EXPLORATION DE LA COGNITION SOCIALE CHEZ DES ENFANTS AUTISTES. IMPACT DE LA QUALITE DE L’INFORMATION SUR LA MEMORISATION A LONG TERME. Résumé : Les troubles autistiques sont caractérisés par une triade clinique identifiée par Lorna Wing : troubles qualitatifs de la communication verbale et non-verbale, l’altération qualitatives des interactions sociales réciproques, des comportements avec des activités stéréotypés et répétitifs. L’autisme se caractérise aussi par un déficit en cognition sociale. Elle comprend la perception des émotions qui correspond à la reconnaissance faciale des émotions (colère, joie, tristesse, peur…), ou de celles véhiculées par le langage, par l’intonation prosodique. Or nous ne savons pas d’où proviennent ces difficultés. Plusieurs études ont retrouvé des anomalies spécifiques de la mémoire chez les autistes (Gras-Vincendon 2008 : un déficit de la mémoire épisodique, une mémoire de travail altérée pour les données complexes (histoires, images), une mémoire de travail conservée pour les données simples (chiffres ou lettres). Il faut aussi prendre en compte que leur façon de percevoir l’environnement est atypique. Ils privilégient la perception des détails (analyse locale) plutôt que de la globalité (analyse configurale) selon Happe et Frith en 2006. Nous ne savons pas dans quelle mesure cette particularité de la perception affecte la mémorisation dans le domaine des informations dynamiques (séquences audio et vidéo). Dans l’objectif d’approfondir les travaux sur la cognition sociale dans l’autisme, notre étude cible un aspect spécifique du fonctionnement cognitif des autistes : les difficultés de mémorisation des informations complexes. In fine nous apporterons des informations originales en sélectionnant une population peu étudiée (enfants) et en utilisant un matériel jamais encore employé dans ce domaine (des séquences vidéo de visage). Nos résultats permettront de mieux comprendre les difficultés d’apprentissage des autistes, parmi lesquelles l’apprentissage des codes sociaux. Notre projet étudie la cognition sociale et son déterminisme via les capacités de mémoire. Pour cela nous voulons étudier comment les phénomènes sociaux sont perçus par les autistes. L’étude de leur mémorisation est un moyen d’attester, non seulement de la perception mais aussi du traitement cognitif des phénomènes sociaux. Nous postulons que la synthèse de plusieurs voies cognitives en simultané est défaillante chez les autistes et que cette défaillance est une des origines de leur mauvaise cognition sociale. Nous espérons donc observer une moins bonne mémorisation des stimuli complexes (empruntant plusieurs voies cognitives) chez les autistes que chez les sujets sains. Nous définissons 3 grades de complexité sensorielle : l’audition d’un mot, (compréhension verbale seule), l’audition d’un mot accompagné d’une photo de visage, (compréhension verbale, discrimination visuelle statique, cohérence centrale à minima), l’audition d’un mot provenant d’une séquence filmée montrant le visage prononçant le mot (compréhension verbale, discrimination visuelle dynamique, cohérence centrale). Hypothèse : la sollicitation de plusieurs voies cognitives (compréhension verbale, discrimination visuelle, cohérence centrale, perception des émotions) affecte la mémorisation à long terme chez les sujets autistes par rapport aux sujets sains. Objectif principal : comparer l’impact de la complexité de l’information sur la mémorisation à long entre un groupe de patients autistes et un groupe de témoins. L’impact de la complexité de l’information sera exprimé comme la différence entre le taux de rappel à 30 minutes des mots proposés en séquence vidéo et en audio. Selon nos hypothèses, la complexification de l’information perçue en vidéo devrait entraîner une moins bonne mémorisation qu’avec le média audio chez les autistes par rapport aux sujets sains. Critères d’inclusion : pour la population autiste, enfants de 7 à 13 ans, présentant un diagnostic DSM IV de trouble du spectre autistique validé par ADI (Autism Diagnostic Interview) ou ADOS (Autism Diagnostic Observation Schedule), avec un QI total supérieur ou égal à 50. Pour la population témoin, enfants de 7 à 13 ans, ne présentant pas de pathologie diagnostiquée du DSM IV, avec un QI total supérieur ou égal à 50, apparié aux sujets autistes par âge civil. Type d’étude : essai multicentrique interventionnelle exploratoire et comparative. La population autiste et témoin sont d’origine multicentrique. Durée de l’étude : 1 an. Calcul de l’effectif : il est fixé arbitrairement à 50 (2 groupes de 25) au vue de la file active des centres et des effectifs présents dans les études de référence sur le sujet. Conclusion : l'originalité de ce projet porte sur l’étude d’une population peu décrite dans la littérature : les enfants autistes typiques. Les résultats attendus sont à même d’améliorer la connaissance des troubles autistiques et de conduire le développement de moyen de remédiation cognitifs spécifiquement adaptés aux autistes.