Livret - bioMérieux

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PRÉFACE
La communauté scientifique internationale a
pris connaissance de la borréliose de Lyme
après que des cas d’arthrite de Lyme, puis
de maladie de Lyme, ont été signalés aux
États-Unis dans les années 70. Cependant,
les premières descriptions de manifestations
cutanées dues à la maladie provenaient
d’Europe et dataient du début du 20e siècle.
Ce manuel aborde les principaux aspects
épidémiologiques et biologiques de la maladie,
ainsi que la prise en charge clinique de cette
infection à spirochètes. Les deux dernières
rubriques regroupent les questions fréquemment
posées, ainsi que des études de cas.
Nous espérons sincèrement que ce livret sera
utile à toutes les personnes impliquées dans
les soins aux patients atteints d’infections par
Borrelia.
Le Professeur Benoît Jaulhac,
Les Docteurs
Nathalie Boulanger, Sylvie De Martino,
Aurélie Kern et Frédéric Schramm
Centre National de Référence des Borrelia
Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, France
3
La borréliose de Lyme
TABLE DES MATIÈRES
La borréliose de Lyme
p. 4
Diagnostic clinique
p. 10
Diagnostic de laboratoire
p. 14
Prévention et traitement
p. 23
Questions fréquemment posées
p. 27
Cas cliniques
p. 29
Bibliographie
p. 31
Pour la liste des abréviations, se reporter à la page 36 .
1
LA BORRÉLIOSE DE LYME
1. HISTORIQUE
Elle tire son nom de la ville de Lyme, située dans le
Connecticut (É.-U.), où plusieurs cas isolés d’arthrite
ont été identifiés au début des années 70. Les mères
d’un groupe d’enfants vivant à proximité les uns des
autres à Lyme, Old Lyme et East Haddam, ont éveillé
l’attention des chercheurs, suite à de nombreux cas
d’arthrite juvénile diagnostiqués chez leurs enfants.
Les investigations montraient l’existence d’une arthrite parmi les enfants des
Comtés de Old Lyme et de Lyme, avec une prévalence inhabituellement
élevée de l’ordre de 1/10, alors qu’elle était de 1/1000 chez la population
normale des autres régions des États-Unis.
Une étude rétrospective, ayant débuté en 1975, menée par A. Steere,
S. Malawista et col. de l’Université de Yale, a conduit en 1977 à la description
de l’arthrite de Lyme, puis à la maladie de Lyme.
Plusieurs manifestations non articulaires de la maladie, inconnues d’un
grand nombre d’Américains, avaient été décrites auparavant en Europe
au début du 20e siècle : l’acrodermatite chronique atrophiante (ACA)
(Herxheimer et Hartmann, 1902), l’érythème chronique migrant (Lipschütz,
1913) et la méningoradiculite (Garin et Bujadoux, 1922).
C’est en 1949 que S. Hellerström a rapporté les premiers cas d’érythème
chronique migrant (ECM) associés à une méningite. Ils avaient été
efficacement traités avec de la pénicilline.
Entre 1982 et 1984, une nouvelle espèce de Borrelia, identifiée puis mise
en culture par W. Burgdorfer, A. Barbour et col., s’est révélée être l’agent
pathogène de la maladie, la transmission se fait par la piqûre d’une tique
infectée.
2
La borréliose de Lyme
2. ÉPIDÉMIOLOGIE DE LA
BORRÉLIOSE DE LYME
Figure 1 : Répartition de la borréliose de Lyme : principales régions endémiques
maladie à vecteur la plus répandue et progressant le plus
. Larapidement
dans le monde.
concernant le nombre de cas annuels au niveau mondial :
. Estimations
entre 85 500 et 118 500 (données de 2009) :
• Europe: 65,500 – 85,000
• Amérique du Nord : 16 500 à 30 000
• Asie : 3 500
• Afrique du Nord : 10
le nombre de cas de Borréliose de Lyme (BL) reporté est
. Cependant,
certainement sous-estimé étant donné que dans certains pays d’Europe
ou d’Amérique du Nord, ce n’est pas une maladie à déclaration
obligatoire. Une surestimation du nombre de cas est possible, car les
critères définis par chaque pays diffèrent de façon significative.
Amérique du Nord, les taux d’incidence les plus élevés ont été
. En
rapportés dans les États du Connecticut et de Rhode Island.
du changement climatique : depuis les années 90, les tiques,
. Impact
vecteurs de la maladie, se sont propagées en Europe à des latitudes
et à des altitudes plus hautes. Les changements climatiques à venir
pourraient faciliter cette propagation, conduisant à une augmentation
de l’occurrence de la maladie dans les zones endémiques. Dans
d’autres zones, où les conditions climatiques deviendront trop chaudes
et arides pour la survie de la tique, la BL pourrait tendre à disparaître.
3
3. AGENT CAUSAL :
BORRELIA BURGDORFERI
Près de 30 années se sont écoulées depuis la première description de la
bactérie Borrelia burgdorferi en tant qu’agent causal de la maladie de Lyme.
Les bactéries du genre Borrelia appartiennent à l’ordre des spirochaetales,
qui inclut aussi les genres Leptospira et Treponema, également agents
pathogènes pour l’homme. Ces bactéries de forme hélicoïdale sont
extrêmement mobiles.
Le groupe des Borrelia burgdorferi sensu lato comprend actuellement
18 espèces, mais la borréliose de Lyme est causée principalement par trois
espèces pathogènes :
. B. burgdorferi sensu stricto : présente aux États-Unis et en Europe
. B. afzelii : présente en Asie et en Europe
. B. garinii : présente en Asie et en Europe
Figure 2 : Classification de Borrelia burgdorferi (adapté de M.V. ASSOUS, Cahiers
de formation, Bioforma, 2005).
I. ricinus
B. garinii, B. afzelii, B. burgdorferi ss,
B. spielmanii, B. bavariensis
B. lusitaniae
B. japonica
I. pacificus
I. scapularis
B. valaisiana
B. sinica
B. californiensis, B. finlandensis
B. turdi
B. carolinensis,
B. tanukii
B. americana,
B. yangtze
B. burgdorferi ss B. kurternbachii
I. persulcatus
I. spinipalpis
B. bissettii
I. dentatus
B. andersonii
B. lusitaniae
I. ovatus
I. turdus
I. tanuki
Espèces d’ixodes transmettant Borrelia burgdorferi
Espèces de Borrelia pathogènes
■ Espèces de Borrelia non pathogènes
■
■
Le génome de B. burgdorferi sensu lato présente une structure moléculaire
inhabituelle avec un chromosome linéaire, ainsi qu’une grande quantité
de plasmides linéaires et circulaires. Le contenu plasmidique code pour la
plupart des protéines de surface (notamment les lipoprotéines). Certaines de
ces lipoprotéines sont d’une grande utilité pour le sérodiagnostic et d’autres
sont actuellement à l’étude pour servir d’éventuelles cibles vaccinales.
4
La borréliose
de Lyme
Certaines de ces lipoprotéines sont bien caractérisées :
. la protéine de surface C, appeléeurface protein OspC (Outer surface
protein C), est primordiale pour provoquer l’infection par Borrelia, elle est
essentiellement produite in vivo,
. la protéine de surface DbpA (Decorin-binding protein A) est fabriquée par
Borrelia essentiellement in vivo,
. la lipoprotéine VlsE (Variable major protein-like sequence), exprimée in vivo,
présente une zone immunogène très conservée, utilisée pour le sérodiagnostic,
. OspA et OspB sont exprimées durant la phase de colonisation de
l’arthropode par les spirochètes et durant la phase tardive de l’infection
de l’hôte mammifère,
. BBK32 est une protéine à fibronectine exprimée par les spirochètes au
cours de la phase précoce de l’infection.
Figure 3 : Spirochète B. burgdorferi
flagelle
membrane
extérieure
cylindre protoplasmique
Les lipoprotéines de B. burgdorferi permettent aux spirochètes de se lier aux
cellules des mammifères et aideraient les spirochètes à s’adapter et à survivre dans
les environnements sensiblement différents des arthropodes et des mammifères.
B. burgdorferi déjoue le système immunitaire de l’hôte par l’intermédiaire de
différents mécanismes, notamment :
. les protéines de régulation du complément CRASP (Complement Regulatory
Acquired System Protein), qui empêchent l’activation de la réaction en
cascade du complément,
. la recombinase VlsE, qui est un système de variation antigénique complexe.
POINTS CLÉS
pathogènes principales :
. •3• B.espèces
burgdorferi sensu stricto: présente aux États-Unis et en Europe
• B. afzelii: présente en Europe du Nord, en Europe Centrale et en
Europe de l’Est
• B. garinii: présente en Europe de l’Ouest
protéines de surface (OspC, DbpA, VlsE…) jouent un rôle
. • Les
primordial dans la réponse immunitaire de l’hôte infecté.
5
4. VECTEUR DE LA MALADIE DE LYME
■ BIOLOGIE DES TIQUES IXODES
La borréliose de Lyme est une zoonose transmise par une « tique dure »,
Ixodes sp. Les tiques appartiennent à l’ordre des Acariens et à la famille des
Ixodidés. Trois phases se succèdent au cours de leur cycle de vie : larve,
nymphe et tique adulte.
Les « tiques dures » sont exclusivement hématophages et ont besoin d’un
unique repas de sang à chaque étape de leur développement pour muer.
Elles infestent un vertébré et restent attachées à l’hôte pendant plusieurs
jours pour se gorger de sang. La femelle adulte se nourrit en une fois, pond
des milliers d’œufs puis meurt ; le mâle ne fait pas de repas de sang. Les
tiques Ixodes choisissent pour se nourrir un grand nombre de vertébrés tels
que les rongeurs, les oiseaux et les cervidés.
Les « tiques dures » sont très sensibles au dessèchement, ce qui explique
pourquoi elles ne sont pas présentes dans les régions sèches. Les tiques ne
peuvent ni voler ni sauter et leur piqûre est indolore. Elles ne piquent pas
pendant l’hiver, période à laquelle elles sont en diapause : leur période
d’activité principale va de mars à fin novembre, mais peut varier d’une
année sur l’autre en fonction des conditions climatiques. La durée d’un
cycle de vie complet varie de 1 à 3 ans. Les tiques grimpent sur la végétation
et attendent un hôte pour faire leur repas de sang. À jeun, les tiques ont un
corps rougeâtre et une plaque dorsale, le scutum, marron foncé.
3
2
1
Cycle de la vie des tiques:
1. larve
2. nymphe à jeun
3. femelle adulte à jeun
4. nymphe à jeun
5. nymphe gorgée de sang
5
4
6
Photo, courtoisie de :
Nathalie Boulanger,
collection personnelle.
La borréliose
de Lyme
■ IXODES ET TRANSMISSION DE BORRELIA
Le mode de transmission est particulièrement efficace. Les tiques
sécrètent un grand nombre de composés pharmacologiquement et
immunologiquement actifs qui contribuent au processus d’alimentation
et augmentent la pathogénicité des spirochètes. En fonction de la zone
géographique, la proportion de nymphes pouvant être infectées par
B. burgdorferi sl peut aller jusqu’à 30 % voire 40 %.
. Le réservoir animal de la maladie est constitué par les mammifères
tels que les petits rongeurs, les rats, les écureuils, les musaraignes, etc.,
par les oiseaux tels que les passereaux et les faisans, et par les biches.
B. afzelii est plus souvent associée aux rongeurs et B. garinii est plus
souvent associée aux oiseaux.
. En Europe, le principal vecteur de B. burgdorferi sl est la tique du genre
Ixodes ricinus.
. Aux États-Unis, le vecteur est I. scapularis sur la Côte Est et I. pacificus
sur la Côte Ouest, tous deux transmettant B. burgdorferi ss.
. In Asia, le vecteur est I. persulcatus.
Les tiques Ixodes peuvent être contaminées par B. burgdorferi sl à tout
moment du cycle de vie lors d’un repas de sang effectué sur un hôte infecté.
Un processus complexe de maturation et de migration de la bactérie de
l’intestin vers les glandes salivaires explique que la maladie ne soit pas
rapidement inoculée et que le temps nécessaire à la transmission soit de
plusieurs heures. Cependant, le schéma de transmission peut varier de
quelques heures en Europe avec I. ricinus à 2 à 3 jours aux États-Unis
avec I. scapularis infectées par B. burgdorferi ss.
POINTS CLÉS
piqûre est indolore et peut passer inaperçue en l’absence
. Lad’érythème
érythème peut apparaître et persister pendant plusieurs
. Unsemaines
7
DIAGNOSTIC CLINIQUE
La borréliose de Lyme est une maladie multisystémique due à des bactéries du groupe
B. burgdorferi sensu lato. A des fins didactiques, la
maladie est décomposée en trois phases : la phase
précoce localisée, la phase précoce disséminée et la
phase
tardive de la borréliose de Lyme.
p
1. LA
EARLY
PHASE
LOCALISED
PRÉCOCE LOCALISÉE
DE LA BO
BORRELIOSIS
BORRÉLIOSE
LYME
ORRELIO
OSIS
S DE LYME
Le premier signe clinique de l’infection est une
lésion cutanée ou érythème migrant (EM).
C’est la manifestation la plus fréquemment
rencontrée de la maladie de Lyme.
Érythème migrant
Photo, courtoisie de : James Gathany, Public Health
Image Library (PHIL), CDC.
Quelques jours après la piqûre de la tique, la lésion débute de façon
caractéristique par une macule rouge qui s’étend autour du point de piqûre.
Elle progresse peu à peu pour atteindre plusieurs centimètres sur une
période allant de quelques jours à plusieurs semaines. Les lésions cutanées
de l’EM sont caractérisées par leur forme ronde ou ovale, mais elles peuvent
également avoir des contours irréguliers. Le centre de la lésion peut pâlir,
lui donnant ainsi son apparence caractéristique en forme d’anneau. Sans
traitement, les lésions peuvent persister et s’étendre pendant une période
allant de quelques jours à plusieurs mois, la lésion pouvant finalement
atteindre un diamètre > 50 centimètres.
8
Diagnostic clinique
La localisation des lésions cutanées dépend du point de piqûre de la tique,
mais l’EM est plus généralement localisé au niveau des extrémités inférieures
chez le patient adulte et dans la partie supérieure du corps chez l’enfant.
La simple présence d’un EM caractéristique suffit pour établir un
diagnostic de la BL, rendant non nécessaires les examens biologiques.
Bien que ce phénomène soit rare en Europe (contrairement à l’Amérique
du Nord), la dissémination hématogène précoce des borrélies dans la peau
peut conduire à de multiples lésions de type érythème migrant (EM multiple).
2. LA PHASE PRÉCOCE DISSÉMINÉE
DE LA BORRÉLIOSE DE LYME
La phase précoce disséminée de la borréliose de Lyme a lieu au cours de la
première phase de la maladie, uniquement si l’infection localisée n’est pas
traitée ou si elle est passée inaperçue. Les manifestations cliniques au cours
de cette phase sont principalement d’ordre neurologique et articulaire.
Les borrélies peuvent se propager au niveau du système nerveux central
et/ou périphérique, provoquant des symptômes neurologiques précoces
variables. Connus sous le nom de neuroborréliose précoce, ces
symptômes se manifestent généralement par une méningite lymphocytaire
bénigne et une radiculonévrite (se traduisant par une paralysie faciale
périphérique en cas d’atteinte du nerf facial).
Les manifestations communes sont plus fréquentes aux États-Unis
qu’en Europe. Elles sont caractérisées par une mono- ou oligo- arthrite
inflammatoire, souvent précédée par des arthralgies migrantes
intermittentes, touchant généralement les grosses articulations, et
particulièrement le genou.
D’autres manifestations sont plus rarement observées à ce stade :
. Oculaires (conjonctivite, kératite, sclérite, myosite, occlusion de la veine
centrale de la rétine),
. lymphocytome borrélien (siégeant principalement sur le lobe de
l’oreille, sur la zone du mamelon ou du scrotum)
. manifestations cardiaques (généralement des troubles de la conduction).
Lymphocytome borrélien : un nodule violacé situé
sur le lobe de l’oreille est le signe typique d’un
lymphocytome borrélien
Photo, courtoisie de : Strle F., Stanek G. Lipsker D, Jaulhac B (eds):
Lyme Borreliosis. Curr Probl Dermatol. Basel, Karger, 2009, vol
37, pp 51–110
9
3. LA PHASE TARDIVE DISSÉMINÉE
DE LA BORRÉLIOSE DE LYME
La phase tardive disséminée de la borréliose de Lyme se distingue par des
manifestations neurologiques, cutanées et/ou articulaires :
. les manifestations neurologiques chroniques sont regroupées sous
l’appellation neuroborréliose tardive et comprennent principalement :
une encéphalomyélite chronique et une polyneuropathie axonale
sensitive. Leur diagnostic étiologique est parfois difficile à établir.
. la manifestation cutanée chronique de la maladie est l’acrodermatite
chronique atrophiante (ACA). L’ACA s’installe de façon insidieuse plusieurs
mois ou plusieurs années après le début de l’infection, elle débute par
des lésions inflammatoires. L’épidermite est tout d’abord infiltrée et
œdémateuse, puis elle devient progressivement moins inflammatoire, mais
plus atrophique. Les lésions cutanées prennent progressivement une teinte
violacée et évoluent en s’atrophiant, laissant apparaître les vaisseaux sanguins
à travers la peau.
. l’arthrite constitue le principal signe rhumatologique chronique. Ces
formes d’arthrite diffèrent de celles rencontrées au cours de la phase
disséminée précoce du fait de leur persistance.
Acrodermatite chronique atrophiante
Photo, courtoisie de : Strle F., Stanek G. Lipsker D, Jaulhac B (eds):
La borréliose de Lyme Curr Probl Dermatol. Basel, Karger, 2009,
vol 37, pp 51–110
La borréliose de Lyme devrait être envisagée uniquement si les symptômes
cliniques décrits sont compatibles avec la maladie et/ou si des signes
cliniques objectifs de la maladie sont associés à des antécédents d’exposition
possible aux piqûres de tiques, dans des zones connues pour être infestées
par les tiques.
10
Diagnostic clinique
Risque
d’exposition aux
tiques
et/ou
notion d’une
piqûre de tique
+
Signes cliniques
Tests
diagnostiques
de laboratoire
+
= DIAGNOSTIC DE LA BORRÉLIOSE DE LYME
La présence d’un EM caractéristique est l’unique signe pathognomonique
qui permette d’établir un diagnostic clinique fiable de la borréliose de
Lyme. Cependant, l’ACA, le lymphocytome du lobe de l’oreille et la
méningo-radiculo-névrite sont également des signes forts en faveur du diagnostic.
Très peu de patients atteints de la borréliose de Lyme présenteront
l’ensemble des manifestations de la maladie (un EM après la piqûre de la
tique, suivie d’une atteinte cardiaque, articulaire et du système nerveux et
une atteinte tardive des articulations, de la peau et du système nerveux).
De plus, la présentation traditionnelle de l’évolution de la maladie de Lyme
en plusieurs stades est très utile à des fins didactiques, mais les symptômes
cliniques apparaissent souvent moins clairement définis.
Enfin, beaucoup de ces symptômes peuvent également survenir dans d’autres
maladies. Par conséquent, des analyses de laboratoires spécifiques à la
maladie de Lyme sont nécessaires pour toutes les manifestations cliniques
de la maladie, à l’exception des lésions cutanées précoces.
POINTS CLÉS
diagnostic repose en grande partie sur les symptômes cliniques
. Leprécoces
(l’érythème migrant est signe pathognomonique) et sur
une exposition possible à des tiques infectées.
les signes cliniques sont non-spécifiques ou passent
. Siinaperçus,
la maladie peut demeurer non traitée et évoluer
vers des manifestations graves voire handicapantes.
tests biologiques sont utiles lorsque les symptômes ne sont
. Des
pas suffisamment caractéristiques. Un diagnostic différentiel est
essentiel pour éviter tout risque de diagnostic erroné.
DIAGNOSTIC PRÉCIS ET EFFECTUÉ DE FAÇON PRÉCOCE
. UN
EST LA CLÉ POUR LA RÉUSSITE DU TRAITEMENT.
11
DIAGNOSTIC DE LABORATOIRE
LLe diagnostic de la borréliose de Lyme (BL) repose
avant tout sur un diagnostic clinique et sur la notion
d’antécédents d’exposition à une piqûre de tique. Les
tests de laboratoire sont utiles en cas de suspicion
de BL en présence de manifestations cliniques non
spécifiques.
sp
1. MÉTHODES DE DIAGNOSTIC DIRECT
■ CULTURE
La détection directe de B. burgdorferi sensu lato (Bbsl) par l’intermédiaire
de techniques de culture est d’une faible sensibilité (à l’exception des cas
de lésions cutanées de l’EM où la sensibilité peut aller jusqu’à 70 %),
allant habituellement de 1 % pour l’arthrite de Lyme à 15 % pour d’autres
manifestations, en raison de la faible quantité de spirochètes viables dans
les tissus en culture. Cette technique est également chronophage, invasive
et nécessite l’utilisation d’un milieu et d’équipements spécifiques. La
culture n’est donc pas une méthode communément employée, mais
peut parfois être utilisée pour confirmer certains cas atypiques, et dans
ce cas, elle devra être effectuée dans un laboratoire de référence.
■ TESTS MOLÉCULAIRES
Les techniques d’amplification génique par PCR (polymerase chain reaction) sont
les plus couramment employées par les laboratoires depuis que des kits de PCR en
temps réel sont disponibles. Les tests PCR sont spécifiques et ciblent habituellement
la flagelline et les gènes des protéines de surface (Osp). Cependant, ils ne sont
pas encore standardisés, ce qui peut se traduire par une sensibilité variable. Bien
qu’elles permettent la détection d’une faible quantité de Bbsl dans les échantillons
de patients non traités, ces techniques manquent encore de sensibilité. Une
meilleure sensibilité peut être obtenue pour des échantillons de liquide synovial
en ayant recours à une biopsie tissulaire plutôt qu’en utilisant du liquide.
12
Diagnostic de laboratoire
Tableau 1 : Sensibilité des tests moléculaires
(adapté de Aguero-Rosenfeld ME, et al. Clin Microbiol Rev. 2005;18:484-509 and Strle F, Stanek
G. Curr Probl Dermatol. 2009;37:51-110)
TYPE D’ÉCHANTILLON
SENSIBILITÉ
Biopsies cutanées d’EM
≅ 50 à 70 %
Biopsie et / ou liquide synovial dans le cas
≅ 50 à 85 %
d’arthrite de Lyme
LCR dans le cas de neuroborréliose aiguë
≅ 15 à 30 %
Par conséquent, les tests moléculaires ne sont pas pertinents pour le
dépistage de première intention, mais ils se révèlent utiles pour examiner
les manifestations atypiques, en particulier s’il y a une suspicion de
lésions cutanées spécifiques, de lymphocytome borrélien, d’acrodermatite
chronique atrophiante (ACA) ou en cas d’arthrite persistante.
2. MÉTHODES DE DIAGNOSTIC
INDIRECT
En pratique, les techniques de sérodiagnostic sont utilisées pour le dépistage
et la confirmation d’une infection à Borrelia. Elles consistent en la détection
d’anticorps spécifiques chez les patients.
L’EUCALB (European Concerted Action of Lyme Borreliosis) et les CDC
(Centers for desease Control) recommandent une stratégie en deux étapes :
. une détection d’IgM/IgG par des techniques immuno-enzymatiques type EIA,
. si le résultat est positif ou douteux, une vérification de la spécificité des
anticorps détectés par des techniques de confirmation types Western
blot ou immunoblot.
Ces tests peuvent être effectués à partir de plasma, de sérum ou de liquide
céphalorachidien (LCR). La mise en évidence d’un grand nombre d’anticorps
dirigés contre plusieurs protéines de B. burgdorferi sl (fig. 4), indique une
spécificité élevée de la réponse humorale générée par l’agent pathogène.
Figure 4 : Western blot IgG montrant des bandes
spécifiques de la réponse humorale dans la BL. Les règles
d’interprétation varient en fonction de la technologie
employée : lysats cellulaires ou types de protéines
recombinantes.
(Wilske V, et al. MiQ 12 Lyme Borreliosis. Urban & Fischer Verlag.
Munich. 2000. p. 1-59)
13
3. CHOIX DES TECHNIQUES DE
LABORATOIRE EN FONCTION DU
STADE DE LA BORRÉLIOSE
La dissémination des bactéries augmente la réponse humorale spécifique
in vivo. Le stade de l’infection détermine le choix des techniques de
diagnostic. Lorsqu’un patient consulte pour une piqûre de tique, aucun
examen sérologique n’est nécessaire. Il suffit d’effectuer un suivi clinique
hebdomadaire pendant au moins un mois.
La première manifestation visible de la dissémination des spirochètes est
un érythème migrant (EM). À ce stade, seule une antibiothérapie est
nécessaire et devra être prescrite immédiatement. Les examens sérologiques
ne sont pas utiles pour le diagnostic, car il s’agit d’un signe pathognomonique.
De plus, suite à une piqûre de tique, l’élévation du taux d’anticorps IgM
peut n’être détectée qu’un à deux mois plus tard, la séroconversion à IgG
intervenant un mois après en l’absence d’antibiothérapie.
production
d’anticorps
spécifiques
Stades précoces
Stades tardifs
IgM
IgG
piqûre
4-6 semaines
6-9 semaines
mois
années
temps
Figure 5 : Détection de la réponse immunitaire suite à une piqûre de tique
infectée par Borrelia burgdorferi..
Une importante dissémination de spirochètes peut se traduire par une
spirochétémie transitoire. Ce phénomène marque le début de la phase
secondaire. Les symptômes ne sont plus spécifiques et des examens
sérologiques sont utiles pour établir un diagnostic précis. Le sérum pour la
détection d’anticorps spécifiques est facile à recueillir, mais en cas de suspicion
de neuroborréliose (NB), il faut procéder à l’analyse à la fois du sérum et du
LCR afin de mettre en évidence une éventuelle synthèse intrathécale d’anticorps
spécifiques contre B. burgdorferi sl.
14
Diagnostic de
laboratoire
. L’index de dosage du liquide céphalorachidien (LCR) peut être défini
comme le rapport entre (dosage du LCR obtenu par ELISA / dosage du sérum
obtenu par ELISA) et (albumine dans le LCR / albumine dans le sérum).
MÉTHODE DE TIBBLING
(index d’IgG de Lyme dans le LCR /
méthode de détermination
index d’IgG de Lyme dans le sérum)
de la synthèse intrathécale des (dosage de l’albumine dans le LCR /
anticorps IgG (SIA) SIA =
dosage de l’albumine dans le sérum)
. Une méthode alternative pour la détermination de la SIA peut être employée
MÉTHODE DE REIBER
Intrathecal Antibody
Production (IAP) =
(index d’IgG de Lyme dans le LCR /
index d’IgG de Lyme dans le sérum)
(dosage des IgG totales dans le LCR /
dosage des IgG totales dans le sérum)
Les dosages des IgG de Lyme, des IgG totales et de l’albumine doivent être
effectués avec la même méthode, que ce soit dans le sang ou dans le LCR,
et ce, à partir des prélèvements réalisés simultanément.
Les techniques sérologiques présentent une standardisation, une sensibilité
et une spécificité jugées acceptables, mais elles ont leurs limites.
. L’absence d’anticorps au cours de la phase précoce localisée (cutanée)
ne constitue pas une preuve de l’absence d’infection.
. De la même façon, la présence d’anticorps n’indique pas obligatoirement
la présence d’une infection active, puisque les anticorps peuvent persister
pendant plusieurs mois, voire des années après une antibiothérapie efficace.
. Les valeurs prédictives positives ou négatives de la sérologie dépendent de
la sensibilité et de la spécificité des tests, mais également de la prévalence
de la maladie dans la population. Les résultats sérologiques doivent être
interprétés avec prudence, notamment dans les zones non endémiques.
Au cours de la phase tardive de la maladie, le taux d’anticorps IgG est habituellement
élevé, indépendamment des symptômes cliniques (NB, arthrite, ACA).
Le diagnostic définitif repose sur l’anamnèse, les symptômes cliniques et
une sérologie positive.
POINTS CLÉS
de Lyme n’assure pas une immunité acquise.
. LaLa borréliose
même personne peut être infectée à plusieurs reprises.
anticorps protègent contre une souche en particulier.
. Les
La ré-infection est possible par une souche différente.
. Grande variabilité antigénique.
15
Tableau 2 : Signes cliniques de la borréliose de Lyme et recommandations dans
l’utilisation de tests de laboratoire
(Adapté de Stanek G. et al. Clin Microbiol Infect. 2011; 17: 69–79)
SIGNE CLINIQUE
APPORT DES RÉSULTATS DE
BIOLOGIE
Érythème migrant (a)
Aucun
Neuroborréliose
Pléiocytose et détection de synthèse
intrathécale d’anticorps spécifiques (b)
Lymphocytome borrélien (rare)
Séroconversion ou sérologie positive (c),
histologie en cas d’incertitude
Acrodermatite chronique
atrophiante
Taux élevé d’anticorps spécifiques
de type IgG
Arthrite de Lyme
Taux élevé d’anticorps spécifiques
de type IgG
Myocardite de Lyme
Anticorps spécifiques présents dans
le sérum
Manifestation oculaire (rare)
Anticorps spécifiques présents dans
le sérum
* * B. burgdorferi sl
(a) si le diamètre de la lésion est < 5 cm, il est nécessaire d’établir s’il existe des antécédents
de piqûre de tique et si au moins 2 jours se sont écoulés (après la piqûre de tique) avant
l’apparition et l’évolution de la lésion au niveau de la piqûre de tique.
(b) dans les cas précoces, la synthèse intrathécale d’anticorps spécifiques peut ne pas encore
avoir eu lieu.
(c) en règle générale, les premiers échantillons recueillis et les échantillons de suivi doivent être
testés en parallèle pour éviter toute variation entre différentes séries de tests.
16
Diagnostic de
laboratoire
APPORTS DES EXAMENS BIOLOGIQUES ET DE LA CLINIQUE POUR
UN RENFORT DU DIAGNOSTIC
- Détection de Bbsl * par culture et/ou PCR sur biopsie cutanée
- Détection de Bbsl par culture et/ou PCR sur le LCR
- Synthèse intrathécale d’anticorps totaux
- Anticorps spécifiques présents dans le sérum
- EM récent ou concomitant
- Histologie
- Détection de Bbsl par culture et/ou PCR sur biopsie cutanée
- EM récent ou concomitant - Détection de Bbsl par culture et/ou PCR
sur biopsie cutanée
- Histologie
- Détection de Bbsl par culture et/ou PCR sur liquide synovial/tissu
synovial.
- Détection de Bbsl par culture et/ou PCR sur biopsie endomyocardique
- EM récent ou concomitant, et/ou troubles neurologiques
- Symptômes de la borréliose de Lyme récents ou concomitants
- Détection de Bbsl par culture et/ou PCR sur liquide oculaire
17
Figure 6 : Algorithme d’aide à la décision diagnostique en cas de suspicion de BL
(Adapté de Stanek G. et al. Clin Microbiol Infect. 2011; 17: 69–79 and Wormser GP. et al. Clin
Infect Dis. 2006; 43:1089-134)
RISQUE D’EXPOSITION AUX TIQUES
Surveillance
(pendant au
Absence de
manifestations cliniques
Signes cliniques
manifestations cutanées,
cardiaques et oculaires
Pas de test/traitement
requis
Test
Dosage d’IgM
par ELISA sur
négatif
En cas de suspicion d’infection précoce
ou de patient immunodéprimé
PCR sur liquides biologiques/
biopsie tissulaire
négatif
Autre diagnostic
positif
Le diagnostic de
de Lyme
ANTIBIO18
Diagnostic de
laboratoire
ET/OU NOTION DE PIQÛRE DE TIQUE
clinique
moins un mois)
Érythème migrant
compatibles :
nerveuses, articulaires,
(rarement)
ANTIBIOTHÉRAPIE
sérologique
et d’IgG
des échantillons
positif ou
douteux
Confirmation
de la spécificité des
anticorps IgG ou IgM par Western Blot/
immunoblot sur sérum ou
plasma
positif
la borréliose
est confirmé
négatif ou
douteux
Autre diagnostic
THÉRAPIE
19
PRÉVENTION ET TRAITEMENT
1. PRÉVENTION DES PIQÛRES
DE TIQUES
■ ÉVITER LES PIQÛRES DE TIQUES :
La meilleure prévention pour l’homme consiste à
éviter les piqûres de tique puisqu’ aucun vaccin n’est
ddisponible pour éviter la maladie. Le port de vêtements
protecteurs et de répulsifs anti-tiques sont les mesures
pro
appropriées pour réduire le risque de piqûre de tiques. Le port
de vêtement de couleur claire et de pantalons longs (rentrés dans les
chaussettes), facilite la détection des tiques.
■ UTILISER UN RÉPULSIF :
Quatre répulsifs principaux ont démontré leur efficacité contre les tiques.
. Le DEET (diéthyltoluamide) est le plus ancien et le plus utilisé des
répulsifs, en particulier aux Etats Unis.
. Le KBR 3023 (1-piperidine carboxylic acid, 2 ([2-hydroxyethyl]-,
methylpropylester) est commercialisé par BAYER. Il est également connu
sous le nom d’icaridine et commercialisé sous l’appellation BAYREPEL®.
. IR3535 (3-[N-acetyl-N-butyl] aminopropionic acid ethyl ester).
. PMD (para-menthane-3,8-diol ou Citriodiol®) dont la formulation
initiale provient de l’Eucalyptus citronné, Corymbia citriodora peut
également être employé.
Les huiles essentielles ne sont pas assez efficaces pour fournir une protection
suffisante contre les tiques, en raison de leur volatilité. Ces répulsifs devront
être employés en suivant les instructions du fabricant.
Les personnes très exposées aux piqûres de tiques peuvent porter des
vêtements imprégnés de pyréthrine.
20
Prévention et traitement
■ CONTRÔLER L’ABSENCE DE PIQÛRES DE TIQUES :
Au retour d’une zone endémique, la prévention la plus efficace est
d’inspecter soigneusement chaque zone du corps, y compris le cuir chevelu,
à la recherche de tiques éventuelles. En cas de piqûre de tiques, utiliser une
pince à tiques. Plusieurs pinces de ce type sont commercialisées. Saisir la
tique le plus près possible de la surface de la peau et retirer la tique en la
tournant. Désinfecter ensuite la zone et se laver les mains. Il faut surveiller
l’apparition éventuelle de signes de borréliose de Lyme au niveau de la
piqûre de tique pendant quelques semaines.
Tique adulte sur un hôte humain
Photo, courtoisie de : Strle F., Stanek G.
Lipsker D, Jaulhac B (eds): Lyme Borreliosis: Curr Probl Dermatol.
Basel, Karger, 2009, vol 37, pp 51–110
Figure 7 : « Barrières » fournissant une protection contre l’infection
0-40 % des tiques sont infectées
piqûre de tique
≥ 17 h
non-infectée
infectée
Immunité cutanée :
protection naturelle
de la peau
pas de
maladie
maladie
PRINCIPAUX POINTS
piqûre de tique ne signifie pas obligatoirement qu’il
. Une
y a infection.
. Une infection ne signifie pas obligatoirement qu’il y a maladie.
plusieurs niveaux de protections contre la maladie
. Ildeexiste
Lyme.
21
2. TRAITEMENT
Les patients présentant des symptômes compatibles avec une borréliose
de Lyme, appuyés par des résultats d’analyses de laboratoire pertinents
pour le diagnostic, doivent être traités pour éradiquer la bactérie Borrelia et
prévenir toute évolution potentielle de la maladie (EUCALB, 2011).
■ RECOMMANDATIONS POUR LE TRAITEMENT
EUCALB, 2011; IDSA (Infectious Disease Society of America - Société
américaine des maladies infectieuses), 200
1- Phase précoce de la borréliose de Lyme (se reporter au tableau 3
pour les doses)
. Phase précoce localisée ou phase précoce disséminée de la borréliose
de Lyme associée à un érythème migrant : en l’absence de signes
neurologiques ou cardiaques spécifiques, un traitement oral est préférable
et devra être débuté dès que possible.
Un traitement de 14 jours à base de doxycycline, d’amoxicilline ou
de céfuroxime-axétil est recommandé. Les antibiotiques macrolides de
type azitromycine sont également envisageables pour les patients qui ne
peuvent pas prendre de bêta-lactamines ou de doxycycline.
. Neuroborréliose précoce
Il est recommandé d’utiliser ceftriaxone IV pendant 14 jours.
La doxycycline (EUCALB), la céfotaxime IV (IDSA) ou la pénicilline G
peuvent être des alternatives (se reporter au tableau 3 pour les doses).
. Manifestations cardiaques précoces de la borréliose de Lyme
Les patients seront traités par antibiothérapie soit par voie orale soit par voie
parentérale pendant 18 jours (IDSA) ou 21 jours (EUCALB). La doxycycline,
l’amoxicilline ou la ceftriaxone sont recommandées en première intention.
2- Phase disséminée tardive de la borréliose de Lyme (se reporter au
tableau 3 pour les doses)
. Arthrite de Lyme
Un traitement de 18 jours (IDSA) ou de 21 jours (EUCALB) à
base de doxycycline, d’amoxicilline (ou de céfuroxime-axétil
-IDSA) est recommandé.
. Gonflement persistent ou récurrent au niveau des articulations
Les patients devront suivre un deuxième traitement de 4 semaines à base
d’antibiotiques oraux ou de 2 à 4 semaines à base de ceftriaxone IV.
. Maladie neurologique
L’injection intraveineuse de Ceftriaxone pendant une durée de
2 à 4 semaines est recommandée. La réponse au traitement est
habituellement lente et peut ne pas être satisfaisante.
22
Prévention et
traitement
. Acrodermatite chronique atrophiante (ACA)
L’ACA peut être traitée avec de la doxycycline, de l’amoxicilline ou du
céfuroxime-axétil pendant 21 jours.
Tableau 3 : recommandations thérapeutiques générales pour les antibiotiques
prescrits aux patients atteints de borréliose de Lyme (adapté des recommandations
de l’EUCALB et de l’IDSA).
MÉDICAMENT
POSOLOGIE POUR
L’ADULTE
POSOLOGIE POUR
L’ENFANT
PAR VOIE ORALE
500 mg 3 fois / jour
25 à 50 mg/kg par jour
repartis en 3 prises
(maximum 500 mg par dose)
Doxycycline
100 mg 2 fois / jour1
Non recommandé chez
l’enfant de moins de < 8 ans.
Chez l’enfant âgé de > 8 ans,
4 mg/kg par jour repartis en
2 prises (maximum 100 mg
par dose)
Céfuroxime-axétil
500 mg 2 fois / jour1
30 à 40 mg/kg par jour
repartis en 2 prises
(maximum 500 mg par dose)
Amoxicilline
PAR VOIE PARENTÉRALE
Ceftriaxone
2 g IV, 1 fois / jour
50 à 100 mg/kg en
intraveineuse par jour en une
seule prise (maximum 2 g )
1. Les tétracyclines sont généralement contre-indiquées chez la femme enceinte ou allaitante et
chez l’enfant de < 8 ans.
POINTS CLÉS
maladie de Lyme est diagnostiquée à un stade précoce,
. Siellelapeut
être traitée efficacement à l’aide d’antibiotiques.
observe une bonne tolérance aux antibiotiques, avec peu
. Ond’effets
secondaires.
sans traitement, l’infection peut s’étendre aux
. Cependant,
articulations, au cœur et au système nerveux.
23
QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES
Quelle est la prise en charge pour un patient
présentant une piqûre de tiques ?
. Si ce n’est déjà fait, extraire la tique dès que possible et désinfecter la
blessure. Ne pas faire de recherche d’ADN de Borrelia chez la tique.
. Examiner le patient à la recherche d’un éventuel érythème migrant (EM).
Si un érythème migrant est présent, débuter une antibiothérapie.
. Surveiller la zone de piqûre de tique pendant un mois.
. Si aucun EM n’est observé, mais si l’on suspecte toujours une borréliose
de Lyme, effectuer des tests sérologiques pour confirmer le diagnostic
(se reporter au tableau 2). Se reporter à l’algorithme de la Figure 6.
Pourquoi réaliser des tests sérologiques ?
. La détection de spirochètes à partir de biopsies (cutanées ou synoviales)
ou de liquides biologiques (sang, LCR ou liquide synovial) par le biais
de techniques directes de coloration, de culture ou d’amplification
moléculaire est difficile à réaliser. Par conséquent, elle est donc réservée
aux laboratoires spécialisés et indiquée pour les lésions atypiques.
. Les tests sérologiques de détection des anticorps dirigés contre B.
burgdorferi sl sont les tests les plus communément utilisés dans les
manifestations des phases disséminées précoces et tardives de la
borréliose de Lyme.
. La 16ème Conférence de Consensus en Thérapeutique Anti-infectieuse
- Borréliose de Lyme : démarches diagnostiques, thérapeutiques et
préventives de l’EUCALB et du CDC, recommande l’utilisation d’une
approche de dépistage à deux niveaux pour le diagnostic sérologique de
la borréliose de Lyme.
24
QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES
1) La détection d’anticorps spécifiques doit être effectuée, en premier lieu, à
l’aide de la technique de dépistage immuno-enzymatique (EIA).
2) Seuls les échantillons positifs ou douteux doivent être ensuite testés à l’aide
d’une technique de confirmation par immuno-empreinte (Western blot).
La sensibilité et la spécificité des techniques EIA et Western Blot varient en
fonction de date du prélèvement. Ainsi, les antécédents cliniques et la notion
d’exposition à une piqûre de tique doivent toujours être pris en considération
pour l’interprétation des résultats sérologiques.
Pourquoi procéder à une ponction lombaire ?
. La ponction lombaire permet de détecter les anticorps intrathécaux
dans le LCR et est indispensable pour la confirmation d’un diagnostic de
neuroborréliose. Selon les recommandations de l’IDSA (2006), moins
de 10 % des patients non traités développeront une neuroborréliose.
. L’analyse du LCR montrera systématiquement une pléiocytose
lymphocytaire et une synthèse intrathécale d’anticorps spécifiques
contre B. burgdorferi.
. L’analyse du LCR doit également être effectuée en cas de signes
neurologiques précoces associés à des résultats séronégatifs.
Comment traiter une borréliose de Lyme chez la
femme enceinte ?
. Chez la femme enceinte dont le diagnostic de la borréliose de Lyme
a été établi avec certitude, le traitement devra être administré en
intraveineuse.
. Chez la femme allaitante, le traitement sera similaire à celui d’une
patiente hors grossesse présentant les mêmes signes cliniques, à
l’exception de la doxycycline qui doit être évitée (voir tableau 3, p. 23).
Dans quel cas faut-il adresser un patient à un
centre de référence ?
. En cas de manifestations atypiques (EM atypiques, EM multiple, suspicion
d’ACA, manifestations neurologiques atypiques...).
. En cas d’effets indésirables dus à l’antibiothérapie.
. En cas de besoin d’aide à l’interprétation des résultats sérologiques par
un expert.
. Si une culture de Borrelia à partir d’échantillons humains est nécessaire.
25
CAS CLINIQUES
PATIENT A
.
NEUROBORRÉLIOSE PRÉCOCE
un homme de 55 ans présente une douleur à la jambe droite et
une perte de sensibilité dans le territoire L5, un mois après le
retrait d’une tique de son abdomen.
Comment confirmer le diagnostic de
neuroborréliose ?
. Effectuer une sérologie de borréliose de Lyme à partir de sérum/plasma
et demander une ponction lombaire (PL) pour effectuer une sérologie
sur du liquide céphalorachidien (LCR) afin de détecter la synthèse des
anticorps intrathécaux.
. En parallèle, demander une analyse cytologique et protéique du LCR.
. Si le LCR présente une pléiocytose lymphocytaire et des anticorps
spécifiques intrathécaux, le diagnostic de neuroborréliose précoce
est confirmé.
. Traiter le patient avec du ceftriaxone (2 g/jour pendant 21 jours) ou par
une autre option thérapeutique.
26
Cas cliniques
PATIENT B
.
ERYTHEME MIGRANT (EM)
un homme de 30 ans présentant des lésions non prurigineuses.
À l’interrogatoire, il a expliqué que la lésion avait grandi au cours
des 14 jours précédant la consultation. Il avait déjà consulté un
médecin la semaine précédente, qui lui avait prescrit un test
sérologique pour la maladie de Lyme, qui s’était révélé négatif. Le
patient n’a pas souvenir de s’être fait piquer par une tique, mais il
s’est rendu dans une zone boisée 3 semaines auparavant.
Érythème migrant (EM)
Photo, courtoisie de : Prof. Dan
Lipsker, collection personnelle
Quel est votre diagnostic ?
. Bien que la lésion n’ait pas l’aspect caractéristique d’un EM en anneau
ou en œil de bœuf, la première hypothèse à envisager est celle de la
maladie de Lyme accompagnée d’un EM.
. Le patient devra suivre un traitement à base d’antibiotiques oraux pour
empêcher la dissémination de Borrelia dans l’organisme.
. Un suivi sérologique n’est pas nécessaire.
27
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29
NOTES
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Notes
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31
LISTE DES ABRÉVIATIONS
ACA
Acrodermatite chronique atrophiante
B.b.
Borrelia burgdorferi
CDC
Centres pour le contrôle et la prévention des maladies
CRASPS
LSR
DbpA
Liquide céphalorachidien
Decorin-binding protein A
EIA
Enzyme immunoassay (techniques immuno-enzymatiques)
EM
Érythème migrant
EUCALB
SIA
IDSA
Action Concertée Européenne sur la Borréliose de Lyme
Synthèse intrathécale d’anticorps
Infectious Diseases Society of America
BL
Borréliose de Lyme
PL
Ponction lombaire
NB
Neuroborréliose
OspC
PCR
Outer surface protein C
Polymerase chain reaction
sl
sensu lato
ss
sensu stricto
VIsE
32
Complement regulatory acquired system protein
Variable major protein-like sequence-expressed
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