Un barrage contre le Pacifique - Marguerite Duras

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Texte A
Marguerite Duras, Un barrage control le Pacifique (1990)
Un barrage contre le Pacifique est un roman autobibliographique qui compte parmi les
premières œuvres de Marguerite Duras. Elle y transpose certains épisodes de sa
jeunesse en Indochine. Le personnage de Suzanne est le double de lauteur dans le
roman.
Suzanne et Joseph étaient nés dans les deux premières années de leur arrivée à la
colonie. Après la naissance de Suzanne, la mère abandonna l’enseignement d’État. Elle
ne donna plus que des leçons particulières de français. Son mari avait été nommé
directeur d’une école indigène et, disait-elle, ils avaient vécu très largement malgré la
charge de leurs enfants. Ces années-là furent sans conteste les meilleures de sa vie,
des années de bonheur. Du moins c’était ce qu’elle disait. Ellen sen souvenant comme
d’une terre lointaine et rêvée, d’une île. Elle en parlait de moins en moins à mesure
quelle vieillissait, mais quand elle en parlait c’était toujours avec le même acharnement.
Alors, à chaque fois, elle découvrait pour eux de nouvelles perfections à cette
perfection, une nouvelle qualité à son mari, un nouvel aspect de laisance quils
connaissaient alors, et qui tendait à devenir une opulence dont Joseph et Suzanne
doutait un peu.
Lorsque son mari mourut, Suzanne et Joseph étaient encore très jeunes. De la période
qui avait suivi, elle ne parlait jamais volontiers. Elle disait que ç’avait été difficile, qu’elle
se demandait encore comment elle avait pu en sortir. Pendant deux ans, elle avait
continué à donner des leçons de piano. Puis, comme c’était encore insuffisant, à
mesure que grandissait ses enfants, elle s’était engagée à l’Éden cinéma comme
pianiste. Elle y était restée dix ans. Au bout de dix ans, elle avait pu faire des
économies suffisantes pour adresser une demande d’achat de concession à la
Direction générale du cadastre de la colonie.
Son veuvage, son ancienne appartenance au corps enseignant et la charge de ses
deux enfants lui donnaient un droit prioritaire sur une telle concession. Elle avait
pourtant dû attendre deux ans avant de l’obtenir.
Il y avait maintenant six ans qu’elle était arrivée dans la plaine, accompagnée de
Joseph et de Suzanne, dans cette Citroën B.12 qu’ils avaient toujours .
Marguerite Dumas, Un barrage contre le Pacifique, Edition Gallimard, 1950
Mots à souligner et rechercher
Les mots clés à souligner et rechercher dans le texte pourraient inclure :
Concession, Colonie, Veuvage, Enseignement, Opulence, Éden cinéma,
Cadastre
Champs lexicaux et thèmes identifiés
Les champs lexicaux et thèmes présents dans le texte incluent :
Famille : Suzanne, Joseph, la mère, le mari.
Travail et survie : enseignement, leçons particulières, leçons de piano,
pianiste à l'Éden cinéma.
Colonialisme : concession, colonie, Direction générale du cadastre.
Mémoire et nostalgie : souvenirs de la mère, bonheur passé, difficultés après
la mort du mari.
Idée centrale du texte
L'idée centrale de ce texte est la lutte pour la survie et la résilience d'une mère
veuve et de ses enfants dans un contexte colonial difficile. Le texte explore les
sacrifices et les efforts de la mère pour subvenir aux besoins de sa famille et
améliorer leurs conditions de vie malgré les obstacles.
Réactions après une première lecture
Après une première lecture, ce texte suscite des sentiments de nostalgie et
de résilience. On ressent la lutte de la mère pour subvenir aux besoins de sa famille
et les souvenirs mélancoliques de son passé heureux.
Ton du texte
Le ton du texte est mélancolique et réfléchi. Il y a une certaine tristesse dans les
souvenirs de la mère et une réflexion sur les difficultés qu'elle a traversées.
Message de l'auteur
L'auteur veut nous transmettre la force et la détermination d'une mère face aux
adversités. Marguerite Duras met en lumière les sacrifices et les efforts constants
pour survivre et protéger sa famille dans un contexte colonial difficile.
Problématique dégagée
La problématique que l'on peut dégager de ce texte est : Comment une mère veuve
parvient-elle à surmonter les obstacles pour assurer la survie et le bien-être de sa
famille dans un contexte colonial ?
Thèse défendue
La thèse défendue pourrait être : La résilience et la détermination d'une mère sont
essentielles pour surmonter les difficultés et protéger sa famille.
Méthode de l'auteur pour défendre cette thèse
L'auteur défend cette thèse en :
Décrivant les sacrifices de la mère, comme son travail acharné et ses efforts
pour économiser de l'argent.
Évoquant les souvenirs de la mère, contrastant le bonheur passé avec les
difficultés présentes.
Montrant la persévérance de la mère malgré les obstacles, comme l'attente
pour obtenir la concession et son travail au cinéma.
Texte B
Marguerite Duras, Éden-Cinéma (1977)
Dans cette pièce de théâtre, Marguerite Duras transpose à nouveau les mêmes
épisodes de sa jeunesse en Indochine.
Silence.
Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur
elle cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisser
faire.
SUZANNE
Les meilleures années de la mère c’est quand on est né. Deux enfants dans les trois
années qui ont suivi son mariage avec un fonctionnaire de l’enseignement coloniale.
Dabord Joseph, et puis moi.
JOSEPH
Elle se souvenant de ces années comme d’une terre lointaine, visitée, et quittée,
aussitôt.
SUZANNE
On ne se souvenant pas de cette femme, notre mère, jeune, entourée d’enfants, aimée
pas cet inconnu, notre père. Belle.
Des yeux, verts, disait-on. Des cheveux noirs.
Silence ou musique
Et puis le père est mort. On avait entre quatre et sept ans.
JOSEPH
De la période qui a suivi elle n’a jamais parlé volontiers. Elle disait que ça avait été
difficile.
SUZANNE
Elle a continué à enseigner. Ce n’était pas suffisant.
Pendant deux ans elle a donné des leçons de français, en plus.
Puis on grandissait ça a été encore plus insuffisant.
Alors elle s’est engagée à l’Éden cinéma, comme pianiste.
Elle y est restée dix ans.
Jusqu’à la fin du cinéma muet.
Musique.
JOSEPH
Elle nous emmenait avec elle à l’Éden.
On dormait autour du piano sur des coussins.
Mots à souligner et rechercher
Les mots clés à souligner et rechercher dans le texte de Marguerite Duras pourraient
inclure :
Silence, Enseignement, Colonie, Pianiste, Éden cinéma,
Souvenirs,Difficulté
Champs lexicaux et thèmes identifiés
Les champs lexicaux et thèmes présents dans le texte incluent :
Famille : Suzanne, Joseph, la mère, le père.
Travail et survie : enseignement, leçons de français, pianiste à l'Éden cinéma.
Colonialisme : fonctionnaire de l'enseignement colonial, colonie.
Mémoire et nostalgie : souvenirs de la mère, bonheur passé, difficultés après
la mort du père.
Idée centrale du texte
L'idée centrale de ce texte est la résilience et la lutte pour la survie d'une mère
veuve et de ses enfants dans un contexte colonial difficile. Le texte met en lumière les
sacrifices et les efforts constants de la mère pour subvenir aux besoins de sa famille
et améliorer leurs conditions de vie malgré les obstacles.
Réactions après une première lecture
Après une première lecture, ce texte suscite des sentiments de mélancolie et
de tendresse. On ressent la proximité et l'amour entre les enfants et leur mère, ainsi
que les difficultés qu'ils ont traversées ensemble.
Ton du texte
Le ton du texte est nostalgique et réfléchi. Il y a une certaine tristesse dans les
souvenirs des enfants et une réflexion sur les sacrifices de leur mère.
Message de l'auteur
L'auteur veut nous transmettre la force et la résilience d'une mère face aux
adversités. Marguerite Duras met en lumière les sacrifices et les efforts constants
pour survivre et protéger sa famille dans un contexte colonial difficile.
Problématique dégagée
La problématique que l'on peut dégager de ce texte est : Comment une mère veuve
parvient-elle à surmonter les obstacles pour assurer la survie et le bien-être de
sa famille dans un contexte colonial ?
Thèse défendue
La thèse défendue pourrait être : La résilience et la détermination d'une mère sont
essentielles pour surmonter les difficultés et protéger sa famille.
Méthode de l'auteur pour défendre cette thèse
L'auteur défend cette thèse en :
Décrivant les sacrifices de la mère, comme son travail acharné et ses efforts
pour économiser de l'argent.
Évoquant les souvenirs des enfants, contrastant le bonheur passé avec les
difficultés présentes.
Montrant la persévérance de la mère malgré les obstacles, comme l'attente
pour obtenir la concession et son travail au cinéma.
Texte C
Laure Adler, Marguerite Duras (1998)
Et puis la mère disparaît. Avec ses deux enfants. Trou noir. Elle quitte Sadec. Pour ?
Saignon. L’Éden cinéma, dira Marguerite, qui entretiendra, jusqu’à sa morte, le mythe
d’une mère aventurière, prête à tout pour ses enfants, se métamorphosant en capitaine
d’industrie, en pianiste, en princesse des rizières. La mère cherchait à arrondir ses fins
de mois. Comme l’a écrit Marguerite évoquant cette période : « Elle a continué à
enseigner. Ce n’était pas suffisant. Pendant deux ans, elle a donné des leçons de
français en plus. Puis – on grandissait ça a été encore insuffisant. Alors elle a engagé
à l’Eden Cinéma comme pianiste. » Dix ans, sûrement pas, comme le prétend
Marguerite. C’était si beau lui faire interrompre son métier de pianiste à la fin du cinéma
muet. Mais la mère n’a jamais arrêté sa vie de petit fonctionnaire. Dans son dossier
administratif, dans son tableau davancement, il ny a pas d’arrêt, pas de rupture. Elle
en a eu peut-être envie, et la fille a su plus tard admirablement décrire les désirs de sa
mère : les enfants qui sommeillent sur des coussins, cette grotte apaisante que
représente la salle de cinéma, tout au fond de l’écran noir et blanc, les images qui
défilent et la mère, droite, si droite, si raide devant son piano, qui joue des valses pour
bercer les câlineries des Blancs de la rue Catinat d’encanaillant avec des congaïs très
maquillées. Mais je n’y crois guère. Question de déclassement social, de qu’en dira-t-
on, d’emploi du temps, de caractère aussi. La mède, je l’imagine mal se pliant à un
patron de salle, jouant sur commande. Et puis, oui bien sûr, elle jouait du piano ou
plutôt elle pianotait. Vaguement. Pas comme Marguerite qui a toujours caché sa culture
musicale et qui sen moquait mais qui, elle, jouait bien. Marguerite n’a pas inventé
l’Éden cinéma. Quel beau nom Eden cinéma, elle raconte que sa mère n’arrêtait pas
dinventer, d’exagérer, d’interpréter , de déformer le monde. Du cinéma, elle sen faisait
tout le temps. « Et le nôtre de surcroît. » Marguerite l’a rendue muette en sen faisant
jouer du piano. Se faire du cinéma. Faire enfin du cinéma. Sur l’écran noir de ses
désirs, Marguerite, plus tard, saura fixer dans ses films les désarrois de ses héroïnes.
Dailleurs avec Marguerite on est toujours au cinéma. Ou est le monde, la vérité? Elle
l’a tant fait son cinéma, nous endormant dans ses mythes familiaux, ses songes de
princesse de feuilleton télévisé, ses hallucinations plus belles que la toujours triste
réalité!
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