Pharmacovigilance en Bref n°11-02 téléchargeable sur ce - AP-HM

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PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
N°11-02
Rédaction
Dr Phcie TAUGOURDEAURAYMOND Solène
_______________________
Spécial Congrès
Pharmacologie – Physiologie – Thérapeutique (P2T)
32ème journée de Pharmacovigilance
Grenoble, 22-24 Mars 2011
CRPV Marseille
Provence Corse
Hôpital Salvator
249, Boulevard de
Sainte Marguerite
Boîte Postale 51
13274 Marseille CEDEX
09
TELEPHONE
04.91.74.75.60
43962 (ligne AP-HM)
FAX
SOMMAIRE
Actualités de pharmacovigilance
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ü Pharmacovigilance – Effets Indésirables
2
- Tramadol et effets indésirables hépatobiliaires.
- Syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell chez les patients traités par furosémide.
- Effets indésirables graves cutanés des inhibiteurs de protéine kinase.
- Parkinsonisme iatrogène
- Alopécie chez les patients traités par anti-TNF alpha
- Hyponatrémie iatrogène
- Toxidermies lichenoïdes induites par les médicaments.
- Tramadol et syndrome de sevrage du nouveau-né
- Hypoglycémie au tramadol : comparaison avec les autres antalgiques de niveau II
- Effets indésirables d’Avastin® conduisant à une morbi-mortalité.
04.91.74.07.80
ü Pharmacovigilance – Contre-indications, Interactions, Mises en garde
ADRESSE
ELECTRONIQUE :
-
[email protected]
ü Recommandations de Bonnes Pratiques
SITE INTERNET
www.crpv.ap-hm.fr
L’équipe du CRPV de
Marseille
Dr JEAN-PASTOR MarieJosèphe
Dr RODOR Francis
Dr BOYER Marie
Dr DEFAULT Anne
Dr PONTE-ASTOUL
Jacqueline
Dr Phcie GUENIOT Brigitte
Dr Phcie CASTELLAN
Delphine
Dr ROUBY Frank
Dr Phcie TAUGOURDEAURAYMOND Solène
POGGI Benoît (Interne en
Phcie)
-
8
Simvastatine et norfloxacine : augmentation du risque de rhabdomyolyse
Effets indésirables de la colchicine aux doses thérapeutiques : Attention aux
interactions médicamenteuses
9
Bon usage des aminosides par voie injectable: mise au point
Merci de stimuler dans votre
INDESIRABLES MEDICAMENTEUX.
service
la
déclaration
des
EFFETS
Tous les effets indésirables médicamenteux GRAVES MEME S’ILS SONT
CONNUS et les effets INATTENDUS doivent être déclarés au Centre Régional
de PharmacoVigilance à l’Hôpital Salvator (43 962, fax 04 91 74 07 80,
[email protected]).
En déclarant les effets indésirables vous contribuez ainsi à une meilleure
connaissance des médicaments (anciens et nouveaux). Vos déclarations sont
le meilleur moyen d’être informés en retour.
L’équipe du Centre Régional de PharmacoVigilance est à votre disposition ou
à celle de vos collaborateurs pour tout problème de pharmacovigilance, ou
question sur les effets indésirables des médicaments, leur utilisation chez
les sujets à risques, pendant la grossesse ou l’allaitement, les interactions
médicamenteuses…
2
PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
Actualités de pharmacovigilance
üPharmacovigilance – Effets Indésirables
Tramadol et effets indésirables hépatobiliaires : bilan des cas enregistrés dans la base
nationale de pharmacovigilance.
Le tramadol est un antalgique d’action central, faiblement opioïde. Les études cliniques ont suggéré
un risque faible de survenue d’effets indésirables hépatobiliaires lors de la prise de tramadol. Dans la
base nationale de pharmacovigilance (BNPV), 159 cas d’effets indésirables hépatobiliaires sous
tramadol ont été enregistrés.
Le tramadol est le seul médicament suspecté dans 16 cas :
•
14 cas d’atteinte hépatique. Dans 13 cas, le tramadol est utilisé aux doses thérapeutiques.
Dans 1 cas, il s’agit d’un surdosage. L’atteinte hépatique est cholestatique ou mixte (54%),
cytolytique (31%) ou non précisée (15%).
•
2 cas de spasme du sphincter d’Oddi (sans prise d’autres morphinomimétiques).
S. Pierre et al. CRPV Dijon
Dans les 143 autres cas, d’autres médicaments sont suspectés avec le tramadol.
Dans 11 cas (sur les 143), il s’agit du paracétamol, imputé de la même manière que le tramadol.
L’atteinte hépatique est cytolytique (7 cas sur 11, 63%) et grave (6 cas/7). Dans 5 cas les
transaminases sont très élevées (20-60N). Les taux plasmatiques du paracétamol sont dans 6 cas dans
les normes thérapeutiques.
Les auteurs se demandent si le tramadol ne joue pas un rôle de potentialisateur de la toxicité hépatique
du paracétamol comme le suggèrent quelques publications puisque les opioïdes diminuent le stock de
glutathion.
Syndromes de Stevens-Johnson et Lyell chez des patients traités par
furosémide : analyse des cas de la base nationale de pharmacovigilance.
Bien que le furosémide n’ait jamais été associé à un syndrome de Stevens-Johnson
(SSJ) ou de Lyell (ou Toxic Epidermal necrolysis (TEN)) dans les études
épidémiologiques européennes (SCAR et EuroSCAR), quelques cas ont été publiés dans
la littérature.
N. Paret et Al. CRPV Lyon
Dans la base nationale de pharmacovigilance, 7 cas de TEN et 5 cas de SJS ont été
enregistrés avec pour unique médicament suspect le furosémide (4 hommes pour 8
femmes ; âge moyen de 70.7 ±18 ans). Le délai d’apparition varie entre 4 et 6
semaines après le début du traitement. Dans un cas, le furosémide avait été arrêté 6
jours avant le début de l’éruption. A l’apparition des premiers symptômes, le
furosémide a été arrêté immédiatement ou dans les jours suivant. Dans 5 cas (3 TEN et
2 SJS) l’évolution est fatale et due à l’effet dans 4 cas ; Pour les autres cas, on trouve
5 cas de guérison sans séquelle et 2 cas d’évolution inconnue. Sur les 12 cas, 10 ont
une imputabilité « plausible » et 2 « douteuse ».
Conclusion : Le furosémide est une molécule ancienne, bien connue et largement
utilisée, mais qui semble pouvoir être associée à l’apparition de TEN ou de SJS, en
l’absence d’autres molécules responsables.
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PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
Effets indésirables graves cutanés des inhibiteurs de protéine kinase
Les inhibiteurs de protéine kinase (IPK) administrés par voie orale sont utilisés en dehors d’un cadre
médicalisé avec des schémas posologiques complexes. L’étude a porté sur les effets indésirables (EI)
graves enregistrés dans la base nationale de pharmacovigilance entre janvier 2008 et décembre 2009
(2 ans) associés à la prise d’anticancéreux par voie orale.
Les cas d’EI graves associés aux IPK représentent 46% (271/589) des EI graves par
anticancéreux oraux. Dans ces 271 cas associés aux IPK, 383 EI sont rapportés avec
majoritairement des manifestations cutanées à 19%.
Parmi les 74 EI cutanés, 51% sont des éruptions cutanées types maculo-papuleuse, érythémateuse,
acnéiforme et prurit et 18% sont des syndromes main-pied.
Selon cette étude, le risque de survenue d’EI graves cutanés est plus important chez les hommes
(62%), chez les sujets de plus de 61 ans ou sous sorafénib Nexavar® (45%).
L’évolution est favorable dans 65% des cas, parmi lesquels on retrouve un traitement symptomatique
(72%) et l’arrêt du traitement (87% des cas). L’arrêt des IPK est définitif dans 56% des cas.
Les auteurs recommandent une surveillance régulière sur le plan dermatologique des patients
sous IPK afin d’avoir un diagnostic précoce, de mettre en œuvre un traitement symptomatique
rapidement et ainsi éviter l’arrêt définitif du traitement par IPK.
E. Faye et al. CRPV Toulouse
Parkinsonisme iatrogène : 17 ans d’expérience d’un CRPV.
Le syndrome parkinsonien (tremblements, rigidité et akinésie) est un effet indésirable connu
des médicaments psychotropes en particulier des neuroleptiques (antipsychotiques).
Cependant, d’autres médicaments peuvent induire cet effet indésirable (EI) grave.
E. Bondon- Guitton et al.
CRPV Toulouse
Au CRPV de Toulouse, entre 1993 et 2009, on trouve 155 EI de type syndrome parkinsonien,
représentant 0.7% de l’ensemble des EI enregistrés dans la base nationale de
pharmacovigilance sur cette période. La majorité des cas concerne des sujets âgés (48%
ont entre 60 et 79 ans) et de sexe féminin (60%).
Parmi les 261 médicaments suspects, les plus fréquents sont les antagonistes
dopaminergiques centraux (49%), les antidépresseurs (8%), les inhibiteurs calciques
(5%), antagonistes dopaminergiques périphériques (5%) et les antihistaminiques H1
(5%). On trouve également des cas avec le lithium, l’acide valproïque, l’amiodarone, les
anticholinestérases ou la trimetazidine.
43.9% des EI sont graves. 69% des syndromes parkinsoniens ont été observés durant les
3 premiers mois de traitement (essentiellement des antagonistes dopaminergiques) et un
second pic est observé après 12 mois de traitement (majoritairement les inhibiteurs
calciques).
Le symptôme le plus rapportés est la rigidité (78.7%). Les 3 symptômes ont été retrouvés
dans 37.4% des cas.
L’évolution est favorable après arrêt du traitement ou réduction de dose dans 88.7%.
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PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
Alopécie iatrogène chez des patients traités par anti-TNF alpha : revue de la
base nationale de pharmacovigilance
Les anti-TNF α sont des médicaments couramment utilisés dans diverses pathologies
inflammatoires auto-immunes, telles que la Polyarthrite Rhumatoïde, le psoriasis et le
rhumatisme psoriasique, la spondylarthrite ankylosante, la maladie de Crohn,…
B. Poggi et al. CRPV Marseille
Avec l’augmentation des prescriptions d’anti-TNF α, de nouveaux effets indésirables, tels
que des cas d’alopécies, ont été récemment rapportés.
Dans la base nationale de pharmacovigilance (au 31/11/10), 36 cas d’alopécie associée à la
prise d’anti-TNF α sont enregistrés (31 femmes et 5 hommes, moyenne d’âge de 39 ans) : 11
cas avec infliximab, 10 cas avec étarnercept, 14 cas avec adalimumab et 1 cas avec
certolizumab (commercialisé depuis 2009). Le délai d’apparition est en moyenne de 180
jours. Plusieurs types d’alopécie sont enregistrés : perte de cheveux dans 16 cas, pelade
dans 16 cas (11 pelades en plaque, 4 pelades décalvantes et 1 pelade universelle) et 4
alopécies associées à un psoriasis.
Dans 37% des cas, l’alopécie est irréversible (13 cas) malgré un arrêt du traitement dans 5
cas (38,5%).
L’alopécie semble être un effet de classe, mentionné uniquement dans le RCP de l’infliximab
(perte de cheveux dans celui des autres anti-TNFα). Certains cas d’alopécies irréversibles ont
été observés que le traitement soit arrêté ou non.
Hyponatrémie iatrogénique : revue de la base nationale de pharmacovigilance
L’hyponatrémie est le trouble électrolytique le plus commun dont la cause peut être médicamenteuse.
Dans la base nationale de pharmacovigilance, 129 cas d’hyponatrémie sont enregistrés. Ils concernent
majoritairement des femmes et des sujets âgés. Les médicaments suspects sont majoritairement : les
diurétiques (28%), les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (15%)(ISRS), les
antiépileptiques (12%), les inhibiteurs de la pompe à protons (8%)(IPP), l’association sartandiurétique (7%) et les antidépresseurs autres qu’ISRS (5%).
Le délai d’apparition de l’hyponatrémie est d’un mois après le début de traitement et la régression
implique l’arrêt du traitement et la mise en place d’un traitement correcteur.
Lorsque les diurétiques sont suspects, 57% des cas impliquent un ou plusieurs diurétiques et 10%
une association diurétique + ISRS. Lorsque les ISRS sont suspects, 41% des cas impliquent un ISRS
seul. Lorsque les antiépileptiques sont suspects, 67% des cas impliquent carbamazépine et
oxcarbazépine.
Plus spécifiquement, les hyponatrémies sévères (natrémie < 120mmol/L) sont associées aux
diurétiques à 37% puis aux IPP à 13% et aux Inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion à 8%. Des signes
cliniques sont décrits dans 41% des cas.
Les professionnels de santé doivent être conscients du risque de survenue d’hyponatrémie avec
les médicaments suivants : diurétiques, ISRS, antiépileptiques, IPP, IEC, qu’ils soient prescrits seuls
ou en association, et particulièrement lorsque le patient est une femme et/ou un sujet âgé. Il devrait
être recommandé de contrôler la natrémie avant l’instauration du traitement, 7 à 15 jours après
le début du traitement puis tous les 1 à 2 mois.
M. Blanchard et al.
CRPV Marseille
PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
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Toxidermies lichénoïdes à partir des cas saisis dans la base nationale de
pharmacovigilance.
Les toxidermies lichénoïdes sont des pathologies rares, difficiles à différencier du lichen plan
idiopathique.
D’un point de vue clinique, les critères en faveur d’une origine médicamenteuse sont : un âge
supérieur à 60 ans, un polymorphisme plus important des lésions et l’absence de stries de
Wickham.
D’un point de vue histologique, le diagnostic de toxidermie lichénoïde peut être suspecté en
présence des signes suivants : des corps cystoïdes (nécroses kératinocytaires) dans les parties
hautes de l’épiderme, quelquefois entourés de lymphocytes en exocytose (« satellite cell necrosis
»), une para kératose focale, une extension des infiltrats vers le derme réticulaire.
320 cas de toxidermies lichénoïdes ont été retrouvés dans la base nationale de
pharmacovigilance, impliquant 425 médicaments (correspondant à 255 spécialités). L’âge
moyen des patients est de 60 ans, avec 175 femmes pour 145 hommes.
Les classes médicamenteuses les plus fréquemment suspectées sont :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Les antihypertenseurs : 82 cas (inhibiteurs de l’enzyme de conversion : 53 cas ;
thiazidiques : 15 cas ; bétabloquants : 12 cas ; inhibiteurs calciques 10 cas).
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens : 29 cas.
Les statines : 27 cas.
Les vaccins contre l’hépatite B : 13 cas.
Les sels d’or : 18 cas.
Les benzodiazépines : 17 cas (dont le tétrazepam : 10 cas).
Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, les inhibiteurs de la pompe à protons,
l’allopurinol : 10 cas chacun.
L’âge moyen de survenue est concordant avec les données de la littérature concernant les
éruptions lichénoïdes. Dans cette série de cas, les lésions sont le plus souvent cutanées sans
atteinte des muqueuses.
La prédominance des cas liés au tétrazepam est à noter au sein des benzodiazépines
(probablement lié à la particularité de sa structure chimique). Les principaux médicaments
connus pour être à l’origine de toxidermies lichénoïdes sont retrouvés dans cette étude,
cependant le caractère exhaustif de la recherche dans la base de pharmacovigilance donne une
idée des fréquences relatives d’implication des différents médicaments.
F. Rouby et al. CRPV Marseille
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PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
Tramadol et syndrome de sevrage du nouveau-né
Le chlorhydrate de tramadol est un analgésique central analogue de la codéine possédant une
faible affinité pour les récepteurs µ opioïdes. Par ailleurs il agit comme inhibiteur de la
recapture de la sérotonine et de la norépinephrine. Il est indiqué dans les douleurs d’intensité
intermédiaire à sévère.
Le tramadol passe la barrière hémato-placentaire du fait de sa forte liposolubilité et le
passage dans le lait maternel est de l’ordre de 0,1 à 3% selon les auteurs. Le tramadol est
métabolisé par le CYP2D6 majoritairement et est éliminé par le rein. Les ½ vies respectives du
tramadol et du métabolite M1 sont d’environ 7h et 5h.
F. Rodor et al. CRPV Marseille
Sa prescription pendant la grossesse n'est pas recommandée au premier et au troisième
trimestre de la grossesse, au deuxième trimestre une utilisation sporadique est autorisée.
Le syndrome de sevrage chez le nouveau-né a une présentation variable : signes
d’hyperexcitabilité du SNC, troubles digestifs, troubles respiratoires et généraux, cri haut
perché, aigu, incessant. L’évaluation de la sévérité se fait par l’échelle de Lipstiz (mal adaptée
car score plus qualitatif que quantitatif) ou préférentiellement par l’échelle de Finnegan. La
prise en charge est hétérogène : nursing en priorité, traitement de substitution (solution orale de
morphine ++ associée ou non à la clonidine).
Quatre cas de syndrome de sevrage chez des nouveau-nés de mères traitées par le
tramadol pendant leur grossesse et ce jusqu'à l’accouchement ont été enregistrés dans la base
nationale de pharmacovigilance.
Le tramadol avait été administré pendant toute la durée de la grossesse dans 2 cas. Les signes
de sevrage sont apparus en moyenne dans les 2 premiers jours de vie. Le délai de
régression est variable et fait suite à un traitement par une solution orale de morphine dans 2
cas. La présentation clinique du syndrome de sevrage peut comporter des symptômes de
sevrage classique aux opioïdes mais aussi des symptômes atypiques liés à l’activité du
tramadol en tant qu’inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la norépinephrine.
Du fait de l’augmentation de la consommation du tramadol suite au retrait du
dextropropoxyphène, il apparait nécessaire de surveiller, de limiter l’utilisation du
tramadol chez la femme enceinte et notamment d’éviter les traitements au long cours.
Hypoglycémie au tramadol : comparaison avec les autres antalgiques de niveau II
Parmi les trois antalgiques de niveau II (dextropropoxyphène, tramadol et codéine), le
dextropropoxyphène (DXP) est connu pour induire des hypoglycémies. Au contraire très peu de
cas d’hypoglycémie associé au tramadol (TRM) ont été publiés.
Dans la base nationale de pharmacovigilance, entre 1997 et 2010, 3025 cas d’EI ont été enregistrés
avec le DXP, 3726 avec le TRM et 2349 avec la codéine. L’hypoglycémie a été codés comme
principal effet indésirables dans 66 cas avec DXP (2.2%), 35 cas pour TRM (0.94%) et 1 cas
pour codéine. Les patients sont majoritairement des sujets âgés, sans différence significative entre
le groupe traité par DXP et celui traité par TRM (70.6 ans).
L’hypoglycémie survient 4 à 5 jours après le début du traitement. L’hypoglycémie est
symptomatique dans 31 sur 35 cas avec le DXP et dans 15 cas sur 19 avec le TRM. Coma et
convulsions sont rapportés chez 9 patients traités par DXP et 5 patients sous TRM.
La glycémie moyenne est de 2.13 mmol/L avec le DXP et de 2.51mmol/L avec le TRM.
Les facteurs de risque d’hypoglycémie sont : insuffisance rénale, cancer, dénutrition, infection,
consommation d’alcool, pathologie hépatique et problèmes thyroïdiens.
20 patients sur 66 (30.3%) dans le groupe traité par DXP et 14 patients sur 15 du groupe TRM
(40%) sont diabétiques. 12 patients sur 66 (18.2%) dans le groupe traité par DXP et 6 patients sur
15 du groupe (17.1%) TRM ont une insuffisance rénale.
T. Vial et al. CRPV Lyon
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PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
Effets indésirables d’Avastin® bévacizumab conduisant à une morbimortalité : revue de la base nationale de pharmacovigilance
Bévacizumab est un anticorps monoclonal recombinant humanisé anti-VEGF (Vascular
Edothelial Growth Factor) indiqué, en association avec d’autres chimiothérapies, dans le
traitement du cancer colorectal et du sein métastatiques, du cancer bronchique non à petites
cellules et du rein avancés ou métastatiques. Bévacizumab est associé à des effets graves
responsables de morbi-mortalité chez les patients présentant un cancer.
Au total, 459 cas ont été rapportés avec bévacizumab. 353 cas sont graves dont 96 sévères : 40
décès, 42 mises en jeu du pronostic vital et 14 incapacité-invalidité.
S. Taugourdeau-Raymond et al.
CRPV Marseille
Les caractéristiques de la population sont les suivantes :
• 60 femmes pour 36 hommes ; moyenne d’âge de 58,6 ans ;
• 42,7% des patients traités pour cancer colorectal et 33,3% pour cancers du sein ;
Le délai moyen de survenue d’un effet indésirable sévère est de 4,2 cures.
168 effets indésirables ont été codés.
• Parmi les effets gastro-intestinaux, 38,8% sont des perforations gastro-intestinales ;
• Parmi les effets neurologiques, 32,1% sont des hémorragies et AVC ;
• Parmi les effets cardiovasculaires, 20% sont des défaillances cardiaques et 20% sont
des embolies et thromboses périphériques.
• 50% des décès dus à l’effet sont survenus à la 1ère cure ;
• Dans les décès dus à l’effet, 50% des effets gastro-intestinaux sont des perforations les
affections hématologiques touchent toutes les lignées et les affections respiratoires sont à
37,5% des embolies pulmonaires ;
• Dans les mises en jeu du pronostic vital, les effets les plus fréquemment codés sont :
perforation, affection péritonéale, hémorragie et AVC, encéphalopathie, défaillance
cardiaque, infarctus du myocarde et thrombose ;
• Dans les cas d’incapacité-invalidité, les affections neurologiques sont des neuropathies,
paralysies, paresthésies.
Les effets indésirables du bévacizumab rapportés au système de pharmacovigilance français
sont majoritairement graves voir sévères. Un tiers des cas sévères concernent des patientes
atteintes de cancer du sein qui est une indication du bévacizumab faisant débat actuellement.
Poster a reçu le Prix de Pharmacovigilance 2011
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PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
üContre-indications – Interactions – Mises en garde
Simvastatine et norfloxacine : augmentation du risque de rhabdomyolyse
Les statines sont la première ligne de traitement de l’hypercholestérolémie. Le principal inconvénient
de ce traitement est l’apparition de manifestations musculaires à type de myalgie ou de
rhabdomyolyse. Ces réactions peuvent être aggravées par l’association avec les fluoroquinolones qui
augmentent les concentrations plasmatiques des statines.
D.Darnis et al. CRPV Nantes
Cas : une femme de 74 ans avec pour antécédents médicaux diabète, hypertension et artériopathie, est
sous simvastatine depuis 1999. En juillet 2010 elle est traitée par norfloxacine pour une cystite. Trois
jours après l’arrêt de norfloxacine, la patiente se plaint de douleurs musculaires. Les CPK sont élevées
et la biopsie musculaire révèle une nécrose des tissus musculaires. L’évolution est favorable à l’arrêt
de simvastatine.
Les facteurs de risque sont : sexe féminin, insuffisance rénale ou hépatique, diabète.
Le mécanisme d’action reste mal compris mais les prescripteurs doivent être avertis de ce risque
d’effet indésirable rare mais grave chez les patients sous statine au long cours et recevant des
fluoroquinolones.
Effets indésirables de la colchicine à dose thérapeutique :
Attention aux interactions médicamenteuses.
La colchicine est utilisée dans le traitement de la goutte, les doses thérapeutiques se
situant entre 10 et 15µg/kg et la dose toxique à 100µg/kg.
R. Bouquié et al. CRPV Nantes
Un cas a été rapporté d’effet indésirable de la colchicine sans surdosage. Un homme de
34 ans transplanté cardiaque et hépatique depuis 12 ans est hospitalisé pour toux,
dyspnée et hémoptysies. Il se plaint d’altération de l’état général et diarrhées profuses
depuis plusieurs jours. Son traitement chronique est composé de : hydrocortisone,
cyclosporine A, everolimus, azithromycine, nicorandil, irbesartan, pravastatine,
cotrimoxazole et esomeprazole. 12 jours avant son hospitalisation le patient avait débuté
un traitement par colchicine 3mg à J1, 2mg à J2J3 puis 1mg pendant 6 jours.
Les bilans biologiques révèlent une hyperleucocytose, lymphopénie, insuffisance rénale,
cytolyse hépatique et rhabdomyolyse importante. Les taux plasmatiques de cyclosporine
A et d’everolimus sont normaux mais celui de la colchicine atteint 13 ng/mL 24h après
la dernière prise de colchicine et 2.7ng/mL 153h plus tard (référence 0.3-2.5 ng/mL).
Régression de l’ensemble de la symptomatologie dans les 4 jours suivant son admission.
Explication : L’insuffisance rénale et les interactions médicamenteuses par inhibition
de Pgp par la cyclosporine, la pravastatine et l’azithromycine ont augmenté les taux
plasmatiques de la colchicine.
Il est donc recommandé par les auteurs de surveiller les patients insuffisants
rénaux et/ou polymédiqués lorsque la colchicine est prescrite, du fait de la faible
marge thérapeutique et des interactions médicamenteuses possibles. Il est également
souligné qu’une crise de goutte chez ces patients peut être traitée par des
corticoïdes.
PharmacoVigilance en bref – N°11-02 – Mai 2011
üRecommandations de Bonnes Pratiques
Bon usage des aminosides par voie injectable : mise au point
L’AFSSaPS a diffusé en avril 2011 une mise au point sur le bon usage des aminosides administrés par voie
injectables. Les informations clés sont les suivantes :
Indications limitées, aux infections sévères ou dues à des bactéries résistantes.
Index thérapeutique étroit (existence d’une néphrotoxicité et d’une ototoxicité).
Ils sont prescrits le plus souvent en association.
Modalités d’administration : En dehors de cas particuliers, utilisation d’une dose unique journalière (DUJ), par
voie intraveineuse (perfusion de 30 minutes), en début de traitement et pour une durée ≤ 5 jours.
Le choix de l’aminoside doit prendre en compte l’espèce bactérienne identifiée ou suspectée, et les propriétés
microbiologiques propres à chaque molécule.
Toxicité
Toxicité essentiellement rénale (habituellement réversible), auditive et vestibulaire (souvent irréversible). Augmentation
des risques de survenue de toxicités rénale (indépendante de la Cmax) et auditive (pas de preuve de corrélation avec la
Cmax) si durée de traitement > à 5-7 jours.
Posologies
Voie intraveineuse : posologies variables en fonction de la sévérité du tableau clinique, du terrain, de la bactérie identifiée
ou suspectée, et de la durée du traitement :
Adulte :
- gentamicine, tobramycine : 3 à 8 mg/kg/jour
- nétilmicine : 4 à 8 mg/kg/jour
- amikacine : 15 à 30 mg/kg/jour
Situations sévères avec risque d’augmentation du volume de distribution: utiliser les posologies les plus élevées, surtout
en début de traitement.
Pédiatrie : posologies (en mg/kg) identiques à celles de l’adulte, sauf chez le nouveau-né a fortiori prématuré.
Mucoviscidose : posologies journalières plus élevées.
Durée de traitement : Le plus souvent, arrêt de l’aminoside après 48 à 72 heures de traitement.
Si absence de documentation microbiologique et selon l’évolution clinique, poursuite au maximum 5 jours.
Si décision de prescription d’aminosides, importance de respecter les doses et les durées de traitement
recommandées.
Surveillance du traitement
Si traitement ≤ 3 jours, pas de dosage si aucune modification pharmacocinétique n’est attendue.
Dosage du pic plasmatique (Cmax, évaluant l’efficacité) : conseillé après 1ère injection chez les patients sévères, surtout
si des modifications pharmacocinétiques sont probables.
Dosage à effectuer 30 minutes après la fin de la perfusion (durée de la perfusion : 30 minutes).
Dosage de la concentration résiduelle (Cmin, prédictive de la toxicité) : uniquement si durée de traitement > 5 jours
(dosage à effectuer après 48 heures de traitement) ou en cas d’insuffisance rénale.
Dosage à répéter 2 fois par semaine, associé à une surveillance de la fonction rénale.
→ Selon résultats des dosages, adaptation du schéma d’administration.
Terrains particuliers
Insuffisance rénale, sujets âgés de plus de 75 ans, obésité, grossesse et allaitement : les objectifs pharmacocinétiquespharmacodynamiques restent les mêmes quelle que soit la situation.
Mise au point disponible sur www.afssaps.fr
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