la Langue des Chinois
Le Chinois est la langue officielle de la Chine, de Taïwan et de Singapour, soit environ 1,4 milliard
d’habitants (en 2012). Cependant l’expression "parler chinois" a guère de sens car on compte une
douzaine de "chinois" différents, mais la langue officielle est unique : c’est le chinois de Pékin ou
kinois.
Depuis longtemps c’est la langue de l’Empire. Les examens des lettrés se déroulaient dans cette
langue, d’où le nom de "mandarin" qui lui est encore donné en Europe. En Chine, son nom est han yu,
"langue des Han", l’ethnie majoritaire. On l’appelle aussi pu tong hua, c’est-dire "langue commune",
pour marquer son caractère officiel.
Si presque 80 % de Chinois parlent le mandarin, près de 20 % parlent d'autres langues chinoises qu'on
s'obstine souvent à appeler des dialectes, comme si le français était un dialecte de l'espagnol ou
réciproquement. Cette mauvaise habitude provient vraisemblablement du fait que le chinois écrit est
pratiquement le même pour tous les Chinois, ce qui laisse à penser qu'il n'y a entre les langues chinoises
que des différences légères de prononciation.
S'il est exact que la langue écrite est la me, il ne faut pas oublier que c'est une écriture
iographique. Par conséquent, pour prendre un exemple, la même phrase écrite en deux langues :
je parle anglais, ou yo hablo ingles
se rendra par les mes caracres que les lecteurs prononceront chacun dans sa langue. Il est donc
clair qu'à moins d'études particulières, deux Chinois de langues chinoises différentes ne se comprennent
pas sauf s'ils s'écrivent. C'est donc l'écriture chinoise qui a permis, en grande partie, d'unifier
politiquement et culturellement un empire aussi immense.
Pour un francophone, les deux plus grandes difficultés dans l’apprentissage du chinois sont la
phonétique et l’écriture. La première est caractérisée par l’existence de tons, au nombre de quatre (plus
un ton neutre bref). La seconde est l’écriture qui emploie des idéogrammes, dont la transcription en
alphabet latin est le pin-yin, adopté depuis 1959.
les Variantes géographiques du chinois
La plus connue des autres langues chinoises est le cantonais (appelé langue yué par les
Chinois), parlé bien r dans la région de Canton mais aussi par une grande part des Chinois
d'outre-mer, soit au total plus de 70 millions de personnes.
Cette langue a la particularité d'utiser pour des mots très usuels quelques idéogrammes
dun dessin différent de ceux du mandarin.
La différence entre le cantonais et le mandarin peut porter soit, comme il est normal, sur la
prononciation des caractères ("je" se dit wo en mandarin, ngo en cantonais...), soit même sur les
idéogrammes utilisés : "merci" se dit xie xie en mandarin, en redoublant le caractère signifiant
"reconnaissance" ; le cantonais dira m'goy en utilisant deux caractères qui signifient littéralement
"pas dû" (c'est-dire "vous ne me devez rien").
Sur le plan phonétique, le cantonais compte trois tons de plus que le mandarin, soit 7 au lieu de 4.
Les syllabes du cantonais, contrairement à celles du mandarin, peuvent se terminer par une des
consonnes p, t, ou k. Il en était ainsi en chinois ancien : le mandarin apparaît donc comme
phonétiquement "usé" par rapport au cantonais.
Les pays ayant subi linfluence culturelle chinoise de longue date comme le Viêtnam, la
Corée ou le Japon ont gardé trace de cette ancienne phonétique et des mots qu'ils ont empruntés au
chinois sont ainsi plus proches du cantonais que du mandarin. Ainsi "pays" se dit guo en mandarin,
guok en cantonais, guk en coréen, quoc en vietnamien et koku en japonais.
D'autres langues chinoises ont une importance comparable à celle du cantonais. On peut citer :
Le chinois de Shanghai (langue wu) parlé au nord du Yang-tse-kiang (Yangzi-jiang) dans la
plus grande partie du Tche-kiang (Zhe jiang), dans les provinces de Anhui et Yangsu, soit
au total 80 millions de locuteurs.
Les chinois du Fou-kien (Fu-jian) diffèrent
au Nord et au Sud de cette province. On
les appelle langues min. Elles représentent
50 millions de locuteurs. Celui du Sud est
parlé également à Taiwan par près de 15
millions de Taiwanais.
Les Taiwanais ont gar les caractères
anciens, non simplifiés et n'ont pas non
plus adopté le système de transcription
"pin-yin" en lettres latines.
Le hakka (qui se dit kejia en mandarin,
littéralement "la maison d’hôtes" parlé
par une cinquantaine de millions de
Chinois dispersés dans le sud de la Chine
et jusqu’à Singapour et même Tahiti.
A cela sajoutent le chinois du Hunan, dite
langue siang (36 millions), et la langue gan
pare au Kiang-si (Jiang-xi) et au Hubei (31
millions). Ces langues sont numériquement moins
importantes.
Les différentes langues chinoises connaissent
des variations dialectales liées à des prononciations
locales qui les rendent parfois incompréhensibles,
même pour un Chinois de la même langue.
On assiste actuellement à une certaine usure de
ces langues en Chine continentale au profit du
mandarin, largement enseigné à l'école et surtout
utilisé à la radio et à la télévision.
Voici l'importance respective des principales
langues de Chine en pourcentage : Mandarin
71,5 % ; Wu 8,5 % ; Y 5 % ; Xiang 4,8 % ; Min
4,1 % ; Hakka 3,7 % ; Gan 2,4 %.
l’Écriture et la Phonétique chinoises
Depuis la disparition des hiéroglyphes, seul le chinois est fondé sur un sysme d’écriture
iographique. Il n’y a pas de rapport systématique entre le signe et sa prononciation, et on doit apprendre
simultanément l’un et l’autre.
Les idées étant nombreuses, les idéogrammes le sont aussi. On doit en connaître un millier vers l’âge
de dix ans, 3000 à la fin des études secondaires, 5000 à 6000 pour un niveau d’instruction supérieur, sur
un total impossible à connaître précisément mais qui est de l’ordre de 30 000 ce nombre étant plus ou
moins grand selon le degd’archaïsme auquel on remonte (car au fil du temps ils ont eu tendance à
diminuer et se simplifier).
Ces idéogrammes sont tous monosyllabiques et chacun se prononce avec un ton montant, égal,
descendant, modulé qui limite les ambiguïtés fatales, puisque le nombre d’idéogrammes est très
supérieur au nombre de sons syllabiques que la voix humaine peut prononcer.
Quelle que soit sa complexité exprimée en nombre de coups de pinceau ou traits un caractère
chinois doit tenir dans un espace identique. Plus un caractère est complexe, plus ses éléments sont
écrits petits. Par exemple, à partir du caractère de l'arbre on a par redoublement celui de la
forêt et, par triplement, celui des broussailles .
Chercher un idéogramme dans un dictionnaire pose évidemment quelques problèmes. Quel
système logique peut-on imaginer pour classer les dessins ?
Le classement est fondé sur le nombre de coups de pinceau qui composent le caractère. Les
Chinois distinguent différents coups de pinceau élémentaires, par exemple le point, le trait, le
crochet, le trait anguleux, etc.
Les conventions de dessin étant très précises, il n'y a aucune ambiguïté pour un Chinois sur le
nombre de coups de pinceau nécessaires à un caractère. Ces conventions ne sont pas évidentes,
puisqu'un carré se dessine avec trois coups de pinceau. Le caractère carré qui signifie "bouche"
s'écrit donc par les trois mouvements.
En écriture cursive, il se compose sensiblement comme notre n minuscule. Si les traits étaient
exécutés dans un autre ordre, on n'arriverait pas du tout au même résultat pour un caractère écrit
rapidement à la main.
Les caractères peuvent avoir de un à plus de trente coups de pinceau. Il y en a des quantités
importantes qui nécessitent un nombre donné de traits.
Ainsi, sur le stock de 1850 idéogrammes chinois que les Japonais ont retenus comme caractères
de base, il y en a 182 qui comportent dix traits et 98 qui en comportent quinze.
Pour les quelque 6000 caractères chinois usuels, le nombre est au moins trois fois plus élevé.
Le nombre de traits n'est donc pas à lui seul suffisant pour retrouver commodément un caractère.
La difficulté a été tournée en distinguant dans un caractère une partie, en général plus simple,
appelée "clef". Originellement, elle donnait une idée de la catégorie d'objet représenté : il existe par
exemple une clef des poissons qui se compose elle-me de onze traits et tous les poissons, ou
ce qui y ressemble, ont un caractère qui comporte cette clef dans la partie gauche du caractère. Par
exemple, "baleine" s'écrit 鱼京.
Ainsi, la clef du "bois" se trouve-t-elle pour toutes les espèces d'arbres, ainsi que pour de
nombreuses constructions : "maison à étage", "pont", etc.
La clef de l'eau se retrouve dans les liquides, celle de l'or dans tous les métaux, etc.
Le nombre de clefs étant relativement limi il y en a seulement 214 chacun est censé les
connaître et repérer dans un caractère inconnu la clef correspondante. On cherche alors dans la liste
des caractères ayant cette clef ceux dont le nombre de traits correspond au caractère cherché. Il n'y en
a le plus généralement qu'un maximum de quelques dizaines, dont on parcourt rapidement la liste.
En face du caractère trouvé se trouve le numéro de la page du dictionnaire le sens du caractère
est expliqué.
On voit que tout cela est d'une simplicité enfantine ; il y a cependant parfois quelques petits
problèmes pour repérer la clef : par rapport au reste du caractère elle est le plus souvent à gauche,
comme dans le cas des poissons, mais il lui arrive d'être à droite, dessous, dessus, au milieu ou de part
et d'autre. Parfois aussi, un caractère est composé de deux clefs. Ces insignifiantes ambiguïtés se
résolvent simplement par quelques tâtonnements.
Les dictionnaires chinois modernes, et notamment ceux à l'usage des Chinois, classent les
caractères par ordre alphabétique, selon la prononciation figurée en écriture latine, dite pin-yin, que
les Chinois leur ont donnée.
Cela n'ôte rien à ce qui vient d'être dit, mais si, par hasard, le lecteur sait comment se prononce
son idéogramme, il peut le trouver directement selon la thode qui nous est habituelle.
Cela conduit à donner quelques explications sur la transcription en caractères latins des
idéogrammes chinois. Les Chinois utilisent une telle transcription non pas en vue de supprimer les
idéogrammes, ce qui risque d'être repoussé aux calendes grecques, mais pour les besoins de
l'enseignement. Puisqu'il n'y a aucun lien obligatoire entre le caractère et sa prononciation, il est
nécessaire d'apprendre la prononciation en même temps que le caractère, et cette prononciation
est rendue par notre alphabet.
La presse s'est fait lcho en 1979 d'un changement dans l'écriture des noms chinois : en fait,
les Chinois ont simplement demandé que nous utilisions leur système et non pas un autre qui aurait
mieux correspondu aux habitudes phonétiques françaises. Mao Tsé-toung se prononce toujours pareil,
mais s'écrit, selon le pin-yin, Mao Zedong, et Pékin s'écrit Beijing ne pas prononcer [bejingue] !
Pékin est beaucoup plus compréhensible, même s'il demeure approximatif.
L’introduction du pin-yin a l’avantage de fixer une transcription latine au lieu d’en avoir plusieurs,
comme c’est encore le cas en coréen. Comme la phonétique chinoise n'est pas la phonétique
française et qu'il ne faut pas tomber dans un excès de simplicité, le pin-yin, donne à nos lettres des
valeurs gèrement différentes de la prononciation française. Mao Tsé-toung se prononce toujours
pareil, mais s'écrit, selon le pin-yin, Mao Zedong, et Pékin s'écrit Beijing ne pas prononcer
[bejingue] ! Pékin est beaucoup plus compréhensible, même s'il demeure approximatif.
Précisons que les tons sont marqués en pin-yin par des accents qui surmontent la voyelle. En
chinois de Pékin, les quatre tons sont indiqués par : [ ¯ ] (ton uni), [ ˊ ] (ton montant), [ ˇ ] (ton
modulé, descendant puis montant) et [ ˋ ] (ton descendant).
Voici les correspondances approximatives de prononciation entre le pin-yin et le français :
pin-yin
prononciation
exemple
transcription
idéogramme
a
a (comme dans âne)
bàba
baba
爸爸
ai
aille (comme dans maille)
ài
aille
an
anne
gān
ganne
ang
ang (comme dans langue)
bāng
bang
ao
ao (comme dans cacao)
lǎo
lao
b
b
běi
beille
c
ts (comme dans tsar)
cǎo
tsao
ch
Tch (comme dans Tchad)
chī
tcheu
d
d
da
e
e
měi
meille
en
enne (comme dans benne)
hěn
Henne
eng
eung
péngyou
peung-yo
朋友
er
are
èr
are
f
f
féi
feille
g
g (comme dans gare)
gēn
guenne
h
h aspiré (comme r de rue)
hǎo
Hao
i
i
mi
i
i (mais eu après
c, ch, r, s, sh, z, zh)
dzeu
ian
Ienne (comme dans chienne)
qián
tchienne
iang
iang
liáng
liáng
ie
ié (comme dans l)
xiè xiè
sié-sié
谢谢
ien
ienne (comme dans mienne)
nián
nienne
in
inne (comme dans héroïne)
n
ninne
j
dj (comme dans Djibouti)
dji
k
k (comme dans krach)
ke
l
l
lǎo
lao
m
m
máo
mao
n
n
nǎozi
nao-dzeu
脑子
ong
ong (comme dans gong)
tóngshí
tong-cheu
同时
ou
o (comme dans pot)
ròu
jo
p
p
pa
q
tch (comme dans tchétchène)
tchi
r
j (en début de syllabe)
je
s
s (comme dans soulier)
seu
sh
Ch (comme dans vache)
shéi
cheille
t
t
ta
u
ou (comme dans hibou)
lou
u
u (après j, q, x et y)
tchu
ü
u
lu
w
w (comme dans whisky)
wèi
weille
x
s
xué
sué-si
学习
y
y (comme dans yen)
yào
yao
z
dz (comme dans razzia)
dzeu
zh
dj (comme dans djinn)
zhǎo
djao
Les raccourcis clavier correspondant aux voyelles accentuées utilisées en pinyin sont ("alt" + …) :
1er ton : ¯
ā 257
ē 275
ī 299
ō 333
ū 363
ǖ 470
2e ton : ˊ
á 160
é 130
í 161
ó 162
ú 163
ǘ 472
3e ton : ˇ
ǎ 462
ě 283
ǐ 464
ǒ 466
ǔ 468
ǚ 474
4e ton : ˋ
à 133
è 138
ì 141
ò 149
ù 151
ǜ 476
On a aussi beaucoup parlé de la simplification des caractères chinois. Depuis la prise de pouvoir
par Mao en 1949, un effort important a été fait dans ce sens pour faciliter l'apprentissage de la
lecture. Plus de 2000 caractères ont été simplifiés depuis le début de la réforme, certains au point
d'être méconnaissables, d'autres ayant gardé leur silhouette générale. Le seul inconvénient de cette
politique de simplification est celui de la période transitoire pendant laquelle on rencontre encore
simultanément les anciens et les nouveaux caractères. Si en Chine continentale le régime domine
suffisamment l'édition pour qu'aucun probme grave ne se pose, la Chine dite nationaliste,
Formose, en est restée aux idéogrammes anciens, comme Hongkong et Singapour. Ce qui implique
la connaissance des deux séries d'idéogrammes, les anciens et les nouveaux, pour ceux qui
cherchent un contact avec tout ce qui s'imprime en chinois.
Il convient d'indiquer enfin que le chinois s'écrit dorénavant comme notre langue, par lignes et de
gauche à droite. Cependant, les publications hors de Chine continentale gardent le plus souvent
l'ancien système par colonnes verticales descendantes, la première colonne étant celle de droite. En
outre, sur les frontons des temples, il n'était pas possible d'écrire en colonnes, l'usage ancien
voulait qu'on écrivît de droite à gauche. Le résultat est qu'on ne sait jamais a priori dans quel sens
se lit un texte et qu'il faut en comprendre le sens pour savoir avec certitude dans quel sens il se lit.
Il est clair que les "machines à écrire" chinoises n'ont pas grand-chose de comparable avec ce
que sont les machines « européennes. Ce sont plutôt des ateliers de composition typographique
chaque caractère est choisi dans une boîte renfermant les plus connus, alors qu'une boîte
supplémentaire et moins accessible contient les plus rares. Ce procédé est peut-être archaïque, mais
les Chinois eurent tout de même le mérite d'inventer l'imprimerie s la fin du IXe siècle, près de
500 ans avant Gutenberg.
Aujourd'hui, avec les progrès de l'industrialisation, on utilise de plus en plus l'informatique.
Ci-dessous, une centaine de caractères chinois parmi les plus employés, avec pour chacun d’eux sa
forme simplifiée (le cas échéant) ainsi que sa transcription en pin-yin avec l’indication du ton, le nombre
de coups de pinceau nécessaire à son dessin, et sa signification.
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !