Relation Soignant-Soigné : Cours sur la Psychologie et la Thérapie

Telechargé par ines mellouki serveaux
UE2 – Santé Société Humanité
Date: 23/10/2024 Plage horaire: 9h45-12h45
Promo: D1 Enseignant : M. Vauthier
Ronéistes:
CELERINE Margaux
ROY Lou
RIVIÈRE Romain
LAVIGNE Maïa
RELATION SOIGNANT-SOIGNÉ
Parties 3 et 4
I. Rappels : 4 questions fondamentales autour du
développement psychique de l’enfant
II. L’estime de soi
III. Les fonctions maternelles
IV. Lien et relation
V. Le cycle du contact
VI. Application à la relation thérapeutique : l’entretien, la
relation d’aide
VII. La psychothérapie et la résilience
VIII. Annales
1
I. Rappels : 4 questions fondamentales autour du
développement psychique de l’enfant
Les 4 questions autour du développement psycho-affectif de l’enfant sont fondamentales voire existentielles,
car elles nous permettent de nous comprendre, de comprendre le patient mais également toutes les bases des
relations humaines.
1) Entre 0 et 3 mois : « suis-je accepté ? » (Tel que je suis, sans condition)
C’est l’acceptation de l’autre de manière inconditionnelle, soit l’amour inconditionnel. Ce sont les figures
d’attachement, les parents qui nous donnent cet amour inconditionnel.
2) Entre 3 mois et 1 an : « connaît-on mes besoins ? » (Avec une réponse adéquate)
“Est-ce que lorsque j’ai faim on me donne à manger ? Est-ce que lorsque j’ai soif on me donne à boire ? Est-
ce que lorsque j’ai peur, on me rassure ?”
Ce sont des besoins vitaux nécessaires mais pas suffisants car d’autres besoins tels que les besoins
d’acceptation, de reconnaissance, de soutien et de partage restent fondamentaux pour l’équilibre d’un
individu.
3) Entre 1 et 3 ans : « puis-je être différent ? »
L’enfant sort de la fusion, il est en quête d’autonomisation (il veut faire par lui-même, montrer qu’il sait
faire). À 3 ans, l’enfant entre dans la phase du “non”.
4) Entre 3 ans et 6 ans : « puis-je désirer par moi-même ? »
Est-ce que je peux exprimer ce qui me plaît, à l’autre? Est-ce que je peux être différent?
Cette phase de questionnement n’intervient pas uniquement lors de l’enfance, elle est présente tout au long
du développement et de la vie de l’individu. Elle est réactivée à l’adolescence, lors d’une relation
amoureuse, chez les personnes âgées mais également chez le patient.
Concernant le patient: Est-ce que je suis accepté ? Est-ce qu'on me reconnaît dans mes besoins ? Est-ce que
je peux ne pas être en accord avec ce que me dit le médecin?
Ces 4 questions ont du sens dans la relation patient-soignant puisqu'elles se reposent lors de la rencontre
avec le soignant.
Le patient va ressentir le besoin d’être reconnu dans “ce qu’il est”, ses besoins… avant de devenir
(éventuellement) plus autonome dans la gestion de sa maladie, vers un chemin de guérison qui peut parfois
ne pas être souhaité.
Pourquoi?
Il y aura des bénéfices secondaires à la maladie pour un patient: on s’occupe de lui. Prenons l’exemple des
cabinets de kinésithérapie pour les personnes âgées. Ces personnes âgées souvent délaissées, seules
ressentent simplement le besoin d’attention, d’être vu, écouté. Les patients viennent aussi chercher chez le
médecin des signes de reconnaissance.
2
Anecdote:
Un médecin aimait tellement son métier qu’il ne faisait que travailler, son fils va chercher à capter son
attention à travers des délits. Il s’agit ici d’une recherche de reconnaissance, d’attention de la part du fils.
Les patients viendront parfois chercher chez le médecin des signes de reconnaissance.
II. L’estime de soi
Par exemple, lorsque vous arrivez en stage , est-ce que vous vous sentez accueilli? Ce n’est pas toujours le
cas, le plus souvent il est plutôt demandé aux étudiants pour quel stage ils sont là et pour combien de temps.
La question de l’acceptation se pose alors.
Anecdote:
Une étudiante CPE, s’était confiée en disant que lors d'un stage, on avait oublié son arrivée et qu’elle
s’était retrouvée à partager pendant 2 mois le bureau d’un collège car elle n’avait pas le sien pour recevoir.
Pour peu que l’on soit sensible, le manque de reconnaissance, d’accueil peut venir toucher des
soubassements narcissiques et ainsi mettre à mal l’individu. Cela dépend, néanmoins, de la confiance en soi
que possède l’individu. Par exemple, si vous avez une estime de vous assez forte ce manque d’accueil
n’entraînera pas de remise en question de votre part et vous commencerez votre stage normalement. A
l’inverse, si votre estime de soi a été fragilisée ou que vous avez des doutes sur vous-même, ce manque
d’accueil peut venir activer des peurs.
Il est intéressant de noter qu'une fois que l’on se sent accueilli, on rentre dans une phase d’autonomisation,
l’on cherche à faire des choses, aller plus loin dans son engagement, donner le meilleur de soi-même.
Parfois, il peut y avoir une forme de maltraitance professionnelle qui peut venir altérer l’estime de soi.
Lorsqu’une institution est sous tension, par exemple, pour des raisons économiques, manque de personnels,
elle ne va pas forcément prendre le temps de porter attention aux stagiaires car de nombreuses choses restent
encore à gérer.
Comment l’estime de soi se construit ?
Pour répondre à cette question, le professeur propose une expérience, il demande aux étudiants sur une
échelle de 1 à 10 de noter leur niveau d’estime de soi dans l'instant.
Sur quoi s’appuyer pour définir l’estime de soi?
- La confiance en soi
- Nos propres compétences
- La perception qu’on a de nous même. Cette perception n’est pas très objective, elle nous vient de
notre développement personnel mais pour que l’on se considère comme une vraie personne il faut
qu’il y est un regard extérieur sur nous même
3
Christophe André (médecin psychiatre) dans son livre : “ L’estime de soi”, la définit sous la forme d’une
pyramide.
Le sommet de cette pyramide correspond à l’estime de soi, qui se nourrit de 3 piliers :
1) La confiance en soi:Elle se développe en réussissant, en faisant, elle vit dans l’action.
Par exemple, vous avez réussi votre concours de 1ère année de médecine, vos examens de 2ème
année. La confiance en soi se développe donc dans l’agir, le faire. Par exemple, les stages sont mis
en place pour développer nos compétences professionnelles mais avant tout développer notre
confiance en nous.
2) L’image de moi:Elle vit à travers un regard extérieur. Elle correspond à ce que les autres renvoient
de moi, ce qu’ils pensent de mon image.
Anecdote:
Une patiente reçoit chez elle une jeune fille qui a des problèmes avec sa famille. Les personnes dans
l’entourage de cette patiente, la voit comme une bonne personne, l’image qu’elle renvoie est donc
très positive. Néanmoins, cette patiente confie que c’est compliqué, qu’elle se sent dépassée avec
cette jeune fille et qu’elle se voit comme une personne méchante de penser cela alors que son
entourage renvoie une bonne image de sa personne. On voit bien ici qu’il y a une discordance entre
l’image de soi perçue par l’entourage de la patiente et la façon dont elle se perçoit elle-même.
3) L’amour de soi: C’est une dimension fondamentale, la plus importante de l’estime de soi . Est-ce
que je m’aime? Est-ce que je pense que je suis quelqu’un de bien? Est-ce que j’ai de la valeur?
Est-ce que je suis un bon compagnon pour moi même? Est-ce que je suis capable de me faire plaisir?
On ne peut pas aimer l’autre pleinement si on ne s’aime pas nous-même.
Par exemple, dans une relation amoureuse, si un parti a une mauvaise image de lui même mais l’autre
possède une image positive de lui, cette personne aura beau lui prouver qu’il est une bonne personne, l’autre
fera en sorte de montrer qu’il n’est pas une personne digne de votre amour, ce qui va conduire à un
épuisement.
L’amour de soi est donc fondamental. Mais comment je développe cet amour de soi? Comment est-ce que je
considère que je suis quelqu’un de suffisamment bien pour être aimable?
4
D’où vient l’amour de soi?
Ce sont les care givers qui dans l’acceptation de la propre valeur d’un individu, vont pouvoir transmettre
cette sensation d’être quelqu'un de valable.
Pour illustrer ces propos, le professeur prend l’exemple de trois célébrités : Johnny Hallyday, Marilyne
Monroe et Kurt Cobain. Ce qu’elles ont en commun est le suicide. En effet, ces célébrités qui ont une image
de soi, une confiance en eux importante, se sont suicidées ou ont fait plusieurs tentatives de suicide.
On peut alors ce demander qu’est-ce qui a pu amener ces personnes qui ont réussi dans la vie d’un point de
vue social à se suicider?
Maryline Monroe a été une enfant maltraitée, Johnny Hallyday a été abandonné.
Il y a une blessure profonde, narcissique de l’amour de soi qui entraîne une souffrance et ce mal-être est si
intense qu’il abouti au souhait d’arrêter de souffrir , ce qui peut conduire au suicide.Chez la femme, l’estime
de soi est aussi hormonale.
Ainsi l’estime de soi se nourrit des 3 piliers que sont : la confiance en soi, l’image de soi et l’amour de soi.
Mais il peut également dépendre de facteurs hormonaux, chez la femme par exemple, ou d’éléments
conjoncturels, lorsque l’on rate un examen, l’estime de soi peut être atteinte et baisser. Il est important de
noter que ce qui nourrit pleinement l’estime de soi reste l’amour de soi.
Pourquoi la religion est-elle salvatrice?
Il y a dans la religion, l’image d’un Dieu Amour, qui aime de manière inconditionnelle. Certains patients
auront besoin de leur religion pour continuer à vivre car elle vient nourrir leur amour de soi. La religion à
donc une fonction salvatrice du psychisme. Le simple fait de croire permet de développer l’amour de soi.
Le professeur prend l’exemple des sectes, notamment le mouvement des raëliens, mouvement persuadé que
les extraterrestres ont créé l’Homme. Le mouvement des raëliens demande de l’argent pour accueillir de
nouveaux partisans. Lors d’une situation difficile, par exemple une rupture amoureuse, l’individu peut se
tourner vers des sectes pour retrouver des care givers symboliques, retrouver l’amour de soi.
L’amour de soi est fragile, parfois les évènements ne se passent pas comme prévu mais il ne faut pas se
remettre en question en permanence lorsque ça se passe mal, les périodes de doutes seront nombreuses mais
normales.
Concernant l’amour de soi chez le patient. Je ne peux pas soigner l’autre sans Amour, il s’agit de donner de
l’attention à l’autre et le faire exister, accepter l’autre tel quel. L’accepter dans ce qu’il est mais pas ce qu’il
fait.
Par exemple, votre fils fait un braquage à mains armées et se retrouve en prison, comment est-ce que j’agis?
Je peux aller voir mon fils en prison et l’accepter pour ce qu’il est, mais ne pas être d’accord avec l’action
commise. Néanmoins, ce n’est pas parce que je n’accepte pas la conduite de mon enfant que je ne l’aime pas
ou que je remet en question sa valeur intrinsèque, ce qu’il vaut ou ce qu’il est.
5
1 / 27 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!