Anafrmed-2025-0006.R2 Manuscript version CLEAN révisé2 Dr BOO MUTANDA dieudonné Aspects épidémiologiques et histopathologiques des tumeurs du système nerveux central aux cliniques universitaires de Kinshasa

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Article original
Aspects épidémiologiques et histopathologiques des tumeurs du système nerveux central
aux cliniques universitaires de Kinshasa
Epidemiological and Histopathological Aspects of Central Nervous System Tumors at the
University Clinics of Kinshasa
Dieudonné Mutanda Boo1, David Tasema Azako1,2, Jérôme Kano Badhoka3,
Luc Bakumobatane Mokassa4,5, Nestor Bala Nassuru5
Département d’anatomie pathologique, Cliniques universitaires de l’Uélé, Université de l’Uélé,
R.D. Congo.
Abstract
Context and Objective. Central nervous system (CNS) tumors are relatively rare but represent
a major public health concern due to their morbidity, mortality, and functional consequences.
This study aimed to describe the epidemiological and histopathological characteristics of CNS
tumors diagnosed at the University Clinics of Kinshasa (CUK) over a ten-year period.
Methodology. A retrospective descriptive study was conducted from January 2014 to December
2023 in the Department of Pathology at CUK. Data were extracted from pathology laboratory
registers using a digital survey form developed in KoboCollect and analyzed with SPSS
Statistics 2024 (version 29.0.2.0).
Results. Out of 12,464 pathological specimens analyzed, 27 cases of CNS tumors were
identified, representing a frequency of 0.22%. The mean age was 42.13 years (range: 9 months
to 75 years), with a slight male predominance (51.85%, sex ratio: 1.07). The most common
tumor locations were the brain region (44.44%) and meninges (40.74%). Meningiomas
accounted for 48.15% of cases, mainly grade I (44.44%), with meningothelial (14.81%) and
transitional (14.81%) subtypes. Astrocytomas represented 22.22% of cases, primarily diffuse
(14.81%) and pilocytic (7.41%) types. Glioblastomas made up 11.11% of the tumors, all
classified as grade IV. Low-grade tumors (grades I and II) predominated, accounting for
85.18% of cases, indicating low aggressiveness.
Conclusion. The predominance of low-grade tumors, particularly meningiomas, highlights the
need for early diagnosis. Strengthening access to neuroimaging, histopathological analysis, and
neurosurgical services is essential to improve patient care in our setting.
Keywords: Epidemiology, Glioblastoma, Histopathology, Central Nervous System, Tumors.
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Résumé
Contexte et objectif. Les tumeurs du système nerveux central (SNC) sont rares, mais
représentent un véritable problème de santé publique en raison de leur morbidité, mortalité et
impact fonctionnel. Cette étude avait pour objectif de décrire les aspects épidémiologiques et
histopathologiques des tumeurs du SNC aux Cliniques Universitaires de Kinshasa (CUK) sur
une période de dix ans.
Méthodologie. Il s’est agi d’une étude rétrospective descriptive réalisée de janvier 2014 à
décembre 2023 au service d’anatomie pathologique des CUK. Les données ont été extraites des
registres anatomopathologiques à l’aide d’une fiche d’enquête numérique via KoboCollect, puis
analysées avec le logiciel SPSS Statistics 2024 (version 29.0.2.0).
Résultats. Parmi 12 464 prélèvements analysés, 27 cas de tumeurs du SNC ont été identifiés,
soit une fréquence de 0,22 %. L’âge moyen des patients était de 42,13 ans (extrêmes : 9 mois à
75 ans), avec une légère prédominance masculine (51,85 %, sex-ratio : 1,07). Les localisations
les plus fréquentes étaient la région cérébrale (44,44 %) et les méninges (40,74 %). Les
méningiomes (48,14 %) étaient majoritairement de grade I (44,44 %), avec des sous-types
méningothélial (14,81 %) et transitionnel (14,81 %). Les astrocytomes représentaient 22,22 %,
les glioblastomes 11,11 %, exclusivement de grade IV. Les tumeurs de bas grade (grades I et
II) représentaient 85,18 % des cas, traduisant une faible agressivité.
Conclusion. La prédominance des tumeurs de bas grade souligne l’importance du diagnostic
précoce et la nécessité de renforcer les capacités locales en imagerie, pathologie et
neurochirurgie.
Mots-clés : Épidémiologie, Glioblastome, Histopathologie, Système nerveux central, Tumeurs.
1. Département d’anatomie pathologique, Cliniques universitaires de l’Uélé, Université de
l’Uélé, R.D. Congo.
2. Département d’anatomie pathologique, Cliniques universitaires de Kinshasa, Université
de Kinshasa, R.D. Congo.
3. Département de pédiatrie, Cliniques universitaires de l’Uélé, Université de l’Uélé, R.D.
Congo.
4. Département de chirurgie, Cliniques universitaires de Kinshasa, Université de Kinshasa,
R.D. Congo.
5. Département de chirurgie, Cliniques universitaires de l’Uélé, Université de l’Uélé, R.D.
Congo.
3
INTRODUCTION
Les tumeurs du système nerveux central (SNC) sont des proliférations anormales de cellules
dans l’encéphale et dans la moelle épinière (1). Elles représentent malgré leur rareté relative,
un problème de santé publique à cause de la mortalité et de la morbidité qui les accompagnent
chez les enfants ainsi que les adultes, et elles sont une cause possible d'incapacités et de
handicaps importants, et génèrent un fardeau élevé dans les systèmes de santé (2).
En effet, chaque type de cellule qui constitue le système nerveux central (SNC) peut donner
lieu à une tumeur (3). Elles sont divisées en 2 groupes distincts : les tumeurs primitives du
système nerveux central (TPSNC) et les tumeurs secondaires ou métastases, issues d’un cancer
primitif situé à l’extérieur du SNC. L'incidence de chaque tumeur varie en fonction de l'âge et
des tissus impliqués. Ces tumeurs comprennent les gliomes (notamment les astrocytomes), les
tumeurs embryonnaires, les méningiomes et les médulloblastomes (1).
La tumeur de haut grade (grade IV) la plus fréquente parmi les tumeurs du SNC est le
glioblastome qui a le taux de mortalité le plus élevé. D'autre part, le méningiome est connu
comme la tumeur bénigne la plus courante (2).
Une revue systématique sur l'incidence mondiale des tumeurs du SNC a été publiée en 2024
concluant que ces tumeurs représentent environ 2 % de la charge globale de cancer en
pathologie humaine (3).
En France, entre 2006 et 2011, 57 816 cas recensés de tumeurs primitives du système nerveux
central (SNC) histologiquement confirmés. L'incidence brute était de 15,5 pour 100 000
personnes-années (4).
L’incidence des tumeurs encéphaliques reste faible en Afrique avec une incidence de 1,4/100
000 habitants (5).
En Afrique subsaharienne, les données épidémiologiques sur les tumeurs cérébrales sont rares
et parcellaires. Cependant les prévalences étaient de 0,29% à Madagascar en 2019 et de 11,15%
au Congo-Brazzaville en 2018 (6,7). En République démocratique du Congo (RDC), il existe
peu de données épidémiologiques sur cette affection. En 1995, Chirimwani B. et al., ont réalisé
une étude aux cliniques universitaires de Kinshasa (CUK) et ont trouvé cinq méningiomes (31
%), trois glioblastomes (18,7 %) et un oligodendrogliome (18,7 %) (8). Plus récemment, Kisile
O. et al. ont rapporté que les tumeurs du système nerveux central représentaient 0,18 % de
l'ensemble des pathologies recensées à Kinshasa. Les méningiomes constituaient 60,9 % de
toutes les tumeurs nerveuses enregistrées suivis d’oligoastrocytomes (12,5 %) (9).
Les données épidémiologiques sur ces tumeurs restent rares en Afrique, et particulièrement en
RDC. Cette étude vise à contribuer à une meilleure connaissance de cette pathologie dans notre
contexte.
Ainsi donc, la présente étude avait comme objectif de décrire les aspects épidémiologiques et
histopathologiques des tumeurs du système nerveux central aux Cliniques Universitaires de
Kinshasa (CUK).
4
METHODOLOGIE
Il s’est agi d’une étude rétrospective, transversale à visée descriptive, réalisée sur une période
de dix ans, du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2023. Elle a été conduite au sein du département
d’anatomie pathologique des Cliniques Universitaires de Kinshasa. Tous les prélèvements
anatomopathologiques, toutes localisations confondues, enregistrés au cours de cette période
ont été examinés afin d’identifier les cas de tumeurs du système nerveux central (SNC). Ont été
inclus dans l’étude tous les cas de tumeurs du SNC confirmés par l’examen
anatomopathologique durant la période d’étude. En revanche, ont été exclus les cas
diagnostiqués en dehors de cette période ainsi que ceux dont les dossiers étaient incomplets.
Les données ont été collectées à l’aide d’une fiche d’enquête standardisée conçue sous
KoboCollect, un outil de digitalisation des données. Cette fiche a permis de recueillir des
informations sociodémographiques (âge, sexe) et histopathologiques (localisation de la tumeur,
type histologique, sous-type et grade selon la classification de l’OMS). Le processus de
sélection des cas a été structuré selon un diagramme de flux, mettant en évidence les inclusions
et exclusions à partir du total des prélèvements recensés. Les données collectées ont été saisies
dans Microsoft Excel 2023 (version 16.77.1) puis exportées vers SPSS Statistics 2024 (version
29.0.2.0) pour analyse statistique. Les relations entre les différentes variables ont été étudiées à
l’aide d’outils statistiques appropriés. Tout au long de l’étude, les principes d’anonymat et de
confidentialité des données des patients ont été scrupuleusement respectés.
RESULTATS
Durant notre période d’étude, 12.464 biopsies enrégistrées de toutes localisations confondues
ont été analysées avions, dont 27 cas de tumeurs du système nerveux central, soit une fréquence
de 0,22 %. Les caractéristiques de la population de notre étude révélaient un âge moyen de
42,13 ans avec des extrêmes de 9 mois et 75 ans. On retrouvait plus de 51,85% d’homme (14)
soit un sex-ratio à 1,07.
Les tumeurs prédominantes sont les méningiomes (48,14 %) suivis d’astrocytomes (22,22 %),
localisées majoritairement dans la région cérébrale (44,44 %), tandis que le grade I est le plus
fréquent (51,85 %). Concernant les types histologiques et leurs sous-types les méningiomes
étaient les tumeurs les plus fréquentes, représentant une large majorité des cas, avec une
prédominance des sous-types méningothélial (14,81%) et transitionnel (14,81%). Les
astrocytomes occupaient la seconde place, principalement les formes diffuses (14,81%) et
pilocytiques (7,4 %).
Le tableau I ci-dessous présente l’ensemble de ces données.
5
Tableau I : Répartition des cas de la tumeur selon sa localisation, son type
histopathologique et son grade
VARIABLES
N=27
%
LOCALISATION
Cerveau
12
44,44%
Cervelet
2
7,41%
Méninges
11
40,74%
Moelle spinale
2
7,41%
TYPE HISTOPATHOLOGIQUE
Astrocytome
6
22,22%
Ependymome
1
3,70%
Glioblastome
3
11,11%
Méningiome
13
48,15%
Oligo-astrocytome
3
11,11%
Oligodendrogliome
1
3,70%
GRADE DE LA TUMEUR
Grade I
14
51,85%
Grade II
5
18,52%
Grade III
5
18,52%
Grade IV
3
11,11%
TYPE
HISTOLOGIQUE
SOUS-TYPE
HISTOLOGIQUE
N=27
(100)
Méningiome
Astrocytome
Méningothélial
Fibromateux
Angiomateux
Psammomateux
Transitionnel
Anaplasique
Pilocytique
Diffus
Anaplasique
4
1
2
1
4
1
2
4
0
Oligodendrogliome
Oligo-astrocytome
Oligodndrogliome de grade II
Anaplasique
Anaplasique
0
1
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