Traitement de la défaillance circulatoire

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Traitement de la défaillance circulatoire
F. Garnier et C. Martin
Introduction
L'état de choc est secondaire à une inadéquation entre l’apport et l’utilisation
des substrats métaboliques (principalement le glucose et l'oxygène). Il en
résulte une anoxie tissulaire et éventuellement une mort cellulaire.
De nombreux facteurs contribuent à la dysfonction d'organes des patients
en choc septique. Les facteurs hémodynamiques, tels que la déplétion volémique, la baisse des performances myocardiques (1) ou la vasodilatation
inappropriée, contribuent à l'hypotension systémique ; il en résulte une diminution de la pression de perfusion des organes. Grâce au phénomène
d’autorégulation, le débit sanguin d'un organe reste constant lorsque la pression de perfusion varie dans une large plage de valeurs. Le seuil
d'autorégulation est la pression la plus basse où l'autorégulation est maintenue.
Il peut être défini par l’interception de la zone d'autorégulation avec le sommet
de la zone de sub-autorégulation (fig. 1). En dessous de leur seuil d'autorégulation, le flux sanguin des organes devient linéairement dépendant de la
pression de perfusion. C’est pourquoi une des priorités thérapeutiques du choc
septique est le rétablissement d’une pression de perfusion d’organe adéquate.
Cet objectif requiert le plus souvent l’administration de vasopresseurs avec un
risque de vasoconstriction excessive et de diminution de la perfusion des
organes. Les études cliniques suggèrent que de telles complications surviennent
rarement et qu’habituellement les fonctions d’organes s’améliorent lorsque la
pression de perfusion tissulaire est augmentée lors du choc septique (2-14).
Les amines vasopressives
Dopamine (tableau I)
Les effets pharmacologiques de la dopamine sont dose-dépendants (tableau I).
À des doses inférieures à 5 γ/kg/min l'effet prédominant de la dopamine est
222 Sepsis sévère et choc septique
Seuil d’autorégulation
100
•
Pente
d’autorégulation
50
0
20
40
60
80
100
Pression artérielle
(mmHg)
Fig. 1 – Relation théorique entre le flux et le débit sanguin d’un organe.
En dessous de ± 60-70 mmHg de PAM, il existe une relation linéaire entre la pression de
perfusion et le débit sanguin d’un organe (pente de sub-autorégulation). Le point d’interception entre la zone d’autorégulation (ligne horizontale) et de sub-autorégulation définit le seuil
d’autorégulation (± 70 mm Hg dans ce cas particulier).
Tableau I – Effets cardio-vasculaires et métaboliques des catécholamines vasopressives et inotropes.
Adrénaline
Dopamine
Noradrénaline
Phényléphrine
Contractibilité (β1, α1)
+++
++
+ à ++
0à+
Fréquence cardiaque (β1)
+++
+ à ++
+ à ++
0à
+ à +++
0 à +++
+ à +++
++
+à0
0
0
0
Perfusion rénale
ou ou ou Débit cardiaque
0 ou ou 0 ou ou 0 to or Vasoconstriction (α1)
Vasodilatation (β2)
Résistance
Pression sanguine
VO2-VCO2
une stimulation des récepteurs rénaux dopaminergiques DA1 et DA2, des
récepteurs mésentériques et du lit vasculaire coronaire. Il en résulte une vasodilatation. La perfusion de faibles doses de dopamine entraîne une
augmentation de la filtration glomérulaire, du débit sanguin rénal, et de l'excrétion de sodium (2). Pour des doses comprises entre 5 et 10 γ/kg/min, l'effet
prédominant est une stimulation des récepteurs bêta 1-adrénergiques. Il en
résulte une augmentation de la contractilité myocardique et de la fréquence
Traitement de la défaillance circulatoire 223
cardiaque. Pour des doses supérieures à 10 γ/kg/min, l'effet prédominant est
une stimulation des récepteurs alpha 1-adrénergiques qui provoque une vasoconstriction artérielle et une augmentation de la pression sanguine.
Cependant, il est clairement reconnu que cet effet de la dopamine est souvent
limité chez les patients en défaillance hémodynamique sévère.
Effet hémodynamique
Les effets hémodynamiques de la dopamine chez les patients en choc septique
ont été étudiés dans de nombreuses études. La dopamine a permis d’augmenter
la pression artérielle moyenne (PAM) de 24 % chez des patients présentant une
hypotension persistante après optimisation de la volémie (3-14).
L’augmentation de la PAM provoquée par la dopamine est due initialement à
une augmentation de l'index cardiaque, avec des effets minimes sur les résistances vasculaires systémiques. L'augmentation de l'index cardiaque est due
initialement à une augmentation du volume d'éjection systolique, et pour
moindre effet à une augmentation de la fréquence cardiaque (3-14). La dose
moyenne de dopamine nécessaire pour restaurer la pression sanguine était,
dans ces études de 15 γ/kg/min. Ces études n’ont pas montré de modification
des pressions veineuses centrales, des pressions de l'artère pulmonaire, des pressions pulmonaires bloquées et des résistances systémiques et pulmonaires. Le
traitement par dopamine de patients présentant des pressions capillaires
pulmonaires bloquées élevées peut être responsable d'un accroissement de ces
mêmes pressions par augmentation du retour veineux. Les patients recevant de
la dopamine à des doses supérieures à 20 γ/kg/min peuvent présenter une
augmentation des pressions au niveau des cavités cardiaques droites, ainsi
qu’une augmentation de la fréquence cardiaque. Il a été montré que la dopamine peut améliorer la contractilité ventriculaire droite des patients qui
présentent une défaillance ventriculaire droite.
Dans une étude randomisée en double aveugle, Martin et al. ont comparé
l’efficacité de la noradrénaline à celle de la dopamine pour améliorer l’état
hémodynamique de 32 patients en choc septique hyperdynamique (9). Les
objectifs fixés en PAM et en index cardiaque ont été atteints chez 31 % des
patients avec des doses de dopamine allant de 10 à 25 γ/kg/min. Les pressions
pulmonaires moyennes, les pressions bloquées au niveau des capillaires pulmonaires, ainsi que le débit urinaire ont aussi augmenté chez ces patients.
Cependant, 93 % des patients traités initialement par de la noradrénaline à des
doses moyennes de 2,1 γ/kg/min sont parvenus aux objectifs hémodynamiques
fixés, et 10 des 11 patients qui n'ont pas répondu à des doses moyennes de
25 γ/kg/min de dopamine ont été traités avec succès par la noradrénaline. Les
auteurs ont conclu que la noradrénaline est plus efficace et plus fiable que la
dopamine pour restaurer un état hémodynamique normal chez les patients en
choc septique hyperdynamique.
224 Sepsis sévère et choc septique
Échanges gazeux
Les études portant sur les effets de la dopamine au niveau des échanges gazeux
pulmonaires ont montré une augmentation significative du shunt intrapulmonaire (Qs/Qt), une réduction de la différence artério-veineuse en oxygène et
–
une augmentation de la saturation en oxygène du sang veineux mêlé (SvO
2)
avec une pression artérielle en oxygène (PaO2) qui diminue ou qui reste
inchangée (7, 8, 10).
Apport en oxygène
La dopamine augmente l’apport en oxygène de l’organisme par rapport à un
niveau mesuré avant son administration (3-5). Cependant, ses effets sur la
consommation d'oxygène mesurée ou calculée semblent modestes. Le coefficient d'extraction cellulaire d'oxygène est classiquement diminué suggérant
l'absence d'amélioration de la consommation tissulaire en oxygène (3, 5). Ceci
peut être dû à une absence d’amélioration du flux micro-vasculaire des organes
vitaux (5).
Perfusion splanchnique
Les effets de la dopamine sur la circulation splanchnique évalués par les paramètres de la tonométrie gastrique sont controversés. Roukonen et al. et
Meier-Hellmann et al. (6) ont montré que la dopamine peut augmenter le flux
sanguin splanchnique. L’augmentation de l’apport en oxygène au niveau
splanchnique est secondaire à l’augmentation du flux sanguin splanchnique
sans augmentation significative de la consommation en oxygène au niveau
splanchnique (6). Les auteurs ont aussi constaté une augmentation de l'apport
splanchnique d’oxygène sans modification de la consommation splanchnique
d’oxygène associé à une réduction significative du taux d'extraction d’oxygène
au niveau splanchnique (3). Dans le même temps, il n'a pas été constaté de
modification du pH intra-muqueux (pHi), ni de la concentration en lactate
systémique ou splanchnique. Maynard et al. n'ont pas pu mettre en évidence
d'effet de la dopamine sur la circulation splanchnique, ni sur le pHi, ni sur le
métabolisme de la lidocaïne, ni sur la clairance de l’indocyanine (15).
Marik et al. ont constaté que l’administration de dopamine s'accompagne
d’une réduction du pHi et d’une augmentation de l'apport et de la consommation en oxygène au niveau systémique (4). Les auteurs suggèrent que la
dopamine est responsable d'une augmentation de la consommation splanchnique d’oxygène qui n'est pas compensée par l’augmentation de l'apport en
oxygène. Il en résulte une augmentation de la dette en oxygène au niveau
splanchnique. Les auteurs supposent que la dopamine peut avoir redistribué le
flux sanguin vers les intestins, réduisant le flux de la muqueuse gastrique et
augmentant ainsi la dette en oxygène au niveau muqueux.
Traitement de la défaillance circulatoire 225
Neviere et al. ont constaté que l'administration de dopamine s'accompagne
d'une réduction du flux sanguin au niveau de la muqueuse gastrique (16). Ils
ont noté des modifications de la pression artérielle gastrique en CO2 (PγCO2),
de la différence en PCO2 entre la muqueuse gastrique et le sang artériel, et du
pHi calculé. L’absence de modification des paramètres acido-basiques du
patient n’a pas permis aux auteurs de déterminer si la réduction du flux sanguin
de la muqueuse gastrique est un facteur péjoratif.
En résumé, la dopamine semble efficace pour augmenter la PAM des
patients qui présentent une hypotension persistante après restauration de la
volémie. L'augmentation de la PAM est due initialement à une augmentation
de l'index cardiaque. Les patients qui bénéficient donc le plus de la dopamine
sont ceux qui présentent une hypotension avec réduction des fonctions
cardiaques. La dopamine est une possibilité thérapeutique intéressante pour les
patients qui présentent un choc septique hyperdynamique ne nécessitant pas
un soutien catécholaminergique important. Les effets indésirables majeurs de
la dopamine sont la tachycardie, l'augmentation des pressions d’occlusion de
l’artère pulmonaire (POAP), l'augmentation du shunt intra-pulmonaire et la
diminution de la PaO2.
Adrénaline (tableau I)
Chez les patients en défaillance hémodynamique qui ne répondent ni à l'expansion volémique ni à l'administration de catécholamines habituelles,
l'adrénaline peut encore améliorer les paramètres hémodynamiques.
L’adrénaline augmente la PAM, en augmentant l'index cardiaque et le volume
d'éjection, avec un effet plus modéré sur les résistances vasculaires systémiques
et sur la fréquence cardiaque (17-19). L'adrénaline augmente également l'apport tissulaire en oxygène, mais, proportionnellement, l’augmentation de la
consommation en oxygène semble plus modérée (17-21).
L'adrénaline diminue le débit sanguin splanchnique. Cette diminution du
débit sanguin splanchnique s’accompagne d’une diminution du pHi et d’une
augmentation transitoire de la concentration en lactate artériel, splanchnique
et hépatique (3, 22). Cependant, Levy et al. ont montré que la concentration
en lactate artériel et le pHi reviennent à des valeurs normales après vingt-quatre
heures de traitement (22). Cette augmentation transitoire de la concentration
en lactate peut être due, soit à une augmentation de l'utilisation splanchnique
de l'oxygène et donc de la production de CO2 secondaire à l'effet thermogénique de l'adrénaline, soit à une réduction du flux sanguin de la muqueuse
intestinale induite par l'adrénaline. La réduction du flux sanguin splanchnique
est associée à une réduction de l'apport et de la consommation en oxygène. Ces
effets peuvent être secondaires à une réduction de l'apport en oxygène avec
comme résultat une altération globale de l'oxygénation tissulaire (3, 22). Ces
effets peuvent être potentiellement corrigés par l'administration concomitante
de dobutamine (23). L'ajout de dobutamine à l'adrénaline semble permettre
226 Sepsis sévère et choc septique
l’amélioration de la perfusion de la muqueuse gastrique : augmentation du pHi
et diminution de la lactatémie.
L’administration d’adrénaline peut s’accompagner d’une augmentation de
la concentration en lactate systémique et régionale (17, 21, 22). Cependant, la
brièveté de la période de mesure ne permet pas de savoir si l’augmentation a été
transitoire ou non. L'adrénaline est responsable d'une augmentation de la
fréquence cardiaque des patients en choc septique sans augmentation significative du taux d'ischémie myocardique (17) ou d'arythmie (18) à
l'électrocardiogramme. Les effets de l'adrénaline sur les pressions de l'artère
pulmonaire ou les résistances vasculaires systémiques sont minimes au cours du
sepsis (17, 18).
Noradrénaline (tableau I)
La noradrénaline est un agent agoniste alpha-adrénergique puissant avec des
effets agonistes bêta-adrénergiques moins prononcés. Les études portant sur la
noradrénaline ont mis en évidence une augmentation de la PAM chez les
patients présentant une hypotension persistante après restauration de la
volémie et traitement par dopamine. La noradrénaline était traditionnellement, soit non utilisée, soit réservée au patient moribond, compte tenu de ses
effets vasoconstricteurs potentiellement néfastes notamment au niveau du lit
vasculaire hépatique ou rénal.
L'évaluation récente de la noradrénaline chez les patients en choc septique
suggère fortement que ce médicament peut augmenter la pression sanguine
sans provoquer de dysfonction d'organes. Dans ces études, la noradrénaline a
été introduite après échec d'un traitement associant restauration de la volémie
et dopamine associée ou non à de la dobutamine (9, 24, 26).
Dans la plupart des études portant sur des patients en choc septique, les
doses de noradrénaline employées varient en moyenne de 0,2 à 1,3 γ/kg/min.
La posologie initialement utilisée peut être de à 0,01 γ/kg/min (25) et la posologie la plus élevée rapportée dans la littérature est de 3,3 γ/kg/min (24). Ainsi,
de fortes doses de noradrénaline peuvent être nécessaires pour traiter les
patients en choc septique. Ceci peut être secondaire à un phénomène de désensibilisation avec internalisation des récepteurs alpha-adrénergiques (27).
Effets cardio-vasculaires
La noradrénaline est classiquement responsable d'une augmentation significative de la PAM, attribuable à ses effets vasoconstricteurs, avec seulement de
petites modifications de la fréquence cardiaque ou du débit cardiaque.
Plusieurs études ont mis en évidence une augmentation du débit cardiaque
allant de 10 à 20 % et une augmentation du volume d'éjection allant de 10 à
15 % (9, 24, 25, 28, 30). Les études cliniques évaluant les pressions vasculaires
Traitement de la défaillance circulatoire 227
pulmonaires ont montré, soit une absence de modification, soit une légère
augmentation des pressions moyennes de l'artère pulmonaire et des pressions
capillaires bloquées (9, 24-26, 28-30).
Effet rénal
Chez les patients qui présentent une hypotension ou une hypovolémie au cours
d'un choc hémorragique ou hypovolémique, les effets vasoconstricteurs de la
noradrénaline peuvent avoir des conséquences délétères au niveau de l’hémodynamique rénale par une augmentation des résistances vasculaires rénales et
une ischémie rénale (31-33). Bien que la noradrénaline puisse être responsable
d'une ischémie rénale chez le rat (34), la situation est différente dans le cadre
du choc septique hyperdynamique. La diminution du débit urinaire au cours
du choc septique est principalement secondaire à une diminution de la pression de perfusion rénale (24). La noradrénaline augmente la fraction de
filtration rénale par augmentation des résistances des artérioles rénales. Cet
effet permet de rétablir la diurèse des patients en choc septique.
Compte tenu du bas niveau des valeurs des résistances vasculaires systémiques souvent observé aux cours du choc septique, la noradrénaline peut
améliorer de manière significative la PAM et la filtration glomérulaire. Les
études qui ont comparé la dopamine à la noradrénaline pour le traitement
vasopresseur du patient en choc septique ont montré une amélioration significative du débit urinaire, de la clairance de la créatinine et de la clairance
osmolaire chez les patients traités par noradrénaline (24, 26, 29). Fukuoka
et al. (35) ont montré que l’ajout de noradrénaline à la dopamine et à la dobutamine permet d'augmenter les résistances vasculaires systémiques et le débit
urinaire seulement chez les patients présentant une concentration en lactate
plasmatique normale. Cependant, la qualité méthodologique de cette étude est
discutable, compte tenu du faible effectif de patients et de la variance avec les
autres études qui retrouvent une augmentation des résistances vasculaires systémiques et du débit urinaire, même chez les patients présentant une
hyperlactatémie (9, 40, 36-38). Ces études sont en faveur de l'hypothèse que
l'ischémie rénale observée au cours du choc septique hyperdynamique n'est pas
aggravée par l'administration de noradrénaline et suggèrent même que ce
médicament peut optimiser le flux sanguin rénal et les résistances vasculaires
rénales (24, 26, 29).
Effets sur la concentration en lactate
Les effets de la noradrénaline sur la lactatémie ont été étudiés dans de
nombreuses études (4, 6, 9, 30, 36). Les résultats de ces études suggèrent que
la noradrénaline n'altère pas l'oxygénation tissulaire des patients en choc
septique et peut même l’améliorer.
228 Sepsis sévère et choc septique
Effets sur la circulation splanchnique
Ruokonen et al. ont comparé l'évolution du flux sanguin splanchnique de
patients recevant soit de la dopamine (de 7,6 à 33,8 γ/kg/min) soit de la noradrénaline (de 0,07 à 0,23 γ/kg/min) pour corriger une hypotension (6). Les
résultats ont montré que l'effet de la noradrénaline sur la circulation splanchnique n'est pas prévisible : augmentation du flux sanguin chez certains
patients, diminution du flux sanguin chez d’autres avec absence de modification du flux moyen splanchnique, de la consommation d’oxygène et de
l'extraction périphérique d'oxygène, alors que la dopamine entraîne une
augmentation significative du flux sanguin splanchnique. Meier-Hellman et al.
ont montré, chez des patients en choc septique, que le remplacement de l’association dobutamine et dopamine par de la noradrénaline seule entraîne une
diminution du débit cardiaque et une diminution du flux sanguin splanchnique proportionnelle à la baisse du débit cardiaque (3). La consommation
d’oxygène splanchnique reste inchangée secondairement à une augmentation
de l'extraction régionale d’oxygène. Les auteurs ont conclu que, si le débit
cardiaque est maintenu, le traitement par noradrénaline seule est sans effet
délétère sur l'oxygénation tissulaire splanchnique. Ces résultats ont été
confirmés par l'étude de Marik et al. qui a montré une augmentation significative du pHi après trois heures de traitement par noradrénaline et une
diminution significative du pHi après un traitement par dopamine (4). Reinelt
et al. ont montré que l'addition de dobutamine à la noradrénaline permet
d'augmenter de 20 % l'index cardiaque des patients en choc septique, avec une
augmentation du flux sanguin et de la consommation en oxygène splanchnique
associée à une amélioration de l'activité métabolique au niveau hépatique (38).
Le débit sanguin splanchnique et l'index cardiaque augmentent parallèlement,
mais il n'y a pas de modification de la consommation splanchnique d’oxygène.
Il a également été constaté une diminution de la production hépatique de
glucose.
Levy et al. ont comparé les effets de l'adrénaline à l’association noradrénaline et dobutamine au niveau de la tonométrie gastrique chez 30 patients en
choc septique. Alors que les paramètres hémodynamiques sont restés similaires,
le pHi et le gradient de PCO2 gastrique se sont normalisés dans le groupe traité
par noradrénaline et dobutamine, alors que le pHi a diminué et que le gradient
de PCO2 gastrique a augmenté dans le groupe traité par adrénaline (23). Ces
modifications observées dans le groupe traité par l'adrénaline ont été transitoires et se sont corrigées dans les vingt-quatre heures, mais elles ont pu induire
une ischémie délétère du territoire splanchnique. Les auteurs ont conclu que
les effets au niveau splanchnique de l'association noradrénaline/dobutamine
sont plus prévisibles que les effets de l'adrénaline.
Traitement de la défaillance circulatoire 229
Phényléphrine (tableau I)
La phényléphrine est un agoniste alpha-adrénergique sélectif. Elle a été utilisée
en intraveineux direct pour traiter les tachycardies supraventriculaires par une
stimulation cardiaque vagale résultant d'une augmentation rapide de la pression sanguine. Elle est employée en anesthésie pour augmenter la pression
sanguine. Ses effets vasculaires rapides et de courte durée en font un médicament intéressant pour le traitement initial des hypotensions associées au sepsis.
Cependant, il ne faut pas oublier que ce médicament peut réduire l’index
cardiaque et la fréquence cardiaque (tableau I).
Peu d'études ont évalué les effets cliniques de la phényléphrine au cours du
choc hyperdynamique. Les recommandations concernant son utilisation
clinique sont donc limitées. Une seule étude évalue les effets à court terme de
la phényléphrine chez des patients en choc septique hyperdynamique mais non
hypotendu au moment de l'administration du médicament (39). La phényléphrine, à des doses de 70 γ/min augmente la PAM, le débit cardiaque et le
volume d'éjection. La fréquence cardiaque est significativement plus basse,
mais la diminution moyenne est seulement de trois battements par minute. Il
n'y a pas eu de modification des résistances vasculaires systémiques. En comparaison, la réponse hémodynamique à la même dose de phényléphrine
administrée à des patients normotendus avec altération du débit cardiaque a été
une augmentation de la PAM et des résistances vasculaires systémiques, une
diminution de l'index cardiaque et une absence de modification de la
fréquence cardiaque. Dans une étude dose-réponse, la phényléphrine a été
administrée à des patients septiques ayant un profil hémodynamique hyperdynamique et une tension artérielle normale (40). L'augmentation des doses de
0,5 γ/kg/min à 8 γ/kg/min a permis une augmentation de la PAM, des résistances vasculaires systémiques et du volume d'éjection sans modification de
l'index cardiaque. La fréquence cardiaque a faiblement mais significativement
diminué (de 3 à 9 battements par minute). Cette étude, qui a évalué les paramètres de transport de l’oxygène, n'a pas mis en évidence de modification
significative de la consommation ou de l'apport en oxygène.
La phényléphrine a été administrée à 13 patients en choc septique présentant une hypotension persistante malgré une optimisation de la volémie et
l’administration de petite doses de dopamine ou de dobutamine (41). L'index
cardiaque de base était de 3,3 l/min/m2 et la PAM de 57 mm de mercure. La
phényléphrine a été débutée à des doses de 0,5 γ/kg/min, les doses ont été
progressivement augmentées afin de maintenir une PAM supérieure à
70 mm Hg. La durée du traitement par phényléphrine a été en moyenne de
65 heures et la dose maximale moyenne administrée a été de 3,7 γ/kg/min (de
0,4 à 9,1 γ/kg/min). La phényléphrine a permis d'augmenter la PAM, les résistances vasculaires systémiques, l'index cardiaque et le volume d’éjection sans
modification de la fréquence cardiaque. Cliniquement, il a été observé une
augmentation du débit urinaire sans modification de la créatininémie. Une
230 Sepsis sévère et choc septique
augmentation de l'apport et de la consommation en oxygène a également été
constatée.
Les informations obtenues sur la phényléphrine suggèrent donc que ce
médicament peut augmenter la PAM chez les patients en choc septique après
restauration de la volémie. Le traitement par phényléphrine n'altère ni le débit
cardiaque ni la fonction rénale. La phényléphrine peut être un bon choix thérapeutique lorsqu’une tachyarythmie limite l’utilisation des autres agents
vasopresseurs. Une augmentation de la consommation et de l'apport en
oxygène peut apparaître durant ce traitement.
Utilisation d'un traitement vasopresseur
Objectifs du traitement vasopresseur (voir Annexe 1)
Lorsque la restauration de la volémie par un remplissage vasculaire ne suffit pas
à assurer une PAM et une pression de perfusion d’organes suffisantes, un traitement par amines vasopressives doit être débuté (42). Le choix de l'agent
vasopresseur doit se faire entre la dopamine, la noradrénaline, l'adrénaline et la
phényléphrine. Lorsqu'une hypotension importante menace le pronostic vital,
le traitement par amines vasopressive doit être débuté avant même que les pressions de remplissage cardiaque soient optimisées. Lorsque que l'autorégulation
d'un organe a disparu, le débit sanguin de cet organe devient linéairement
dépendant de la pression de perfusion (43, 44). Les pressions de perfusion
d'organes peuvent donc être préservées si le flux sanguin est optimisé (35,
45, 46).
L’introduction d'un agent vasopresseur, ayant des effets inotropes positifs,
peut être intéressante en pratique clinique lorsque le débit cardiaque n’est pas
suffisant pour assurer une perfusion d’organe correcte (47, 48). D'un point de
vue pratique, lorsqu'un traitement vasopresseur est débuté, les doses doivent
être soigneusement ajustées afin de restaurer une PAM correcte sans altérer le
volume d'éjection. Lorsqu'une diminution du volume d'éjection est constatée,
les doses de vasopresseur doivent être diminuées et l’association de la dobutamine doit être envisagée (48). Lorsqu’une dysfonction cardiaque ventriculaire
droite apparaît durant le traitement par agent vasopresseur, les résistances
vasculaires pulmonaires doivent être maintenues à des valeurs les plus basses
compatibles avec la restauration d'un état hémodynamique systémique normal
(49, 51).
Durant un traitement par agent vasopresseur, notre attention doit particulièrement se porter sur la circulation rénale et splanchnique. Bien qu'aucune
étude prospective randomisée n’ait montré une amélioration significative de la
fonction rénale associée à l’augmentation de la pression de perfusion rénale,
de nombreux travaux semblent étayer cette notion (9, 24-26, 28-30, 52-54).
La diurèse et la clairance de la créatinine augmentent après restauration
Traitement de la défaillance circulatoire 231
d’une PAM correcte. Ainsi, les agents vasopresseurs peuvent être des médicaments intéressants pour augmenter la pression de perfusion rénale. Certains
patients vont présenter une courbe d’autorégulation rénale déplacée vers le
droite. L'obtention d'un flux sanguin rénal adéquat nécessite ainsi des pressions de perfusion plus élevées. Des valeurs exactes d’objectif tensionnel ne
peuvent pas être données, la valeur de la PAM à atteindre dépend du régime de
pression sanguine pré-morbide du patient. Cependant, de nombreuses études
montrent qu’une valeur de PAM de 65 à 75 mmHg est nécessaire pour
restaurer une perfusion rénale correcte (9, 24-26, 28-30, 52-54). La réponse
individuelle des patients au traitement vasopresseur doit être précisément
évaluée afin d’apporter la dose d’amine vasopressive minimum permettant de
restaurer une diurèse correcte. Certains patients nécessitent des PAM de seulement 60 à 65 mmHg pour obtenir les mêmes résultats cliniques.
L'utilisation de la lactatémie pour guider le traitement des patients en choc
septique n'a pas montré un intérêt décisif pour la prise de décision thérapeutique. Cependant, la diminution de leur concentration est un indicateur de
bon pronostic. Dans la plupart des chocs, l'élévation de la lactatémie est le
reflet d'un métabolisme anaérobie secondaire à l'hypoperfusion tissulaire. Dans
le cadre du choc septique, l'élévation de la lactatémie n'est pas nécessairement
liée au métabolisme anaérobie. Plusieurs études ont mis en évidence que l'augmentation de l’apport en oxygène global (55) ou régional (56) ne permet pas
la correction de l'hyperlactatémie des patients en choc septique. La mesure de
la pression en oxygène tissulaire chez des patients en choc septique n'a pas
permis de mettre en évidence de corrélation entre l’hypoxie tissulaire et l’acidose lactique (57). Un certain nombre d'études ont suggéré que l'élévation des
lactates peut résulter d'une altération du métabolisme cellulaire plutôt que
d’une hypoperfusion tissulaire globale (58, 59). L’élévation des lactates au
cours du choc septique ne semble pas forcément liée à une hypoxie tissulaire.
Néanmoins, la valeur pronostique péjorative de l'élévation de la lactatémie au
cours du choc septique a été démontrée (60, 62). L'évolution de la concentration en lactate semble être un meilleur indicateur pronostique qu'une simple
mesure (60, 62, 63).
–
La saturation en oxygène du sang veineux mêlé (SvO
2) semble être un bon
indicateur de la balance entre consommation et apport en oxygène de l'orga–
nisme. La saturation veineuse en oxygène (SvO
2) peut être ponctuellement
mesurée par un simple prélèvement sanguin au niveau de l'artère pulmonaire
(à partir d'un cathéter placé dans l'artère pulmonaire). Il est possible également
–
de mesurer en continu la SvO
2 à l'aide d’un cathéter oxymétrique placé dans
–
l'artère pulmonaire ou dans la veine cave supérieure. La SvO
2 est dépendante
du débit cardiaque, de la consommation d'oxygène de l’organisme, du taux
d'hémoglobine et de la saturation artérielle en oxygène. Lorsque la consommation d'oxygène de l’organisme est stable et en l'absence d'hypoxémie ou
d’anémie, une diminution de la saturation veineuse en oxygène peut être le
–
reflet d’une baisse du débit cardiaque. La valeur normale de la SvO
2 du patient
–
de réanimation est de 70-75 %. Cependant, lors d’un choc septique, la SvO
2
232 Sepsis sévère et choc septique
peut être élevée secondairement à une mauvaise distribution du flux sanguin à
–
travers les organes. L'utilisation de la SvO
2 comme index de perfusion globale
pour guider le traitement du patient en choc septique est probablement inté–
ressante. Une SvO
2 inférieure à 65 % traduit habituellement un défaut de
perfusion de l’organisme. La restauration de valeurs normales doit être un
objectif thérapeutique. Dans une étude contrôlée, la survie des patients en choc
septique était améliorée lorsqu’aux objectifs thérapeutiques traditionnels
(PAM, pression veineuse centrale, diurèse horaire) était ajoutée la correction
–
des valeurs basses de SvO
2, avec une valeur cible ≥ 70 % (64).
Plus récemment, des méthodes de mesure plus directe de la perfusion régionale ont été évaluées. La circulation splanchnique a été particulièrement
étudiée pour plusieurs raisons : l'intestin semble avoir un seuil critique d'apport en oxygène plus haut que les autres organes (65) et l’ischémie digestive
accroît la perméabilité intestinale. La tonométrie gastrique a été proposée
comme une méthode simple d’évaluation de la perfusion régionale de l'intestin. Cette méthode emploie une sonde qui, au contact de l'estomac, mesure
la pression en CO2 (PCO2) de la muqueuse. À partir de cette mesure de la
PCO2 et de la concentration en bicarbonate artériel, il est possible de calculer
le pHi de la muqueuse gastrique en utilisant l'équation de HendersonHasselbalch. La fiabilité de cette mesure nécessite que la concentration en
bicarbonate de la muqueuse gastrique soit en équilibre avec la concentration en
bicarbonate systémique (66), mais ce n'est pas toujours le cas dans les états de
choc (67). La PCO2 de la muqueuse gastrique est directement influencée par
la PCO2 artérielle systémique. Ainsi, l’utilisation de la différence en PCO2
gastrique et artérielle a été proposée comme une variable de tonométrie présentant un intérêt, même si cette mesure n'est pas seulement le reflet de l'hypoxie
de la muqueuse gastrique (67).
La tonométrie gastrique est un bon facteur prédictif de l'ultime devenir des
patients de réanimation (68-71). Son utilité pour guider le traitement des
patients en choc septique n'a cependant pas été prouvée. Une seule étude a
montré une diminution de la mortalité de patients de réanimation dont le traitement a été guidé par le pHi. Ces patients présentaient un pHi normal à
l’admission en réanimation (70). L'interprétation de cette étude est délicate car
le traitement basé sur le pHi n’a pas été protocolisé et a été laissé à la discrétion
du médecin. La tonométrie gastrique semble pouvoir être utile pour évaluer la
perfusion régionale de la circulation splanchnique, mais plusieurs études
randomisées avec des algorithmes de traitement clair et reproductible sont
nécessaires pour établir une procédure de prise en charge des patients en choc
septique basée sur le pHi.
Complications du traitement vasopresseur
Toutes les catécholamines vasopressives peuvent provoquer une tachycardie
significative, particulièrement chez les patients présentant une hypovolémie
Traitement de la défaillance circulatoire 233
non corrigée. L'augmentation de la consommation myocardique d’oxygène
induite par les amines peut être responsable d'une ischémie myocardique chez
les patients atteints de coronaropathie. En présence d'une dysfonction myocardique, l’excès de vasoconstriction peut être responsable d’une diminution du
volume d'éjection, du débit cardiaque et de l’apport en oxygène au niveau
tissulaire. Lorsque le traitement par vasopresseur est débuté, les doses doivent
être prudemment ajustées afin de restaurer la PAM sans altérer le volume
d'éjection. En cas d'altération des performances cardiaques, les doses de vasopresseur doivent être diminuées, ou l’utilisation de dobutamine doit être
envisagée (24). En présence d'une dysfonction ventriculaire droite au cours du
choc septique, l’augmentation de la précharge du ventricule droit peut aggraver
la dysfonction ventriculaire droite. Durant un traitement par vasopresseur, les
résistances vasculaires pulmonaires doivent être maintenues à des valeurs les
plus basses compatibles avec un état hémodynamique correct (9, 36). Les
agents vasopresseurs tels que la noradrénaline peuvent diminuent le flux
sanguin rénal (31). Lorsque qu'un traitement par vasopresseur est instauré,
l’index cardiaque doit être maintenu à des valeurs normales, afin d'optimiser le
flux sanguin rénal (24).
L'administration de vasopresseur peut altérer le flux sanguin du réseau
splanchnique. Cela peut se manifester par des ulcérations digestives, un iléus
ou une malabsorption. L'intégrité de la muqueuse intestinale occupe une position importante dans la physiopathologie de la défaillance multiviscérale. Il est
possible de détecter des épisodes d'acidose de la muqueuse gastrique par une
diminution du pHi ou une augmentation de la PCO2 de la muqueuse
gastrique. Cependant, aucune étude prospective randomisée n’a mis en
évidence de diminution de la mortalité des patients en choc septique traités à
partir d’un algorithme de prise en charge basé sur le pHi ou la PCO2 gastrique.
Considérations pratiques pour l'utilisation des vasopresseurs
Une utilisation adéquate des agents vasopresseurs peut permettre de restaurer
le flux sanguin des organes si l'expansion volémique a été préalablement correctement effectuée. Les amines vasopressives sont le traitement clé de la
défaillance hémodynamique des patients en choc septique, elles peuvent éventuellement être associées à un agent inotrope tel que la dobutamine. Les
tableaux II et III donnent les indications générales d'utilisation des vasopresseurs durant le choc septique (voir aussi Annexe 1).
Conclusion
L'optimisation de la pression de perfusion d'organe est un objectif important
à atteindre durant le traitement du choc septique. La relation pression-débit
234 Sepsis sévère et choc septique
Tableau II – Considération pratique pour l’utilisation optimale d’agents vasopresseurs chez les patients
en choc septique.
1) Critères pour prescrire un agent vasopresseur (4 critères simultanément présents)
• Remplissage cardiaque correct (PVC, POAP : 12 à 15 mm Hg).
–
• IC > 3-4 l/min/m2 et/ou SvO
2 ≥ 70 %*
• Pression artérielle moyenne ≤ 60 mmHg
• Oligurie
2) Critères d’efficacité
• Pression artérielle moyenne > 60-70 mmHg
–
• Pas d’altération de l’IC ou de la SvO
2
• Rétablissement d’un débit urinaire
• Diminution de la lactatémie
• Perfusion cutanée adéquate
• Niveau de conscience adéquate
3) Critères pour diminuer les doses
–
• Diminution (15-20 %) de l’IC ou de la SvO
2 (< 70 %)* (envisager l’utilisation de la dobutamine)
• Pression artérielle moyenne ≥ 80-90 mmHg
* Sans modification significative du taux d’hémoglobine ou de la saturation artérielle en oxygène.
–
IC : index cardiaque ; POAP : pression d’occlusion de l’artère pulmonaire ; PVC : pression veineuse centrale ; SvO
2 : saturation veineuse en oxygène.
Tableau III – Sélection d’un agent adrénergique.
1) Objectif du traitement des patients en choc septique
• Pression artérielle moyenne ≥ 60-70 mm Hg
–
• Index cardiaque ≥ 3,5-4/min/m2 et/ou SvO
2 ≥ 70 %*
• Débit urinaire horaire ≥ 0,7 ml/kg
• Diminution de la lactatémie
• Amélioration de la perfusion cutanée et du niveau de conscience
2) Sélection des catécholamines
–
• Index cardiaque ≥ 3,5-4 l/min/m2 et/ou SvO
2 ≥ 70 %* :
dopamine ou noradrénaline titrée en fonction de la pression artérielle moyenne.
–
• Index cardiaque < 3,5 l/min/m2 et/ou SvO
2 < 70 %* :
dobutamine titrée en fonction de l’index cardiaque (+ noradrénaline ou dopamine si
la pression artérielle moyenne est < 70 mmHg).
• En cas de défaillance, envisager l’association d’adrénaline ou de phénylephrine.
* Sans altération significative du taux d’hémoglobine ou de la saturation artérielle en oxygène.
sanguin observée au cours du choc septique argumente de manière rationnelle
la nécessité de restaurer une pression de perfusion suffisante. De nombreuses
études cliniques démontrent l'absence d'effet délétère associé à la perfusion
d’agent vasopresseur et mettent en évidence une amélioration de la fonction
d'organe lorsque ces médicaments sont utilisés pour restaurer une pression
sanguine adéquate.
Traitement de la défaillance circulatoire 235
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