Des toxines trouvées chez les plantes atteintes par le BDA

Les maladies du bois de la vigne
Des toxines trouvées chez les plantes atteintes par le BDA
Sélectionnées par des tests de toxicité réalisés sur des feuilles de vigne et
identifiées au moyen d’outils performants, deux toxines ont été mises en
évidence dans le bois chez les plantes atteintes par le Black dead arm. Ces
toxines seraient impliquées dans l’apparition des symptômes foliaires. Cette
étude réalisée par une équipe de recherche suisse a résulté d’une étroite
collaboration avec des laboratoires français.
Les études menées par le Département de Biologie Végétale à l’Université de Fribourg en
Suisse ont montré la présence de toxines chez les plantes atteintes par la Botryosphaeriose ou
Black dead arm. Elles ont été mises en évidence dans le bois, plus précisément dans la bande
brune située sous l’écorce qui part du rameau malade et descend jusqu’au niveau du porte-
greffe. Ce travail de longue haleine a été initié en 2009 dans le cadre du programme européen
de Coopération en Science et Technologie (Action COST 858) et poursuivi grâce à un
financement du Secrétariat d’Etat à l’Education et à la Recherche (SER) de la confédération
suisse. Il a d’abord consisté à isoler les molécules produites par les champignons
responsables de cette maladie (Diplodia seriata, Neofusicoccum parvum) sur des milieux de
culture solides. Leur toxicité a éensuite testée sur des feuilles de vigne de Pinot noir et de
Chardonnay. Ce test consiste à tremper le pétiole dans une solution de molécules produites
par les champignons, il se révèle positif lorsque des nécroses apparaissent au niveau des
nervures au bout de 72h. Celles retenues pour leur caractère toxique sont purifiées, puis leurs
structures chimiques identifiées au moyen d’outils de haute technologie. Cette étude a ainsi
mis en évidence quatre phytotoxines chez Diplodia seriata et six chez Neofusicoccum parvum
dont trois sont communes aux deux champignons. Deux d’entre elles ont été retrouvées chez
les ceps malades, l’une étant secrétée par les deux champignons et l’autre uniquement par
Neofusicoccum parvum.
Tests sur feuilles mettant en évidence la toxicité des molécules.
Une collaboration franco-suisse
Ce résultat de première importance permet à la recherche de mieux cibler leurs études sur les
interactions hôte-parasite et les méthodes de lutte. Les travaux s’orientent maintenant sur la
compréhension de leur rôle dans le dialogue moléculaire entre le champignon et la plante.
L’identification des facteurs déclenchant leur sécrétion ainsi qu’une meilleure connaissance
des réponses de la plante face à ces molécules toxiques (vitesse de réponse de la plante, leur
capacité à les détoxiquer) sont d’autant d’informations à acquérir pour définir de nouvelles
stratégies de lutte. Ces études sont actuellement réalisées en collaboration avec l’équipe du Pr
Bertsch de l’Université de Haute-Alsace et celle du Dr Fontaine de l’Université de Reims
Champagne Ardenne dans le cadre d’un programme co-financé par le Ministère de
l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt (AAP Casdar 2010-2012).
Le Black dead arm
La bande brune située
sous l’écorce Philippe Larignon, IFV
Eliane Abou-Mansour, Université de Fribourg
Florence Fontaine, URCA
L’équipe du Pr Jean-Pierre Métraux au sein du Département de Biologie gétale à
l’Université de Fribourg travaille depuis longtemps sur les phénomènes de résistance de la
plante contre les pathogènes, plus spécifiquement Botrytis cinerea. L’équipe s’est intéressée
aux maladies du bois de la vigne depuis que Mme Eliane Abou-Mansour, docteur en chimie
des substances naturelles, ayant travaillé depuis 2000 à isoler et identifier les toxines issues de
champignons du bois de la vigne, a rejoint le Département de Biologie Végétale de Fribourg.
http://www.unifr.ch/plantbiology/eng/Home/research/metraux
Cette maladie a été identifiée en France depuis 1999 dans le
vignoble bordelais. Connue depuis plus longtemps et
confondue à l’esca, elle est présente dans la majorité du
vignoble français et touche aussi bien les jeunes vignes que les
vignes âgées. Les études menées à cette époque avaient
montré la présence de ces champignons sans toutefois avoir
mis en relation leur présence avec l’expression des symptômes
foliaires. Ce n’est que récemment que le Docteur Rego et son
équipe de l’Institut Supérieur d’Agronomie de Lisbonne a
identifié de façon certaine les agents impliqués dans cette
maladie, les Botryosphaeria, en reproduisant les symptômes
foliaires par leur inoculation à de jeunes plants. Cette
technique a été transférée à l’Université de Reims
Champagne-Ardenne dans le cadre du programme co-financé
par le Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la
Forêt, FranceAgriMer et la région Champagne-Ardenne.
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