préoccupation fréquente chez les jeunes patients) et la
crainte d’une longue période de récupération ainsi que
de la douleur peropératoire et périopératoire. Le
chirurgien doit également reconnaître les attentes
irréalistes, par ex. les patients qui ne veulent aucun pli
sur la paupière supérieure, les patients qui après l’inter-
vention (même s’ils donnent déjà l’impression d’une
surcorrection) désirent encore une « amélioration »,
ceux qui planifient de reprendre des activités profes-
sionnelles très exigeantes le jour suivant l’intervention
et d’autres qui prévoient un voyage pendant la première
semaine de l’intervention. Les patients qui considèrent
la chirurgie esthétique comme un produit et non
comme un acte médical avec les risques associés qu’il
comporte ne devraient pas être opérés. Alors que cer-
tains patients irréalistes peuvent être éduqués et
ultérieurement opérés en toute confiance, cela n’est pas
le cas pour d’autres3.
Le chirurgien doit demander systématiquement au
patient s’il souffre d’une maladie cardiaque ou de la
thyroïde, d’hypertension, de diabète, de diathèse hémor-
ragique, d’allergies de même que s’il prend des médica-
ments et s’il a tendance à la formation de cicatrices
kéloïdes. Les patients doivent arrêter de prendre de
l’aspirine, des anticoagulants, des anti-inflammatoires
non stéroïdiens, de la vitamine E, du Gingko et d’autres
plantes médicinales jusqu’à trois semaines avant l’inter-
vention, si possible.
Le chirurgien doit rechercher la présence éventuelle
de maladies ophtalmiques et périoculaires en établis-
sant les antécédents et en effectuant un examen ophtal-
mologique complet. L’examen doit inclure une
évaluation de la vision, de la motilité, du strabisme, de
l’asymétrie orbitaire ou palpébrale, des yeux secs, du
ptosis, de la rétraction des paupières, de l’exophtalmie,
de la hauteur du pli palpébral, de la laxité de la
paupière, de l’exposition sclérale inférieure, de l’entro-
pion, de l’ectropion, du ptosis des sourcils et de
l’asymétrie. Un examen à la lampe à fente et le test de
Schirmer sont nécessaires selon l’opinion de cet auteur.
La quantité de peau en excès ou le degré de prolapsus
de la graisse rétro-oculaire, la position des glandes lacry-
males et l’importance des rides de la patte d’oie au coin
des yeux et de l’hernie graisseuse médiale sont des élé-
ments importants lors de la planification de l’interven-
tion. Des facteurs importants à évaluer au niveau des
paupières inférieures sont l’excès de peau, les fines
rides, le prolapsus de la graisse (quantité et localisation),
les poches malaires, la laxité de la paupière, l’exposition
sclérale et les caractéristiques pigmentaires. Les carac-
téristiques faciales raciales, ethniques ou congénitales
du patient doivent être notées et examinées, afin de
déterminer ce qui doit être modifié, le cas échéant.
D’anciennes photos sont utiles, en particulier pour
déterminer la configuration du pli palpébral supérieur
lorsque le patient était jeune. De nombreuses personnes
n’ont jamais eu une grande paupière supérieure (elles
ont toujours eu une paupière assez courte) et la hauteur
de leur pli palpébral est de 7 mm et non de 10 mm. C’est
habituellement une erreur de modifier la nature des
paupières supérieures de façon trop radicale, à moins
que ce souhait et que l’apparence postopératoire
éventuelle soient expliqués en détail. Le patient doit
bien comprendre que les anciennes photos ne représen-
tent pas une garantie ou même un objectif, mais servent
plutôt de guide.
Lorsque l’on planifie l’intervention, il faut déter-
miner notamment si elle doit être réalisée sur les
paupières supérieures ou inférieures ou sur les quatre.
La technique (lame en acier vs laser au CO2, blépharo-
plastie inférieure transconjonctivale vs externe) doit être
déterminée ainsi que les interventions additionnelles.
Celles-ci incluent la réparation du ptosis du sourcil
(transblépharoplastie interne, directe, coronaire ou
endoscopique), la réparation du ptosis, la suspension de
la glande lacrymale, l’agrandissement de la paupière et
le resserrement de la paupière inférieure ou can-
thopexie latérale (externe). Une autre décision impor-
tante est l’excision cutanée au niveau de la paupière
inférieure ou le resurfaçage au laser (ou aucune des
deux interventions).
Cet auteur privilégie la blépharoplastie au laser CO2
avec une approche transconjonctivale. Le resurfaçage
cutané au laser CO2est utile dans les cas d’excès de
peau et de poches (chez les patients ayant des types de
peau appropriés). L’élévation chirurgicale des sourcils
est surappréciée et excessive. La résection de la graisse
au niveau des paupières inférieures est préférable au
repositionnement de la graisse. L’élévation de la partie
médiane du visage est une intervention risquée et
surappréciée.
Complications
Hémorragie orbitaire avec perte de vision
Cette complication se situe en haut de la liste des
complications pour tous les chirurgiens, bien que statis-
tiquement, la plupart n’en feront jamais l’expérience. On
estime que l’incidence est de 1 cas pour 2000 à 1 cas pour
25 0004. Les facteurs de risque comprennent bien sûr
l’hypertension, l’utilisation d’anticoagulants ou d’agents
antiplaquettaires, une intervention chirurgicale com-
pliquée et prolongée et la réintervention sur les tissus
cicatriciels. L’étiologie est une forme de syndrome de
loge, l’orbite étant limitée par quatre parois osseuses et
la cloison orbitaire jouant le rôle de compartiment. Lors
d’une hémorragie aiguë, la pression intraorbitaire aug-
mente soudainement et l’apport de sang au nerf optique
est supprimé. Par conséquent, toute augmentation con-
comitante de la pression intraoculaire est secondaire et
son traitement n’influencera pas le résultat. L’utilisation
du laser CO2a probablement réduit l’incidence de cette
complication, étant donné qu’il coagule tout en excisant
et évite une traction excessive due au clampage de la
graisse avant la cautérisation et la résection.
La reconnaissance de cette complication est essen-
tielle, tout comme une réponse rapide. Le chirurgien
notera l’exophtalmie, la motilité réduite, la tension
orbitaire accrue et habituellement, une hémorragie
associée. Le patient souffrira d’une douleur asymétrique
et sa vision sera réduite. Les protecteurs oculaires util-
isés pour le laser (lentilles de contact sclérales
métalliques) bloquent la vision et doivent être retirés