Le modèle de ABAKACHI se propose d’illustrer tout simplement que de manière structurelle, il existe
en tout temps des personnes :
en insécurité alimentaire (Type A);
en équilibre alimentaire (Type B) ;
en excédent alimentaire (Type C).
C’est dire que même en situation de production excédentaire, certaines couches de la population ne
pourront pas disposer d’une alimentation suffisante pour subvenir à leurs besoins alimentaires tout au
long de l’année.
Les groupes de populations concernés sont ceux qui n’ont pas les moyens de produire ou d’acheter des
quantités suffisantes d’aliments. En d’autres termes, l’insécurité alimentaire rime avec le niveau de
pauvreté.
De manière spécifique, les mouvements de chacune des spéculations en objet peuvent être décrits de la
manière suivante :
Le sorgho
Les quantités partant du Mayo Rey étant revues à la baisse, la précarité alimentaire s’accentue dans les
zones ayant une production plus modeste. On peut dans ces cas de figure signaler quelques fois la
présence de Mil/sorgho en provenance du Tchad, et entré par l’Est de la Bénoué (Adoumri, Padarmé,
etc.). Mais dans l’ensemble, les marchés urbains (Garoua Notamment), jouent le rôle de centrale
d’approvisionnement pour les zones déficitaires.
Les quantités mises en marché sont centralisées à Mada, Maltam, Moutourwa, Yagoua, et Kouyape,
d’où elles prennent la destination du Tchad (via Kousseri et Blangoua), du Nigeria (via Amchide et
Fotokol), et Maroua. Des exportations de proximité sont aussi observées tout le long de la frontière
avec le Tchad.
En période de soudure, les principaux flux ci-dessus restent alimentés par la zone Sud-Est de la
province (Yagoua, Kaélé, moutourwa). Les échanges de proximité changent de direction et vont du
Tchad vers le Cameroun.
En cas de crise alimentaire, il est d’abord important de déterminer si le sinistre s’est étendu jusqu’au
Sud du Tchad. Le cas échéant, les exportations de proximité en direction du Tchad vont reprendre
quels que soient les niveaux des prix. La raison évoquée par les acteurs serait liée à une meilleure
capacité de stockage au Cameroun.
De manière plus générale, tous les consommateurs de la région vont dépendre de la gestion des stocks
disponibles au Cameroun pour assurer leur approvisionnement alimentaire.
On remarque à ces occasions, un net accroissement de la circulation du riz importé et surtout du maïs.
Le maïs
A partir des zones de production, le maïs est acheminé dans les marchés classiques de regroupement
de la province, avant d’être convoyé vers le sud du pays (provinces du Centre, de l’Ouest et du
Littoral), l’Extrême Nord, l’Adamaoua, le Tchad ou le Nigeria.
Dans la province de l’Extrême Nord, la production reste modeste, particulièrement concentrée dans le
département du Mayo Tsanaga, sur les berges du Lac Tchad, ainsi que dans les îles situées à l’intérieur
de ce lac. La production des îles et des rives du Lac Tchad ressort sur Mada (via Blangoua) pour être
acheminée vers Ndjamena (via Kousseri), et le Nigeria (via Fotokol), tandis que celle du Mayo
Tsanaga passe par Maroua ou Kouyape pour atteindre le Nigeria (via Amchide).
Dans la province de l’Adamaoua, le maïs est la première spéculation compte tenu du volume de
production. La culture est surtout pratiquée dans le Mayo Baléo, mais les acteurs locaux estiment que
près de 50% de la production est vendue au Nigeria. Ces mêmes acteurs estiment que la demande reste
pourtant supérieure à l’offre interne, ce qui conduit, en période de pénurie, à des importations de la
provenance du Nord.