____________________________________________________________________________________________________ LES CARBURANTS ET LA COMBUSTION
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 2 520 − 5
1.2 Caractérisation des fractions
pétrolières
Les carburants issus du raffinage du pétrole brut sont des mélan-
ges complexes d’hydrocarbures ; le nombre de constituants aug-
mente très rapidement depuis les produits légers (GNV et GPL)
jusqu’aux fuels lourds. Dans l’étude des phénomènes de combus-
tion, il est nécessaire de connaître certaines caractéristiques de
composition des carburants, sans recourir toutefois à des analyses
très précises qui seraient d’ailleurs, dans certains cas, totalement
impossibles. Citons ici les principales techniques utilisées.
1.2.1 Analyse élémentaire
L’analyse élémentaire consiste à brûler un échantillon de produit
sous atmosphère d’oxygène à 1 000 °C. Le dosage, par chromato-
graphie, du gaz carbonique et de la vapeur d’eau fournit la teneur
massique en carbone et hydrogène. Pour obtenir la composition en
oxygène, on effectue une pyrolyse de l’échantillon. L’oxyde de car-
bone formé est également dosé par chromatographie. Les autres
éléments présents en faibles quantités (azote, soufre) sont analysés
par des techniques spécifiques.
Pour les carburants classiques, des essences aux fuels lourds, les
teneurs massiques en carbone et hydrogène sont comprises respec-
tivement entre 85 et 90 %, et entre 10 et 15 %. L’adjonction de pro-
duits oxygénés est limitée par des réglementations qui imposent
une teneur massique maximale en oxygène de 2,7 %. Enfin, la
teneur massique en soufre, également réglementée, peut varier
depuis moins de 0,05 % (essences et gazole) jusqu’à 4 % (certains
fuels lourds). Nous montrerons ultérieurement (§ 2) que les résul-
tats de l’analyse élémentaire sont nécessaires pour établir l’équa-
tion chimique de combustion et pour calculer la composition du
mélange réactionnel et des produits formés.
1.2.2 Facteur de caractérisation.
Estimation de caractéristiques
physico-chimiques
La figure 1 montre un mode de représentation des différentes
familles classiques d’hydrocarbures en portant en abscisse la tem-
pérature d’ébullition et en ordonnée – du haut vers le bas – la masse
volumique à 15 °C. Dans un tel système d’axes, les membres d’une
même famille chimique se distribuent régulièrement le long de
courbes caractéristiques. Les produits mixtes comportant, par
exemple, un cycle saturé ou aromatique substitué par une chaîne
paraffinique se rangent sur des lignes intermédiaires. Pour les
hydrocarbures à longue chaîne, la masse volumique tend vers une
valeur asymptotique ρ = 0,856 kg · L−1 qui est celle du maillon
reproduit un très grand nombre de fois. Les informations
apportées par la figure 1 sont logiques dans la mesure où les varia-
tions choisies reflètent deux propriétés structurales essentielles : la
masse volumique est liée au rapport du nombre d’atomes d’hydro-
gène au nombre d’atomes de carbone
N
H/
N
C et la température
d’ébullition dépend principalement du nombre d’atomes de car-
bone de la molécule.
Des formules empiriques ont été recherchées pour relier masse
volumique et température d’ébullition à l’intérieur d’une même
famille chimique. Cela a conduit à la définition du facteur de carac-
térisation
K
proposé par la société UOP (Universal Oil Products).
K
est fourni par la relation :
avec
T
(°R) température d’ébullition,
d
densité relative à l’eau à 60 °F (288,7 K).
La figure 1 montre que
K
est proche de 13 pour les paraffines, de
12 pour les hydrocarbures substitués (chaînes greffées sur un noyau
saturé ou aromatique), de 11 et 10 respectivement pour les naph-
tènes et les aromatiques.
Pour appliquer aux fractions pétrolières ce mode de représenta-
tion, il est nécessaire de définir une température moyenne d’ébulli-
tion. Une méthode intéressante et pratique, proposée par Maxwell
[7], consiste à utiliser la courbe de distillation et à choisir comme
repères les températures θ10, θ50 et θ90 correspondant respective-
ment à 10, 50 et 90 % en volume de produit distillé. Une première
estimation θes de la température moyenne est fournie par la
relation :
(1)
Une correction est ensuite appliquée à cette valeur brute selon la
pente moyenne
S
de la partie initiale de la courbe de distillation :
(2)
La figure 2 indique la correction à apporter à θes en fonction de
S
pour obtenir la température moyenne pondérée θmoy :
θmoy = θes + ∆θ(3)
CH2
Figure 1 – Relations entre la masse volumique
ρ
à 15 °C
et la température d’ébullition
θ
: définition du facteur
de caractérisation
K
Les degrés Fahrenheit (°F) et Rankine (°R) ne sont pas des uni-
tés normalisées. La correspondance avec les unités SI est don-
née par les formules suivantes :
avec
T
K,
T
°R et θ°F températures respectivement en degrés
Kelvin, Rankine et Fahrenheit.
0
1,0
0,90
0,80
0,70
100 200 300 (°C)
400
u
(kg.L--1)
r
K
= 13 I
I
II
III
paraffines
oléfines
hydrocarbures substitués
IV
Vnaphtènes
aromatiques
III
II
IV
V
12
11
10
KT
d
---
13⁄
=
T
K5
9
--- θ°F459 67,+()
5
9
---
T
°R
==
θes
θ10 2θ50 θ90
++
4
-----------------------------------------=
S
θ70 θ10
Ð
60
----------------------=