Pharmacovigilance en Bref n°11-02 téléchargeable sur ce - AP-HM

PharmacoVigilance en bref N°11-02 Mai 2011
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N°11-02
Rédaction
Dr Phcie TAUGOURDEAU-
RAYMOND Solène
_______________________
CRPV Marseille
Provence Corse
Hôpital Salvator
249, Boulevard de
Sainte Marguerite
Boîte Postale 51
13274 Marseille CEDEX
09
TELEPHONE
04.91.74.75.60
43962 (ligne AP-HM)
FAX
04.91.74.07.80
ADRESSE
ELECTRONIQUE :
marie-josephe.jean-
SITE INTERNET
www.crpv.ap-hm.fr
L’équipe du CRPV de
Marseille
Dr JEAN-PASTOR Marie-
Josèphe
Dr RODOR Francis
Dr BOYER Marie
Dr DEFAULT Anne
Dr PONTE-ASTOUL
Jacqueline
Dr Phcie GUENIOT Brigitte
Dr Phcie CASTELLAN
Delphine
Dr ROUBY Frank
Dr Phcie TAUGOURDEAU-
RAYMOND Solène
POGGI Benoît (Interne en
Phcie)
Spécial Congrès
Pharmacologie Physiologie Thérapeutique (P2T)
32ème journée de Pharmacovigilance
Grenoble, 22-24 Mars 2011
SOMMAIRE
Actualités de pharmacovigilance 2
! Pharmacovigilance Effets Indésirables 2
- Tramadol et effets indésirables hépatobiliaires.
- Syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell chez les patients traités par furosémide.
- Effets indésirables graves cutanés des inhibiteurs de protéine kinase.
- Parkinsonisme iatrogène
- Alopécie chez les patients traités par anti-TNF alpha
- Hyponatrémie iatrogène
- Toxidermies lichenoïdes induites par les médicaments.
- Tramadol et syndrome de sevrage du nouveau-
- Hypoglycémie au tramadol : comparaison avec les autres antalgiques de niveau II
- Effets indésirables d’Avastin® conduisant à une morbi-mortalité.
! Pharmacovigilance Contre-indications, Interactions, Mises en garde 8
- Simvastatine et norfloxacine : augmentation du risque de rhabdomyolyse
- Effets indésirables de la colchicine aux doses thérapeutiques : Attention aux
interactions médicamenteuses
! Recommandations de Bonnes Pratiques 9
- Bon usage des aminosides par voie injectable: mise au point
Merci de stimuler dans votre service la déclaration des EFFETS
INDESIRABLES MEDICAMENTEUX.
Tous les effets indésirables médicamenteux GRAVES MEME S’ILS SONT
CONNUS et les effets INATTENDUS doivent être déclarés au Centre Régional
de PharmacoVigilance à l’Hôpital Salvator (43 962, fax 04 91 74 07 80,
marie-josephe.jean-pastor@ap-hm.fr).
En déclarant les effets indésirables vous contribuez ainsi à une meilleure
connaissance des médicaments (anciens et nouveaux). Vos déclarations sont
le meilleur moyen d’être informés en retour.
L’équipe du Centre Régional de PharmacoVigilance est à votre disposition ou
à celle de vos collaborateurs pour tout problème de pharmacovigilance, ou
question sur les effets indésirables des médicaments, leur utilisation chez
les sujets à risques, pendant la grossesse ou l’allaitement, les interactions
médicamenteuses…
PharmacoVigilance en bref N°11-02 Mai 2011
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N. Paret et Al. CRPV Lyon
Actualités de pharmacovigilance
!Pharmacovigilance – Effets Indésirables
Tramadol et effets indésirables hépatobiliaires : bilan des cas enregistrés dans la base
nationale de pharmacovigilance.
Le tramadol est un antalgique d’action central, faiblement opioïde. Les études cliniques ont suggéré
un risque faible de survenue d’effets indésirables hépatobiliaires lors de la prise de tramadol. Dans la
base nationale de pharmacovigilance (BNPV), 159 cas d’effets indésirables hépatobiliaires sous
tramadol ont été enregistrés.
Le tramadol est le seul médicament suspecté dans 16 cas :
14 cas d’atteinte hépatique. Dans 13 cas, le tramadol est utilisé aux doses thérapeutiques.
Dans 1 cas, il s’agit d’un surdosage. L’atteinte hépatique est cholestatique ou mixte (54%),
cytolytique (31%) ou non précisée (15%).
2 cas de spasme du sphincter d’Oddi (sans prise d’autres morphinomimétiques).
Dans les 143 autres cas, d’autres médicaments sont suspectés avec le tramadol.
Dans 11 cas (sur les 143), il s’agit du paracétamol, imputé de la même manière que le tramadol.
L’atteinte hépatique est cytolytique (7 cas sur 11, 63%) et grave (6 cas/7). Dans 5 cas les
transaminases sont très élevées (20-60N). Les taux plasmatiques du paracétamol sont dans 6 cas dans
les normes thérapeutiques.
Les auteurs se demandent si le tramadol ne joue pas un rôle de potentialisateur de la toxicité hépatique
du paracétamol comme le suggèrent quelques publications puisque les opioïdes diminuent le stock de
glutathion.
Syndromes de Stevens-Johnson et Lyell chez des patients traités par
furosémide : analyse des cas de la base nationale de pharmacovigilance.
Bien que le furosémide n’ait jamais été associé à un syndrome de Stevens-Johnson
(SSJ) ou de Lyell (ou Toxic Epidermal necrolysis (TEN)) dans les études
épidémiologiques européennes (SCAR et EuroSCAR), quelques cas ont été publiés dans
la littérature.
Dans la base nationale de pharmacovigilance, 7 cas de TEN et 5 cas de SJS ont été
enregistrés avec pour unique médicament suspect le furosémide (4 hommes pour 8
femmes ; âge moyen de 70.7 ±18 ans). Le délai d’apparition varie entre 4 et 6
semaines après le début du traitement. Dans un cas, le furosémide avait été arrêté 6
jours avant le début de l’éruption. A l’apparition des premiers symptômes, le
furosémide a été arrêté immédiatement ou dans les jours suivant. Dans 5 cas (3 TEN et
2 SJS) l’évolution est fatale et due à l’effet dans 4 cas ; Pour les autres cas, on trouve
5 cas de guérison sans séquelle et 2 cas d’évolution inconnue. Sur les 12 cas, 10 ont
une imputabilité « plausible » et 2 « douteuse ».
Conclusion : Le furosémide est une molécule ancienne, bien connue et largement
utilisée, mais qui semble pouvoir être associée à l’apparition de TEN ou de SJS, en
l’absence d’autres molécules responsables.
S. Pierre et al. CRPV Dijon
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E. Faye et al. CRPV Toulouse
E. Bondon- Guitton et al.
CRPV Toulouse
Effets indésirables graves cutanés des inhibiteurs de protéine kinase
Les inhibiteurs de protéine kinase (IPK) administrés par voie orale sont utilisés en dehors d’un cadre
médicalisé avec des schémas posologiques complexes. L’étude a porté sur les effets indésirables (EI)
graves enregistrés dans la base nationale de pharmacovigilance entre janvier 2008 et décembre 2009
(2 ans) associés à la prise d’anticancéreux par voie orale.
Les cas d’EI graves associés aux IPK représentent 46% (271/589) des EI graves par
anticancéreux oraux. Dans ces 271 cas associés aux IPK, 383 EI sont rapportés avec
majoritairement des manifestations cutanées à 19%.
Parmi les 74 EI cutanés, 51% sont des éruptions cutanées types maculo-papuleuse, érythémateuse,
acnéiforme et prurit et 18% sont des syndromes main-pied.
Selon cette étude, le risque de survenue d’EI graves cutanés est plus important chez les hommes
(62%), chez les sujets de plus de 61 ans ou sous sorafénib Nexavar® (45%).
L’évolution est favorable dans 65% des cas, parmi lesquels on retrouve un traitement symptomatique
(72%) et l’arrêt du traitement (87% des cas). L’arrêt des IPK est définitif dans 56% des cas.
Les auteurs recommandent une surveillance régulière sur le plan dermatologique des patients
sous IPK afin d’avoir un diagnostic précoce, de mettre en œuvre un traitement symptomatique
rapidement et ainsi éviter l’arrêt définitif du traitement par IPK.
Parkinsonisme iatrogène : 17 ans d’expérience d’un CRPV.
Le syndrome parkinsonien (tremblements, rigidité et akinésie) est un effet indésirable connu
des médicaments psychotropes en particulier des neuroleptiques (antipsychotiques).
Cependant, d’autresdicaments peuvent induire cet effet indésirable (EI) grave.
Au CRPV de Toulouse, entre 1993 et 2009, on trouve 155 EI de type syndrome parkinsonien,
représentant 0.7% de l’ensemble des EI enregistrés dans la base nationale de
pharmacovigilance sur cette période. La majorité des cas concerne des sujets âgés (48%
ont entre 60 et 79 ans) et de sexe féminin (60%).
Parmi les 261 médicaments suspects, les plus fréquents sont les antagonistes
dopaminergiques centraux (49%), les antidépresseurs (8%), les inhibiteurs calciques
(5%), antagonistes dopaminergiques périphériques (5%) et les antihistaminiques H1
(5%). On trouve également des cas avec le lithium, l’acide valproïque, l’amiodarone, les
anticholinestérases ou la trimetazidine.
43.9% des EI sont graves. 69% des syndromes parkinsoniens ont été observés durant les
3 premiers mois de traitement (essentiellement des antagonistes dopaminergiques) et un
second pic est observé après 12 mois de traitement (majoritairement les inhibiteurs
calciques).
Le symptôme le plus rapportés est la rigidité (78.7%). Les 3 symptômes ont été retrouvés
dans 37.4% des cas.
L’évolution est favorable après arrêt du traitement ou réduction de dose dans 88.7%.
PharmacoVigilance en bref N°11-02 Mai 2011
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B. Poggi et al. CRPV Marseille
M. Blanchard et al.
CRPV Marseille
Alopécie iatrogène chez des patients traités par anti-TNF alpha : revue de la
base nationale de pharmacovigilance
Les anti-TNF α sont des médicaments couramment utilisés dans diverses pathologies
inflammatoires auto-immunes, telles que la Polyarthrite Rhumatoïde, le psoriasis et le
rhumatisme psoriasique, la spondylarthrite ankylosante, la maladie de Crohn,
Avec l’augmentation des prescriptions d’anti-TNF α, de nouveaux effets indésirables, tels
que des cas d’alopécies, ont été récemment rapportés.
Dans la base nationale de pharmacovigilance (au 31/11/10), 36 cas d’alopécie associée à la
prise d’anti-TNF α sont enregistrés (31 femmes et 5 hommes, moyenne d’âge de 39 ans) : 11
cas avec infliximab, 10 cas avec étarnercept, 14 cas avec adalimumab et 1 cas avec
certolizumab (commercialisé depuis 2009). Le délai d’apparition est en moyenne de 180
jours. Plusieurs types d’alopécie sont enregistrés : perte de cheveux dans 16 cas, pelade
dans 16 cas (11 pelades en plaque, 4 pelades décalvantes et 1 pelade universelle) et 4
alopécies associées à un psoriasis.
Dans 37% des cas, l’alopécie est irréversible (13 cas) malgré un arrêt du traitement dans 5
cas (38,5%).
L’alopécie semble être un effet de classe, mentionné uniquement dans le RCP de l’infliximab
(perte de cheveux dans celui des autres anti-TNFα). Certains cas d’alopécies irréversibles ont
été observés que le traitement soit arrêté ou non.
Hyponatrémie iatrogénique : revue de la base nationale de pharmacovigilance
L’hyponatrémie est le trouble électrolytique le plus commun dont la cause peut être médicamenteuse.
Dans la base nationale de pharmacovigilance, 129 cas d’hyponatrémie sont enregistrés. Ils concernent
majoritairement des femmes et des sujets âgés. Les médicaments suspects sont majoritairement : les
diurétiques (28%), les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (15%)(ISRS), les
antiépileptiques (12%), les inhibiteurs de la pompe à protons (8%)(IPP), l’association sartan-
diurétique (7%) et les antidépresseurs autres qu’ISRS (5%).
Le délai d’apparition de l’hyponatrémie est d’un mois après le début de traitement et la régression
implique l’arrêt du traitement et la mise en place d’un traitement correcteur.
Lorsque les diurétiques sont suspects, 57% des cas impliquent un ou plusieurs diurétiques et 10%
une association diurétique + ISRS. Lorsque les ISRS sont suspects, 41% des cas impliquent un ISRS
seul. Lorsque les antiépileptiques sont suspects, 67% des cas impliquent carbamazépine et
oxcarbazépine.
Plus spécifiquement, les hyponatrémies sévères (natrémie < 120mmol/L) sont associées aux
diurétiques à 37% puis aux IPP à 13% et aux Inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion à 8%. Des signes
cliniques sont décrits dans 41% des cas.
Les professionnels de santé doivent être conscients du risque de survenue d’hyponatrémie avec
les médicaments suivants : diurétiques, ISRS, antiépileptiques, IPP, IEC, qu’ils soient prescrits seuls
ou en association, et particulièrement lorsque le patient est une femme et/ou un sujet âgé. Il devrait
être recommandé de contrôler la natrémie avant l’instauration du traitement, 7 à 15 jours après
le début du traitement puis tous les 1 à 2 mois.
PharmacoVigilance en bref N°11-02 Mai 2011
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F. Rouby et al. CRPV Marseille
Toxidermies lichénoïdes à partir des cas saisis dans la base nationale de
pharmacovigilance.
Les toxidermies lichénoïdes sont des pathologies rares, difficiles à différencier du lichen plan
idiopathique.
D’un point de vue clinique, les critères en faveur d’une origine médicamenteuse sont : un âge
supérieur à 60 ans, un polymorphisme plus important des lésions et l’absence de stries de
Wickham.
D’un point de vue histologique, le diagnostic de toxidermie lichénoïde peut être suspecté en
présence des signes suivants : des corps cystoïdes (nécroses kératinocytaires) dans les parties
hautes de l’épiderme, quelquefois entourés de lymphocytes en exocytose (« satellite cell necrosis
»), une para kératose focale, une extension des infiltrats vers le derme réticulaire.
320 cas de toxidermies lichénoïdes ont été retrouvés dans la base nationale de
pharmacovigilance, impliquant 425 médicaments (correspondant à 255 spécialités). L’âge
moyen des patients est de 60 ans, avec 175 femmes pour 145 hommes.
Les classes médicamenteuses les plus fréquemment suspectées sont :
1. Les antihypertenseurs : 82 cas (inhibiteurs de l’enzyme de conversion : 53 cas ;
thiazidiques : 15 cas ; bétabloquants : 12 cas ; inhibiteurs calciques 10 cas).
2. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens : 29 cas.
3. Les statines : 27 cas.
4. Les vaccins contre l’hépatite B : 13 cas.
5. Les sels d’or : 18 cas.
6. Les benzodiazépines : 17 cas (dont le tétrazepam : 10 cas).
7. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, les inhibiteurs de la pompe à protons,
l’allopurinol : 10 cas chacun.
L’âge moyen de survenue est concordant avec les données de la littérature concernant les
éruptions lichénoïdes. Dans cette série de cas, les lésions sont le plus souvent cutanées sans
atteinte des muqueuses.
La prédominance des cas liés au tétrazepam est à noter au sein des benzodiazépines
(probablement lié à la particularité de sa structure chimique). Les principaux médicaments
connus pour être à l’origine de toxidermies lichénoïdes sont retrouvés dans cette étude,
cependant le caractère exhaustif de la recherche dans la base de pharmacovigilance donne une
idée des fréquences relatives d’implication des différents médicaments.
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