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expérimentale (cages à drosophiles). Le but de la génétique des populations est, par
des modèles prospectifs de plus en plus élaborés, de rendre compte de l’évolution.
Cette harmonisation entre les 2 écoles s’intéressant pour l’une, à la variation des
caractères continus, pour l’autre, à la variation de caractères discontinus a conduit à la
formulation d’une nouvelle théorie dite synthétique de l’évolution. Cette théorie
intègre les données de la génétique et prend en compte les mutations comme source de
variabilité héréditaire, le mécanisme chromosomique de l’hérédité et la sélection
naturelle. Plusieurs personnalités d’horizons scientifiques très divers en sont à
l’origine : Dobzhansky (généticien drosophile), Mayr (biogéographe, ornithologiste),
Simpson (paléontologiste vertébrés), Stebbins (botaniste), [Ford (entomologiste),
Huxley (zoologiste)] pour les principaux fondateurs de cette théorie qui fera référence
entre les années 1950 et 1980.
La synthèse évolutionniste (évolutive) en 20 points dont :
- phénotype ≠ génotype => différences phénotypiques dues aux gènes et à
l’environnement
- les effets environnementaux n’affectent pas les gènes transmis aux descendants
mais éventuellement leur expression
- variation héréditaire avec gènes comme support au travers des générations /
mécanismes chromosomiques de l’hérédité
- mutations dont l’effet (variation) est amplifié par la recombinaison =>
diversification génétique
- changement évolutif : processus populationnel avec populations
géographiquement variables
- changement des fréquences génotypiques dû au taux de mutation et aux
pressions, non mutuellement exclusives, s’exerçant sur la variabilité induite :
dérive, sélection naturelle
- Définition biologique de l’espèce.
Cette Synthèse montre enfin que le rejet d’hypothèses fausses (principe de
réfutation) est un progrès important en science.
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La génétique des populations repose donc largement sur la construction de
modèles mathématiques qui doivent être confrontés à la réalité. Elle associe
l’observation de populations naturelles et la réalisation d’expériences de laboratoire
pour suivre l’évolution des fréquences des gènes et mesurer les paramètres qui
interviennent dans les modèles.
Un frein a longtemps été la difficulté d’isoler des gènes marqueurs dont on puisse
étudier la fréquence (variation phénotypique observable souvent génétiquement trop
complexe ou trop influencée par le milieu pour être utilisable). On était obligé de se
limiter à quelques marqueurs (groupes sanguins chez l’homme, polychromatisme chez
les animaux)… Les techniques d’électrophorèse des protéines à partir de 1966 puis,
plus récemment, les techniques utilisant l’ADN ont mis à la disposition des chercheurs
un nombre considérable de nouveaux marqueurs... Avec la surprise de constater qu’au
moins 30% des gènes de structure sont polymorphes :
Comment toute cette variabilité génétique est-elle organisée et maintenue ds
les populations naturelles ?
Les hypothèses de la théorie ‘classique’ (HJ Müller : individus homozygotes pour
l’allèle ‘sauvage’ (favorisé) à la plupart de leurs gènes : variabilité maintenue par mutations)
vs. ‘polymorphisme équilibré’ (Dobzhansky : individus hz à la plupart de leurs gènes / pas
d’allèle normal : variabilité maintenue par sélection balancée) ont du mal à tenir…
=> Emergence d’une théorie neutraliste de l’évolution (
Kimura
) opposée à la théorie
sélectionniste (cf. avantage de l’hz).
Qu’a-t-on fait des autres ‘intuitions’ de Darwin ?
Ecologie évolutive ’ressucitée’ grâce aux travaux de Lack (1947) sur l’évolution de la
taille optimale des pontes et ceux de Medawar et Williams sur le vieillissement => les gènes
comme unité de la sélection : nous ne sommes que des phénotypes jetables…
Ecologie comportementale : Hamilton (1963) formalise sa théorie de la sélection de
parentèle ; Maynard-Smith et Williams, après avoir démontré les limites de la sélection de
groupe, insistent sur l’importance du sexe dans l’évolution. Maynard-Smith introduit
également la théorie des jeux dans l’évolution pour comprendre le comportement individuel
lors de conflits d’intérêt => ESS