Métaphores et féeries

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Irisyne
Métaphores et féeries
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Yarie, une jeune étoile fière et brillante de la
Galaxie d’Andromède est destinée à un avenir
fabuleux. Son ami, le Soleil, lui a révélé son secret. Il est
temps pour elle de quitter ses sœurs célestes et
d’entreprendre un voyage extraordinaire. C’est ainsi
que débute ce recueil de nouvelles métaphoriques et ce
premier voyage qui nous emporte sur la Planète Bleue.
L’harmonie privilégiée qui règne entre le Soleil et la
Terre a créé l’existence de la Vie. C’est le message de
Yarie. Les fées et les êtres surnaturels nous rappellent
que la Terre est précieuse. La nature nous le crie.
Tandis qu’un séquoia géant âgé de 4000 ans,
« l’être vivant » le plus grand, le plus lourd et le plus
vieux du monde, nous rapporte ses souvenirs, ses
fissures et sa connexion perpétuelle avec les trois
niveaux du cosmos, les hommes recherchent sans cesse
un sens à leur vie. Discerneront-ils un jour dans cette
roue de l’existence qui tourne inéluctablement, la
merveilleuse perception de l’infini ?
La deuxième partie du recueil rassemble plusieurs
nouvelles qui nous invitent aux rêves et à
l’enchantement. Le dernier récit nous transporte dans
le monde des ténèbres. La mort y règne mais tout
naturellement, le conte s’achève avec un dernier
message : l’amour est plus fort que tout. Un être assoiffé
de vies, vampire de son état, l’a compris à ses dépens.
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Yarie
et le prodige de la planète bleue
A Yarie, Puja, mes filleules…
Elle ressemblait à une étoile, la juvénile Yarie,
nichée au sein d’une myriade de petits astres,
véritables pépinières disséminées en un halo diffus. Le
soir, en scrutant le ciel, on pouvait discerner sa douce
luminosité et celle de ses innombrables sœurs célestes
rassemblées par milliards dans la Galaxie
d’Andromède. La plupart d’entre elles, nées depuis
des millénaires, vivaient en couples, en trios et même
en groupes encore plus nombreux.
Dans l’écrin luminescent qui ceinturait la
nébuleuse, Yarie se détachait de l’essaim, fière et
brillante, brûlant d’un éclat particulier légèrement
bleuté. Au cours de sa jeune vie, elle avait acquis
toutes les connaissances sur la science du ciel et ses
merveilles, les mouvements célestes, le système
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solaire, son cortège de planètes et les mille secrets des
galaxies. Elle connaissait l’origine du monde, l’ayant
appris d’une étoile de la Voie Lactée, le Soleil, depuis
le big-bang jusqu’à cette formidable expansion de
l’univers qui, loin de ralentir, pouvait s’accroître
indéfiniment et de plus en plus rapidement.
Le Soleil était son ami. Ce vieillard de 4,6 milliards
d’années lui avait dispensé tout son savoir. Il avait tant
d’énergie à distribuer. Soucieux de l’instruire, il était
devenu son guide en l’initiant à l’astronomie et en lui
apportant les meilleurs enseignements pour accomplir
son chemin de vie stellaire.
Yarie avait appris à reconnaître les galaxies qui
peuplaient l’univers, évoluant ensemble dans l’espace,
leurs larges bras se déployant autour des nébuleuses.
Elle connaissait les noms des étoiles dont les parures
lumineuses se fondaient dans une palette de couleurs.
Telles bleues se nommaient Rigel et Régulus ; d’autres
comme Véga, Sirius et la belle Étoile Polaire se
différenciaient par leurs teintes opalines et nacrées.
Certaines flamboyaient d’un jaune éclatant comme le
Soleil tandis qu’Arcturus et Antarès incendiaient le ciel
par leurs nuances orangées et pourpres. Ces astres
lumineux accomplissaient leur destinée, les plus
massifs ayant une vie courte et une mort violente. Yarie
avait vu les derniers jours de ces opulentes étoiles
aspirées dans un tourbillon, leur lumière intense
disparaissant dans de gigantesques trous noirs.
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L’automne était la saison idéale pour découvrir les
merveilles du ciel. Émergeant de la tache laiteuse de la
Galaxie d’Andromède, Yarie contemplait les amas
stellaires disséminés près d’elle, le carré de Pégase,
Cassiopée et Persée. De temps à autre, des pluies
d’étoiles filantes esquissaient de petits traits lumineux
dans le ciel.
Après minuit et jusqu’au matin, ces gerbes
d’astéroïdes jaillissant des constellations, s’embrasaient
comme des feux d’artifices avant de se désintégrer.
D’autres objets célestes tels les comètes étaient
propulsés dans les profondeurs du cosmos. Ces boules
de glace et de poussières pourvues d’une longue
chevelure et parfois parées d’une queue étincelante
modifiaient sans cesse leur trajectoire, balayant
l’espace sur des millions de kilomètres.
En s’approchant du soleil, elles se réchauffaient et se
sublimaient comme la comète de Halley dont le dernier
passage datait de 1986. Yarie n’ignorait pas qu’après un
exil de 76 ans, cet astre renommé par ses apparitions
périodiques, traverserait de nouveau les galaxies.
Les nuits sans lune dévoilaient une spirale à cinq
bras, la Voie Lactée et nichés au sein de cette
nébuleuse nacrée, le soleil et un cortège de planètes.
Ces corps célestes ne scintillaient pas comme les
étoiles mais le soleil les éclairait lorsqu’ils tournaient,
les uns après les autres, autour de lui.
La troisième planète du système solaire intriguait
beaucoup Yarie. Vue depuis l’espace, après Mercure
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et Vénus, elle se singularisait par sa couleur bleue. Son
relief contrasté présentait des bassins océaniques
alternant avec des continents qui dérivaient en
surface. Cette planète bleue, c’était la terre.
Un satellite naturel argenté nommé « lune »
recouvert de fragments rocheux dont la surface avait
été bombardée par des météores, gravitait autour
d’elle. Du fait de leur proximité, une forte attraction
s’exerçait entre les deux astres. Aussi, lorsque la lune
passait devant le soleil, une ombre projetée sur la terre
produisait une éclipse pendant quelques instants.
En 1969, Yarie avait vu un étrange engin céleste
s’approcher de la lune. Très intriguée par ce module
spatial qui venait d’alunir, elle avait suivi cette épopée
historique avec intérêt. L’épisode le plus prodigieux
de cette aventure était survenu lorsque la jeune étoile
avait aperçu deux minuscules personnages revêtus
d’un scaphandre blanc sortir de l’habitacle. Elle avait
appris plus tard, par son ami le Soleil, que ces deux
astronautes étaient des terriens.
Leur facilité à se mouvoir dans l’espace en
sautillant par petits bonds et leur manière de
fragmenter les roches lunaires avaient beaucoup
amusé Yarie. Elle ne s’était pas lassée du spectacle
insolite apparu sur la mer de la Tranquillité qui était
devenue pour quelque temps, la base spatiale des deux
mystérieux explorateurs.
Pour la première fois, des hommes venaient de
fouler le sol d’une autre planète que la terre. Après
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avoir accompli leur expédition scientifique, les petits
terriens avaient repris les commandes de leur véhicule
interplanétaire puis décollant à vive allure, « Apollo
11 » avait sillonné l’encre noire du ciel lunaire.
Yarie pensait que ces petits hommes intrépides
manifestaient une grande soif de savoir. Avides de
curiosité pour l’univers, ils envoyaient de temps en
temps des flottilles de sondes dans le système solaire
pour approcher les planètes.
Leurs techniques d’exploration de plus en plus
performantes leur permettaient sans nul doute
d’approfondir leurs connaissances et de reconnaître
leur place dans le cosmos. Peut-être espéraient-ils
découvrir des intelligences extraterrestres ?
Depuis toujours, le Soleil portait une attention
bienveillante à la jeune étoile et lui prodiguait mille
conseils. Il ne se contentait pas de l’instruire mais il
présageait pour elle un destin fabuleux qu’il devait lui
dévoiler à l’aube de ce troisième millénaire.
Yarie qui avait grandi avec cette prophétie
s’impatientait de connaître son avenir. Le moment de
ces révélations était venu. Ceint de sa couronne
incandescente, l’astre du jour n’avait jamais été aussi
majestueux.
Sublime de splendeur et flamboyant, il lança un
de ses faisceaux lumineux en direction de sa protégée
qui se sentit aussitôt enveloppée d’une douce chaleur.
En quelques secondes à peine, il délivra son secret qui
atteignit le cœur même de l’étoile.
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Yarie avait eu soif d’entendre la vérité que le soleil
venait de lui confier mais au fond d’elle-même, elle en
avait toujours eu connaissance. Il était temps pour elle
de quitter la galaxie d’Andromède et de rejoindre la
Voie Lactée. Sa destinée devait l’emmener sur la terre.
Le voyage pouvait être périlleux. Il lui fallait éviter de
se désintégrer avant son atterrissage sur la planète
bleue comme les étoiles filantes qui explosaient à la
fin d’une course folle. Son désir de découvrir cette
planète mystérieuse était cependant si intense qu’il la
libérait de toutes ses peurs.
Au moment de son départ, elle jeta un dernier
regard autour d’elle. Elle contempla une dernière fois,
dans le cœur de la nébuleuse, ce foisonnement d’étoiles
brillantes et jaunâtres qui s’étalait comme une tache
allongée puis les milliers d’autres, plus jeunes, noyées
comme elle, en périphérie, dans un liseré bleuté.
Dans un élan prodigieux, Yarie se décrocha enfin
de la galaxie. Derrière elle, les constellations qu’elle
connaissait si bien s’éloignaient de plus en plus vite.
Leur diagramme semblait rapetisser jusqu’à devenir
de minuscules points lumineux.
Le petit astre s’approchait du système solaire. Le
spectacle était grandiose. Les planètes colorées
défilaient une à une sous ses yeux dans un univers
aussi scintillant qu’un coffret de pierres précieuses.
Yarie dépassa Saturne qui semblait virevolter
dans ses anneaux de givre. Elle s’approcha ensuite de
Jupiter. Ce bouclier céleste géant, criblé par des
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