
ANNEXE 4 : Indications et modalités des thérapies décompressives chez le patient brûlé - MAJ Janvier 2014
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3. OPTIONS PROPOSEES PAR L’ABA :
3.1. Il est conseillé de prendre contact avec le centre référent de brûlés si une
indication se présente ou au mieux de transférer si possible le malade.
3.2. Idéalement les chirurgiens doivent être entraînés. À défaut, la connaissance de
l’anatomie (nerf, vaisseaux, organes et tendons) de la région concernée doit être
connue de l’opérateur.
Il peut donc être utile d’avoir recours à l’aide spécialisée d’un confrère pour certaines
régions anatomiques (ophtalmologistes pour la région orbito-palpébrale, ORL ou
Maxillo pour la région cervicale, orthopédiste pour les membres). Le plasticien doit
normalement pouvoir prendre en charge l’ensemble des indications d’un patient en
dehors des thérapies décompressives abdominales, qui devra être pris en charge par
une équipe de chirurgiens viscéraux.
3.3. Les méthodes non invasives comme le doppler ou l’oxymétrie de pouls peuvent
être utiles mais des valeurs normales n’excluent pas un syndrome
compartimental.
En pratique des recommandations sont différentes pour le seuil de sensibilité de
l’oxymétrie de pouls à l’ischémie selon les auteurs : certaines retiennent une indication
de l’escarrotomie pour toute diminution en-dessous de 95%, d’autres 90%. Au mieux
une différence supérieure ou égale à 6% entre le membre atteint et le membre
controlatéral (s’il est sain) est une bonne indication de la nécessité d’escarrotomie.
3.4. Les incisions prophylactiques des brûlures circulaires profondes sont justifiées
avant tout signe d’ischémie.
3.5. Les indications d’escarrotomies thoraciques et de décompressions abdominales
doivent être envisagées pour les patients brûlés avec dysfonction pulmonaire ou
hémodynamique.
3.6. Les thérapies décompressives nerveuses doivent être envisagées devant tout
signe de compression nerveuse : paresthésies, hypoesthésies, parésies et
paralysies.
En pratique, les brûlures électriques même de bas voltage (<1000 V) peuvent entraîner
un syndrome de compression nerveuse. La physiopathologie suit la loi physique U=R*I
concomitamment à la règle biologique du tissu le plus conducteur : le courrant passe
préférentiellement par les tissus chargés ioniquement (nerfs et vaisseaux) et dégage
un effet thermique lié à l’effet joule quand la résistance est la plus importante (section la
plus étroite avec le moins de tissus conducteurs, comme, par exemple, au coude). Les
lésions sont donc des lésions thermiques nerveuses indépendantes de lésions
cutanées. Les lésions nerveuses sont à rechercher préférentiellement à la section de
chaque articulation d’un membre (poignet, coude…). Trois types de lésions sont à
craindre : la neurapraxie (immédiate), l’axonotmésis (immédiate) et la brûlure des
gaines nerveuses avec développement secondaire de fibrose compressive
responsable de neuropathies à distance (7% dans la série de Smith, PRS 2002,
réversibles par neurolyse chirurgicale). La neurapraxie et l’axonomtesis peuvent être
secondaire à l’œdème nerveux au sein d’un canal inextensible en lien précisément
avec un syndrome compartimental localisé. L’examen clinique minutieux rapporte
précisément l’atteinte neurologique périphérique. Il convient de libérer le nerf dès
l’apparition de signes neurologiques : l’abord chirurgical permettra cette libération ainsi
que le bilan lésionnel et les réparations nécessaires.