Introduction
Comme la bonne foi ou l'intérêt de la famille, l'intérêt social «est un impératif de conduite,
une règle déontologique voir morale qui impose de respecter un impératif supérieur à son
intérêt personnel» Cette assertion des professeurs Cozian et Viandier met en exergue les
difficultés posées par la définition de l'intérêt social. On parle alors d'intérêt social, d'intérêt
supérieur de la société, d'intérêt collectif, d'intérêt commun des associés, d'intérêt réel de la
société, d'utilité sociale, d'intérêt primordial, etc… Certains auteurs assimilent l’intérêt social
à l’image d’une «boussole de la société», permettant d’aiguiller le conseil d’administration sur
l’orientation des décisions à prendre.1
Dans cette optique, l'intérêt social, assimilé à une "boussole de la société," se présente comme
un outil essentiel orientant les décisions des dirigeants sociaux et des associés en matière de
politique sociale de leur entreprise. Cette boussole, incarne l'intuition du vrai, souvent plus
perceptible dans un esprit simple que dans un esprit compliqué. Ainsi, elle offre aux associés
une protection contre les risques potentiels liés à la délégation du pouvoir de direction à des
mains extérieures, telles que celles du dirigeant. Le législateur a d'ailleurs choisi de faire de
l'"intérêt social" cet outil, soulignant son rôle crucial dans la gouvernance des entreprises.
Malgré son importance, l'intérêt social demeure une notion sujette à des débats doctrinaux et
jurisprudentiels. Les diverses acceptions, telles que l'intérêt supérieur de la société, l'intérêt
collectif, ou l'utilité sociale, reflètent la complexité de cette notion dans le droit des sociétés.
Dans le contexte du droit comparé, la nécessité de lui donner une assise légale a été soulevée,
conduisant à l'introduction d'un "nouvel" intérêt social par la loi PACTE en 2019.2
Cependant, malgré cette évolution, l'intérêt social reste dépourvu d'une définition juridique
précise. L'ajout à l'article 1833, stipulant que "la société est gérée dans son intérêt social, en
prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité," offre une
orientation, mais laisse aux juges une latitude importante pour interpréter et appliquer la
notion. Cette flexibilité souligne la diligence requise des dirigeants sociaux, puisque leur
responsabilité pourrait être engagée en cas de gestion contraire aux notions énoncées.
L'avènement de la corporate governance, d'origine anglo-saxonne, met en avant des mesures
visant à restaurer les prérogatives des actionnaires tout en soulignant la nécessité de protéger