Outils de labour: Charrues à socs et versoirs - Guide Agricole

Telechargé par Xavier Monthé
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Chapitre 2: Etude des outils de mise en place des cultures
Introduction
La mécanisation est certainement l’une des plus importantes clés de l’économie agricole,
d’autant plus que la rentabilité de nos différentes spéculations est sérieusement menacée. La
constante et très rapide évolution du matériel agricole présente à l’agriculteur de nombreuses
options parmi lesquelles il doit opérer des choix qui vont conditionner ses performances
techniques et économiques. Il est donc fondamental de disposer d’une information précise et
nuancée sur les équipements agricoles.
I. Outils de labour (Charrues)
1. Les charrues à socs et versoirs
Le labour est une opération de retournement du sol sur une profondeur moyenne d’environ 20
cm. Il a pour but de créer un état structural de la terre favorable au développement des plantes en
facilitant la germination, la croissance et l’installation des racines. Il a plusieurs objectifs:
-l’ameublissement du sol et son aération;
-l’enfouissement des matières organiques;
-la destruction des mauvaises herbes.
Le labour est donc une opération fondamentale de travail du sol réalisée dans une très grande
majorité des cas avec une charrue à socs avant la mise en place d’une culture. Théoriquement, il
consiste à découper une bande de terre de section rectangulaire et à la retourner de manière à
ramener la partie inférieure à la surface (Fig 1).
La partie verticale qui subsiste après le passage de la charrue se nomme «muraill, la partie
horizontale s’appelle «fond de raie» ou «jauge» et la partie du champ non labourée est désignée
sous le nom de «guéret» (Fig 1). La profondeur de labour varie de 15 à 30 cm suivant le type de
sol, la date du labour, les techniques culturales de l’agriculteur…La largeur d’une bande de
labour est mesurée en pouce (1 pouce = 2,54 cm). Les charrues les plus utilisées ont des largeurs
par socs (ou largeur de raie) de 12, 14, 16 et 18 pouces (30 à 45 cm). La largeur est en générale
fixe pour une charrue sauf pour les charrues dites « vari-large » où la largeur est variable
hydrauliquement pour la plupart.
En modifiant la profondeur, l’agriculteur peut modifier l’aspect du labour réalisé :
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Labour dressé: c’est un labour profond qui donnera des bandes de formes carrées. L’aération
est importante alors que le retournement reste insuffisant. Ce labour est souvent utilisé comme
labour d’hiver pour faciliter l’infiltration des eaux de pluie.
P/L = 1
Labour couché: un labour peu profond qui donnera des bandes de formes très rectangulaires. Le
retournement est important, facilitant la préparation du sol (Fig 2).
P/L = 0.5
Labour plat: un labour correct qui donnera un bon retournement et une bonne aération.
P/L = 0.75
En ce qui concerne les techniques de labour, il y a encore lieu de distinguer les labours à plat et
les labours en planches (Fig 3). Les labours à plat sont obtenus avec des charrues réversibles
pouvant verser alternativement à droite et à gauche, de manière à coucher toutes les bandes
découpées d’un champ d’un même coté. Ils laissent un terrain sans ados, ni dérayure. Les labours
en planches sont effectués avec des charrues qui ne peuvent verser la terre que d’un seul coté. Ils
sont exécutés soit en partant des bords d’un champ pour labourer en revenant vers le centre, ce
sont les labours dits « en refendant », soit en partant du milieu de ce champ pour labourer en
tournant autour de cette ligne médiane, il s’agit alors de labours dits « en adossant ».
1.1. Principales pièces de la charrue
Une charrue à socs et versoirs comporte un ou plusieurs corps de labour fixés de façon rigide au
moyen des pièces de liaison (age, étançon) sur un bâti relié au tracteur par une tête d’attelage qui
permet sa rotation dans le cas de charrues réversibles.
Le corps de labour est l’élément principal de la charrue, il comprend les pièces travaillantes (soc,
versoir, rasette, coutre) et les pièces de protection (sep, contre-sep, talon) et souvent un renfort
réglable assurant la rigidité de l’ensemble (Fig 4).
1.1.1. Les pièces travaillantes
a- Le soc
Le soc a pour fonction de découper horizontalement la bande de terre qui doit être retournée par
le versoir. Il prend généralement la forme trapézoïdale qui se prête le mieux à un raccordement
convenable avec le versoir. Suivant la section pour l’aile latérale avant, on distingue les
catégories suivantes (Fig 5):
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-les socs à taillant droit avec pointe renforcée sans forme particulière, servés aux terres peu
abrasives ;
-les socs à lame, parfois réversibles, principalement utilisés dans les terres sans difficuls de
pénétration ;
-les socs à bec de canard avec pointe évasée, plus particulièrement adaptés aux terres difficiles et
abrasives ;
-les socs à pointe mobile comportant une barre d’acier de section carrée qui s’engage dans un
logement aménagé à l’avant du soc; ils conviennent aux terres abrasives et difficiles à pénétrer ;
-les socs à pointe amovible, dont la pointe est réversible en cas d’usure ;
-les socs en deux pièces avec pointe en acier spécial accolée à une pointe en acier ordinaire sont
prévus pour travailler dans tous les types de sol.
b- Le versoir
Le versoir a pour fonction de soulever et de retourner la bande de terre. Pour être à la fois légers
et souples, solides et résistants à l’usure, les versoirs sont le plus souvent fabriqués en acier
triplex qui est un métal formé de trois couches. Le mode d’action du versoir est fonction de sa
forme et de certains angles caractéristiques. D’après leur forme géométrique, on peut classer les
versoirs en trois grandes familles (Fig 6).
les versoirs hélicoïdaux sont souhaités pour le labour d’hiver donnant un labour motteux
et légèrement en digues. Ils conviennent surtout en terres collantes;
les versoirs cylindriques donnent un ameublissement important favorable aux labours de
printemps lorsqu’ils sont longs. Lorsqu’ils sont courts et plats, ils donnent un labour
dressé recommandé aux labours d’hiver;
les versoirs cylindro-hélicoïdaux, souvent nommés «universels» ou «américains»,
comportent une partie antérieure cylindrique et une partie postérieure hélicoïdale. Ils
donnent en général un labour avec une base motteuse et une surface émiettée.
les versoirs à claire-voie sont formés de lames indépendantes et interchangeables. Ils sont
recommandés en terre grasse et adhérente, ils facilitent le décollage de la bande de
terre et demandent un effort de traction très légèrement inférieur aux versoirs classiques.
c- L’allonge du versoir
La queue du versoir fixée à la partie arrière du versoir court permet d’augmenter l’effet de
retournement et améliorer le dégagement de la raie (Fig 7).
d- Le coutre
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Le coutre est destiné à découper verticalement la bande de terre qu’il faudra retourner et à la
rendre libre du coté du guéret, il trace ainsi la muraille. On distingue trois sortes de coutres (Fig
8):
le coutre droit fixe est de moins en moins utilisé car il augmente considérablement la
résistance de traction, surtout en terre sèche;
le coutre circulaire mobile est un disque plan à bord tranchant lisse ou crénelé déconseillé
en terrains caillouteux;
le coutre-lame (incorporé) est dans le but de diminuer l’effort de traction. Il peut etre
soudé ou boulonné sur le soc ou le contre-sep ou encore etre incorporé au versoir.
e- La rasette
Appelée généralement «peloir» ou «avant-corps» est un corps de labour en modèle réduit
composé d’un soc et d’un versoir. Elle est destinée à enfouir les débris végétaux et les mauvaises
herbes de manière à obtenir lorsque le travail est achevé, un labour ne présentant aucune trace de
végétation à la surface du sol. La rasette n’est pas une pièce de charrue indispensable, on a
intérêt à ne l’utiliser que pour le dernier labour précédant le semis.
L’ensemble de ces pièces travaillantes forme le corps de labour qui est relié au ‘bâti’ ou ‘âge’ de
la charrue par un étançon.
1.1.2. Les pièces de soutien
a-L’age: il constitue l’armature et la principale pièce de soutien de la charrue et c’est à ce
dernier qu’est appliqué l’effort de traction.
b-L’étançon: c’est une pièce support qui sert àunir l’âge aux parties principales de la
charrue : le soc et le versoir.
c-Le sep: Cette pièce, fixée à la partie inférieure de l’étançon, sert de support au soc et au versoir
et contribue à assurer la stabilité de la charrue (Fig 7).
1.1.3. Les pièces de protection
a- Le contre-sep: c’est une plaque horizontale qui protège le sep du coté de la muraille, contre
l’usure par frottement et permet le guidage latéral de la charrue et l’avancement du corps de
labour parallèlement à l’axe du tracteur.
b-Le talon: c’est une pièce amovible qu’on rapporte à la partie postérieure du sep et du contre-
sep pour le guidage vertical de la charrue.
1.2. Classification des charrues
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Les critères généralement utilisés pour classer les différents modèles de charrues sont le type de
labour et le mode d’attelage.
1.2.1. Classification selon le type de labour
a-Les charrues simples
Ces charrues ne possèdent qu’une seule série de corps qui versent toujours la terre du même coté,
généralement à droite (Fig 9). Pour réaliser le labour, il faut tourner autour de la parcelle pour
terminer au milieu. Il reste donc ainsi une raie au milieu de la parcelle délimitant deux planches
d’où le nom de labour en planches. Lorsque la parcelle est large l’agriculteur réalise plusieurs
planches. L’année suivante, il faudra labourer en tournant en sens inverse pour commencer au
milieu de la parcelle et finir sur les bords. Ce type de labour est fastidieux à réaliser pour bien
terminer les planches. Il est surtout utilisé en sols humides non drainés pour éliminer l’excès
d’eau.
b- Les charrues réversibles
Une charrue réversible possède deux rangées de socs inverses disposés à 180 (les plus
répandues) ou 90° l’une de l’autre (demi tour et quart de tour). Ces charrues permettent de verser
la terre alternativement d’un coté puis de l’autre, et de réaliser ainsi un labour à plat (sans raie au
milieu de la parcelle) (Fig 9). Il faut alterner les cotés d’une année à l’autre pour éviter de voir
les raies plusieurs fois au même endroit.
1.2.2. Classification selon le mode d’attelage
Cette classification est fonction de la manière dont est conçue la liaison avec le tracteur et a
évolué dans le temps pour répondre aux évolutions de l’agriculture.
a-Les charrues trainées: elles étaient utilisées au départ avec la traction animale puis les
premiers tracteurs. Le bâti est supporté par des roues porteuses et tiré par le tracteur.
b-Les charrues portées: elles sont reliées au tracteur par l’intermédiaire de l’attelage trois
points. Le terrage et le déterrage sont commandés par le relevage hydraulique du tracteur. Avec
ces matériels, le nombre de corps est généralement limité par la puissance du relevage et par le
danger de cabrage du tracteur, ils présentent cependant au travail l’avantage de pouvoir
transférer une partie de leur poids sur le tracteur et d’améliorer ainsi l’adhérence (report de
charge important). Pour permettre un contrôle efficace de la profondeur de travail, les modèles
avec trois corps et plus comportent en général à l’arrière une roue de jauge (Fig 10).
c-Les charrues semi-portées: ces matériels sont attelés sur les barres de traction du relevage et
reposent au sol, au transport comme au travail, par l’intermédiaire d’une ou de deux roues
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