CHABAY SIMON

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2007-2008
UNIVERSITE DE NANTES
Le X dans la région cervicale gauche
Quels abords chirurgicaux pour les stimulations vagales ?
Par
CHABAY Simon
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
Laboratoire :
•
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•
•
•
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Pr. O. ARMSTRONG
Dr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2007-2008
UNIVERSITE DE NANTES
Le X dans la région cervicale gauche
Quels abords chirurgicaux pour les stimulations vagales ?
Par
CHABAY Simon
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Pr. O. ARMSTRONG
Dr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
2
Laboratoire :
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
REMERCIEMENTS
À tous les Anatomistes émérites que j’ai rencontré au cours de ce Master, pour les connaissances
qu’ils m’ont transmises et l’enthousiasme qu’ils véhiculent à parler avec passion de leur discipline.
À Monsieur le Professeur ROBERT, pour m’avoir confié ce sujet passionnant et fait découvrir les
subtilités de l’anatomie appliquée à la chirurgie.
À Monsieur le Professeur MERCIER, pour le temps qu’il m’a consacré, pour ses conseils et ces
deux opérations de « stimulations vagales » auxquelles j’ai pu assister.
À Monsieur BOUGARD, représentant national de Cyberonics® pour les entretiens que nous avons
eus et les documentations relatives aux VNS qu’il m’a communiqué.
Au Docteur GAYET-DELACROIX et sa précieuse aide dans la réalisation de l’étude du X par
TDM : pour les listes de patients, l’utilisation des consoles et les reconstructions 3D.
À Mesdames CHARRIER et RIET sans qui l’étude histologique du X gauche dans la région
cervicale eu été impossible.
Au Docteur HEYMANN pour ses recherches sur l’embryologie du X et ses schémas.
À Madame CHABAY-VICHOT interne en pédiatrie à Brest pour son aide et ses conseils.
À Messieurs LAGIER et BLIN pour leur collaboration technique notamment photographique, pour
leurs conseils, leur écoute et leur soutien.
3
I. Étude Anatomique
1
1. Rappels d’anatomie
a)
b)
c)
d)
e)
1
Origine apparente
Trajet et directions
Ganglions
Rapports
Branches collatérales
1
1
1
1
1
2. Embryologie
a)
b)
c)
d)
2
La genèse du ganglion supérieur du vague et des ganglions parasympathiques
La genèse du ganglion inférieur du vague
Mise en place des noyaux du vague dans le tronc cérébral
Le X et la brachiomérisation
2
2
3
3
3. Systématisation et projections cérébrales du X : explication des stimulations vagales
3
a) Contingents sensitifs et moteurs
b) Systématisation du X
c) Projections cérébrales du X
3
4
4
4. Objectifs de l’étude
6
II. Étude Anatomique
6
1. Dissections
6
a) Matériel
b) Méthode
6
6
2. Imagerie
7
a) Technique
b) Choix des coupes
c) Paramètres et critères de l’étude statistique
7
7
7
III. Résultat
8
1. Étude topographique du nerf vague gauche dans la région cervicale
a)
b)
c)
d)
8
Anatomie de surface
Du platysma à l’aponévrose cervicale superficielle – premier plan d’étude
Du sterno-cléido-mastoïdien à la gaine jugulo-carotidienne – deuxième plan d’étude
Paquet vasculo-nerveux de la région cervicale profonde
8
9
10
13
2. Anatomie descriptive du nerf vague gauche dans la région cervicale
a)
b)
c)
d)
e)
15
Trajet et aspect du nerf
Rapport
Branches collatérales
Anastomoses du Pneumogastrique
Micro vascularisation du Pneumogastrique
15
15
15
15
15
3. Abords chirurgicaux pré et rétro sterno-cléido-mastoïdiens
17
a) Abord rétro-SCM
17
4
Commentaire [Amadeus1]: Ho
velacque p. 213 loi générale qui veut
que le courant sanguin soirt brisé avant
d’atteindre le nef… ???
b) Abord pré-SCM
17
4. Imagerie du nerf vague dans la région cervicale
18
a) Étude TDM
b) Résultats de l’étude statistique
18
19
IV. Discussion
20
1. Abord chirurgical du X dans la Stimulation vagale
a)
b)
c)
d)
20
Problématique des abords
Régions clés en chirurgie
Autres considérations
Le dispositif de stimulation vagale
20
21
22
23
2. Variations anatomiques et pose des stimulateurs
23
a) Position du X dans la gaine vasculaire
b) Morphologie du X
23
24
3. Effets indésirables des stimulations vagales
25
a) Rapportées d’après les études
b) Discussion sur les effets indésirables.
25
26
V. Conclusion
26
5
I. Introduction
1. Rappels d’anatomie
Le nerf vague ou pneumogastrique, Xe paire des nerfs crâniens, est un nerf mixte. À la fois sensitif et moteur,
somatique et végétatif c’est un nerf complet qui se distribue au pharynx, au larynx, à l’œsophage ; à tous les
viscères du thorax et de l’abdomen. C’est le plus long des nerfs crâniens (1).
a) Origine apparente
Le X naît en arrière de l’olive bulbaire au niveau du sillon collatéral postérieur du bulbe ou sillon des nerfs
mixtes par 10 à 15 filets radiculaires disposés les uns au dessus des autres entre le glossopharyngien situé en
dessus et les deux contingents : bulbaire et spinal du XI (accessoire) situés en dessous.
b) Trajet et directions
À leur émergence du tronc cérébral les filets radiculaires du X convergent pour former un tronc nerveux
d’abord aplati, puis cylindrique orienté obliquement en avant, en haut et en dehors en direction du foramen
jugulaire qu’il aborde accompagné par le IX et le XI. À sa sortie du crâne le X change de direction : il
s’infléchit verticalement vers le bas et traverse successivement de haut en bas : l’espace sous-parotidien post,
l’espace rétro-stylien, le cou où il accompagne le faisceau vasculaire jugulo-carotidien, la base du cou où il
passe en avant et à distance de l’artère sous-clavière gauche. Il pénètre ensuite dans le thorax jusqu’à la face
antéro-externe de la crosse aortique puis orienté vers le bas et l’arrière il poursuit son trajet vers l’œsophage,
les pédicules pulmonaires, traverse le diaphragme et se termine dans le système digestif où ses branches
s’épuisent dans les formations ganglionnaires du système parasympathique.
c) Ganglions
Dans notre région d’étude, c’est à dire la région cervicale, le X est constitué de deux ganglions sensitifs. Un
ganglion supérieur appelé également jugulaire ; localisé à hauteur du foramen jugulaire, il se présente sous la
forme d’une petite masse ovoïde (de la grosseur d’un grain de blé, de couleur grisâtre, il tranche avec la
coloration du tronc nerveux). Un ganglion inférieur appelé également plexiforme : plus volumineux, il est
sous jacent au ganglion supérieur, on le rencontre dans l’espace sous-parotidien postérieur. Il a un aspect
fusiforme allongé aux pourtours irréguliers, il est parfois plexiforme.
d) Rapports
Par soucis de concision et pour répondre au mieux à notre problématique nous nous limiterons aux rapports
de la gaine vasculo-nerveuse du cou. À sa face externe : on rencontre les ganglions lymphatiques de la
chaîne jugulaire interne ou cervicale profonde. À sa face antérieure : l’anse cervicale. En dedans : on
retrouve l’axe viscéral du cou avec le lobe latéral du corps thyroïde, la trachée et l’œsophage, le nerf laryngé
récurrent accolé contre la face latérale de la trachée accompagné des nœuds du lymphocentre récurrentiel. En
arrière : se trouve la chaîne sympathique cervicale qui descend verticalement sur la face antérieure des
muscles prévertébraux un peu en dedans du X. Les nerfs cardiaques issus du sympathique croisent le X en
passant en dedans du cordon nerveux. L’artère thyroïdienne inférieure branche du tronc thyro-bicervicoscapulaire décrit un trajet en « S italique inversé » avant d’aborder le pôle inférieur du lobe thyroïdien ; elle
croise en arrière le X à hauteur de C6.
e) Branches collatérales
Dans la région cervicale nous nous limiterons aux nerfs pharyngiens : ils naissent du versant interne du
ganglion inférieur du X et se distribuent au pharynx lui fournissant des fibres motrices, sensitives et
sécrétoires ; les rameaux carotidiens : très grêles ils naissent du ganglion inférieur et contribuent à la
formation du plexus carotidien ; le nerf laryngé supérieur : il naît également du ganglion inférieur et se
distribue en deux branches respectivement supérieure et inférieure, au pharynx, au larynx et au muscle cricothyroïdien ; les nerfs cardiaques supérieurs : de un à trois en moyenne ils naissent un peu en dessous du
ganglion plexiforme et se distribuent au plexus cardiaque et aux gros vaisseaux de la base du cou.
2. Embryologie
Au 19ème jour, la région céphalique du tube neural de l’embryon se segmente en trois vésicules primaires que
sont dans le sens cranio-caudal : le proencéphale, le mésencéphale et le rhombencéphale. À partir du 21ème
jour les vésicules primaires du tube neural se subdivisent en neuromères. Le proencéphale comporte six
neuromères, le mésencéphale constitue un neuromère à lui seul, le mésencéphale en comporte neuf : un
segment isthmique et huit rhombomères. Au 28ème jour tous les noyaux des nerfs crâniens sont
reconnaissables. Au cours de la 5ème semaine : les vésicules primaires poursuivent leur développement en
s’élargissant et se divisent en vésicules secondaires : pour le proencephale en télencéphale et en
diencéphale ; pour le rhombencéphale en métencéphale et en myélencéphale (2).
Ganglion supérieur du X
Ganglion inférieur du X
Figure 1. Nerfs crâniens et rachidiens sur un embryon au 37ème jour. In « Traité d’Anatomie Humaine, Tome IV
Système Nerveux, G. Paturet »
a) La genèse du ganglion supérieur du vague et des ganglions parasympathiques
Chaque rhombomère exprime une série de gènes Hox particuliers. Cette organisation permet de
regrouper les neurones des crêtes neurales en populations spécifiques avant leur migration dans les arcs
pharyngiens. À la fin de la 4ème semaine des neurones en provenance des 7ème et 8ème rhombomères
quittent les crêtes neurales et se regroupent à la périphérie pour constituer sur le même modèle que les
ganglions spinaux, le ganglion supérieur du vague. Pour certains de ces neurones issus de la partie
caudale du rhombencéphale, les migrations se poursuivent à travers l’organisme : c’est la mise en place
du système vagal parasympathique.
b) La genèse du ganglion inférieur du vague
Au cours de la 4ème semaine une série d’épaississements ectodermiques apparaissent sur le versant dorsal
des quatre fentes pharyngiennes constituant les placodes épi-pharyngiennes. À la fin de la 4ème semaine
ces amas cellulaires évoluent vers des précurseurs neuronaux. Le ganglion inférieur du vague provient
des 3ème et 4ème placodes épi-pharyngiennes.
7
Commentaire [Amadeus2]: Pré
ciser la proximité avec les autres
placodes.
c) Mise en place des noyaux du vague dans le tronc cérébral
Au début de la 5ème semaine les neurones du rhombencéphale se sont organisés en deux lames : l’une
dorsale et sensitive dite alaire, l’autre ventrale et motrice appelée fondamentale. Au milieu de la semaine
ces lames se complexifient donnant sept colonnes représentées par les différents noyaux des nerfs
crâniens, sur la base de leurs fonctions sensitives ou motrices, somatiques ou végétatives. Le nerf vague :
nerf mixte s’organise en trois noyaux :
Noyaux
dorsal moteur
solitaire
ambigu
Fonctions
La commande parasympathique des viscères thoraciques et abdominaux : contient les
neurones pré-ganglionnaires du système.
Essentiellement afférent viscéral, il collecte également les influx sensitifs et sensoriels
de la région bucco-pharyngienne.
Envoi des fibres efférentes branchiales aux nerfs IX, X et XI. Il est moteur pour les
muscles du larynx et du pharynx.
d) Le X et la brachiomérisation
À sa sortie du rhombencéphale et avant de s’engager dans les arcs branchiaux, le X croise l’aorte
dorsale : celle là même qui donnera la carotide interne. Les ganglions inférieurs et supérieurs du vague
sont à l’interface des 3ème et 4ème arcs pharyngiens dans lesquels on retrouve les 3ème et 4ème arcs
aortiques : ils donneront à gauche respectivement la carotide commune et la crosse aortique. Le nerf
vague est avant tout le nerf du 4ème arc pharyngien. Le nerf laryngé supérieur appartient également à cet
arc.
3. Systématisation et projections cérébrales du X : explication des stimulations vagales
a) Contingents sensitifs et moteurs
Dans la région cervicale, le nerf vague regroupe approximativement 100 000 axones dont 80% de fibres
afférentes sensitives et végétatives pas ou peu myélinisées (3). Ce sont ces afférences qui permettent de
concevoir le X comme une « fenêtre » d’accès, d’action sur les structures encéphaliques du SNC.
Figure 2. coupe transversale du X, coloration de Van
Gieson à l’hématoxyline de Weigert, grossissement X4.
Structure du nerf vague dans sa région de stimulation.
Nos coupes ont révélé l’existence de 5 faisceaux
nerveux dont la systématisation n’a pu être mené
jusqu’au bout. Le nombre standard de faisceaux est à
confirmer.
Figure 3. coupe transversale du X, coloration de la
myéline par la méthode de Kluver et Barrera,
grossissement X20. Détails d’un faisceau du nerf : en
bleu foncé et très minoritairement, les cytoplasmes
Schwanniens et les régions fortement myélinisées. Les
régions peu ou pas myélinisées sont très majoritaires.
8
Commentaire [Amadeus3]: Es
sentiellement à la ace dorsale de
l’épiglotte.
b) Systématisation du X
Figure 4. Systématisation du nerf vague (modifié d’après J Bossy (1973) Schémas de travaux pratiques de
Neuroanatomie, fasc IX. Vigot, Paris, p 92)
Les effets secondaires les plus fréquents des stimulations vagales (VNS) sont directement en rapport
avec les régions innervées par le nerf : dysphagies pour le nerf laryngé supérieur, dysphonies pour le nerf
laryngé récurrent, bradycardies pour les nerfs cardiaques... Une notion est importante à retenir :
l’innervation du cœur par les deux X est différente : les régions sinusales et atriales sont très
majoritairement innervées par le X droit : c’est la principale raison qui pousse à réaliser les stimulations
vagales à gauche et non à droite afin de limiter les effets indésirables cardiaques.
Selon leur diamètre et leur myélinisation on peut diviser les fibres nerveuses du X en trois types A, B ou
C. Essentiellement véhiculés par les fibres C, les effets indésirables parasympathiques des VNS en
particulier cardiaques (bradycardie) et respiratoires (apnée ou bradypnée) sont relativement rares chez
l’homme. Ces constatations suggèrent que les stimulations thérapeutiques du X ne suffisent pas à activer
les fibres C car leur seuil d’excitation est trop élevé.
c) Projections cérébrales du X
À son entrée dans le bulbe, le nerf vague gauche se projette bilatéralement sur les noyaux des deux
tractis solitaires et unilatéralement sur le noyau dorsal moteur du X. Le noyau du tractus solitaire se
projette sur : le noyau para-branchial, le cervelet, les noyaux du raphé, la substance grise périaqueducale
et le locus coeruleus. À partir de ces structures, des projections secondaires montent vers le système
limbique, le système paralimbique et les régions corticales.
Le noyau para-branchial relait les informations du noyau du tractus solitaire directement vers
9
l’hypothalamus, le thalamus, l’amygdale et la strie terminale. Via le thalamus le noyau para-branchial se
projette sur le cortex insulaire, orbitofrontal et préfrontal.
Figure 5. schéma du complexe médullaire dorsal du
vague. In « therapeutic mechanisms of vagus nerve
stimulation (4)». NTS = noyau du tractus solitaire ; AP
= area postrema ; STN = noyau spinal du V ; RF =
formation réticulée ; DMN = noyau dorsal moteur du
X ; NA = noyau ambigu.
Figure 6. Aperçu des projections connues du noyau du
tractus solitaire, du noyau parabranchial et du locus
coeruleus (LC). In « Vagus Nerve Stimulation : A new
tool for brain research and therapy (5) ».
Les mécanismes d’action des stimulations vagales ne sont pas encore complètement élucidés.
Une partie des effets anti-épileptiques des VNS seraient médiés par les noyaux du raphé riches en
sérotonine et le locus coeruleus riche en adrénaline et noradrénaline. Par l’intermédiaire de ses
projections sur le noyau amygdalien, le noyau du tractus solitaire peut agir sur l’uncus, l’hippocampe, le
cortex entorhinal. Ces régions du système limbique sont celles qui génèrent le plus d’épilepsies partielles
complexes. Les projections du X sur la formation réticulée permettent une augmentation de la vigilance.
Figure 7. détail des projections hautes du nerf vague
à partir du noyau solitaire via les systèmes
endocrinien, limbique et pré-moteur. In « VNS
therapy in treatment-resistant depression : clinical
evidence and putative neurobiological mechanism (3)
».
L’effet antiépileptique des stimulations vagales par désynchronisation de l’activité électrique cérébrale à
été proposé pour la première fois en 1987 par le Dr Jacob Zabara. Les VNS, indiquées dans le traitement
des épilepsies réfractaires, ont été approuvées en Europe en 1994 et aux Etats-Unis en 1997. Les
premières études longitudinales menées sur les patients épileptiques traités par VNS ont révélé d’autres
indications : le traitement des troubles dépressifs majeurs et des troubles bipolaires I et II. Ces effets des
VNS ont été confirmés et approuvés en Europe depuis 2001 et aux États-Unis en 2005. De nombreuses
recherches sont encore en cours en particulier pour le traitement de l'obésité, des troubles anxieux, des
migraines chroniques et de la maladie d'Alzheimer.
10
4. Objectifs de l’étude
Comment exploiter au mieux les propriétés anatomiques de la région cervicale pour réaliser des opérations
de VNS efficientes, les moins invasives possibles, sécurisées, rapides ? En regard du développement de la
pratique « VNS » dans un nombre croissant d’hôpitaux européens ces dernières années (comme au CHU de
Nantes depuis 2008 par exemple) la question semble d’actualité. En restant dans un cadre strictement
anatomique nous nous intéresserons à :
L’anatomie précise du X dans la région cervicale gauche.
Le ciblage des régions clés de la chirurgie vagale.
Le(s) abord(s) chirurgicaux des stimulations vagales.
II. Étude Anatomique
3. Dissections
a) Matériel
1. Pièces anatomiques
Sujets
Sexe
Age
Type
Prélèvement
1
2
3
F
F
M
77 ans
88 ans
79 ans
frais
frais
frais
buste
buste
corps entier
2. Matériel d’exploration (dissection plan par plan)
-
bistouris manches n° 3 et n°4
lames n° 15 et n° 23
pinces à disséquer standards mousses et pointus
ciseaux droits pointus
ciseaux courbes mousses
ciseaux à os
pinces et ciseaux de microchirurgie
lunettes grossissantes x 2,5
microscope
fils de suture
3. Matériel utilisé pour l’injection
-
latex rouge
acide acétique
b) Méthode
1. Dissections plan par plan
L’objectif est d’accéder au nerf vague gauche de l’espace rétro stylien jusqu’au bord supérieur de la
clavicule. On consacrera une attention toute particulière au descriptif des structures anatomiques
périphériques et sus-jacentes au X.
Un billot est placé sous la nuque du sujet couché sur le dos ; la tête est immobilisée dans l’extension, la
face tournée du côté droit (6).
La peau est incisée le long du corps de la mandibule, à environ un travers de doigts au-dessus de son
11
bord inférieur. L’incision est prolongée selon une ligne courbe passant par la branche de la mandibule,
l’articulation temporo-mandibulaire puis vers l’arrière et le bas jusqu’à la protubérance occipitale
externe, trois travers de doigts en arrière du pavillon. Une seconde incision est faite à la peau allant de la
ligne médiane à l’acromion en suivant le bord supérieur du sternum et de la clavicule. Les deux incisions
précédentes sont réunies par une troisième, médiane, s’étendant par conséquent du bord inférieur du
maxillaire au bord supérieur du sternum.
2. Préparation de l’injection
La carotide commune gauche et l’artère subclavière gauche ont été cathétérisé et injecté de latex coloré
en rouge pour des volumes respectifs de 60 ml et 40 ml. La dissection a été réalisée une heure après
solidification du latex.
4. Imagerie
En complément de l’étude anatomique précédente, une approche de la région cervicale gauche par les
techniques de l’imagerie moderne a été entreprise.
a) Technique
Pour notre étude statistique nous avons choisi la TDM. Avec l’IRM, le nombre de sujets pour l’étude
était insuffisant. L’échographie n’était pas adaptée à notre problématique.
b) Choix des coupes
La forme du cou varie avec l’age et le sexe mais sa longueur est à peu près la même chez tout les
individus. L’apparente brièveté du cou que présente certaines personnes tient à leur embonpoint, leur
développement musculaire ou une conformation particulièrement haute de leurs épaules et leurs
clavicules (7).
Une division de la région cervicale en six coupes transversale a été retenue, des processus transverses
des vertèbres C2 à C6. La sélection des niveaux de coupes a reposé sur leur facilité de repérage et leur
relative constance de contenu en rapport au repère standard sélectionné (le processus transverse). Des
coupes supplémentaires ont été réalisées selon des repères anatomiques constants mais de niveaux
cervicaux plus variables (comme la partie proximale de la grande corne de l’os hyoïde par exemple).
c) Paramètres et critères de l’étude statistique
Dans le Service de Radiologie du Professeur Dupas, 40 sujets ont préalablement été répertoriés sur un
ensemble de 500 examens scanners injectés de la région cervicale. Une deuxième sélection drastique a
donné les résultats suivants :
N = 20
Critères d’exclusion : chirurgie de la région cervicale gauche, affection grave
Critères d’inclusion : sujets exemptes de remaniements anatomiques cervicaux gauches
La sélection des sujets constitutifs de l’étude s’est fait sans tirage au sort pour limiter le biais
d’admission (population hospitalière).
Les mesures sont standardisées, les mêmes instruments étalonnés ont été utilisés pour chaque sujet
constitutif de l’étude : consoles du Service de Radiologie du CHU de Nantes, logiciel AGFA IMPAX.
Les mesures ont été classées et analysées grâce au logiciel Microsoft Office Excel 2004.
III. Résultats
12
5. Étude topographique du nerf vague gauche dans la région cervicale
a) Anatomie de surface
La peau – À la face antérieure du cou représentée par le triangle cervical antérieur délimité en arrière
par le muscle sterno-cléido-mastoïdien (SCM) la peau est fine et glabre ; dans la région sous-hyoïdienne
ses capacités de déformations et de glissement sont importantes :
-
dans le plan sagittal du fait des mouvements de flexion-extension de la tête sur le cou comme en
témoigne les rides horizontales rencontrés chez de nombreux individus
dans le plan transversal du fait de la céphalogyrie comme en témoigne la saillie du bord
antérieur du SCM pour des angles > 30°
En observant la région sterno-cléido-mastoïdienne d’abord puis le triangle cervical postérieur ensuite on
constate un épaississement progressif de la peau selon un gradient antéro-postérieur. Les capacités de
déformation et de glissement de la peau sont plus importantes à la moitié inférieure de ces régions qu’à
leur moitié supérieure et prédominent sur les déplacements horizontaux.
Le pannicule adipeux – il est d’épaisseur variable et souvent plus important chez les hommes que chez
les femmes.
Ht
Gch
Os hyoïde
SCM
Trapèze
Clavicule
PHOTO 1.1 Anatomie de surface de la région cervicale gauche
∴
13
Commentaire [Amadeus4]: ad
hérences fibreuses avec les
aponévroses sous-jacentes… +
élasticité et rétractilité… Peau de la
région parotidienne : épaisse dense et
serrée surtout en arrière
b) Du platysma à l’aponévrose cervicale superficielle – premier plan d’étude
La peau est incisée selon le schéma proposé précédemment en débutant par la région péri-mandibulaire
antérieure. On met rapidement à jour un feuillet musculaire fin : le platysma. Affleurant la surface, il est
séparé de la peau par un pannicule adipeux d’épaisseur variable. C’est le seul muscle cutané du cou. Ce
muscle est mince et large, de forme quadrilatère, il occupe la région antéro-latérale du cou. Ses fibres
sont orientées vers le haut et l’avant.
En le dégageant, on met en évidence ses insertions:
-
-
En haut : sur la commissure des lèvres et le bord inférieur de la mandibule entre, en arrière,
l’incisure inconstante (retrouvée 2 fois sur 3) marquée par le passage de l’artère faciale et, en
avant, la fosse digastrique.
En bas : sur la face profonde de la peau des régions pectorales et deltoïdiennes.
Commentaire [Amadeus5]: ra
mifications terminales de la branche
transverses du plexus cervical
superficiel partie sus-aponévrotique
de la veine jugulaire antérieure.
Artère faciale
Platysma
Ht
Avt
PHOTO 1.2 Aperçu du muscle peaucier gauche
On poursuit l’étude en sectionnant le peaucier transversalement vers le milieu du cou. En dégageant le
muscle nous avons constaté ses rapports intimes avec l’aponévrose cervicale superficielle pré-sternocléido-mastoïdienne qu’il a été difficile de conserver. Au sujet de cette aponévrose nous avons noté :
-
Dans la région sous-hyoïdienne : un dédoublement contenant la veine jugulaire antérieure
Dans la région supra-hyoïdienne : un épaississement avec un tissu adipeux infiltré important
Dans la région SCMn : une grande finesse de l’aponévrose dans la zone sous jacente au peaucier
Dans le creux sus claviculaire : l’aponévrose siège dans un environnement adipeux important
∴
14
Commentaire [Amadeus6]: ra
mifications terminales de la branche
sus-claviculaire du plexus cervical
superficiel rameaux de la branche
cervico-faciale du facial branches du
plexus cervical superficiel la veine
jugulaire externe chaines
ganglionnaires
c) Du sterno-cléido-mastoïdien à la gaine jugulo-carotidienne – deuxième plan d’étude
Structure fondamentale du cou croisant obliquement la région cervicale antéro-latérale, le muscle SCM
est constitué de 4 chefs : sterno-occipital, sterno-mastoïdien, cléido-occipital, cléido-mastoïdien. Dans
cette étude, nous nous sommes concentrés sur les insertions basses du SCM et les structures vasculaires
et nerveuses importantes s’organisant autour du muscle.
-
-
En disséquant la partie basse du SCM nous avons mis à jour deux faisceaux rattachant le SCM à
la ceinture scapulaire : un faisceau claviculaire qui se fixe sur le tiers médial de la face
supérieure de la clavicule et un faisceau sternal qui se fixe sur la face ventrale du manubrium
sternal, au-dessous de l’interligne sterno-claviculaire.
En dégageant le bord postérieur du SCM nous avons remarqué l’émergence des branches
sensitives du plexus cervical superficiel
La veine jugulaire externe croise le bord postérieur du SCM au niveau de l’émergence du plexus
cervical superficiel
En arrière du SCM, dans la portion supérieure du triangle cervical postérieur, on note le passage
de la branche externe du XI spinal et en dessous la présence de lymphocentres.
Parallèlement au bord antérieur du SCM nous avons trouvé 1 fois une anastomose entre la veine
jugulaire externe et la veine jugulaire antérieure
Longeant le bord antérieur du SCM on notera la présence de la branche sus-sternale du plexus
cervical superficiel
Ht
Avt
Émergence du
plexus cervical
superficiel
Br. transverse
VJE
Anastomose
entre la VJE
et la VJA
Br. ext. du n. spinal
Br sus-sternale
SCM
Br.sus-claviculaire
chefs st-mast. chefs cléïdo-occipital
PHOTO 1.3 Le muscle sterno-cléido-mastoïdien et son environnement
Pour accéder aux structures anatomiques sous-jacentes au SCM nous avons réséqué le muscle et
15
Commentaire [Amadeus7]: +
espace de Sédillot ????
constaté :
-
-
Le parcours du XI spinal dans les faisceaux profonds du SCM au sein d’un véritable « tunnel
musculaire » puis son émergence au bord postérieur du muscle où il se dirige vers le bas et
l’arrière en direction du trapèze
Dans la région sous hyoïdienne, au niveau de la ligne médiane, la lame prétrachéale se
prolongeant latéralement par le fascia cervical moyen engainant rapidement le muscle sternohyoïdien et plus loin en dehors le muscle omo-hyoïdien.
Nous avons ensuite ouvert le fascia cervical moyen pour nous concentrer sur les structures barrant
l’accès à la gaine vasculaire :
-
Le muscle omo-hyoïdien (OH) de forme allongée, grêle et digastrique, il est tendu obliquement
en travers de la région antéro-latérale du cou du bord supérieur de la scapula à l’os hyoïde. Le
muscle cravate la gaine vasculaire du cou intimement plaqué contre la VJI.
Ht
Avt
VJE
VII
Lymphocentre
jugulaire
interne
Gaine fibreuse JC
ACC
Br ext. du XI
VJI
OH
Tendon
intermédiaire de
l’omo-hyoïdien
-
SCM
VJE
PHOTO 1.4 le muscle omo-hyoïdien et la gaine vasculaire du cou
En dégageant l’OH dans la région de son tendon intermédiaire et à proximité de la gaine jugulo-
16
-
-
carotidienne (JC) sous-jacente, la dissection a révélé la présence de filets nerveux grêles émanant
de l’anse de l’hypoglosse dans l’axe de la gaine vasculaire et se dirigeant vers le bas et l’arrière
parallèlement au tendon intermédiaire vers le ventre postérieur du muscle.
Toujours dans l’axe de la gaine vasculaire du cou, émergeant du bord inférieur de l’OH mais
cette fois ci orienté vers le bas et l’avant, nous avons observé d’autres rameaux nerveux grêles
en provenance de l’anse de l’hypoglosse se dirigeant vers les muscles infra-hyoïdiens : sternohyoïdien, sterno-thyroïdien et thyro-hyoïdiens.
En remontant vers la racine supérieure de l’anse cervicale, nous n’avons pas réussi à isoler la
branche destinée au ventre antérieur de l’OH : cette branche très courte était orienté vers l’avant
et le haut juste en dessous et dans l’axe du muscle.
Ht
Avt
SCM
n. laryngé sup.
ACC
Anse cervicale
VJI
n. vague
n. prénique
-
PHOTO 1.5 La gaine jugulo-carotidienne et son environnement
Au cours de nos dissections nous n’avons pas retrouvé de débordement du lobe latéral du corps
17
thyroïde vers le dehors, en dedans et en avant de la gaine JC. Si débordement il y a : il est
compris en dessous du plan défini par les muscles sterno-hyoïdiens et sterno-thyroïdiens en
dedans et leurs branches d’innervation issues de l’anse cervicale en dehors.
∴
d) Paquet vasculo-nerveux de la région cervicale profonde
L’OH a été réséqué au niveau de son tendon intermédiaire, en prenant soin de conserver les rameaux
nerveux originaires de l’anse cervicale. La gaine JC ainsi dégagée nous pouvons l’étudier dans sa
globalité et évoquer :
-
-
-
Le lymphocentre jugulaire interne qui se compose de nombreux nœuds juxtaposés à la VJI. On
peut le diviser en deux groupes : un groupe antérieur essentiellement supra-omo-hyoïdien (voir
photo 1.4) et un groupe latéral en dehors et le long de la VJI.
La gaine en elle même : se présente sous forme d’un manchon fibreux commun au trois éléments
du paquet : artère, veine et nerf. Nous avons retrouvé des manchons celluleux propres à chacun
des éléments contenus dans la gaine commune. Entre la carotide et la veine jugulaire interne ces
manchons celluleux réalisent une véritable cloison sagittale. Cette cloison porte le nom de
septum de Langenbeck.
L’anse cervicale : elle est plaquée le long de l’axe vasculaire du cou, dans un dédoublement de la
gaine fibreuse commune pour la racine supérieure de l’anse. Selon la taille de l’anse et la forme
de la gaine sur laquelle elle coure, sa disposition peut varier : sur nos deux dissections, nous
avons observé que la portion horizontale de l’anse pouvait être tantôt antérieure, tantôt
latéralisée par rapport à la gaine ; concernant sa hauteur, nous avons pu noter qu’elle était
généralement au niveau du croisement que réalise l’OH sus jacent avec la gaine JC légèrement
au dessus ou légèrement en dessous. La morphologie des branches de l’anse varie en fonction de
sa disposition
Après avoir ouvert la gaine JC nous nous sommes intéressés aux rapports vasculaires du X afin de
repérer d’éventuels obstacles à l’abord chirurgical du nerf vague
-
-
La carotide commune : de son émergence du thorax à sa bifurcation autour de C3/C4 en une
artère carotide externe localisée en dedans et une artère carotide interne localisée en dehors il
n’existe aucune branche artérielle sur le corps du vaisseau.
La veine jugulaire interne : dans notre région d’étude nous avons remarqué deux affluents
d’importance : le tronc thyro-linguo-facial et la veine thyroïdienne moyenne. La veine
thyroïdienne supérieur qui se jette dans le tronc thyro-linguo-facial peut contracter plusieurs
anastomoses avec la ou les veine(s) thyroïdienne(s) moyenne(s). Dans notre première dissection
le réseau veineux anastomotique était très développé et empêchait l’accès direct à la gaine.
∴
18
Commentaire [Amadeus8]: An
se de l’hypoglosse – l’équivalent d’une
racine antérieure d’un nerf spinal.
Contrairement aux descriptions des
auteurs classiques, est formé des fibres
des trois premiers nerfs cervicaux.
Celles ci descendent dans la gaine
carotidienne et se distribuent aux
Nerf du
muscles infra-hyoïdiens.
ventre antérieur du muscle homohyoïdien Nerf du muscle sternohyoïdien Nerf du muscle sternothyroïdien Nerf du ventre postérieur
du muscle homo-hyoïdien
Ht
Avt
VII
NL
IX
XII
ganglion
cervical sup.
ganglion
plexiforme
n. laryngé sup.
tronc sympathique
anse cervicale
1er n. cardiaque sup.
2nd n. cardiaque sup.
n. phrénique
n. pneumogastrique
PHOTO 1.6 Le X dans la gaine jugulo-carotidienne
19
6. Anatomie descriptive du nerf vague gauche dans la région cervicale
a) Trajet et aspect du nerf
Dans la région carotidienne
Le X est situé dans l’angle dièdre ouvert en arrière formé par l’accolement de la veine jugulaire interne
avec la carotide commune. Nos travaux ont montré que le X reste toujours dans son angle dièdre mais
que ce dernier peut effectuer une rotation vers le dehors dans les cas où la VJI est très antéro-externe voir
antérieure par rapport à l’ACC.
b) Rapports
1. Dans la région carotidienne
-
-
Le sympathique et le phrénique : après avoir dégagé du fond de la gaine JC le X nous avons pu
repérer parallèlement au nerf et descendant en arrière dans deux dédoublements de l’aponévrose
prévertébrale: le sympathique, légèrement en dedans par rapport à la gaine JC et le phrénique
légèrement en dehors.
L’artère thyroïdienne inférieure : elle nous est apparue après avoir réséqué la CC et la VJI rétrocroisant le X à hauteur de la sixième vertèbre cervicale environ.
2. À son entrée dans le thorax, c’est à dire à la base du cou
-
L’Artère sous clavière gauche : reste postérieure et à distance du X.
Le canal thoracique : il contourne le paquet jugulo-carotidien par l’arrière et de dedans en dehors
pour aller se jetter au niveau du confluent jugulo-sous-clavier dit de Pirogoff. Dans sa boucle
terminale, il passe non loin du X en arrière.
c) Branches collatérales
Nous nous limiterons ici au nerf laryngé supérieur et aux nerfs cardiaques supérieurs :
-
-
Le nerf laryngé supérieur : il émerge au versant interne du pôle inférieur du ganglion plexiforme
sous forme d’un tronc nerveux unique d’abord orienté vers le dedans et le bas. Le nerf Laryngé
supérieur se divise ensuite en deux branches respectivement pour le larynx et le pharynx
Les nerfs cardiaques supérieurs (NCS) : nous en avons trouvé deux sur notre seconde dissection.
Le premier NCS naissait à proximité du ganglion plexiforme à partir de la portion proximale du
nerf laryngé supérieur et descendait verticalement en arrière et en dedans de l’ACC. Le second
en dessous et à distance du ganglion plexiforme émergeait du tronc du X accolé sur quelques
centimètres au nerf puis se détachait en direction du bas et du dedans pour longer la face antéroexterne de l’ACC. Cette disposition en avant de l’ACC semble inhabituelle et est probablement
liée à la position très antérieure de la VJI
d) Anastomoses du Pneumogastrique
En dessous du ganglion inférieur du X, nous n’avons retrouvé aucune d’anastomose.
e) Micro vascularisation du Pneumogastrique
En réalisant la microdissection de la gaine JC, nous n’avons pas retrouvé de branches artérielles issues
de l’artère thyroïdienne inférieure ou de l’artère cervicale ascendante. En dégageant le X de son
manchon celluleux lâche nous n’avons remarqué aucun réseau artériel depuis la carotide commune.
L’existence de vasa-vasorums n’est pas à exclure pour autant : le nombre de sujets étudiés était limité et
l’injection était sans doute inadapté.
20
Commentaire [Amadeus9]: Ho
velacque p. 213 loi générale qui veut
que le courant sanguin soirt brisé avant
d’atteindre le nef… ???
Ht
Avt
IX
VII
Anastomoses entre
le X et le XII
Rameaux
carotidiens du
X
XII
ganglion
plexiforme
XI
n. laryngé
sup.
anse cervicale
réclinée
art. thyroïdienne sup.
tronc sympathique
n. vague
1er NCS
br. de C5
nd
2 NCS
n. phrénique
art. cervicale
ascendante
art. thyroïdienne inf.
m. scalène ant.
PHOTO 2.1 Le X et ses structures nerveuses périphériques
21
7. Abords chirurgicaux pré et rétro sterno-cléido-mastoïdiens
Au cours de nos travaux, nous avons eu l’occasion d’assister à deux opérations de « stimulations vagales »
pratiquées par le Professeur Philippe Mercier neurochirurgien à Angers. Avant ces opérations nous avions
réalisé au Laboratoire d’Anatomie de Nantes plusieurs abords pré et rétro SCM afin de nous préparer à la
chirurgie à laquelle nous allions assister et évaluer en situation les difficultés des deux abords.
Ht
Ht
Avt
Avt
Anse cervicale
V. thyroïdienne moy.
VJI
VJI
ACC
Nerf vague
Région du SCM
Photo 3.1 Abord pré sterno-cléïdo-mastoidien
Photo 3.2 Abord rétro sterno-cléido-mastoïdien
a) Abord rétro-SCM
À la peau, nous avons préféré une incision verticale car cette dernière était extrêmement rigide. Au
niveau du platysma nous avons sectionné le muscle longitudinalement dans le sens de ses fibres. Le
fascia cervical superficiel a été ouvert verticalement. Le SCM a été mobilisé vers l’avant pour accéder en
dessous à la gaine JC. Pour accéder au X nous avons dû mobiliser la VJI qui faisait obstacle à l’angle
dièdre postérieur.
b) Abord pré-SCM
Une incision verticale a été réalisée pour les mêmes raisons évoquées précédemment. Arrivé au bord
antérieur du platysma nous avons sectionné le muscle longitudinalement dans le sens de ses fibres. Les
fascias cervical superficiel et moyen ont été ouverts verticalement. La gaine JC a été ouverte
verticalement. En arrière entre l’ACC et la VJI nous avons mis à jour le X rapidement.
22
8. Imagerie du nerf vague dans la région cervicale
a) Étude TDM de la région cervicale gauche
Afin de compléter au mieux cette étude du nerf vague gauche et rendre plus accessible l’anatomie à la
clinique par le biais de l’imagerie, nous avons sélectionné trois niveaux de coupes transversales qui vous
sont détaillés ci-dessous :
Os hyoïde
Glande sub-mandibulaire
Sterno-cléido-mastoïdien
Veine jugulaire interne
Artère carotide interne
Cartilage thyroïde
Muscles infra-hyoïdiens
Sterno-cléido-mastoïdien
Veine jugulaire interne
Artère carotide interne
Muscles infra-hyoïdien
Glande thyroïde
Sterno-cléido-mastoïdien
Veine jugulaire interne
Artère carotide interne
23
b) Résultats de l’étude statistique
4
distance en cm
3,25
3,5
Figure 8. Distance du nerf vague gauche aux
bords antérieurs et postérieurs du sterno-cléidomastoïdien. Pour chaque série de mesure, est
signalé la moyenne et l’écart type. La courbe du
haut représente le bord postérieur du SCM. La
courbe du bas représente le bord antérieur du
SCM.
3,39
2,99
3
2,5
2,18
2
2,10
1,5
1,79
1,69
1,62
1
0,5
vertèbres cervicales
0
C1
C2
C3
C4
C5
C6
C7
T1
Figure 9. Représentation de la distribution des distances séparant l’angle dièdre postérieur gauche
de différentes structures anatomiques selon la loi Normale et la loi de Student.
Rapport Mesuré
X – partie proximale de la corne
postérieure de l’os hyoïde
X – bord postérieur de la glande
sub-mandibulaire (C4)
X – bord postéro latéral supérieur
du cartilage thyroïde (C5)
X – bord postéro latéral inférieur
du cartilage thyroïde (C6)
X – processus transverse des
vertèbres (C2,C3,C4,C5,C6)
N
Distance moyenne
Médiane
Écart-type
Variance
21
2,22
2,31
0,35
1,20.10-1
21
1,68
1,85
0,35
1,23.10-1
21
1,18
1,20
0,23
5,18.10-2
21
1,21
1,20
0,29
8,18.10-2
105
0,67
0,64
0,21
4,21.10-2
Figure 10. Reconstruction tridimensionnelle du cou à partir de coupes TDM injectées. Localisation du X dans
l’environnement vasculaire artériel, cartilagineux et osseux en vue latérale et latéro-postérieure.
24
IV. Discussion
4. Abord chirurgical du X dans la Stimulation vagale
a) Problématique des abords
À l’issue de nos travaux nous pouvons exclure d’emblé et définitivement l’ensemble des abords chirurgicaux
du X dans sa portion supérieure : au-dessus du plan transversal passant par l’os hyoïde car :
-
-
La structure du X empêche toute pose d’électrodes
Présence du ganglion inférieur du X
Emergence des branches pharyngiennes et cardiaques supérieures
Nombreuses anastomoses avec les nerfs environnants
L’abord même du X est complexe
Espaces de glissements limités
La parotide et le SCM barrent le passage
Nombreuses structures nerveuses et vasculaires dangereuses (branches de la carotide
externe, IX, XI, XII…)
Nous étudierons donc les abords chirurgicaux du X au-dessous du plan transversal passant par l’os hyoïde, le
nerf vague étant dans cette portion cervicale « infra-hyoïdienne » libre de tout ganglions et généralement
monotronculaire.
Notre cadre d’investigations ainsi clairement défini nous pouvons envisager 3 types d’abords chirurgicaux
pour les stimulations vagales :
-
Abords pré sterno-cléido-mastoïdien
Abords trans sterno-cléido-mastoïdien*
Abords rétro sterno-cléido-mastoïdien
Nous évaluerons pour chaque voie d’abord ses avantages et ses inconvénients pour le praticien, son rapport
bénéfice / risque pour le patient.
*nous ne retiendrons pas l’abord trans-SCM en raison de son caractère particulièrement invasif.et inadapté
à ce genre de chirurgie : incision, fenêtre d’action, sécurité, dommages tissulaires…
b) Régions clés en chirurgie
La Peau : sa souplesse et sa déformabilité sont à l’avantage du chirurgien qui peut limiter la taille de son
incision et déplacer sa « fenêtre d’action » par glissement. Sur le plan esthétique il est à préférer une
incision horizontale : dont la cicatrice puisse être la plus discrète et se confondre avec les plis du cou. Le
X étant orienté selon un axe vertical, c’est selon ce même axe qu’il faudra jouer avec la mobilité de la
peau si l’on prend comme base idéale une incision horizontale. D’après notre étude la meilleure voie
d’abord pour réaliser ces premiers gestes est pré sterno-cléido-mastoïdienne : la peau présente un
maximum de souplesse dans cette zone (photo 1.1). Concernant la taille de l’incision : si son niveau est
bien choisi, 3 travers de doigts suffisent comme nous avons pu le constater à Angers.
Le SCM : c’est lui qui va permettre de définir le niveau de l’incision. Notre étude statistique a montré :
que les distances « angle dièdre postérieur – SCM » sont beaucoup plus importantes au bord postérieur
du muscle qu’à son bord antérieur mais que la différentielle diminue à mesure que l’on se rapproche de
la clavicule (figure 8). La distance minimale « X – bord antérieur du SCM » se situe en C4 avec 1,62 cm.
La distance minimale « X – bord postérieur du SCM » se situe en C6 avec 2,99 cm. En étudiant des
coupes transversales de la région cervicale entre C4 et T1 on constate que le SCM (avec sa gaine jugulocarotidienne qui lui est satellite en arrière) est beaucoup plus superficiel à mesure qu’il se rapproche de
la clavicule et du sternum.. Pour avoir toutes les chances de dégager un X monotronculaire, les
dissections ont montré qu’il faut aborder le nerf autour de C6 / C7. Afin de sécuriser les gestes du
chirurgien on préférera un abord le plus direct possible avec des structures anatomiques contrôlables :
visibles et accessibles à tout moment. À proximité de la clavicule en se basant sur les paramètres
25
« distance » et « accès direct », les abords pré et rétro SCM semblent assez similaires. La différence
fondamentale qui existe entre ces deux abords est l’angle entre le plan cutané et le plan vertical d’accès
au nerf à partir de la surface : extrêmement oblique en rétro SCM l’accès au X est gêné par le muscle et
la région de la gaine vasculaire du cou perd en visibilité (photo 3.1). D’après ces informations on
conseillera donc une incision horizontale de 1 à 2 travers de doigts au dessus de la clavicule en pré SCM.
Les incisions conseillées à la moitié de la hauteur du SCM ne semblent pas être plus intéressantes (8).
L’omo-hyoïdien : dans le cas d’un abord rétro-SCM, en cherchant à accéder à la gaine vasculaire du
cou, le risque de rencontrer le ventre postérieur de l’OH est d’autant plus important qu’on se rapproche
de la clavicule ; si l’on envisage un accès plus haut, le passage vers le X se libère mais le risque de se
rapprocher dangereusement du XI spinal augmente (photo 1.4). Pour l’abord pré-SCM : plus on
s’éloigne de la clavicule vers le haut plus le risque de rencontrer l’OH est important. D’après le niveau
d’abord que nous avons conseillé précédemment ce risque est relativement limité mais non exclu du fait
des variations importantes de hauteur du muscle. Dans les cas où l’OH viendrait à gêner il faut profiter
de son caractère grêle, souple et mobile pour le déplacer vers le haut et le dehors en prenant soin de
conserver à partir du fascia cervical moyen en dessous, les rameaux originaires de l’anse cervicale sous
jacente innervant le muscle lui même. On notera que le muscle peut également être sectionné et ensuite
suturé. Dans la mesure du possible on évitera cette section. Muscle du « baillement » : abaisseur de l’os
hyoïde, le rôle physiologique de l’OH reste obscur. Il semble avoir un rôle de régulation des pressions
veineuses cerébrales en comprimant la VJI (9). Il faut s’interroger sur les conséquences des lésions ou
paralysies de ce muscle.
L’anse cervicale : il apparaît que cette structure nerveuse n’appartient pas au XII : sa racine supérieure
ou « branche descendante de l’hypoglosse » est en fait constitué à la fois de fibres descendantes du
plexus cervical venues de C1 et de fibres ascendantes venues de C2 et C3 (10). De façon constante
l’anse de l’hypoglosse vient cravater la gaine jugulo-carotidienne. La position de la portion horizontale
de l’anse c’est à dire entre la racine supérieur et inférieur est sujette à un certain nombre de variation
selon sa hauteur et sa disposition : antérieure, antéro-externe ou externe sur la gaine JC ; plus ou moins
haute selon la hauteur de l’OH. En abordant le paquet vasculo-nerveux du cou il est primordial de
repérer correctement la disposition de l’anse de l’hypoglosse afin de disséquer par la suite la gaine sans
risquer de sectionner l’anse (photo 1.5). Dans les cas où l’anse viendrait à gêner l’accès au X on peut être
amené à la disséquer et la repousser en arrière. (de préférence du côté de sa racine supérieure) pour
dégager l’accès au Vague. Les lésions des branches innervant les muscles infra-hyoïdiens ont des
conséquences qu’il ne faut pas oublier.
Les veines : s’il est des rapports veineux qui peuvent barrer l’accès au X au moment d’ouvrir la partie
antérieure de la gaine JC ce sont les veines thyroïdiennes moyennes et dans certains cas leurs
anastomoses avec la veine thyroïdienne supérieure du tronc thyro-linguo-facial. L’obstacle en lui même
n’est guère un problème car les veines peuvent être suturées ; il faut surtout bien les repérer pour éviter
des saignements et maintenir l’ensemble des structures de la gaine parfaitement visibles, propres et
nettes.
La gaine vasculo-nerveuse : dans sa forme modale son contenu s’organise ainsi : ACC en dedans, VJI
en dehors. En rétro-SCM on accède à la portion latérale ou latéro-postérieure de la gaine : lorsque la VJI
est de calibre important elle barre (bloquée sous le SCM) totalement l’accès au X ; la VJI doit être
mobilisé de façon importante. En pré-SCM on visualise la portion antérieure de la gaine et on peut
contrôler simultanément l’artère et la veine qui sont juste dans l’axe de l’incision. En pré-SCM,
contourner la gaine en dehors ou en dedans pour aller chercher le X oblige à des manipulations
excessives des vaisseaux ; en incisant verticalement le manchon fibreux de la gaine dans le plan
d’accolement des deux vaisseaux on accède au septum de Langenbeck : constitué d’un tissu celluleux
lâche on peut le rompre facilement en écartant l’ACC et la VJI et accéder sans problème à l’angle dièdre
postérieur dans lequel glisse le X. Pour poser les électrodes il faut dégager le nerf sur au moins 3
centimètres (11).
c) Autres considérations
Le muscle peaucier : après avoir incisé la peau on le met rapidement à jour (photo 1.2). Selon son
26
développement il bloque totalement ou partiellement l’accès au fascia cervical superficiel. Face au
muscle, trois conduites sont envisageables : le bord antérieur du muscle est accessible, on le contourne
par l’avant mais la fenêtre d’action vers le X diminue ; on incise le muscle dans le sens de ses fibres et
on crée une nouvelle fenêtre d’action ; on le sectionne horizontalement dans le même axe que l’incision
à la peau et il n’y a pas de nouvelle fenêtre d’action. Sachant le muscle suturable l’incision horizontale
semble la plus intéressante pour accéder au X en gardant une marge de manœuvre importante. L’idéal est
de sectionner le peaucier verticalement dans le sens de ses fibres (11).
La branche sus sternale du plexus cervical superficiel : elle se distribue aux téguments de la base du
cou : au niveau de l’extrémité interne de la clavicule et au niveau de la fourchette sternale. Dans les
abords pré-SCM cette branche sensitive peut être lésé donnant une hypoesthésie/anesthésie
habituellement passagère et régressive en quelques semaines. La complication majeure de ces lésions est
la survenue d’un névrome.
Le lobe latéral du corps thyroïde : parfois volumineux, il peut déborder en avant et en dedans du
paquet JC. Pour accéder au X il faut dégager la gaine fasciale du corps thyroïde de la zone pré-JC et
mobiliser la glande en dedans. Si le réseau veineux thyroïdien « latéral » (essentiellement moyen) est
développé la tâche peut être plus difficile.
Le tissu celluleux lâche péri-vagal: nos dissection ont montré qu’en ouvrant le septum de Langenbeck
dans la gaine JC les attaches antérieures du X disparaissaient assez facilement. Au cours de nos
dissection, nous avons noté la présence d’adhérences postérieures. Si l’on veut placer correctement les
électrodes il faut supprimer toutes les brides.
L’artère thyroïdienne inférieure : elle rétrocroise la gaine JC à hauteur de C6 et est parfois très proche
du X. En dégageant le vague de ses adhérences aux parois de l’angle dièdre il faut veiller à conserver la
partie postérieur du manchon fibreux JC : sa présence « défend » l’accès à l’espace rétro-JC et confirme
l’intégrité des structures vasculo-nerveuses postérieures au X (l’artère thyroïdienne inférieure, le
sympathique, le phrénique). En conservant la partie postérieure du manchon JC, le X reste protégé dans
son « berceau » vasculaire et les éléments de la gaine gardent une relative cohésion entre eux.
Le Sympathique et le phrénique : rapports postérieurs de proximité, l’étude statistique à montré que
l’angle dièdre postérieur était situé à environ 6,7 millimètres des processus transverses des vertèbres
cervicales. En prenant en compte l’épaisseur des muscles prévertébraux on peut noter la proximité au X
des deux nerfs engainés dans leur aponévrose.
d) Le dispositif de stimulation vagale
Figure 11. Le dispositif de stimulation vagale. In « Procédure d’implantation, Système VNS
Therapy™ , pour les professionnels de santé, version mondiale, juin 2007, Cyberonics©»
27
5. Variations anatomiques et pose des stimulateurs
a) Position du X dans la gaine vasculaire
Figure 12. Vue scannographique en C6 des variations de positions de la VJI G dans la gaine vasculaire du cou.
20 à 30% des adultes présentent des variantes anatomiques de la veine jugulaire interne (12). Les
différents types de variations rencontrées sont présentés ci dessus (figure 12). La disposition modale de
la VJI est antéro-externe (oscillant entre A et B). Dans certains cas la VJI peut être totalement antérieur
(C) et dans l’extrême antéro-interne (D). Ces variations précisément et facilement évaluables par
échographie peuvent être source de difficultés lorsque l’on cherche à aborder le X. Ces variations
appellent à deux questionnements :
La mobilisation des vaisseaux et ses conséquences : dans les cas où l’accès au X est rendu difficile par
une position inhabituelle des gros vaisseaux on est parfois amené à mobiliser de façon importante la VJI
et à moindre échelle l’ACC. Ces manipulations présentent deux risques : des lésion de la VJI en raison
de la fragilité et la finesse de sa parois ; chez le sujet athéromateux, le détachement de plaques à partir de
la parois de la carotide.
La légitimité de l’abord inter jugulo-carotidien : si la disposition de la VJI est très antérieure et que
l’on repère en la mobilisant doucement vers le dedans le X en arrière : on peut envisager avec prudence
un abord rétro jugulo-carotidien
b) Morphologie du X
Figure 13. Présentation des principales variations cervicales du X gauche et de ses nerfs cardiaques supérieurs.
Théoriquement : dans sa forme modale le X gauche émet son nerf laryngé supérieur au versant antérointerne du pôle inférieur de son ganglion plexiforme ; les nerfs cardiaques supérieurs sont au nombre de
2 à 3 en moyenne et émergent en dessous et à proximité de son ganglion inférieur laissant après leur
28
sortie le nerf monotronculaire jusqu’à la base du cou.(13)
En pratique : nos dissections ont montré que les nerfs cardiaques pouvaient émerger de façon très
variable bien en dessous du ganglion inférieur du X et s’échelonner de façon non groupée le long du nerf
jusqu’à la base du cou. Ces constatations nous conduisent aux précisions suivantes concernant notre
région d’étude et la pose des électrodes sur le X :
Le X peut ne pas être monotronculaire : dans son trajet cervical inférieur, le X peut émettre un rameau
cardiaque supérieur (généralement le second) qui reste accolé au reste du nerf sur quelques centimètres
avant de s’en détacher et se diriger en bas et en dedans dans l’espace compris entre les colonnes
vasculaire et viscérale du cou (figure. 13 type 2).
Les nerfs cardiaques supérieurs peuvent êtres pré ou rétro carotidiens : habituellement les nerfs
cardiaques supérieurs s’orientent vers le bas et le dedans en passant en arrière de la carotide et gagnent
l’espace latéro-viscéral dans lequel il glissent jusqu’à leur entrée dans le thorax. Nos travaux
anatomiques ont révélé l’existence de rameaux pré-carotidiens : il semblerait que cette disposition soit à
relier avec des positions de la VJI très antérieure voir antéro-interne. Dans ces positions, l’angle dièdre
postérieur et son X sont déviés vers l’avant et le dehors : de telle sorte que les trajets à parcourir pour les
rameaux cardiaques en pré ou rétro-carotidien deviennent quasi-identiques en termes de distance (figure
12 type C).
Afin d’être le plus exhaustif possible quant aux variations du X que le chirurgien peut rencontrer en
cherchant à poser ses électrodes nous évoquerons également :
Un ganglion inférieur du X bas : nos travaux ont montré que le ganglions plexiforme généralement
sous parotidien pouvait s’établir aux limites inférieures de l’espace et s’étendre jusqu’à la région de la
bifurcation carotidienne. Ce ganglion d’aspect fusiforme est parfois très allongé (trapu et d’environ 2 cm
dans la première dissection il était bien plus étiré dans la seconde et mesurait jusqu’à 4 cm). Chez le
cheval on décrit le ganglion comme peu visible macroscopiquement mais s’étendant microscopiquement
à l’ensemble de la région cervicale (1). Chez l’homme cette forme ne semble pas exister. En réalisant
des coupes histologiques du nerf nous pouvons confirmer l’absence de cellules ganglionnaires au niveau
de la région de pose des électrodes (figures 14,15).
Figure 14. coupe longitudinale du X, coloration de la
myéline par la méthode de Kluver et Barrera,
grossissement X20. Dans sa zone de stimulation le X est
libre de toute cellule ganglionnaires.
Figure 15. coupe longitudinale du X, coloration de la
myéline par la méthode de Kluver et Barrera,
grossissement X20. Aspect des cellules ganglionnaires à
la base du ganglion plexiforme
Un dédoublement du X : Dans notre étude, un seul sujet présentait un X dédoublé dans toute la région
de la bifurcation carotidienne et ce jusqu’à environ 2 travers de doigts au dessus de la clavicule. Nous
avons noté que la zone où le X redevenait monotronculaire était proche de la zone de stimulation du nerf.
Même si les dédoublements du X semblent rares, ils peuvent être le motif d’échec d’une pose
d’électrodes.
29
Commentaire [Amadeus10]: E
voquer le nerf laryngé récurrent
Un accolement du X avec le sympathique : cette variation semble rarissime elle n’a été décrite qu’une
seule fois et se situait dans la région des ganglions sympathiques et plexiformes.
Un X précroisant la carotide : encore une variation qui n’a été décrite qu’une seule fois : surtout à titre
indicatif, pour rappeler que le X réserve parfois des surprises…
6. Effets indésirables des stimulations vagales
a) Imputables à la chirurgie et rapportés d’après les études
Tableau 1 : Effets indésirables liés à l’implantation se produisant chez au moins 5% des sujets au cours de
la phase à court terme de l’étude pivot (D-02). In « Manuel du médecin, Système VNS Therapy™ , pour les
professionnels de santé, version mondiale, juillet 2007, Cyberonics©»
b) Discussion sur les effets indésirables.
En confrontant nos résultats anatomiques aux effets indésirables les plus courant des opérations de VNS
on est amené à s’interroger sur les gestes techniques employés pour accéder au nerf. Quels étaient les
abords ? Dans quelle mesure les effets indésirables observés sont liés à des conduites inadaptées :
volontaires ou involontaires ?
Effet indésirable
Origine probable / éventuelle
hypoesthésie, paresthésie
douleur à l’incision
Dysphagies et dysphonies
Maux de têtes
Œdème, nécrose du X
Bradycardie, asystolie
lésion de la branche sus-sternal du plexus cervical superficiel ?
hauteur, orientation, taille de l’incision inadapté, nécrose tissulaire ?
lésions des muscles infra-hyoïdiens, de l’anse cervicale et ses branches ?
mobilisation excessive de la VJI ou compression par l’OH ?
mobilisation excessive du X ou mauvais placement des électrodes ?
mauvais placement des électrodes comprenant des rameaux cardiaques ?
V. Conclusion
À l’issu de nos investigations anatomiques nous pouvons retenir l’abord pré SCM comme meilleure voie
d’accès au nerf vague. Nous pouvons éliminer les abords trans et rétro SCM qui répondent mal aux critères
du « minimum invasif » et de la « sécurité ». Nos travaux ont permis de préciser le meilleur niveau d’accès
30
au X et les modalités des incisions à pratiquer. Nous avons dressé une liste des obstacles barrant l’accès au X
et approfondi les méthodes pour les contourner en les évaluant selon leurs risques, de façon comparative et
renseigné. Nous avons étendu notre problématique à certaines variations anatomiques par soucis
d’exaustivité et pour rendre notre étude la plus représentative et la plus complète possible.
La chirurgie vagale des VNS suscite beaucoup d’engouement à l’heure actuelle. Ce n’est pas une chirurgie
complexe mais elle nécessite une bonne connaissance de la région cervicale. Les effets indésirables
imputables à la chirurgie ne sont pas négligeables et amènent à plusieurs questionnement quant à l’efficience
de certaines pratiques individuelles et l’absence de consensus quant aux conduites à adopter devant telles ou
telles structures anatomiques.
Figure 16. voie d’abord recommandée pour accéder au
nerf vague en pré sterno-cléïo-mastoidien.
Figure 17. détail du niveau d’incision à la peau en
prenant comme repère le bord antérieur du SCM.
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32
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