
En opposition a Martin Heidegger qui nous montre l'être ainsi posé, l'être dans le monde, Buber pose
un principe dialogique. Il ne s'agit plus de décrire la manière dont un sujet atteint un objet mais de
préciser l'espace où trouver les structures qui permettent l'objectivation. Pour sortir de ce je enfermé
en lui-même, Martin Buber présente la doctrine de la relation Je-Tu comme une volonté de décrire
positivement cet effort qui au-delà de l'objet se porte vers l'être sans que cette connaissance n'engendre
une entité inhumaine et neutre, mais rende compte d'une relation et, ce faisant, de la société comme
d'une modification totale de l'être. Martin Buber ne flotte pas dans les parfums de la mystique,
contrairement à ce que certains ont laissé entendre. Il affirme que la condition de toute véritable
rencontre tient à la spécificité de ceux qui y participent.
Passons au point suivant, celui de l'homme dans ses relations.
I.2. L'homme dans ses relations
La relation se définit comme un échange entre deux acteurs, qui éveillent chez eux des attentes
culturellement définies ; elle est un lien de dépendance ou d'influence réciproque entre les personnes.
Ce concept s'oppose tant à l'individualisme, où l'autre n'est perçu que par rapport à lui-même, qu'à la
perspective collective, où l'individu est occulté au profit de la société.
Martin Buber a pris ce concept d'une façon spéciale et lui a donné une valeur. Pour lui, cette relation
n'est pas à voir seulement entre les hommes, mais aussi entre l'homme et Dieu. Il milite pour une
relation fraternelle qui n'exclut pas le dialogue.
Pour Buber, la vraie relation présente quatre aspects importants : la réciprocité, la présence, la totalité
et la responsabilité.
La relation chez Buber repose sur la réciprocité, laquelle n'existe que là où il y a la présence réelle
des autres. Entrer en relation avec l'autre c'est affronter sa réalité et l'assumer dans la vie vécue. C'est
aussi avoir la capacité d'écouter l'autre dans ce qui le touche personnellement. C'est pouvoir l'entendre
affirmer ses convictions, ses désirs, ses attentes, le laisser parler de la façon dont il se vit.
Dans la réciprocité notre auteur suppose que l'autre soit saisi comme conscience et non comme
phénomène. Le Tu agit en moi comme j'agis en lui. Nous parvenons à remarquer ici une attitude
d'opération : Je qui opère Tu et Tu qui opère Je. En parlant du Je ou du Tu, Buber évoque l'homme
réel.
L'autre comme présence, comme être physique est rencontré. Ici on vise l'être intégral. Pour Buber,
lorsque nous sommes en présence de l'autre, nous devons l'aimer d'un amour qui ne soit pas aveugle.
Puisque dans l'amour les deux partenaires sont conviés à un tête-à-tête exclusif2(*). Etant donné que
le Je et le Tu forment un seul monde, celui de la relation dans toute son intégrité, l'action de l'un et de
l'autre les concerne. C'est cela qui se produit sous le nom de responsabilité. Meilleurs cadeaux pour
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En dehors de ces quatre aspects, Buber parle expressément de l'autre que je rencontre, qui manifeste
un caractère diffèrent que moi, mais qu'il faut supporter et considérer comme tel. Cela nous amène à
dire que chacun doit traiter l'autre non pas comme objet, mais comme son semblable. Et lorsque les
deux partenaires arrivent à s'abandonner dans une complète mutualité, ils atteindront la sphère de
l'interhumain3(*). Voyons à présent les deux couples de relations chez Martin Buber.
I.3. les deux couples de relations chez Buber
Dans ses recherches et expériences, Martin Buber a mis en exergue, sous une forme originale et
expressive au moyen de tournures grammaticales particulières, les deux concepts constitutifs de la