L'hommage inattendu de Karl Marx à Abraham Lincoln
Extrait du site de la Fondation Gabriel Péri
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A propos du livre "Karl Marx et Abraham Lincoln : une
révolution inachevée"
L'hommage inattendu de Karl
Marx à Abraham Lincoln
Daniel Cirera, Spécialiste des questions internationales et européennes, Secrétaire général du Conseil
scientifique de la Fondation Gabriel Péri.
Description :
Note de lecture de Daniel Cirera à propos du livre Karl Marx et Abraham Lincoln : une révolution inachevée
Fondation Gabriel Péri
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L'hommage inattendu de Karl Marx à Abraham Lincoln
Tout dans le titre de ce recueil de textes de Lincoln et de Marx sur la guerre de sécession et l'esclavage, introduits
par l'historien et militant de la gauche radicale Robin Blackburn, suscite l'attention : la confrontation entre des
personnalités a priori aussi opposées dans leur histoire et leur rôle historique, dans leurs conceptions de la société et
de la politique, comme la référence à une Révolution américaine, fût-elle "inachevée".
Comme il l'a fait et le fera pour les grands moments politiques et des luttes de classe en Europe, Marx suit
quasiment au jour le jour, avec une attention parfois jubilatoire, les événements qui embrasent l'Union, l'affrontement
qui conduit à la guerre civile, entre le Sud esclavagiste dominé par les Démocrates et le Nord industrialisé, qui fait
élire en 1860 le premier président républicain des États-Unis Abraham Lincoln. Il pressent que dans cet affrontement
se joue le devenir de cette grande nation démocratique, et qui modifiera les équilibres du monde de l'époque. "Selon
moi, les plus grands événements du monde actuel sont, d'une part le mouvement américain des esclaves (...) et
d'autre part le mouvement des (serfs) en Russie" écrit-il à Engels. Quelques années plus tard, Engels avance sa
certitude que l'issue de la guerre "décidera de l'avenir de toute l'Amérique pour des centaines d'années. Dès que
sera brisé l'esclavage, cette principale entrave au développement politique et social des États-Unis, le pays prendra
un essor qui lui assurera à brève échéance une toute autre place dans l'histoire universelle, et l'armée et la flotte
nées de la guerre trouveront bientôt leur emploi."
Le parti pris de Robin Blackburn de traiter de la période en juxtaposant les deux personnages et confrontant le
cheminement des choix de Lincoln sous la pression de la guerre, aux analyses de Marx, jusqu'à son soutien explicite
au Président républicain nous plonge dans l'histoire en train de se faire. Il ouvre sur une réflexion plus globale,
d'autant que l'introduction, dense et rigoureuse, ne se limite pas à un commentaire sur les écrits et les déclarations
des deux personnages. Elle met en perspective les conséquences sociales et politiques de la guerre, l'explosion des
luttes sociales, les défis posés ou mouvement ouvrier, jusqu'au débat sur son organisation politique, dans les
décennies qui ont suivi la victoire du Nord sur les États esclavagistes du Sud.
La lecture des textes éclairés par cette substantielle introduction est d'autant plus captivante qu'il s'agit pour
l'essentiel d'articles de Marx écrits à chaud, comme correspondant à Londres d'un des plus importants quotidiens
américains, le New York Daily Tribune, puis surtout pour le quotidien viennois Die Presse, et de sa correspondance.
Au fil du développement de la guerre nous suivons les évolutions de Lincoln. À travers le regard qu'y porte Marx, les
analyses au plus près des réalités, des incertitudes, des aléas des batailles, alors que l'issue du conflit est longtemps
incertaine. Il s'agit d'articles politiques : Marx et Engels sont directement impliqués, d'abord dans la lutte pour la
solidarité avec le Nord et pour faire obstacle à un soutien de l'Angleterre à la sécession sudiste. Il s'agit de donner à
comprendre ce qui se joue, convaincre sur le caractère décisif de la question de l'esclavage, montrer la portée
émancipatrice de son abolition pour le mouvement ouvrier, l'impact des grandes luttes sociales, et la responsabilité
de ce mouvement à se structurer politiquement.
L'élection de Lincoln et des républicains en 1860 précipite le déclenchement de la guerre. Non par la volonté du
nouveau président qui au contraire veut tout faire pour l'éviter mais, comme y insiste Marx, par la conscience par les
États du Sud esclavagistes, que la mise en cause même partielle de l'esclavage, la seule opposition à son extension
territoriale mettait en cause leur domination et à terme l'existence de l'esclavage lui-même.
Or, au début de son premier mandat Lincoln concentre sa stratégie sur la préservation de l'Union tout en évitant la
guerre. Il confirme son opposition à l'extension de l'esclavage, mais ne se prononce pas pour son abolition. Marx
critique cette modération, les concessions et les compromis qui conduisent, dit-il à être "les esclaves des
esclavagistes". Dans le même temps, cependant, il appelle à mesurer qu'au-delà des intentions de Lincoln, de ses
atermoiements, la nature même du conflit conduira à la radicalisation des positions : "La lutte qui se déroule
actuellement entre le Sud et le Nord n'est donc pour l'essentiel qu'un conflit entre deux systèmes sociaux : le
système esclavagiste et le système du travail libre. La lutte a éclaté parce que les deux systèmes ne peuvent plus
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coexister pacifiquement sur le continent nord-américain. Elle ne peut se terminer que par la victoire de l'un ou de
l'autre."
À ceux qui en Europe voudraient restreindre le conflit à une rivalité entre libre-échangistes et protectionnistes, et
ceux qui à Washington et dans les États de l'Union voulaient éviter un choc frontal, Marx oppose dès le début la
centralité de la question de l'esclavage. "La question de l'esclavage est au fondement de toute la guerre civile", écrit
il. Il souligne la dimension politique du conflit : "Il s'agit de savoir si les 20 millions d'Américains libres du Nord doivent
se soumettre plus longtemps à une oligarchie de 300 000 propriétaires d'esclaves". Marx analyse qu'une victoire des
sécessionnistes aurait des conséquences sur le devenir de l'ensemble des États, sur la nature même de la
République, et sa dimension impérialiste avec l'expansion de l'esclavage y compris dans les territoires voisins du
continent, comme le Mexique ou Cuba.
Pour Marx comme pour les abolitionnistes, la clé de la victoire pour le Nord passe par l'affirmation du caractère
décisif de l'esclavage, face à la tiédeur dans la conduite de la guerre y compris au plus haut niveau de l'état-major,
aux hésitations de Lincoln qui veut éviter la rupture avec les esclavagistes et les démocrates "loyalistes". Mais pour
Marx, très rapidement, au tournant de la guerre, fin 1861, l'issue est écrite qui impose une radicalisation de l'objectif
politique : "Les événements eux-mêmes exigent une proclamation décisive : l'émancipation des esclaves".
Attentif à l'essor du mouvement pour l'abolition, Marx voit un tournant dans la puissance du discours d'une des
figures les plus éminentes du mouvement abolitionniste, Wendell Phillips en 1862, qu'il cite longuement dans une
article publié à Londres : "Tant que l'esclavage ne sera pas déraciné il n'y aura pas de paix" tonne Wendell Phillips
contre Lincoln dont il critique "les scrupules légalistes" et dénonce la tiédeur "tel un autre Vesenius (qui) attend que
la nation le prenne par la main et balaie l'esclavage." Concluant dans un élan d'inspiration révolutionnaire il pose la
question politique centrale, celle de l'égalité des droits, des droits politiques, qui transformerait la nature même de
l'Union : « Dissolvons cette Union au nom du Seigneur et remplaçons-la par une nouvelle Union, et sur son
frontispice nous écrirons "Égalité politique pour tous les citoyens du monde". »
Marx, à partir d'un jugement proche, sans concession, d'un Président qui "ne se hasarde jamais à faire un pas en
avant tant que le cours des événements et l'état général de l'opinion ne lui permettent plus d'attendre", propose une
vision plus ouverte et positive de Lincoln : "Une fois que le "Vieux Abe" s'est lui-même convaincu qu'un tel tournant
s'est produit il surprend tout autant ses amis que ses ennemis par la soudaineté d'une opération qu'il mène le plus
tranquillement du monde."
On ne saurait mieux donner à voir le changement opéré par Lincoln, qu'en comparant ses deux discours
d'investiture. En 1861, pour sa première élection, Lincoln rassure pour "sauver l'Union sans faire la guerre". Il
précise, rassurant, "ne pas (s'être) intentionnellement ou indirectement opposé à l'institution de l'esclavage dans les
États où celle-ci existe (et être) persuadé n'avoir aucun droit légal pour le faire et (...) aucune intention de le faire". En
1864, tout a changé "La guerre est venue". Le premier janvier 1863, dans l'aiguisement de la guerre, a été
proclamée l'émancipation : sont déclarés libres "et pour toujours" les esclaves dans les États rebelles. Ce qui est à
l'ordre du jour c'est la mise en cause de l'esclavage : "Supposons que l'esclavage américain soit l'un de ces péchés
(par qui le scandale arrive), qui devait nécessairement advenir par la volonté de la Providence divine, mais qui a
perduré au-delà du temps qu'Il lui avait imparti. Sa Volonté est désormais de le supprimer", proclame Lincoln sur un
ton prophétique, concluant en invoquant les foudres divines. « Si c'est la volonté divine que la guerre continue
jusqu'à ce que toute la richesse accumulée par les esclaves au cours de deux siècles et demi d'un dur travail non
rémunéré soit détruite et s'il faut que le sang versé sous le fouet soit payé par le glaive (...) alors ne reste qu'à dire "le
jugement du Seigneur est juste et vrai". » La sentence est dite au nom même de la Providence divine. On notera la
référence au "travail non rémunéré", notion qui converge avec le débat sur le salariat et le "travail libre".
C'est Marx qui rédige l'Adresse de félicitations de l'Association internationale des Travailleurs (AIT) à Lincoln pour sa
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réélection en 1864, - et qui fut, il est intéressant de le noter, une des toutes premières manifestations publiques de
l'Association : « Si la résistance au pouvoir esclavagiste avait été le mot d'ordre raisonné de votre première élection,
le cri de guerre triomphal de votre réélection est : "Mort à l'esclavage !". » Habilement Marx inscrit cet événement
dans une vision plus large, de solidarité internationale, et historique comme "un signe des temps à venir" de la lutte
émancipatrice des travailleurs : "Dès le début de la lutte titanesque qui se déroule en Amérique, les travailleurs
d'Europe ont instinctivement ressenti que la bannière étoilée portait le sort de leur classe (...) Les classes
travailleuses d'Europe comprirent immédiatement (...) que les espérances futures et même les conquêtes passées
des hommes de labeur étaient mises en jeu par le formidable conflit qui se livrait de l'autre côté de l'Atlantique." Il
souligne une constante dans les écrits de la période dans la pensée socialiste de l'époque : le lien entre esclavage et
salariat, l'esclavage moderne. On sera sensible à l'évocation à la résonance toujours présentes de l'obstacle que
représentent les discriminations raciales, à la solidarité de classe : "Tant que les travailleurs, la véritable puissance
politique du Nord permettaient à l'esclavage de souiller leur propre République, tant que, face au Nègre acheté et
vendu contre son gré - ils s'enorgueillissaient du privilège majeur réservé au travailleur à la peau blanche d'être libre
de se vendre lui-même et de choisir son propre maître, ils furent incapables d'oeuvrer à l'authentique émancipation
du travail et de soutenir leurs camarades européens dans leur lutte pour l'émancipation. Mais cet obstacle au
progrès a été balayé par la mer rouge de la guerre civile." Et il conclut cet hommage à "Abraham Lincoln, le fils
résolu de la classe travailleuse" : "les travailleurs d'Europe sont convaincu que si la guerre d'indépendance
américaine a inauguré une nouvelle époque pour l'essor de la classe bourgeoise, la guerre américaine contre
l'esclavage fera de même pour les classes travailleuses." On retrouvera cet éloge de Lincoln dans le message
adressé à son successeur, Andrew Johnson, aux lendemains de son assassinat en 1865.
Pour Marx, l'émancipation des esclaves est donc la condition de l'émancipation des ouvriers blancs. C'est en ce sens
qu'on comprendra l'enjeu et la portée "révolutionnaire" de la victoire contre les esclavagistes et ses suites, pour le
mouvement ouvrier, dans le cadre de ce qu'on appela la "Reconstruction". Pour Marx et Engels les États-Unis
réunifiés ouvrent une nouvelle période pour la classe ouvrière et pour les luttes de classe. "Aux États-Unis, écrit-il
dans Le Capital, tout mouvement ouvrier indépendant resta paralysé, tant que l'esclavage souillait une partie de la
république. L'ouvrier blanc ne saurait s'émanciper là où l'ouvrier noir est stigmatisé. Mais la mort de l'esclavage fit
éclore une voie nouvelle. Le premier fruit de la guerre civile fut l'agitation des huit heures qui, avec une rapidité
foudroyante se répandit de l'Atlantique au pacifique".
Dans un long développement Blackburn évoque l'effervescence sociale et politique, les luttes de classe d'une
intensité exceptionnelle, les avancées démocratiques et sociales, les débats qui traversent le mouvement ouvrier et
socialiste. Les luttes pour la journée de huit heures d'une ampleur foudroyante prennent un caractère exemplaire, au
point que l'AIT en fera un mot d'ordre central pour tout le mouvement ouvrier. Et on sait que quelques années plus
tard l'Internationale décrétera le 1er mai fête des travailleurs du monde en hommage aux martyrs de la répression
contre la manifestation du Haymarket Square pour les huit heures à Chicago en 1866.
C'est ainsi un vaste panorama des luttes sociales et politiques de la deuxième moitié du XIX° siècle aux États-Unis
que donne à voir Robin Blackburn, où se trouve posée une question nouvelle, comme pour les travailleurs d'Europe
à travers les débats e l'AIT : celle de l'organisation politique. Pour Marx et Engels l'exacerbation prévisible des luttes
de classe posera la nécessité pour les travailleurs, pour le mouvement ouvrier de s'organiser et de disposer d'une
représentation institutionnelle.
L'introduction de Robin Blackburn est éclairante et d'autant plus utile que la question du parti ouvrier, du 3° parti, est
récurrente, encore aujourd'hui, dans la gauche américaine. Même si elles n'ont pas abouti, les tentatives de
constitution d'un parti du travail, voire socialiste, l'impact du People's Party qui fit élire des gouverneurs et des
sénateurs à la fin du siècle, montrent la vigueur des résistances au modèle politique dominant.
Concernant l'échec de la constitution de ce parti ouvrier, sur le modèle européen, Blackburn relève plusieurs
obstacles. La réticence des organisations ouvrières à prendre en charge les questions politiques par crainte de
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division, et l'insuffisance de clarification - chez Marx et Engels eux-mêmes - sur la distinction des objectifs entre
syndicat et parti politique. Outre la férocité de la répression et la puissance intégrative du système institutionnel, la
complexité de la base et des alliances sociales pour un tel parti, il insiste sur les limites idéologiques, sur le
sectarisme et l'ouvriérisme, comme sur l'absence de prise en compte de la "ligne de couleur".
Dans les contenus des programmes, les prises de positions, notamment celles de grandes figues du syndicalisme,
se manifeste la progression de l'influence des idées de Marx et de l'AIT et du mouvement européen. Elle passe
notamment par les correspondances et les relations avec des militants socialistes allemands immigrés,
particulièrement dans le nord-ouest des États-Unis aux des révolutions de 1848. Au tournant du siècle des ouvrages
majeurs sont publiés qui marquent la vitalité et la créativité de la pensée critique nord-américaine, qui portent
l'empreinte de Marx. En regard Blackburn avance l'idée que "la campagne pour radicaliser la résistance à la
sécession sudiste - c'est à dire pour transformer la guerre civile en révolution sociale - semble avoir eu une influence
considérable sur la pensée et le vocabulaire de Marx". Il le suggère pour la reprise de la notion d'"émancipation" à
laquelle Marx, précise-t-il, confère le contenu "d'auto-émancipation". De même il soutient l'idée que les luttes pour les
huit heures ont conduit Marx à approfondir son analyse sur le temps de travail.
L'année 1877 marque une exacerbation des luttes de classes avec la grande grève du rail, leur amorce d'unification
sur le territoire, et son élargissement aux sidérurgistes et aux mineurs, et l'engagement dans plusieurs villes du Sud
des Afro-américains. La sauvagerie de la répression avec l'utilisation de milices privées marque un tournant dans
l'institutionnalisation de la violence contre les travailleurs. Dans le même temps le compromis entre républicains et
démocrates - avec l'accord de Woosley House - signe la fin de la période de Reconstruction laissant les mains libres
au capitalisme dans sa forme la plus brutale. "La double défaite de la Reconstruction eut pour conséquence,
souligne Blackburn, la destruction des droits des Noirs dans le Sud et la restriction des droits des travailleurs dans le
Nord." C'est en ce sens qu'il reprend la formule de "révolution inachevée".
Dans sa conclusion Blackburn s'interroge sur la question si controversée du "rôle de l'individu dans l'histoire", peu
traitée ou seulement à la marge par Marx et Engels, ensuite occultée par une lecture réductrice de Marx,
simplificatrice de la puissante idée que "la base matérielle est déterminante en dernière instance". Sans entrer ici
dans le débat il est bien connu que Marx et Engels ne nient pas le rôle joué par les hommes, au contraire. Pour eux
ceux-ci font leur propre histoire, mais "dans les conditions qu'ils trouvent directement et qui leur sont données et
transmises." Il est intéressant à ce propos de citer la réponse d'Engels à Joseph Bloch en 1890 au contenu décapant
: si le facteur déterminant dans l'histoire est en dernière instance, la production et la reproduction de la vie réelle, "lui
faire dire que le facteur économique est seul déterminant le transforme en phrase vide, abstraite absurde." Il précise
: "La situation économique est la base mais les divers éléments de la superstructure - les formes juridiques, et même
les reflets de toutes ces luttes réelles dans le cerveau des participants (...) déterminent de façon prépondérante la
forme." Cet éclaircissement est loin d'épuiser le débat et mérite discussion. Mais il appelle au moins à éviter les
simplifications caricaturales ou dogmatiques. "C'est Marx et moi-même, reconnaît Engels, qui devons porter la
responsabilité du fait que, parfois, les jeunes donnent plus de poids qu'il n'est dû au côté économique. Face à nos
adversaires, il nous fallait souligner le principe essentiel nié par eux, et alors nous ne trouvions pas toujours le
temps, le lieu, ni l'occasion de donner place aux autres facteurs qui participent de l'action réciproque."
En fond de ce débat, soumis lui-même à des conjonctures politiques et idéologiques est posée la question de la
politique, c'est-à-dire des conditions matérielles et des rapports de forces - sociaux, institutionnels - mais aussi des
choix, des choix faits par des êtres humains réels. Et particulièrement celles et ceux mis en situation de
responsabilité, quant à des décisions stratégiques ou des choix tactiques.
Le récit même de cette séquence historique majeure qui a déterminé le devenir de la nation nord-américaine en est
l'illustration. Particulièrement à travers les évolutions de Lincoln en fonction des événements, le regard d'un
observateur comme Marx, et son insistance sur les dimensions politiques du conflit.
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