Le corrigé de Français, Diplôme national du brevet série
collège
I. Une famille à la plage
1. Les enfants sont comparés à de la viande que l’on cuisine : « cuire », « rôtir » (l. 1) «
mijoter », « bain-marie » (l. 2), qui appartiennent au champ lexical de la cuisson des aliments.
2. Les deux enfants jouent sur la plage. Job et sa sœur s’amusent à creuser le sable : Job a « la
pelle aux doigts » (l. 8). Les « flaques chaudes » (l. 2) dans lesquels les enfants « mijotent »
désignent les plans d’eau qui apparaissent le sable a été creusé. Jeannine se trouve à
l’intérieur de la « cuve de sable » (l. 19), « fouit comme un ratier » (l. 19).
3. a) Dans le premier paragraphe, la mère lit avec plaisir un livre, un « roman mystérieux » (l.
4) dont elle « s’enivre » (l. 3), sur la plage, à l’ombre d’un parasol.
b) Absorbée dans sa lecture, la mère ne surveille pas ses enfants, qu’elle « oublie
délicieusement » (l. 3).
4. a) Le verbe « s’enivrer » a ici un sens figuré, puisqu’il ne désigne pas le fait de se mettre
dans un état d’ivresse, mais le fait d’éprouver de l’exaltation. En effet, la mère ne s’enivre pas
d’alcool, mais d’un livre « mystérieux » (l. 4) qui la plonge dans une vive émotion : elle a «
les joues chaudes » (l. 4 et 5), les yeux « hallucinés » (l. 11).
b) « hallucinés » est le participe passé du verbe « halluciner », équivalent à un adjectif
qualificatif (nature), et est une épithète détachée du groupe nominal « les yeux » (fonction).
c) Le participe passé « hallucinés » s’inscrit dans le même champ lexical que « s’enivrer » :
celui des émotions fortes.
II. L’action :
1. Le dialogue entre la mère et son fils a du mal à s’engager : le fils doit répéter trois fois «
maman » (l. 7 et 10) et il « attend » (l. 8). La mère met un temps à lever « enfin » les yeux (l.
11) et manifeste de l’irritation : « elle jette dans un petit aboiement excédé : quoi ? » (l. 11-
13). Son impatience se manifeste dans cette façon de répondre à son fils.
2. a) Le livre échappe brutalement des mains de la mère au point qu’il semble « voler », sa
chaise (le « pliant ») tombe : la mère est saisie par une émotion soudaine et violente. b) « Le
livre vole » : il s’agit d’une métaphore, le livre étant ici comparé à un oiseau ; « le pliant
tombe » : il s’agit d’une métonymie, puisque c’est en réalité la re qui est sur la chaise qui
tombe ; on peut remarquer aussi l’antithèse entre le verbe « voler » et « tomber » (directions
contraires).
3. a) On peut remplacer « alors » par « donc ». b) Il s’agit d’un rapport de déduction, de cause
à conséquence. C) Jojo a l’air d’un enfant placide, « patient et têtu » (l. 8) puisqu’il annonce la
noyade de sa sœur à sa mère avec un grand calme et beaucoup de détachement : il expose
calmement son raisonnement, qui est méthodique (constat, conséquence) sans être débordé
par ses émotions ; les virgules ralentissent la première phrase ; ses phrases sont terminées par
des points et non par des points d’exclamation.
4. La mère formule deux reproches à l’encontre de son fils : il l’importune (en l’empêchant de
nuire) et il n’aime pas sa sœur, voire même, est indifférent à ce qui l’entoure.
5. a) La ponctuation est fréquente. Remarquons le triple point d’exclamation, qui est même
incorrect dans la langue écrite. b) cet usage de la ponctuation souligne l’indignation de la
mère.
III. Une scène de comédie :
1. Le dialogue occupe la plus grande partie du texte (l. 5 à 25). La description de la scène, de
par sa brièveté (la première phrase est nominale) s’apparente à des didascalies, qui donnent
des indications sur les attitudes des acteurs et sur ce qui se trouve sur la scène : l’expression «
on a mis » (l. 1) renforce l’idée d’une mise en scène. Les réactions de la mère s’accompagnent
de « jeux de scène » : le livre qui vole, la chaise qui tombe, elle tourbillonne, joint les mains
… Mais il s’agit d’un récit dans la mesure où le narrateur nous fait part des pensées de la mère
: son plaisir de lire délicieusement » l. 3), sa déception devant son fils qui se comporte
comme « un petit enfant sauvage » (l. 27).
2. a) La mère est comparée à une mouette et la fille à un chien.
b) Elles sont toutes les deux comparées à des animaux.
3. Ce qui est comique ici est que son raisonnement a l’air logique (constat, conséquence),
alors qu’en réalité il ne l’est pas du tout : la noyade n’est pas la seule chose qui puisse
expliquer que sa sœur ne soit plus là. Il envisage immédiatement le pire, au lieu de dire à sa
mère qu’il ne voit plus sa sœur. D’autre part, le comique réside dans le contraste entre son
calme et l’annonce tragique de la mort de sa sœur.
IV. Pour conclure :
La mère apparaît incapable de dominer ses réactions : d’abord « enivrée », « halluciné[e] »
par sa lecture, elle est « excédé[e] » par son fils, puis éprouve une violente émotion qui la fait
ressembler davantage à un oiseau affolé qu’une femme. Sa colère d’avoir été inutilement
dérangée est tout aussi passionnée. Au contraire, l’enfant est calme et posé, réfléchi. Il est
sincère, ne cherche pas à s’amuser. Ainsi, nous pouvons assister à un renversement : c’est la
mère qui se comporte comme un enfant, et son fils qui paraît endosser le rôle de l’adulte.
Réécriture : ici ne sont indiqués que les verbes ; les phrases du dialogue restent au présent.
- Avait mis
- Rôtissaient
- Mijotaient
- Oubliait
- S’enivrait
- Attendait
- Se levèrent
- Jeta
- Répéta
REDACTION
Attention à bien respecter les consignes ! Il faut :
- Alterner récit et dialogue
- Utiliser trois types de discours : narratif, explicatif, argumentatif.
- Être cohérent par rapport au texte de Colette, c?est-à-dire :
* ne pas faire un texte de science-fiction,
* mais aussi, respecter l?unité des temps : le texte est écrit au présent.
* Enfin, essayer de trouver quelques images drôles, comme celles de l?auteur.
- Faire attention aux fautes de français, et en particulier éviter les tournures de la langue orale,
trop familières.
« Quelle erreur ai-je bien pu commettre dans son éducation ? » se demande-t-elle, plongée
dans ses pensées. Jojo la regarde, sans comprendre.
- Mais ?
Elle pose son regard sur l'horizon, respire profondément, ne répond pas.
- Pour le goûter, est-ce que ?
- Non.
- Même pas la moitié ?
- Tiens, ton père arrive, il va te raccompagner immédiatement à la maison.
- Bonjour chérie, bonjour les enfants ! s?écrie le mari, encore en tenue de ville. Tenez, j?ai
apporté des choux à la crème pour le goûter ! Tiens Jojo !
- Certainement pas, objecte-t-elle, d?un air souverain.
Le père, étonné, se tourne vers son épouse, puis vers Jojo, la tête baissée.
- Tu vas même raccompagner ce jeune homme à la maison. Il vient de me causer la pire des
frayeurs.
- Que s'est-il passé ? demande-t-il, adoptant un air sévère pour la circonstance.
- Vois-tu, notre fille s?est noyée.
- Que? que dis-tu ?
- Oui, tu vois, ce n?est pas drôle, n?est-ce pas, c?est exactement comme ça qu'il me l'a dit :
Jeannine s'est noyée, il m'a dit ça comme si de rien n'était, sans s'affoler ! J'étais en train de
lire, il me dérange, Jeannine est noyée et voilà !
- Euh ? mais Jeannine ?
Le père balaie alors la plage du regard. Quand il voit l'enfant patauger dans l'eau comme un
crabe, il esquisse un sourire de satisfaction.
- Très très bien, on ne peut mieux.
- Jojo, pourquoi as-tu dit ça à ta mère ? fait le père en attrapant son fils par les épaules et en
fronçant les sourcils.
- Mais parce que Jeannine n'était plus sur la plage, j'ai pensé qu'elle s'était noyée.
- Dis-moi Jojo, avant de « penser » qu'elle s'était noyée, n'as-tu pas envisagé d?autres
possibilités expliquant le fait qu'elle n'était plus là ?
- Ben, non, maman nous dit toujours qu'il faut faire attention à ne pas se noyer. L'autre jour,
maman nous a raconté l'histoire d'un petit garçon qui avait disparu de la plage, et qui s'était
noyé ?
- Tu n'as pas fait ça pour t'amuser au moins !
L'enfant le dévisage avec des yeux interrogatifs. La mère intervient :
- Ce qui me choque, Alfred, ce n'est pas qu'il ait voulu plaisanter, parce que ça, au moins, c'est
humain. Non, ce qui m'indigne le plus, c'est la façon dont il me dit ça, très calme, comme si sa
sœur ne comptait pas pour lui ! Il aurait eu plus de peine s'il avait perdu son ours en peluche !
Quelle famille ! Il n'aime pas sa sœur ! Tu te rends compte ! Je t'ai déjà dit que tu le gâtais
trop !
Le père, contrarié, s'adresse à son fils, solennel :
- mais, tu as dû avoir peur, que Jeanine ?
- Ben non, tant pis, sinon, j'aurais joué tout seul. Mais je préférais qu'elle soit là, pour que
maman lui dise de revenir ? Mais je voulais la prévenir ?
- Mais d'où ? Fait le père, interloqué ?
- Ben, de la noyade.
- De la noyade ?
- Ben oui ! Jojo montre du doigt les enfants qui se baignent. Eux aussi ils sont à la noyade !
Le père abandonne son air fâché, et regarde sa femme :
- Sait-il ce que signifie « se noyer » ?
La mère réalise alors que son enfant est trop jeune pour comprendre ce qu?est la mort. Elle
relève sa chaise, reprend son roman, en le secouant, retrouve sa page, et dit à Jojo : « ton chou
à la crème, Jojo. »
L'enfant fait un large sourire, et croque son chou à la crème.
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