Autrement dit, en l'absence d'obstacles techniques inconnus et imprévisibles,
l'ingénierie de l'évolution humaine est susceptible de devenir suffisamment répandue à
l'avenir pour causer des menaces à l'échelle de l'espèce. Ainsi bien qu'il ne soit pas
nécessaire de recourir maintenant à des mesures pour prévenir des dangers futurs, il est
logique d'identifier les mesures qui pourraient être nécessaires, ainsi que les
changements des normes sociales et des comportements qu'il faudrait mettre en
œuvre.
Il faut établir des règles
De nombreux risques de l'ingénierie de l'évolution humaine résultent des mauvaises
décisions des parents. Désireux de donner à leurs enfants des avantages sociaux, les
parents peuvent prendre des décisions en matière de reproduction fondées sur une
information génétique erronée ou incomplète, ou demander la modification génétique de
leurs enfants avant d'effectuer des tests de sécurité adéquats.
Déterminer le moment où il est permis de s'immiscer dans le choix des parents est
difficile, compte tenu des égards dont jouissent en général les parents. La plupart des
pays ont des lois visant à protéger les enfants contre les mauvais traitements et contre la
négligence. Mais la législation pour protéger le bien-être des enfants ne répond pas
adéquatement aux préjudices produits ou mis en œuvre avant la naissance, ni à
établir quels types d'ingénierie de l'évolution sont acceptables.
La plupart des décisions de reproduction des parents ne peuvent pas être prises sans
l'aide de professionnels de santé, de sorte qu'il pourrait être nécessaire de réglementer
aussi le comportement professionnel. Tandis qu'une partie de l'infrastructure, comme
les autorisations d'exercer des médecins est déjà en place, des étapes supplémentaires
peuvent être nécessaires, comme le règlement intensifié des cliniques de fertilité, où
beaucoup d'interventions de génie génétique vont se dérouler. En outre, il faut établir des
règles pour évaluer l'innocuité et l'efficacité des nouvelles technologies en ce qui
concerne à la fois les bénéficiaires et leurs descendants immédiats.
Certaines formes d'ingénierie de l'évolution qui ne portent pas directement préjudice aux
personnes et ne seront donc pas soumises à de telles réglementations, comme les
décisions de tous les parents de procéder aux mêmes modifications génétiques sur leur
descendance, pourraient menacer la survie de la lignée humaine. Les systèmes de
santé publique doivent se prononcer sur ce problème. Pourtant, compte tenu des efforts
faits dans la passé par des responsables publics pour employer la génétique pour
améliorer la santé publique, en particulier, le mouvement eugéniste du début du XXe
siècle, avec ses terribles campagnes de stérilisation forcée, il est important de s'assurer
que ce pouvoir soit exercé judicieusement et sur la base de données scientifiques
solides.
Enfin si trop peu de membres de la société ont un avantage génétique trop grand, la
cohésion sociale et les institutions démocratiques pourraient être menacées même en
l'absence d'une souffrance physique directe. Si la génétique que nous permettons doit
bénéficier à nos descendants, elle doit être aussi largement disponible que possible.
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