les droits de la langue française en Algérie, affirme à présent, que « les pays qui n’ont pas de langue, qui ont
trahit la leur, n’ont pas d’avenir.»3 mais cette fois ci pour défendre la langue française dont la qualité, dit-il,
n’a cessé de se détériorer en France. Amusant, non ?
Chez tous deux, ici et là, il y a l’idée récurrente d’une guerre de libération dont le poids idéologique est
à leurs yeux un carcan aujourd’hui pour l’émancipation du peuple algérien.
L’inversion est splendide. Car ce qui a, au contraire, jusqu’à présent protégé l’Algérie, ce sont ses martyrs. Ils
sont des centaines de milliers d’une terrible guerre de libération. Chaque lieu, chaque rue, chaque école,
chaque université, et même chaque promotion militaire ou universitaire en Algérie, porte le nom d’un
héros. Ils sont un immense barrage à toutes les tentatives de régression, de trahison, de démoralisation,
malgré toutes les crises et les aléas des pouvoirs qui se sont succédés. Ils protègent l’Algérie jusqu’après
leur mort, et la protègeront pendant des lustres, probablement pendant des siècles comme c’est
généralement le cas pour ces épopées historiques. Et c’est précisément pourquoi celui qui glorifie le
«contenu libérateur» de la trahison, magnifique paradoxe, va s’acharner à détruire ce capital. Son
message est reçu cinq sur cinq par le colonialisme, ses nostalgiques et ses épigones.
Le paradoxe
Joignant l’acte à la parole, ces écrivains qu’on entend actuellement, dénoncer les travers, de leur propre
communauté, ont pris récemment la nationalité française. Pourquoi avoir attendu si longtemps?
Probablement pour montrer que leur critique venait de l’intérieur et qu’elle ne pouvait être soupçonnée
d’être exogène, ou motivée par des intérêts sordides, bref pour lui donner plus de crédibilité. Mais on peut
penser aussi que cette naturalisation est survenue après une période d’observation où leur
positionnement politique a été apprécié. Il est clair, en effet, que leur production littéraire est politisée à
l’extrême, sur les thèmes de l’islamisme, de l’héritage colonial et désormais de façon de plus en plus
marquée, sur la défense d’Israël. Où est la littérature dans tout cela ?
Le choix de la nationalité française devrait en principe rééquilibrer les choses , éloigner les soupçons de
trahison. Mais le paradoxe est là. Il est que même lorsqu’ils sont devenus français, ces pourfendeurs de
l’Islam et de l’Arabité, ces héraults de l’occidentalisme, continuent de fonctionner de la même manière. Ils
ne parlent pas de la France, des Français, de leur nouvelle patrie. Ils continuent de parler de l’ancienne. Leur
thèmes de prédilection restent les musulmans, l’Islam, les Arabes. Ils ne parlent encore et encore que des
algériens et autres maghrébins.
Parfois on est frappé par l’acharnement dont ils font preuve sur ces thèmes, dans une surenchère
permanente, qui est loin de leur être demandée. On peut percevoir chez leurs interlocuteurs français, ,