LE CONCOURS➔FORMATION
généralement à de bonnes masses musculaires.
Parmi les diabètes secondaires, il importe de ne pas
oublier ceux qui sont liés aux pancréatites chroniques, à
l’hémochromatose, aux pathologies endocriniennes (syn-
drome de Cushing, acromégalie…) ou associés à des
pathologies intercurrentes telles que les états infectieux
ou les pathologies néoplasiques. La pancréatite chronique
est évoquée en interrogeant le patient sur le nombre de
ses selles et non pas sur le fait qu’il existe ou pas une diar-
rhée; l’hémochromatose est suspectée devant une pig-
mentation ou un coefficient de saturation de la sidéro-
philine supérieur à 60 %; les pathologies endocriniennes,
tels le syndrome de Cushing ou l’acromégalie, doivent
être présentes à l’esprit, mais sont généralement évi-
dentes. Plus difficiles sont les troubles de la glycorégula-
tion en rapport avec une pathologie intercurrente. Il ne
faut pas interpréter une élévation de la glycémie dans un
contexte fébrile, il faut savoir rechercher une pathologie
néoplasique (hépatique, pancréatique ou autre) lorsque
le tableau clinique est surprenant par sa rapidité d’évo-
lution à un âge où le diabète de type 1 s’installe plutôt avec
une certaine lenteur.
NOUVEAUX CRITÈRES, NOUVELLE CLASSIFI-
CATION: POUR QUOI FAIRE?
Comme toute démarche médicale, la démarche diabéto-
logique cherche à définir les critères décisionnels per-
mettant d’orienter la thérapeutique.
En cas de diabète de type 1, on sait que l’insuline est une
échéance obligatoire, soit immédiate s’il existe des signes
cliniques francs, soit plus tardive si le diagnostic de
type 1 à marche lente a été porté. Les critères de mise en
route de l’insuline sont alors définis par une élévation des
glycémies et/ou une perte de poids, et/ou une perte des
masses musculaires, et/ou une asthénie. Un seul de ces
critères est suffisant pour pousser le patient à accepter
l’insulinothérapie; en effet, en cas de diabète de type 1, il
faut savoir ne pas tirer sur « la corde de l’organisme » et
ne pas attendre une fonte des masses musculaires ou un
amaigrissement important pour penser que l’heure de
l’insuline est arrivée ou pour la faire accepter au patient.
Dans le cadre d’un diagnostic de type 2, les outils théra-
peutiques consistent essentiellement à lutter contre les
facteurs d’insulino-résistance, source d’aggravation de la
glycémie. Il faut donc lutter contre l’obésité, la sédenta-
rité, le déséquilibre alimentaire. En effet, en cas d’ali-
mentation trop riche en lipides et en protéines, une
entrave à l’action de l’insuline existe, il faut donc absolu-
ment avoir un régime équilibré avec un respect de la
ration glucidique utile. Chez le patient diabétique de
type 2 avec surcharge androïde, l’amaigrissement
devient un objectif obligatoire.
Enfin, le contexte glycémique ne doit jamais être négligé;
une glycémie atteignant le seuil de 1,26 g alors qu’il existe
un syndrome fébrile ou une anorexie d’apparition récente
ou une prescription médicamenteuse associée doit faire
évoquer le diagnostic de diabète de type secondaire et
conduire au traitement des pathologies sous-jacentes à la
fièvre, à la perte d’appétit, plutôt que se lancer dans le trai-
tement d’un diabète pour lequel on n’aurait pas établi de
diagnostic étiologique.
L’orientation thérapeutique va donc être fonction du type
de diabète; l’interrogatoire et l’examen clinique doivent
permettre d’appréhender ce diagnostic: l’interrogatoire
apprécie l’état pondéral (le patient n’a jamais eu de sur-
charge, a une surcharge, ou a eu une surcharge), l’exa-
men clinique précise l’état du tissu adipeux (ventre et
fesses), et surtout l’état des masses musculaires (les
masses crurales sont les plus sensibles). Par ailleurs,
l’examen clinique recherche l’éventualité d’un foyer
infectieux (température, examen des dents, examen pul-
monaire), n’oublie pas de s’enquérir de l’état général
(asthénie, anorexie) mais aussi du nombre de selles, véri-
fie la pigmentation des mains et n’omet pas la palpation
du foie…
Au total, les nouveaux critères du diabète ont donc pour
but de simplifier la pratique médicale, limitant les exa-
mens à visée diagnostique à la seule glycémie à jeun, mais
bien sûr avec un outil plus sensible et plus spécifique, en
ramenant le niveau seuil au chiffre de 1,26 g/l. Derrière
ce symptôme biologique, une démarche clinique est obli-
gatoire pour arriver à déterminer le type de diabète avant
toute décision thérapeutique. La diabétologie reste donc
une démarche médicale classique allant du symptôme au
diagnostic et du diagnostic à la thérapeutique. Dans le cas
présent, le symptôme est un symptôme biologique, le dia-
gnostic est un diagnostic étiopathogénique, et la théra-
peutique restera diverse et multiple.■ 401870
AUTEURS
H. Gin, Pr univ.-prat. hosp. (PU-PH), V. Rigalleau, prat. hosp. univ.
(PHU), V. Vergnot, chef clin.-ass.
Serv. nutrition-diabétol., hôp. Haut-Lévêque, 33604 Pessac
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Endocrinologie. Nouveaux critères du diabète
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Tome 123-04 03-02-2001