Le bonheur est un sentiment de satisfaction durable, distinct en cela du bien-être, qui ne
désigne, lui, que la sensation de satisfaction ponctuelle du corps.
Ce terme vient du latin augurium, qui signifie < chance > : le bonheur - comme le malheur,
d'ailleurs - nous adviendrait par hasard, indépendamment de notre volonté.
[Problématique] Mais alors, ne serait-il pas absurde de tout faire pour devenir heureux ?
Et, à supposer que nous puissions faire notre propre bonheur, sa poursuite justifie-t-elle
toutes les actions entreprises en vue de l'obtenir ?
[Annonce du plan] Nous verrons d'abord qu'on ne doit pas tout faire pour être heureux dans
la mesure où la quête du bonheur ne peut faire l'objet d'un impératif. Mais si la poursuite du
bonheur ne peut pas justifier tous nos actes, si en ce sens nous ne devons pas faire n'importe
quoi pour être heureux, pourtant ne devons-nous pas faire tout notre possible pour l'être?
I) On ne doit pas tout faire pour être heureux
A. Le bonheur ne dépend pas de nous
Dans un premier temps, on pourrait penser qu'on ne doit pas tout faire pour être heureux
dans la mesure où ordonner toutes nos actions à la poursuite du bonheur pourrait sembler
absurde.
En effet, si, comme son étymologie l'indique, Ie bonheur ne dépend pas de nous, s'il ne
dépend pas de nos efforts ni de notre volonté, mais du hasard et de la chance, alors tout ce
que nous ferions en vue de l'obtenir serait vain.
Si le bonheur nous advient de façon accidentelle, sans résulter de nos efforts ni de notre
vertu, alors il ne saurait devenir le but de notre vie, auquel nous devrions ordonner tous nos
actes.
B. Le bonheur ne doit pas être le but de notre vie
C'est précisément ce que remarque Kant : le bonheur nous advient ou non, indépendamment
de ce que nous faisons.De fait, nous pouvons être vicieux et heureux, comme vertueux et
malheureux.
Par conséquent, le bonheur ne saurait être le but de notre vie et le principe de nos actions,
puisque la pour- suite du bonheur peut nous incliner indifféremment au vice comme à la
vertu.
Si tout faire c'est faire le bien comme le mal, alors nous ne pouvons en ? aucun cas avoir
l'obligation morale de tout faire pour être heureux.
Un devoir est en effet une obligation morale, et aucun impératif moral ne pourrait nous
prescrire, sans contradiction, de faire le bien comme le mal, la seule chose que nous devons
faire, dit Kant, ce qu'il est en notre pouvoir de faire et ce qui peut être une obligation morale