Quelques éléments de biblio-
graphie
Il est inutile de rappeler ici l'anatomie microscopique du
muscle. De la même façon, chacun connaît la conformation
et le volume des divers muscles, d'un muscle à l'autre et d'une
espèce à l'autre.
Malgré cela, une connaissance plus précise du muscle a
nécessité des études que l'on peut regrouper de façon simple
en deux catégories, qui ont fait l'objet chacune de nom-
breuses publications :
• la variabilité au sein d'un même muscle [3, 12, 16, 17, 18,
19, 21, 24, 34, 38] ou au sein de groupes musculaires donnés.
Dans ce dernier cas, il s'agit in fine de sélectionner les races
ovines [4, 8, 9, 20, 29], bovines [2, 10, 13, 26, 27], porcines
[14 et 23] et les races de Lapin [35] possédant une composi-
tion musculaire intéressante pour la boucherie.
• les relations muscle-os, qui ont intéressé quant à elles les
biomécaniciens [5, 6, 11, 15, 22, 25, 28, 31, 32, 33, 36, 37
pour la seule espèce canine].
1. Matériel et méthodes
Pour ce qui concerne les chiens, les pièces osseuses et le
traitement statistique, le lecteur voudra bien se référer à la
première partie de cet article [7], les 7 variables linéaires du
fémur étant remplacées par les 29 variables pondérales mus-
culaires (28 pour les Analyses en Composantes Principales,
le passage au logarithme nécessitant de regrouper la masse
du muscle biceps fémoral et celle du muscle abducteur cau-
dal de la cuisse, muscle accessoire du précédent et absent
chez certains chiens). Comme dans le précédent article,
l’analyse en composantes principales a été réalisée en utili-
sant la métrique euclidienne.
LES MUSCLES
Les vingt-neuf muscles qui mobilisent le fémur ont été pré-
levés sur le membre pelvien droit de chacun des chiens de
cette étude (cf. figures 1 et 2). Il faut noter que ces vingt-neuf
«muscles» constituent, plutôt que de véritables muscles au
sens anatomique du terme, des éléments musculaires facile-
ment isolables à la dissection : à ce titre, ils correspondent à
des muscles proprements dits, soit à des chefs musculaires
(comme les chefs du muscle quadriceps fémoral) soit, à l'in-
verse, à des groupes de muscles (comme l'ensemble constitué
par le chef latéral du muscle gastrocnémien et le muscle flé-
chisseur superficiel des doigts).
Dès leur résection, les muscles sont débarrassés du tissu
conjonctif qui y adhère ainsi que de leur portion tendineuse.
Leur corps charnu est pesé immédiatement.
2. Résultats - Discussion
L'étude myométrique suivra un plan proche de celui de
l'étude ostéométrique :
1. résultats graphiques d'une analyse en composantes prin-
cipales (ACP),
2. hiérarchisation des paramètres,
3. analyse discriminante,
4. relations entre muscles,
5. comparaison os-muscle,
Ainsi le lecteur, mettant côte à côte les deux articles, pourra
comparer au mieux les résultats de l'étude ostéométrique et
de l'étude myométrique.
1) RÉSULTATS GRAPHIQUES D'UNE ANALYSE MULTI-
VARIÉE - ACP
Plus encore que dans le cas de l'étude ostéométrique,
l'étude multivariée s'impose puisque, pour le même nombre
d'individus, le nombre de variables est multiplié par 4
(29 mesures musculaires contre 7 mesures osseuses).
Le plan de projection retenu est le plan factoriel principal
qui explique à lui seul 94,7 % de la variance totale.
L'essentiel de l'information est apporté par l'axe I (92,8 % de
la variance totale), l'axe II n'intervient dans le graphe que
pour augmenter sa lisibilité (figure 3). Les individus appa-
raissent nettement dispersés autour du centre (0,0).
De la même façon que pour l'étude osseuse [7], la repré-
sentation graphique permet de déceler un clivage dans le
nuage de points de part et d'autre du zéro de l'axe I. Ce cli-
vage s'explique-t-il par les paramètres caractérisant les
chiens ? C'est ce que nous allons envisager maintenant.
a)Race
L'analyse multivariée réalisée sur les 29 muscles fait res-
sortir nettement les 2 races (figure 4a).
Lorsque l'on s'intéresse à la masse musculaire totale
(MMT) mobilisant le fémur (donnée pour chacun des chiens
en annexe 1), les deux races s'opposent nettement en valeur
absolue alors qu'elles ne se distinguent plus de façon signifi-
cative (analyse de variance) si l'on exprime le résultat en
pourcentage de la masse totale du chien (tableau I). Il ressort
donc clairement que les deux races s'opposent par leur format
mais présentent en revanche une construction musculaire
globale identique.
A l'échelle de chaque muscle, on note toujours une diffé-
rence significative en valeur absolue entre les deux races
(annexe 2). En revanche, seuls 12 des 29 muscles présentent
en pourcentage des différences significatives (annexe 3).
Parmi ces 12 muscles, 6 appartiennent au groupe des
7 muscles les plus lourds, le reste se répartit dans le groupe
des plus légers.
L'analyse plus fine, à l'échelle du muscle, permet donc de
mettre en évidence des proportions différentes entre les deux
races.
Revue Méd. Vét., 2001, 152, 11, 765-778
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