Vaccination prophylactique et thérapeutique contre le

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Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction 36 (2007) 631–641
TRAVAIL ORIGINAL
Vaccination prophylactique et thérapeutique
contre le papillomavirus humain
Prophylactic and therapeutic vaccination
against human papillomavirus
J.-L. Bruna,*, D. Riethmullerb
a
b
Service de gynécologie–obstétrique, CHU Pellegrin, 33076 Bordeaux, France
Service de gynécologie–obstétrique, CHU Saint-Jacques, 25000 Besançon, France
Reçu le 27 octobre 2006 ; avis du comité de lecture le 14 février 2007 ; définitivement accepté le 6 juin 2007
Disponible sur internet le 05 septembre 2007
MOTS CLÉS
Papillomavirus humain ;
Vaccination ;
Cancer du col
Résumé Les papillomavirus humains (HPV) sont nécessaires au développement du cancer du
col utérin. Parmi les 120 génotypes décrits chez l’homme, une quinzaine d’HPV oncogènes à
haut risque sont impliqués dans la cancérisation. L’infection concerne environ trois femmes
sur quatre et est souvent transitoire par la mise en place d’effecteurs immunitaires aboutissant à la clairance virale. Ce phénomène a permis la mise au point d’un vaccin. Les vaccins
prophylactiques sont élaborés à partir de pseudoparticules virales L1 non infectantes, bien
tolérées et très immunogènes. Elles empêchent l’infection virale par la production d’anticorps
secondairement transsudés au niveau génital (immunité humorale). Les génotypes à haut
risque retenus dans les vaccins Gardasil® et Cervarix® sont les HPV-16 et 18, responsables de
70 % des cancers. Ils préviennent l’infection à HPV et les lésions cervicales et périnéales viroinduites dans plus de 90 % des cas. Les vaccins thérapeutiques, formés à partir de peptides
libres, de protéines ou de bactéries recombinantes, de plasmides ADN ou de cellules dendritiques, sensibilisent les cellules immunocompétentes (immunité cellulaire). Inefficaces dans les
cancers du col, ils permettent une régression des dysplasies cervicales dans environ 50 % des
cas. Ils restent du domaine de la recherche, contrairement aux vaccins prophylactiques disponibles.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS
Human papillomavirus;
Vaccination;
Cervical cancer
Abstract Human papillomavirus is a necessary cause for the development of cervical cancer.
Cervical cancer is attributed to 15 high-risk oncogenic HPV among the 120 genotypes present
in human. The infection affects about 3 out of 4 women and is often transient thanks to
immunological modulators leading to viral clearance. This characteristic made it possible to
develop vaccines. Prophylactic vaccines are made of virus-like particles L1, non infectious,
well tolerated and highly immunogenic. They prevent from viral infection by producing anti-
* Auteur
correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (J.-L. Brun).
0368-2315/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.jgyn.2007.06.005
632
J.-L. Brun, D. Riethmuller
bodies, which are secreted throughout the genital mucosa (humoral immunity). High-risk
oncogenic HPV-16 and 18, responsible for 70% of cervical cancer, are included in Gardasil® and
Cervarix®. Both vaccines prevent from HPV infection and related cervical and perineal lesions
in more than 90% of the cases. Therapeutic vaccines are made of epitope peptides, recombinant proteins and bacteria, plasmid DNA or dendritic cells. All sensitize immunocompetent
cells (cellular immunity). Ineffective in cervical cancers, they induce the regression of cervical dysplasia in about 50% of the cases. They are still under research and development, in
opposition to prophylactic vaccines, which are available.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
De nombreuses approches vaccinales ont récemment été
développées pour lutter contre les infections génitales à
papillomavirus humain (HPV), dont certaines sont impliquées dans la carcinogenèse du col utérin. L’objectif de
cette revue est de reporter les différents essais cliniques
publiés à ce jour ayant conduit au développement des vaccins prophylactiques et thérapeutiques et de discuter la
place qu’ils pourraient avoir dans l’avenir.
Cancer du col de l’utérus
Le cancer du col de l’utérus, second cancer de la femme
dans le monde, est responsable d’environ 250 000 décès
par an au niveau mondial [1].
En France, le cancer du col est au huitième rang des cancers de la femme, mais reste le deuxième cancer de la
femme jeune. En 2000, 3400 nouveaux cas étaient déclarés
et environ 1000 décès annuels sont rapportés à ce cancer
[2].
Le cancer du col est quasi inexistant avant 20 ans et
atteint son incidence maximale de 20 pour 100 000 chez
les femmes de 40 ans. L’incidence se stabilise ensuite
autour de 17 pour 100 000 jusqu’aux âges les plus avancés
[2].
Le dépistage des anomalies cytologiques par le frottis
cervical a permis, au cours des 20 dernières années, une
réduction de l’incidence de ce cancer de près de 3 % par
an [2].
Les HPV dits à « haut risque » sont rencontrés dans plus
de 99 % des cancers du col utérin [3]. Ce cancer est la première démonstration dans l’espèce humaine du caractère
viro-induit obligatoire d’une tumeur solide. Les deux génotypes les plus fréquemment rencontrés sont les HPV-16 et
18, associés respectivement à environ 50 et 20 % des cancers du col [3–5]. Des cofacteurs existent, tels que les déficits immunitaires, le tabagisme, la contraception orale, la
multiparité, etc. [6,7]. Mais l’agent nécessaire, bien que
non suffisant, est l’HPV à haut risque.
Infections à HPV
Les HPV appartiennent à la famille des papillomaviridae.
Ces petits virus sont constitués d’une capside icosaédrique
de 45 à 55 nm de diamètre formée de 72 capsomères. Le
génome viral d’environ 8000 paires de bases se présente
sous la forme d’ADN circulaire bicaténaire, dont seul un
brin est codant et comporte trois régions : la région précoce
E (early) codant des protéines non structurales (E1 à E7)
dont les oncoprotéines, la région tardive L (late) codant
des protéines structurales dont les protéines de capside
(L1 et L2) et enfin une région non codante de régulation
URR (upstream regulation region) (Fig. 1).
Les HPV possèdent une spécificité d’hôte très étroite.
Plus de 120 génotypes ont été retrouvés chez l’être
humain. Ils sont répartis en différents types phylogéniques
en fonction de leur pourcentage de concordance nucléotidique et de leur tropisme cutané ou muqueux (génital,
anal, oral). Quarante ont un tropisme génital et 15 sont
oncogènes (à haut risque), responsables des dysplasies et
cancers du col utérin, de l’anus et de la vulve. Ces 15
virus, détectables par les techniques de biologie moléculaire (Capture d’hybrides, PCR), sont classiquement répartis
en type α9 (16,31,33,35,52,58), α7 (18,39,45,59) ou non
α7-α9 (51,56,66,68,73).
Figure 1 Structure du génome viral de l’HPV et rôle des protéines virales. E1 : réplication ; E2 : réplication et régulation
de la transcription ; E4 : maturation et relargage des virions ;
E5 : prolifération cellulaire ; E6 : dégradation de p53 (Immortalisation et transformation de la cellule hôte) ; E7 : dégradation
de pRb (Immortalisation et transformation de la cellule hôte) ;
L1 : protéine majeure de capside ; L2 : protéine mineure de
capside ; URR : région de régulation non codante.
Figure 1 Structure of HPV genome and role of viral proteins.
Vaccination prophylactique et thérapeutique contre le papillomavirus humain
Les infections à HPV sont les infections sexuellement
transmissibles les plus fréquentes, car leur contagiosité
est élevée. Dans la population finlandaise, le risque pour
une femme de contracter un HPV au cours de sa vie sexuelle
est de 79 % [8]. Dans un groupe de jeunes étudiantes américaines, 60 % ont eu au moins un épisode d’infection à HPV
avant ou pendant un suivi de trois ans [9].
Ces infections sont le plus souvent asymptomatiques et
transitoires. Dans une minorité de cas, le portage viral persiste au-delà d’une année qui est le délai moyen de la clairance virale. Cela favorise l’intégration virale au sein des
cellules épithéliales, à l’origine d’une possible transformation tumorale. En effet, toutes ces anomalies du tissu épithélial ne progressent pas. L’évolution potentielle vers le
cancer demande de nombreuses années et passe par différents stades d’anomalies histologiques intraépithéliales
préinvasives. Seules les lésions intraépithéliales de haut
grade ou néoplasies intracervicales (CIN) 2 et 3 sont à
risque de cancer invasif [10].
Les HPV dits « à bas risque » sont responsables de pathologies génitales non malignes et non dégénératives. Les
génotypes 6 et 11 sont à l’origine de 90 % des condylomes
acuminées anogénitaux [11]. Ils sont aussi impliqués dans la
papillomatose orale et laryngée. En France, 300 000 à
600 000 individus sont atteints de condylomes acuminés et
le nombre annuel d’épisodes traités varie entre 180 000 et
200 000 [12]. Ces lésions affectent surtout les gens jeunes
et leur diagnostic clinique est le plus souvent aisé. Le traitement est, en revanche difficile avec un taux de récidives
élevé. Le retentissement psychologique est important et il
n’existe pas de moyen de prévention efficace comme par
exemple, le préservatif [13].
Par leur fréquence et le risque de lésions précancéreuses, voire de cancer du col qu’elles induisent, les infections
à HPV représentent un important problème de santé
publique.
Approches vaccinales
Pour lutter contre l’infection HPV et/ou ses conséquences,
deux
approches
vaccinales
différentes
ont
été
développées : la vaccination prophylactique cherche à éviter l’infection virale en protégeant l’individu par la production d’anticorps (immunité humorale), alors que la vaccination thérapeutique a pour objectif d’entraîner la guérison
des lésions histologiques viro-induites par sensibilisation
de cellules immunocompétentes (immunité cellulaire). Le
développement avancé de la vaccination prophylactique
permet une mise à disposition en 2007, alors que la vaccination thérapeutique en est encore aux stades d’essais cliniques.
Vaccination prophylactique
Les vaccins prophylactiques ont pour objectif d’induire la
production d’anticorps neutralisants dirigés contre la capside virale. Ces anticorps doivent être présents au niveau
de la muqueuse et des sécrétions cervicovaginales avant la
première exposition au virus. Les vaccins antiviraux sont
classiquement basés sur une atténuation ou une inactivation virale, voire des antigènes purifiés. Cette stratégie
633
n’est pas applicable pour l’HPV, car ce dernier n’est pas
cultivable et le génome viral contient des oncogènes (E6
et E7). L’approche choisie a été de cibler les protéines de
la capside virale. Cette démarche n’a été rendue possible
que grâce à la découverte de la propriété d’autoassemblage
en grande quantité de la protéine majeure de capside L1
dans différents systèmes eucaryotes [14]. Cela permet la
formation de pseudoparticules virales VLP (virus-like-particles). Les VLP ne contiennent pas de génome viral, ont la
même morphologie que celle des virions, sans caractère
pathogène, et sont capables d’induire la production de
titres élevés d’anticorps neutralisants dirigés contre la protéine L1 [15]. Les VLP sont produites par l’insertion du gène
L1 (gène indemne de séquence oncogène) dans des cellules
d’insectes (infectées par des baculovirus) ou dans des levures (saccharomyces cerevisiae). L’adjonction de la protéine
mineure de capside L2 augmente la quantité de VLP assemblées, mais pas le caractère immunogène de la particule
[16].
Ces vaccins VLP concernent un ou plusieurs types d’HPV
et leur efficacité a été évaluée dans des essais rapportés
dans le Tableau 1.
Vaccin monovalent HPV-16
Les vaccins, basés sur la technologie des VLP L1, ont montré
dès 2001 des résultats encourageants sur la protection des
infections HPV et des lésions cytohistologiques induites
[17]. Mais, le véritable espoir vaccinal a vu le jour en 2002
après la publication d’une étude randomisée en double insu
sur un vaccin monovalent HPV-16 [18]. Elle concerne 2392
femmes de 16 à 23 ans ayant reçu, par voie intramusculaire, trois doses de vaccin VLP L1 HPV-16 ou un placebo.
Le schéma d’administration était zéro, deux et six mois.
Les effets indésirables étaient identiques dans les groupes
vaccinés et placebo. Le suivi moyen était de 17,4 mois.
Aucune infection, ni dysplasie n’était observée dans le
groupe vaccin, alors qu’une infection persistante à HPV-16
survenait chaque année chez 3,8 % des femmes du groupe
placebo (dont neuf cas de CIN). Ce travail a jeté les bases
de la vaccination monovalente contre HPV-16, efficace à
100 % et bien tolérée.
Le suivi à plus long terme de cette cohorte a permis de
confirmer l’efficacité de VLP L1 HPV-16, puisque la fréquence des infections à HPV-16 était significativement
réduite chez les femmes vaccinées par rapport au groupe
placebo [19]. En effet, 40 mois après la réalisation du programme complet de vaccination, 111 cas d’infections à
HPV-16 et 12 CIN 2/3 ont été détectés dans le groupe placebo (n = 750), contre sept et zéro cas respectivement dans
le groupe vaccination (p < 0,01). L’efficacité vaccinale était
donc de 94 %, IC 95 % : 88–98 % sur la prévention des infections persistantes à HPV-16 et de 100 %, IC 95 % : 65–100 %
sur la prévention des lésions intraépithéliales de haut
grade. En termes d’immunogénicité, le titre moyen des
anticorps anti-HPV-16 était bas (< 5 mMU/ml) et stable
dans le groupe placebo, alors qu’il était significativement
augmenté dans le groupe vacciné avec un pic à la fin du
programme vaccinal au septième mois (> 1000 mMU/ml),
puis une phase en plateau (> 100 mMU/ml) stable sur
48 mois.
634
J.-L. Brun, D. Riethmuller
Tableau 1 Caractéristiques et résultats des essais randomisés de vaccination prophylactique
Table 1 Characteristics and results of randomized trials on prophylactic vaccination
Étude
Types de VLP L1 HPV
Adjuvant
Laboratoire
Sites d'étude
Âge des patientes (ans)
Calendrier vaccinal (mois)
Patientes randomisées (n)
Protocole respecté (n)
Durée du suivi (ans)
Infections persistantes
Vaccin/placebo (n)
Efficacité [% (IC 95 %)]
Lésions intraépithéliales
Vaccin/placebo (n)
Efficacité [% (IC 95 %)]
Koutsky [18]
16
Aluminium
MSD
USA
16–23
0–2–6
2392
1533
1,5
Mao [19]
16
Aluminium
MSD
USA
16–23
0–2–6
2391
1505
3,5
Harper [20]
16, 18
ASO4
GSK
USA, CA, BR
15–25
0–1–6
1113
721
1,5
Harper [21]
16, 18
ASO4
GSK
USA, CA, BR
15–25
0–1–6
776
694
4,5
Villa [22]
6, 11, 16, 18
Aluminium
MSD
USA, EU, BR
16–23
0–2–6
552
468
2,5
0/41
100 (90–100)
7/111
94 (88–98)
0/7
100 (47–100)
0/7
100 (34–100)
4/36
90 (71–97)
0/9
100 (90–100)
0/12
100 (65–100)
2/27
93 (70–98)
0/8
100 (42–100)
0/3
100 (16–100)
VLP-HPV : particules pseudovirales du papillomavirus ; MSD : Merck/Sanofi Pasteur ; GSK : GlaxoSmithKline ; USA : États-Unis ; CA : Canada ; BR :
Brésil ; EU : Europe ; IC 95 % : intervalle de confiance à 95 %.
Les travaux actuels n’ont pas encore mis en évidence un
épitope conformationnel immunogène commun à la quinzaine de génotypes à haut risque impliqués dans la carcinogenèse. L’objectif vaccinal est de permettre la meilleure
prévention de l’infection par les génotypes les plus fréquemment retrouvés dans les cancers du col de l’utérus.
Or, il n’est pas possible à ce jour de mettre plus de quatre
valences différentes dans un vaccin du fait de la complexité
de mise en œuvre et des contrôles drastiques de qualité. La
protection sera donc forcément incomplète et cela ne
remet pas en cause le dépistage. Toutefois, du fait de la
répartition génotypique, la protection contre les HPV de
génotype 16 et 18 devrait amener une diminution d’au
moins 70 % du risque de cancer cervical [5] (Fig. 2).
Deux vaccins utilisant la technologie des VLP L1 sont
actuellement parvenus à un stade de développement
clinique avancé (phase III) dont les derniers résultats sont
très concluants : un vaccin bivalent Cervarix® (GlaxoSmithKline, Rixensart, Belgique ; MedImmune, Gaithersburg,
Maryland) dirigé contre les HPV-16 et 18 ; un vaccin quadrivalent Gardasil® (Merck/Sanofi Pasteur MSD, West Point,
Pennsylvanie) dirigé contre les HPV-16 et 18, ainsi que les
HPV à bas risque 6 et 11.
Vaccin bivalent HPV-16 et 18
Dans une étude randomisée en double insu, 1113 femmes
de 15 à 25 ans ont reçu trois doses de vaccin VLP L1 HPV16 et 18 Cervarix® ou un placebo [20]. Le schéma d’administration était zéro, un et six mois. Les effets indésirables
n’étaient pas différents dans les deux groupes. Une évalua-
Figure 2 Répartition (%) des cancers du col attribués aux génotypes HPV les plus fréquents [5].
Figure 2 Percentages of cervical cancer cases attributed to the most frequent HPV genotypes [5].
Vaccination prophylactique et thérapeutique contre le papillomavirus humain
tion était faite à 18 et 27 mois. L’efficacité vaccinale était
de 100 %, IC 95 % : 47–100 % sur la prévention des infections
persistantes à HPV-16 et 18 lorsque le protocole était respecté (p = 0,007) et de 95 %, IC 95 % : 64–99 % en intention
de traiter (p < 0,001). L’efficacité était de 93 %, IC 95 % :
70–98 % sur les anomalies cytologiques induites par les
HPV-16 et 18 (p < 0,001).
Le suivi de cette cohorte jusqu’à 4,5 ans confirme
l’excellente protection vis-à-vis des infections à HPV-16 et
18 et la bonne tolérance du vaccin [21]. Elle rend aussi
plausible l’hypothèse d’une réaction protectrice croisée
entre les différents génotypes oncogéniques. Plus de 98 %
des femmes ont développé des anticorps anti-HPV-16 et 18
dès le septième mois, avec un maintien de cette immunité
humorale au-delà de quatre ans. L’efficacité vaccinale était
de 94 %, IC 95 % : 63–100 % sur la prévention des infections à
HPV-16 et 18 persistant pendant six mois (p < 0,001) et de
100 %, IC 95 % : 34–100 % sur celles persistant pendant
12 mois (p = 0,006). L’efficacité était de 100 %, IC 95 % :
42–100 % sur les anomalies cytologiques supérieures à CIN
1 induites par HPV-16 et 18 (p = 0,003) et de 59 %, IC
95 % : 1–84 % pour les lésions induites par les 15 types
d’HPV à haut risque détectés par capture d’hybrides
(p = 0,032). En effet, l’HPV-45, phylogénétiquement proche
de l’HPV-18, semble être aussi couvert par ce vaccin bivalent avec une efficacité de 94 %, IC 95 % : 63–100 %. L’infection par HPV-31, phylogénétiquement proche de l’HPV-16,
est diminuée de 55 %, IC 95 % : 12–78 %. Les HPV-31 et 45
étant responsables à l’échelle mondiale de près de 10 %
des cancers du col de l’utérus, le taux de réduction de cancer par la vaccination serait plus proche des 80 % que des
70 % espérés initialement, si ces réactions de protections
croisées se confirmaient.
Vaccin quadrivalent HPV-6, 11, 16, 18
L’efficacité et la tolérance du vaccin quadrivalent ont été
démontrées dans une étude de phase II randomisée en
double insu incluant 552 femmes âgées de 16 à 23 ans [22].
Elles ont reçu trois doses de vaccin VLP L1 HPV-6, 11, 16,
18 Gardasil® ou un placebo par voie intramusculaire. Le
schéma d’administration était zéro, deux et six mois. Les
effets indésirables n’étaient pas différents dans les deux
groupes. Une évaluation était faite à 36 mois. Lorsque le
protocole était respecté, l’efficacité vaccinale était de
90 %, IC 95 % : 71–97 % sur la prévention des infections persistantes à HPV-6, 11, 16, 18 et de leurs conséquences
(p < 0,001). Elle était respectivement de 89 %, IC 95 % :
70–97 % pour les infections persistantes (p < 0,001) et de
100 %, IC 95 % : 16–100 % pour les lésions cliniques
(p = 0,015), qu’ils s’agissent des CIN ou des verrues génitales. L’efficacité dépendait peu du type viral : elle était de
100 % pour les HPV-6 et 11, de 86 % pour l’HPV-16 et de 89 %
pour l’HPV-18.
En termes d’immunogénicité, les taux des anticorps antiHPV-6, 11, 16 et 18 au bout de deux mois étaient 12 à 26
fois plus élevés qu’avant vaccination, puis diminuaient sensiblement pour atteindre une phase en plateau (de l’ordre
de 100 mMU/ml) stable sur 36 mois [23]. En revanche, le
titre moyen des anticorps anti-HPV restait bas
(< 5 mMU/ml) dans le groupe placebo. Par ailleurs, les titres
635
obtenus après vaccination étaient significativement plus
élevés chez les adolescentes que chez les femmes adultes,
ce qui laisse présager une prévention efficace dès le plus
jeune âge.
Particularités des différents vaccins
Le vaccin quadrivalent permet une excellente protection
contre les condylomes acuminés puisque les génotypes 6
et 11 inclus dans le vaccin sont responsables de 90 % des
verrues génitales [11]. Les condylomes acuminés ne représentent pas une pathologie grave au sens vital, mais restent
un véritable problème de santé publique par ses implications psychologiques non négligeables, ses traitements souvent multiples et ses récidives fréquentes. Par ailleurs, certaines lésions intraépithéliales de bas grade sont induites
par ces génotypes à bas risque. Ainsi, ce vaccin pourrait
diminuer plus largement le nombre de frottis de bas grade
lors du dépistage postvaccinal. Enfin, la promotion du vaccin HPV implique une information des parents sur la prévention des infections sexuellement transmises, en plus de
celle sur la prévention du cancer du col.
Le vaccin bivalent utilise un adjuvant original le ASO4 qui
aurait la particularité de stabiliser les pseudoparticules
virales au cours du stockage et d’induire un pic de titre
d’anticorps avec de plus faibles doses d’antigènes, ce qui
a déjà été démontré avec le vaccin hépatite B [24]. Enfin,
le taux intéressant de protection croisée serait lié à l’adjuvant [21]. Il faudra, toutefois, attendre le résultat des larges études en cours avec le vaccin quadrivalent qui utilise
comme adjuvant un classique sel d’aluminium, avant de
conclure à l’avantage du vaccin bivalent en termes de réactions croisées.
Vaccination thérapeutique
Le but de la vaccination thérapeutique est de sensibiliser
les cellules immunocompétentes pour neutraliser l’infection HPV déjà installée et faire régresser les lésions précancéreuses, voire les cancers du col utérin.
Les vaccins thérapeutiques peuvent être formés à partir
de peptides libres, de protéines recombinantes, de virus ou
de bactéries recombinants associés à des gènes codant pour
certains types d’HPV, à partir de fragments de plasmide
ADN ou de cellules dendritiques sensibilisées par des antigènes viraux. Tous stimulent l’immunité T cellulaire en présentant les antigènes vaccinaux à la surface des cellules qui
les ont intégrés en association avec les molécules HLA de
classe I ou II afin de stimuler respectivement les lymphocytes T CD8+ et CD4+.
Les principales études évaluant l’efficacité vaccinale
chez les femmes ayant une lésion intraépithéliale de haut
grade sont rapportées dans le Tableau 2.
Vaccins peptidiques
Les vaccins peptidiques ont été testés chez des femmes
ayant une lésion cervicale intraépithéliale de haut grade
ou un cancer invasif dans des études de phase I-II [25,26].
Ces peptides codés par le gène E7 de l’HPV-16 sont immu-
636
J.-L. Brun, D. Riethmuller
Tableau 2 Caractéristiques et résultats des essais de vaccination thérapeutique sur les lésions intraépithéliales de haut grade
Table 2 Characteristics and results of trials of therapeutic vaccination on high-grade squamous intraepithelial lesions
Étude
Type de vaccin
Virus impliqué
Laboratoire
Voie d'administration
Calendrier (semaines)
Patientes (n)
Durée du suivi (mois)
Méthode d'évaluation
Réponse clinique
[n, (%)]
Muderspach [25]
Peptidique
E7 HPV-16
–
Sous-cutanée
0–3–6–9
18
1
Conisation
Totale 3 (17 %)
Partielle 6 (33 %)
Réponse virologique
[n (%)]
12 (67 %)
Stressgen
CoVal Hsp E7
E7 HPV-16
Stressgen
Sous-cutanée
0–3–6
31
2
Conisation
Totale 10 (32 %)
Partielle 12
(39 %)
–
Frazer [32]
Protéine de fusion
E6 E7 HPV-16
CSL
Sous-cutanée
0–3–6
23
0,5
Biopsie
1 (4 %)
Brun [37]
MVA-E6E7-IL2
E6 E7 HPV-16
Transgene
Sous-cutanée
0–1–2
21
6
Colpo et frottis
10 (48 %)
Garcia [40]
MVA-E2
E2 HPV-16
Lemery
Intra-utérine
0–1–2–3–4–5
34
3
Conisation
Totale 20 (59 %)
Partielle 3 (9 %)
Garcia [42]
ZYC 101a
E6 E7 HPV-16/18
ZYCOS
Intramusculaire
0–3–6
86
6
Conisation
37 (43 %)
23 (100 %)
10 (48 %)
16 (47 %)
–
E2, E6, E7 : oncoprotéines E2, E6 et E7 du papillomavirus humain (HPV) ; Hsp : protéine de fusion ; MVA : modified virus Ankara ; IL2 : interleukine 2.
nogènes et peuvent être reconnus par les lymphocytes T
chez les femmes HLA-A2 [27].
Dix-huit patientes ayant une lésion intraépithéliale de
haut grade ont été vaccinées par les séquences peptidiques
12-20 et 86-93 de l’HPV-16 E7 associées à un peptide stimulant les lymphocytes T CD4+ (PADRE) [25]. Quatre injections
intradermiques espacées de trois semaines ont été faites.
La tolérance était bonne avec une douleur locale constante
bien tolérée et des manifestations postvaccinales de grade
I/II (fièvre, asthénie, nausées, arthralgies, myalgies) dans 5
à 15 % des cas. Une surveillance colposcopique, cytologique, virologique et immunologique a été réalisée au
cours du traitement et une conisation a été pratiquée au
décours de la dernière injection. Une réponse clinique a
été observée dans la moitié des cas (six régressions partielles et trois totales). L’ADN viral n’était plus retrouvé au
frottis chez 12 patientes (67 %), mais une activité transcriptionnelle E7 HPV-16 restait détectée en hybridation in situ
sur toutes les pièces de conisation. Dix réponses CD8+ ont
été observées (55 %).
Le même vaccin a été administré à 19 patientes ayant un
cancer du col invasif récidivant et échappant au traitement
conventionnel [26]. Il a été bien toléré. Un an après la vaccination, le cancer a progressé chez 15 patientes (79 %)
dont un décès, était stable dans deux cas et a régressé
dans deux autres cas traités par chimiothérapie concomitante.
Les vaccins peptidiques développés à la fin des années
1990 n’ont pas donné les résultats espérés. Inefficaces
dans les cancers invasifs, d’indications limitées aux patientes HLA-A2, les résultats sont mitigés sur les lésions précancéreuses. Si la conisation avait été plus tardive, une meilleure réponse clinique et virologique aurait pu être
observée, mais aucune étude ultérieure n’a confirmé
cette hypothèse. Toutefois, les vaccins peptidiques continuent à être développés sous la forme d’un peptide long
E6 et E7 d’HPV-16 formé de 30 à 35 acides aminés [28].
Les résultats sont intéressants chez les femmes ayant une
dysplasie sévère de la vulve avec 50 % de réponses cliniques. De même, la vaccination de souris transgéniques par
VacciMax® composé de peptides E6/7 et d’adjuvants
(immunovaccine technologies, Halifax, Canada) a permis
l’éradication de tumeurs induites [29].
Protéines recombinantes
Certains vaccins ont été élaborés à partir de protéines de
fusion associant un antigène viral et un antigène d’origine
bactérienne augmentant ainsi l’immunogénicité de l’antigène viral, ce qui permet à l’organisme de mieux le reconnaître.
CoVal™ HspE7 (Stressgen, San Diego, Californie) est une
protéine de fusion entre Hsp65 du BCG et la protéine E7 de
l’HPV-16. Elle a été testée avec succès chez des patients
ayant des verrues anogénitales [30]. Dans un essai de
phase II piloté par le National Cancer Institute, Stressgen
(http://www.stressgen.com) rapporte les résultats de 31
patientes ayant un CIN 3 dont l’HPV n’a pas été typé.
Elles ont reçu trois injections sous-cutanées de 500 μg de
HspE7 espacées de 20 jours. La tolérance était bonne,
avec la réaction inflammatoire cutanée habituelle sur le
site d’injection, voire un syndrome pseudogrippal. Deux
mois après la dernière injection, une conisation était réalisée. Le CIN 3 avait disparu chez dix patientes (32 %), 12
(39 %) étaient toujours porteuses de la lésion qui avait
régressé de plus de 50 % en colposcopie et neuf (29 %)
n’ont pas répondu au vaccin. L’efficacité de CoVal™ HspE7
sur les verrues anogénitales contraste avec une réponse
beaucoup plus modeste sur des lésions intraépithéliales cervicales de haut grade tout venant. Ce brevet a été racheté
par Nventa Biopharmaceuticals Corporation (Victoria, British Columbia, Canada) qui y a incorporé des adjuvants
afin d’augmenter la réponse immunitaire cellulaire [31].
HPV-16 Immunotherapeutic est une protéine de fusion
exprimant E6 et E7 de l’HPV-16 associée à un adjuvant
ISCOMATRIX™ (CSL Limited Company, Parkville, Australie).
Trente et une patientes ayant une dysplasie cervicale
légère à sévère induite par l’HPV-16 ont été randomisées
versus placebo (3 :1) dans un essai de phase I [32]. Les différentes doses testées ont toutes entraîné des effets secondaires de faible sévérité. Les patientes ont développé une
immunité humorale et cellulaire et la charge virale HPV-16
a significativement diminué chez les femmes vaccinées.
Toutefois, les biopsies cervicales guidées sous colposcopie
réalisées 9 à 12 semaines après l’évaluation initiale n’ont
montré qu’une seule régression anatomopathologique
Vaccination prophylactique et thérapeutique contre le papillomavirus humain
parmi les 23 lésions de haut grade. Une seule semaine s’est
déroulée entre la dernière injection et l’examen final du
col, ce qui paraît insuffisant pour espérer une réponse histologique.
En France, un vaccin bivalent contre HPV-16 et 18 a été
développé par BT PHARMA en collaboration avec l’Institut
Pasteur. Cette société a montré l’intérêt d’utiliser une protéine bactérienne, l’adénylate cyclase (CyaA) afin de vectoriser des antigènes HPV exprimés dans les lésions précancéreuses du col utérin [33]. Cette protéine, issue de la
bactérie de la coqueluche Bortedella pertussis, présente
la particularité de se fixer avec une grande affinité à un
récepteur exprimé par les cellules dendritiques présentatrices de l’antigène et de transloquer un fragment protéique
dans le cytoplasme de ces cellules. Des séquences réorganisées de l’oncoprotéine E7 du papillomavirus HPV-16 ont été
insérées par génie génétique dans la CyaA. Administré à des
souris C57BL/6 porteuses de tumeurs, ce candidat vaccin
induit une réponse T cytotoxique et une régression tumorale complète chez 100 % des animaux en une seule injection et sans adjuvant. Une protéine recombinante homologue pour l’HPV-18 a également été développée. Un premier
essai clinique utilisant le vaccin bivalent HPV-16 et 18
(ProCervix®) doit débuter en 2007 et ciblera les lésions cervicales intraépithéliales de haut grade.
Virus et bactéries recombinants
Le virus de la vaccine (poxviridae) a été utilisé comme vecteur pour exprimer les gènes codant pour E6 et E7 des HPV16 ou 18.
Les essais préliminaires réalisés chez les patientes ayant
un cancer du col invasif ont été décevants en termes de
réponse immunitaire ou de réponse clinique. Vingt-neuf
patientes ayant un cancer du col précoce ont été vaccinées
par TA-HPV (Cantab/Xenova), virus de la vaccine recombinant exprimant E6 et E7 de l’HPV-16 et 18, quelques semaines avant la colpohystérectomie [34]. La tolérance de deux
injections espacées de quatre semaines était bonne, mais
seules huit femmes (28 %) ont développé des anticorps dirigés contre les HPV. Chez huit patientes traitées pour un
cancer du col avancé par une dose unique de TA-HPV, trois
(37 %) ont eu une réponse immunitaire et une seule réponse
clinique (12 %) a été attribuée au vaccin [35].
En France, un vaccin recombinant dirigé contre HPV-16 a
été développé par le laboratoire Transgene (Strasbourg). Le
vecteur développé par Transgene (TG 4001) est le virus de
la souche de vaccine atténuée MVA (modified virus Ankara)
dont le génome a été modifié pour intégrer les gènes
codant pour les protéines E6 et E7 rendues non oncogènes
de l’HPV-16 et le gène codant pour l’interleukine 2 humaine
(MVA-HPV-IL2). Des essais précliniques ont été réalisés chez
l’animal. Des souris immunocompétentes, préalablement
implantées par voie sous-cutanée ou intraveineuse avec
des cellules murines tumorales exprimant les antigènes E6
et E7 du virus HPV-16, ont été vaccinées par trois injections
sous-cutanées de TG 4001 (MVA-HPV-IL2), 5 106 plaqueforming units (pfu), espacées d’une semaine ou par trois
injections d’un placebo. Le taux de survie à quatre mois
était respectivement de 70 et 5 % dans ce modèle préclinique. Des essais de phase I chez des patientes ayant une
637
dysplasie sévère et un cancer invasif du col ont montré une
bonne immunogénicité du vecteur, puisque les lymphocytes
T CD8+ synthétisant de l’interféron-γ en présence d’antigènes de l’HPV-16 ont été mis en évidence chez 75 % des
patientes immunisées [36]. Dans une étude de phase II, 21
patientes ayant une lésion intraépithéliale de haut grade
induite par HPV-16 (PCR sur biopsie) ont été vaccinées par
trois injections sous-cutanées de TG 4001 à la dose de
5 107 pfu. Elles étaient initialement porteuses d’ADN viral
d’HPV à haut risque (hybrid capture II) et d’ARNm codant
pour E6 et E7 (Norchip PreTect HPV-Proofer). À six mois,
une réponse clinique (normalisation de la colposcopie) et
cytologique (frottis normal, ASCUS ou bas grade) a été
détectée chez dix femmes (48 %) permettant d’éviter une
conisation dans huit cas. Les activités transcriptionnelles
E6 et E7 d’HPV-16 avaient disparu chez les dix patientes,
suggérant l’élimination des cellules cervicales infectées.
Les résultats à 12 mois confirment ces données. Cependant,
la négativation de l’hybrid capture n’est pas obtenue dans
tous les cas, deux femmes étant encore porteuses d’HPV-16
probablement sous forme épisomale et deux autres ayant
contracté un ou plusieurs autres HPV (45, 52, 58, 59) au
cours de la période de suivi [37].
Au Mexique, le vaccin développé par le laboratoire
Lemery (Mexico City) est le virus de la vaccine MVA couplé
au gène codant pour E2 (MVA-E2). La protéine E2 inhibe
l’expression des oncogènes E6 et E7 des HPV, nécessaires
au maintien de l’activité tumorale. En stimulant l’activité
des lymphocytes et des macrophages, ce vaccin a montré
une cytotoxicité sur les cellules tumorales infectées par
HPV. Des essais préliminaires chez l’animal (souris, lapin)
ont confirmé son efficacité [38]. Deux études cliniques de
phase II ont ensuite été publiées [39,40]. Le vaccin a été
injecté par voie muqueuse intra-utérine (107 pfu), une fois
par semaine pendant six semaines. La tolérance a été
moyenne avec des céphalées, une fièvre ou un syndrome
pseudogrippal dans un tiers des cas. Une évaluation clinique, histologique, immunologique et virologique a été
faite trois semaines après la fin du traitement. Toutes les
patientes ont développé une immunité humorale (anticorps
dirigés contre le virus MVA et la protéine E2) et cellulaire
(activation des lymphocytes T cytotoxiques contre les cellules tumorales). La première série était constituée d’un
groupe hétérogène de 36 patientes (21 lésions de bas
grade et 15 lésions de haut grade) [39]. La colposcopie
s’est normalisée dans 85 % des cas. Les lésions dysplasiques
ont disparu chez 34 patientes (94 %). Les lésions de haut
grade ont moins bien répondu au vaccin (27 % de koïlocytes
ou de CIN 1 résiduels) que les lésions de bas grade (5 % de
koïlocytes résiduels). L’ADN viral évalué par hybrid capture
s’est négativé dans la moitié des cas. La deuxième série
était composée de 34 patientes ayant une lésion intraépithéliale de haut grade (CIN 3) [40]. La colposcopie ne montrait plus de lésion chez 19 patientes (56 %), une régression
de plus de 60 % pour 11 d’entre elles (32 %) et une réduction de 25 % chez quatre patientes (12 %). Les lésions ont
entièrement régressé en histologie dans 20 cas (59 %), ou
partiellement (deux CIN 2 et une CIN 1) dans trois cas
(9 %). La charge virale était indétectable chez 11 patientes
(32 %) et diminuée de 95 % chez cinq d’entre elles (15 %).
Au total, le vaccin MVA-E2 entraîne une régression des
638
lésions de haut grade chez deux tiers des patientes, mais
l’élimination de l’HPV n’est pas constante deux mois après
le début de la vaccination.
Vaccins ADN
Des fragments de plasmide ADN d’origine bactérienne
codant pour la protéine E7 d’HPV-16 (ZYC101) ou codant
pour les protéines E6 et E7 des HPV-16 et 18
(Amolimogene® ou ZYC101a) ont été mis au point par le
laboratoire ZYCOS (MGI Pharma Biologics, Lexington, Massachusetts) pour des essais vaccinaux. Trois injections intramusculaires espacées de trois semaines sont réalisées.
Dans une étude de phase I, l’efficacité de la vaccination
par ZYC101 de 15 patientes ayant une lésion intraépithéliale de haut grade a été vérifiée par une conisation faite
quatre semaines après la dernière injection [41]. Aucun
effet indésirable sérieux n’a été rapporté. Cinq patientes
(33 %) ont eu une réponse histologique complète et quatre
d’entre elles ont développé une immunité humorale sous la
forme d’anticorps anti-E2 (Ig A). Onze patientes (73 %) ont
développé une réaction lymphocytaire cytotoxique contre
HPV. Dans une étude multicentrique randomisée de phase
II, 86 patientes ayant une CIN 2 ou 3 vaccinées par
ZYC101a ont été comparées à 41 patientes vaccinées par
un placebo [42]. Le test hybrid capture était positif pour
un HPV oncogène à haut risque, mais les HPV-16 et 18
n’étaient isolés que dans la moitié des cas. Une conisation
était pratiquée systématiquement au bout de six mois. La
tolérance vaccinale était bonne, limitée à des effets secondaires modérés intéressant le site d’injection (douleur : 68
vs 32 % ; érythème : 20 vs 6 %). Les lésions intraépithéliales
de haut grade disparaissaient dans respectivement 43 et
27 % des cas (p = 0,12). Les résultats devenaient significatifs
dans le sous-groupe des 24 femmes de moins de 25 ans avec
une réponse observée dans 70 et 23 % des cas respectivement (p = 0,007), indépendamment du type d’HPV
impliqué. Au total, on peut se demander si les résultats
modestes de cette étude ne seraient pas liés à la vaccination d’une population trop large, porteuse d’autres virus
oncogènes que ceux concernés par ZYC101a, le sousgroupe des jeunes femmes ne représentant que 19 % de
cette population. Un suivi à un an a été fait chez 77 femmes
vaccinées (52 par ZYC101a et 25 par placebo) [43]. Dix-neuf
(25 %) avaient encore un test HPV positif par PCR (sept
HPV-16/18 et 12 autres HPV) avec une répartition identique
entre les deux bras. Dans ce sous-groupe de patientes, huit
(42 %) exprimaient un virus différent du type initial. Le taux
de lésions intraépithéliales de bas grade et de haut grade
était respectivement de 10 et 4 %. Chez les femmes de
moins de 25 ans, un HPV était détecté chez trois (20 %)
sur 15 des femmes vaccinées par ZYC101a et 3/7 (43 %)
des placebos, mais le faible effectif de ces sous-groupes
ne permet pas de tirer des conclusions valables.
Cellules dendritiques
Les cellules dendritiques ont un rôle essentiel en présentant l’antigène au système immunitaire. Des réinjections
de cellules dendritiques, soit immatures incubées avec des
extraits tumoraux, soit matures et transfectées par le gène
J.-L. Brun, D. Riethmuller
codant pour E7, ont été pratiquées dans le cadre d’essais
de phase I. Chez des patientes ayant un cancer du col ne
répondant plus aux thérapies conventionnelles, des monocytes ont été prélevés, puis différenciés en culture in vitro
en cellules dendritiques. L’épitope E7 HLA-A0201 est
ensuite intégré à ces cellules qui sont réinjectées de façon
autologue [44,45]. La tolérance était bonne et aucun effet
secondaire majeur n’a été rapporté. Sur 11 des 15 patientes
évaluables traitées pour un stade IV, trois réponses humorales et quatre réponses T cellulaires ont été détectées, mais
aucune réponse clinique n’a été observée [44]. Dans une
autre série, quatre patientes ayant un cancer du col avancé
récidivant ou métastatique ont été vaccinées par des cellules dendritiques transfectées par le gène codant pour E7
des HPV-16 et 18 associées à de l’interleukine 2 humaine
recombinante [45]. Deux ont développé une réponse immunitaire humorale et cellulaire. Chez ces patientes immunisées, la tumeur a progressé moins rapidement (survie
médiane 13 mois) que chez les patientes non immunisées
(survie médiane cinq mois). La littérature ne fait pas état
d’essais concernant le traitement des dysplasies cervicales
par les cellules dendritiques.
Particules pseudovirales
L’effet des vaccins prophylactiques à base de particules
pseudovirales VLP a été testé chez des femmes déjà infectées par le virus HPV. Dans une étude randomisée, la clairance virale a été évaluée chez 1259 femmes positives en
hybrid capture II et vaccinées par Cervarix® (HPV-16 et 18)
ou Havrix® (hépatite A) [46]. Le taux de disparition des
HPV-16 et 18 n’était significativement pas différent dans
ces deux groupes, respectivement 35 et 31 % à six mois et
53 et 55 % à 12 mois. Il en était de même pour les autres
HPV identifiés par PCR, qu’ils soient de type oncogénique
ou non. Les vaccins prophylactiques ne s’adressent donc
qu’aux femmes indemnes d’infection virale et a fortiori de
lésions cervicales.
Des VLP chimériques HPV-16 ont été fabriquées en incorporant les protéines E2 et E7 à VLP-L1 [47]. L’injection de
ces VLP chimériques à des souris transgéniques a montré
une meilleure immunogénicité T cellulaire que l’injection
des protéines E2 ou E7 seules. Les auteurs suggèrent que
le développement des vaccins thérapeutiques associe E2
aux classiques oncoprotéines E6 et E7, en raison de son
expression précoce dans les lésions intraépithéliales du col
utérin et de la réponse immunitaire qu’il stimule.
Au total
L’efficacité des vaccins thérapeutiques chez l’animal apparaît plus nuancée chez la femme. Les modèles murins ne
reflètent qu’imparfaitement les néoplasies cervicales
humaines induites par HPV, d’où l’intérêt de confronter les
résultats de plusieurs essais cliniques. Si la réponse vaccinale sur les tumeurs invasives reste décevante, les résultats
sur les lésions intraépithéliales de haut grade sont encourageants. Dans ce domaine, les vaccins recombinants utilisant
le virus MVA se sont révélés les plus efficaces avec 48–62 %
de réponse à six mois, alors que le taux de régression spon-
Vaccination prophylactique et thérapeutique contre le papillomavirus humain
tanée des CIN 3 est inférieur à 30 %, voire 20 % lorsqu’ils
sont induits par HPV-16 [48].
Les essais continuent à se mettre en place en Europe et
aux États-Unis avec un degré d’avancement variable selon
les équipes. Si ces résultats sont confirmés, voire améliorés
par des adjuvants ou étendus à d’autres HPV du même type
phylogénique que ceux injectés, les vaccins thérapeutiques
pourraient représenter une alternative à la conisation pour
traiter les lésions cervicales intraépithéliales de haut
grade. Cela pourrait éviter la persistance ou la récurrence
virale après conisation (20 %), à l’origine de récidives dysplasiques (5 à 15 %), ainsi que les sténoses et les béances
cervicales (5 à 15 %) compromettant la fertilité et l’avenir
obstétrical des jeunes femmes [49].
Place des vaccins dans la prévention
des cancers du col utérin
Les vaccins prophylactiques devraient être proposés à toutes les femmes, idéalement avant le début de leur activité
sexuelle. En effet, la prévalence de l’infection HPV est élevée dès les premiers rapports, rendant difficile l’isolement
de circonstances ou de groupes à risque. L’âge idéal de la
vaccination est la résultante d’un compromis entre l’âge
minimal efficace (ou acceptable), l’âge maximal inutile et
la faisabilité. Les jeunes filles âgées de 11 à 18 ans sont les
principales bénéficiaires, parce que l’âge moyen des premiers rapports est de 17 ans et que 20 % des filles de
15 ans ont déjà été exposées. Au sein de cette population,
la tranche d’âge 11–13 ans représente la cible idéale. En
effet, cet âge représente celui des premières règles,
moment propice pour commencer à parler de gynécologie,
de sexualité et de prévention ; de plus, la vaccination serait
faite avant le début de l’activité sexuelle, au même
moment que certaines injections de rappel prévues dans
le calendrier vaccinal français. Cette population jeune est
encore relativement accessible pour laisser espérer une
bonne adhésion, facteur de succès en santé publique.
L’acceptabilité de cette vaccination reste à définir auprès
des parents et des adolescents. Une information large et
didactique sur l’infection HPV et sa relation avec le cancer
du col doit leur être délivrée. Toutefois, certains éléments
ne sont pas encore définis. La durée de la protection est à
évaluer : elle est d’environ cinq ans actuellement et la
nécessité d’un rappel n’est pas établie. Les résultats de la
vaccination sur l’incidence du cancer seront différés,
d’autant plus qu’elle est réalisée chez des jeunes femmes.
La stratégie de vaccination des femmes de plus de 18 ans en
période d’activité sexuelle est en théorie envisageable,
mais doit être sans doute adaptée aux résultats des prélèvements virologiques cervicaux.
La vaccination prophylactique est complémentaire du
dépistage qui reste indispensable du fait de l’absence de
protection complète que confère la vaccination. Toutefois,
ce dépistage doit être repensé en raison de la perte importante de pertinence du frottis cytologique chez les femmes
vaccinées. En effet, la prévalence des frottis anormaux
pourrait diminuer de 4 % à moins de 1 % et rendra inacceptable la faible sensibilité de la cytologie cervicale comme
outil de dépistage. Les techniques de biologie moléculaire
plus sensibles, par la mise en évidence du génome viral HPV
639
dans le tractus génital féminin, seront probablement préférées. Les modalités du dépistage (début, fin, intervalle
entre deux prélèvements) restent à préciser.
Quoi qu’il en soit, les lésions intraépithéliales cervicales
pourraient persister, à cause d’un défaut possible de couverture vaccinale ou de l’émergence des infections par
des HPV oncogènes autres que 16 ou 18. Les vaccins thérapeutiques ont alors une place pour rattraper les insuffisances de la vaccination prophylactique, si leur développement autorise un usage en routine dans les années qui
viennent. Dans ces conditions, la vaccination prophylactique et thérapeutique contre les HPV pourrait prévenir
quasiment tous les cas de cancers du col utérin.
Remerciements
Les auteurs remercient les Drs Martine Baudin et Valérie
Calenda (Transgene), Myriam Bouillette-Marussig (BTPharma) et Jean-Luc Taupin (CHU de Bordeaux) pour les
informations qu’ils ont bien voulu donner et pour leur lecture critique de cette revue.
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