L'INCONNAISSANCE OU LA BELLE INCERTITUDE - NIRMALA

L’INCONNAISSANCE OU LA BELLE INCERTITUDE
NIRMALA
(Extrait de son livre ‘’That is That – Essays about true nature’’ )
Nirmala est un enseignant non duel américain qui enseigne dans la ‘’lignée’’ de Neelam,
Sri H.W.L. Poonja (Papaji) et Ramana Maharshi. Adyashanti a aussi largement contribué à
sa formation.
Nous passons une grande partie de notre vie à rechercher des connaissances. Il semble
qu'on ne puisse jamais en savoir trop, et nos familles et notre culture soutiennent toutes
cette approche de la vie. En conséquence, la plupart d'entre nous trouvent inconfortable,
voire effrayant, de ne pas savoir quelque chose. Il semble difficile de ne pas savoir ce qu'il
faut faire, ce que l'on veut, ou ce qui va se passer.
Et s'il y avait une richesse et une possibilité dans l'expérience de ne pas savoir ? Et si, dans
notre hâte d'atteindre un lieu de connaissance et de certitude, nous passions à côté des
espaces vides de l'incertitude qui peuvent contenir des vérités encore plus profondes ?

La vie est complexe et comporte de nombreuses dimensions. Les éléments les plus subtils
et les plus profonds de la vie ne se laissent pas facilement enfermer dans des concepts et
dans des idées - notre mode de connaissance habituel. La découverte de ces dimensions
plus profondes peut nécessiter un ralentissement de notre pensée et de notre action pour
permettre aux aspects plus calmes et plus profonds de l'existence d'être reconnus.
L’inconnaissance est-elle vraiment un lieu de manque ou d'incomplétude, ou y a-t-il
quelque chose de précieux à découvrir dans les moments de silence, où nous ne savons
rien ?
Il n'y a aucun mal à savoir quelque chose, quand on sait. Mais il s'avère qu'il n'y a aucun
mal non plus à ne pas savoir, et l’inconnaissance peut même conduire à de nouvelles
profondeurs de connaissance surprenantes. Se familiariser et se sentir à l'aise avec
l’inconnaissance peut également permettre une expérience plus complète et plus
satisfaisante de la vie, telle qu'elle est. Étant donné que nous ne savons généralement pas
beaucoup plus que ce que nous savons, c'est dans l'espace de l'inconnaissance qu’une
bonne partie de la vie se déploie, en réalité.
En ce moment, savez-vous vraiment comment votre cœur parvient à battre si
régulièrement ? Savez-vous vraiment comment fonctionne l'électricité, où va votre vie,
comment grandir en tant que personne, ce qu'est vraiment l'amour, à qui faire confiance
et pourquoi vous êtes ici ? Et pourtant, votre cœur bat, l'électricité semble fonctionner,
votre vie va quelque part, vous semblez grandir, l'amour et la confiance existent, et vous
êtes ici. Toutes ces expériences ne sont pas contenues dans vos connaissances ou n'en
dépendent pas, et pourtant elles se produisent et ajoutent énormément à la richesse de
votre vie.
Néanmoins, nous luttons contre l'inconnaissance. Nous nous poussons à apprendre
toujours plus. Nous nous efforçons d'en savoir le plus possible. Tous ces efforts et cette
lutte sont une source de souffrance. Mais qu’en est-il, si l’inconnaissance en elle-même est
une sensation parfaitement normale ? Ce n'est que lorsque nous luttons contre
l'expérience de l'inconnaissance et que nous voulons savoir, alors que nous ne le pouvons
pas, que l'expérience de l'inconnaissance devient pénible.

S'autoriser à ne pas savoir peut être un soulagement profond. Cela ouvre également
notre conscience plus pleinement, puisque que nous avons tendance à être attentifs,
lorsque nous ne savons pas. Dans l'espace vide de l'inconnaissance, il y a une curiosité
naturelle et une soif de vérité. Cette soif étrange est une expérience vivante et toujours
changeante de la richesse de tout ce qui peut être connu et de tout ce qui est au-delà de
nos modes de connaissance habituels…
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Dans son livre, ‘’Hidden treasure’’, Gangaji précise encore ceci :
‘’Ne pas savoir est très différent de l'ignorance aveugle ou du cynisme. La pure inconnaissance est ouverte et
libre, avec une énergie abondante pour la recherche. La pure inconnaissance est l'esprit dénué de ses concepts.
On n’a à l’esprit aucun résultat particulier, puisque l'esprit est disponible pour la découverte. L'inconnaissance
qui se prépare à la découverte est l'antithèse de la stupidité. L’inconnaissance consciente, ouverte et libre est la
base de la recherche intelligente.’’
Sur des thème similaires ou connexes, on pourra également consulter les articles suivants :
• A propos de l’érudition, de la frustration et de la connaissance divine – Radio Sai Global Harmony
• Le désir de connaître l’avenir – Gina Lake
• Aimez mon incertitude ! – Phyllis Krystal
Et dans la section livres : La voie de l’émerveillement - Jack Haas (Chapitre 11 : Le plus haut inconnaissable)
Dans l’article intitulé ‘’Mysticisme et contemplation’’, Ken Wilber déclare encore :
‘’Le Soi profond est un grand mystère ou un pur Vide et une pure inconnaissance. Précisément parce qu’Il ne
peut jamais être connu ni transformé en objet, le vrai Soi est un néant, un pur mystère, une Connaissance
inconnue permanente ou un Vide conscient ou simplement le grand mystère de votre propre Être.’’
Et dans l’article intitulé, ‘’L’activisme contemplatif’’, d’Ed et Deb Shapiro, Roshi Joan Halifax dit :
‘’Que signifie se situer dans l’inconnaissance ? Cela signifie se situer dans l’ouverture absolue et l’esprit du
débutant, dans ce que les mystiques chrétiens appellent l’expérience de l’amour ou de la non-dualité ou le
nuage d’inconnaissance. Cette inconnaissance est une chose si miraculeuse et si fraîche. Ce n’est pas comme un
esprit qui repose sur des concepts ou sur des idées ou qui cristallise nos pensées ou nos croyances. Il est
simplement très ouvert et réceptif, à l’image de l’esprit d’un enfant. Dans cet esprit d’inconnaissance, nous
sommes présents à la joie et à la souffrance du monde, sans nous attacher à des idées fixes sur la manière dont
sont les choses. Mais être le témoin d’une telle souffrance, être réellement présent d’instant en instant réclame
une action compatissante, qui est la capacité de pouvoir répondre aux choses, juste telles qu’elles sont. Ces trois
éléments – se situer dans l’esprit d’inconnaissance, être témoin et agir avec compassion – nous permettent
d’accompagner chaque situation. Si par exemple, je dois aller à l’hôpital pour rendre visite à un ami qui est très
malade, je voudrai entrer dans cette chambre d’hôpital avec l’esprit du débutant, un esprit d’inconnaissance et
à ce moment-là, je pourrai participer à son expérience sans aucun jugement, ceci étant ce qui est. Alors, je
pourrai répondre d’une façon qui pourra donner une perspective à son expérience et l’aider à l’accepter...’’,
NDT.