Quelle priorité pour la prévention du risque dans les établissements
de santé français du point de vue du contrôle de gestion ?
77
méthode consiste à sous-traiter tout
ou partie de l’activité à risques afin
de ne plus avoir à la gérer. Elle
constitue de loin la plus coûteuse des
stratégies connues.
– La réduction : elle repose sur un pro-
cessus qui va de la veille à la mise en
place d’actions préventives ou cor-
rectives. C’est la plus répandue dans
les entreprises publiques et privées.
Bien que ces quatre approches
fondent des processus de prévention
globale des risques, le « management
stratégique des risques » dans les éta-
blissements de santé est souvent par-
cellaire (Guimbaud, 1997 ; Podeur,
2002). En effet, tous les risques ne
sont pas pris en charge et, de fait, ne
font pas systématiquement l’objet d’un
« plan d’actions » pour des raisons
essentiellement liées au système de
mesure. D’une part, certains risques
sont naturellement exclus des plans
d’actions en raison de leur nature.
Ainsi, les risques organisationnels
(l’absentéisme, la rotation du person-
nel, le manque de médecins, etc.)
dont la survenue peut être de nature
à perturber la réalisation des objec-
tifs de l’organisation, sont jugés moins
conventionnels parce que plus diffici-
lement quantifiables en termes de fré-
quence ou de gravité. Ces derniers re-
vêtent pourtant un caractère important
au motif qu’ils pourraient constituer
un risque à part entière dont l’hôpital
devrait pouvoir se prémunir dans un
plan d’actions ad hoc (Krief, 2005).
Il ressort de ce premier point que la
hiérarchisation des risques tient, pour
l’essentiel, à la législation qui a impul-
sé la gestion du risque sanitaire dans
les hôpitaux sans pour autant pres-
crire de « méthode » afin d’y parve-
nir (Thiveaud, 2000 ; Savall, 1995 ;
Savall et Zardet, 1996). D’autre part,
les risques sont souvent regardés par
le prisme singulièrement rétréci de
l’analyse financière courtermiste dans
les établissements de santé selon les
textes en vigueur (Podeur, 2002) oc-
cultant par-là même toute une série
de risques, organisationnels ceux-là,
dont la survenue pourrait pourtant, là
encore, avoir des conséquences gra-
vissimes pour l’hôpital.
Ainsi, l’une des décisions qui s’im-
posent aux directions générales des
établissements de santé en charge de
l’organisation du management straté-
gique en général et de la gestion des
risques en particulier, est de mettre en
place un système de mesure suscep-
tible de s’attacher à l’ensemble des
risques et à leurs conséquences sur la
performance à la fois sociale et éco-
nomique, à court et long termes, de
l’hôpital. Or, nous pouvons relever
que la gestion des risques dans les
hôpitaux souffre d’une certaine
segmentation inhérente essentielle-
ment aux différents textes de lois en
vigueur dont l’application cloisonne,
de fait, les activités qui en découlent
(Schweyer, 2006). On distingue ainsi
essentiellement deux types de struc-
© Association de Recherches et Publications en Management | Téléchargé le 06/07/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.127.113.172)
© Association de Recherches et Publications en Management | Téléchargé le 06/07/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.127.113.172)