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tion était faite à 18 et 27 mois. L’efficacité vaccinale était
de 100 %, IC 95 % : 47–100 % sur la prévention des infections
persistantes à HPV-16 et 18 lorsque le protocole était res-
pecté (p= 0,007) et de 95 %, IC 95 % : 64–99 % en intention
de traiter (p< 0,001). L’efficacité était de 93 %, IC 95 % :
70–98 % sur les anomalies cytologiques induites par les
HPV-16 et 18 (p< 0,001).
Le suivi de cette cohorte jusqu’à 4,5 ans confirme
l’excellente protection vis-à-vis des infections à HPV-16 et
18 et la bonne tolérance du vaccin [21]. Elle rend aussi
plausible l’hypothèse d’une réaction protectrice croisée
entre les différents génotypes oncogéniques. Plus de 98 %
des femmes ont développé des anticorps anti-HPV-16 et 18
dès le septième mois, avec un maintien de cette immunité
humorale au-delà de quatre ans. L’efficacité vaccinale était
de 94 %, IC 95 % : 63–100 % sur la prévention des infections à
HPV-16 et 18 persistant pendant six mois (p< 0,001) et de
100 %, IC 95 % : 34–100 % sur celles persistant pendant
12 mois (p= 0,006). L’efficacité était de 100 %, IC 95 % :
42–100 % sur les anomalies cytologiques supérieures à CIN
1 induites par HPV-16 et 18 (p= 0,003) et de 59 %, IC
95 % : 1–84 % pour les lésions induites par les 15 types
d’HPV à haut risque détectés par capture d’hybrides
(p= 0,032). En effet, l’HPV-45, phylogénétiquement proche
de l’HPV-18, semble être aussi couvert par ce vaccin biva-
lent avec une efficacité de 94 %, IC 95 % : 63–100 %. L’infec-
tion par HPV-31, phylogénétiquement proche de l’HPV-16,
est diminuée de 55 %, IC 95 % : 12–78 %. Les HPV-31 et 45
étant responsables à l’échelle mondiale de près de 10 %
des cancers du col de l’utérus, le taux de réduction de can-
cer par la vaccination serait plus proche des 80 % que des
70 % espérés initialement, si ces réactions de protections
croisées se confirmaient.
Vaccin quadrivalent HPV-6, 11, 16, 18
L’efficacité et la tolérance du vaccin quadrivalent ont été
démontrées dans une étude de phase II randomisée en
double insu incluant 552 femmes âgées de 16 à 23 ans [22].
Elles ont reçu trois doses de vaccin VLP L1 HPV-6, 11, 16,
18 Gardasil
®
ou un placebo par voie intramusculaire. Le
schéma d’administration était zéro, deux et six mois. Les
effets indésirables n’étaient pas différents dans les deux
groupes. Une évaluation était faite à 36 mois. Lorsque le
protocole était respecté, l’efficacité vaccinale était de
90 %, IC 95 % : 71–97 % sur la prévention des infections per-
sistantes à HPV-6, 11, 16, 18 et de leurs conséquences
(p< 0,001). Elle était respectivement de 89 %, IC 95 % :
70–97 % pour les infections persistantes (p< 0,001) et de
100 %, IC 95 % : 16–100 % pour les lésions cliniques
(p= 0,015), qu’ils s’agissent des CIN ou des verrues génita-
les. L’efficacité dépendait peu du type viral : elle était de
100 % pour les HPV-6 et 11, de 86 % pour l’HPV-16 et de 89 %
pour l’HPV-18.
En termes d’immunogénicité, les taux des anticorps anti-
HPV-6, 11, 16 et 18 au bout de deux mois étaient 12 à 26
fois plus élevés qu’avant vaccination, puis diminuaient sen-
siblement pour atteindre une phase en plateau (de l’ordre
de 100 mMU/ml) stable sur 36 mois [23]. En revanche, le
titre moyen des anticorps anti-HPV restait bas
(< 5 mMU/ml) dans le groupe placebo. Par ailleurs, les titres
obtenus après vaccination étaient significativement plus
élevés chez les adolescentes que chez les femmes adultes,
ce qui laisse présager une prévention efficace dès le plus
jeune âge.
Particularités des différents vaccins
Le vaccin quadrivalent permet une excellente protection
contre les condylomes acuminés puisque les génotypes 6
et 11 inclus dans le vaccin sont responsables de 90 % des
verrues génitales [11]. Les condylomes acuminés ne repré-
sentent pas une pathologie grave au sens vital, mais restent
un véritable problème de santé publique par ses implica-
tions psychologiques non négligeables, ses traitements sou-
vent multiples et ses récidives fréquentes. Par ailleurs, cer-
taines lésions intraépithéliales de bas grade sont induites
par ces génotypes à bas risque. Ainsi, ce vaccin pourrait
diminuer plus largement le nombre de frottis de bas grade
lors du dépistage postvaccinal. Enfin, la promotion du vac-
cin HPV implique une information des parents sur la préven-
tion des infections sexuellement transmises, en plus de
celle sur la prévention du cancer du col.
Le vaccin bivalent utilise un adjuvant original le ASO
4
qui
aurait la particularité de stabiliser les pseudoparticules
virales au cours du stockage et d’induire un pic de titre
d’anticorps avec de plus faibles doses d’antigènes, ce qui
a déjà été démontré avec le vaccin hépatite B [24]. Enfin,
le taux intéressant de protection croisée serait lié à l’adju-
vant [21]. Il faudra, toutefois, attendre le résultat des lar-
ges études en cours avec le vaccin quadrivalent qui utilise
comme adjuvant un classique sel d’aluminium, avant de
conclure à l’avantage du vaccin bivalent en termes de réac-
tions croisées.
Vaccination thérapeutique
Le but de la vaccination thérapeutique est de sensibiliser
les cellules immunocompétentes pour neutraliser l’infec-
tion HPV déjà installée et faire régresser les lésions précan-
céreuses, voire les cancers du col utérin.
Les vaccins thérapeutiques peuvent être formés à partir
de peptides libres, de protéines recombinantes, de virus ou
de bactéries recombinants associés à des gènes codant pour
certains types d’HPV, à partir de fragments de plasmide
ADN ou de cellules dendritiques sensibilisées par des anti-
gènes viraux. Tous stimulent l’immunité T cellulaire en pré-
sentant les antigènes vaccinaux à la surface des cellules qui
les ont intégrés en association avec les molécules HLA de
classe I ou II afin de stimuler respectivement les lymphocy-
tes T CD8+ et CD4+.
Les principales études évaluant l’efficacité vaccinale
chez les femmes ayant une lésion intraépithéliale de haut
grade sont rapportées dans le Tableau 2.
Vaccins peptidiques
Les vaccins peptidiques ont été testés chez des femmes
ayant une lésion cervicale intraépithéliale de haut grade
ou un cancer invasif dans des études de phase I-II [25,26].
Ces peptides codés par le gène E7 de l’HPV-16 sont immu-
Vaccination prophylactique et thérapeutique contre le papillomavirus humain 635