Corrigé de l’étude de documents : les crises de 1956 révélatrices de l'ordre du monde
1lere partie du devoir : réponses aux questions
Question 1 L'Echo d'Alger (document 1) est un journal français d'Algérie. Le 13 novembre 1956 sa Une
évoque des événements mondiaux violents et variés, mais synchrones.
Certains événements sont locaux et appartiennent à la guerre d'Algérie commencée en 1954. Trois
bombes ont explosé à Alger et dans sa région le même jour, faisant 36 victimes dont 11 femmes et 10
enfants, à la suite d'attentats précédents évoqués (Milk Bar). Les précisions horaires laissent penser à des
actes terroristes programmés et orchestrés. Le journal accuse les communistes et le FLN (Front de
libération nationale réclamant l'indépendance de l'Algérie) et ajoute 3 photos dramatiques. Une autre
photo et un article montrent les obsèques d'un officier de l'armée française tué.
D'autres titres concernent la crise de Budapest. Après le développement d'une révolte antisoviétique
en Hongrie, l'URSS a écrasé violemment les contestataires en utilisant les chars du Pacte de Varsovie
(photo des chars). L'Echo d'Alger prétend que les Soviétiques ont du mal à stabiliser la situation et que
l'ordre ne règne pas encore à Budapest.
D'autres encore évoquent la crise de Suez, ou plutôt ses suites. Après la nationalisation en juillet 1956
par Nasser du canal de Suez, la France, le Royaume-Uni et Israël se sont lancés dans une guerre contre
l'Egypte, fin octobre. Très vite ils ont dû se retirer sous la menace de l'Union Soviétique et sous la pression
des Etats-Unis. L'ONU, annonce le journal, envoie un « contingent de forces internationales » pour calmer
le jeu. C'est un échec cuisant pour les 2 puissances européennes face à une ancienne colonie arabe.
L'Echo d'Alger établit des liens entre ces événements. Il s'appuie sur une déclaration de Guy Mollet,
président du Conseil français et leader de la SFIO (socialiste) arrivé au pouvoir cette année-là, qui prétend
que de mêmes chars soviétiques auraient été utilisés en Hongrie et en Egypte. L'URSS est donc accusée
d'offrir des armes aux Arabes. Le Parti communiste français est accusé, lui, de complicité aussi bien avec
l'URSS qu'avec le FLN, « volant au secours des rebelles pour suppléer l'Egypte ». Bref, URSS, PCF, FLN,
Nasser, même combat et danger pour les Français, notamment ceux d'Algérie ! Au vu des titres et des
photos tragiques de cette première page, il est clair que le point de vue de l'Echo d'Alger est
anticommuniste, antisoviétique, anti arabe et progouvernemental (se rangeant aux côté de Guy Mollet).
Question 2 L'année 1956 est marquée par des bouleversements dans le bloc communiste évoqués par 3
documents.
Le document 2 est un extrait du fameux rapport que fit Nikita Khrouchtchev, successeur de Staline à la
tête du PC de l'URSS devant le 20ième congrès de ce parti en février. Il annonce 2 nouveautés étonnantes :
1. C'est un réquisitoire posthume contre Staline accusé de tyrannie, ayant violé la « légalité révolutionnaire
» et tenu pour responsable commode de tous les maux de l'Union Soviétique. C'est le commencement de
la déstalinisation.
2. Il propose de nouvelles relations avec le bloc de l'ouest, émet le souhait d'une « coexistence pacifique »
avec « non-agression », « non-ingérence » et « coopération éco. ». Serait-ce la fin de la guerre froide ?
Le document 4 est un montage de 2 photographies publiées en Europe occidentale illustrant la situation
en Hongrie. Il montre le rejet par les Hongrois du modèle soviétique, la photo 1 par une inscription
antisoviétique sur une vitrine (« Russes rentrez chez vous »), la photo 2 par la mise à bas d'une statue
géante de Staline décapitée. Le 20ème congrès avait été suivi d'un relatif dégel qui avait laissé s'exprimer des
revendications dans certaines démocraties populaires (Pologne, Hongrie). Les communiste hongrois
soutenus par les habitants de Budapest ont été plus loin que d'autres et anticipé la déstalinisation.
Le document 1, l'Echo d'Alger, on l'a vu, évoque les suites de la répression sanglante opérée par l'URSS
pour mettre fin à la contestation hongroise. Il illustre l'indignation et la condamnation morale émise par
les pays occidentaux, mais ne dit pas que personne n'a volé au secours des Hongrois.
Question 3 La crise de Suez est présente dans 3 documents :
Document 3 : Dans son discours de juillet 1956 Nasser, leader égyptien, annonce la nationalisation du
canal de Suez, confisqué à une compagnie égyptienne fictive qui cache une société franco-britannique
accusée d'exploitation capitaliste. Selon lui le canal est « propriété de l'Egypte » d'autant plus que « 120 000
Egyptiens ont trouvé la mort » dans son creusement dirigé par le Français Ferdinand de Lesseps dans les
années 1860. Nasser rappelle son projet de construction du « haut barrage » sur le Nil, à Assouan, moyen
de modernisation et d'industrialisation de l'Egypte. Avec un grand accent nationaliste, le « Raïs » promet à
son peuple enthousiaste l'honneur, la gloire et l'indépendance totale à l'égard des ex-puissances coloniales.
Document 5 : La France et le Royaume-Uni réagirent violemment à la décision de Nasser et entraînèrent
Israël dans une attaque de représailles contre l'Egypte en octobre. Bientôt l'URSS, se posant en protecteur
des peuples pauvres opprimés, menaça les 2 puissances européennes de leur faire la guerre si elles ne se