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258 Partie IV. Cardiologie
L'entraînement, en particulier en endurance, provoque
une hypertonie vagale responsable d'un abaissement pro-
gressif de la FC (A).
Une FC très basse, autour de 25 batts/min a été rappor-
tée par Chapman en 1982. Ci-dessous une FC autour de
20 batts/min chez un coureur à pied à la limite du BAV (bloc
auriculoventriculaire) complet (B).
Bloc auriculoventriculaire vagal
Il peut être du 1er degré avec un allongement fixe de PR au-
dessus de 0,24 s (environ un tiers des sportifs).
Il peut être du 2e degré type Luciani-Wenckebach avec un
allongement progressif de PR suivi d'une onde P bloquée, puis
reprise de l'allongement progressif (moins de 5% des sportifs).
Très exceptionnellement, on peut observer un BAV com-
plet (cf. ECG) ou un rythme d'échappement ventriculaire.
Toutes ces manifestations vagales ont la particularité
d'être bénignes et de disparaître à l'effort, à l'exception du
BAV complet qui reste à la limite du pathologique. En cas de
doute sur le caractère vagal du BAV, un effort bref est réalisé
(type Ruffier) qui permet de constater la diminution ou la
disparition du BAV ; enfin, un arrêt du sport de plusieurs
semaines entraîne également la disparition du BAV.
Syndrome de repolarisation précoce
La présence d'un sus-décalage de ST arrondi, diffus, est fré-
quente chez les sportifs de haut niveau, mais peut se voir
dans la population sédentaire ; elle peut simuler une péri-
cardite aiguë mais le contexte est bien différent, et elle est
considérée comme bénigne.
Une étude récente, conduite par Haissaguerre, a montré
6 fois plus de repolarisation précoce après fibrillation ventri-
culaire idiopathique que chez les sujets sains. Cette nouvelle
donnée ne permet pas de considérer comme formellement
bénin ce syndrome et impose une surveillance cardiolo-
gique régulière.
Une publication récente évoque la possibilité d'un lien
avec une canalopathie et avec un risque de surmortalité.
Troubles de la repolarisation de type sportif
F. Plas a décrit dans les années 1960 une modification par-
ticulière de la repolarisation, uniquement chez les sportifs
de haut niveau en endurance, type cyclistes professionnels,
avec des modifications de l'onde T en précordiales droites,
selon plusieurs types (A).
La signification de ces atypies est inconnue et semble sim-
plement liée avec un excellent niveau d'entraînement, sauf le
type D qui correspondrait à un état de surentraînement. Plas
avait montré à l'époque sur des enregistrements sur le Tour
de France que l'apparition d'un type D était annonciatrice
d'un abandon proche du cycliste.
Le type le plus fréquent est le type T qui correspond sim-
plement à de grandes ondes T en précordiales.
Ces atypies se retrouvent régulièrement sur des ECG de
sportifs de haut niveau dans diverses disciplines, mais sur-
tout dans le cyclisme, la course à pied de longue distance et
le ski de fond. Cette particularité n'est toutefois pas validée
au plan international.
D'autres atypies de repolarisation bénignes peuvent se
voir, en particulier un aplatissement temporaire des ondes T
dans le territoire inférieur et latéral chez le sportif « fatigué »
se plaignant de contre-performances (B).
Aspects pathologiques de l'ECG
Anomalies de l'onde P
Une onde P large en D2 et/ou V1 évoque une hypertrophie
auriculaire gauche (HAG). Cet aspect peut toutefois être
considéré comme physiologique chez les sportifs ultra-
endurants (coureurs de 100 km par exemple).
Une onde P haute en D2 évoque une hypertrophie auri-
culaire droite (HAD). L'effort statique provoque une aug-
mentation brutale de pression dans les cavités droites, avec
apparition d'une HAD transitoire bénigne.
Anomalies de l'espace PR
Un PR court (≤ 0,12 s) avec onde delta déformant le début
de QRS évoque un syndrome de WPW.
Un PR long est le plus souvent bénin (cf. Hypertonie
vagale).
Anomalies de QRS
Une déviation franche de QRS type HBAG (hémibloc antérieur
gauche) ou plus rarement HBPG (hémibloc postérieur gauche)
doit faire rechercher une cardiopathie en particulier ischémique.
La présence d'ondes Q non positionnelles doit faire
rechercher un infarctus du myocarde ou une CMH.
La présence d'un bloc de branche droit incomplet est
bénigne et plus fréquente chez les sportifs (18% environ)
que chez les sédentaires (4 %) mais doit être clairement dif-
férencié des anomalies liées à une DVDA.
Un QRS large (≥ 0,11 s) évoque un bloc de branche
gauche ou droit complet. Sa découverte nécessite un bilan
cardiologique avec un échocardiogramme à la recherche
d'une cardiomyopathie et un bilan coronarien chez le spor-
tif plus âgé :
■ bloc de branche droit complet : BBD ;
■ bloc de branche gauche complet : BBG.
Une augmentation de la taille des QRS en D1, aVL et en
précordiales gauches évoque une hypertrophie ventriculaire
gauche (HVG).
Un aspect d'hypertrophie ventriculaire droite (HVD)
peut se voir de façon physiologique chez 20% des sportifs
endurants.
Un crochetage de la partie terminale de QRS en précor-
diales droites évoque une onde epsilon témoin d'une DVDA
(à différencier d'un bloc incomplet droit bénin). Cette onde
epsilon s'accompagne habituellement d'ondes T négatives
en précordiales droites.
Anomalies du segment ST
Outre les anomalies en rapport avec une péricardite ou une
cardiopathie ischémique, on peut retrouver des aspects aty-
piques avec sus-décalage en « selle » évoquant un syndrome
de Brugada.
Téléchargé pour sébastien Coste (
[email protected]) à French Armies Health Service à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre 23, 2018.
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