M2R – Un peu d’algèbre commutative – Université Lyon I – 2012-2013 1
Table des matières
1 Anneaux et algèbres 1
2 Anneaux nœthériens 2
3 Anneaux factoriels 4
4 Éléments entiers 4
5 Localisation 5
5.1 Idéaux et localisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
5.2 Localisé en un idéal premier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
5.3 Localisation de modules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
6 Produit tensoriel 8
6.1 Propriété universelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
6.2 Construction du produit tensoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
6.3 Propriétés exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
6.4 Produit tensoriel d’algèbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
6.5 Algèbre tensorielle, algèbre symétrique d’un module . . . . . . . 10
7 Le théorème des zéros de Hilbert 11
7.1 Le nullstellensatz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
8 Spectre maximal d’un anneau 13
8.1 Cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
8.1.1 Topologie de Zariski . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
8.2 Applications entre spectres maximaux . . . . . . . . . . . . . . . 14
8.3 Cas des kalgèbres de type fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
8.4 Ensembles algébriques affines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
8.5 Faisceau des fonctions régulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Anneaux et algèbres
On considère les anneaux commutatifs.
Soit Aun anneau. Un sous-anneau de Aest un sous-groupe de Aqui contient
1Aet qui est stable par la multiplication.
Une Aalgèbre est la donnée d’un anneau Bet d’un morphisme d’anneaux
iB:AB. Un morphisme de Aalgèbres BCest un morphisme d’anneaux
φ:BCtel que φiB=iC.
Des éléments x1, ..., xnde la Aalgèbre Bengendrent Bsi chaque élément
de Best un polynôme en les xià coefficients dans iB(A)i.e. le morphisme de
Aalgèbres induit : A[X1, ..., Xn]Best surjectif i.e. B=iB(A)[x1, ..., xn].
Un morphisme d’anneaux ABest de type fini si Best une Aalgèbre
de type fini.
Un morphisme d’anneaux ABest fini si Best une Aalgèbre finie i.e.
Best un Amodule de type fini.
Exemples : si kest un corps, k[X]est de type fini sur ket k[X]/(X2)est finie
sur k.
2
Si kest un corps, si Aest une kalgèbre,si 1A= 0A, alors le morphisme
kAest injectif et on peut identifier kavec son image dans A.
Conséquences du lemme de Zorn
Soit Aun anneau. On dit qu’un idéal Ide Aest propre si I=Ai.e. si 1∈ A.
Un idéal maximal est un idéal maximal pour l’inclusion parmi les idéaux
propres. Un idéal premeir est un idéal propre Itel que
xy Ixou yI
pour tous x, y A.
Rappelons :
Pidéal de Aest premier A/P est un anneau non nul intègre
midéal de Aest maximal A/m est un corps (non nul).
Proposition 0.1 Soit Aun anneau. Tout idéal propre de Aest contenu dans
un idéal maximal.
Un élément xAest nilpotent si xn= 0 pour un certain n0. Un anneau
dont 0est le seul élément nilpotent est réduit.
Exemple : si kest un corps et Pest un polynôme à coefficients dans k, alors
k[X]/(P)est réduit si et seulement si Pest sans facteur carré.
Proposition 0.2 L’idéal des éléments nilpotents de Aest pp, l’intersection
de tous les idéaux premiers de A.
Démonstration : Soit xun élément qui n’est pas nilpotent. La famille des
idéaux qui ne contiennent aucune puissance de xest inductive donc admet un
élément maximal. On vérifie facilement que cet élément maximal est un idéal
premier (qui ne contient pas x). q.e.d.
1 Nœthériennité
1.1 Anneaux noethériens
Soit Aun anneau. Si x1, ..., xnA, on note (x1, ..., xn)l’idéal formé des
combinaisons Alinéaires des xi. Un tel idéal est de type fini.
Proposition 1.1 Sont équivalentes :
i) tout idéal de Apeut être engendré par un nombre fini d’éléments ;
ii) toute une suite croissante d’idéaux I0... InIn+1 ... est station-
naire ;
iii) toute famille non vide d’idéaux de Acontient un élément maximal (pour
l’inclusion).
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Un anneau qui vérifie les assertions de la proposition est appelé nœthérien.
Remarques :
—sikest un corps, kest nœthérien. Plus généralement, tout anneau prin-
cipal est nœthérien car tous ses idéaux peuvent être engendrés par un élément ;
— l’idéal (X, Y )n= (Xn, Xn1Y, ..., Y n)de k[X, Y ]peut être engendré par
n+1 éléments mais pas moins ! (exo)Indication : le quotient (X, Y )n/(X, Y )n+1
est un kespace vectoriel de dimension n+1, de base les classes de Xn, Xn1Y, ..., Y n
modulo (X, Y )n+1.
Proposition 1.2 Le quotient d’un anneau nœthérien est nœthérien.
1.2 Modules nœthériens
Proposition 1.3 Soit Aun anneau commutatif. Soit Mun Amodule. Sont
équivalentes :
i) tout sous-module de Mpeut être engendré par un nombre fini d’éléments
(en particulier Mlui-même) ;
ii) toute une suite croissante de sous-modules M0... MnMn+1 ...
est stationnaire ;
iii) toute famille non vide de sous-modules de Mcontient un élément maximal
(pour l’inclusion).
On dit qu’un module qui vérifie les assertions de la proposition précédente
est nœthérien.
Proposition 1.4 Soient NMdeux Amodules. Alors :
Mest nœthérien Net M/N sont nœthériens.
Corollaire 1.4.1 Soit Aun anneau nœthérien. Tout Amodule de type fini
est nœthérien.
Exemple d’application :
Proposition 1.5 Soit Aun anneau nœthérien. Soit Mun Amodule de type
fini. Il existe une suite finie de sous-modules : :
0=M0M1... Mn=M
telle que pour tout i,Mi/Mi1A/pipour un certain idéal premier pide A.
Démonstration : Si xM, on note Ann(x)l’idéal {aA:ax = 0}. L’idéal
Ann(x)est propre si et seulement si x= 0. Soit Ann(x1)un idéal maximal
parmi les idéaux de la forme Ann(x),xM\ {0}. L’idéal P1:= Ann(x1)
est premier. En effet, si ab P1,abx1= 0. Si par exemple ax1= 0, alors
Ann(x1)
=Ann(bx1). Par maximalité, bx1= 0 i.e. bAnn(x1).
Posons M1:= Ax1. On a M1A/P1.LeAmodule Mest nœthérien.
Il existe donc Mun sous-Amodule de Mmaximal parmi ceux qui vérifient
l’énoncé de la proposition. On a M=Msinon on pourrrait trouver xMtel
que Ann(x)est premier avec x:= xmod M. Le module M+Axcontiendrait
strictement Met vérifierait aussi la propriété de l’énoncé :absurde ! q.e.d.
4
1.3 Théorème de transfert
Théorème 1.6 (de base de Hilbert) Soit Aun anneau nœthérien. Alors l’an-
neau A[X]est aussi nœthérien.
Corollaire 1.6.1 Si kest un anneau nœthérien (par exemple si kest un corps),
alors toute kalgèbre de type fini est nœthérienne.
Démonstration : En effet, par récurrence sur n,k[X1, ..., Xn] = k[X1, ..., Xn1][Xn]
est nœthérien. Si Aest une kalgèbre de type fini, engendrée par x1, ..., xn, alors
il existe un morphisme surjectif :
k[X1, ..., Xn]k[x1, ..., xn].
donc en notant Ile noyau de ce morphisme, on a : Ak[X1, ..., Xn]/I.q.e.d.
Démonstration du théorème : Soit Aun idéal de A[X]. Pour tout i0,
soit :
Ai:= {cA:fA, f =cXi+...

termes de degrés < i}.
Si cXi+... A, alors Xf A. On en déduit que AiAi+1. Comme A
est nœthérien, il existe d0tel que A=Aisi id. Pour tout id, soient
ci,j ,1jni
des générateurs de Ai. Pour tous i, j, soit fi,j =ci,j Xi+... A(les ... sont de
degrés < i).
Alors Aest engendré par les fi,j ,1id,1jni. En effet, sinon, il
existe fA\i,j A[X]fi,j de degré minimal. On a :
f=cXn+...
n= deg f.
Si nd, alors cAn=Ad. Donc il existe des λd,j Atels que c=
jλd,j cd,j . Mais alors
fXnd
j
λd,j fd,j A\
i,j
A[X]fi,j
est de degré < n :absurde !
Si nd, alors cAn. Donc il existe des λn,j Atels que c=jλn,j cn,j .
Mais alors
f
j
λn,j fn,j A\
i,j
A[X]fi,j
est de degré < n :absurde !
q.e.d.
Soit kun corps.
Contre-exemple : La kalgèbre k(X)est nœthérienne (c’est un corps !) mais
n’est pas de type fini sur k.
En général, une sous-algèbre d’une kalgèbre de type fini n’est pas nœthé-
rienne. Par exemple dans l’anneau A=k[X, XY, XY 2, ..., XY n, ...]k[X, Y ],
(X, XY, ..., XY n)
=(X, XY, ..., XY n+1)pour tout n.
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Exercice 1 Les sous-kalgèbres de k[X]sont de type fini sur k(donc nœ-
thériennes) Indication : si Pk[X]est un polynôme non constant, alors le
k[P]module k[X]est de type fini.
1.4 Lemme de Nakayama
Lemme 1.7 (de Nakayama) Soit Mun Amodule de type fini. Soit aun
idéal de A. Si aM=M, alors il existe xatel que (1 + x)M= 0. En
particulier, si aest contenu dans tous les idéaux maximaux de Aet si aM=M,
alors M= 0.
Contre-exemple : soient pun nombre premier, A=(p):= {m/n :pne divise pas n},
M=Q. On a M=pM mais M= 0.
Corollaire 1.7.1 Soit Aun anneau local d’idéal maximal m. On pose k=A/m.
Soit Mun Amodule de type fini. Si a1, ...anM, alors a1, ..., anengendrent
Mcomme Amodule a1+mM, ..., an+mM engendrent M/mM comme
kev.
Corollaire 1.7.2 Soit Aun anneau local d’idéal maximal m. Le nombre mini-
mal de générateur de mest la dimension du kev m/m2k=A/m.
Exercice 2 Soit Mun Amodule de type fini. Soit uEndA(M)un endo-
morphisme surjectif. Alors uest injectif. Indication : considérer Mcomme un
A[X]module en posant P(X).m := P(u)(m)pour tout P(X)A[X]et vérifier
que (X)M=M.
Théorème 1.8 (de l’intersection de Krull) Soit Aun anneau nœthérien.
Soit aun idéal contenu dans tous les idéaux maximaux de A. Alors n1an= 0.
Contre-exemple : Soit Al’anneau des germes des fonctions Cau voisinage de
0. Soit ml’idéal des fonctions nulles en 0. Alors n0mn= 0. En effet, dans ce
cas, n0mn= 0 est le germe des fonctions Cau voisinage de 0dont toutes
les dérivées supérieures s’annulent en 0; or, il existe une fonction fCsur R
telle que f(x) = e1/x si x= 0 et f(n)(0) = 0 pour tout n0.
Démonstration : D’après le lemme de Nakayama, il suffit de vérifier que
an1an=n1an.
Soient a1, ..., arAdes générateurs de A. Pour tout m0soit Sml’en-
semble des polynômes fA[X1, ..., Xr]homogènes de degré mtels que :
f(a1, ..., ar)
n1
an.
L’idéal Iengendré par tous les Smest de type fini car A[X1, ..., Xr]est
nœthérien. Soient f1, ..., fkdes générateurs homogènes (c’est possible de choisir
les générateurs homogènes (exo) ) de Ide degrés respectifs n1, ..., nk. Soit x
n1an. Soit m > max ni. Comme xam, il existe un polynôme homogène
fA[X1, ..., Xr]de degré mtel que x=f(a1, ..., ar). On a fI. Donc il existe
des polynômes λiA[X1, ..., Xr]tels que
f=
i
λifi.
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