Formations nouveaux programmes Bac Pro 2009

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De Vichy à la quatrième République
Il va s’agir pour nous, enseignants, de mettre en évidence ce qui, en lien avec les événements
internationaux, est à l’origine de Vichy et a conduit à la mise en place d’une république que l’on
voulait nouvelle. Il convient cependant, pour comprendre cette courte période, d’aller chercher dans
les années trente les causes qui conduisent à Vichy, tout comme il faut, pour comprendre la mise en
place de la quatrième République, prendre en compte l’histoire des années trente, ce que fut Vichy
et l’opposition que le régime suscita dans la Résistance, ainsi que les tensions politiques entre 1944
et 1946.
Le programme invite à s’appuyer sur trois situations historiques constituant des éléments majeurs
symboliques de notre histoire : la rafle du Vel d’hiv, Jean Moulin et l’unification de la Résistance, et le
programme du CNR. S’il est évidemment intéressant d’utiliser la portée symbolique de ces trois
« moments d’histoire », il est évident que l’on ne peut réduire l’histoire de 1940 à 1946 à ces trois
situations.
Nous sommes par ailleurs contraints par le temps, ce qui conduit à simplifier beaucoup une période
particulièrement dense. Il faut dès lors être particulièrement précis sur quelques grands repères
chronologiques, et s’attacher à utiliser des faits, des éléments, des moments particulièrement
porteurs de sens en tant que tel, et les uns par rapport aux autres.
L’essentiel étant de dégager sans caricaturer la logique qui conduit de la défaite de 1940 à la
Quatrième République, à travers Vichy et la Résistance.
1. Le facteur déclenchant : la défaite : une même analyse, des solutions différentes
La fulgurance de la défaite marque profondément les esprits, dans une France qui s’était préparée
pour une guerre de position.
La question, rapidement, est de déterminer s’il faut capituler : reconnaître militairement la défaite,
pour pouvoir continuer le combat à partir des colonies, ou s’il faut signer un armistice : reconnaître
politiquement la défaite.
Pétain et la plupart des cadres de l’armée refusent que l’armée soit marquée du sceau de l’infamie,
et préfèrent rejeter la responsabilité de la défaite sur le politique et la troisième République. Il est
d’ailleurs intéressant de noter que cette mise en cause de la troisième République est assez générale.
L’analyse parait donc commune, mais les solutions vont différer : révolution nationale pour s’inscrire
dans le nouvel ordre européen, préparation de la refondation de la république, après la victoire sur
l’envahisseur.
L’incrimination de la troisième République provient de l’histoire des années trente. La crise de 1929
entraine, à partir de 1932 des difficultés économiques. Le régime est sévèrement touché par les
affaires, dont l’affaire Stavisky, et les ligues d’extrême droite entretiennent une agitation
antiparlementaire, dont le point d’orgue sera la manifestation du 6 février 1934.
De plus, l’arrivée au pouvoir du Front populaire en 1936, ainsi que les premières grèves avec
occupation d’usine, la même année, contribuent à radicaliser l’extrême droite et à entretenir la peur
du bolchevik.
Raphael Vaudoin Lycée Jean Monnet Yzeure
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La France est également dans une situation démographique délicate : peu de naissance et une
population vieillissante, à cause de la saignée de la Grande Guerre. C’est aussi une France qui
s’urbanise : la société subit donc de profondes mutations.
Dans les années 20 le personnel politique est surtout pacifiste : « plus jamais ça », ce qui peut peutêtre constituer une des causes de la mauvaise préparation de la guerre. A partir de 1933-1934, le
front pacifiste éclate, avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler, et le changement de stratégie de l’URSS, qui
préconise désormais une alliance des partis de gauche contre le fascisme. On trouve parmi les
« munichois », une partie de la gauche hostile par principe à la guerre, et une droite néo pacifiste
pour qui Staline est un danger bien supérieur à Hitler.
Enfin, le contexte international attise les divisions intérieures : la guerre d’Espagne, sur laquelle le
Front populaire a une position ambiguë, et l’émergence agressive de l’URSS.
2. Le régime de Vichy : de la Révolution Nationale à la collaboration
2.1 La Révolution nationale
2.1.1
Se débarrasser de 1789
La Révolution nationale constitue une « revanche » sur la Révolution Française et sur l’idéologie des
lumières. A l’individualisme et au contrat social que proposent les Lumières, la révolution nationale
oppose une conception organiciste de la société : les individus sont des atomes, appartenant à des
entités naturelles, des corps, ou des communautés : la famille, la région, la profession et,
communauté suprême : la nation. On est donc très loin de l’idéal républicain. De plus, la Révolution
nationale est particulièrement critique vis-à-vis de la révolution industrielle (qui a permis
l’émergence de la classe ouvrière et la diffusion du marxisme), et promeut les valeurs d’une France
rurale et traditionnelle.
2.1.2
Exister dans la nouvelle Europe
Le nouveau régime a pour ambition de s’inscrire durablement dans le nouvel ordre européen : il
s’agit de profiter du « renouveau » européen pour changer l’ordre périmé, en s’inscrivant dans la
dynamique du fascisme et du nazisme : la révolution nationale ambitionne de trouver une troisième
voie, entre communisme et capitalisme. Ca n’est donc pas un retour vers le passé, mais bel et bien
un projet d’avenir.
2.1.3
Le syncrétisme doctrinal
Le corps doctrinale de la Révolution nationale provient d’un syncrétisme idéologique très droitier :
elle emprunte pour l’essentiel aux ligues : antiparlementarisme, haine de la démocratie,
antisémitisme, antimaçonnisme, xénophobie, nostalgie monarchique et ethnocentrisme proviennent
de l’Action Française ; le slogan Travail Famille Patrie a été emprunté aux Croix de Feu ; les idéaux de
devoir, de sacrifice, d’obéissance, de nécessité de servir sont fournis par les mouvements d’anciens
combattants ; et la droite catholique amène l’idée d’expiation et de rédemption. Enfin la révolution
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nationale est imprégnée par les thématiques et les formes d’action du fascisme, dont elle
reprend de nombreux éléments : dynamique révolutionnaire, volonté d’encadrer les masses,
importance du chef, folklore liturgique…ainsi que la volonté de remodeler la société, par la force si
nécessaire : Vichy est radicalement anticommuniste et n’hésitera pas à utiliser la violence et des
formes d’ingénierie sociale pour persécuter des catégories entières d’exclus (juifs, étrangers, réfugiés
espagnols).
2.1.4
Une dictature charismatique
Dès le 10 juillet 1940, Pétain promulgue 4 des 12 actes constitutionnels qui établissent sa dictature.
Le conseil des ministres devient purement formel, l’assemblée nationale est en congé, le conseil
national, créé en 1941 ne s’est jamais réuni, et les pouvoirs locaux sont désormais nommés par
l’exécutif.
2.1.5
L’administration : rouage essentiel du régime
A l’été 1940, l’idée de parti unique est rejetée. Le nouveau régime va s’appuyer sur l’administration :
Vichy, hostile aux fonctionnaires, va en augmenter le nombre, après épuration politique puis raciale.
L’intense activité législative de l’Etat français renforce la lourdeur bureaucratique.
2.1.6
Une propagande positive
La légion française des combattants, association d’anciens combattants, alternative au parti unique
est créée en aout 1940. Sa mission est de propager la Révolution nationale.
La propagande se fait classiquement par affiches et tracts, et surtout par la radio et le cinéma, qui
permettent de toucher une frange très importante de la population.
De plus, Vichy reprend les classiques du fascisme : rassemblement de masse, culte du chef, gestuelle
spécifique…Les déplacements de Pétain en province revêtent parfois une dimension quasi religieuse.
Enfin il est à noter que cette propagande est le plus souvent positive : on parle peu de « l’anti
France ».
2.1.7
Une nouvelle organisation économique
Dans le secteur industriel, Vichy met en place une économie planifiée, ce qui convient tout à fait aux
nazis. Les relations au sein de l’entreprise sont modifiées : le système pseudo corporatiste qui est mis
en place renforce de fait les pouvoirs patronaux.
Le retour à la terre est favorisé à travers des subventions et un remembrement. Il s’agit
officiellement d’enrayer l’exode rural, il s’agit officieusement de limiter le chômage urbain.
2.1.8
Un nouvel ordre moral
Vichy va utiliser des idées provenant des associations familiales catholiques à cause du contexte : il
manque 2 à 3 millions d’hommes retenus prisonniers, et la famille occupe une place centrale dans la
conception vichyste de la société.
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La famille va donc être soutenue par le régime : la fonction de père est valorisée (les pères de
familles nombreuses sont représentés dans les conseils municipaux des villes de plus de
200000). La mère au foyer est mise en avant, et les jeunes - l’avenir - sont pris en charge par le
régime : il s’agit de repérer et éduquer les chefs de demain, à travers les chantiers de jeunesse.
Il est enfin intéressant de remarquer que la réaction clérical des années 1940-1941 va disparaître une
nouvelle fois autour de la question scolaire et religieuse. Les acquis de la laïcité seront maintenus.
2.2 Collaboration et génocide
2 .2.1 Collaborer : une demande française
La politique de collaboration, voulue par le régime de Vichy répond à trois objectifs majeurs tout au
long de la période :
- Atténuer les effets de l’armistice (économiquement surtout)
- Maintenir le pays hors du conflit : rester neutre et négocier une place dans l’ordre européen
futur
- Rétablir la souveraineté nationale sur tout le territoire, pour pouvoir appliquer la Révolution
nationale à l’ensemble du territoire.
C’est ce troisième point qui engagera le plus Vichy dans la collaboration.
En effet, la collaboration est une demande du gouvernement français. Et cette collaboration
fluctuera en fonction des négociations et des objectifs, convergents ou divergents, poursuivis par les
deux partis.
L’Allemagne se contente en France d’une administration de surveillance, ce qui reste efficace grâce à
l’active collaboration française.
Les entretiens de Montoire, en octobre 1940, constituent le symbole de cette politique.
2.2.2 La France : un intérêt stratégique, en Afrique et au Proche Orient
En septembre 1940, les troupes loyalistes françaises résistent à Dakar à l’attaque anglo-gaulliste.
Hitler, intéressé par une stratégie méditerranéenne pour lutter contre l’Angleterre va être attentif
aux offres françaises, ce qui permettra à Vichy de renforcer son dispositif militaire en Afrique du
Nord.
En mai 1941 sont signés les protocoles de Paris : en échange d’une aide militaire au Proche Orient, la
France obtient la réduction d’un quart du montant des frais d’occupation, et la libération de 100000
prisonniers. Malgré ce quasi engagement militaire au côté du Reich, la France n’obtient pas le
rétablissement de sa souveraineté sur la zone occupée.
A partir de 1942, avec l’ouverture du front de l’est et l’entrée en guerre des USA, la France
n’intéresse plus les nazis sur le plan stratégique. La chance d‘obtenir une place de choix dans
l’Europe nouvelle se réduit. Pétain rappelle Laval (écarté depuis décembre 1940) en avril 1942, pour
relancer la collaboration.
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2.2.3 La quête de la souveraineté
Vichy est souvent contraint par l’occupant : les nazis imposent le contrôle des prix en 1940,
l’exécution d’otages en 1941. Mais pour donner l’illusion de l’initiative et de l’indépendance, Vichy
couvre la plupart des décisions de l’occupant par ses propres textes, légitimant ainsi le pire.
2.2.4 La collaboration économique
L’objectif, là encore, est d’obtenir une place dans l’Europe nouvelle. Vichy, qui met en place une
politique économique très dirigiste, va favoriser la production pour l’économie allemande dont
dépend pour une bonne part l’économie française, tout en essayant de limiter la pénétration des
capitaux allemands. Vichy favorisera également la spoliation des entreprises juives, en essayant de
maintenir ces richesses dans des mains françaises.
2.2.5 La violence d’état et la répression
Toutes les polices sont étatisées et centralisées. Les libertés sont suspendues, la population est
contrôlée, la presse est censurée en zone sud, et seule la presse favorable à l’occupant est autorisée
en zone nord.
La magistrature a été épurée, et de nombreuses juridictions d’exception sont mises en place,
notamment les sections spéciales pour réprimer les communistes et les résistants.
Vichy et les nazis partagent les mêmes ennemis : traque des communistes, des francs maçons, des
juifs, des étrangers, des résistants…de toute « l’anti France » (Maurras).
Le 21 aout 1941, l’attentat contre un soldat par les bataillons de la jeunesse du colonel Fabien
conduit à la mise en place par les nazis de la politique de représailles. Vichy essaiera de faire en sorte
que les otages soient juifs ou communistes, puis couvrira par des lois françaises cette politique
(création des sections spéciales pour juger les terroristes).
L’été 1941 constitue donc un tournant dans la collaboration policière : Vichy va coopérer en amont, à
la traque, plutôt que d’être à la remorque dans la politique de représailles.
2.2.6 De l’internement au génocide
En France comme dans le reste de l’Europe, le juif est le bouc émissaire commode aux maux
engendrés par le monde moderne. L’antisémitisme français s’appuie largement sur un sentiment
xénophobe. Ainsi, dans un premier temps, Vichy va distinguer les juifs français, qu’il faut seulement
exclure de la citoyenneté, et les juifs étrangers, qu’il faut exclure du pays.
Vichy va donc conduire une politique d’internement des étrangers : jusqu’en 1942, c’est le moyen
privilégié des politiques xénophobes. Après 1942, l’internement est une étape vers la déportation.
Vichy considère comme étrangers : les réfugiés juifs : 130000, les réfugiés espagnols et les membres
des brigades internationales restés en France : 125000, les réfugiés antifascistes allemands et
autrichiens : 20000, et ceux que le régime créé lui-même : les apatrides, les déchus de la nationalité :
15000 dont 8000 juifs. Les communistes sont aussi passibles d’internement.
Il est remarquable de constater que l’on compte avant 1942 15000 internés en zone Nord, et 50000
internés en zone sud.
Par delà la politique xénophobe, Vichy va participer au génocide car cela sert ses intérêts.
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Le 3 octobre 1940, Vichy promulgue le premier statut des juifs, qui vise à les exclure de la
fonction publique et des médias. Cette loi est inspirée par les lois de Nuremberg.
En 1941, à la demande de l’occupant, Vichy créé le commissariat général aux questions juives.
« L’acceptation » de cette nouvelle structure va permettre de relancer la collaboration, et de
désengorger les camps de zone sud des juifs étrangers.
Le 2 juin 1941 est promulgué le deuxième statut des juifs qui inclut la dimension religieuse, et qui
débouche sur « l’aryanisation »de l’économie (47000 entreprises spoliées).
Ce nouveau statut marque le début des persécutions physiques (premières rafles), et l’ouverture des
camps en zone nord.
Cependant les rafles massives émeuvent la population, et l’image du régime en souffre. En 1943
Vichy ralentit le rythme des arrestations et les déportations baissent. Le processus sera réenclenché
en 1944 par la milice.
2.2.7 La politique de la main d’œuvre
Vichy va couvrir toutes les réquisitions de travailleurs par une législation française.
La politique de la « relève » est mise en place en 1942. Elle consiste en l’échange de trois travailleurs
volontaires contre un prisonnier. C’est un échec, qui conduit à « transformer » un million de
prisonniers en travailleurs.
La loi d’orientation de la main d’œuvre, du 4 septembre 1942 permet la mobilisation des hommes
de 18 à 50 ans et des femmes de 21 à 35 ans pour tous les travaux jugés utiles dans « l’intérêt
supérieur de la nation » : 240 000 travailleurs partent en Allemagne.
En 1943, l’Allemagne réclame 250 000 autres travailleurs. Vichy créé alors le S.T.O.
Au total entre deux et trois millions de français ont travaillé pour le Reich, sous la contrainte le plus
souvent, mais dans un cadre juridique français résultant de la politique de collaboration.
La création du S.T.O. va contribuer à la perte d’influence de Vichy au profit de la Résistance. C’est en
effet le S.T.O. qui conduit environ 300 000 jeunes à entrer dans la clandestinité et transforme la
Résistance en mouvement de masse contre les nazis et l’état français.
Or dès l’automne 1942, suite au débarquement en Afrique du Nord, qui a entrainé l’invasion de la
zone libre et le sabordage de la flotte, nombre de cadres de l’armée ont délaissé le régime,
consolidant ainsi la dissidence qui devient une alternative crédible.
En quelques mois Vichy, qui se radicalise (Laval obtient les pleins pouvoirs) a tout perdu : la zone
libre, l’empire, la flotte et le soutien populaire.
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3. De Vichy à la quatrième république
3.1 Aux origines de la quatrième république : résister à Vichy et à l’Allemagne nazie : la
mise en place, puis l’unification des mouvements de Résistance
3.1.1
Les premières résistances
Les premières résistances sont le fait d’hommes seuls, ou de petits groupes, et prennent la forme de
publication : tracts, ébauches de journaux…
A Londres, de Gaulle cherche le ralliement de responsables civils ou militaires. Devant la défaillance
des élites, il prend les affaires en main et œuvre pour la création rapide d’un gouvernement
provisoire, appuyé sur les colonies non soumises à Vichy (AEF), afin de s’inscrire dans la continuité de
la troisième République et de préparer l’après Vichy.
En métropole, progressivement, les réseaux se constituent sur des bases relationnelles classiques : le
réseau du musée de l’Homme est fondé dès l’automne 1940.
Combat (Frenay, de Menthon) nait d’une fusion en novembre 1941.
E. d’Astier de la Vigerie fonde Libération en juillet 1941 à Clermont Ferrand. Le mouvement est très
marqué à gauche, structurellement plus léger que Combat, et davantage porté sur l’action politique.
Pour d’Astier le rôle des résistants est de susciter et d’encadrer le futur soulèvement populaire.
Franc-Tireur est né à Lyon fin 1940, avec des patriotes d’horizons très divers.
En zone nord, quatre mouvements principaux survivent à la répression : Ceux de la résistance (CDLR),
Ceux de la libération (CDLL), l’OCM, et Libération Nord.
Jusqu’en 1941, liés par le pacte germano-soviétique, les dirigeants communistes refusent de prendre
part à une guerre « impérialiste » et de s’allier à « la pseudo résistance gaulliste, jouet du capitalisme
britannique ».
Quelques communistes cependant, à l’image de Guingouin en Limousin ou de Tillon à Bordeaux,
appellent à la lutte antinazie e s’engagent dans la Résistance.
En juin 1941 la donne change avec l’attaque allemande contre l’URSS : le PCF créé le Front national et
appelle à la constitution d’un large front antifasciste et anti allemand.
Enfin d’autres petits groupes existent également, et la plupart ont une voire plusieurs publications.
En effet, il faut d’abord gagner l’opinion, avant de pouvoir engager l’action.
Cependant, certains de ces premiers résistants, dont Frenay, ont une analyse assez proche des
vichystes quant à la situation : il est nécessaire de rejeter les tares de la troisième République et de
redresser politiquement et moralement le pays. S’il y a désaccord, c’est sur la méthode : ces hommes
s’opposent à la Révolution nationale, mais espère en Pétain. Il faudra attendre 1942 pour que la
propagande de la Résistance s’en prenne violemment au maréchal.
L’invasion de l’URSS en juin 1941 constitue un tournant, en précipitant les communistes dans la
lutte : les anticommunistes deviennent moins nombreux dans la Résistance. Les mesures antisémites
et antirépublicaines, et la persévérance dans la collaboration détacheront ces hommes de la
personnalité du maréchal.
Raphael Vaudoin Lycée Jean Monnet Yzeure
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3.1.2
Vers l’unification
En Afrique, fin 1942, début 1943, de Gaulle « se bat »contre les américains pour obtenir la création
d’un gouvernement provisoire. Dans cette perspective, il a besoin de l’unification des mouvements
de résistance, qui contribuera à le légitimer. En effet, le fondement de la France libre repose sur la
fiction politique que la nation toute entière participe à la lutte.
En métropole, les motifs poussant à l’union ne manquent pas. Les mouvements de résistance ont
besoin d’armes et d’argent. Ils ont besoin de mieux résister à la répression. Et la réapparition des
partis politiques - peu en cours auprès des mouvements – en apportant de la légitimité, favorise
l’unification et la mise en place d’un jeu d’influence à trois : la France libre, les mouvements, les
partis.
3.1.3 La création des M.U.R.
Entre janvier 1942 et janvier 1943, Jean Moulin, parachuté en France, œuvre en zone sud à
l’unification des mouvements et à l’installation d’une délégation générale de la France libre.
Il s’agit d’abord d’unifier les services communs des mouvements, ce qui débouche sur la création de
nombreuses structures : section des atterrissages et parachutages, service radio, bureau
d’information et de presse, Comité général d’études (CGE) chargé de définir les mesures législatives à
prendre à la libération.
Il s’agit ensuite de fusionner les effectifs militaires dans une armée secrète (AS), prélude à
l’unification des trois grands mouvements.
Enfin en janvier 1943 sont créés les M.U.R. dirigés par J. Moulin. Frenay s’occupe des affaires
militaires, d’Astier des affaires politiques, Lévy (Franc-Tireur) de la sécurité et du renseignement.
En zone Nord, jusqu’en 1943, l’unification reste compliquée : les petits réseaux sont nombreux. Il
faut attendre avril 1943 pour que les forces militaires des cinq grands groupes soient versées dans
l’AS.
3.1.4
Le CNR
En parallèle à la création du CFLN (Comité Français de Libération Nationale), la France libre œuvre à
la création du Conseil National de la Résistance (CNR). De Gaulle souhaite en faire un embryon de la
représentation nationale, et l’expression des diverses tendances de la Résistance. Elément de
l’exécutif, il sera chargé de faire appliquer en France les décisions du CFLN. Pour de Gaulle, le CNR est
un outil de légitimation.
La réintroduction des partis dans le jeu politique est au départ un obstacle : les mouvements n’y sont
pas favorables, jean Moulin s’y opposera jusqu’en 1943. La droite, discréditée en juin 1940, n’aura
qu’un seul représentant.
Le 27 mai 1943, le CNR tient sa première réunion à Paris.
Ce nouvel organe se retrouve chargé de nombreuses ambitions, naturellement divergentes : pour les
M.U.R. et les partis, le CNR est le futur gouvernement de la libération, et son programme est conçu
comme une charte de gouvernement.
Pour le PCF, engagé contre de Gaulle dans la lutte pour le pouvoir, le CNR est, à condition de le
contrôler, un potentiel rival du CFLN.
Se met donc en place un jeu subtil, entre le CFLN, le CNR, les M.U.R., le PCF et les partis.
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Les mouvements, hostiles aux partis et farouchement indépendants s’opposent à de Gaulle.
Pour résister au CFLN, ils s’allient avec le PCF, qui lui cherche à pénétrer les structures de la
Résistance pour noyauter le pouvoir à son profit. A l’été 1943, les mouvements comprennent la
manœuvre du PCF, mais ils ne parviendront pas à créer une structure autonome viable.
Ces tensions se traduisent notamment par des « chevauchements de compétence » entre les
représentants du CFLN et le CNR. A la libération, les M.U.R. ne sont plus les acteurs dominants de la
Résistance, ce qui va avoir des conséquences politiques non négligeables.
3.2 Préparer l’après guerre : rétablir la France dans le concert des nations, et créer une
France nouvelle
3.2.1
Préparer l’avenir
Dès décembre 1941, de Gaulle créé des commissions d’étude des problèmes de l’après- guerre.
En zone sud, chaque mouvement développe assez rapidement des organes de réflexion, et fait
connaitre ses projets par sa presse. On assiste alors au développement d’une presse clandestine de
réflexion et d’analyse : Après (Combat), Les Cahiers de la Libération (Libération-Sud), la Revue Libre
(Franc-Tireur).
L’action de Jean Moulin, à partir de 1942 conduit à la structuration et à la centralisation, à partir de
Londres de cette réflexion.
En février 1943 est créé le Comité Général des Etudes (CGE), dont la fonction est d’étudier les grands
dossiers de la libération : épuration, nationalisation, réforme de l’état, préparation de la nomination
des préfets. Le CGE diffuse ses idées à travers Les Cahiers Politiques. Mais le CGE est sous le feu de la
critique : trop « londonien » pour les mouvements, trop à droite pour les communistes, trop
démocrate chrétien pour la gauche…
3.2.2
« Achever 1789 »
Dans la résistance, la réflexion sur les causes de la défaite, dès 1940-1941, met en lumière la faillite
des élites (même lecture que Vichy), et la nécessité de « reconstruire » avec des hommes nouveaux,
issus des mouvements.
On remet donc rapidement en cause le système éducatif, qui, à l’avenir, devra former de véritables
élites.
Les mouvements, fortement investis par les socialistes et les communistes, baignent dans un
anticapitalisme virulent (y compris les résistants de droite) : rejet des trusts, des féodalités
économiques, attisé par la collaboration économique de Vichy. L’idée de la nécessaire intervention
de l’état dans l’économie, à travers la planification et la nationalisation est largement répandue.
Enfin la nécessité d’engager d’importantes réformes sociales « pour libérer l’homme » est
globalement admise, et se retrouvera dans le programme du CNR.
Mais cet élan socialiste et humaniste va se briser en 1943-1944 avec la réapparition des partis et la
résurgence des fractures traditionnelles de la vie politique française.
Raphael Vaudoin Lycée Jean Monnet Yzeure
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3.2.3
Les enjeux de la libération
Ces enjeux sont évidemment politiques. Pour les mouvements comme pour le PCF, une insurrection
populaire armée garantirait leur légitimité pour prendre le pouvoir. Pour de Gaulle et le CFLN, il est
plus urgent d’attendre : il vaut mieux convaincre les alliés de l’intérêt militaire de la Résistance (le
premier février 1944 sont créées les FFI, regroupant l’ensemble des groupes militaires de la
Résistance), pour participer à la libération et éviter un gouvernement allié d’occupation, et contenir
les ardeurs révolutionnaires pour récupérer le pouvoir. Le CFLN va donc soutenir une insurrection
encadrée, accompagnant l’avancée des alliés.
La libération de Paris concentre les tensions politiques. Paris ne fait pas partie des plans des alliés. De
Gaulle et la Résistance intérieure s’accordent sur la nécessité d’une insurrection qui pourrait modifier
ces plans.
Pour de Gaulle, c’est l’occasion d’imposer définitivement le GPRF aux américains. Mais il est capital
de contrôler l’insurrection, pour éviter une prise de pouvoir dans la capitale par les communistes de
Rol Tanguy. Le comité parisien de libération appelle à l’insurrection le 18 aout. L’ordre de
mobilisation générale est donné le 19 pour ne pas laisser l’initiative aux communistes. De Gaulle
obtient l’envoi de la deuxième DB, et le 25 von Choltitz capitule.
De Gaulle, à l’hôtel de ville, refuse de proclamer la république, imposant ainsi la continuité hors de
Vichy de l’état républicain. L’ordonnance du 9 aout 1944 rétablit la légalité républicaine sur le
territoire : en droit, la République n’a jamais cessé d’exister.
Entre le 14 et le 18 septembre 1944, de Gaulle voyage beaucoup pour faire reconnaître son autorité.
En effet, les représentants du GPRF ont du mal à s’imposer aux maquis du sud.
Enfin le 9 septembre a été composé un gouvernement de large union, incluant les communistes.
L’épuration est maitrisée, les alliés reconnaissent le GPRF, la France pourra participer à la victoire
finale et retrouver son rang.
4. Les débuts de la quatrième : une république ambivalente
4.1 L’échec de la résistance
4.1.1
Des divergences trop fortes
Les tensions sont vives, à la libération, autour de trois questions majeures : les nationalisations, la
laïcité, et la réforme de l’état.
Le programme économique du CNR – que de Gaulle refuse de reconnaître – a été rédigé de façon
suffisamment flou pour pouvoir évoluer.
La question scolaire sera la pierre d’achoppement entre les M.U.R. et les socialistes pour la création
d’un grand parti travailliste.
Quant à la réforme de l’état, si tout le monde est favorable à la démocratie libérale, la question de la
répartition des pouvoirs divise : les résistants sont plutôt favorables à un renforcement de l’exécutif,
ce à quoi les partis opposent la tradition républicaine française, hostile à un exécutif fort.
Enfin la question du suffrage divise plus que jamais : les radicaux, toujours anticléricaux sont opposés
au droit de vote des femmes, et la crainte de l’influence rouge sur la jeunesse résistante conduit au
rejet de la majorité à dix huit ans.
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4.1.2
L’échec de la refondation partisane
Le procès de Riom a constitué un premier pas vers la réhabilitation des partis :Blum et Daladier
défendent avec brio le bilan militaire du Front Populaire. En novembre 1942, dans un courrier à de
Gaulle, Blum défend l’idée qu’il ne peut y avoir de démocratie sans partis, et rallie la SFIO à la France
libre. A la fin 1942, les radicaux, les démocrates-chrétiens, la droite ainsi que le PCF se sont ralliés à
de Gaulle.
Les mouvements, qui ne peuvent éviter la réintroduction des partis dans le jeu politique, vont
souhaiter en limiter le nombre, par souci d’efficacité. Se développe alors l’idée d’un grand parti
travailliste, issu des M.U.R., pivot d’une démocratie tripartite, entre la droite et le PCF.
Mais les mauvaises relations entre les mouvements et les socialistes, ainsi que la réaffirmation des
dogmes marxiste et anticlérical feront échouer le projet, entrainant ainsi l’orientation à droite du
MRP, nouveau parti créé par la résistance chrétienne.
Le PCF ne tentera finalement pas de prendre le pouvoir : les accords secrets Churchill Staline de
partage de l’Europe maintiennent la France hors de la sphère communiste. De plus, de Gaulle
accepte le retour de Thorez, à condition que le PCF change d’attitude, ce qu’il fera en se lançant dans
la bataille de la production.
Enfin, les élections de 1945 marquent le grand retour des partis : les hommes de la résistance sont
balayés, et nombre d’entre eux quitte la vie publique.
La résistance n’a pas réussi à sublimer les clivages traditionnels.
4.2 Reconstruire, réformer, moderniser, rénover, démocratiser
4.2.1
Vers la République démocratique et sociale
Il s’agit avant tout de refonder le pacte républicain.
L’ordonnance du 21 avril 1944 donne le droit de vote aux femmes et aux militaires en activité. L’ENA
va être créée, afin d’homogénéiser la formation des hauts fonctionnaires et de démocratiser leur
recrutement.
La révolution française et la troisième république constituent les bases de la démocratie politique.
On se propose alors de les compléter par une démocratie sociale : la déclaration des droits de
l’homme et du citoyen du 26 aout 1789 est prolongée, dans le préambule de la constitution du 27
octobre 1946 par la reconnaissance de droits économiques et sociaux.
L’exigence de dignité et de solidarité se traduit par la mise en place de la sécurité sociale, de
politiques natalistes, et de l’état-providence.
La sécurité sociale est pensée comme un élément de cohésion nationale, et constitue un point
important du pacte républicain. C’est l’avènement de la république démocratique, et sociale.
La volonté de créer un nouvel ordre social, ou la négociation l’emporte sur la confrontation, conduit
à la participation des salariés à la gestion des caisses d’assurance maladie, et à la création des
comités d’entreprise.
Il s’agit désormais d’éviter les divisions qui étaient, pense-t-on, les responsables de la défaite.
Raphael Vaudoin Lycée Jean Monnet Yzeure
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4.2.2
Réorganiser l’économie
Il existe, à la libération, un consensus sur la nécessaire intervention de l’état dans l’économie. La
réflexion sur la crise des années trente débouche sur l’idée que l’économie est quelque chose qui se
construit, ce qui nécessite des outils de prospective : l’INED est créé en 1945, l’INSEE en 1946.
Le 3 janvier 1946, le commissariat général au plan prend en charge la gestion de la pénurie, la
reconstruction, et la modernisation de l’économie.
Par souci d’efficacité, et dans le but de lutter contre les «féodalités économiques », l’état nationalise.
Il se dote du monopole de l’énergie : EDF, GDF, et les Charbonnages de France sont constitués. Une
large partie du crédit passe sous son contrôle : la Banque de France, le Crédit Lyonnais la Société
Générale, CNEP, BNCI…, ainsi que des assurances. L’industrie d’armement est nationalisée. En fin
Renault et Berliet sont confisqués, pour motif de collaboration active.
En 1945 – 1946 se met en place une économie mixte.
4.2.3
Vers la rénovation des institutions
Nombreux sont ceux qui considèrent les institutions de la troisième République et la classe dirigeante
d’alors comme responsables de la défaite.
Les résistants espèrent une république efficace et démocratique, servie par des partis peu nombreux
et par un personnel politique issue des élites de la Résistance. C’est compter sans le retour des partis.
Le « parti des 75000 fusillés » tire les bénéfices de son action dans la résistance : 800 000 adhérents
en 1946. Il tient un discours national et patriote, et se présente comme un parti gestionnaire, engagé
dans la reconstruction.
La SFIO est elle aussi dans une bonne dynamique : les proximités idéologiques avec le programme du
CNR sont nombreuses. Elle bénéficie aussi de son action dans la Résistance, mais elle est un peu
écrasée par l’encombrant parti communiste.
Le parti radical est trop identifié aux tares de la troisième République pour avoir « droit de cité »
avant l’éclatement du tripartisme.
Enfin, la droite est en miettes, et aura beaucoup de mal, tout au long de la quatrième République, à
se remettre sur pied.
Face à la revitalisation des vieux partis que sont le PCF et la SFIO, les mouvements de résistance se
retrouvent devant une alternative : faut-il créer du neuf, ou investir les anciens partis pour les
rénover de l’intérieur ?
On s’oriente dans un premier temps vers la création d’un grand parti travailliste. Mais l’échec des
négociations donne naissance à la minuscule UDSR (Union Démocratique et Socialiste de la
Résistance), et au MRP, qui se présente comme un parti de gauche, comme le parti de la résistance
chrétienne, comme la formation la plus proche du général de Gaulle, et donc la plus à même de
limiter l’influence du PCF.
La compétition électorale peut s’engager.
Raphael Vaudoin Lycée Jean Monnet Yzeure
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4.3 La difficile rénovation institutionnelle
4.3.1
Le rejet de la troisième république
Les élections législatives du 21 octobre 1945 sont les premières depuis 1936. L’élection est précédée
d’un referendum voulu par de Gaulle : la première question porte sur la fonction constituante de la
future assemblée, la seconde sur l’approbation d’une organisation des pouvoirs publics, visant à
limiter le pouvoir de la constituante par rapport au GPRF, afin de contrôler l’influence communiste.
L’assemblée sera constituante, et la deuxième question obtient également une large majorité. La
troisième République est rejetée.
Le PCF, la SFIO et le MRP obtiennent 75% des suffrages. Le PCF et la SFIO ont la majorité absolue.
L’UDSR n’a que trente députés. Et le MRP a lui attiré les voix de la droite et du centre gauche.
La nouvelle assemblée entre rapidement en conflit avec de Gaulle sur la question de la primauté de
l’assemblée ou du gouvernement. L’assemblée est élue, le GPRF non. De Gaulle dénonce le régime
des partis et claque la porte le 20 janvier 1946, marquant de fait la fin de l’union nationale autour des
idéaux de la Résistance.
4.3.2
Le rejet du premier projet constitutionnel
Le 23 janvier 1946, à l’initiative de la SFIO qui refuse d’être enfermée dans la majorité avec le PC, la
SFIO, le PCF et le MRP signent un « pacte de non agression » : la charte du tripartisme, qui doit
permettre la rédaction d’un projet constitutionnel. Le socialiste Félix Gouin remplace de Gaulle à la
tête du GPRF, et arbitre entre des ministres qui ne sont que les délégués de leur parti.
Le 19 avril 1946, l’assemblée adopte à une assez faible majorité (309 contre 246) un premier projet
qui prévoit un régime parlementaire : une assemblée unique, qui élit le président de la République, le
président du conseil et les ministres, et qui vote les lois et le budget.
Ce projet présente trois innovations majeures : la déclaration des droits incluant les droits
économiques et sociaux, la création du Conseil supérieur de la magistrature, et la création d’un
conseil de l’union française, purement consultatif, donnant son avis sur les projets de loi concernant
l’empire.
Ce projet est rejeté lors du référendum du 5 mai 1946 : 53% de non.
4.3.3
Une constitution adoptée « au tiers »
Le 2 juin 1946 une nouvelle constituante est élue. Le MRP, tirant parti de sa résistance au PCF
devient, avec 169 sièges la première force de la nouvelle assemblée.
G. Bidault devient le président du GPRF.
Tout au long de l’été, de Gaulle présente sa vision de ce que devraient être les nouvelles institutions :
deux chambres, séparation des pouvoirs et exécutif fort. Il met ainsi en porte-à-faux le MRP, qui
préférera finalement éviter la rupture avec le PCF, isolant par suite le général.
Le 29 septembre, le nouveau projet, très proche du précédent est adopté par 440 voix contre 106.
Le 13 octobre 1946, il est approuvé par 36% des français, un tiers ayant voté contre et un tiers
s’étant abstenu.
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Dans ce nouveau projet, le parlement est composé de deux chambres : l’Assemblée Nationale,
élue pour cinq ans au suffrage universel direct. Elle vote seule la loi, dispose de son ordre du
jour et de son règlement, et est permanente.
Le Conseil de la République est le fruit d’un compromis entre le PCF et le MRP : c’est une chambre
de réflexion dont les conseillers sont élus au suffrage indirect.
Le président est élu pour sept ans par les deux chambres réunis en congrès à Versailles.
Le président du conseil devient le chef de l‘exécutif, et de la majorité parlementaire : il est désigné
par le président et investi par l’assemblée, ce dont on espère une stabilisation. Le président du
conseil peut être renversé par une motion de censure, ou par le refus de la confiance.
4.3.4
La fin du tripartisme et l’échec de la rénovation des institutions
La nouvelle assemblée nationale est élue le 10 novembre 1946. La SFIO décline, le MRP connaît un
léger repli, le PCF atteint des sommets, et les modérés, et surtout les radicaux font leur retour. Le
RGR (rassemblement des Gauches Républicaines), constitué autour des radicaux et de l’UDSR
dénonce le tripartisme.
Le 16 janvier 1947, Vincent Auriol est élu président de la République.
Le 5 mai 1947, les communistes quittent le gouvernement Ramadier à cause de la guerre en
Indochine : la Guerre Froide surgit au cœur de la vie politique française, marquant la fin du
tripartisme, qui de toute façon avait vécu : la trêve nécessaire quand tout était provisoire n’avait plus
lieu d’être.
Or la constitution avait été élaborée pour le tripartisme. L’hostilité du PCF et du gaullisme au régime,
les nombreux petits partis, le maintien des pratiques politiques issues de la troisième République :
utilisation abusive de la confiance, peu de discipline de vote à l’exception du PCF, ont contribué à
l’échec rapide de ces nouvelles institutions.
Quelle que soit la démarche adoptée, il s’agit surtout de bien mettre en évidence quelques points
fondamentaux : l’ampleur du rejet de la troisième République, en lien avec l’histoire des années
trente, les ambitions révolutionnaires, tant à Vichy que dans la Résistance, et le fait que ces deux
« tendances » se nourrissent de leur opposition, la lutte pour le pouvoir, entre de Gaulle, le PCF et les
mouvements de Résistance, l’échec de la Résistance à se constituer en force politique viable quand la
« situation extraordinaire » prend fin, et son influence sur la « socialisation » de la démocratie.
Tels sont les phénomènes qui permettent, à partir de la défaite, de comprendre comment l’on passe
de Vichy à la quatrième République.
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