les actions domestiques chinoises (SHCOMP) avaient chuté de 25 %. Toutefois, si l’on regarde bien entre le plus bas du 27 janvier 2016 et aujourd’hui, le SHCOMP a gagné 14 %, à l’instar de l’ensemble des actions émergentes. Source 7.0 : Bloomberg, Recherche Amundi Source : Bloomberg, Recherche Amundi 6.2 6.0 01-15 02-15 03-15 04-15 05-15 06-15 07-15 08-15 09-15 10-15 11-15 12-15 01-16 02-16 03-16 04-16 05-16 06-16 07-16 08-16 09-16 10-16 11-16 12-16 Question #8 Après 1 an et demi de correction, les actions chinoises vont-elles se redresser ? USD/CNY USD/CNY INDICE SHCOMP Source : Bloomberg, Recherche Amundi 6,000 5,000 7 Actions domestiques INDICE SHCOMP chinoises Indice SHCOMP 6,000 4,000 5,000 3,000 4,000 2,000 01-15 02-15 03-15 04-15 05-15 06-15 07-15 08-15 09-15 10-15 11-15 12-15 01-16 02-16 03-16 04-16 05-16 06-16 07-16 08-16 09-16 10-16 11-16 12-16 3. La composition du Congrès américain importe beaucoup plus que les tweets du Président, et c’est à cela que le marché doit s’intéresser. 6 Source : Bloomberg, Recherche Amundi 3,000 2,000 01-15 02-15 03-15 04-15 05-15 06-15 07-15 08-15 09-15 10-15 11-15 12-15 01-16 02-16 03-16 04-16 05-16 06-16 07-16 08-16 09-16 10-16 11-16 12-16 2. Si le gouvernement Trump qualifie la Chine de manipulateur de devises, celleci peut soit choisir de ne pas réagir, soit réagir à l’extrême, en dépréciant le CNY de plus de 30 %. Reste à savoir maintenant si une dépréciation de 30 % entraînerait un atterrissage forcé de l’économie chinoise. Peut-être pas si des mesures de contrôle total des capitaux sont appliquées, ce que la Chine peut encore se permettre contrairement à de nombreux autres pays. De plus, un atterrissage forcé de la Chine entraînerait certainement l’économie mondiale sur le même chemin ; or l’économie américaine ne peut pas se le permettre, et ce n’est pas ce que veut le gouvernement Trump. -120 Rendement à 10 ans de la Chine Source : Bloomberg, Recherche Amundi 4.0 3.5 Rendement à 10 ans de la Chine 4.0 La correction des obligations chinoises va-t-elle durer ? 2.5 3.0 3.5 3.0 01-15 02-15 03-15 04-15 05-15 06-15 07-15 08-15 09-15 10-15 11-15 12-15 01-16 02-16 03-16 04-16 05-16 06-16 07-16 08-16 09-16 10-16 11-16 12-16 très pragmatiques, en particulier la Chine, qui fera tout son possible pour éviter ces tarifs douaniers. Source : Bloomberg, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 2.5 INDICE SHCOMP 6,000 # 01 Janvier 2017 5,000 mondiale est toujours caractérisée par une croissance et une inflation faibles qui influent aussi sur les marchés obligataires, et notamment chinois. 4,000 4. Nous pensons même que le triple rebond des actions, du dollar et des obligations qu’on a pu observer en 2016 peut encore très bien se reproduire en 2017. Ce qui, naturellement, aura un impact sur l’orientation des marchés obligataires internationaux. 3,000 Les projections concernant le taux de change USD/CNY fin 2017 sont relativement dispersées et vont de 6,48 à 7,65 CNY. 2017 est peut-être l’année pour laquelle il est le plus difficile d’établir une prévision de ce taux de change étant donné les incertitudes entourant la politique à venir de Donald Trump. Cependant, nous sommes convaincus que la volatilité sera surtout présente aux 1er et 2e trimestres. Le 1er trimestre et la 1re moitié du 2e trimestre correspondent aux 100 premiers jours de fonction du gouvernement Trump. Celui-ci va peut-être prendre des mesures fortes pour mettre la Chine sous pression, ce qui signifie également des tensions haussières sur le taux de change USD/CNY. Ensuite et jusqu’à la fin du 3 e trimestre, l’administration Trump va se focaliser sur des questions intérieures, et le taux USD/CNY devrait se stabiliser. La vigueur relative du dollar va certainement exercer des pressions baissières sur la parité USD/CNY. 01-15 02-15 03-15 04-15 05-15 06-15 07-15 08-15 09-15 10-15 11-15 12-15 01-16 02-16 03-16 04-16 05-16 06-16 07-16 08-16 09-16 10-16 11-16 12-16 Question #10 Où se situera le taux de change USD/CNY fin 2017 ? L’économie mondiale est toujours caractérisée par une croissance et 2,000 une inflation faibles Source : Bloomberg, Recherche Amundi 8 Rendementàà10 10ans ans (%) de lade Chine Rendement la Chine 4.0 3.5 Les pressions baissières seront supérieures aux tensions haussières, et c’est pourquoi nous maintenons notre prévision de 7,2 CNY d’ici fin 2017. Enfin, tout comme l’économie chinoise aidera à stabiliser le rythme de l’activité mondiale, le taux de change USD/CNY devrait finir par avoir un effet stabilisateur sur les autres devises internationales en 2017. Prévisions du USD/CNY : consensus Bloomberg 3.0 USD/CNY T1 17 T2 17 T3 17 T4 17 Médiane 7,00 7,05 7,05 7,10 Moyenne 6,97 7,02 7,04 7,06 Haute 7,20 7,30 7,47 7,65 Basse 6,64 6,58 6,52 6,48 01-15 02-15 03-15 04-15 05-15 06-15 07-15 08-15 09-15 10-15 11-15 12-15 01-16 02-16 03-16 04-16 05-16 06-16 07-16 08-16 09-16 10-16 11-16 12-16 2.5 Source : Bloomberg, Recherche Amundi Source : Bloomberg, Recherche Amundi Conclusion L’IPP et les investissements privés chinois atteindront leur pic plus tard que le marché ne l’anticipe, mais l’important est avant tout que leur évolution reste positive. Le pic des investissements immobiliers sera atteint lui aussi plus tard que prévu, cependant sans impact important sur l’économie ; en réalité, celle-ci sera principalement affectée par le problème des surcapacités mais la demande fondamentale générée par la stabilisation de l’activité restera le moteur du rebond des prix des matières premières. La politique monétaire chinoise ne sera pas plus restrictive, mais au contraire beaucoup plus accommodante en 2017. Les sorties de capitaux ne seront pas aussi importantes que le marché ne le redoute au 1er trimestre 2017. Ses craintes et celles de la PBOC devraient être apaisées quand les flux sortants retomberont à un certain seuil. Plus qu’aux tweets de Donald Trump, c’est à la composition du Congrès que doivent s’intéresser les investisseurs, et notamment aux conséquences pour la politique vis-à-vis de la Chine. Les actions chinoises devraient rebondir en 2017, et la correction des obligations ne devrait pas durer. Enfin, il faut s’attendre à des tensions haussières sur le taux de change USD/CNY dans un premier temps, puis à des pressions baissières plus tard dans l’année. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 45 # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 10 janvier 2017 6 Une recomposition du paysage bancaire L’essentiel italien sur fond d’augmentation de capital YASMINE DE BRAY, Analyse Financière Le montant important des créances douteuses en Italie rend le système bancaire particulièrement vulnérable à une nouvelle détérioration de la conjoncture. Le problème de capitalisation des banques italiennes trouve son origine dans l’augmentation sensible des prêts non-performants depuis 2008 et la crise des subprimes, dont l’impact a été exacerbé par la crise des emprunts d’État italiens en 2011. Le montant des prêts non-performants dans le système bancaire italien a quadruplé entre 2008 et 2014, tandis que le PIB du pays s’est contracté de 9 %. Fin 2008, les prêts non-performants représentaient 5 % du total des prêts. Aujourd’hui, la proportion est de 17 %, un niveau nettement au-dessus de la moyenne européenne (5,5 %). Cette très forte augmentation est due non seulement à la contraction du PIB italien mais aussi au pourcentage élevé des prêts aux PME et aux très longues procédures judiciaires (la saisie des actifs liés à un prêt non-performant est de sept ans en moyenne). La BCE a ainsi exigé que les banques italiennes les plus fragiles vendent leur excédent de créances douteuses. Or la valeur de marché des créances douteuses est inférieure à leur valeur comptable. Certaines banques ont tenté de lever du capital auprès d’investisseurs privés pour financer ces ventes, sans succès dans le cas de Monte dei Paschi. Selon les règles européennes, les détenteurs de dettes subordonnées, voir senior, de Monte dei Paschi, souvent des ménages italiens, auraient dû contribuer à la recapitalisation de la banque, et ainsi essuyer des pertes. Ceci aurait entrainé un mouvement de fuite des dépôts dans le pays, fragilisant encore plus le système bancaire. Les autorités ont néanmoins pu invoquer l’article 32 de la directive « BRRD », afin de recapitaliser de Monte dei Paschi en évitant des pertes aux ménages italiens et avec le support du gouvernement italien. Plans de réduction des prêts non-performants Début 2017, toutes les banques européennes (dont les banques italiennes naturellement) devront présenter un plan de réduction des prêts non-performants à la BCE. Elles devront adopter des procédures inspirées des meilleures pratiques en la matière pour atteindre des objectifs qualitatifs et quantitatifs. Celles dont les prêts non-performants resteront trop élevés devront en céder une partie et « absorber » les pertes générées. Le gouvernement italien a promulgué un décret-loi l’été dernier pour réduire les délais de saisie pour les nouveaux prêts en proposant de faciliter les procédures de recouvrement des garanties en dehors des tribunaux. Ceci devrait aussi fluidifier les procédures de recouvrement des prêts non-performants existants. Une dizaine de milliers de foyers italiens ont perdu de l’argent dans le cadre de la procédure de résolution de ces quatre banques à travers leurs investissements dans les obligations subordonnées émises par ces dernières. Dans la foulée, nombre d’épargnants se sont rués au guichet de plusieurs banques plus « systémiques » (Banca Monte dei Paschi di Siena, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca), également pénalisées par des prêts non-performants importants et des problèmes de viabilité. Sous la pression de la BCE, ces trois banques ont essayé de lever des capitaux auprès d’investisseurs privés mais en vain, en raison de mauvaises perspectives bénéficiaires et de la valeur incertaine de leurs prêts non-performants. Toutefois, comme la loi européenne interdit désormais l’aide publique et que toute procédure de bail-in peut être source d’instabilité financière compte tenu de la nature systémique des banques, la seule solution d’urgence a été de développer une solution de marché via le fonds Atlante. Ce fonds a vocation à recapitaliser les banques les plus fragiles et à acheter leurs prêts non-performants à un prix plus élevé que celui du marché (pour réduire le niveau de risque des banques tout en limitant l’impact négatif sur leur capital). Mais il n’a pu lever que 4,3 milliards d’euros auprès de banques, d’assurances et de fondations, un montant insuffisant pour améliorer la situation des trois 46 Une dizaine de milliers de foyers italiens ont perdu de l’argent lors de la mise en résolution de quatre petites banques italiennes French version Stock de créances en millions d'euros Stock dedouteuses, créances douteuses, et en % desetprêts en millions d’euros en % des prêts 1 400 000 25% 350 000 20% 300 000 250 000 15% 200 000 10% 150 000 100 000 5% 50 000 0 0% 2008-Q4 2009-Q2 2009-Q4 2010-Q2 2010-Q4 2011-Q2 2011-Q4 2012-Q2 2012-Q4 2013-Q2 2013-Q4 2014-Q2 2014-Q4 2015-Q2 2015-Q4 La BCE avait déjà commencé à s’intéresser à ce sujet lorsqu’elle est devenue l’autorité de réglementation européenne des banques et qu’elle a lancé sa Revue de la qualité des actifs en 2014. Elle était arrivée à la conclusion que les plus grandes banques italiennes avaient besoin de renforcer leurs provisions pour créances douteuses d’environ 6 milliards d’euros, un niveau plus faible que ne l’avait prévu le marché à l’époque. Un an plus tard, la BCE s’est à nouveau penché sur le stock élevé des prêts non-performants italiens, dans le sillage de la faillite de quatre petites banques (Banca delle Marche, Banca Popolare dell’Etruria, Cassa di Risparmio di Chieti et Cassa di Risparmio di Ferrara), plombées par leurs volumes de prêts non-performants. La valeur de liquidation de ces prêts a été estimée à 20 % de leur valeur nominale, un niveau plus faible que la valeur standard de ce type de prêts dans les bilans des banques (env. 50 % de la valeur nominale), laissant ainsi apparaître une pénurie encore plus importante de fonds propres pour ces établissements. Créances douteuses Ratio de créances douteuses Source : Bank of Italy, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier Créances douteuses nettes / Fonds propres durs Gr 50 000 0 0% 2008-Q4 2009-Q2 2009-Q4 2010-Q2 2010-Q4 2011-Q2 2011-Q4 2012-Q2 2012-Q4 2013-Q2 2013-Q4 2014-Q2 2014-Q4 2015-Q2 2015-Q4 # 01 Créances douteuses Ratio de créances douteuses Janvier 2017 Source : Bank of Italy, Recherche Amundi établissements en difficulté. Le 23 décembre, le nouveau gouvernement italien a décidé de mettre en place un fonds de 20 milliards d’euros pour contribuer à la recapitalisation des banques fragiles mais solvables, pourvu que leur insuffisance en capital soit attribuable à un scénario de stress, sans enclencher le régime de bail-in. Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca devraient ainsi recevoir près de 4 milliards d’euros du fonds Atlante, et Monte dei Paschi di Siena 6 à 7 milliards d’euros d’argent public. Dans le cadre de ce dernier sauvetage, les foyers italiens qui avaient acheté des obligations subordonnées de Banca Monte dei Paschi di Siena pourront recevoir des titres de dette senior sans subir de pertes. Créances douteuses nettes nettes / Fonds propres durs 2Créances douteuses / Fonds propres durs 120% 115% 113% 110% 103% 100% 107% 98% 90% 90% 80% Malgré les 10 milliards d’euros de capitaux levés entre 2011 et 2015, Banca Monte dei Paschi di Siena affichait l’un des ratios de prêts non-performants les plus élevés du pays (36 % du total de ses prêts nominaux étaient « non-performants ») et des fonds propres fragiles (ratio de fonds propres durs fully-loaded selon les règles Bâle 3 de 10,7 %). La BCE a demandé à la direction de prendre des mesures radicales pour améliorer la situation de la banque. Le plan a consisté à vendre tous les prêts en défaut à un véhicule de titrisation, créant ainsi une pénurie de capital de 6 à 7 milliards d’euros. Conformément au plan, les prêts non-performants de Banca Monte dei Paschi di Siena devaient être divisés par deux et ramenés à un niveau proche de celui de ses pairs italiens. Le fonds Atlante devait apporter 1 à 2 milliards d’euros via son investissement dans la tranche mezzanine du véhicule de titrisation des prêts non-performants, et 5 milliards d’euros devaient être levés sur le marché et/ou en convertissant de la dette subordonnée en titres de capital. Cette levée globale de fonds de 5 milliards d’euros n’a pas suscité un intérêt suffisant auprès des investisseurs, obligeant le gouvernement italien à intervenir et à passer outre les règles européennes afin de préserver la stabilité du système financier transalpin. Le risque d’une crise de liquidité dans le système bancaire italien a donc sensiblement diminué. Les banques italiennes continuent néanmoins à pâtir d’un stock élevé de prêts non-performants (par rapport à la moyenne européenne), témoignant d’un manque global de fonds propres dans le système bancaire. La 2e banque italienne, UniCredit, lève actuellement 13 milliards d’euros de capital pour rapprocher la valeur comptable de ses prêts non-performants de leur valeur de marché. Le but est de diviser par deux ses prêts non-performants en Italie. La nouvelle entité Banco BPM devra également mettre en œuvre un plan de réduction de 25 % de ses prêts non-performants d’ici 2019. De même, UBI Banca va devoir lever des fonds propres (400 millions d’euros) au 1er semestre 2017 pour financer la reprise de trois des quatre petites banques qui avaient fait faillite l’année dernière. Banca Popolare Emilia Romagna pourrait par ailleurs racheter son homologue fragilisé Credito Valtellinese si ce dernier réduit le niveau de risque de son bilan en vendant une partie de ses prêts nonperformants. 2017 sera sûrement synonyme de restructuration pour le secteur bancaire italien, avec un besoin global de fonds propres qui restera élevé. Il faudra toutefois plusieurs années pour réduire ces prêts non-performants et l’évolution de la conjoncture économique sera déterminante. 60% 53% 2015 2014 2013 2012 2011 2010 50% 2009 Banca Monte dei Paschi di Siena est la 3 e plus grande banque italienne, et surtout la plus vieille au monde. Les pratiques de la banque en matière de gouvernance se sont révélées désastreuses en raison d’un lien très fort avec son propriétaire, la fondation Monte dei Paschi, et l’économie locale. Son bilan s’est également beaucoup détérioré avec l’acquisition de Banca Antonveneta en 2008. 81% 70% 2008 > Focus sur Banca Monte dei Paschi di Siena Source : Rapports annuels, Recherche Amundi Title Arial 8 Bold (1 or 2 lines maxi) Il faudra plusieurs années pour réduire ces prêts non-performants Title Arial 8 Bold (1 or 2 lines maxi) Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier Title Arial 8 Bold (1 or 2 lines maxi) 47 # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 4 janvier 2017 7 L’immobilier résidentiel va continuer de contribuer L’essentiel positivement à la croissance des 4 plus grandes économies de la zone euro en 2017-2018 À l’issue de cycles nationaux très différents au cours des dernières années, l’immobilier résidentiel est à présent redevenu un contributeur positif, quoiqu’encore modeste, à la reprise économique dans les quatre plus grands pays de la zone euro. TRISTAN PERRIER, Stratégie et Recherche Économique L’immobilier résidentiel est redevenu un contributeur positif à la croissance du PIB dans chacune des quatre plus grandes économies de la zone euro au cours des derniers trimestres, une situation qui fait suite à des cycles nationaux de l’immobilier très hétérogènes depuis 1997. Si l’amélioration en cours reste modeste et doit beaucoup au faible niveau des taux d’intérêt, les corrections des prix des logements intervenues au cours des années de crise lui fournissent également une base en grande partie (quoique pas intégralement) assainie. La hausse simultanée des prix et de la construction devrait pouvoir continuer en 2017-2018 et contribuer davantage à la reprise économique sans grand risque, à cet horizon, de générer de nouvelles bulles problématiques pour la stabilité économique et financière. S’ajoutant au soutien apporté par le faible niveau des taux d’intérêt, le retour à des valorisations plus raisonnables après les importantes corrections de prix des années de crise fournit une base solide à ce rebond qui devrait s’intensifier à l’horizon 2017-2018, tandis que le risque de nouvelle bulle est encore distant. Ce retournement cyclique ne signifie pas, pour autant, une réduction décisive des rigidités structurelles du marché de l’immobilier résidentiel qui restent un frein pour l’amélioration économique de long terme. Immobilier résidentiel : des cycles nationaux très différents depuis 1997 Comme le montrent les graphiques 1, 2 et 3, les cycles de l’immobilier résidentiel (construction et prix) des quatre grands pays de la zone euro ont été très divergents entre 1997 (début du cycle haussier des prix réels des logements à l’échelle de la zone euro) et 2016. - En opposition de phase avec les trois autres pays considérés, l’Allemagne a connu une baisse des prix des logements jusqu’en 2010 (malgré de fortes différences régionales) tandis que la construction y est restée très atone et l’endettement immobilier faible. Depuis 2010, cependant, prix et construction sont revenus sur une trajectoire haussière. L’amélioration du pouvoir d’achat immobilier n’est pas dueFrench seulement version à la baisse des taux d’intérêt - L’Espagne a connu, jusqu’en 2006 un phénomène typique de triple bulle des prix des logements, de la construction et de l’endettement immobilier, facteur successivement de croissance économique forte mais déséquilibrée puis de crise financière et de récession. - En Italie, l’immobilier résidentiel a connu, jusqu’en 2007, des variations de sens similaires à celles observées en France, quoiqu’avec une hausse des prix de bien moindre ampleur. La correction des prix et de la construction y a ensuite été encore plus sévère dans le contexte de récession prolongée qu’a connu ce pays. Une contribution à la croissance redevenue positive, mais qui reste modeste À l’issue de ces trajectoires différentes, l’immobilier résidentiel est redevenu (ou resté, dans le cas de l’Allemagne) un contributeur positif direct, via la construction, à la croissance économique dans chacun des quatre pays. Toutefois, cette contribution (cf. graphique 3) est encore limitée : environ 0.15 pp de PIB, au total, entre le T3 2015 et le T3 2016 (dernière période glissante d’un an pour laquelle des chiffres sont disponibles). Elle reste par ailleurs inégale, surtout portée par l’Allemagne et, dans une moindre mesure, par les rebonds observés depuis quelques trimestres en Italie et en Espagne. En France, le retournement n’a eu lieu que très récemment. L’emploi dans la construction (y compris non résidentielle) s’améliore également, quoique de façon irrégulière (graphique 4). 35 000 emplois ont ainsi 1 240 220 200 180 Prix Allemagne Prix France Prix Italie Prix Esp. PIB All. PIB Fra. PIB Ital. PIB Esp. 160 140 120 100 80 Source : OCDE, Recherche Amundi Construction résidentielle, volume L’amélioration base 100est au T1 plus 1997 cyclique que structurelle 240 220 48 Prix réel des logements et PIB Prix réel basedes 100 logements au T1 1997 et PIB base 100 au T1 1997 prix constants base 100 1997 1997:1 1998:2 1999:3 2000:4 2002:1 2003:2 2004:3 2005:4 2007:1 2008:2 2009:3 2010:4 2012:1 2013:2 2014:3 2015:4 2017:1 - La France a constitué un cas intermédiaire, fait de hausse des prix des logements presque aussi forte qu’en Espagne (du moins en termes réels), mais sans expansion comparable de la construction et de l’endettement. La correction des prix y a ensuite été beaucoup plus limitée, mais s’est tout de même accompagnée d’un ralentissement de la construction qui, sans être un déclencheur de récession, a durablement pesé sur la croissance. Allemagne France 200 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 180 Italie Gr 100 # 01 80 T1 1997 T2 1998 T3 1999 T4 2000 T1 2002 T2 2003 T3 2004 T4 2005 T1 2007 T2 2008 T3 2009 T4 2010 T1 2012 T2 2013 T3 2014 T4 2015 T1 2017 60 Janvier 2017 Source : OCDE, Recherche Amundi Les principaux déterminants du rebond de l’immobilier vont rester positifs en 2017 Soutien essentiel du rebond, la politique de taux très bas de la BCE est probablement appelée à continuer, améliorant la solvabilité des ménages et favorisant les rotations de portefeuille des investisseurs institutionnels en faveur de l’immobilier. Un scénario alternatif de remontée des taux d’intérêt constituerait, évidemment, un risque pour le secteur, mais qui ne doit pas être exagéré : comme le montrent les graphiques 5 et 6, la baisse des taux est loin d’être le seul contributeur à l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, dont une partie est également attribuable aux évolutions récentes des revenus et des prix. Les baisses de prix durant les années de crise ont en effet permis de réduire considérablement les valorisations excessives. C’est manifestement le cas en Italie et en Espagne si l’on considère des indicateurs tels que le prix des logements par rapport aux loyers ou au revenu des ménages (cf. graphique 7 : si certains de ces ratios sont un peu supérieurs à leur niveau de 1997, la surévaluation n’a plus rien de commun avec la situation qui prévalait en haut de cycle). C’est, en revanche, moins le cas en France faute de correction suffisante : l’essentiel de l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages y est donc dû à la baisse des taux, ce qui constitue un facteur de fragilité. Enfin, la hausse des prix intervenue en Allemagne depuis 2010 n’a pas compensé la baisse de la période 1997-2010 si l’on tient compte du fait que les revenus ont continué de progresser de façon soutenue (mais rappelons que la Bundesbank a tout de même plusieurs fois souligné le risque de bulles immobilières localisées, centrées sur quelques grandes villes aux marchés tendus). À l’ajustement de prix a également correspondu une nette baisse de l’endettement des ménages là où il était excessif, c’est-à-dire avant tout en Espagne (graphique 2). En Allemagne et en Italie, l’endettement des ménages reste très modéré. La situation est, cependant, un peu plus mitigée en France, où l’endettement a continué de croître assez fortement durant les années de crise, même si son niveau reste bien en deçà de celui observé dans les pays ayant connu les plus forts retournements de marché immobilier au cours des dernières années (l’Irlande et les Pays-Bas, en plus de l’Espagne, pour s’en tenir à la zone euro). Rappelons cependant que le volume du crédit ne donne qu’une indication très partielle de l’amplitude et de la nature du risque systémique lié à l’endettement immobilier, également très dépendant de la structure des crédits, de la présence de garanties publiques publiques implicites ou explicites, et du volume des actifs financiers détenus par les ménages endettés. 1 Voir à ce sujet : The State of the house price cycle in the euro area, ECB Economic Bulletin, Issue 6/2015. 70% 60% 50% 40% 30% 20% Allemagne France Italie Espagne 10% T4 2003 T3 2004 T2 2005 T1 2006 T4 2006 T3 2007 T2 2008 T1 2009 T4 2009 T3 2010 T2 2011 T1 2012 T4 2012 T3 2013 T2 2014 T1 2015 T4 2015 T3 2016 0% Source : BCE, Datastream, Recherche Amundi 3 Contribution dede la construction résidentielle à la Contribution la construction résidentielle croissance du PIB, pp, MM4T à la croissance du PIB, pp, MM4T 2,0% Allemagne France Italie Espagne 1,5% 1,0% 0,5% 0,0% -0,5% -1,0% -1,5% -2,0% T1 1997 T2 1998 T3 1999 T4 2000 T1 2002 T2 2003 T3 2004 T4 2005 T1 2007 T2 2008 T3 2009 T4 2010 T1 2012 T2 2013 T3 2014 T4 2015 T1 2017 Les prix nominaux des logements ont rebondi d’environ 5 % depuis leur point bas du T1 2014 pour l’ensemble de la zone euro. Ce mouvement est surtout porté par la poursuite de la tendance haussière en Allemagne et le rebond intervenu en Espagne tandis que la hausse reste récente et timide en France et se fait encore attendre en Italie. Sans être comptabilisé directement dans le PIB lorsqu’il s’agit de logements existants, ce rebond est de nature à la fois à accroître la demande de constructions neuves dans un but d’investissement (du moins en début de cycle) et d’agir positivement, via des « effets richesses », sur le moral des ménages et la consommation (notons que ce dernier effet, plus difficile à comptabiliser, est en général considéré comme nettement moins important en zone euro qu’aux États-Unis, notamment en raison de l’impossibilité règlementaire d’utiliser des hypothèques rechargeables) 1. Dette immobilière des ménages, Dette immobilière des ménages, % du PIB % du PIB 2 Source : OCDE, Recherche Amundi 4 Emploi delalaconstruction construction Emploi de en %de del'emploi l’emploi total en % total 14% Allemagne France Italie Espagne 13% 12% 11% 10% 9% 8% 7% 6% 5% T2 1998 T2 1999 T2 2000 T2 2001 T2 2002 T2 2003 T2 2004 T2 2005 T2 2006 T2 2007 T2 2008 T2 2009 T2 2010 T2 2011 T2 2012 T2 2013 T2 2014 T2 2015 T2 2016 été créés dans ce secteur dans les quatre pays considérés entre le T3 2015 et T3 2016, malgré une stagnation en France et une baisse qui continue en Italie. Le rebond reste très modéré si l’on considère le fait que, au total, seulement 270 000 emplois ont été récupérés dans la construction (surtout en Allemagne) après une destruction maximale de 2,3 millions d’emplois (un processus particulièrement fort en Espagne) durant les années de crise. Source: OCDE, Recherche Amundi Variation du pouvoir d'achat immobilier des49 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels dubase secteur ménages, 100financier au T1 1999** # 01 T2 1998T2 1998 T2 1999T2 1999 T2 2000T2 2000 T2 2001T2 2001 T2 2002T2 2002 T2 2003T2 2003 T2 2004T2 2004 T2 2005T2 2005 T2 2006T2 2006 T2 2007T2 2007 T2 2008T2 2008 T2 2009T2 2009 T2 2010T2 2010 T2 2011T2 2011 T2 2012T2 2012 T2 2013T2 2013 T2 2014T2 2014 T2 2015T2 2015 T2 2016T2 2016 Janvier 2017 10% 8% 9% 7% 8% 6% 7% 5% 6% 5% Source: OCDE, Recherche Amundi Variation dudu pouvoir d'achat immobilier des Variation pouvoir d’achat immobilier Recherche Amundi 5Source: OCDE, ménages, base 100 au 1999** des ménages, base 100T1au T1 1999 2 Enfin, des facteurs spécifiques à certains pays devraient également soutenir le secteur au cours des deux prochaines années. Ainsi, en Allemagne, l’afflux de réfugiés des derniers trimestres devrait continuer de se traduire par une demande accrue de logements à prix modérés. En France, plusieurs mesures d’incitations fiscales entrées en vigueur en 2016 devraient continuer de jouer positivement. En Italie, le budget 2017 prévoit des avantages fiscaux en faveur de la rénovation des logements (ou de leur reconstruction suite aux catastrophes naturelles de 2016). Les bases du rebond paraissent donc assez solides pour qu’il puisse continuer, au moins à l’horizon 2017-2018. La contribution de la construction résidentielle à la croissance devrait s’accroître au cours des prochains trimestres et s’accompagner d’une poursuite du redressement des prix. À plus long terme, le bémol le plus important concerne la France où faute d’un ajustement suffisant des prix au cours des dernières années, le retour à la hausse doit probablement trop à des mesures de soutien temporaires (régulièrement critiquées pour favoriser davantage la hausse des prix que la construction dans les régions où la demande est forte) et à l’effet des taux d’intérêt. Rappelons toutefois que cette amélioration est de nature avant tout cyclique et qu’elle ne repose que sur une résolution très partielle des nombreuses rigidités structurelles du marché immobilier, qui continueront probablement de peser sur la croissance économique comme sur le niveau de vie de façon durable. Les risques systémiques liés aux classiques « bulles » de prix et d’endettement, révélés de façon flagrante lors du cycle précédent sont, certes, désormais bien mieux contrôlés : la procédure de surveillance des déséquilibres macroéconomiques de l’Union européenne, mise en place en 2011, prévoit désormais un seuil d’alerte concernant les prix (variation de plus ou moins 6 %, en termes réels sur une année) et d’autres États membres de la zone euro, où le risque de nouvelles bulles paraît plus important (surtout l’Irlande mais aussi les Pays-Bas, où l’endettement des ménages reste très élevé), ont récemment pris des mesures macroprudentielles visant à restreindre les comportements de prêts/emprunts trop risqués. Cependant les inefficiences des mécanismes de décision en matière de construction, qui pénalisent la fluidité de la réponse de l’offre à la demande, restent un enjeu essentiel. Celui-ci n’a été que marginalement adressé par les réformes des dernières années portant sur les acteurs-clefs que sont les administrations territoriales. En zone euro où se pose de plus en plus, comme ailleurs dans le monde, le problème de l’insertion très hétérogène des différents territoires dans la mondialisation, les problématiques du logement, élément clef de l’efficacité productive des villes 2, figurent très probablement parmi les causes (et possibles leviers de réparation) du phénomène général de ralentissement de la croissance économique et de la montée du mécontentement populaire 3. Pour les décideurs européens, et surtout nationaux car les facteurs de rigidités et d’inefficiences varient grandement d’un pays à l’autre, le principal chantier de l’immobilier se trouve à présent là. 2 L’effet du taux d’intérêt retenu pour le calcul du pouvoir d’achat immobilier des ménages (graphiques 5 et 6) repose sur un calcul simplifié retenant l’évolution du montant qu’il est possible d’emprunter en payant la même mensualité constante sur 10 ans (intérêt + amortissement du capital) au taux à 10 ans de l’emprunt d’État du pays. Les contributions à l’évolution du pouvoir d’achat (graphique 6) sont calculées en logarithmes. 3 De nombreuses études existent à ce sujet, voir par exemple : Andrews, D., A. Caldera Sánchez and Å. Johansson (2011), “Housing Markets and Structural Policies in OECD Countries”, OECD Economics Department Working Papers, No. 836, OECD Publishing, Paris. 50 50 T4 1999T4 1999 T4 2000T4 2000 T4 2001T4 2001 T4 2002T4 2002 T4 2003T4 2003 T4 2004T4 2004 T4 2005T4 2005 T4 2006T4 2006 T4 2007T4 2007 T4 2008T4 2008 T4 2009T4 2009 T4 2010T4 2010 T4 2011T4 2011 T4 2012T4 2012 T4 2013T4 2013 T4 2014T4 2014 T4 2015T4 2015 T4 2016T4 2016 140Variation du pouvoir d'achat immobilier des ménages, base 100 au T1 1999** 130 140 Allemagne 120 France 130 110 Italie Allemagne Espagne 120 100 France 110 Italie 90 Espagne 100 80 90 70 80 60 70 50 60 Source : OCDE, Datastream, Recherche Amundi Composantes de la variation (log) du pouvoir d'achat Source : OCDE, Datastream, Recherche Amundi immobilier des ménages 2013-2016 Composantes la variation du pouvoir de lade variation (log) du(log) pouvoir d'achat 6Composantes Composantes de la variation du pouvoir d'achat d’achat immobilier des(log) ménages 2013-2016 60% immobilier des ménages 2013-2016 immobilier des ménages 2013-2016 50% 60% 40% 60% 50% 30% 50% 40% 20% 40% 30% 10% 30% 20% 0% 20% 10% -10% 10% 0% -20% 0% -10% Prix (inversé) Revenus -30% -10% -20% -40% Taux d'intérêt Total -20% Prix (inversé) Revenus -30% -50% Prix (inversé) Revenus -30% -40% Taux d'intérêt Total -40% Taux d'intérêt Total -50% -50% Source : OCDE, Datastream, Recherche Amundi, Source : OCDE, Datastream, Recherche Amundi, Source : OCDE, Datastream, Recherche Amundi, logarithme des variations2 Ratio prix/revenus, base 100 au T1 1997 220 7 200 220 180 200 160 180 140 160 120 140 100 120 80 100 60 80 60 Ratio prix/revenus, Ratio prix/revenus, base 100 au T1 1997 base 100 au T1 1997 Allemagne France Italie Allemagne Espagne France Italie Espagne 1997:1 1997:1 1998:2 1998:2 1999:3 1999:3 2000:4 2000:4 2002:1 2002:1 2003:2 2003:2 2004:3 2004:3 2005:4 2005:4 2007:1 2007:1 2008:2 2008:2 2009:3 2009:3 2010:4 2010:4 2012:1 2012:1 2013:2 2013:2 2014:3 2014:3 2015:4 2015:4 2017:1 2017:1 Par ailleurs, la reprise progressive de l’emploi (en hausse de 1,2 % entre le T3 2015 et le T3 2016), essentielle pour la demande de logements, est probablement appelée à continuer. Elle est due à un marché allemand particulièrement dynamique, à une forte reprise en Espagne et une amélioration plus modérée en Italie et en France (sachant que ces trois pays ont, au cours des dernières années, procédé à des modifications de leurs règlementations du marché du travail, efforts dont les effets positifs ne sont probablement pas encore épuisés). Source : OCDE, Recherche Amundi Source : OCDE, Recherche Amundi Ratio prix/loyers, base 100 au T1 1997 Ratioetprix/loyers, base 100 au 1997financier Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement autres professionnels du T1 secteur # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 22 décembre 2016 8 Marché du crédit IG en EUR : valorisations L’essentiel attractives des émetteurs financiers SERGIO BERTONCINI, Stratégie et Recherche Économique En 2016, les obligations d’entreprise en EUR ont figuré parmi les classes d’actifs les plus performantes du marché obligataire ; d’ailleurs, pour la première fois depuis des années, le crédit a aussi surperformé les emprunts d’État de la périphérie. 2016 : une année plutôt favorable aux marchés du crédit Les performances du High Yield ont égalé les plus hauts des années précédentes En 2016, les obligations d’entreprise en USD et en EUR ont enregistré les meilleures performances des marchés obligataires : les obligations HY en EUR ont généré une performance totale de 9 % (un plus haut sur 3 ans), alors que leurs consœurs américaines ont cumulé une performance près de deux fois plus élevée (17,5 %). Toutefois, si l’on exclut le secteur énergétique et des matières premières, le chiffre retombe à 12,7 %, un niveau somme toute élevé. Les obligations d’entreprise IG ont davantage souffert que les titres spéculatifs de l’effet négatif sur les performances totales de la remontée récente des rendements obligataires. La performance totale des obligations IG en USD avait atteint un plus haut à 9,5 % début septembre, avant de retomber à 5,9 % en fin d’année. Parallèlement, les obligations IG en EUR ont enregistré une performance totale de 4,7 % sur l’année, contre un pic de 6,5 % trois mois plus tôt. Parmi les principaux segments du marché obligataire en EUR, les emprunts d’État de la périphérie ont affiché une performance de 2 % après s’être relevés des plus bas du mois de novembre, et le crédit souverain des pays du cœur s’est adjugé près de 4,4 %. Cependant, les émissions financières ont nettement sous-performé au 1er semestre avant de superformer largement au 2nd, tendance qui s’est amorcée plus précisément à partir de fin juillet seulement. Dans cet article, nous revenons sur les tendances, les moteurs et la valeur relative des obligations financières, d’une part par rapport aux actions financières, et d’autre part par rapport au crédit des émetteurs non financiers. Les variables macroéconomiques, tout comme les considérations de valeur relative, apparaissent favorables aux émissions financières. La hausse des anticipations d’inflation, l’inflexion amorcée par les banques centrales dans la gestion de la courbe et l’amélioration du contexte macroéconomique (dernières surprises positives et PMI supérieurs aux attentes) sont favorables au redressement du secteur et à la poursuite de l’appréciation des financières vs. non financières entamée en juillet. Les émissions nettes positives, l’exposition limitée du segment à la dette périphérique, l’embellie des tendances du crédit et la réduction des positions sur emprunts d’État sont également des facteurs qui devraient French bénéficier aux émissionsversion financières en EUR au début de cette année. Les obligations d’entreprise ont surperformé les emprunts d’État de la périphérie pour la première fois depuis des années La surperformance par rapport aux emprunts d’État correspondants a été positive des deux côtés de l’Atlantique. Là aussi, les obligations d’entreprise américaines ont fait mieux que leurs consœurs européennes. Les titres HY américains ont enregistré une surperformance à deux chiffres, même en excluant les émetteurs des secteurs de l’énergie et des métaux/mines, alors que les titres IG en USD ont généré une surperformance proche de 5 %, soit le double des obligations IG en EUR (2,3 %). Concernant les produits de spread de la zone euro, un point d’inflexion a été observé en 2016 au niveau des performances relatives des obligations d’entreprise d’une part et des emprunts d’État de la périphérie d’autre part : on voit sur le graphique 1 que pour la première fois depuis des années, les obligations d’entreprise IG et HY ont surperformé les emprunts d’État de la périphérie. Lors de chacune des trois dernières années (de 2013 à 2015), les emprunts d’État de la périphérie avaient en effet surperformé les obligations spéculatives et IG. En outre, après leur intégration dans le QE de la BCE, les obligations d’entreprise ont enregistré une volatilité inférieure à celle des principaux indices européens des emprunts d’État. Rendements excédentaires annuels sur les obligations Rendements excédentaires annuels d'État (en %) sur les obligations d’État (en %) 1 Financières IG en EUR vs. non financières en 2016 : deux phases bien distinctes 30 25 En 2016, les financières ont sous-performé l’ensemble des obligations d’entreprise IG en EUR avec une performance totale de 3,8 % sur l’année, contre 5,5 % pour les non financières. Toutefois, ce résultat masque deux phases bien distinctes au cours de la période en revue : pour simplifier, les émissions financières ont nettement sous-performé au 1er semestre avant de surperformer largement au 2nd, tendance qui s’est amorcée plus précisément à partir de fin juillet seulement. 15 10 5 0 EUR HY EUR IG 2016 2015 2014 2013 -5 2012 La sous-performance des financières a d’abord été déclenchée par l’annonce du CSPP de la BCE, car les obligations bancaires étaient exclues du périmètre initial du QE : par conséquent, on voit sur le graphique 2 que le spread entre financières et non financières est sorti de sa fourchette précédente, à la fois sur les marchés du cœur et de la périphérie. Ensuite, le vote Brexit a rapidement entraîné un nouvel accès de sous-performance encore plus marqué : le graphique montre qu’au cours des semaines qui ont suivi le référendum 20 Periphery Govt Source : Bloomberg, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 51 Ecart entre le spread des financières et des non- 0 # 01 Janvier 2017 EUR HY 2016 2015 2014 2013 2012 -5 French EUR IGversion Periphery Govt Source : Bloomberg, Recherche Amundi Les émissions nettes d’obligations financières à nouveau positives après six années de contraction Si l’on tient compte des titres à taux variable, en réalité les émissions nettes d’obligations financières en EUR ont été légèrement positives en 2016 et ont représenté 6 milliards EUR après -65 milliards EUR en 2015 et -74 milliards EUR en 2014. Le processus de désendettement des banques a atteint son sommet en 2012 avec des émissions nettes négatives de -200 milliards EUR, entre deux années où le volume de la dette financière s’est aussi largement contracté (-175 milliards EUR en 2011 et en 2013). Le retour des banques sur le marché obligataire se confirme également dans la tendance des principaux indices : la valeur faciale du crédit des entreprises financières s’est accrue de 26 milliards EUR en 2016 (passant de 651 milliards à 677 milliards EUR actuellement) et le nombre d’obligations en circulation a augmenté de 45, 52 15 40 10 20 5 0 0 -20 02-17 10-16 2016 12-16 06-16 2015 08-16 04-16 02-16 2014 EUR HY 12-15 10-15 2013 -5 08-15 -40 EUR IGde la zone Periphery Périphérie euro Govt Cœur de Amundi la zone euro Source : Bloomberg, Recherche Source : Bloomberg, Recherche Amundi Ecart entre le spread des financières et des nonLes cours boursiers et les spreads ont récemment financières décorrélé 120 130 80 100 90 120 100 80 110 110 60 120 100 130 40 90 140 20 150 80 160 0 70 170 -20 60 180 -40 02-17 02-17 12-16 10-16 12-16 08-16 10-16 12-15 12-15 02-16 02-16 04-16 04-16 06-16 06-16 08-16 Le crédit subordonné BBB des émetteurs financiers présente globalement plus d’attrait que les BBB non financières correspondantes en termes de cumul du rendement offert en termes de rendement total Cours des actions desde Banques et de spread Périphérie la zoneeuro euro(normalisé, 10-15 10-15 En résumé, les moteurs du rebond des actions financières depuis septembre n’ont pas eu le même impact sur la dette bancaire, et ont même, dans une certaine mesure, produit un effet opposé. Les graphiques montrent que depuis septembre, le redressement des anticipations d’inflation et d’évolution des taux Euribor s’est accompagné d’un élargissement des spreads, contrairement à ce qui s’était produit pendant les mois et les trimestres précédents. De plus, sur le segment des émissions financières, le crédit subordonné a surperformé la dette senior, en particulier pendant les deux derniers mois, adoptant à tous les niveaux (depuis les « anciens » Lower Tier Two jusqu’aux plus récents titres AT1) une tendance plus en phase avec celle des actions. 60 08-15 08-15 Cependant, l’évolution du crédit et des actions en Europe affiche une relative dissociation depuis septembre 2016 : d’un côté, les actions (en particulier dans la périphérie) se sont vivement redressées, tandis que de l’autre, les spreads se sont écartés ou ne se sont que très légèrement resserrés, le crédit sous-performant de facto le marché actions. Dans le secteur financier italien, par exemple, les actions ont largement rebondi au moment où le spread des émissions bancaires était encore relativement élevé et corrélé au spread des BTP, ce dernier étant rehaussé par les incertitudes politiques. 20 06-15 2012 Parallèlement, les actions financières ont adopté une trajectoire assez similaire pendant l’essentiel de l’année : début juillet, les banques de l’indice DJ Stoxx Europe 600 ont atteint leur plus bas (35 % de moins qu’au 1er janvier, et jusqu’à 50 % voire plus pour certaines banques de la périphérie). Les actions bancaires ont ensuite rebondi pendant l’été, avant un nouveau redressement marqué en novembre et en décembre, soutenues d’abord par l’« effet Trump » sur les anticipations d’inflation, et ensuite par le QE3 « nouveau style » de la BCE. En fait, une analyse de régression simple au niveau des prix des actions des banques européennes à partir des prévisions à 18 mois des taux Euribor 3 mois et de l’inflation semble expliquer 93 % des tendances des actions bancaires depuis la mi-2015, c’est-à-dire depuis que le marché a commencé à redouter l’impact des taux négatifs et du QE sur les bénéfices des entreprises financières. 80 06-15 06-15 À noter que dans toute la zone euro, le spread des financières par rapport aux emprunts d’État a atteint son pic au lendemain du choc du Brexit, alors que le CSPP offrait aux émissions industrielles une bien meilleure protection contre la volatilité et l’impact négatif de l’accroissement de la volatilité implicite des actions (ainsi que nous l’avons souligné à de nombreuses reprises dans nos précédentes publications). Rendements excédentaires annuels sur les obligations Ecart entre spread des et des non(enfinancières %) financières Écartleentre led'État spread des 2 financières et des non- financières (en pb) 30 120 25 100 Ech.g.) Cœur de la zone euro Banques euro OAS (en b.p., inverse, Ech.d.) Source : Bloomberg, Recherche Amundi Source : Bloomberg, Recherche Amundi LesBanques cours boursiers et les spreads : les cours boursiers etont les récemment spreads Croissance des bancaires de la zone euro et décorrélé ont prêts récemment décorrélé évolution de l'indice IG Fin 130 80 15 900 90 120 13 850 100 11 110 110 800 9 120 750 100 7 130 5 700 90 140 3 650 150 80 1 600 160 -1 70 170 550 -3 60 180 -5 500 3 06-15 01-07 10-07 08-15 07-08 10-15 04-09 12-15 01-10 10-10 02-16 07-11 04-16 04-12 06-16 01-13 10-13 08-16 07-14 10-16 04-15 12-16 01-16 10-16 02-17 07-17 britannique, le spread des financières par rapport aux non financières s’est écarté de 66 % dans la périphérie, soit de 60 à 100 pb. L’inflexion de fin juillet, il convient de le noter, a largement coïncidé avec la publication des résultats des tests de résistance de l’EBA. Depuis, les spreads moyens entre les émissions financières et non financières se sont contractés d’environ 30 pb dans la périphérie et de 20 pb dans les pays du cœur de l’Europe. Mais malgré cette tendance, pour l’instant l’écart est toujours proche des plus hauts d’avant l’annonce du CSPP (pour les marchés du cœur), voire supérieur dans le cas des émissions périphériques. Cours desentreprises actions desNF Banques Prêt aux (g.a., eneuro %) (normalisé, Ech.g.) Prêt aux ménages (g.a., en %) Banques euro OAS (en b.p., inverse, Ech.d.) Indice IG Fin (valeur nominale, Ech.d.,en Mds €) Source : Bloomberg, Recherche Amundi Source : Bloomberg, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier Croissance des prêts bancaires de la zone euro et 170 180 02-17 # 01 12-16 10-16 08-16 06-16 04-16 02-16 12-15 10-15 06-15 60 08-15 70 Cours des actions des Banques euro (normalisé, Ech.g.) Banques euro OAS (en b.p., inverse, Ech.d.) Janvier 2017 Source : Bloomberg, Recherche Amundi 750 700 650 600 550 Indice IG Fin (valeur nominale, Ech.d.,en Mds €) Source : Bloomberg, Recherche Amundi 15 13 11 9 7 5 3 1 -1 -3 -5 900 850 11-17 01-17 03-16 05-15 07-14 09-13 11-12 01-12 03-11 05-10 07-09 La dette financière senior et800 subordonnée correspond 750 700 principalement aux banques650 600 des pays du cœur et 550 du Royaume-Uni 500 Prêt aux entreprises NF (g.a., en %) Prêt aux ménages (g.a., en %) Rendements disponibles en 2017 : que reste-t-il dans la zone euro ? Indice IG Fin (valeur nominale, Ech.d.,en Mds €) Source : Bloomberg, Recherche Amundi Les actions bancaires soutenues par les anticipations Les actions bancaires soutenues par les d'inflation et le tx Euribor 3m anticipations d’inflation et le tx Euribor 3m 5 240 220 200 180 160 140 12-16 10-16 08-16 06-16 04-16 02-16 100 12-15 120 10-15 On le sait, l’« effet Trump » sur les rendements obligataires s’est fait ressentir jusque dans la zone euro. Pendant les semaines qui ont suivi les présidentielles américaines, les rendements se sont accrus sur tous les principaux segments du marché obligataire ; toutefois, grâce aux annonces de la BCE le 8 décembre, les courbes des échéances courtes et moyennes ont effacé les pics de fin novembre et commencé 2017 à des niveaux globalement plus bas que pendant la période précédant l’élection du Donald Trump. Les courbes de taux européennes se sont surtout pentifiées sur les échéances courtes à moyennes, abandonnant d’autant plus les obligations d’entreprise à leur fonction de « source de rendement ». Début janvier, les emprunts d’État du cœur assortis de maturités comprises entre 1 et 5 ans offraient un rendement moyen de -35 pb, proche des plus bas historiques, tandis que les obligations du secteur public de même maturité présentaient un rendement moyen de -27 pb. Sur les grands marchés de la périphérie, le rendement des Bonos espagnols était négatif aux échéances 1 à 5 ans (-4 pb) et celui des BTP italiens est passé de 46 pb avant le référendum à tout juste 12 pb. Autant dire qu’il n’y a actuellement pas de rendement positif disponible sur le marché obligataire à 1-5 ans en dehors de celui offert par le crédit d’entreprise. Plus précisément, les titres BB et B représentent les deux tiers du rendement positif encore disponible sur le segment 1-3 ans et environ 40 % du rendement disponible sur le segment 3-5 ans. Les BBB représentent 30 % du rendement disponible sur les deux segments : par conséquent, au final, seulement 12 % et 14 % du marché du crédit concentrent le rendement encore disponible respectivement sur les échéances 1-3 ans et 3-5 ans. À ces niveaux, la quête de rendement 500 Prêt aux entreprises NF (g.a., en %) Prêt aux ménages (g.a., en %) 09-08 Par conséquent, le lien entre émissions financières et risque souverain paraît faible, en raison de l’exposition limitée du marché à la dette périphérique, du poids plus important de dette des émetteurs du cœur, et enfin, de la présence non négligeable d’émetteurs non européens sur le marché senior. 800 08-15 La répartition des émetteurs de dette financière senior est plus variée, car ici interviennent aussi des banques basées hors d’Europe, principalement des États-Unis. De fait, les institutions financières américaines à elles seules représentent presque 19 % de la dette financière senior en EUR, les banques du cœur de l’Europe moins de 50 %, et celles de la périphérie 9,5 %. 850 01-07 10-07 07-08 04-09 01-10 10-10 07-11 04-12 01-13 10-13 07-14 04-15 01-16 10-16 07-17 La dette senior représente toujours la majeure partie du marché du crédit financier en EUR (les trois quarts de sa valeur faciale), tandis que les titres T2 représentent les deux tiers de l’ensemble de la dette subordonnée. La dette périphérique compte pour moins de 10 % du marché, car de très nombreuses émissions subordonnées ont été déclassées dans le segment spéculatif. Les émetteurs périphériques représentent encore moins sur le marché de la dette subordonnée (8 %, contre 5,4 % d’émissions italiennes et le reste d’émissions espagnoles). Par conséquent, la dette financière senior et subordonnée correspond principalement aux banques des pays du cœur et du RoyaumeUni. Sur le segment subordonné, les banques du cœur représentent 63 % et celles du Royaume-Uni 13,6 %. Ajoutez à cela les banques nordiques et suisses : les émetteurs proviennent presque exclusivement de pays hors périphérie. 900 11-07 Le segment financier peu exposé à la périphérie et au risque souverain 15 13 11 9 7 5 3 1 -1 -3 -5 01-07 Ce redressement va de pair avec l’accroissement des prêts bancaires au secteur privé, comme on peut le voir dans le graphique 4, et cet accroissement s’accompagne d’un recul des positions sur les emprunts d’État. Ainsi, en novembre 2016, la valeur des positions sur emprunts d’État dans les bilans des banques est descendue à 1 700 milliards EUR contre 1 850 milliards EUR un an plus tôt avec un pic à 1 900 milliards EUR en février 2015, juste avant le lancement du QE de la BCE. Croissancedes desprêts prêtsbancaires bancairesde delalazone zoneeuro euroetet Croissance évolution de l’encours de la dette évolution de l'indice IG Finfinancière 4 06-15 passant de 753 à 817 aujourd’hui. Après un pic à 840 milliards EUR en 2011, l’encours total de dette des émetteurs financiers était tombé à son plus bas niveau en mai 2015, à 616 milliards EUR. modelled Stoxx Europe 600 banks Stoxx Europe 600 banks Source : Bloomberg, Recherche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 53 # 01 Janvier 2017 va certainement demeurer la principale force motrice du marché malgré la hausse récente des anticipations d’inflation et des rendements obligataires à long terme. Nous avons effectué quelques calculs sur les niveaux d’équilibre d’élargissement des spreads pour les différents segments du crédit d’entreprise ; les résultats indiquent que les niveaux actuels de spread et de duration offrent une protection plus élevée aux titres HY et aux obligations financières en cas d’écartement des spreads en 2017. En résumé, nous avons calculé dans quelle mesure les spreads devraient progresser en l’espace d’un an pour effacer le portage d’intérêts positif par rapport aux emprunts d’État correspondants, et par conséquent offrir le même niveau de rendement que celui présenté actuellement par les Bunds. Les titres B et BB devront respectivement connaître une hausse de leurs spreads de 200 pb et 80 pb (à 462 pb et 294 pb), ce qui les ferait renouer avec les niveaux d’il y a un an, début 2016. La dette financière subordonnée peut subir une hausse de ses spreads de l’ordre de 50 pb par rapport aux niveaux actuels sans pour autant effacer son portage positif par rapport aux Bunds. Cela conduirait à un spread supérieur d’environ 65/70 pb en moyenne à ses niveaux d’il y a un an. D’autres segments, comme le crédit d’émetteurs non financiers et les emprunts d’État de la périphérie, ont une marge de manœuvre plutôt limitée, aux alentours de 15/20 pb. Conclusion Les dernières tendances macroéconomiques sont de toute évidence favorables aux émissions financières, non seulement au niveau des actions mais aussi, dans une moindre mesure, aux obligations. Le CSPP de la BCE a largement contribué à soutenir les non financières par rapport aux financières en 2016 ; mais désormais, les décisions prises par la Banque centrale en décembre sont plus favorables aux perspectives des financières car elles devraient provoquer une pentification de la courbe des taux, avec toutefois pour conséquence des rendements positifs uniquement sur les segments à bêta élevé des échéances 1-5 ans. À cet égard, le crédit subordonné BBB des émetteurs financiers présente globalement plus d’attrait que les BBB non financières correspondantes en termes de rendement total et de spread. Les dernières tendances macroéconomiques sont de toute évidence favorables aux émissions financières, non seulement au niveau des actions mais aussi, dans une moindre mesure, aux obligations La hausse des anticipations d’inflation, l’inflexion amorcée dans la gestion de la courbe et l’amélioration du contexte macroéconomique (dernières surprises positives et PMI supérieurs aux attentes) sont favorables au redressement du secteur et à la poursuite de l’appréciation des financières vs. non financières entamée en juillet. Les émissions nettes positives, l’exposition limitée du segment à la dette périphérique, l’embellie des tendances du crédit et la réduction des positions sur emprunts d’État sont également des facteurs qui devraient bénéficier aux émissions financières en EUR au début de cette année. 54 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 Achevé de rédiger le 22 décembre 2016 9 Flux par classe d’actifs : L’essentiel une année 2016 à deux visages IBRA WANE, Stratégie et Recherche Économique 2016 aura été une année à deux visages. Jusqu’à l’élection de Donald Trump, les flux d’actifs avaient marqué une triple rupture par rapport à 20132015 : la collecte globale était repassée dans le rouge pour la première fois depuis 2011, les obligations avaient repris l’ascendant sur les actions et les flux en faveur des émergents étaient repartis de l’avant. La victoire surprise de D. Trump a rebattu les cartes avec un retour en force des actions américaines en particulier et une soudaine désaffection à l’égard des actifs émergents. Afin d’apprécier comment, au fil du cycle, l’action des autorités publiques et des banques centrales a impacté la collecte des différentes catégories d’actifs, le graphique 1 résume l’évolution des flux mondiaux de portefeuille par catégorie de fonds depuis le début de la Grande Crise Financière en 2007. Ainsi, au plus fort de la crise des dettes souveraines, la collecte globale a tout d’abord lourdement chuté, passant dans le rouge pendant trois ans d’affilée de 2009-2011. Entre une aversion au risque très élevée et la chute des taux d’intérêt, cette période se traduisit par un tarissement des flux actions et une sortie massive du monétaire au profit, quasi exclusif, des obligations et des fonds diversifiés. À l’exception des actions, toujours pénalisées par le manque de visibilité, la collecte est redevenue globalement positive à partir de 2012, avec un pic à plus de 450 Mds de $, composé presque exclusivement d’obligations des régions développées. Si les prochains mois s’annoncent volatils du fait de l’exubérance récente des marchés, à plus long terme, un léger surcroît de croissance et d’inflation devraient continuer à faire bon ménage avec une allocation d’actifs relativement offensive, d’autant que, fiscalité aidant, la croissance des profits devrait réserver de bonnes surprises en 2017. Ce rebond s’est confirmé de 2013 à 2015 avec une part prépondérante de la collecte au profit : - -des régions développées, au détriment des économies émergentes (+789 Mds $ en cumul vs. -197 Mds $) ; ces dernières étant pénalisées par le début de resserrement de la politique monétaire de la Fed 1, la baisse de cadence de la Chine, dont la croissance a décroché successivement en dessous de 8 % puis de 7 % et la chute des prix du pétrole à partir de la mi-2014 - -et des actions, au détriment des obligations (+578 Mds $ en cumul vs. +14 Mds $) ; l’embellie de la croissance et la baisse du chômage aux ÉtatsUnis – revenu à 5,0 % fin 2015 contre 8,0 % en début de période – ayant incité à une prise de risque accrue. De ce point de vue, l’année 2016 aura marqué une triple rupture (cf. graphique 2). Ainsi, la collecte globale est repassée dans le rouge pour la première fois depuis 2011. Les obligations ont repris l’ascendant sur les actions. Enfin, les flux en faveur des émergents (obligations mais aussi actions) sont repartis de l’avant, du moins jusqu’à l’élection de D. Trump. Une année 2016 à deux visages Cette dernière marquant une nouvelle césure, nous examinerons les flux 2016 (cf. graphique 3) en distinguant les deux périodes. 2 0 -200 Actions Obligations Total 2016 2015 2014 2013 -600 2012 -400 2011 rocessus en trois étapes — pré-tapering en mai 2013, fin du tapering en octobre 2014 P et première remontée des taux en décembre 2015 – où chacune d’entre elles s’est traduite par des sorties de fonds sur les actifs émergents. D ébut 2016, Janet Yellen laissa entendre que la Fed s’abstiendrait de poursuivre son resserrement étant donné les risques de contamination financière. 200 2010 1 400 2009 --par ailleurs, l’élan quasi ininterrompu des actions européennes depuis fin 2014, sur fond de QE de la BCE (taux bas et euro faible) et de pétrole bon marché, s’est brisé fin janvier 2016 ; l’accumulation des doutes à l’égard de la croissance mondiale, le krach pétrolier, les failles du secteur bancaire ainsi que la mansuétude de la Fed 2 ayant convaincu les investisseurs de revenir vers des placements moins risqués. Par la suite, si les doutes sur la Chine et le marché pétrolier ont commencé à se dissiper, d’autres risques, 600 2008 --tout d’abord, les investisseurs ont commencé à considérer que le marché actions américain – marché leader – devenait cher et sans véritable perspective d’accroissement des BPA. G Flux de de fonds d'actifs Flux fondspar parclasse classe d’actifs du 31-12-07 31-12-07 au (Mds $) $) du au30-11-16 30-11-16 (Mds 1 2007 Tout d’abord, en cumul jusqu’à fin octobre, la décollecte fut essentiellement le fait des actions des marchés développés. Ceci résulte de deux facteurs en particulier : French version Diversifiés Monétaires Title 8 Recherche Bold (1 or 2 lines maxi) SourceArial : EPFR, Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier Flux de fonds par région et classe d'actifs 55 0 Janvier 2017 Actions Obligations Total -200 2016 2015 2014 # 01 2013 2012 2011 2010 2009 2007 -600 200 2008 -400 400 Diversifiés Monétaires Title 8 Recherche Bold (1 or 2 lines maxi) SourceArial : EPFR, Amundi -400 Après une progression des marchés en quasi-ligne droite depuis son élection, à court terme, l’effet Trump pourrait s’essouffler d’autant que l’on se rapproche de seuils symboliques sur le taux 10 ans (3 %) et le dollar américain (1/1 avec l’euro). Alors que le nouveau Président prêtera serment le 20 janvier, deux aspects seront clés : - tout d’abord, ses décisions en matière de politique étrangère (…commerciale et tarifaire) — domaine où il aura largement la main — seront à analyser de près, afin de distinguer les effets d’annonces et les changements réels, notamment à l’égard de la Chine, du Mexique et de la Russie. - l’autre moment décisif devrait survenir fin mars (?) quand le budget de l’exécutif passera sous les fourches caudines du Congrès. Après des mois de spéculation en tout genre, on saura alors si les compromis trouvés seront à la hauteur des attentes. 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 400 200 0 600 Flux de fonds par région et classe d'actifs du 31-12-2007 au 30-11-16 (Mds $) Marchés émergents 0 Total Actions 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 -400 200 2007 -200 400 Marchés développés Total Obligations Title 8 Recherche Bold (1 or 2 lines maxi) SourceArial : EPFR, Amundi -200 2016 du 31-12-15 au 30-11-16 (Mds $) 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 -400 Flux de fonds par région et classe d'actifs À court terme, l’effet Trump Marchés développés Total Obligations devrait s’estomper Title Arial 8 Bold (1 or 2 lines maxi) 250 Marchés émergents Total Actions 200 Source : EPFR, Recherche Amundi 150 100 50 Flux Fluxde defonds fonds par classe d'actifs parrégion régionetet classe d’actifs du au30-11-16 30-11-16 (Mds du 31-12-15 31-12-15 au (Mds $) $) 0 11-16 10-16 09-16 08-16 07-16 06-16 05-16 04-16 100 03-16 -50 250 -100 200 -150 150 02-16 3 50 Actions US Obligations US Actions Europe Oblig. Europe Actions EMg Oblig. EMg -50 Recherche Amundi SourceArial : EPFR, Amundi Title 8 Recherche Bold Source: (1 or 2Datastream, lines maxi) -100 0 11-16 10-16 09-16 08-16 07-16 06-16 05-16 04-16 -150 03-16 Si l’année 2016 a connu — avant et après l’élection américaine — deux tendances très distinctes en matière de flux, qu’en sera-t-il de 2017 ? L’effet Trump en faveur des actions, notamment américaines, va-t-il perdurer ou va-t-on revenir au trend précédent où obligations américaines et actifs émergents dominaient ? Diversifiés Monétaires Title 8 Recherche Bold (1 or 2 lines maxi) SourceArial : EPFR, Amundi 02-16 À l’inverse des actions américaines, les actifs émergents qui avaient globalement le vent en poupe avant l’élection, ont subi d’importants retraits depuis, avec toutefois de fortes disparités d’un pays à l’autre. En écho aux thèmes de la campagne électorale américaine, le Mexique – fragilisé par les menaces portant sur ses exportations et les transferts de ses émigrés – a figuré en tête des retraits. À l’inverse, la Russie – dopée par l’espoir d’une levée des sanctions occidentales et le redressement des cours du pétrole- a bénéficié d’importants flux entrants. Actions Obligations Total 600 01-16 La performance des obligations variant en sens inverse des taux d’intérêt, cette tension sur les taux a précipité un désengagement de l’obligataire (-37 Mds de $ du 9 novembre au 14 décembre selon l’échantillon EPFR) et un retour en grâce des actions (+63 Mds $) au bénéfice, quasi exclusif des actions américaines (cf. graphique 4) qui, lors de la semaine du 9 au 16 novembre ont engrangé, avec +31 Mds $, leur plus forte collecte hebdomadaire de tous les temps. Ce renversement de tendance ayant été soudain, la plupart des investisseurs dits actifs ont été pris de court. C’est pourquoi la quasi-totalité des flux actions sur la période a été le fait des gestions passives et des ETF. Flux de de fonds fonds par et et classe d'actifs Flux parrégion région classe d’actifs du 31-12-2007 31-12-2007 au (Mds $) $) du au30-11-16 30-11-16 (Mds 01-16 En fin d’année, l’élection surprise de D. Trump a marqué un nouveau tournant. Alors que les effets de la politique monétaire non conventionnelle commençaient à s’essouffler, la perspective d’un policy mix plus agressif – accroissement des investissements publics et multiplication des Partenariats Public Privé (PPP)- a entraîné une révision à la hausse des perspectives de croissance et d’inflation. En retour, ceci a fait bondir les taux d’intérêt et la devise américaine. Ainsi, du 7 novembre (veille de l’élection de D. Trump) au 23 décembre, le 10 ans américain – au plus haut depuis septembre 2014 — est passé 1,8 % à 2,5 % et le dollar s’est apprécié de 5 % contre euro et 12 % contre yen. 2 12-15 - Dans ce contexte, les obligations américaines, plus rémunératrices que celles de la zone Euro – QE de la BCE oblige — et les obligations émergentes, peu chères après avoir été étrillées au second semestre 2015 sur fond de crise chinoise et d’interrogations à l’égard de la Fed, furent plébiscitées. Ainsi, à fin octobre 2016, obligations américaines (225 Mds $ et 6,3 % des actifs considérés) et émergentes (51 Mds $ et 12,7 %) avaient engrangé ensemble plus de 275 Mds de $ de collecte. Alors que dans le même temps, actions américaines (-137 Mds $ et -1,9 %) et européennes (-110 Mds $ et -9,0 %) avaient subi près de 250 Mds $ de retraits. Entre ces deux extrêmes, actions émergentes (16 Mds$ et 1,4 %) et obligations européennes (11 Mds $ et 1,5 %) remportèrent un succès d’estime, engrangeant ensemble un peu plus de 25 Mds $ de collecte. -600 12-15 plus politiques, sont venus se rajouter ; la gestion erratique de la crise des réfugiés puis le référendum sur le Brexit ayant incité les investisseurs à se défier des actions européennes. Flux de fonds par région et classe d'actifs du 9-11-16 au 14-12-16 (Mds $) Actions US Obligations US Actions Europe Oblig. Europe Total Bonds Actions EMg Oblig. EMg US Bonds Recherche Amundi SourceArial : EPFR, Amundi Title 8 Recherche Bold Source: (1 or 2Datastream, lines maxi) Europe Bonds EM Bonds Flux de fonds par région et classe d'actifs ROW Bonds du 9-11-16 au 14-12-16 (Mds $) Un léger surcroît de Total Equities Total Bonds croissance et d’inflation US USEquities Bonds devrait continuer à faire Europe Equities Europe Bonds bon ménage avec EM Equities EM Bonds une allocation d’actifs ROW Equities ROW Bonds -50 -25offensive 0 25 50 relativement 75 TotalEPFR, Equities Source: Recharche Amundi US Equities 56 Europe Equities Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier EM Equities -100 Janvier 2017 Si les prochains mois s’annoncent potentiellement volatils du fait de l’exubérance récente des marchés et de l’approche de seuils symboliques, à plus long terme, les fondamentaux devraient prendre le pas. Ainsi, à défaut d’un changement radical de policy-mix, qui semble peu crédible et peu tenable, un léger surcroît de croissance et d’inflation devraient continuer à faire bon ménage avec une allocation d’actifs relativement offensive, d’autant que, fiscalité aidant, la croissance des profits devrait réserver de bonnes surprises en 2017. 11-16 10-16 09-16 # 01 08-16 07-16 06-16 05-16 04-16 03-16 02-16 01-16 12-15 -150 Actions US Obligations US Actions Europe Oblig. Europe Actions EMg Oblig. EMg Recherche Amundi SourceArial : EPFR, Amundi Title 8 Recherche Bold Source: (1 or 2Datastream, lines maxi) 4 Flux et classe classed'actifs d’actifs Fluxde defonds fondspar par région région et du (Mds $) $) du9-11-16 9-11-16au au 14-12-16 14-12-16 (Mds Total Bonds US Bonds Europe Bonds EM Bonds ROW Bonds Total Equities US Equities Europe Equities EM Equities ROW Equities -50 -25 0 25 50 75 Source: EPFR, Recharche Amundi Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 57 # 01 Janvier 2017 NOTES 58 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier # 01 Janvier 2017 NOTES Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 59 # 01 Janvier 2017 Publications récentes Amundi Research Center Top-down Asset Allocation Bottom-up Corporate Bonds Fixed Income Working Papers Portfolio optimisation in an uncertain world MARIELLE DE JONG — Recherche Quantitative The Reactive Covariance Model and its implications in asset allocation EDUARDO ABI JABER — Quantitative Analyst – ENSAE ParisTech — DAVE BENICHOU, Portfolio Manager, HASSAN MALONGO — Recherche Quantitative On the stationarity of dynamic conditional correlation models JEAN-DAVID FERMANIAN — Professor of Finance & Statistics, CREST/ENSAE — HASSAN MALONGO — Recherche Quantitative Asset Allocation under (one’s own) Sovereign Default Risk DIDIER MAILLARD, Professor — Cnam, Senior Advisor Discussion Papers Series Extraction et exploitation du charbon. Vers une exclusion du secteur ou une plus grande sélectivité ? OK conferen a video, a an article, Search for ce… er arch Cent Amundi Rese CATHERINE CROZAT — Analyse ESG HEADLINES exchan ge modifie s its this have? e centra l bank The Chines What effects will l rate policy… nt structura impleme has major needs to that Chinacapital account. This to… its appears been aware first step liberalise We have long policy. A wants to TS economi c reforms, and MY DOCUMEN ADD TO nces for its conseque MORE u READ THOUGHT % Talk 4 - Expert mics, Japan – Abeno by unexp ected challe nged was filled pheno mena in Japan the 4 - Thought March, On the 6thnomic projection s. macroeco of 11, ever ywherefor the victims three On March sympathy e and tsunami with renewed who offered ented earthquak unpreced Prime Minister Abe,centre of Tokyo, years ago. their souls at the unbearab le output… prayers for uncomfor table with industrial might feel weakness . While economic MY DOCUMEN ADD TO talk - Expert 4 in : What' s next Real Estatean marke ts? in 2H13… the Europe improving 11.03.201 of the Day n projec tions ECB inflatio the ECB published its new 11.03.201 14.03.201 The emergence of the Renminbi as an international currency : where do we stand now ? D MOST REA OF THE DAY 1.5 EXPERT TALK the end onomic indicators news since Macro-ec tion of good widespre ad The accumula 2013 confirms onomic climate. of summerent in the macro-ec improvem MY DOCUMEN ADD TO MY DOCUMEN ADD TO TS BASTIEN DRUT — Stratégie et Recherche Économique — PHILIPPE ITHURBIDE — Directeur Recherche, Stratégie et Analyse — MO JI — Stratégie et Recherche Économique — ÉRIC TAZÉ-BERNARD — Conseil en allocation d’actifs TS u ALL ARTICLES Les perturbateurs endocriniens dans l’analyse ESG TS MARIE NAVARRE, AURÉLIE RENARD — Analyse ESG IORP2 : A New Regulatory Framework for Pensions Foreign Exchange Money Markets Equities Retrouvez l’ensemble de notre expertise sur le site : research-center.amundi.com Monetary Policies Forecasts Investment Strategies Quant Emerging Markets Sovereign Bonds Private Equity Real Estate High Yield MARIE BRIERE, LING-NI BOON — Recherche, Stratégie et Analyse Spécial Focus Les banques : le maillon faible de la reprise européenne VALENTINE AINOUZ — Stratégie et Recherche Économique — YASMINE DE BRAY — Analyse Actions Afrique du Sud : le contexte politique est-il responsable du ralentissement de la croissance ? KARINE HERVÉ — Stratégie et Recherche Économique — GWENDOLINE IBRE — Stratégie et Recherche Économique Correspondants Rédacteur en chef – PHILIPPE ITHURBIDE Directeur Recherche, Stratégie et Analyse – Paris Rédacteurs en chef adjoints – DIDIER BOROWSKI – Paris, RICHARD BUTLER – Paris, ÉRIC MIJOT – Paris, MO JI – Hong-Kong, STÉPHANE TAILLEPIED – Paris Support – PIA BERGER Recherche, Stratégie et Analyse – Paris – BENOIT PONCET Recherche, Stratégie et Analyse – Paris AVERTISSEMENT Directeur de la publication : Pascal Blanqué Rédacteur en chef : Philippe Ithurbide Les destinataires de ce document sont en ce qui concerne l’Union Européenne, les investisseurs « Professionnels » au sens de la Directive 2004/39/CE du 21 avril 2004 « MIF », les prestataires de services d’investissements et professionnels du secteur financier, le cas échéant au sens de chaque réglementation locale et, dans la mesure où l’offre en Suisse est concernée, les « investisseurs qualifiés » au sens des dispositions de la Loi fédérale sur les placements collectifs (LPCC), de l’Ordonnance sur les placements collectifs du 22 novembre 2006 (OPCC) et de la Circulaire FINMA 08/8 au sens de la législation sur les placements collectifs du 20 novembre 2008. Ce document ne doit en aucun cas être remis dans l’Union Européenne à des investisseurs non « Professionnels » au sens de la MIF ou au sens de chaque réglementation locale, ou en Suisse à des investisseurs qui ne répondent pas à la définition d’« investisseurs qualifiés » au sens de la législation et de la réglementation applicable. Ce document n’est pas destiné à l’usage des résidents ou citoyens des États Unis d’Amérique et des « U.S. Persons », telle que cette expression est définie par la « Regulation S » de la Securities and Exchange Commission en vertu du U.S. Securities Act de 1933. Le présent document ne constitue en aucun cas une offre d’achat ou une sollicitation de vente et ne peut être assimilé ni à sollicitation pouvant être considérée comme illégale ni à un conseil en investissement. Amundi n’accepte aucune responsabilité, directe ou indirecte, qui pourrait résulter de l’utilisation de toutes informations contenues dans ce document. Amundi ne peut en aucun cas être tenue responsable pour toute décision prise sur la base de ces informations. Les informations contenues dans ce document vous sont communiquées sur une base confidentielle et ne doivent être ni copiées, ni reproduites, ni modifiées, ni traduites, ni distribuées sans l’accord écrit préalable d’Amundi, à aucune personne tierce ou dans aucun pays où cette distribution ou cette utilisation serait contraire aux dispositions légales et réglementaires ou imposerait à Amundi ou à ses fonds de se conformer aux obligations d’enregistrement auprès des autorités de tutelle de ces pays. Les informations contenues dans le présent document sont réputées exactes à la date de fin de rédaction indiquée en première page de ce document, elles peuvent être modifiées sans préavis. Conformément à la loi informatique et liberté, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification ou d’opposition sur les données vous concernant. Pour faire valoir ce droit, veuillez contacter le gestionnaire du site à l’adresse suivante : [email protected] Amundi, Société anonyme au capital de 746 262 615 € - Société de gestion de portefeuille agréée par l’AMF n° GP 04000036 – Siège social : 90 boulevard Pasteur – 75015 Paris – France – 437 574 452 RCS Paris www.amundi.com Crédit photo : iStock by Getty Images - ferrantraite Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier