Les sous-marins en combat
En septembre 1939, au début de la seconde guerre mondiale, on compte 761
sous-marins en service dans le monde. Les principales, fl ottes sont, par ordre
décroissant : l’URSS (180 bâtiments), l’Italie (100), les Etats-Unis (95), la France
(78), le Royaume-Uni (62), l’Allemagne : (57), le Japon (57), les Pays-Bas (21), la
Suède (20). Les marines de dix-sept autres pays disposent d’un total de 91 sous-
marins.
La guerre sous-marine commence dès le 3 septembre 1939 avec le torpillage
du paquebot britannique Athenia par le sous-marin allemand U 30. Les Allemands
n’ont commencé la reconstitution de leur fl otte sous-marine, l’Ubootwaffe, qu’en
1935. Ils devaient avoir 200 sous-marins pour la guerre envisagée à partir de 1944
ou 1945. En fait, les Allemands ne vont commencer la guerre sous-marine vraiment
sans restriction qu’en novembre 1939. Faute d’une fl otte de surface suffi sante, les
sous-marins vont être la principale arme des Allemands sur mer et un vaste pro-
gramme de construction est lancé avec l’objectif, jamais atteint, de produire trente
sous-marins par mois.
La bataille de l’Atlantique va durer toute la guerre, jusqu’en mai 1945. Elle op-
pose les Allemands, avec une participation italienne aux résultats limités, aux
alliés, Britanniques et Français puis Britanniques pratiquement seuls puis Britan-
niques et Américains. Les sous-marins allemands vont aussi opérer en Méditerra-
née et jusqu’en océan Indien, avec une base à Sumatra. Ils détruisent un total de
14 500 000 tonnes de bâtiments alliés.
Les sous-marins britanniques sont concentrés en Extrême-Orient au début de la
guerre mais ces derniers vont surtout opérer en Méditerranée, certains à partir de
Malte, et en mer du Nord. Ils attaquent en particulier les trafi cs italien et allemand
sur les côtes occupées et entre l’Italie et l’Afrique, participant largement aux pro-
blèmes de ravitaillement des forces de l’Axe en Afrique du Nord. Ils sont renforcés
par les sous-marins de pays occupés réfugiés en Grande-Bretagne, notamment la
France libre et les Pays-Bas. Une partie de ces bâtiments est utilisée pour l’entraî-
nement des forces anti-sous-marines. Les sous-marins britanniques reviennent
en Extrême-Orient en 1945. Ils détruisent 1 800 000 tonnes de navires ennemis.
Les sous-marins français, handicapés par les problèmes d’entretien d’un ma-
tériel trop fragile, assurent de nombreuses patrouilles jusqu’à l’armistice de juin
1940. Certains sont ensuite la cible d’attaques britanniques alors que d’autres, ar-
més par les Forces navales françaises libres, opèrent sous commandement opé-
rationnel anglais. A partir de fi n 1942, des sous-marins servent avec un certain
succès en Méditerranée mais la majorité est utilisée pour les écoles d’écoute al-
liées. Les sous-marins français ont détruit 14 000 tonnes de bâtiments adverses
auxquelles il faut ajouter les 24 000 tonnes coulées par les mines du sous-marin
Rubis.
Les nombreux sous-marins italiens opèrent surtout en Méditerranée. Les 32
unités envoyées en Atlantique et basés à Bordeaux, sont mal adaptées au théâtre
d’opération et leurs résultats sont bien inférieurs à ceux des Allemands. Leurs
opérations s’arrêtent en fait avec l’armistice de septembre 1943 après qu’ils ont
détruits 568 000 tonnes de bâtiments adverses.
La vaste fl otte de sous-marins soviétiques, opérant dans des conditions dif-
fi ciles avec du matériel aux performances limitées, n’obtient fi nalement que de
faibles succès contre la navigation allemande en Arctique et en mer Noire. En Bal-
tique, les sous-marins soviétiques sont bloqués au port à partir de la fi n de 1941
et ne peuvent vraiment reprendre les opérations offensives qu’en septembre
1944. Les sous-marins rouges détruisent au total 270 000 tonnes de bâtiments
adverses.
Les sous-marins japonais sont conçus pour attaquer la fl otte américaine avant
la grande bataille envisagée dans l’ouest du Pacifi que. Ils obtiennent des résultats
certains contre des bâtiments de guerre américains mais négligent les lignes de
communication adverse entre les Etats-Unis, Hawaï et l’Australie. Vers la fi n de
la guerre, les sous-marins japonais survivants feront surtout du transport aux
profi ts des positions japonaises isolées par l’avance américaine. Ils ont coulés
1 500 000 tonnes de navires alliés.
Les Américains commencent une guerre sous-marine sans restriction dès leur
entrée en guerre, le 7 décembre 1941. Les résultats sont longtemps limités par
des problèmes de torpilles mais ils fi nissent par isoler le Japon des sources de
matières premières du sud puis du continent. Les sous-marins américains ont dé-
truit une grande partie de la marine marchande japonaise, dont presque tous les
pétroliers et un certain nombre de navires de guerre dans, à l’époque, une grande
discrétion, d’où le surnom de « service silencieux » (Silent Service) qui est entré
dans l’histoire. Les sous-mariniers américains qui ont détruits 5 500 000 tonnes
de bâtiments ennemis, ont été utilisés pour des reconnaissances et le sauvetage
d’aviateurs abattus dans les eaux ennemies.
La bataille de l’Atlantique peut se diviser en huit phases :
- De septembre 1939 à juin 1940, les sous-marins allemands, disponibles en petit
nombre, opèrent en général isolément puis sont engagés en avril en Norvège mais
des problèmes de torpilles limitent les succès, notamment contre certains grands
bâtiments britanniques.
- De juillet 1940 à avril 1941, les attaques de convois en meute se développent, avec
succès, dans les atterrages occidentaux (les Western Approaches, dans l’ouest des
îles britanniques).
- De mai à décembre 1941, les meutes attaquent les convois du Groenland à la
Sierra Leone mais les Britanniques qui décryptent une partie des communications
allemandes, manœuvrent les convois entre les meutes.
- De janvier à juin 1942, les sous-marins allemands opèrent dans l’Atlantique Ouest,
sur les côtes américaines, aux Antilles et jusqu’au large du Brésil.
- De juillet 1942 à mai 1943, les sous-marins, maintenant nombreux, opèrent pra-
tiquement dans tout l’Atlantique Nord et central avec des détachements du Véné-
zuela à l’Afrique du Sud.
- En mai 1943, la mise en service massive et presque simultanée de nouveaux
moyens alliés cause la perte de 41 sous-marins allemands et leur retrait provisoire
de l’Atlantique Nord.
- De juin à août 1943, les sous-marins opèrent dans les zones excentrées et les
Britanniques lancent une offensive aérienne dans le golfe de Gascogne contre les
sous-marins en transit entre les bases françaises et les zones d’opérations.
- De septembre 1943 à mai 1944, les attaques en meute reprennent dans l’Atlanti-
que Nord mais leur échec conduit, à partir de janvier 1944, à laisser les sous-marins
opérer isolément dans l’attente d’une nouvelle génération de bâtiments.
- De juin 1944 à mai 1945, après le débarquement en Normandie, les sous-marins
allemands opèrent à l’ouvert de la Manche. Une partie des bâtiments est équipés
de schnorchel qui permet de recharger les batteries en plongée. A partir de septem-
bre, ils se concentrent essentiellement autour des îles britanniques.
Les sous-marins soviétiques 304 et 302 vus en Baltique en 1934. (DR)