Syndrome de la bandelette ilio

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UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE
FACULTE DE MEDECINE PITIE-SALPETRIERE PARIS VI
Année universitaire 2002-2003
Syndrome de la bandelette ilio-tibiale
et mésothérapie : à propos de cinq cas.
Mémoire pour l’obtention du Diplôme Inter Universitaire de
Mésothérapie
Monsieur le Docteur DENIS PETERS
Sous la direction de MONSIEUR M. PERRIGOT, PROFESSEUR
UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE
FACULTE DE MEDECINE PITIE-SALPETRIERE PARIS VI
Année universitaire 2002-2003
Syndrome de la bandelette ilio-tibiale
et mésothérapie : à propos de cinq cas.
Mémoire pour l’obtention du Diplôme Interuniversitaire de
Mésothérapie
Monsieur le Docteur DENIS PETERS
Sous la direction de MONSIEUR M. PERRIGOT, PROFESSEUR
TABLE DES MATIERES
I. Introduction
II. Revue de la littérature
A. Généralités
1. Physiopathologie du syndrome de la bandelette ilio-tibiale
2. Diagnostic positif
3. Diagnostic différentiel
B. Approche thérapeutique
III. Etude clinique, thérapeutique et évolutive de cinq cas de syndrome de la
bandelette ilio-tibiale
A. Observation n°1
B. Observation n°2
C. Observation n°3
D. Observation n°4
E. Observation n°5
IV. Discussion
V. Conclusion
VI. Bibliographie
INTRODUCTION
Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (ou syndrome de « l’essuie-glace »)
est une affection caractéristique des coureurs de fond, et se rencontre
quelquefois chez les cyclistes (1, 12). Il s’agit d’une tendinite de la bandelette
ilio-tibiale (ou fascia lata) pouvant s’accompagner d’une bursite. Elle se
manifeste par une douleur isolée située au niveau du compartiment externe du
genou, aggravée par les mouvements répétés de flexion-extension de celui-ci.
Il a été décrit pour la première fois dans la littérature médicale, en 1975, par
COBON et ARMOUR (7). Les traitements sont variés, mais l’on note, d’après la
littérature, qu’il ne faut pas attendre de miracle du traitement médical car
« l’essuie-glace » est volontiers rebelle aux traitements (1, 8, 12).
Nous allons d’abord faire un rappel des connaissances de ce syndrome dans la
littérature internationale. Nous avons colligé ensuite cinq cas de syndrome de la
bandelette ilio-tibiale traités par mésothérapie : les deux premiers ont été vus en
stage de mésothérapie dans le cabinet médical du Docteur HP. TAFFIN (15)
(médecine physique et rééducation fonctionnelle), les trois suivants sont des cas
rétrospectifs pris d’une série de 134 cas de tendinite du tenseur du fascia lata
décrits par le docteur Pl. BORG (2) (médecine du sport) au cours des dix
dernières années. Nous rapporterons, pour chaque cas, les caractéristiques
cliniques, thérapeutiques et évolutives de cette maladie.
Notre étude a pour objectif de montrer que la mésothérapie, technique médicale
qui consiste à rapprocher le traitement du lieu de la lésion, peut se révéler très
efficace, en confrontant les résultats obtenus à ceux rapportés dans la littérature.
REVUE DE LA
LITTERATURE
A. Généralités
1. Physiopathologie du syndrome de la bandelette ilio-tibiale
Au plan anatomique, la bandelette ilio-tibiale, ou bandelette de Maissiat, est une
bande fibreuse, véritable tendon, qui correspond au tendon terminal du muscle grand fessier et
du tenseur du fascia lata. Ce tendon, dont la forme est particulière, puisqu’elle est plate, va se
fixer au niveau du condyle externe du tibia (14).
La bandelette ilio-tibiale est abducteur et fléchisseur de hanche et a un rôle prépondérant dans
le contrôle de la rotation interne du tibia et de fléchisseur de genou (9).
A sa partie inférieure, cette lame tendineuse est libre de toutes attaches osseuse ou musculaire,
ce qui permet son déplacement antéro-postérieur lors des mouvements de flexion-extension
du genou. L’appellation « syndrome de l’essuie-glace » vient du fait, qu’en extension du
genou, la bandelette ilio-tibiale est située en avant de la tubérosité du condyle externe du
fémur, et qu’en flexion, celle-ci glisse sous le condyle externe à la manœuvre d’un essuieglace. A 40° de flexion, les fibres postérieures de cette bandelette sont en rapport avec le
sommet du condyle externe, puis glisse progressivement en arrière lorsque la flexion se
poursuit. Ce syndrome résulte d’un conflit entre la tubérosité du condyle externe du fémur et
la bandelette ilio-tibiale, lié à un frottement excessif entre ces deux structures anatomiques,
causé par des mouvements répétitifs de flexion et d’extension du genou, comme c’est le cas
chez le coureur de fond (ou le cycliste). Ces mouvements répétés de flexion-extension du
genou provoquent un phénomène d’inflammation au niveau de la bandelette ilio-tibiale, ce
qui peut être suffisamment douloureux pour interdire la poursuite de l’entraînement.
Un coureur à pied effectue en moyenne 90 foulées par minute. Au bout d’une heure, il y a
plus de 5 000 foulées. Chaque foulée doit porter le poids de tout le corps. Si l’on tient compte
aussi des aspects biomécaniques des foulées, la force de réception est environ trois fois le
poids du corps. Cela signifie que si un coureur à pied pèse 70 kilogrammes, la force
nécessaire pendant l’appui est d’environ 210 kilogrammes (3). Il n’est donc pas surprenant
qu’un genou soit l’articulation la plus exposée aux traumatismes et que la bandelette iliotibiale soit parfois irritée. Si de plus, l’activité sportive s’effectue avec des troubles statiques
plantaires ou d’autres facteurs extrinsèques telles que des chaussures usées ou non adaptées,
alors ces divers facteurs favorisent la survenue de cette pathologie.
Figure 1 - Syndrome de la bandelette ilio-tibiale (5)
Figure 2 - Syndrome de la bandelette ilio-tibiale (10)
2. Le diagnostic positif
Il est basé sur le contexte clinique et l’examen du patient.
Le contexte clinique est évocateur de ce syndrome qui touche essentiellement le sportif qui
pratique la course à pied ou le cycliste, mais aussi le randonneur. Il consulte pour des douleurs
du compartiment externe du genou, irradiant parfois à la face externe de la cuisse lors de
l’activité sportive, et s’estompe à l’arrêt.
L’examen clinique montre une zone habituellement sensible au toucher au niveau de la face
externe du genou. Il faudra étendre son examen en examinant le dos et rechercher une
pathologie rachidienne qui peut provoquer une douleur « projetée » au niveau du genou (la
face externe du genou correspond à la région métamérique L4-L5). Une pathologie de la
hanche peut également entraîner des douleurs « projetées » au genou. L’examen clinique
recherche en outre des désordres posturaux qui prédisposent au développement de cette
pathologie, telle qu’une inégalité de longueur de jambes, un genu varum ou un genu valgum
exagéré, des troubles rotatoires, des anomalies statiques plantaires… etc (1, 13).
D’autres facteurs extrinsèques peuvent favoriser la survenue de cette pathologie (1, 11) : ce
phénomène survient fréquemment lors d’une période d’augmentation trop rapide de la
quantité d’entraînements ou lors d’une course plus longue que la distance parcourue
habituellement. Ces facteurs prédisposant se comprennent aisément puisque le syndrome de la
bandelette ilio-tibiale survient fréquemment au niveau d’un genou, et pas de l’autre, alors que
l’on court sur deux jambes.
Figure 3 – Surface anatomique de la bandelette ilio-tibiale (1)
Le diagnostic du syndrome est démontré lors de tests spécifiques :
- Le test de RENNE : apparition spontanée de la douleur lorsque le sujet, en appui unipodal
du côté incriminé, effectue des mouvements de flexion-extension autour de 30°.
Figure 4 – Test de RENNE (4)
- Le test de NOBLE : en décubitus dorsal, le genou étant fléchi à 90°, la pression directe par
le praticien de la face externe du condyle latéral, à 3 cm au-dessus de l’interligne, réveille des
douleurs lors de la mise en extension passive du genou. Ces douleurs surviennent aux
alentours de 30° de flexion. Il est parfois perçu un crissement sous le doigt.
Habituellement, aucun examen complémentaire n’est nécessaire pour confirmer le diagnostic.
Les radiographies sont habituellement normales. Parfois, la résonance magnétique peut être
utile pour évaluer la sévérité de l’inflammation ou quand le contexte clinique est
trompeur (6).
Figure 5 – Test de NOBLE (4)
3. Le diagnostic différentiel
Comme nous l’avons vu précédemment, le genou douloureux nécessite une démarche
clinique rigoureuse pour réussir à préciser la topographie et la nature des lésions. Une gêne au
niveau de la face externe du genou peut être due à diverses lésions. Cependant, le contexte
épidémiologique, clinique et les tests rendent le diagnostic très évocateur. L’examen clinique
soigneux permettra d’éliminer les pathologies des ménisques, des ligaments, les bursites, une
fracture de fatigue, une souffrance fémoro-patellaire, et toute autre tendinite (biceps,
poplités…etc).
B. Approche thérapeutique (1, 4, 8, 12)
1. A la phase aigue, il est recommandé :
- en premier lieu, le repos et l’arrêt temporaire de l’activité sportive. Il est
important d’éviter toute activité sportive qui aggrave le phénomène douloureux.
Classiquement, la reprise de l’activité sportive doit se faire progressivement pour
atteindre le niveau d’entraînement antérieur entre le deuxième et le troisième mois
après le début du traitement ;
- la cryothérapie utilisée au niveau de la face externe du genou est utile en cas de
douleurs sévères ;
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens en application locale et par voie orale
pendant 10 jours environ ;
- des infiltrations de corticoïdes entre la bandelette et le condyle à quelques
semaines d’intervalle chacune sont recommandées en cas de résistance au
traitement médical bien conduit ;
- de la kinésithérapie avec des étirements du muscle fascia lata ;
En fonction du problème, il faudra également renouveler le matériel : changer pour des
chaussures de running neuves adaptées, rendre visite à un podologue, ce qui peut déboucher
sur la prescription de semelles orthopédiques de correction.
2. Le programme de reprise de la course à pied
La plupart des patients sont rétablis en six semaines. En règle générale, les patients
reprennent la course à pied une fois qu’ils peuvent effectuer le programme d’étirement sans
aucune gêne. La reprise de la course à pied se fera progressivement échelonnée sur un mois.
L’analyse de la course peut être nécessaire pour corriger un mauvais geste technique. Le
stretching est indispensable dans le programme de rééducation et de récupération après
l’effort ou d’échauffement avant l’effort. Ainsi, orienté sur la marche à suivre et la manière de
réaliser ses exercices, le patient est encouragé à les pratiquer régulièrement surtout dans le
cadre du sport.
ETUDE CLINIQUE,
THERAPEUTIQUE ET
EVOLUTIVE DE CINQ
CAS DE SYNDROME DE
LA BANDELETTE ILIOTIBIALE
A. Observation n°1 (15)
Monsieur P., 40 ans, consulte en mars 2003 en médecine physique pour des douleurs à la
face externe du genou gauche.
1. Antécédents
On note la survenue de diverses tendinopathies lors d’activités sportives (épaule,
coude). Le patient a également fait plusieurs lumbagos.
Il est peintre automobile et pratique la course de fond et le cyclisme (VTT), ainsi que la
marche une fois par semaine environ.
2. Histoire de la maladie
Depuis un an, le patient ressent une douleur située à la face externe du genou gauche
lors de la course à pied. Au repos ou lors de la marche, il n’existe aucune douleur. Par contre,
lorsque le patient effectue une course à pied, il constate pour une distance qui est toujours la
même (au bout de vingt à trente minutes de course) une douleur importante située au niveau
du compartiment externe de son genou gauche qui le contraint à arrêter sa course. Dès l’arrêt
de son activité physique, la douleur s’estompe totalement.
Toutefois, la douleur persiste en dehors de l’effort, lors de son activité professionnelle qui
oblige le patient à s’accroupir. L’évolution est intermittente, rythmée par ses activités
sportives. En mars 2003, le patient consulte en médecine physique compte tenu du caractère
rebelle de la douleur, malgré un repos sportif relatif pendant environ trois mois.
3. Compte-rendu clinique - Evolution
a. L’examen clinique
L’examen clinique révèle un genou gauche sec, de mobilité normale ; l’examen
du dos retrouve un dérangement intervertébral mineur au niveau L4-L5. La mobilisation des
hanches est normale. En station debout, des troubles statiques sont mis en évidence avec un
genu varum. En fait, le diagnostic de syndrome de la bandelette ilio-tibiale est affirmé grâce
au test de NOBLE qui est positif.
b. Traitements
- Le traitement mésothérapique
. Patient couché en décubitus dorsal, jambe en extension.
. Mélange : Lidocaïne 1% (2,5 ml) + Etamsylate (1ml) + Calcitonine
de saumon 100 UI (1 ml).
. Les points d’injection : ce sont les sites les plus douloureux du
tendon terminal du tenseur du fascia lata repérés à la sémiologie objective spécifique.
. Techniques : 4 à 5 points en intradermique profonde (IDPc),
complété d’un nappage au niveau du derme superficiel (IDS) sur les structures musculaires
douloureuses.
- Traitements associés
. Arrêt du sport pendant trois semaines.
. Prescription de semelles orthopédiques de correction.
. Kinésithérapie avec des manœuvres d’étirement du fascia lata.
. La manipulation adéquate au niveau du rachis lombaire fera céder
la dysfonction mécanique et les douleurs qui en résultent.
c. Evolution
Un mois après le début du traitement, le patient ressent une amélioration
nette au niveau de son activité professionnelle, où il ne persiste plus de douleur au niveau de
son genou gauche. Toutefois, il n’a pas repris la course à pied, ni le VTT. Le patient envisage
une reprise de son activité sportive après la pose de ses semelles orthopédiques.
B. Observation n°2 (15)
Monsieur B., né le 11 septembre 1976, consulte en médecine physique pour des douleurs
chroniques à la face externe du genou gauche.
1. Antécédents
Le patient ne présente pas d’antécédents médicaux ou chirurgicaux particuliers. Il
exerce le métier d’ingénieur. Il pratique le jogging et le squash pendant ses moments de
loisirs.
2. Histoire de la maladie
C’est au décours d’un traumatisme du genou gauche, il y a huit mois, en tombant,
qu’apparaissent des douleurs au niveau de la face externe du genou gauche survenant au bout
de 15 à 20 minutes de course et augmentant en terrain vallonné ou sur des surfaces non
planes. Elles sont calmées par le repos sportif relatif. Après un arrêt de sport de 3 mois, le
patient reprend la course à pied, mais la réapparition de la douleur l’oblige à s’arrêter en cours
de course.
Depuis, le patient évite de courir; il garde une certaine activité physique en marchant, tout en
veillant à ne pas aggraver sa pathologie.
Des séances de kinésithérapie n’ont pas amélioré le patient ; un podologue lui a donné des
conseils de chaussants et a tenté de corriger les troubles statiques plantaires par la pose
d’orthèses.
3. Compte-rendu clinique - Evolution
a. Examen clinique
En station debout, on constate un genu varum. Le test de NOBLE est positif.
L’examen met également en évidence un dérangement mécanique de type ostéopathique
fémoro-tibiale gauche accentuant la rotation interne du genou entraînant « un grippage » de la
bandelette ilio-tibiale au niveau de l’interligne externe.
b. Traitements
- Le traitement mésothérapique
. Le mélange associe Lidocaïne 1% (2,5 ml) + Calcitonine de saumon 100
UI (1 ml) + Piroxicam (0,5 ml).
. Les points d’injection sont ceux retrouvés à l’examen clinique.
. La technique associe 4 à 5 points d’injection en intradermique profond
(IDPc) complétée par un nappage au niveau du derme superficiel (IDS) en regard des
structures musculaires en souffrance.
- Traitements associés
. Réduction de l’activité sportive.
. « Dégrippage » de la bandelette ilio-tibiale par une manœuvre
ostéopathique de décoaptation-rotation externe du tibia permettant de corriger la dysfonction
mécanique au niveau de son genou gauche.
. Pose d’orthèses plantaires dans les chaussures de course.
. Kinésithérapie avec des manœuvres d’étirement du fascia lata.
c. Evolution
Le patient a bénéficié d’une seule séance de mésothérapie. Actuellement, il ne
présente aucune douleur, ni aucune gêne après une longue marche; mais il n’a pas repris son
niveau sportif antérieur.
C. Observation n°3 (2)
Monsieur D., né le 15 décembre 1975, consulte en médecine du sport le 7 février 2001
pour des douleurs situées au niveau du compartiment externe de son genou gauche.
1. Mode de vie
Patient sportif, pratiquant l’athlétisme.
2. Histoire de la maladie
Depuis 2 mois, après un effort au cours d’une activité en vélo, le patient constate une
douleur importante au niveau de la face externe du genou gauche lors de ses activités
sportives, mais qui persiste aussi en dehors de l’effort lors de la montée des escaliers.
3. Compte-rendu clinique - Evolution
a. Examen clinique
Test de NOBLE positif témoignant d’une tendinite de la bandelette de Maissiat
du genou gauche.
b. Traitements
- Traitement mésothérapique
Il utilise la technique du point par point (4 à 5 maximum) avec un mélange
associant Kétoprofène + Procaïne en injection intradermique profonde ciblée (IDPc) en regard
du tendon en souffrance.
- Traitements associés
. Repos sportif relatif.
. Prescription de semelles orthopédiques de correction.
c. Evolution
- Patient revu le 5 mars 2001 : la symptomatologie douloureuse s’est
nettement améliorée, objectivée par l’absence de douleur à la montée des escaliers. Deuxième
séance de mésothérapie utilisant la même technique que lors de la première séance.
- Patient revu le 16 mars 2001 : il ne présente plus de symptomatologie
douloureuse au niveau de son genou gauche. Il a effectué 1h30 de vélo sans ressentir de gêne.
L’examen clinique est pratiquement normal avec une légère sensation douloureuse au test de
NOBLE. Dernière séance de mésothérapie avec un mélange associant Kétoprofène + Procaïne
en injection intradermique profonde ciblée (4 à 5 points) en regard de la bandelette ilio-tibiale.
D. Observation n°4 (2)
Madame T., née le 7 avril 1972, consulte en médecine du sport le 31 janvier 2000 pour
des douleurs situées au niveau du genou gauche.
1. Mode de vie
Patiente pratiquant comme activité sportive le triathlon.
2. Histoire de la maladie
Depuis 4 mois, la patiente ressent des douleurs au niveau du compartiment externe
du genou gauche survenant lors de la course à pied, mais également dans ses activités
quotidiennes.
3. Compte-rendu clinique - Evolution
a. L’examen clinique
Il révèle un genou gauche sec de mobilité normale et la perception d’un petit
kyste poplité.
Des troubles statiques sont mis en évidence avec des axes jambiers perturbés associés à des
pieds creux. Le diagnostic est affirmé grâce au test de NOBLE qui signe une tendinite de la
bandelette de Maissiat du genou gauche.
b. Traitements
- Traitement mésothérapique
Il utilise un mélange associant Kétoprofène + Procaïne en injection
intradermique profonde ciblée (4 à 5 points) en regard du tendon terminal du tenseur du fascia
lata en souffrance.
- Traitements associés
. Repos sportif relatif.
. Prescription de semelles orthopédiques de correction.
c. Evolution
- Patiente revue le 9 février 2000 : les douleurs ne sont plus gênantes dans les
activités quotidiennes telles que la montée ou la descente des escaliers. A l’examen clinique,
on retrouve toujours un test de RENNE et un test de NOBLE positifs. L’arthrographie du
genou gauche est normale. On effectue une deuxième séance de mésothérapie au niveau du
tendon terminal du tenseur du fascia lata selon le même protocole que lors de la première
séance.
- Patiente revue le 13 mars 2000 : il n’y a plus de doléances fonctionnelles
particulières. L’examen clinique au niveau du genou gauche est normal, sauf la perception du
petit kyste poplité gauche. Il est proposé un programme de reprise progressive de la course à
pied.
- Le 26 avril 2000 : la patiente est revue et ne présente aucune doléance
fonctionnelle particulière. La reprise de la course à pied s’est effectuée sans aucun problème.
E. Observation n°5 (2)
Monsieur L., né le 10 mai 1961, consulte en médecine du sport le 21 novembre 2000 pour
des douleurs situées au niveau du compartiment externe du genou gauche.
1. Mode de vie
Patient sportif pratiquant l’athlétisme et le squash.
2. Histoire de la maladie
Suite à une période d’augmentation de la quantité d’entraînements, Monsieur L.
ressent, depuis 2 mois, une douleur à la face externe de son genou gauche pendant ses
activités physiques, mais également en dehors de l’effort lors de la descente des escaliers, ceci
sans phénomène de blocage.
3. Compte-rendu clinique - Evolution
a. L’examen clinique
L’examen du genou met en évidence un test de NOBLE positif au niveau du
genou gauche, signant une tendinite de la bandelette de Maissiat. Des troubles statiques sont
mis en évidence avec un genu varum associé à des pieds plats.
b. Traitements
- Traitement mésothérapique
Il utilise un mélange associant Kétoprofène + Procaïne en injection
intradermique profonde ciblée (4 à 5 points) en regard du tendon en souffrance.
- Traitements associés
. Repos sportif.
. Prescription de semelles orthopédiques de correction.
c. Evolution
- Patient revu le 27 novembre 2000 : il ne présente plus de doléances
fonctionnelles à la marche comme à la montée ou à la descente des escaliers. L’examen du
genou gauche est quasi normal avec juste une petite gêne au test de NOBLE. Les
radiographies des genoux sont normales. On effectue une deuxième séance de mésothérapie
avec un mélange associant Kétoprofène + Procaïne en injection intradermique profonde ciblée
(4 à 5 points) au niveau du tendon terminal du tenseur du fascia lata. On propose également
une reprise progressive de la course à pied.
- Patient revu le 7 décembre 2000 : aucune gêne particulière n’est notée après
30 minutes de course à pied. L’examen du genou gauche est normal. On effectue une dernière
séance de mésothérapie avec un mélange associant Kétoprofène + Procaïne en point par point
en regard de la bandelette ilio-tibiale.
DISCUSSION
A. Sur le plan épidémiologique
L’étude du syndrome de la bandelette ilio-tibiale porte sur cinq patients âgés de 27 à 42
ans. Ils sont tous sportifs.
B. L’examen clinique
L’interrogatoire révèle, dans deux cas (observations n°3 et n°5), un facteur déclenchant
ayant contribué à la survenue de cette pathologie : augmentation trop rapide de la quantité
d’entraînements ou une course plus longue que la distance parcourue habituellement.
On retrouve, dans tous les cas, des facteurs sous-jacents intrinsèques qui ont contribué à la
survenue de cette pathologie telles que des anomalies architecturales (genu varum) ou des
troubles statiques plantaires. La correction de ces anomalies par le port d’orthèses plantaires
est importante.
On note, dans un cas (observation n°2), une chute avec traumatisme au niveau du genou
gauche, à l’origine d’un syndrome de la bandelette ilio-tibiale. Dans ce cas, l’examen du
genou gauche a mis en évidence un dérangement mécanique fémoro-tibiale nécessitant une
correction par une manœuvre ostéopathique apportant un soulagement rapide. Ainsi, la
correction d’une souffrance mécanique associée à une tendinite de la bandelette de Maissiat
est nécessaire pour la guérison.
En conclusion, ces observations montrent l’intérêt d’un examen médical et orthopédique
soigneux (évaluation du genou, du pied, des axes jambiers…etc), à la recherche de désordres
posturaux prédisposant au développement de cette pathologie.
C. Sur le plan thérapeutique
Un traitement mésothérapique a été réalisé dans chacun des cas de tendinite du tenseur du
fascia lata. Nous nous proposons d’évaluer l’efficacité du traitement mésothérapique dans la
prise en charge de cette pathologie.
Il est certain que la cause à l’origine du syndrome de la bandelette ilio-tibiale ne réside pas
seulement à son insertion au genou, là où la douleur est perçue. Comme nous l’avons vu
précédemment, la cause peut être située plus haut (par exemple, au niveau du muscle grand
fessier) ou plus bas, au niveau du pied. Une prise en charge globale du patient est donc
nécessaire avec la réduction ou l’arrêt de l’activité sportive mise en cause, une correction des
anomalies architecturales, des manœuvres d’étirement du fascia lata, puis un programme de
reprise progressive de l’activité physique.
A la phase initiale du traitement, le premier objectif est de calmer l’inflammation locale au
niveau du tendon terminal du tenseur du fascia lata. Ceci peut être atteint grâce à la réduction
de l’activité physique qui est à l’origine de la douleur. Le traitement mésothérapique donne ici
des résultats intéressants. Il se décompose de la manière suivante : 4 patients sur 5 ont été
traités par un mélange associant un anti-inflammatoire non stéroïdien avec un anesthésique
local, dès la première séance, en point par point au niveau des structures tendineuses. On y
associe souvent un nappage en regard des irradiations musculaires avec un décontracturant
non sédatif (Thiocolchicoside).
Le rythme des séances est variable : une à trois séances de mésothérapie maximum espacées
de une à quatre semaines selon l’évolution.
D. Sur le plan évolutif
L’évolution est remarquable puisque, dans
tous les cas, les patients présentent un
soulagement important après une seule séance de mésothérapie, perceptible par la disparition
des symptômes douloureux dans les activités quotidiennes ou professionnelles.
Dans deux cas (observations n°1 et n°2), il s’agit d’un syndrome douloureux chronique de la
bandelette ilio-tibiale évoluant depuis au moins huit mois, traité initialement par du repos, des
ultrasons, du stretching ou la pause d’orthèses plantaires, sans grand succès. La prise en
charge adéquate de ces patients, dès la première consultation, permet déjà un soulagement
rapide ; on obtient en effet de bons résultats avec la mésothérapie qui semble activer la
guérison.
Dans les observations n°3, n°4 et n°5, la mésothérapie a permis un retour à un niveau
d’entraînement élevé au bout d’un mois et demi maximum par rapport au début du traitement.
Le traitement mésothérapique utilisant des anti-inflammatoires non stéroïdiens est donc un
traitement médical compétitif en comparaison avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens
per os ou les infiltrations locales, mais sans les inconvénients de ceux-ci (limitation des
infiltrations de corticoïdes à trois maximum, respect des contre-indications et effets
secondaires possibles). Son efficacité réside dans son mode d’action original qui consiste à
éliminer l’inflammation par l’injection d’anti-inflammatoires non stéroïdiens au site même de
l’inflammation. Ce traitement est donc des plus bénéfiques pour compléter l’action du repos
et la correction d’anomalies morphologiques.
En conséquence, on a longtemps insisté sur l’aspect rebelle de cette tendinite du tenseur du
fascia lata ; dans la plupart des cas vus précédemment, ces sportifs ont été vus « en bout de
course », après avoir épuisé les traitements classiques, y compris les infiltrations de cortisone,
dont l’effet délétère sur le tendon est maintenant bien connu.
L’intérêt du traitement mésothérapique, en dehors de son efficacité démontrée, réside
également dans le fait qu’il permet de suivre l’évolution de la maladie, grâce aux séances
répétées, et de s’assurer que le patient suit correctement son traitement prescrit. En effet, dans
un cas (observation n°1), le patient ne portait toujours pas ses semelles orthopédiques
prescrites.
Il faut également noter qu’au niveau de l’évolution à long terme, les patients n’ont pas
présenté de récidive.
CONCLUSION
Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale est l’une des lésions en rapport avec
la course à pied, la plus fréquente et souvent la plus frustrante, car elle n’est pas
facile à guérir. La mésothérapie apporte une solution indéniable dans le
traitement causal de cette pathologie grâce à son action locale directe sur
l’inflammation.
La mésothérapie, par la répétition de l’examen au cours des séances, permet
d’une part de fiabiliser le diagnostic, et, d’autre part, de vérifier la bonne
observance des autres éléments du traitement.
En effet, une approche pluridisciplinaire est indispensable dans la prise en
charge du syndrome de la bandelette ilio-tibiale. La mésothérapie s’inscrit et a
sa place dans le cadre de cette prise en charge globale du patient permettant un
soulagement rapide et durable et une reprise de l’activité sportive précoce.
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Médecine physique et rééducation fonctionnelle et Enseignant DIU Mésothérapie PitiéSalpétrière, Maître de stage CERM Ile de France, 19 bis rue Sainte Adélaïde Versailles.
RESUME
Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale ou « syndrome de l’essuie-glace » est
une affection caractéristique des coureurs de fond. Il s’agit d’une tendinite de la
bandelette ilio-tibiale qui se traduit par des douleurs du compartiment externe du
genou, aggravées par la course à pied.
L’étude clinique, thérapeutique et évolutive de cinq cas de syndrome de la
bandelette ilio-tibiale montre que la mésothérapie apporte un soulagement
rapide et durable grâce à son action locale directe sur l’inflammation : dans tous
les cas, après une séance de mésothérapie, on note une disparition des
symptômes douloureux dans les activités quotidiennes ou professionnelles.
Cette pathologie est donc une indication « royale » de la mésothérapie, mais ceci
ne doit pas faire oublier que cette affection est liée à un dysfonctionnement
musculaire, soit par le biais d’un trouble architectural constitutionnel, soit par
celui d’un dérangement mécanique. C’est donc au terme d’une prise en charge
globale de cette affection que l’on obtient tout son succès en mésothérapie.
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