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Il est certain que je n’exerce pas le pouvoir d’autorité. Je n’ai pas le profil ni les attitudes pour ce genre de pouvoir.
Même dans la vie de tous les jours (parent, famille, etc.), j’utilise très peu cette forme de pouvoir. Pour mes
accompagnements, incluant celui de mon intervention clé, je vacille entre le pouvoir d’expert et celui personnel.
Quand j’accompagne en lien avec le numérique, je suis très souvent dans le pouvoir d’expert et il rarement remis en
doute par les personnes accompagnées. Lorsque j’interviens dans le domaine disciplinaire, je me retrouve dans un
pouvoir personnel. Pour ce dernier, j’utilise beaucoup plus le questionnement pour que mon interlocuteur prenne
conscience par lui-même de ses forces et de ses défis.
Quel pouvoir vous attribuez-vous et attribuez-vous à vos interlocuteurs et vice-versa?
Pour la situation vécue de mon intervention clé, je dirais que mon interlocuteur était beaucoup dans celui personnel.
Tout était relié à sa personnalité, à sa vision des choses et à ses croyances. À ce moment, je n’avais pas l’expert qui
orientait la rencontre en fonction de sa discipline, de ses étudiants, etc. Il était beaucoup avec le moi en tant
qu’individu et non du moi comme enseignant. Je n’ai aucunement perçu un pouvoir d’autorité de sa part ainsi que
dans la majorité de mes accompagnements. On se promène généralement entre celui d’expert et de personnel.
Vos champs de compétences respectifs sont-ils définis?
Nous n’avons pas pris le temps de bien définir nos champs de compétences. Souvent, j’y vais de façon un peu
simpliste, je suis le pro du numérique et de la pédagogie et mon interlocuteur est le maître de sa discipline. En réalité,
ces trois volets ne sont pas autonome l’un de l’autre, ils sont étroitement interreliés. Il devient en conséquence très
important de déterminer nos champs de compétences et non seulement de les supposer.
Est-ce que vous circonscrivez des champs de compétence exclusifs afin de protéger votre autonomie et celle de
vos interlocuteurs?
Dans la majeure partie des accompagnements effectués, je peux dire que même si la limite des pouvoirs est implicite,
cela ne cause pas trop de problèmes considérant mon rôle de conseiller pédagogique en technologie éducative qui
n’interfère pas trop avec le rôle de l’enseignant. C’est effectivement ce chapeau que je portais lors de mon
intervention clé.
Les limites respectives des champs de compétence sont-elles respectées?
Il y a eu des jugements de valeur de ma part sur les raisons de son refus de dynamiser son cours. Pour moi, fermer
les caméras de tous et centrer ses cours sur des PowerPoint s’avérait inacceptable. Mon but était de le faire changer
d’idée, mais les raisons et le processus du changement lui appartenaient. Mon rôle était de le faire progresser dans
son cheminement et non de lui imposer les technologies qui s’avéraient adéquates à mes yeux.
Est-ce que vous encouragez le partage du pouvoir en fonction des champs de compétence des partenaires ?
De quelle manière?
Je ne suis pas une personne qui recherche le pouvoir ou le besoin d’avoir raison. Il est donc inné pour moi de partager
le pouvoir et les champs de compétences. Les enseignants sont des spécialistes de leur domaine, mon rôle est de les
amener plus loin en fonction de ce qu’ils sont. De base, ils connaissent mieux que moi leur plan-cadres et leurs plans
de cours, ils connaissent autant que moi la PIGP et la PIEA, ils ont une meilleure idée que moi du profil des l’étudiants
et des attitudes à atteindre dans leur programme, etc. Il est certain que j’ai une excellente expertise dans la
technopédagogique, mais c’est principalement ma vision des choses qui amène le questionnement nécessaire aux
changements souhaités.