Dermatologie - Citadoc

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I n f o r m a t i o n
m é d i c a l e
à
l ’ a t t e n t i o n
d e s
m é d e c i n s
g é n é r a l i s t e s
) Nos nouveaux médecins
) News
) Focus
Le CIRF : stimuler la recherche
et la compétence
Dossier
Dermatologie
Janvier 2017
Nouveaux médecins
Nos nouveaux médecins
Le CHR rassemble, sur ses différents sites,
une multitude de professionnels de la santé dont
les expertises se conjuguent pour servir au mieux
les intérêts des patients.
Nous vous présentons ici les derniers médecins arrivés
au sein de notre communauté. Bienvenue à eux !
) Dr
Aurélie ADAM
) Dr
Lydiane HOUBEN
Site : Citadelle
Spécialisation : Pédo-psychiatrie
Site : Citadelle
Spécialisation : Dentisterie
) Dr
Site : Citadelle
Spécialisation : Pneumologie
) Dr Aurélie JASPERS
Site : Citadelle
Spécialisation : Hématologie
) Dr
) Dr
Adriana ANDRIESCU
Marie-Agnès AZERAD
Site : Citadelle
Spécialisation : Hématologie
) Pr Yves
BEGUIN
Sabrina JOACHIM
Site : Citadelle
Spécialisation : Soins Intensifs - Cardiologie
) Dr
Simon LEMPEREUR
Site : Citadelle
Spécialisation : Hématologie
Site : Citadelle
Spécialisation : Chirurgie orthopédique
) Dr
) Dr
Florence CARVELLI
Site : Citadelle / Valdor
Spécialisation : Dentisterie
) Dr
Anne-Sophie CROCHELET
Céline MERINDOL
Site : Citadelle
Spécialisation : Gynécologie
) Dr
Caroline PIRENNE
Site : Citadelle
Spécialisation : Pédiatrie - Cardiologie pédiatrique
Site : Citadelle
Spécialisation : Gastro-entérologie
) Dr
) Dr
Nicoleta DOROFTEI
Site : Citadelle / Valdor
Spécialisation : Endocrinologie
) Dr
Laurie HENRY
Site : Citadelle
Spécialisation : Gynécologie
Catherine SIBILLE
Site : Citadelle
Spécialisation : Biologie Clinique
Edito
Sommaire
Chères Consœurs,
Chers Confrères,
Je vous invite à découvrir ce nouveau numéro du Citadoc. Le CHR
continue à s’engager dans la voie de la modernité et se positionne
en phase avec les changements de notre société. En témoignent
la refonte totale de notre site internet et la mise en route d’une
gestion des rendez-vous online pour vous et vos patients.
Le CHR est aussi récompensé pour ses innovations tant dans le
domaine de l’informatique médicale que dans ses processus de
soins. Cette modernisation se reflète également dans les techniques
médicales, ainsi que vous le découvrirez au fil de ces pages, en
ophtalmologie, en neurochirurgie et en soins intensifs. Toutes ces
innovations ne sauraient exister sans des investissements dans la
recherche et le développement, raison pour laquelle l’asbl Citadelle
Recherche et Formation (CIRF) a été fondée il y a plusieurs années.
La dermatologie clinique, discipline médicale ancrée au CHR
depuis son origine, fait l’objet de notre dossier central. La peau est
en effet à la fois le reflet du bon état de marche de notre organisme
mais possède aussi une valeur sociale croissante vu son exposition
aux regards. Le Service de Dermatologie du CHR est diversifié et
présente une expertise confirmée notamment pour la chirurgie, le
laser et la photothérapie tant au niveau clinique qu’esthétique. Des
consultations multidisciplinaires sont également organisées et
disponibles à la demande des médecins-traitants. Parmi celles-ci,
pointons tout particulièrement les consultations de dermatopédiatrie qui s’appuient sur l’important pôle pédiatrique de notre
hôpital.
Bonne lecture,
Dr J. L. Pepin, Directeur médical
2 News
4 Focus
Le CIRF :
stimuler la recherche
et la compétence
8 Dossier
Dermatologie
9 ) 30 ans de dermatologie clinique
à l’hôpital de la Citadelle
Information médicale à l’attention des médecins généralistes
) Septembre 2016
12 ) La dermatite atopique touche
fréquemment les enfants
14 ) La gale, contagieuse mais inoffensive
Éditeur responsable : Dr Jean Louis Pepin
Gestion du projet et réalisation graphique : PYM
>
Coordination rédactionnelle : Hugo Klinkenberg
> Équipe de rédaction : Jenifer Devresse, Hugo Klinkenberg, Philippe Lambert
16 ) Le prurit du sujet âgé, un motif récurrent
de consultation
Comité de rédaction : Nicolas Berg, Laurent Collignon, Christian Gillard,
Frederic Goffin, Eric Lecoq, Jean-Michel Leva, Jean-Paul Misson, Jean Louis Pepin,
Jean-Marc Senterre, Xavier Warling
19 ) Dermatopédiatrie :
infections fréquentes en pratique
Coordination au CHR : Service Communication
Crédit photos : Aurélie Bastin, Shutterstock
Merci à toutes celles et ceux qui ont contribué à la réalisation de ce numéro !
CHR de la CITADELLE - Boulevard du 12e de Ligne, 1 - B-4000 Liège
Tél. 04 225 61 11
www.chrcitadelle.be
1
News
News
Le CHR lauréat
du Prix de
l’Innovation 2016
MyCHR Pro,
un portail
à votre service
En route vers le "Smart Hôpital" !
En matière d’innovations technologiques, le CHR se distingue…
Et remporte le prestigieux Prix
Patient Numérique de l’Innovation pour sa plateforme d’applications mobiles "Citago". Soit
une série d’applications sur Smartphones destinées à améliorer le suivi des patients et la communication
entre les différents intervenants,
depuis l’hôpital jusqu’au patient en
passant par le médecin traitant.
Le projet met déjà en œuvre trois
applications dédiées au suivi des
migraines, au suivi du diabète et à
l’accompagnement psychiatrique
en ambulatoire. Le principe ? Chacune de ces "Apps" permet l’enregistrement par le patient d’une série de
données utiles au suivi de la maladie. Celles-ci sont ensuite intégrées
dans son dossier médical sécurisé,
accessible au personnel soignant.
Amenée à se développer, cette
nouvelle technologie rend déjà de
grands services pour la prise en
charge de patients de plus en plus
responsables de leur santé.
Spécialement conçu pour rencontrer les attentes des généralistes et
les mettre facilement en lien avec
le CHR, le portail MyCHR Pro propose plusieurs e-services, dont la
prise de rendez-vous directement
dans l’agenda des médecins.
Accessible depuis la page d’accueil
du nouveau site www.chrcitadelle.
be, MyCHR Pro permet de prendre
rendez-vous pour tous les patients :
simple et rapide, n’importe où, n’importe quand !
D’autres services sont déjà en cours
d’élaboration, comme l’annuaire
téléphonique professionnel qui
donnera directement accès aux
numéros de téléphone des médecins du CHR, ou encore la possibilité
de consulter les dossiers de leurs
patients en ligne.
Les patients ont eux aussi leur
propre portail, MyCHR, avec des
fonctionnalités adaptées à leurs
besoins ! De nouveaux services développés en collaboration avec les
sociétés Computerland, Medasys et
RealDolmen.
Urgences vitales : le 2222 !
Le 7777, numéro des urgences internes au CHR,
va être remplacé par le 2222.
Plusieurs pays tels que la Turquie, l’Irlande, le Danemark ou le Royaume-Uni
l’ont déjà adopté comme standard national. Appelé à devenir la norme
européenne, ce numéro unique vise à améliorer la prise en
charge des urgences intra-hospitalières en réduisant les
erreurs et les problèmes de communication : l’Europe
compte actuellement 150 numéros différents !
2
Citadoc.be,
dernier-né de
l’information
médicale
Dans le sillage du magazine Citadoc,
le trimestriel d’information médicale du CHR, Citadoc.be propose au
corps médical une nouvelle manière
de s’informer... et de se former !
S’il ne remplace pas son grand frère
en version papier, il viendra le compléter.
Accessible depuis MyCHR Pro,
on y retrouve de nombreux articles
ainsi que les actualités du CHR, les
webzines du Citadoc traditionnel et
un agenda des événements. Deux
grandes nouveautés : une newsletter, pour ne manquer aucune actualité, et les cours en ligne accrédités
! Pas le temps de venir aux colloques
? La plupart des congrès médicaux
du CHR seront désormais mis en
ligne et accrédités selon une procédure spécifique.
Le site du CHR a lui aussi profité de
l’occasion pour faire peau neuve.
Plus clair, plus aéré, plus moderne,
il propose tous les documents et
informations utiles avant un rendezvous ou une hospitalisation, ainsi
que les renseignements sur les différents services, sites ou plans d’accès
du CHR... à destination de tous les
publics !
Distinction lors
des Rencontres
Internationales
de la Diversité !
Retour sur
la 1re semaine
de la qualité
du CHR
Chaque année, depuis 2006, des
trophées sont remis dans le cadre
des "Rencontres Internationales
de la Diversité", dont la vocation
consiste à reconnaître les bonnes
pratiques innovantes de management de la diversité. Organisée à
La Rochelle, l’édition de cette
année aura vu le CHR se faire
remettre le prix "S’adapter à la diversité des publics". A travers son
projet "Citadelle au Pluriel", le CHR
tend à véhiculer des valeurs de solidarité et de respect. Sa philosophie
est de prendre en considération la
diversité des patients, des visiteurs
et des membres du personnel, que ceux-ci soient
étrangers, homosexuels,
handicapés, jeunes ou
plus âgés. Ouvert aux
autres cultures et langues,
le CHR est par ailleurs capable de
répondre aux demandes de patients
étrangers. Aux guichets des inscriptions et à la prise de rendez-vous par
téléphone, on parle anglais, néerlandais, espagnol, allemand, russe,
polonais, arabe berbère, italien et
tchétchène. Pour les autres langues,
le service fait appel à la médiation
interculturelle, qui offre des services
de traduction dans de très nombreuses langues étrangères.
Du 28 novembre au 2 décembre,
le CHR Liège organisait sa première
"Semaine Qualité", une semaine
dédiée à la qualité et à la sécurité
des soins, deux axes majeurs au
centre des préoccupations de l'institution. Une attention particulière
a par exemple été consacrée à la simulation, permettant aux soignants
d’expérimenter des prises en charge
de situation d’urgence ou encore de
visiter une "chambre des erreurs" visant à sensibiliser le personnel à un
ensemble de risques et erreurs. Durant cette semaine des audits qualité ont également été organisés au
sein des différentes unités de soins.
Les équipes de soins des différents
secteurs ont par ailleurs été invitées
à présenter leurs projets qualité par
le biais de posters. Une conférence
sur le thème "Un comité de patient
au CHR, un nouveau défi, un gage
de qualité" a aussi été proposée au
grand public. Cette "Semaine Qualité", destinée à être réitérée, a par
ailleurs marqué le lancement de la
3e campagne de sensibilisation à
l’identitovigilance.
"La Chambre
des erreurs"
récompensée
"La Chambre des erreurs", un outil
ludique de sensibilisation et
d’information sur les erreurs
liées aux soins mis en place au
CHR, vient d’être récompensée
par BBest, une organisation sans
but lucratif qui a pour mission
de promouvoir l’excellence sur le
territoire belge. Le CHR a remporté
le premier prix du concours
adressé aux hôpitaux aigus de la
francophonie. Dans "la chambre
des erreurs", les participants
déambulent dans une chambre
et une salle de soins reconstituées
pour l’oc­
casion où des erreurs et
des risques potentiels liés aux soins
ont été dissimulés. Ils sont invités à
relever les erreurs décelées sur une
fiche et ensuite à en débattre avec
les experts qualité. Cette formation
est actuellement donnée aux
nouveaux agents. La "chambre des
erreurs" a été mise en avant lors de
la 1re Semaine de la Qualité qui s’est
déroulé au CHR du 28 novembre au
2 décembre.
Sclérose en plaque : un premier "MS Center" en wallonie
Pour répondre au mieux aux
spécificités du suivi médical de
la sclérose en plaque (SEP), et
afin de s’adapter au mieux à la
réalité des patients atteints par
cette maladie, le CHR vient de
mettre sur pied le tout premier
"MS Center" de Wallonie. Doté
d’une salle de rééducation et d’un
hôpital de jour pour les traitements en ambulatoire, ce centre
multidisciplinaire a mis tous les
atouts de son côté pour accueillir les patients dans les meilleures
conditions, notamment à travers
une architecture adaptée et une
accessibilité optimale. Les exper-
tises rassemblées au sein de cette
nouvelle structure sont multiples :
neurologues et infirmiers spécialisés en SEP, médecin physiothérapeute et kinésithérapeute,
neuro-ophtalmologue, neuroradiologue, urologue, psychiatre,
neuro-psychologue, assistante
sociale. Le MS Center peut dés
à présent s’appuyer sur les
certifications nécessaires pour
proposer tout l’arsenal thérapeutique actuellement disponible pour traiter la Sclérose en
plaque. Une autre perspective
doit également être mise en lumière puisque le MS Center sera
amené à participer à des études
cliniques et à proposer à certains
patients des traitements innovants.
3
Focus
Le CIRF :
stimuler la recherche
et la compétence
Depuis six ans, l'asbl CIRF n'a de cesse de promouvoir et de soutenir financièrement
des projets de recherche et de formation continue émanant des médecins du CHR.
Elle apporte ainsi sa pierre à l'édifice d'une médecine d'excellence.
En médecine, les progrès passent par la recherche et
la formation continue des médecins aux techniques
de pointe, sources de nouvelles compétences. Fin
2010, l'asbl des Médecins de la Citadelle et le Centre
Hospitalier Régional s'allièrent pour créer une nouvelle
asbl, le CIRF (CItadelle Recherche et Formation),
qui, avec un cofinancement initial paritaire, avait
pour mission de promouvoir la recherche médicale
indépendante et l'acquisition, par la formation et
la recherche, de nouvelles compétences chez les
médecins de l'hôpital.
Ces objectifs portent la promesse d'une plus-value tant
pour l'institution que pour les médecins concernés.
Selon le Dr Jacques Daele, président du CIRF, ancien
chef du service ORL du CHR et ancien président du
département de chirurgie, le CHR se doit de devenir
ou rester une référence régionale, voire nationale,
dans certains domaines médicaux ou chirurgicaux,
afin d'assurer à chacun la prise en charge la plus
performante et la plus compétente de pathologies
complexes.
4
Un ancrage institutionnel
En un sens, le CIRF tombe à pic car il offre aux praticiens
du CHR une modeste alternative au financement de la
recherche et de la formation jadis issu de l'industrie
pharmaceutique ou des fabricants d'appareillages
médicaux, mais actuellement tari.
Comment ? De deux manières. D'une part, en facilitant
l'accès à des formations pointues pour les médecins
du CHR. D'autre part, en soutenant des activités de
recherche clinique et des travaux scientifiques destinés
à concevoir et développer de nouveaux schémas
thérapeutiques ou diagnostiques. Dans le même
esprit, l'asbl a également pour vocation d'épauler les
initiatives visant au développement et à l'évaluation
de nouveaux équipements médicaux ou de schémas
diagnostiques et thérapeutiques. En point de mire
se dessine évidemment la finalité d'une amélioration
permanente de la qualité des soins et de la prise en
charge des patients.
Comme le rappelle Rosa Trotta, secrétaire du CIRF,
gestionnaire de projets et secrétaire des organes
statutaires, les personnes pouvant prétendre à l'octroi
d'une bourse par l'asbl sont les médecins spécialistes
et les dentistes qui prestent au minimum un mi-temps
(5/10e) au CHR, ainsi que les assistants en fin de cursus
pour autant qu'ils aient obtenu un contrat avec le CHR.
Bref, en toute logique, un ancrage institutionnel est
requis. « Par ailleurs, les bénéficiaires de ces subsides pour
une formation doivent s'engager à rester au CHR pendant
au moins cinq ans après celle-ci », précise Rosa Trotta.
Les candidats soumettent au conseil d'administration
du CIRF, composé de trois représentants du CHR et
trois médecins représentant l'asbl des Médecins de
la Citadelle, un projet motivé accompagné d'une
estimation des montants à financer.
Des projets porteurs
La décision d'attribuer ou non des ressources à
un projet de formation est dictée par son intérêt
intrinsèque, sa faisabilité, son adéquation à la stratégie
du CHR, la personnalité du requérant, mais surtout
par sa pertinence dans l'optique de développements
ultérieurs pour l'institution.
La procédure relative au financement d'un projet de
recherche est plus complexe que celle qui aboutit à
la couverture de frais de formation. Dans le premier
cas, en effet, un avis préalable à la décision du conseil
d'administration du CIRF est demandé à un comité
scientifique. Ce dernier, qui comprend dix médecins
du CHR et trois experts extérieurs à l'institution,
examine le projet de recherche sous plusieurs angles :
son adéquation à l'objet social du CIRF, sa qualité
scientifique, sa faisabilité et la pertinence des coûts
estimés par le candidat.
Le CIRF impose l'indépendance des recherches
qu'il finance de manière à ce qu'elles ne soient pas
perturbées par des conflits d'intérêt, par exemple en
cas de sponsorisation par des firmes commerciales.
Chacune des études sélectionnées doit faire l'objet
d'une publication dans une revue avec comité
de lecture ou, à tout le moins, donner lieu à une
communication scientifique (lors d'un congrès, par
exemple), au cours de laquelle le chercheur concerné
s'exprimera en tant que premier auteur de l'étude
présentée, avec référence au CHR.
Un substitut temporaire
du cœur et des poumons
L'ECMO est une technique qui permet
la mise en œuvre d'une assistance
circulatoire temporaire via un circuit
extracorporel. Plus précisément, une
canule est introduite dans une artère
ou une veine du patient ; le sang est
alors extrait du corps, passe dans une
machine où il est oxygéné, puis est
réinjecté au patient. Le système peut
remplacer à la fois le cœur et les poumons dans l'attente qu'ils récupèrent
leurs fonctions.
L'ECMO est utilisée notamment en cas
d'asystolie, de chocs cardiogéniques
et de syndromes de détresse respiratoire réfractaires. « Elle est considérée
par beaucoup comme une révolution
en soins intensifs et permet de réduire
la morbidité et la mortalité de malades
dont le pronostic était encore fatal à très
court terme voici quelques années », précise le Dr Sabrina Joachim, cardiologue
du CHR poursuivant une formation
complémentaire en soins intensifs.
Introduite au CHR en 2010, l'ECMO
s'assimile à une solution de dernier
recours. Il s'agit d'une technique très invasive, sujette à d'importantes complications, en particulier hémorragiques.
Au CHR de liège, elle est employée au
maximum une vingtaine de fois par
an. C'est pourquoi Sabrina Joachim a
obtenu une bourse du CIRF, afin de se
forger une compétence plus approfondie dans la mise en place et la surveillance de cette technologie complexe
et de faire partager ensuite cet acquis
par les équipes du CHR.
L'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris,
a été pionnier dans le domaine de
l'ECMO et y possède une grande expertise. Durant trois mois, le Dr Joachim a
pu participer aux activités du service
concerné, dirigé par le Pr Combes. Elle
a également obtenu un Diplôme Universitaire (DU) au sein de la même institution. « Grâce à cette formation financée
par le CIRF, j'ai pu adapter ma pratique
et transmettre cette expertise nouvelle
à mes confrères du CHR. Nous sommes
désormais plus à l'aise et plus performant
avec l'ECMO », conclut la cardiologue.
Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
5
Focus
Le CIRF :
stimuler la recherche
et la compétence
Une plus-value pour les patients
Le budget annuel du CIRF est fluctuant, adapté au
gré des demandes de subsides. « S'il n'est pas épuisé et
demeure suffisant pour financer les projets, il n'y a pas lieu
de solliciter de nouveaux apports », explique Rosa Trotta.
« Par contre, si le conseil d'administration juge qu'il n'est
plus satisfaisant, il faut en renégocier le montant avec les
donateurs ».
Avant DMEK
Après DMEK
Des greffes de cornée
plus performantes
Le Dr Yeh Ru-Yin est une ophtalmologue du CHR spécialisée dans
la chirurgie de la cornée, la chirurgie réfractive et chirurgie de la
cataracte. Elle s'est vu attribuer une
bourse du CIRF pour une formation
au Netherlands Institute for Innovation Ocular Surgery (NIIOS), à Rotterdam. S'étant étendue d'octobre
2011 à mars 2012, celle-ci avait pour
but l'apprentissage d'une technique
de greffe cornéenne endothéliale,
que le service d'ophtalmologie du
CHR fut ensuite le premier à pratiquer en Belgique.
Netherlands Institute for
Innovation Ocular Surgery (NIIOS)
Classiquement, les greffes de cornée
portent sur la cornée entière, alors
que les lésions ne touchent en général qu'une seule couche de la cornée
endommagée. La technique développée par le NIIOS consiste à n'implanter que la couche cornéenne
postérieure (l'endothélium), ce qui
répond à la majorité des indications
de greffes de cornée.
6
Pour les patients, le gain est substantiel. « Avec la méthode classique, la
convalescence durait environ un an et
les résultats obtenus étaient moyens,
avec un risque de rejet de l'ordre de 25
à 30 % », explique Yeh Ru-Yin. « Par
contre, le pourcentage de rejets n'est
que de 1 % avec les greffes endothéliales et il n'est pas rare que dix jours
après l'intervention, le patient ait une
acuité visuelle de 10 sur 10. » Ici, de
surcroît, pas de points de suture : le
greffon est initialement maintenu
par une simple bulle d'air.
Le séjour de six mois du Dr Ru-Yin
à Rotterdam avait la particularité
d'entrer dans le cadre d'une formation, mais de laisser également
une large place à des activités de
recherche qui ont fait l'objet de publications dans des revues internationales d'ophtalmologie au facteur
d'impact élevé. Ainsi, Ophtalmology,
la plus importante d'entre elles, a
publié un article dont le Dr Yeh RuYin était le premier auteur et qui
montrait qu'une échographie oculaire réalisée une semaine après une
greffe endothéliale permettait déjà
de déterminer si le greffon avait un
risque élevé de se détacher et, partant, s'il fallait réinjecter une bulle
d'air pour le recoller.
« La bourse du CIRF a tout changé »,
dit le Dr Ru-Yin. « Le CHR n'effectuait
pratiquement pas de greffes de cornée, alors qu'il est désormais une référence en la matière. »
Entre 2011 et 2015, le CIRF a engagé quelque
500 000 euros pour soutenir 28 projets de formation
et 13 projets de recherche. Au fil des ans, de
nombreuses spécialités ont bénéficié de son aide.
Au niveau des formations : la cardiologie, la biologie
clinique, la pneumologie, la pédiatrie, les urgences,
l'ophtalmologie, la gériatrie, l'oto-rhino-laryngologie, la
neurochirurgie, les soins intensifs et la dentisterie. Au
niveau de la recherche : les urgences, la gynécologie,
la neurologie, la neurochirurgie, la pédiatrie et la
néonatologie.
Le Dr Daele insiste sur la nécessité pour le corps médical
hospitalier de s'impliquer dans des formations à haut
degré de spécialisation. Il y voit tant un antidote à la
routine qu'une invitation à évoluer toujours plus vers
l'excellence, avec la perspective d'un bénéfice optimal
pour les patients du CHR.
Philippe LAMBERT
Neurochirurgie :
la voie endoscopique
En 2013, les Drs Sandrine Machiels (otorhino-laryngologiste) et Olivier Lückers
(neurochirurgien) ont reçu chacun une
bourse pour se former à une technique
chirurgicale d'abord endoscopique
transnasale de la base du crâne. Cette
approche, qui rencontre le concept
de chirurgie "minimaly invasive" se
pratique à quatre mains. Elle permet
d'intervenir au niveau de la base du
crâne, en particulier pour l'exérèse de
tumeurs bénignes ou malignes.
pour introduire ce type de chirurgie au
CHR de la Citadelle. « Nous avons bénéficié de beaucoup d'heures de dissection,
reçu des cours théoriques et assisté à des
interventions pratiquées par les chirurgiens de l'hôpital Lariboisière », rapporte
Sandrine Machiels. « Par la suite, nous
sommes restés en relation avec l'équipe
parisienne, que nous pouvions consulter lorsque nous désirions un avis relatif
à certaines décisions thérapeutiques à
prendre ».
Traditionnellement, de telles interventions nécessitaient une craniotomie.
Aujourd'hui, la précision de l'imagerie
médicale et la maîtrise des techniques
endoscopiques permettent d'exploiter
d'autres abords avec moins de délabrements et de morbidités.
Lors des interventions, les deux chirurgiens travaillent de concert. Disposant
d'une grande expertise de l'endoscopie, l'ORL ouvre la voie vers le cerveau
en passant par les cavités nasales et
sinusales. Au stade initial, le neurochirurgien est la "main aidante". Dans
un deuxième temps, lorsque le travail
chirurgical se concentre sur la base du
cerveau, il devient la "main principale".
À l'hôpital Lariboisière (Paris), le groupe
du Pr Philippe Herman fut parmi les
pionniers en la matière. C'est auprès de
cette équipe, et également en contact
avec un groupe de Milan, que les
Drs Machiels et Lückers ont pu suivre
une formation intensive. « Dans la
sphère ORL, il y a plus de vingt ans que
la chirurgie endoscopique est pratiquée
pour la prise en charge des pathologies
sinusiennes », explique Sandrine Machiels. « Elle a été étendue aux pathologies de la base du crâne accessibles par
voie transnasale ».
Toutefois, la maitrise complète de ces
techniques était encore balbutiante en
Belgique francophone. Aussi, au terme
d'une formation à Paris comportant
quatre volets d'une semaine, les docteurs Machiels et Lückers ont pu acquérir les "gestes justes" et l'expertise
Quel est l'intérêt de cette méthode par
rapport à sa devancière ? Sur le plan
de l'exérèse, les résultats sont identiques. Il en va de même de la durée
de l'intervention et de l'anesthésie.
« En revanche, outre le fait qu'on évite la
craniotomie, le niveau de douleur après
l'intervention est moindre et le patient est
plus rapidement mobilisable », indique le
docteur Machiels. « De plus, il est moins
confus, la durée de l'hospitalisation est
réduite de moitié - cinq jours au lieu de
dix - et la convalescence est plus courte ».
L'expérience aidant, les deux chirurgiens du CHR ont élargi le champ de
leurs interventions par chirurgie endoscopique. « Dès qu'il est indiqué d'y
recourir, nous y recourons », conclut Sandrine Machiels avant d'insister sur l'importance des financements du CIRF
pour l'implantation de nouvelles compétences et technologies de pointe au
sein du CHR.
Hôpital Lariboisière à Paris.
7
Dossier
Dermatologie
) 30 ans de dermatologie clinique
à l’hôpital de la Citadelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
) La dermatite atopique touche
fréquemment les enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
) La gale, contagieuse mais inoffensive . . . . . . . . 14
) Le prurit du sujet âgé,
un motif récurrent de consultation . . . . . . . . . . . . . . . 16
) Dermato-pédiatrie :
infections fréquentes en pratique . . . . . . . . . . . . . . . 19
Dossier réalisé en collaboration avec les
dermatologues du Service de Dermatologie du CHR :
Raphaël Bourguignon, Sandrine Cao (assistante),
Céline Devillers, Laurent Raty, Murielle Sabatiello
et Géraldine Vandenbossche.
8
30 ans de dermatologie clinique
à l’hôpital de la Citadelle
L’enveloppe cutanée reflète le bon état de marche des organes, et peut manifester
les symptômes de nombreuses pathologies systémiques. Mais au-delà, la peau,
exposée en permanence aux regards, possède également une valeur sociale croissante.
Ce double aspect balise l’évolution du Service de Dermatologie du CHR. En 30 ans,
le service s’est remarquablement développé pour présenter aujourd’hui une expertise
confirmée tant sur le plan médical qu’esthétique.
Le début des années 1980 a connu la fermeture du site
hospitalier de Bavière, où le Service de Dermatologie
commençait à se sentir à l’étroit pour développer des
soins de qualité. Avec le déménagement du CHR sur les
hauteurs de Sainte-Walburge, à la place de l’ancienne
caserne militaire, le Service de Dermatologie s’est installé dans les murs fraîchement peints du tout nouvel
hôpital de la Citadelle. À l’époque, le service ne comptait encore que deux dermatologues et un assistant en
cours de spécialisation.
service et maître de stage en 2009. « En 30 ans, j’ai pu
voir la dermatologie évoluer au cœur d’un hôpital public
à l’écoute et au service du plus grand nombre de patients.
J’ai vu le service grandir au fil des ans, se diversifier,
se spécialiser. Parallèlement, l’équipe s’est étoffée : nous
sommes actuellement douze dermatologues et deux
assistants en voie de spécialisation ».
Aujourd’hui, le Service de Dermatologie du CHR est
devenu le plus important de la région, et accueille plus
de 40 000 patients par an.
La peau, c’est ce qu’on voit en premier lieu
Au niveau social, la nécessité de montrer une peau
belle et saine n’échappe pas à la grande majorité des
personnes. Pour le Dr Marianne Lesuisse, « la peau a
un grand impact sur le plan relationnel, c’est la première
chose que l’on remarque. Et les gens y accordent plus
d’importance encore qu’auparavant ».
Étant donné la valeur du souci esthétique dans
la vie sociale, professionnelle et associative, « une
dermatologie au top des connaissances thérapeutiques et
techniques est sans conteste un pilier incontournable dans
notre hôpital », poursuit le Dr Lesuisse.
En haut : ancien site hospitalier de Bavière.
En bas : future entrée dur CHR, site de la Citadelle.
40 000 patients par an en 2016
Le Dr Marianne Lesuisse, alors jeune assistante, a intégré
le Service en 1986, avant de devenir consultante
spécialiste puis de reprendre la charge de chef de
9
Dossier
Dermatologie
Une expertise acquise au fil du temps
À la suite de la fermeture de la salle d’hospitalisation
spécifique à la dermatologie – notamment à cause
des hospitalisations trop prolongées – le Service de
Dermatologie s’est concentré sur ses activités en
policlinique, initiées progressivement sur les différents
sites du CHR de Liège.
« Mais surtout, insiste le Dr Lesuisse, nous avons petit
à petit acquis une expertise particulière dans plusieurs
domaines : le laser, notamment grâce à nos plus jeunes
dermatologues ; l’esthétique pure, en réponse à une
demande croissante des patients ; mais aussi une expertise
chirurgicale et en photothérapie ».
) Expertise acquise dans le domaine du laser
laser diode pour l’épilation
lampe flash pour l’épilation
) laser vasculaire
pour traiter efficacement
couperose, érythrose, angiomes, varicosités, etc.
) laser pour le détatouage, en particulier les
couleurs bleues et noires
) laser CO2 fractionné pour :
- la prise en charge du rajeunissement cutané
- la correction des cicatrices : acné, traumatismes,
chéloïdes, etc.
- le traitement des hyperpigmentations : mélasma,
lentigo, lésions post-inflammatoires, etc.
- l’exérèse chirurgicale de certaines tumeurs
bénignes avec moindre impact cicatriciel
)
Équipements lasers
) Expertise acquise dans l’activité esthétique pure
- prise en charge globale du vieillissement cutané
- injections de Botox
- comblements à l’acide hyaluronique
- peelings
- laser de rajeunissement
)
Activités
de prévention
) sensibilisation du patient
aux dangers du soleil et du
solarium.
) dépistage en dermoscopie
des naevi dysplasiques et
du mélanome.
) participation à l’EUROMELANOMA qui offre, une
semaine par an, des consultations gratuites de
dépistage du mélanome.
En haut : cabine de photothérapie générale.
En bas : plaques de photothérapie locale.
10
) Expertise chirurgicale
- pour les lésions bénignes : naevi, kystes,
lipomes, etc.
- pour les lésions malignes : carcinome basoou spino-cellulaire, mélanome, etc.
- chirurgie de l’ongle : ongle incarné, tumeurs
unguéales, onychomycose, etc.
) Expertise en photothérapie
- photothérapie générale : cabines UVA, UVB,
UVTL01 pour traiter le lichen, le psoriasis, le
mycosis fongoïde, etc.
- photothérapie locale : mini-plaques pour
traiter des zones limitées du corps et réaliser des
photo-tests
- photothérapie dynamique : pour le
traitement de kératoses actiniques, carcinome
basocellulaire superficiel, maladie de Bowen, etc.
Avancées thérapeutiques
et nouveaux défis
Mobilisant les avancées thérapeutiques les plus
récentes, le Service de Dermatologie propose des
thérapies ciblées pour les patients atteints de
maladies chroniques très invalidantes. « Des
pathologies telles que le psoriasis ou la maladie de
Verneuil par exemple, sont particulièrement difficiles à
vivre psychologiquement car elles affectent l’image de soi.
C’est la raison pour laquelle nous sommes régulièrement
sollicités par des associations : lorsque les patients se
sentent incompris ou que les traitements antibiotiques
ne donnent pas les résultats escomptés, par exemple »,
commente le Dr Lesuisse.
Par ailleurs, les consultations oncologiques multidisciplinaires des tumeurs cutanées développent l’accessibilité de thérapies ciblées pour les patients atteints de
mélanome avancé, ce qui constitue un réel espoir pour
ces patients.
Si le Service de Dermatologie s’est remarquablement
développé et spécialisé depuis ses premiers pas dans
les années 1980, il évolue toujours en permanence
et doit sans cesse faire face à de nouveaux défis,
notamment liés à l’évolution de la population et des
pathologies.
« La population que nous recevons en consultation est
de plus en plus cosmopolite, explique le Dr Lesuisse,
et nous sommes amenés à traiter des pathologies
plus particulières, comme celles des peaux noires par
exemple. De même, l’apparition de maladies infectieuses
telles que le Zika ou encore les pathologies du voyageur
sont autant de défis auxquels les jeunes dermatologues
que nous formons devront répondre. Notre mission est
de leur offrir la meilleure formation possible, dans un
hôpital moderne et multiculturel : ils sont l’avenir de la
dermatologie au CHR ».
Grâce à ses dermatologues spécialisés,
le Service de Dermatologie du CHR a également
développé des consultations mixtes
en collaboration avec les autres services :
) Dermatologie et Pneumo-allergologie :
-p
rise en charge de l’eczéma de contact, de la dermatite atopique,
des urticaires…
- réalisation de tests épicutanés et de tests intradermiques
) Dermato-pédiatrie :
- prise en charge allergologique
- suivi de patients atteints de neurofibromatose
- école de l’atopie
) Dermato-gynécologie :
- prise en charge des pathologies vulvaires telles que lichen scléro-atrophique,
néoplasies vulvaires, condylomes acuminés, dyspareunies, pathologies liées
à la ménopause, etc.
L’équipe :
) Chef de service
Dr Marianne Lesuisse
) Dermatologues
Dr Raphaël Bourguignon
Dr Céline Devillers
Dr Francine Goffin
Dr Marion Mansuy
Dr Orianne Martalo
Dr Laurent Raty
Dr Murielle Sabatiello
Dr Gregory Szepetiuk
Dr Laurence Thirion
Dr Géraldine Vandenbossche
Dr Valentine Willemaers
) Assistantes
Sandrine Cao
Audrey Detrixhe
En pratique
Contacter le Service de Dermatologie ...
) Rendez-vous : 04 225 61 50
) Accueil : 04 225 60 93
) Secrétariat : 04 225 73 72
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Dossier
Dermatologie
La dermatite atopique
touche fréquemment
les enfants
La dermatite atopique compte parmi les dermatoses les plus communes en pédiatrie.
Si dans 80 % des cas, la pathologie régresse ou disparaît d’elle-même avant l’âge
de 6 ans, 10 % des patients présentent toujours des poussées à l’âge adulte.
Une affection qui se soigne, mais qu’aucun médecin ne peut prétendre guérir…
Parmi les pathologies inflammatoires cutanées, la
dermatite atopique se manifeste sous forme de
poussées d’eczéma alternant avec des périodes
d’accalmie qui voient parfois persister une xérose
cutanée. Les poussées peuvent être favorisées par
les changements de température, les infections,
les vaccinations, les poussées dentaires, le stress,
la transpiration, le tabac, les savons parfumés, les
vêtements rêches ou encore de nouveaux facteurs
environnementaux. Dans un tiers des cas, la dermatite
atopique disparaît – ou diminue – pour faire place
– ou se superposer – à une allergie alimentaire,
puis un asthme ou une rhino-conjonctivite. C’est le
phénomène de marche atopique.
Des premiers signes cliniques aux risques
de complications
Avant l’âge de 1 an, les lésions se manifestent surtout
sur les zones rebondies comme les joues ou le front,
ainsi que sur l’abdomen et les bras. Des croûtes de lait
apparaissent. Après 1 an, les plis sont souvent atteints
(coudes, poplités et rétro-auriculaires). En particulier, le
L’origine de la maladie est imputable à plusieurs
facteurs. À commencer par un déficit de la barrière
cutanée, caractérisé par le manque de filaggrine, une
protéine servant de ciment entre les kératinocytes. Ce
déficit provoque d’une part une évaporation de l’eau
au niveau cutané, responsable de la xérose, et d’autre
part facilite la pénétration d’allergènes et d’irritants
pour la peau, entraînant une inflammation. Les
patients atopiques présentent également des troubles
de la défense immunitaire, avec un déséquilibre des
lymphocytes Th1 au profit des lymphocytes Th2. Sans
oublier les facteurs environnementaux, qui jouent
un rôle non négligeable dans le développement de
l’affection.
Tests allergiques : dans quels cas ?
Tout enfant qui présente une dermatite atopique ne doit pas nécessairement
réaliser de tests allergiques. L’eczéma peut être simplement dû à une altération
de la barrière cutanée. En revanche, les indications suivantes appellent un bilan
allergologique :
) échec du traitement ou récidive rapide à l’arrêt d’un traitement correct
) autre maladie atopique associée (asthme, rhino-conjonctivite)
) troubles digestifs
) cassure de la courbe de croissance
) lésions péri-orales
) syndrome oral de Lessof
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Une école de l’atopie
répond aux questions des enfants
Au CHR, une école de l’atopie a vu
le jour dans le giron du Service de
Dermatologie. Vouée à répondre aux
interrogations des enfants atopiques
et de leurs parents, elle organise des
séances d’information accueillant trois
à cinq enfants de la même tranche
d’âge, avec ou sans leurs parents.
double pli sous-palpébral ou "signe de Dennie-Morgan"
constitue un signe pathognomonique. Par la suite, vers
l’âge de 3 ou 4 ans, les plis sont systématiquement
touchés, et même souvent le visage, sur les paupières
et la zone péri-buccale.
Plusieurs complications peuvent advenir, dont
principalement la surinfection – en général staphylococcique. C’est pourquoi l’hygiène doit être
irréprochable chez ces enfants ! Il importe de veiller
à la propreté des mains et des ongles, et de traiter les
surinfections par antibiotiques locaux ou oraux. Les
enfants atopiques sont souvent sujets à des poussées
de molluscum contagiosum plus importantes et
peuvent manifester de fortes réactions eczémateuses
au pourtour.
Informations et inscriptions : 04 225 60 93
Pour les dermatites atopiques plus sévères ou aux
poussées plus fréquentes, des immunomodulateurs
(tacrolimus et pimecrolimus) peuvent être recommandés. Mais attention, ils ne seront remboursés que s’ils
sont prescrits par un dermatologue.
Si une dermatite atopique se complique en syndrome
de Kaposi-Juliusberg, il y a urgence ! Rare mais grave,
cette complication survient à la suite d'une infection
par le virus herpétique, et se caractérise par une fièvre
associée à des vésiculopustules sur le visage et parfois
sur le corps. Il faudra alors recourir aux antiviraux.
Quelques recommandations…
) Pour la toilette :
-C
ontrairement à ce qui est souvent dit, laver
l’enfant quotidiennement pour limiter le
risque de surinfection
-P
rivilégier la douche au bain, pas plus de
10 minutes à 35° maximum
-U
tiliser des produits non parfumés
- Sécher en tamponnant
Corticophobie et eczéma chronique
Le premier message à faire comprendre et admettre
aux parents est qu’aucun médecin ne pourra guérir
leur enfant de sa dermatite atopique. Ce qui ne signifie
pas bien entendu que l’enfant ne doit pas être soigné.
Il s’agit de restaurer la barrière cutanée. Le traitement
principal, chronique, consiste en l’application quotidienne d’émollients puissants (baumes) non parfumés,
même lorsqu’aucune lésion n’est visible.
Les poussées d’eczéma se traitent avec un dermocorticoïde de classe III, appliqué quotidiennement durant 5
à 10 jours en moyenne. Bien qu’infondée, une corticophobie court chez nombre de patients et même chez
certains soignants ou pharmaciens, qui confondent
corticoïdes oraux et topiques. Du coup, certains parents n’osent pas utiliser la cortisone assez longtemps
ou en assez grande quantité. Avec le risque que l’eczéma devienne chronique...
L’occasion de réexpliquer aux enfants
leur pathologie avec des mots adaptés,
de leur apprendre à se pommader
correctement et de répondre aux
questions qui peuvent se poser dans
leur vie quotidienne. L’enfant se sent
généralement rassuré de voir qu’il n’est
pas seul à vivre sa maladie.
) Pour l’habillement :
-P
référer les vêtements en coton et éviter la
laine et les matières synthétiques
-B
annir les poudres à lessiver trop parfumées,
les adoucissants et les seconds rinçages
- É viter de trop couvrir l’enfant
) Pour l’environnement :
- É viter les allergènes potentiels (poussières,
acariens, etc.)
- Ne pas surchauffer les locaux
- Proscrire le tabac
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Dossier
Dermatologie
La gale, contagieuse mais
inoffensive
Rien qu’à l’évocation de son nom, la scabiose ou gale fait frémir tout le monde : du
médecin au patient, en passant par le personnel paramédical des hôpitaux ou des
maisons de repos. Pourtant, ce petit acarien n’est en rien dangereux. Il est tout au plus
très prurigineux, contagieux et contraignant au niveau du traitement. Le point sur une
pathologie commune, rencontrée bien plus fréquemment qu’on ne le croit.
La gale est due à un acarien, le Sarcoptes scabiei, dont
seule la variante hominis est pathogène chez l’homme.
Les variantes animales ne peuvent se développer
chez l’être humain ; le patient pourra présenter des
symptômes mais ne sera pas contagieux.
Les sarcoptes mâle et femelle s’accouplent sur leur
hôte mais seule la femelle survivra. Celle-ci, fécondée,
va alors creuser un sillon ou galerie dans l’épiderme
pour pouvoir y pondre ses œufs à raison de un à deux
par jour. Il faudra alors trois semaines pour passer
les stades successifs d’œuf, larve et nymphe vers le
sarcopte adulte. Ce délai explique l’intervalle entre
la contamination initiale et l’apparition des premiers
symptômes. C’est également à ce moment que le
patient devient contagieux.
Chez les humains, la gale se transmet soit par contact
cutané direct soit par l’intermédiaire d’un tissu
contaminé. Le premier mode de transmission explique
les atteintes fréquentes du conjoint ou d’un membre
de la famille ainsi que la contamination du personnel
paramédical. Pour le second, le sarcopte peut survivre
et rester contaminant 24 à 48 heures hors de l’hôte, sur
les vêtements ou la literie.
Fig. 1 : pustules palmaires chez un enfant
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Fig. 2 : lésions cutanées typiques d'une gale
Trois formes cliniques,
du nourrisson au senior
La gale du nourrisson engendre des vésiculo-pustules
surtout aux niveaux palmo-plantaires (fig. 1), mais le
visage peut aussi être atteint. Comme le nourrisson ne
peut se plaindre de prurit, il se montrera surtout agité,
en pleurs et dormira peu. Il n'est pas rare d'observer des
nodules inflammatoires des zones chaudes, axillaires
ou fesses, correspondant aux nodules scabieux.
La gale commune de l’adulte se signale constamment par un prurit intense avec recrudescence
nocturne. Ce prurit se situe préférentiellement au niveau
des espaces interdigitaux, poignets, coudes, organes
génitaux externes, fesses mais peut atteindre toutes les
parties du corps, le visage étant rarement entrepris.
À l’examen clinique, on observera surtout des lésions
d’excoriation sur grattage (fig. 2). Un examen attentif,
aidé d’un dermatoscope, peut révéler la présence de
sillons et parfois du sarcopte lui-même sous la forme
d’un petit triangle noir à l’une des extrémités de ce
sillon (fig. 3). Le diagnostic clinique s’établira plus
difficilement chez les personnes dites "propres" par la
rareté des lésions observées.
Fig. 3 : sillon scabieux vu au dermatoscope
La gale croûteuse, dite "norvégienne" touche en
particulier les patients immunodéprimés ou âgés.
Cette forme se révèle très contagieuse en raison de
la prolifération importante des sarcoptes. On observe
une hyperkératose et des croûtes sur l’ensemble du
tégument qui masquent l’observation des sillons. Un
tableau d’érythrodermie n’est pas rare.
Diagnostic :
repérage des sillons et des sarcoptes
Cliniquement, l’observation des sillons et sarcoptes
permet un diagnostic rapide. Comme ils sont
difficilement visibles à l’œil nu, le praticien pourra
s’aider d’un dermatoscope (fig. 3). Un test à l’encre
mettra rapidement en évidence les sillons. Il suffit pour
cela d’appliquer une goutte d’encre sur une lésion
suspecte puis de l’essuyer après quelques secondes.
L’encre va remplir les sillons et faciliter leur observation.
Pour révéler la présence du sarcopte et/ou des œufs,
on peut réaliser un prélèvement superficiel après
grattage léger sur des lésions d’excoriation suivi d’un
examen microscopique.
Le diagnostic repose principalement
sur l’anamnèse, qui doit porter sur les
trois semaines précédant le début des
symptômes :
) prurit à recrudescence nocturne ; atteinte de
zones précises ; extension progressive
) symptômes de l’entourage du patient
) profession à risque
) vie en communauté (maison de repos,
internat) ou hospitalisation récente
) voyage, nuit hors de chez soi…
Crème ou comprimés ?
La gale se traite localement et/ou oralement. Le
traitement de premier choix est la crème à la
perméthrine 5 %, à appliquer sur l’ensemble du
tégument excepté le visage, après un bain ou une
douche durant lesquels on aura vigoureusement
frotté la peau. La cure doit être répétée au bout d’une
semaine. Dans les formes de gale du nourrisson ou de
gale croûteuse, l’atteinte du visage étant possible, le
cuir chevelu et le visage doivent être traités aussi.
par la crème à la perméthrine quel que soit le terme
de la grossesse et pendant l'allaitement, moyennant
quelques précautions (cf. le CRAT, Centre de Référence
sur les Agents Tératogènes).
La crème à base de benzoate de benzyle (30 % chez
l'adulte, 10 % chez l'enfant) sera appliquée de la même
manière mais 2 à 3 jours consécutifs. Ces deux produits
doivent rester en contact avec la peau au minimum 8 à
12 heures avant de reprendre un bain ou une douche.
Une légère irritation de la peau peut s’observer après
traitement.
Les comprimés d’Ivermectine se prennent à la dose
de 200 μg/kg avec une seconde prise 15 jours plus tard
(1 cp = 3 mg d'Ivermectine ; à partir de 15 kg ; max 6 cp/
prise pour un poids > 80 kg ; contre-indiqués en cas de
grossesse ou d'allaitement). Indisponibles en Belgique,
mais ils peuvent être commandés à l'étranger, en
France ou aux Pays-Bas.
En cas de gale dite "norvégienne", l’idéal est
d’associer les deux formes de traitement, locale et
orale.
Comme les premiers signes de la gale n’apparaissent
qu’au bout de trois semaines, il convient de traiter
l’entourage proche du patient même en l’absence
de plainte ou de signe clinique. Une seule application suffira la plupart du temps. A noter que les traitements antiparasitaires (Zalvor® crème et Ivermectine
comprimés) sont coûteux et non remboursés.
Le traitement du patient doit toujours être
associé à une désinfection de la literie et des
vêtements portés lors de la semaine écoulée.
Deux solutions possibles : les laver à 60°C ou
les isoler pendant 48 à 72 heures, dans un
sac plastique fermé par exemple, vaporisés
d'insecticide pour insectes rampants. Le matelas,
les sièges ou fauteuils en tissus (sans oublier la
voiture et le matériel de puériculture en tissu)
doivent aussi être traités de cette façon, dans
une pièce fermée puis aspirée minutieusement.
Cette partie du traitement est primordiale :
toute négligence peut provoquer des récidives
rapides de la gale.
Cette thérapeutique peut être utilisée dès l'âge de
2 mois :
) de 2 mois à 1 an : 1/8e de tube 30 g
) de 1 à 5 ans : 1/4 de tube 30 g
) de 6 à 12 ans : 1/2 tube 30 g
Chez les enfants de moins de 2 ans, on veillera à éviter
le pourtour de la bouche et à protéger les mains par
des bandages pour limiter les risques d’ingestion. Les
femmes enceintes peuvent également être traitées
15
Dossier
Dermatologie
Le prurit du sujet âgé,
un motif récurrent
de consultation
Ça démange, ça gratte… Fréquemment prétexte à consultation, en particulier chez les
personnes âgées, le prurit a un impact parfois très désagréable sur la qualité de vie ou
de sommeil des patients. Mais il constitue surtout un véritable signal d'appel pour des
maladies aussi diverses que la gale, les affections cutanées, les hémopathies malignes ou
l'insuffisance rénale chronique. Face à un prurit chez un patient âgé, quelle conduite tenir ?
Si les mesures symptomatiques habituelles mobilisent
des antihistaminiques et des produits d'hygiène
adaptés, leur efficacité est souvent incomplète : le
meilleur traitement du prurit demeure étiologique.
Or le diagnostic étiologique repose principalement
sur l'analyse topographique du prurit et la recherche
minutieuse de lésions cutanées ne pouvant être
attribuées au grattage.
La peau s’assèche au fil des ans
Le prurit sénile est un diagnostic d'exclusion, le
plus souvent dû à une xérose. Problème majeur de la
peau qui vieillit, la sécheresse ou xérodermie est très
probablement imputable à une modification de la
composition des lipides épidermiques, reflétant une
déviation de la maturation des kératinocytes avec
l’âge. Une peau vieille, sèche et rugueuse peut parfois
évoluer vers un tableau eczémateux (astéatosique, par
dessiccation) si la peau est mal entretenue.
Un climat froid et sec, un contact trop fréquent avec
l’eau (en particulier l'eau chaude qui a un effet asséchant) et l’abus de savons et détergents constituent
autant de facteurs qui favorisent le prurit. A titre
thérapeutique, les mesures d'hygiène générale (voir
page 18) seront appliquées associées à des onguents
contenant de l'urée et sans parfum. Eventuellement,
un anti-histaminique pourra être administré, pour autant qu'il n'entraîne pas d'effets secondaires (confusion,
sédation, chute...).
16
Pas de lésions ?
Des examens complémentaires s’imposent
Lorsqu'il n’y a pas de lésion cutanée visible hormis
les lésions de grattage, on parle de pruritus sine
materia. Dans ce cas, des examens complémentaires
peuvent s’avérer utiles (biologie sanguine, analyse
de selles, scanner, etc.) pour rechercher une étiologie
systémique. Le médecin traitant sera le premier
intervenant pour réaliser ce type de bilan. En
fonction des résultats, le patient pourra être référé
au gériatre ou au spécialiste compétent pour
traiter la pathologie mise en évidence.
Comme traitement symptomatique, les topiques
hydratants ou contenant du polidocanol, de même
Examens à réaliser
en cas de Pruritus sine materia
Hémoglobine, hématocrite
MCV, MCH, MCHC
Polycythémie essentielle,
carence martiale
FHL
) Leucocytes
) Eosinophiles
) Pathologies
lympho-prolifératives
) Atopie, urticaire, dermatoses
bulleuses auto-immunes,
parasitose (cutanée ou
digestive...), médicamenteux
VS
Néoplasie
Créatinine / urée
IR
ASAT / ALAT / PAL
Cholestase (CBP, hépatite C)
LDH
Néoplasie
Status fer
Carence martiale
TSH
Hyper- / hypothyroïdie
HbA1c
Diabète
Sérologies
VIH, Hépatite B et C
Selles : parasites intestinaux,
sang occulte
Parasites intestinaux / néoplasie
Thorax (RX/ scan)
M. de Hodgkin / néoplasie
Scan abdominal
M. de Hodgkin / néoplasie
que les huiles de bain sont généralement opérants. Au
contraire des antihistaminiques, rarement satisfaisants.
Traiter de manière optimale, c’est traiter la cause
systémique à l'origine du prurit.
Identifier la pathologie
Lorsqu’un patient se plaint de prurit, le premier geste
à réaliser est un examen clinique minutieux à la
recherche de lésions cutanées autres que celles liées
au grattage. Dans ce cas, une biopsie cutanée peut
permettre d'identifier la pathologie dermatologique :
pemphigoïde bulleuse, toxidermie médicamenteuse,
eczéma (de contact ou atopique), psoriasis, lichen,
papulose lymphomatoïde, mycosis fongoïde, etc. Les
croûtes liées au grattage, les lésions de prurigo et
les lésions eczématiformes aspécifiques ne sont pas
exploitables en histologie !
Les kératoses séborrhéiques, souvent très nombreuses
chez le sujet âgé, peuvent également être la cause d’un
prurit.
Des lésions apparemment aspécifiques doivent faire
envisager une parasitose de type scabiose, surtout
chez les patients ayant séjourné en milieu hospitalier
ou vivant en collectivité (rechercher la présence de
sillons scabieux, une notion de contagiosité, des
nodules des zones plus chaudes telles que fesses et
plis). Elles peuvent aussi être le signe d’une gale sous
la forme "norvégienne", beaucoup plus croûteuse et
hyperkératosique.
Face à un eczéma chronique sans cause externe
identifiée, il ne faut pas négliger les médicaments
éventuellement responsables du prurit : inhibiteurs
calciques, thiaziques, IEC, statines, etc.
Le prurit du sujet âgé :
feuille de route
3. Définir le mode évolutif, le moment d'apparition, un facteur
déclenchant, une notion de contagiosité.
1. Affirmer le prurit, à différencier du grattage machinal.
Chez le sujet âgé, ce sont souvent les lésions de grattage qui
révèlent le prurit. Généralement, les zones non accessibles
comme le milieu du dos sont épargnées (sauf en cas de dermatose
bulleuse, toxidermie médicamenteuse, urticaire ou eczéma).
Lors de prurits intenses et chroniques peut également apparaître
une lichénification de la peau qui correspond à une forme
particulière d'épaississement cutané. Lorsque les lésions de
lichénification prennent un aspect nodulaire, on parle de prurigo.
Ces lésions sont, par ailleurs, elles-mêmes prurigineuses et
contribuent de ce fait à l'entretien du prurit.
2. Définir la topographie du prurit : diffus ou localisé.
4. Répertorier les médicaments habituels et récemment
introduits, les antécédents médico-chirurgicaux et les
allergies connues, les pertes de poids, etc.
5. Rechercher les lésions cutanées telles que des érosions, bulles,
sillons, nodules, etc.
6. Réaliser les examens complémentaires utiles (cf. tableau
ci-dessous)
Une biopsie cutanée peut se révéler utile au diagnostic si les lésions
cutanées ne sont pas liées au grattage. Elle permet notamment
d’identifier une pathologie bulleuse, de rechercher une toxidermie
médicamenteuse, de différencier un eczéma et un psoriasis ou
encore de rechercher un lichen.
PRURIT
Topographie
du prurit
Prurit diffus
) Cuir chevelu : pédiculose, dermite séborrhéique, teigne
) Anus : oxyurose, candidose, dermite irritative
) Vulve : candidose, trichomonase, lésions (pré)cancéreuses
) Mains/pieds : dyshidrose, intertrigo
) Jambes : piqûres d'insectes, larva migrans
Lésions
cutanées
spécifiques
Oui
Prurit localisé
Non
Dermatoses prurigineuses
Prurit "internes"
) Infectieuses : - parasitaires : gale, loase
- virales : varicelle
- fongiques : dermatophyties diffuses
)A
llergie : dermatite atopique, eczéma
)M
aladies bulleuses : pemphigoïde bulleuses, pemphigus
) T oxidermies médicamenteuses
) Insuffisance rénale chronique
) Choléstase : cirrhose biliare primitive, cholangite sclérosante
) Hémopathies malignes : lymphomes non hodgkiniens, maladie de Vaquez, mastocytose
) Carence martiale
) Endocrinopathies : hypothyroïde, hyperthyroïde, diabète
) Intolérances médicamenteuses
) Infection par VIH
) Prurit "sénile"
) Prurit "psychogène"
17
Dossier
Dermatologie
Réduire le prurit :
quelques mesures d’hygiène générales
) Privilégier une toilette non agressive
- pas de savon parfumé : utiliser de préférence des
savons surgras, des pains dermatologiques respectant
le film hydro-lipidique, des syndets liquides ou de
l'huile lavante
- pas de savon antiseptique au long cours
- ne pas savonner les zones très irritées si cela n'est pas
nécessaire
- limiter les bains : pas plus de deux par semaine ou
même un seul. Les pratiquer plutôt le matin, tièdes,
de courte durée, avec adjonction d'amidon de riz et/
ou d’huile de bain
- effectuer un rinçage doux par une douche tiède, et
non chaude, plutôt que par un gant de toilette
- tamponner pour sécher, tapoter sans frotter
) Bannir le parfum et ses dérivés pour les frictions
après la toilette
- proscrire toutes les substances alcoolisées (eau de
cologne, etc.) ou parfumées
) Hydrater la peau encore humide, en couche
mince, après la toilette
-
préférer une crème, ou mieux, une pommade
hydratante, plutôt que le lait ou l'huile.
Soigner le prurit
chez un patient âgé
En première intention, en plus des
mesures d’hygiène générale :
) hydratant/émollient au long cours
) dermocorticoïdes : à usage
ponctuel
) anti-histaminique non sédatif
et/ou sédatif (Atarax®) : efficace
dans seulement 25 % des cas
En deuxième intention :
) photothérapie (UVB le plus
souvent, parfois UVA) : efficace
dans 50 % des cas
) corticothérapie systémique
(Medrol®) : efficace dans près de
50 % des cas
) anti-dépresseurs
- prescrire des émollients simples : topiques à l'urée
(3 à 10 %) ; topiques "hydratants" sous forme de gels
surgras, de crèmes fluides ou d'émulsions grasses
suivant le cas. Les cold creams ou les cérats modernes
(cérat de Galien ou cérat Xémose®) sont très utiles
dans cette indication.
-
prescrire des émollients à base de polidocanol
(Eucerin® crème anti-démangeaison par exemple), du
lait apaisant (Sensinol ou Physiogel AI), de la crème
Xéracalm, etc.
Remarque : on peut recommander l'application
des émollients tout de suite après le séchage de la
toilette mais en cas de sensation de brûlure, attendre
30 minutes avant d'appliquer les émollients.
) Éviter les vêtements irritants
- é viter la laine et les tissus synthétiques
- préférer les vêtements en coton, légers et amples
(souvent trop serrés, les vêtements favorisent le prurit
au niveau des zones d'hyperpression) et découdre les
étiquettes
- c hanger de vêtements chaque jour
- isoler les zones irritées par un tissu en coton
) Limiter les autres facteurs irritants externes
Pour les locaux d'habitation :
- éviter toute chaleur excessive, en particulier par le
chauffage et l'excès de couvertures y compris en été
(conseiller l’air conditionné)
- lutter contre la sécheresse des locaux en installant des
humidificateurs, surtout en hiver, par exemple sur les
radiateurs
Pour les lessives :
- éviter les lessives concentrées ; préférer le savon de
Marseille non parfumé
- éviter les assouplissants parfumés pour le linge ; utiliser
éventuellement un adoucisssant hypoallergenique
peu parfumé (pas de fragrances) et peu dosé
) Autres mesures
- couper les ongles courts
- remplacer le grattage par l'application de topique
pour éviter le cercle vicieux "prurit-grattage-prurit" ;
de simples frictions à l'aide d'eau fraîche ou d'eau
thermale en spray conviennent également 18
Dermato-pédiatrie :
infections fréquentes
en pratique
LA TEIGNE
La teigne du cuir chevelu est une infection
des cheveux par des champignons de type
dermatophyte. La transmission peut être
zoophile et donc s’effectuer via un animal,
ou anthropophile par contact interhumain.
)
Clinique
Cette année, l’équipe de dermatologie du CHR s’est
trouvée confrontée à une vague inattendue de cas de
teignes anthropophiles. La clinique variait d’un simple
état pelliculaire au kérion inflammatoire en passant par
des plaques peladiques squameuses avec des cheveux
cassés à ras.
Seul l’examen direct associé à une culture mycologique
permet de déterminer le germe responsable de la
teigne et son mode de transmission – anthropophile
versus zoophile – pour adapter au mieux la prise en
charge du patient.
Le dépistage de la famille est primordial, surtout dans
les cas plus résistants, car la contagiosité intrafamiliale
s’avère plus élevée encore que la contagiosité scolaire.
Les porteurs sains devront toujours être traités aussi.
Quelques mesures élémentaires contribuent à limiter
la propagation de la teigne, notamment : exclure le
partage des effets personnels, porter un couvre-chef,
désinfecter les peignes, rasoirs et jouets à la javel, etc.
)
Principaux dermatophytes
Dermatophytes
anthropophiles
Dermatophytes zoophiles
)
)M
icrosporum langeronii
)M
icrosporum audouinii
) T richophyton soudanense
) T richophyton violaceum
) T richophyton tonsurans
) Microsporum canis
) Trichophyton mentagrophytes
) Trichophyton verrucosum
Transmission
En cas de transmission interhumaine, enrayer la
contagion des lésions représente un réel défi. L'éviction
scolaire est largement conseillée, en particulier pour
les enfants qui fréquentent l'école maternelle. Les plus
grands pourront toutefois être autorisés à réintégrer
l'école à condition de porter un chapeau, de prendre
un traitement adéquat et bien conduit et de bénéficier
d’un suivi médical régulier.
Traitement
Le traitement de la teigne anthropophile varie selon
l’âge et le poids de l’enfant :
Enfants < 1 an
Traitement local seul :
Shampooing
au kétoconazole
+ crème azolée
Enfants < 2 ans
ou < 15 kg
Enfants > 2 ans
ou > 15 kg
Traitement local
+
Traitement local
+
Fluconazole sirop
5-6 mg/kg/jour
Teigne
microsporique
Teigne
trichophytique
Itraconazole
5 mg/kg/jour
Terbinafine
< 20 kg : 62,5 mg/jour
20-40 kg : 125 mg/jour
> 40 kg : 250 mg/jour
L’une des difficultés thérapeutiques est liée à la longue
durée des traitements de la teigne. Idéalement, le
patient doit bénéficier d’un suivi clinique toutes
les trois à quatre semaines et poursuivre la prise de
médicaments jusqu’à la guérison mycologique.
19
Dossier
Dermatologie
VERRUES ET CONDYLOMES
Les Papillomavirus humains (HP) induisent des
tumeurs épithéliales bénignes, de la peau et
des muqueuses. Les papillomavirus sont des
virus à ADN de la famille des Papovaviridae,
dont plus de 80 types ont été identifiés.
L’HPV colonise les noyaux des cellules épidermiques
et entraîne une prolifération des kératinocytes avec
différenciation à peu près normale.
)
Clinique
par les sols humides contaminés (pourtour du bassin
de natation, douches communes, vestiaires, etc.).
La période d’incubation est estimée de 3 mois à
plusieurs années.
Des infections sévères ou étendues peuvent se
produire chez les patients dont l’immunité cellulaire est
altérée (greffe, VIH, etc.) ou chez les patients atopiques.
)
Traitement
L’aspect clinique est variable selon le type de verrues :
) Verrues communes (HPV 2 ou 4) : papules en
forme de dôme à extensions digitiformes donnant
un aspect rugueux ou de chou-fleur, siégeant plus
fréquemment sur les mains et en péri-unguéal.
) Verrues planes (HPV 3 ou 10) : petites papules à
sommet plat, multiples, fréquentes sur le visage et les
membres.
) Verrues plantaires (HPV 1, 4 et autres) : souvent
situées dans les zones de pression, il s’agit de lésions
hyperkératosiques, généralement multiples et regroupées (d’aspect mosaïque). L’hyperkératose peut
être telle que la verrue en devient douloureuse.
) Verrues extragénitales
- Destruction après décapage de l’hyperkératose à
l’azote liquide (-195 °C) : méthode la plus utilisée en
pratique associée à l’application d’un kératolytique
à domicile. Traitements à répéter régulièrement
jusqu’à destruction complète de la verrue.
-D
estruction par acide salicylique ou acide nitrique.
- Destruction par électrodessication ou laser CO₂ :
méthode peu utilisée car elle nécessite un dispositif
d’aspiration efficace afin d’éviter la contamination
de l’opérateur.
- Destruction par acide rétinoïque à 0.03 % : à utiliser
avec précaution sur les verrues planes.
La régression spontanée prend souvent plusieurs
années, avec un risque de dissémination durant ce
délai.
Verrue plane
Verrue plantaire
) Verrues anogénitales (HPV 6, 11, 16, 18) : aspect
variable allant de la petite papule asymptomatique
aux condylomes acuminés en chou-fleur ou crête de
coq de quelques millimètres ou plusieurs centimètres.
)
Transmission
Fréquentes chez les enfants en âge scolaire, les verrues
cutanées se transmettent par contact direct, le virus
pénétrant plus facilement aux endroits de microtraumatismes. La transmission est également favorisée
20
) Verrues anogénitales
-
Destruction par azote liquide, laser CO₂, exérèse
chirurgicale (permet d’obtenir un typage histologique)
- Imiquimod 5 %
- Podophylline
- Récidives fréquentes
Les verrues anogénitales sont essentiellement transmises par contact sexuel. Chez l’enfant, elles peuvent
être transmises au moment de l’accouchement à partir d’une mère infectée ou encore être auto-inoculées
si l’enfant présente des verrues sur d’autres parties du
corps. Il convient de rester vigilant en cas de trouble du
comportement de l’enfant et d’examiner les organes
génitaux à la recherche de signes d’abus.
LE MOLLUSCUM CONTAGIOSUM
Le molluscum contagiosum est une infection
cutanée courante et récidivante causée par un
virus appelé poxvirus (Poxviridae).
)
Clinique
Le molluscum contagiosum se manifeste sous forme de
petites papules de couleur chair ou perle, de 1 à 6 mm
de diamètre, ombiliquées en leur centre. Les papules
se présentent généralement en nombre et peuvent
toucher toutes les parties du corps. Une dermatite
eczémateuse entoure souvent les lésions les plus
importantes.
L’infection peut être plus étendue chez les patients
atteints de dermatite atopique avec souvent des
poussées d’eczéma plus sévères.
)
Transmission
Particulièrement contagieux, le molluscum se transmet
par contact avec une personne infectée, un objet
contaminé ou dans un bassin de natation. On évitera
de partager le linge de toilette et l’eau du bain.
La période d’incubation s’étend généralement de 2 à
7 semaines mais peut parfois durer plusieurs mois.
)
Traitement
Souvent autolimitées, les lésions peuvent prendre un
aspect inflammatoire avant de régresser et parfois
laisser de petites cicatrices varioliformes.
Les papules peuvent être éliminées par curetage
mécanique à la curette tranchante, après application
d’une crème anesthésique (par exemple, Emla crème
1 heure avec Opsite ou cellophane).
Le traitement à l’azote liquide donne également de
bons résultats, mais n’est pas sans inconvénients : plus
douloureux, il présente aussi un risque cicatriciel plus
élevé.
Les récidives sont fréquentes et nécessitent des
traitements répétés.
21
Info r ma t i o n mé d i c a l e à l ’atte ntion de s mé de c ins gé né r al is te s
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