Partenariat et Concertation: Analyse et Amélioration

Telechargé par Steve Chenel
5.1 La règle du partenariat
Est-ce que vous présentez votre représentation de la situation?
Au départ, principalement à ma première intervention tout était flou, rien de vraiment préparé et aucune balise pour
cet accompagnement. En n’ayant pas l’élément clé de la coopération qui est le but commun (St-Arnaud (2003),
p.79), il devenait difficile de présenter concrètement la situation. Je supposais que je pouvais bâtir sur ce que je
savais déjà de celle-ci. Je n’ai pas tenté de changer la situation initiale, car je pensais que ma connaissance des
problèmes technologiques s’avérait efficace pour mon accompagnement. J’étais très loin de l’efficacité
professionnelle (St-Arnaud, 2003, p.11). J’étais véritablement trop implicite, je supposais des éléments sans
vraiment les mentionner. Je dirais que c’était clair dans ma tête, mais qu’il aurait fallu les partager afin d’avoir le
même regard de la situation.
Est-ce que vous laissez les autres présenter leur représentation de situation?
Dans ma première intervention clé, je n’ai pas vraiment laissé de place à l’interlocuteur de me présenter la situation.
Je croyais bien connaître les motifs et ainsi accélérer le processus. Je connaissais les comportements à améliorer et
en conséquence, mon interlocuteur n’avait pas besoin de me présenter sa vision de la situation. Dans ma deuxième
intervention, je dirais que j’ai véritablement laissé mon interlocuteur me présenter sa perception, mais surtout ses
angoisses, ses peurs et ses croyances vis-à-vis le numérique. En connaissant mieux sa vision de la situation, cela m’a
permis d’adapter la démarche.
Est-ce que vous vous assurez que le but visé est le même pour vous et vos interlocuteurs?
Je n’ai aucunement tenté de m’assurer que le but visé était le même dans ma première intervention clé. Je me suis
retrouvé dans la passivité de mon interlocuteur puisque nous n’étions pas du tout dans le même canal de
communication. Le but visé a été mieux précisé dans ma deuxième intervention. Cette fois-ci, on partageait le même
but, par contre les moyens pour y parvenir divergeraient.
Est-ce que vous parlez des règles du jeu, des rôles de chacun, de ce que vous accomplirez ensemble...?
J’étais beaucoup dans le général (G) tandis que mon interlocuteur se retrouvait dans le particulier (P). La structure
de services demande beaucoup d’être dans le particulier puisque nous sommes en quelque sorte à l’écoute de
2
l’interlocuteur. Il devenait difficile pour ma part de bien émettre les règles du jeu puisque les champs de compétences
n’étaient pas bien établis à la base.
Quelle structure de relation (pression, service, coopération) est implicite dans votre intention et vos
comportements?
Au départ, j’étais dans la relation de service. Dans la très grande majorité de mes accompagnements, je me retrouve
dans cette situation de relation. J’y suis resté tout au long de ma première visée. C’est lorsque je suis passé à l’orée
de ma deuxième visée que je suis passé en mode de coopération. Je ne suis jamais dans la relation de pression, car je
m’organise dès le départ de ne pas y être. À titre d’exemple, dans mon intervention clé, la direction m’a demandé
d’accompagner l’enseignant. J’ai mentionné à cette direction de mettre certaines balises avec l’enseignant pour que
celui-ci me demande de l’accompagner. En quelque sorte, au lieu que je prenne contact avec l’enseignant et lui
mentionne mon mandat (relation de pression), c’est lui qui demande du soutien pour que je l’accompagne suite à une
demande formelle de la direction (relation de service). Cette façon de faire évite généralement de la résistance de la
part de l’interlocuteur et correspond davantage à ma personnalité.
------
Il y a beaucoup de choses que j’ai fait dans ma deuxième intervention clé que j’aurais pu faire pour améliorer le
partenariat. Généralement, je connais bien la situation d’accompagnement ce qui me permet de m’en sortir même si
je ne présente pas et je ne laisse pas l’interlocuteur présenter la situation. On a pu constater que cela cause de
véritables problèmes quand il y a des biais entre l’acteur et l’interlocuteur. Je dois établir un but commun en précisant
nos attentes et besoins mutuels afin de créer un véritable partenariat. La simple petite phrase : « que puis-je faire
pour vous » (St-Arnaud (2003) :p.79) aurait pu tout changer dans mon intervention. Mon interlocuteur aurait eu ainsi
l’occasion de me présenter sa vision de la situation d’intervention et ainsi établir ensemble un véritable but commun.
La structure de services serait devenue rapidement une de coopération.
J’aurais eu avantage à utiliser les quelques règles de partenariats. Le but visé aurait dû être mieux établi. Il m’arrive
parfois de croire que l’explicite est suffisant pour être au même diapason de la communication, mais je devrais être
beaucoup plus implicite dans mes interventions. De plus, l’établissement des champs de compétences est primordial.
Rien n’a été établi pour bien déterminer les limites de responsabilité de moi et de mon interlocuteur. Je devrai être
beaucoup plus intentionnel et ainsi éviter certains dérapages comme cu dans ma première intervention clé. J’aurais
pu intensifier l’engagement de l’enseignant en ayant des objectifs clairs et surtout de tenter de les atteindre. Il aurait
fallu être dans un contrôle bilatéral afin d’être deux dans la responsabilité de décider de ce qui est acceptable (St-
Arnaud (2003) :P.93-97). En bref, rester dans un dialogue positif et constructif.
5.2 La règle de la concertation
Est-ce que vous structurez la rencontre avant de discuter du contenu?
Parmi toutes les règles de coopération, la concertation a certainement été celle qui a été la plus bafouée de ma part.
J’ai structuré la rencontre selon ma vision sans vraiment la modifier en fonction des besoins réels de mon
interlocuteur. J’avais en tête mon plan de match habituel qui fonctionne quand même bien dans la plupart des cas. Je
n’ai pas analysé les particularités de cet accompagnement ce qui m’a éloigné d’une bonne structure pour mener à
bon port cet accompagnement.
Est-ce que vous annoncez vos intentions? Est-ce que vous vérifiez leurs intentions?
3
Puisque la demande venait de la direction et que celle-ci avait expliqué les attentes à l’enseignant, je croyais pouvoir
omettre cette étape. Au lieu d’arriver et de bien mentionner mes attentes et ainsi celles de mon interlocuteur, je suis
passé directement à ce que nous allions faire pour appliquer les outils numériques afin de rendre son cours à distance
plus dynamique. Généralement, je discute de mes intentions et je prends le temps de questionner mon interlocuteur
sur les siennes. Il faut faire attention entre les mandats qui nous sont confiés et les besoins réels. Il peut arriver des
écarts importants entre les deux. Dans ce cas-ci, on avait la vision de la direction, de l’enseignant et de moi au lieu
d’avoir une vision commune.
Est-ce que vous sollicitez la permission d’entrer (Toc-Toc de St-Arnaud) avant de vous opposer à vos
interlocuteurs?
Le Toc-Toc n’a pas été très fort de ma part. Encore une fois, mon désir de précipiter les étapes est rarement gage de
réussite. Je dois absolument me répéter et me répéter de ne pas précipiter les choses. Réalisons chacune des étapes
et lorsque nous sentons une certaine stabilité du dialogue, passons à l’autre étape. Rien ne sert de courir car
l’accompagnement n’est pas une course qui a un gagnant, mais une démarche que tous doivent arriver ensemble.
Dans le cas d’une divergence, est-ce vous revenez sur la situation et l’objectif commun?
Il y a eu de la divergence, mais j’aurais vraiment de la difficulté à mentionner à quel niveau. La passivité vécue m’a
empêché d’avancer et en conséquence de vivre une réelle divergence. En ayant eu une approche systémique, il aurait
été plus facile d’établir la cible et les moyens et en conséquence, on aurait vécu un peu plus de frictions (ce qui peut
être positif) dans le cheminement de l’enseignant.
------
Il aurait été opportun de mettre en symbiose ce que la direction m’a indiqué comme mandat avec ce qu’elle a exprimé
à l’enseignant. J’avais supposé que les intentions exprimées auraient é les mêmes pour moi ainsi que pour
lenseignant, mais celles-ci ou du moins leurs interprétations n’ont pas été analogues. Il aurait fallu que j’effectue
une véritable entrée (le Toc-Toc) afin d’entrer dans un bon dialogue dès le départ. Une fois cette étape franchie, on
aurait pu mettre en évidence notre but commun, mais surtout sur la cible commune (St-Arnaud (2003) :P.122-125).
Il aurait été primordial d’établir la situation initiale afin de bien comprendre ce que l’enseignant percevait de la
situation actuelle, quelles sont ses préoccupations face à celle-ci, etc. J’aurais pu par la suite travailler sur le résultat
visé avec ses besoins prioritaires ou simplement à quoi il s’attendait de notre rencontre. Finalement, on aurait
déterminé ensemble notre façon de travailler durant nos rencontres (rôles, responsabilités et ressources utilisées). En
quelque sorte, on aurait programmé ensemble notre GPS sur une même destination en s’assurant d’avoir le même
itinéraire pour y parvenir.
Il aurait fallu que j’établisse une structure de coopération en fonction du but commun afin de ne pas vivre la passivité
et un peu de résistance dans l’accompagnement que j’ai effectué. L’effort de créer la structure de coopération doit
être là tout au long du processus pour avoir une vision sur l’ensemble des éléments. Je dois accorder beaucoup plus
d’importance au processus car celui-ci est primordial au bon déroulement de l’intervention. J’ai vécu de la passivité
durant mon intervention, mais je n’ai pas réalisé immédiatement que je devais revenir plus rapidement à ma cible
commune pour m’en sortir.
5.3 La règle de la non-ingérence
Quelle forme de pouvoir est-ce que vous encouragez?
4
Il est certain que je n’exerce pas le pouvoir d’autorité. Je n’ai pas le profil ni les attitudes pour ce genre de pouvoir.
Même dans la vie de tous les jours (parent, famille, etc.), j’utilise très peu cette forme de pouvoir. Pour mes
accompagnements, incluant celui de mon intervention clé, je vacille entre le pouvoir d’expert et celui personnel.
Quand j’accompagne en lien avec le numérique, je suis très souvent dans le pouvoir d’expert et il rarement remis en
doute par les personnes accompagnées. Lorsque j’interviens dans le domaine disciplinaire, je me retrouve dans un
pouvoir personnel. Pour ce dernier, j’utilise beaucoup plus le questionnement pour que mon interlocuteur prenne
conscience par lui-même de ses forces et de ses défis.
Quel pouvoir vous attribuez-vous et attribuez-vous à vos interlocuteurs et vice-versa?
Pour la situation vécue de mon intervention clé, je dirais que mon interlocuteur était beaucoup dans celui personnel.
Tout était relié à sa personnalité, à sa vision des choses et à ses croyances. À ce moment, je n’avais pas l’expert qui
orientait la rencontre en fonction de sa discipline, de ses étudiants, etc. Il était beaucoup avec le moi en tant
qu’individu et non du moi comme enseignant. Je n’ai aucunement perçu un pouvoir d’autorité de sa part ainsi que
dans la majorité de mes accompagnements. On se promène généralement entre celui d’expert et de personnel.
Vos champs de compétences respectifs sont-ils définis?
Nous n’avons pas pris le temps de bien définir nos champs de compétences. Souvent, j’y vais de façon un peu
simpliste, je suis le pro du numérique et de la pédagogie et mon interlocuteur est le maître de sa discipline. En réalité,
ces trois volets ne sont pas autonome l’un de l’autre, ils sont étroitement interreliés. Il devient en conséquence très
important de déterminer nos champs de compétences et non seulement de les supposer.
Est-ce que vous circonscrivez des champs de compétence exclusifs afin de protéger votre autonomie et celle de
vos interlocuteurs?
Dans la majeure partie des accompagnements effectués, je peux dire que même si la limite des pouvoirs est implicite,
cela ne cause pas trop de problèmes considérant mon rôle de conseiller dagogique en technologie éducative qui
n’interfère pas trop avec le rôle de l’enseignant. C’est effectivement ce chapeau que je portais lors de mon
intervention clé.
Les limites respectives des champs de compétence sont-elles respectées?
Il y a eu des jugements de valeur de ma part sur les raisons de son refus de dynamiser son cours. Pour moi, fermer
les caméras de tous et centrer ses cours sur des PowerPoint s’avérait inacceptable. Mon but était de le faire changer
d’idée, mais les raisons et le processus du changement lui appartenaient. Mon rôle était de le faire progresser dans
son cheminement et non de lui imposer les technologies qui s’avéraient adéquates à mes yeux.
Est-ce que vous encouragez le partage du pouvoir en fonction des champs de compétence des partenaires ?
De quelle manière?
Je ne suis pas une personne qui recherche le pouvoir ou le besoin d’avoir raison. Il est donc inné pour moi de partager
le pouvoir et les champs de compétences. Les enseignants sont des spécialistes de leur domaine, mon rôle est de les
amener plus loin en fonction de ce qu’ils sont. De base, ils connaissent mieux que moi leur plan-cadres et leurs plans
de cours, ils connaissent autant que moi la PIGP et la PIEA, ils ont une meilleure idée que moi du profil des l’étudiants
et des attitudes à atteindre dans leur programme, etc. Il est certain que j’ai une excellente expertise dans la
technopédagogique, mais c’est principalement ma vision des choses qui amène le questionnement nécessaire aux
changements souhaités.
5
---________________________________---
Il est difficile dans mon rôle d’expert (pouvoir) d’accompagner quelqu’un qui était dans le personnel. Je peux bien
démontrer les plus-values pédagogiques d’une tonne de choses qu’il aurait pu faire, mais il en n’avait pas besoin à
ce moment. Mon pouvoir d’expert était inapproprié par rapport à celui personnel qui aurait dû être utilisé. Même si
ce dernier était d’accord avec moi et qu’il me voyait comme un expert du domaine, ses besoins étaient à l’antipode
de ce que je lui offrais à ce moment-.
J’ai mal décortiqué les champs de compétences et surtout omis de les verbaliser lors de la première rencontre. Il est
important de bien formuler le problème pour ensuite départager les rôles de chacun. Je devrai bien appliquer
les trois conditions (St-Arnaud (2003) :P.178) pour maintenir ma relation de coopération.
1. Les partenaires se concertent dans la poursuite d’un but commun.
2. Les partenaires se reconnaissent mutuellement des compétences à l’égard du but visé.
3. Le pouvoir est partagé, chacun des partenaires exerçant une influence sur l’autre tout en
respectant son champ de compétence.
Je devrai tenir compte du facteur G et P, car c’est principalement dû à ce point qu’il y a eu divergence dans ma
première visée. Comme mentionné dans la section de la règle de partenariat, je n’ai pas tenu compte du facteur P
de mon interlocuteur. Dans ma deuxième visée, j’ai réajusté pour vraiment tenir compte du destinataire.
Tout au long des prochains accompagnements, je devrai me poser les questions : est-ce que les champs de
compétences sont bien définis? Est-ce que les limites de pouvoir sont respectées? Et surtout, est-ce que je prends
ma place dans le processus?
5.4 La règle de la responsabilisation
Est-ce que vous laissez les personnes accompagnées ou le groupe de personnes accompagnées faire des choix
personnels?
J’ai toujours accentué mes rencontres sur le questionnement ce qui amène mes interlocuteurs à réfléchir et à prendre
leur propre choix. Je dirais que je laisse même trop d’espace aux choix personnels en délaissant les balises de base.
Dans la règle de l’ingérence, on parlait aussi de prendre toute sa place. Dans ce contexte, je dois laisser la personne
accompagnée faire ses propres choix personnels, mais je dois aussi amener mes choix qui sont en lien avec mes
champs d’expertise.
Êtes-vous conscient(e) de vos interventions?
Je suis conscient de mes interventions puisque mes actions sont intentionnelles. C’est un peu comme aux échecs, je
prédis ce que l’autre va jouer suite à mes propres déplacements de pièces. Si la personne réagit différemment, je me
questionne autant sur ma façon de jouer que celle de l’autre joueur. En accompagnement, j’agis sensiblement de la
même façon, quand je pose une question ou un geste, je m’attends à une certaine action. Si cette dernière est
sensiblement celle attendue, je poursuis ou sinon je réoriente ma façon de faire. Dans mon intervention, j’étais très
conscient de mon intervention, mais en n’étant pas dans le même canal de communication, cette prise de conscience
s’avérait inefficace.
Est-ce que vous cherchez à favoriser l'autonomie des partenaires?
1 / 7 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!