FICHE PRATIQUE
LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 26 l N° 875 l FÉVRIER 2012
FICHE PRATIQUE
Complications vasculo-nerveuses :
– lésions du paquet axillaire, du nerf axillaire
et du plexus brachial ;
– rares (5-10 %) mais rendent indispensable
l’examen clinique minutieux des territoires
nerveux.
Atteintes cutanées : exceptionnelles et surtout
associées à des fractures ouvertes lors
de traumatismes violents.
RRadiographie de l’épaule
Clichés face et profil (fig. 1 et 2).
Précise le type de luxation :
– sous-coracoïdienne, la tête humérale est
luxée sous le processus coracoïde (fig. 3) ;
– extra-coracoïdienne, la tête est à cheval sur
le bord antérieur de la glène ;
– sous-claviculaire, la tête est en dedans
du processus coracoïde.
Recherche une fracture associée : du bord
antérieur de la glène, fracture-enfoncement
du bord postérieur de la tête humérale,
encoche de Malgaigne* (fig. 4), fracture
du trochiter ou de la tête humérale.
Par Kévin Cocquempot*, Nadia Yassin** * Service médical de la base aérienne 113, 52100 Saint-Dizier.
** Service d’accueil des urgences, HIA Percy, 92140 Clamart. k.cocquempot@gmail.com
Luxation antérieure de l’épaule
Différentes formes de luxations d’épaule :
– antérieure (sous-coracoïdienne),
la plus fréquente (95 %) ;
– postérieure : rare (4 %), plutôt dans
un contexte de crises d’épilepsie ;
– inférieure (erecta) : exceptionnelle et souvent
accompagnée de complications vasculo-
nerveuses et de rupture de la coiffe
des rotateurs.
Très fréquentes (60 % des luxations).
RDiagnostic
Mécanisme lésionnel plutôt indirect suite
à une chute avec réception sur la main, plus
rarement direct (choc postérieur sur le moignon
de l’épaule).
Déformation de l’épaule caractéristique :
– de face : signe de l’épaulette avec perte
du galbe de l’épaule, coup de hache externe
et abduction irréductible du bras (signe de
Berger) ;
– de profil : voussure dans le sillon delto-pectoral
correspondant à la saillie de la tête humérale
luxée.
Lésions associées : capsulo-ligamentaires,
du bourrelet glénoïdien, de la coiffe des rotateurs
avec possible atteinte des tendons.
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* Fracture-enfoncement du pôle supérieur et postérieur de
la tête humérale entre la calotte cartilagineuse et le trochiter,
par contact appuyé au moment de la luxation.
Fig. 1 et 2 – Luxation antérieure gléno-humérale
sous-coracoïdienne (face et profil scapulaire).
Fig. 3 – Tête humérale en avant, saillie de
l’acromion (signe de l’épaulette), vacuité de la
glène, bras en abduction et en rotation externe.
Acromion
Processus coracoïde
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FICHE PRATIQUE
RRéduction en urgence
Plusieurs techniques possibles.
Manœuvre de Milch :
– peu traumatisante, réalisable sans anesthésie
mais à faire précocement ;
– patient allongé et détendu : on porte en
élévation progressive le membre luxé jusqu’à
une flexion de 150°, une traction douce en
haut et en dehors est réalisée tandis qu’une
pression directe de la main sur la tête humérale
permet sa réduction.
Manœuvre d’Hippocrate :
– nécessite plus souvent une sédation ;
– traction dans l’axe du membre luxé, l’avant-
bras étant placé en supination et le coude
à 90°, et dans le même temps contre-traction
par un drap placé autour du thorax du patient.
Suivi
Toujours faire un contrôle radiographique après
réduction (fig. 4 et 5).
Immobiliser coude au corps pendant 3 semaines
chez le sujet de moins de 40 ans et 15 jours
au maximum pour les plus de 40 ans.
Rééducation de l’épaule indispensable, afin
de limiter les risques de capsulite rétractile.
RÉvolution
Satisfaisante pour les luxations antérieures.
Reprise des activités sportives : à envisager
progressivement dès la 3esemaine.
Instabilité chronique avec luxations
récidivantes
– complication la plus fréquente ;
– facteurs favorisants : âge (< 20 ans : 50 %
de récidives ; > 40 ans : 10 %), importance
du traumatisme initial et lésions anatomiques
occasionnées par la première luxation ;
– si luxations récidivantes : traitement
chirurgical de stabilisation par capsulorraphie
(intervention de Bankart) ou de butée osseuse
(intervention de Latarjet).
Raideur d’épaule par capsulite rétractile
et ruptures de coiffe : peuvent apparaître
à distance.
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RÉFÉRENCES
1. Hovelius L. Luxations antérieures. Conférences
d’enseignement de la SOFCOT n°56 : 228-37. Paris:
Expansion Scientifique Française; 1996.
2. Féron JM, Gleizes V. Luxations de l’épaule. In: Carli P,
Riou B, Télion C. Urgences médico-chirurgicales de l’adulte,
2eéd. Paris: Arnette; 2004: 671-3.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.
Fig. 4 et 5 – Clichés (face et profil)
après réduction de la luxation
antérieure. Fracture enfoncement
du bord supéro-externe de la tête
(encoche de Malgaigne, flèche).
Une épaule déplacée…
Tiphaine, 18 ans, est
amenée par ses parents
en consultation pour un
traumatisme de l’épaule
gauche. La patiente a
l’attitude classique des
traumatisés des membres
supérieurs.
L’anamnèse retrouve une chute dans les
escaliers avec réception sur la main, le bras
en abduction, rotation externe et rétropulsion.
À l’examen clinique : déformation de l’épaule
avec de face un signe de lépaulette et de profil,
une voussure dans le sillon delto-pectoral.
La palpation retrouve une vacuité de l’espace
sous-acromial et une abduction irréductible.
La radiographie confirme le diagnostic de
luxation antérieure de l’épaule (fig. 1 et 2).
Une manœuvre de Milch (photo) permet
sa réduction.
DR
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